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LA VIE MILITAIRE A SAINT-BRIEUC

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Sous l'Ancien Régime et au début de la Révolution.

On sait que, sous l'Ancien Régime, les régiments n'avaient pas de garnison fixe ; ils ne passaient que quelques mois dans les villes où il était possible de les loger ; or, en Bretagne, ces villes n'étaient pas nombreuses [Note : Le logement des gens de guerre était imposé à la province depuis Louis XIV. — Depuis l'ordonnance de 1716 sur le casernement, la province s'efforçait de caserner les soldats. Les subdélégués de l'Intendant, puis, par la suite, les correspondants de la Commission Intermédiaire des Etats de la Province, prenaient les maisons non occupées, ou à défaut celles affermées à des locataires sujets à l'imposition. — A. DUPUY, Etudes sur l'Administration municipale en Bretagne au XVIIIème siècle. 1891, 1 vol. in-8°, p. 204-235, Casernement des troupes, et p. 235-244, Logement des troupes de passage. — CARON, L'administration des Etats de Bretagne, de 1493 à 1790, p. 23, 26 et 46. — Maurice BERNARD, La Municipalité de Brest, de 1750 à 1790. — A. DE GOUÉ, Des charges et obligations militaires imposées à la Bretagne depuis la fin du XVIème siècle jusgu'en 1789. Paris, Rousseau, 1906]. D'autre part, sauf de rares exceptions, les casernes n'existaient pas ; dans la plupart des cas, les maisons inoccupées offraient le gîte, et les habitants étaient tenus de les meubler ou tout au moins de fournir les lits nécessaires à la troupe. Nous avons pu retrouver un des billets de logement délivré à Saint-Brieuc vers 1780 (Archives départementales des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), série C - liasse 91).

De par le Roi, il est ordonné à ……… de fournir un lit complet, sous le …… au soir, consistant, dans un bois de lit bien foncé, une paillasse, une couette ou un matelat, deux draps de lit, une couverture de laine et un traversin, tout prêt à être placé dans les casernes qui seront indiquées aux fournisseurs dont il leur sera donné un reçu, observant de mettre une étiquette numérottée de la consistance du dit lit ainsi qu'il est dit, au nom du fournisseur ; lequel en entier lui sera rendu non détérioré après l'évacuation de la troupe.

Arrêté à l'hôtel-de-ville, le ……

Parfois aussi les soldats étaient logés chez l'habitant ; les cantonnements de la troupe à Saint-Brieuc, au moment de l'arrivée du régiment de Penthièvre infanterie (mars 1788), nous sont indiqués dans le même document.

Ce sont les maisons de : Delalande Robinot, rue Jouallan (avec 7 pièces), n° 728 [Note : Le numérotage des maisons de la ville de Saint-Brieuc, date de 1766 (Archives de la municipalité de Saint-Brieuc)]. — De Bois-Jouan. — De Douvenan, Grande-Rue [Note : Grand'Rue ès-Marchand (A. DU Bois DE LA VILLERABEL, A travers le vieux Saint-Brieuc. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord, t. XXVIII et XXIX [Saint-Brieuc, Guyon, 1890-01]). Aujourd'hui rue Houvenagle, nom du député des Côtes-du-Nord à l'Assemblée Nationale de 1848], n° 214. — Mlle Duval-Prepetit, n° 177, rue Fardel [Note : Fardel — vient de Bardel, barrage — op. cit. à du Bois de la Villerabel, A travers le vieux Saint-Brieuc]. — Vaulorgan, n° 182, rue Quinquaine [Note : Le jeu de la quintaine se pratiquait à cet endroit]. — Hôtel de Ville. — Cardenoual, rue Vicairie [Note : Vicairie, ou du vicaire, parce que là demeurait le vicaire perpétuel du chapitre de Saint-Brieuc]. — Les Cordeliers [Note : Ancien couvent des Cordeliers, aujourd'hui occupé par le Lycée]. — Dhurel, n° 793, rue du Puits-au-Lait [Note : L'endroit où les laitiers se réunissaient pour vendre leur lait, actuellement devant l'entrée de l'Hôtel des Postes]. — Hellio, n° 709, Port de Ville [Note : Porte Notre-Dame, à l'Est de la place Duguesclin]. — Cluny, n° 662, rue du Marché-au-Bled [Note : Marché au bled, actuellement place Glais-Bizoin, député des Côtes-du-Nord en 1848 et membre de la Défense Nationale en 1870]. — Jacques Lorent, n° 707, Porte de Ville. — de Cardinal, n° 711, Porte de Ville. — Le Moine, n° 329, rue Saint-Michel [Note : Actuellement formée des anciennes rues de la Magdeleine et de Saint-Michel] (cordonnier). — Veuve Gautier, n° 320, rue Saint-Michel. — Baschamp-Oisel, n° 323, rue de la Madeleine [Note : Aujourd'hui rue du Port]. — Boisjouan, n° 71, rue de Gouet. — Rochard, n° 77, rue de Gouet. — Bourgault, n° 50, rue de Gouet. — Villoson-Geslin, rue de Gouet. — Dessalles, n° 101, rue de Gouet. — Ferrary, rue Saint-Gouéno [Note : Saint-Gouéno ou Gouesnou avait une chapelle dans cette rue]. — Villebogard, rue Saint-Jacques.

