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L'EGLISE DE SAINT-CARADEC (en Côtes-d'Armor)

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Le Seigneur de Carcado prenait le titre de fondateur de l'église, et souvent, il le revendiquait, avec hauteur cependant il n'était point présentateur. Le bénéfice de Saint Caradec était à l'alternative, et, d'après le Pouillé de Tours, valait 400 livres. Le recteur avait droit de dîme dans toute l'étendue de la paroisse et le tiers dans toutes les offrandes faites, soit à l'église soit dans les chapelles.

Eglise de Saint-Caradec (Bretagne).

Les archives de l'église déposées derrière l'autel de la crypte, placée sous la sacristie, furent brûlées pendant la révolution de 1793, l'imprudence d'un enfant les fit découvrir. Les registres de baptême depuis 1627 ; ceux de mariages et de décès depuis 1671 ; les comptes de fabrique depuis 1604, quelques quittances et une bulle de Clément VIII, sur Vélin, avec sceau de plomb, pour l'érection d'une confrérie en l'honneur du Saint-Sacrement dont les divers membres devaient se consacrer aux soins des malades et à l'instruction des ignorants [Note : L'usage de chanter une messe en l'honneur du Saint Sacrement et de donner la bénédiction, tous les jeudis de l'année, en conserve le souvenir], voilà tout ce qui reste. Comme ces divers papiers offrent quelques particularités, on en donne des extraits.

Les guerres de la Ligue avaient fait sentir leurs rigueurs dans Saint Caradec, paraît-il, en 1605 l'on achetait des calices en étain au prix de 25 sous.

Le budget de cette année était de 222 livres pour la recette et de 184 livres pour la dépense.

L'article 3 porte : « plus le jour du sacre pour le disner des prestres et auttres assistantz et pour le vin à qmunier tant le dict jour que auttres jours de pardon de la confrairie du sacre ont poïé la somme et nombre de neuffe livres. Item, disent avoir poïé aux sonneurs tant pour leur salaire que pour leurs despants (repas) le jour de l'Assomption 25 sous, le dimanche de la Sainte Trinité et le jour du Sacre six, livres 15 sous, tous ensemble font 8 livres. Davantaige pour le debvoir du vin aux dicts sonneurs la vesprée ».

Cet usage d'avoir des sonneurs, ou tambours et fifres, subsiste encore dans la Cornouaille, c'est un accompagnement nécessaire de tout pardon.

En 1614, l'Evêque de Cornouaille vint à Saint Caradec ; il fut reçu par Pierre Jouanno, alors recteur, et 4 livres 10 sols furent payés pour le droit de visite.

Ce droit choquait le Seigneur de Kercado et pour qu'il ne fût plus perçu, il s'arrogea celui de viser et de vérifier les comptes de fabrique, on trouve son approbation ainsi donnée et signée de sa main « le 13e jour de juillet mil six cent vingt cinq a esté par nous François Le Sénéchal, seigneur de Carcado, conseiller du Roy, en sa Cour du Parlement de Bretagne, et fondateur de l'église parochiale de Saint-Caradec, vaqué à l'examen du present compte, en présence de Français le Plénier et de Jean Fraboulet, thrézoriers pour l'an passé ».

Il raya plusieurs articles portés annuellement, tels que le traitement des prêtres qui desservaient les chapelles, et autres. Cet acte d'empiétement ne satisfit point son esprit de chicane, il défendit de soumettre les comptes à l'examen de l'Evêque et de ses grands vicaires, se réservant de les examiner et autorisant les juges royaux de Ploërmel à faire cet examen, en son absence. Ses ordres ne furent pas toujours respectés, car en 1644, il renouvela ses défenses. L'année précédente, M. Fraboulet avait reçu dans son église le vénérable René du Louet, évêque de Cornouaille, le digne protecteur et ami du père Maunoir, à l'occasion de cette visite, le trésorier paya pour 36 sols de vin.

Dans cette même année 1643, la France perdit son roi Louis XIII, une note insérée dans les registres, marque ainsi sa mort : « Louis le Juste, révérendissime roi de France et de Navarre, tant pleuré et regretté des François et de tous les gens de bien, a rendu le tribut à la nature le jour de l'Ascension 14 de May l'an 1643, 2 heures et demie après midi. Dieu fasse paix à son âme ». Le respect pour le dépositaire de l'autorité était alors un culte, le peuple n'en était pas plus malheureux, et dans ses adversités il trouvait un appui et un consolateur.

