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Du doyenné des Bois et à la collation libre, cette paroisse de Saint-Caradec-Trégomel devait être de fondation relativement récente, comme l'indique assez l'époque (XIIème siècle) à laquelle vivait l'ermite saint Caradec, titulaire de son église. [Note : Formes anciennes de Saint-Caradec-Trégomel : Trégoumel, paroisse, 1387 (chap. de Vannes). — Trégomel, 1422 (ibid). — Saint-Caradec-à-Trégomael, 1428 (Princip. de Rohan-Guémené). — Saint-Caradec-en-Trégomel, 1448 (duché de Rohan-Chabot). — Érigé en chef-lieu de canton, en 1790, sous le nom de canton de Kernascléden, supprimé en l’an X]. Pour contester son peu d'ancienneté, il faudrait supposer que, n'ayant pas été rétablie lors de la grande restauration religieuse du commencement du XIème siècle, elle aurait, avec le temps, perdu complètement le souvenir de son premier patron et du titulaire de son église primitive, ce qui ne serait guère vraisemblable pour ces époques lointaines où la tradition tehait une si grande place. Cependant, il est impossible maintenant de fixer la date de son érection et d'indiquer une paroisse préexistante dont elle aurait été démembrée.

Nous savons seulement, pour l'avoir rencontré dans un aveu rendu au roi, le 25 janvier 1683, par un seigneur de Kermérien, que les propriétaires de cette terre noble et du manoir de ce nom passaient pour avoir été les fondateurs de l'église paroissiale et du presbytère, et que leurs successeurs se donnaient comme seigneurs de la paroisse et seuls prééminenciers dans l'église qui, au dedans comme au dehors, ne portait d'autres armoiries que les leurs. Cette église renfermait les deux chapelles des saints Pierre et Paul et des saints Roch et Sébastien, dans chacune desquelles les seigneurs de Kermérien avaient droit de banc armorié des armes de leur maison. Leurs tombes et enfeux, avec banc au-dessus, se trouvaient dans le chœur, auprès du maître-autel et du côté de l'évangile. Malgré ces prééminences, dont ils jouissaient également dans toutes les autres chapelles répandues sur le territoire de Saint-Caradec-Trégomel, moins celle de Kernascléden, il n'est pas à notre connaissance que lesdits seigneurs aient jamais élevé la moindre prétention sur le droit de patronage ou de gros décimateur dans cette paroisse, ou le recteur dîmait seul, et cela à la 33ème gerbe.

L'église paroissiale, dans laquelle se trouvait établie une confrérie du Rosaire que le Pape Clément VII enrichit encore de nouvelles indulgences par un bref de l'année 1734, reçut de précieux dépôts, le 13 septembre 1739, date à laquelle y furent transférées du presbytère, en procession solennelle, des parcelles de la Vraie-Croix et des reliques des saints martyrs Placide et Célestin.

Comme ses voisines, cette paroisse subit, pendant les guerres de la Ligue, les grandes épreuves déjà relatées dans la notice sur Mellionnec.

Sur le territoire de Saint-Caradec-Trégomel, il s'élevait une chapelle de Notre-Dame, édifiée sur un terrain dû à la générosité des ancêtres d'Alain IX, vicomte de Rohan, qui, le 13 mai 1430, obtint du Pape Martin V une bulle l'autorisant à y établir deux chapelains perpétuels à doter par lui et à présenter par ses successeurs après lui (Dom-Morice, P. II. col. 1227). Il s'agit de la chapelle de Kernascléden, auprès de laquelle cet Alain IX avait déjà fait lui-même une concession de terrain pour y établir un hôpital destiné à recueillir les pauvres attirés en ce lieu par le concours de la foule des pèlerins. Cette ancienne chapelle tombant de vétusté, on croit pouvoir rapporter à ce même vicomte de l'avoir remplacée par l'édifice actuel, qui fut bénit, le 2 septembre 1453, par l'évêque Yves de Pontsal, et terminé en 1464, comme le montre une inscription, en lettres gothiques, gravée sur une pierre du chœur encastrée dans le mur du collatéral nord. Une petite bourgade vint bientôt se grouper autour de la chapelle et eut son cimetière, sa halle, des foires et un marché, ces derniers accordés pour les 5 avril, 4 mai, 7 septembre et 4 octobre de chaque année, et le samedi de chaque semaine, par le roi François Ier, en décembre 1530, à la demande de Louis de Rohan. Un aveu rendu, le 30 décembre 1787, par le général de la paroisse au prince de Rohan-Guémené, nous montre cette chapelle placée sous le vocable de l’Immaculée Conception, et nous apprend qu'à chaque fête de la Vierge, on y célébrait une messe basse, suivie de prières publiques pour le seigneur de Rohan et les membres de sa famille (Mélanges d'histoire et d’archéologie bretonnes, t, Ier, p. 209). Le susdit aveu de 1683 nous révèle, de son côté, que les seigneurs de Kermérien, non prééminenciers ici, y avaient cependant une chapelle prohibitive, située du côté de l'épître et portant, à l'intérieur et au dehors, les armes de leur maison gravées en relief. — La chapelle de Kernascléden qui possédait une confrérie de Notre-Dame, enrichie encore d'une indulgence plénière par le Pape Urbain VIII, reçut, le 27 novembre 1735, une partie du voile de la sainte Vierge et des reliques de sainte Marie-Magdeleine, transférées processionnellement depuis le presbytère.