Enfin les soldats de l'époque changeaient souvent de garnison et passaient la plus grande partie de leur temps à accomplir à pied de dures et longues étapes.

Les papiers du correspondant de la Commission intermédiaire de Bretagne, en résidence à Saint-Brieuc, mentionnent les noms des régiments qui séjournèrent dans la ville de 1746 à 1789, avec les dates exactes de leur arrivée et de leur départ [Note : Arch. dép. des Côtes-du-Nord, Commission intermédiaire, diocèse de Saint-Brieuc, série C  - liasse 91].

Le 25 novembre 1746. — Arrivée des bataillons suisses de Witmer. Le chevalier de Roll, lieutenant-colonel commande le 1er bataillon. Ces bataillons quittent Saint-Brieuc le 25 avril 1748 [Note : Arch. dép. des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), série C (liasse 95)].

Le 28 juillet 1748, arrivée du 1er bataillon du régiment Dauphin-infanterie ; il se rend à Vannes le 21 septembre 1748.

Le 17 avril 1755, arrivée du bataillon des milices de Rennes ; il quitte la ville le 11 octobre 1755.

Le 4 mars 1756, arrivée du régiment d'Orléans-infanterie ; il se rend à Lamballe le 16 juin 1756.

Le 20 septembre 1756, arrivée du 3ème bataillon du régiment de Navarre ; il quitte Saint-Brieuc le 8 mars 1757.

Le 14 mai 1757, arrivée du 2ème bataillon du régiment de Bourbon ; départ le 25 mai 1757.

Le 30 octobre 1757, arrivée du régiment de Berry ; départ le 28 avril 1758.

Le 14 juin 1758, arrivée du régiment de Talaru départ le 27 juin 1758.

Le 5 décembre 1759, arrivée du régiment de Saintonge ; départ le 13 décembre 1759.

Le 13 décembre 1759, arrivée du régiment de Guyenne,; départ le 6 mars 1760 [Note : Ce régiment venait de Québec].

Le 29 décembre 1760, arrivée du régiment de Foix ; départ le 29 mars 1761.

Le 17 novembre 1762, arrivée du régiment de la Marine ; départ le 2 décembre 1762.

Le 16 janvier 1763, arrivée du régiment de Provence ; départ le 12 avril 1763.

Le 5 juin 1768, arrivée du régiment de la Reine ; départ le 28 juin 1768.

Le 26 mars 1788, arrivée du régiment de Penthièvre-infanterie ; départ le 10 avril 1788.

Le 4 juillet 1788, arrivée du régiment de Royal-suédois ; départ le 15 octobre 1788 [Note : Arch. dép. des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), série C (liasse 91). Le dépôt de ce régiment reste à Saint-Brieuc jusqu'au 6 mars 1789. Il exigeait une salle pour les galeux et 15 lits pour les femmes des soldats.].

Le 17 mars 1789, arrivée du régiment de Poitou. Ce régiment qui devait rester à Saint-Brieuc jusqu'en janvier 1791, avait eu jusqu'alors pour garnisons successives : Valenciennes, 1781, — Vannes, 1782, — Port-Louis et Vannes, 1783 à 1788, — Poitiers, 1788-1789 [Note : Régiment, levé par César de Choiseul en 1616, devenu Poitou en 1682. — Il portait comme drapeau deux cartons rouge et bleu, croix blanche dédoublée. (Le Comte DE BOUILLÉ, Les Drapeaux français, Paris, J. Dumaine, 1875)].

Nous avons pu retrouver sa composition, au moment de son arrivée à Saint-Brieuc, à cette dernière date [Note : Arch. dép. des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), série C (liasse 92)].

 

DIVISION DE BRETAGNE :

29 derniers jours de mars et d'avril 1789.

Infanterie française. — Régiment de Poitou.