Le baron de Carcado fut obligé, lors de la visite de Monseigneur du Louët, de cesser ses empiétements sur le pouvoir spirituel, et il vit condamner un article des comptes qui mettait aux charges de la fabrique une somme que le corps politique ou général de la paroisse devait supporter. Depuis cette époque tous les comptes furent soumis à l'approbation de l'Evêque ou de ses grands vicaires.

Les chicanes ne cessèrent point. Le baron de Carcado, toujours appuyé sur son titre de fondateur, défendait la reconstruction de l'église qui tombait en ruines. Ce ne fut qu'après dix-sept années de tiraillements et de procès qu'on put l'obtenir.

Pierre Fraboulet, recteur depuis la démission de Julien Fraboulet en 1660, fut obligé de faire deux fois le voyage de Vannes et d'obtenir que le présidial de cette ville envoyât des juges sur les lieux pour constater le mauvais état de l'édifice. Après leur sentence rendue, l'on se mit à l'œuvre et les travaux furent poursuivis avec activité ; en 1664, l'ouvrage était à peu près terminé, comme on le voit par les comptes d'Alain Le Marchand et de Guillaume Tarquin. Une somme de 4167 livres, de la monnaie du temps, y compris 375 livres 17 sols 9 deniers, dépensés à l'occasion de la descente des juges du président de Vannes et pour leurs honoraires, furent le prix de toute la construction de l'Eglise.

Bien que tous les travaux eussent été soldés par la fabrique et le général de la paroisse, le baron de Carcado exigea que son titre de fondateur fût reconnu et constaté par un acte notarié.

Pendant tous ces démêlés, le frère du baron de Carcado était nommé évêque de Tréguier. C'était Eustache le Sénéchal. Vers 1700, le clocher fut construit et les armoiries des Le Sénéchal furent placées dans le fronton du portail, au-dessous de la statue, en pierre, de Saint Caradec ; un autre écusson, rappelant diverses alliances, est placé dans la partie supérieure.

En 1720 la sacristie avec sa crypte, où se trouve une représentation du tombeau de Jésus-Christ avec statues en bois, assez remarquables, fut édifiée. En 1750, le marquis Louis-René Le Sénéchal de Carcado, et son épouse Marguerite Louis de Boisgelin de Cucé morts dans la même année, l'un au château de Carcado, l'autre au château de Malienne, près de Ploërmel, furent enterrés dans le sanctuaire.

En 1763 , Louis-Alexandre le Sénéchal, marquis de Carcado, lieutenant général des armées du roi, y fut également inhumé.

Ce fut vers cette époque qu'une translation de reliques, données par le seigneur de Carcado, introduisit dans la paroisse le culte de Sainte Emérence. A cette occasion, le Seigneur de Carcado fit tenir ses plaids et donna des réjouissances publiques qui furent acceptées avec bonheur, de là le nom de plaids de Sainte Emérence donné à la fête mondaine du troisième lundi d'octobre, lendemain de la fête religieuse. Les tristes événements de 1793 firent oublier ces diverses fêtes. Le retour à l'ordre, après le concordat de 1802, les fit revivre, et saint Caradec, patron de la paroisse fut complètement oublié. En 1825  Mathurin Lucas, alors recteur, rétablit le culte de saint Caradec, de concert avec les autorités religieuses et civiles. Depuis cette époque, la fête de Sainte Emérence est devenue souvent une manifestation de mauvais vouloir vis-à-vis les prêtres de la paroisse ; ce n'est plus qu'une réunion toute mondaine, où l'on se livre aux danses et autres jeux, toutefois, lorsqu'elle a lieu.

En 1836, M. Lucas, aidé du maire, Jean-Marie Le Quillet, et de l'adjoint, Louis Fraboulet, fit construire des bas-côtés, et l'église perdit sa forme primitive qui était celle d'une croix archiépiscopale.

En 1837, M. Pencolé fit construire et peindre le lambris.

(M. L. Audo).

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