Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Histoire de Saint-Clet

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Saint-Clet   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Il y a plus de trois cents ans, Saint-Clet était une trêve de Quemper-Guézennec, dépendant de l'Evêché de Tréguier, de la subdélégation de Pontrieux et du siège royal de Lannion.

C'est une de ces communes heureuses qui n'ont pas d'histoires. Aucun événement important n'y a marqué la suite des temps. Aucun homme d'une particulière notoriété n'y a vu le jour. Saint-Clet mena au long des siècles sa vie calme qui paraît avoir été le plus souvent à l'abri des révolutions et des guerres. Seuls, de rares vestiges de maisons nobles, de manoirs et aussi certains noms de lieux évocateurs des guerres du passé, tel Traou-Bataille, rappellent que Saint-Clet est dans cette Bretagne qui, de par sa situation, a connu les pires catastrophes et les pires malheurs. L'histoire de cette province ne fut, en effet, qu'une chaîne de sang et de larmes, depuis l'invasion romaine en 51 avant J.-C. jusqu'aux guerres de 1914-1918, 1939-1945 (où tant de régiments bretons se sont distingués) en passant par la terrible période révolutionnaire.

De l'époque celtique. — Quelques fouilles faites en 1863, date de la découverte aux environs de Kerguézennec, sous deux grosses pierres, de plusieurs objets en or dans lesquels on a cru reconnaître un mors de cheval (ou un bracelet) de la grosseur du doigt, une serpe d'or affectant la forme d'une petite faucille et des fragments de chaînes.

Les ouvriers vendirent une partie des découvertes à un orfèvre de Guingamp moyennant 600 francs. Quant au propriétaire du sol, il vendit la part qui lui revenait 2.400 francs. Ces objets étaient d'un travail grossier et laissaient voir des empreintes de coups de marteaux. Ces découvertes semblent dénoter que, de très vieille date, Saint-Clet fut habitée par des populations assez riches, en particulier sur les parties fertiles et bien abritées qui dominent le Trieux.

L'époque romaine se caractérise par la construction de voie romaines : un reste de voie à Coz Yeaudet près du village de Kermorvan ; derrière la ferme « Le Petit Kergavet » un tronçon d'une de ces voies reliant cette ferme à Kernavanay est en proie à la friche. (Largeur moyenne de la voie : 12 mètres).

Puis vint le Moyen-Age. — Saint-Clet se trouvait située entre deux chapellenies très importantes : d'une part Coëtmen en Trévérec dont les ruines se dressent réduites à un reste de donjon, d'autre part La Roche-Jagu en Ploëzal dominant la vallée du Trieux. Les paysans se mirent sous la protection de leurs seigneurs, seuls capables, devant la carence de la royauté, de les défendre. L'existence des forteresses gardant les rives escarpée du Trieux et de son affluent le Leff était la conséquence des invasions normandes se produisant presque toujours à l'embouchure des fleuves et des grandes rivières. Le Trieux était donc une voie naturelle sur laquelle les Normands pouvaient compter pour leurs débarquements et le mouillage de leurs drakkars au creux de la rivière.

La douceur du climat, la richesse du pays, achevèrent de les attirer. Saint-Clet, en effet, faisait partie de ce « petit Pérou » réputé pour ses richesses et qui était l'arrière-pays de Pontrieux, fertile, de moeurs pacifiques. Une route y passait qui mettait en relation Guingamp avec le petit port de Pontrieux où débarquaient les vins d'Aunis et d'Aquitaine dont s'approvisionnaient les marchands guingampais. Comment s'étonner que cette richesse, d'ailleurs toute relative, ait attiré les gens de guerre toujours prêts au pillage ?

Mais ces invasions ne s'avancèrent pas plus loin que les landes de Plourivo où Alain Barbe Torte, soulevant la Bretagne entière, jeta une armée puissante contre les Normands. En 938 les deux armées se rencontrèrent d'abord près de Langueux. Les Normand battus cherchèrent à rejoindre leurs vaisseaux mouillés dans le Trieux. Alain Barbe Torte les poursuivit et les atteignit dans les landes de Plourivo. Grâce à son audace et à son énergie il réussi à donner la victoire au camp breton. Les Normands battus essayèrent de se réembarquer à Toul an Houillet (trou des insectes) ; mais la plupart des leurs furent massacrés, d'autres se noyèrent en tel nombre qu'ils ressemblaient à des « houillet » se débattant dans l'eau de la rivière.