Extrait de la revue faite à Saint-Brieuc et Lamballe, le 5 mai 1789, par nous commissaire des guerres employé à la division de Bretagne, au régiment d'infanterie française de Poitou, pour servir au payement du logement et chauffage dudit régiment pendant les 29 jours de mars et le mois d'avril de la présente année. Conformément aux ordonnances du Roi du 17 mars 1788, concernant l'infanterie française ; du 20 juin, concernant les masses, et du dit jour concernant les revues, le dit régiment étant parti de Poitiers le 2 mars pour se rendre à Saint-Brieuc et Lamballe ; arrivé le 17 du même mois, sur les routes portant l'étape l'une de la cour du 4 février 1789 n° 6, — l'autre de M. le comte de Langeron du 4 mars 1789 [Note : Le comte de Langeron, lieutenant général chef de division de la province de Bretagne. — Cf. Etat militaire de la France pour l'année 1789, 31ème édition, par Roussel, à Paris, chez Onfroy, 11, rue Saint-Victor, 1789].

 

ETAT-MAJOR :

Note : En 1792, l'état-major était composé de MM. de Redon, colonel ; de Claville, lieutenant-colonel ; Bordy, quartier-maitre ; Muller, adjudant-major ; La Martinière, jeune-major. Capitaines. — Lafolie, Joubert, Lezey, de Boisconteau, Maumigny, Mézières, de Boisconteau, Monchy, La Martinière, de Maumont, du Mesnil, de Coursy, de Massip, de Richouffetz, Gardera, Herliès, de Fayet, Canolle. Lieutenants. — De Waroquier, de la Roche, de Drouart, de Ceccaty, de Beaurins, de Sauvagney, Dumontel, Daverton, Duhamel, Lefèvre, Lesquen, de Lauretan, de Tannouarn, Comune, de la Baronnais, Dupassage, Gaugel, Dupassage (Gabriel). Sous-lieutenants. — Le Tellier, de Boisflinard, de la Minière, Chauny, d'Egremont, de Bellechaigne, de Plas, de Rouvière, de Magnac, de Maumigny, de Grumelier, de Trédern, Gatin, Regnaud, Vermot, Rougère, Delgorgne, Quénel. (DE ROUSSEL, Etat militaire de la France pour 1792, Paris, Onfroy, 11, rue Saint-Victor, 1792)]

Marquis de Saint-Chamans, colonel, absent, à Paris.
Chevalier de Bévy, lieutenant-colonel, à Paris.
De Falgueriette, major, présent.
Comte de Vérac, major en 2ème, absent, à Paris.
Boray, quartier-maître.
Paraire, porte-drapeau, au dépôt, à Poitiers.
Lefebvre, porte-drapeau, présent.
Marestin, chirurgien-major, présent.
Moynet, aumônier, absent.

 

COMPAGNIE D'ETAT-MAJOR :

2 adjudants, 1 tambour-major, 1 caporal-tambour, 8 musiciens, 1 maître-tailleur, 1 maître-armurier, 1 maître-cordonnier. — Total, 15 hommes.

1er Bataillon.

 

Compagnie de grenadiers.

De la Folie, capitaine commandant, présent.
Maillard de la Martinière, absent, à Marville, en Lorraine.
Canole, capitaine, à la suite.
Castel, lieutenant (mort le 12 octobre dernier).
Muller, sous-lieutenant, présent.
Communo, sous-lieutenant, absent.
1 sergent-major, 1 fourrier, 4 sergents, 8 caporaux, 8 appointés, 62 grenadiers, 2 tambours. — Total, 86 hommes.

 

Compagnie des fusiliers.

De Lesquen, capitaine commandant, absent.
Renouard de Mézières, capitaine en 2ème.
De Garderas, lieutenant en 1er.
Pavent de Ceccaty, lieutenant en 2ème, absent.
De Lesquen fils, sous-lieutenant, présent.
Du Pussaye, absent, à Saint-Seyre, Picardie.
Letellier cadet, gentilhomme, absent.
1 sergent-major, 1 fourrier, 5 sergents, 10 caporaux, 10 appointés, 85 fusiliers, 2 tambours, 2 enfants de soldats. — Total, 116 hommes.

 

Compagnie de Sauret.

De la Fonde de Sauret, capitaine commandant.
Desaugiers, capitaine en 2ème, absent (île de Rhé).
De la Tour du Ménil, lieutenant en 1er.
De Salvador, lieutenant en 2ème, absent, à Avignon.
Collas de la Baronnais, absent, à Saint-Malo.
De Maumigny, sous-lieutenant, présent.
1 sergent-major, 1 fourrier, 5 sergents, 10 caporaux, 10 appointés, 84 fusiliers, 2 tambours, 2 enfants soldats. — Total, 115 hommes.