Cette paroisse renfermait encore une autre chapelle : celle de Saint-Cado qui existe toujours, en un lieu isolé, et dans laquelle les seigneurs de Kermérien jouissaient seuls du droit de prééminence.

Recteurs de Saint-Caradec-Trégomel.

1464-1468. Jean Fegear, dont le nom se lit dans l'inscription de la chapelle de Kernascléden.
1530. Olivier Fegear, de la famille du précédent.
1503..... Jean Le Folgoc, originaire de Bubry ou des environs.
1551. R. Bizien Clymarh...? résigna en faveur du suivant.
1551-1557. Jean Regnier, chanoine, mourut le 15 mars 1557 (n. st.)
1577-1579. Guillaume Le Dain.
1596. Guillaume Le Quemener, plus probablement recteur d'ici que de Saint-Caradec-Hennebont.
1596-1601. R. Louis Le Cognic, successivement pourvu de Mellionnec, Groix et Locmalo, résigna, vers 1601, pour permute avec le suivant contre le rectorat de Langoëlan.
1601-1620. Guillaume Falliguerho, originaire et recteur de Langoëlan.
....1628.... Yves Hervio, prêtre du diocèse, ordonné en 1615.
1633. René Le Songeur résigna le 12 janvier 1633.
1633. R. René Drouet, clerc de Rennes, pourvu par le Pape, le 12 janvier 1633, prit possession le 15 juillet, et résigna en faveur da suivant, pour permuter contre la chapellenie de Saint-Amand, dans la paroisse de Pipriac.
1633-1638. R. Olivier de France, clerc de Saint-Malo et futur chanoine de Vannes, pourvu par le Pape, le 31 août 1633, prit possession le 6 mars 1634, et résigna, en 1638, pour permuter avec le suivant.
1638... Jean Jan, originaire de Molac, pourvu par le Pape en 1638.
...1651.... Fleury de la Masure, dont on ne connaît que le nom.
1659.... Alain Le Corre prêtre à Guémené, prit possession le 16 février 1659 et passa à Merlevenez.
1660-1669. R. Georges Deshayeux résigna pour devenir successivement recteur de Malguénac et de Questembert.
1682-1683. + Pierre Destinbrieuc, d'extraction noble.
1683-1687. Nicolas Angeneau dut résigner en faveur du suivant.
1687-1695. R. Jacques Angeneau résigna entre les mains de l'évêque, le 14 juin 1695, et devint recteur de Plumelin.
1695-1702. R. Olivier Le Camp, prêtre du diocèse et docteur en théologie, pourvu par l'Ordinaire, le 19 juin 1695, prit possession le 22 du même mois, et résigna en octobre 1702, pour passer au rectorat de Pontivy.
1702-1718. R. Guillaume du Bot, recteur d'Arradon, pourvu par l'Ordinaire, le 19 octobre 1702, prit possession le 19 du mois suivant. Il résigna entre les mains du Pape.
1718-1732. Joseph Barguillier, prêtre du diocèse de Cornouaille, pourvu le 1er décembre 1718, prit possession le 18 juin de l'année suivante. Décédé le 19 novembre 1732, il fut inhumé, le 21, dans le cimetière.
1733-1757. Guillaume Caradec, de Locminé et heureux au concours, pourvu par le Pape, le 6 mars 1733, prit possession le 3 août. Décédé subitement, il fut inhumé dans le cimetière, le 22 août 1757.
1757-1773. Louis Mallardé, de Melrand, pourvu par l'Ordinaire, le 26 septembre 1757, prit possession le 30. Mort, à 59 ans, le 31 août 1773, il fut enterré dans le cimetière, le 2 septembre suivant.
1773-1779. Michel-René Kerouallan, de Pontivy et curé de Séné, pourvu par l'évêque, le 1er septembre 1773, prit possession le 4. Décédé, à 65 ans, le 16 février 1779, il fut enterré, le 18, dans le cimetière.
1779-1793. Sébastien Le Bihan, de Quistinic et curé de Mellionnec, pourvu par l'Ordinaire, le 14 mars 1779, prit possession le 19 avril, et y était encore en décembre 1793. Après la tourmente révolutionnaire, il ne reparut point à Saint-Caradec-Trégomel.

(Abbé Luco).

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