Si Saint-Clet échappa aux invasions normandes du IXème siècle elle subit le contre-coup des guerres, des héritages et des traités qui eurent pour effet de transformer la physionomie politique de la Bretagne. C'est ainsi que Guy de Penthièvre et Jean III après s'être longtemps querellés au sujet d'un héritage dont Guy avait été frustré, finirent par se mettre d'accord. Jean donna à son frère, en guise de dédommagement, les seigneuries de Guingamp, Lamballe, Moncontour, La Roche-Derrien et Chateaulin-sur-Trieux. De nouveau, à la suite d'un mariage de Guy de Penthièvre avec l'héritière Jeanne d'Avaugour, célébré à Chatelaudren, en 1317, le Penthièvre et le Goëllo furent pour une deuxième fois réunis.

Bientôt la Guerre de Cent Ans déferla sur la France avec toute sa suite de misère et de deuils. Guingamp et son arrière-pays furent ravagés. Les Anglais s'emparent de La Roche-Derrien. La garnison de Guingamp vint au secours de La Roche mais sans succès. De nouveau Charles de Blois, dans l'hiver de 1346 réunit à Guingamp une forte armée : quatre cents chevaliers dont vingt trois bannerets, et douze mille fantassins pour mettre le siège devant La Roche-Derrien au printemps de l'année suivante. Muni d'un outillage considérable, il s'élança à l'assaut avec acharnement. La garnison effrayée demanda à se rendre. Charles de Blois s'y refusa. Mais une armée anglaise vint délivrer les assiégés. Charles de Blois fut réduit à s'enfuir et à si rendre. Plus de quatre mille hommes furent tués.

En 1420, lors des luttes entre Margot de Clisson et la duchesse Jeanne, le pays de Saint-Clet connut à nouveau les rigueurs de la guerre. La Roche-Derrien et Chateaulin-sur-Trieux furent pris par l'armée ducale après Lamballe et Guingamp.

En 1480, voulant annexer la Bretagne à la France, les troupes françaises pénétrèrent en Bretagne et se mirent immédiatement à la poursuite de l'armée ducale. Le duc François II dut son salut aux marins du Croisic et de Guérande qui l'enlevèrent et le transportèrent par mer à Nantes.

Nombre de villes bretonnes acceptèrent l'occupation, mais Guingamp résista. Aussitôt après, l'armée française s'empara de Pontrieux, de Chateaulin-sur-Trieux et en 1488 marcha sur Guingamp pour en faire le siège. Guingamp fut investi le 10 janvier 1489. Nous empruntons à Dom Morice quelques échos de ce siège.

« Le 9, le vicomte de Rohan dépêcha quelque troupes qui se présentèrent aux faubourgs de Tréguier où ils furent repoussés, de Montbareil et Porsanquen qu'ils brûlèrent. Les capitaines Chéro et Gouicquet commandaient dans la place et avaient fait fortifier Guingamp. Le vicomte fit dresser une batterie de trois couleuvrines pour ruiner le fort de Saint-Léonard... Toute l'artillerie fut pointée contre ce fort... Gouicquet ne pouvant tenir longtemps prit le parti de se retirer. Les Français qui aperçurent ce mouvement se jetèrent entre la ville et le fort pour lui barrer le passage, mais Gouicquet passa sur le ventre de l'ennemi et s'avança vers la ville. Pour ne point que les Français rentrassent avec lui il eut la présence d'esprit de s'arrêter aux Cordeliers et ne rentra dans la ville que le lendemain.

Le vicomte s'étant emparé des deux couvents des Cordeliers et des Jacobins y fit loger son armée. Il fit dresser deux batteries, une sur Montbareil, l'autre dans le jardin des Jacobins. L'attaque fut vive mais les troupes du vicomte furent obligées de se retirer. Gouicquet fut blessé. Comme il se trouvait des Bretons des deux côtés, ils regrettèrent le combat et il y eut suspension d'armes. La garnison capitula. Pendant qu'eurent lieu les pourparlers, le sire de Quintin gagna le capitaine Boisbouexel qui gardait la porte de la tour Quinchy, introduit ses troupes et s'empara de la ville qui fut livrée au pillage. Les plus riches habitants furent faits prisonniers et le brave Gouicquet put se sauver et se retirer à la Roche-Derrien ».

Le 22 janvier 1489, Guingamp fut occupé, pillé et frappé d'une amende de 10.000 écus.

Ce siège est demeuré célèbre dans toute la Basse-Bretagne : des bardes l'ont chanté et l'un de ces chants de Seziz Gwengamp est particulièrement connu : voici quelques strophes telles que la Villemarqué les a écrites dans son Barzas-Breiz.

« La duchesse Anne dit alors à l'épouse du canonnier :

Seigneur Dieu ! que faire ? voilà votre pauvre mari blessé ! — Quand même mon mari serait mort je saurai bien le remplacer ! Son canon, je le chargerai, feu et tonnerre et nous verrons.

