Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Jean-Marie BRANELLEC, prêtre guillotiné à Brest
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Saint-Frégant"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

206. — Jean-Marie BRANELLEC né au moulin de Pennarc’h, en Saint-Frégant, le 12 novembre 1759, du légitime mariage de Guillaume et de Jeanne Le Quidelleur fut baptisé ce jour même. Il avait 19 ans lorsqu'il commença ses études au collège de Saint-Pol-de-Léon. En 1782 et 1783, on trouve son nom cité parmi les bons élèves de sa classe. Il reçut la tonsure aux Quatre-Temps de Noël 1785. On le jugea durant son séminaire comme « pieux, doux, honnête, annonçant un vrai bon sens et un heureux caractère ». Minoré en 1785, sous-diacre à Noël 1786, diacre en mars 1787, il fut ordonné prêtre le 22 septembre 1787 et aussitôt nommé auxiliaire à La Martyre et de là vicaire de chœur à la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon ; enfin, vers 1788, on l’envoya vicaire à la paroisse du Minihy en cette même ville.

207. — Le 22 octobre de cette année, le nom de M. Branellec figure parmi ceux des ecclésiastiques de l’évêché de Léon qui protestèrent contre la néfaste Constitution civile. Le 31 janvier 1791, cet ecclésiastique refusa de s’assermenter ainsi que le lui prescrivait la loi du 26 décembre 1790. Ayant, du fait même, perdu son emploi, il se retira dans sa paroisse natale, où il eut la douleur de voir son propre frère, alors curé de cette trêve, jurer fidélité à la Constitution civile, le 20 février 1791.

A partir de cette date, Jean-Marie Branellec mena la vie errante et remplie de périls réservée aux prêtres proscrits. Menacé dans sa liberté par les arrêtés du Directoire du Finistère des 21 avril, 2 juillet et 29 novembre 1791, condamné à l’exil par la loi du 26 août 1792, à celle de la déportation à la Guyane par celle des 21-23 avril 1793, M. Branellec ne quitta cependant pas la terre bretonne. Sans gîte assuré, couchant tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, il fut arrêté à Saint-Pol le 30 décembre 1793 chez une veuve Le Guen, de Kerneizon, mère de cinq enfants, habitant rue des Carmes, chez qui il avait autrefois pris pension, alors qu’il était vicaire de chœur à la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Il y avait trois jours, d’après ses déclarations, qu’il trouvait asile chez cette pauvre chrétienne.

208. — Aussitôt conduit avec sa receleuse au local du Comité de Surveillance de Saint-Pol-de-Léon, qui avait machiné son arrestation, M. Branellec fut transféré le lendemain devant le Directoire du district de Morlaix qui, le même jour, ordonna de le faire diriger vers la prison du château, où il fut écroué le 1er janvier 1794.

Il devait y séjourner quelques semaines sans qu’on s’occupât de sa personne ; mais, le tribunal révolutionnaire brestois, une fois installé par Jean-Bon-Saint-André, ses juges jugeant à l'instar de celui de Paris, firent réclamer à Morlaix les pièces à conviction trouvées sur l’ex-vicaire de Minihy, qu’on avait négligé de leur adresser. Elles consistaient en un Sacré-Cœur de Jésus, colorié en rouge, ainsi qu’en une note d’honoraires de messe et une reconnaissance d’avoir reçu un calice. Peu après, la municipalité de Saint-Pol-de-Léon dut fournir une pièce attestant le refus de serment de M. Branellec ; ses membres joignirent à ce document la liste des témoins qu’il y aurait intérêt à faire citer.

Enfin, tout étant prêt pour la condamnation de M. Branellec, le juge Pasquier, assisté de Donzé-Verteuil, lui fit. subir le 11 avril 1791 l’interrogatoire d’identité prévu par la loi des 29-30 vendémiaire de l’an II. L’ecclésiastique proscrit y fit preuve de la plus belle franchise. Il y proclama sa qualité de prêtre réfractaire ainsi que la liberté des opinions religieuses. Il ne fournit sur son domicile et ses relations d’autres renseignements que ceux déjà connus, sachant combien il devait prendre garde de compromettre de nouvelles personnes. Pour les mêmes raisons, il ne voulut pas non plus donner d’indication sur le ministère auquel il s’était livré.

209. — Trois jours plus tard, Donzé-Verteuil rédigeait son acte d’accusation. Dans cette pièce, datée du 14 avril, ce jacobin reprenait contre l’abbé Branellec les rengaines que l’on connaît déjà. L’inculpé était un prêtre réfractaire, il n’avait pas obéi à la loi de déportation, il est demeuré caché sur le territoire français ; on doit lui appliquer l’inexorable loi des 29-30 vendémiaire an II.

Deux jours après avait lieu la parodie du jugement qui précédait l’exécution capitale. Les témoins convoqués pour établir l’identité du prêtre Branellec eurent vite fait de s’acquitter d’une tâche que les aveux du vicaire du Minihy rendaient facile. Donzé-Verteuil réclama, comme il convenait, la peine de mort, et le tribunal, présidé par Ragmey, fit droit à sa requête et déclara que le serviteur de Dieu, conformément aux articles V, X, XIV et XV de la loi des 29-30 vendémiaire an II, serait immédiatement livré à l’exécuteur public.

A trois heures de l’après-midi de ce jour, le jeudi de la Semaine Sainte, 17 avril 1794, M. Branellec expiait à Brest sous le couperet de la guillotine son indéfectible attachement au bon Dieu et son dévouement pour les âmes. Son acte de décès fut enregistré le jour même à la mairie de Brest.

210. — On conserve encore le texte d’un très beau cantique composé dans sa prison par le serviteur de Dieu. Il y exprime en termes touchants les sentiments qui l’animent et sa lecture ne laisse aucun doute sur la façon très surnaturelle dont il accepta et souffrit la mort. Le souvenir de ce bon prêtre est resté vivant jusqu’à présent dans l’excellente petite ville de Saint-Pol-de-Léon. Dès au sortir de la Révolution, une personne de cette localité, qui comme garde national avait été contrainte de « monter la garde à la porte des détenus », écrivait ces lignes : « Mr Branellec fut martyr et victime de la Révolution », et, en parlant ainsi, il exprimait le sentiment général de ses compatriotes.

BIBLIOGRAPHIE. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, etc., op. cit., II, p. 301. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit., II, p. 3. — Levot, Histoire de la ville et du port de Brest sous la Terreur, op. cit., p. 287. — Téphany, Histoire de la Persécution religieuse, etc., op. cit., Quimper (1879), p. 539. — Kerviler, Bio-Bibliographie bretonne, t. VI (1893), p. 145. — Peyron, Les Prêtres morts pour la Foi au diocèse de Quimper, op. cit. (1919), p. 59. — Chanoine Saluden, Procès et supplice du confesseur de la Foi J-M. Branellec. Brest, in-8°, 1928. On trouve dans cet opuscule toutes les pièces officielles de son procès.

(Archives Nationales, série W, dossier 554).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

© Copyright - Tous droits réservés.