Comme elle disait ces mots les murailles furent brisées les portes enfoncées ; la ville était pleine de soldats.

A nous, soldats, les belles fiancées et à moi l'or et l'argent, tous les trésors de la ville de Guingamp, et de plus la ville elle-même.

La duchesse Anne se jeta à genoux, en l'entendant parler ainsi : Notre-Dame de Bon Secours, je vous en supplie, venez à notre aide !

La duchesse Anne en l'entendant courut à l'église et se jeta à deux genoux sur la terre froide et nue.

Voudriez-vous, Vierge Marie, voir votre maison changée en écurie, votre sacristie en cellier.

Elle parlait encore qu'une grande épouvante s'était emparée de la ville, un coup de canon venait d'être tiré, et neuf cents hommes étaient tués.

Et c'était le plus affreux vacarme et les maisons tremblaient, et toutes les cloches sonnaient tumultueusement, sonnaient dans la ville.

Page, page, petit page, tu es léger, gaillard et vif, monte au plus haut de la tour plate pour voir qui met les cloches en branle.

Tu portes une épée au côté, si tu trouves quelqu'un là-haut, plonge-lui ton épée au coeur ».

En montant il chantait, en descendant il tremblait :

« Je suis monté jusqu'au haut de la tour plate et je n'ai vu personne. Et je n'ai vu personne que la Vierge bénie, que la vierge et son fils ; vraiment ce sont eux qui mettent les cloches en branle ».

Le prince félon dit à ses soldats : « Sellons nos chevaux et en route ! et laissons leurs maisons aux saints » (DE LA VILLEMARQUÉ).

A la nouvelle de l'occupation de Guingamp par l'armée française, Anne de Bretagne invita quelques gentilshommes qui lui étaient dévoués à rassembler une armée qui reprit Pontrieux, mais qui, marchant de Pontrieux à Guingamp en suivant la rivière le Trieux, par la vieille route qui va à Squiffiec, fut surprise et défaite dans les bas-fonds de Traou-Bataille à la limite ouest de Saint-Clet. Elle dut se disperser et abandonner Pontrieux.

Pendant ce temps le guingampais Gouicquet, en convalescence à la Roche-Derrien, apprenait qu'un corps anglais de 1.500 hommes se disposait à débarquer devant Bréhat pour aider Anne de Bretagne. Il se porta au devant de ce renfort inespéré et persuada le chef qu'il devait débarquer auprès de Pontrieux. Les troupes se joignant aux restes de celles battues à Traou-Batail, marchèrent sur Guingamp qu'elles reprirent. La ville et les campagnes avoisinantes furent livrées au pillage par les Anglais et ruinées. Pendant cette période de 1480 à 1490, Saint-Clet et les pays avoisinants de Pontrieux et Guingamp où les opérations se déroulèrent, furent particulièrement agités et mouvementés.

Guingamp en particulier fut mis à sac par l'armée de La Trémoille. Pendant plus de six mois, les hommes de guerre terrorisaient les campagnes, obligeant les paysans à leur livrer les vivres et les fourrages. Une autre armée anglaise se préparant à débarquer au Port-Blanc, le sire de la Roche-Jagu, Bertrand d'Acigné, chargé de la surveillance de ce secteur, lança cet appel au peuple de Guingamp en 1492.

« Messieurs les nobles bourgeois et habitants de la ville de Guingamp toutes recommandations premières.

Présentement une heure environ après minuit ay esté adverti des nouvelles et descente de nos ennemis dont pareillement espère que vous este advertiz. Et pour vous advertir plus amplement ensemble vous dire la nécessité de quelque artillerie nous nécessaire fournir à leurs estouphles de poudre et boulets pour y servir et les envoyer au Port-Blanc, où présentement monte à cheval pour m'y trouver et rendre en l'équipai que pourrai trouver et conduire comme le lieu le plus apparent de descente des ennemis.

Vous envoyé l'alloué de Guingamp auquel vous prie d'ajouter foy de ce que vous dira de par moi. Ensemble advertir les paroissiens et le peuple que devant avez ésté adverti et de se rendre à Lannion pour marcher la part qu'il sera advisé. A tant à Dieu qui vous ait en sa garde. De Landréguer ce mardi à deux heures après minuit. Le tout vostre Bertrand d'Acigné ».

Quand le monde arriva au Port-Blanc, les Anglais avaient décampé et les mécontents durent faire contre mauvaise fortune bon coeur. Le pays de Guingamp et Saint-Clet retrouva pendant plus d'un siècle la paix et la prospérité.

(Raymonde Kjölner, 1947). 

 © Copyright - Tous droits réservés.