 

Compagnie de Joubert.

De Joubert, capitaine commandant, présent.
De Chateaubriand, capitaine en 2ème, absent, à Angers.
Ch. Maillard de la Martinière, lieutenant en 1er.
Daverton, lieutenant en 2ème.
Leullien de Bienassisse, sous-lieutenant.
Robinet de Plas, sous-lieutenant.
1 sergent-major, 1 fourrier, 5 sergents, 10 caporaux, 10 appointés, 83 fusiliers, 2 tambours, 2 enfants de soldats. — Total, 114 hommes.

 

Compagnie de Boisconteau.

Launy de Boisconteau, capitaine commandant, absent, à Saint-Pourcin.
Baray de Gamauson, capitaine en 2ème.
Chevalier de Massyr, lieutenant en 1er.
Parfait de Beaurans, lieutenant en 2ème, absent, à Noyon.
De Tannouarn, sous-lieutenant, absent, à Vannes.
De Grumellières, sous-lieutenant.
1. sergent-major, 1 fourrier, 5 sergents, 10 caporaux, 10 appointés, 84 fusiliers, 2 tambours, 2 enfants de soldats. — Total, 115 hommes.

 

2ème Bataillon.

 

Compagnie de Claville.

Le Maître de Clapille, capitaine commandant, absent, à Fécamp.
De Savaron, capitaine en 2ème.
De la Tour du Fayet, sous-lieutenant en 1er, à Moissac.
Féréol de Sauvagney, sous-lieutenant, à Montluçon.
De Trédern, sous-lieutenant.
Malet de Chauny, cadet, gentilhomme.
1 sergent-major, 1 fourrier, 5 sergents, 10 caporaux, 10 appointés, 84 fusiliers, 2 tambours. — Total, 113 hommes.

 

Compagnie de Lezey.

Drouart de Lezey, capitaine commandant.
De Monchy, capitaine en 2ème, absent, à Montdidier.
De Courcy, lieutenant en 1er, absent, à Poitiers.
Drouart, lieutenant en 2ème, absent, à Alençon.
De Patry, sous-lieutenant.
De Neuville, sous-lieutenant, absent, à Deuil, en Périgord.
1 sergent-major, 1 fourrier, 5 sergents, 10 caporaux, 10 appointés, 84 fusiliers, 2 tambours, 2 enfants de soldats. — Total, 115 hommes.

 

Compagnie de Thurey.

Chevalier de Thurey, capitaine commandant.
Lamy, chevalier de Boisconteau, capitaine en 2ème.
De Mussan, lieutenant en 1er.
Desfontaine. lieutenant en 2ème.
Dupassage, sous-lieutenant, absent, à Segré, en Picardie.
De Lorétan, sous-lieutenant.
1 sergent-major, 1 fourrier, 5 sergents, 10 caporaux, 10 appointés, 82 fusiliers, 2 tambours, 2 enfants de soldats. — Total, 113 hommes.

 

Compagnie de Laubepierre.

De Laubepierre, capitaine commandant, absent, à Moulins.
Le Carlier d'Herleys, capitaine en 2ème.
De la Roche, lieutenant en 1er, à La Réole.
De Belle-Etoile du Mottet, lieutenant en 2ème.
Du Désert du Hamel, sous-lieutenant.
Raimond de Rouvières, sous-lieutenant.
1 sergent-major, 1 fourrier, 5 sergents, 10 caporaux, 10 appointés, 84 fusiliers, 2 tambours, 2 enfants de soldats. — Total, 115 hommes.

 

Compagnie de chasseurs.

De Maumigny, capitaine commandant.
De Maucourt, capitaine en 2ème, absent, à Angoulême.
De Richouffetz, lieutenant en 1er.
De Varoquier, lieutenant en 2ème, absent, à Saint-Affrique, Périgord.
Colin de la Minière, sous-lieutenant.
De Boislinard, sous-lieutenant, absent au Blanc, en Berry.
1 sergent-major, 1 fourrier, 5 sergents, 10 caporaux, 10 appointés, 74 chasseurs, 2 tambours. — Total, 103 hommes

 

Vie militaire à Saint-Brieuc (Bretagne) sous l'Ancien Régime.

Le régiment de Poitou assista à Saint-Brieuc aux premiers événements de la Révolution. Il prit part aux diverses manifestations publiques qui eurent lieu à cette époque pour symboliser l'union de l'armée et de la nation.

Le 21 août 1789, le colonel M. de Saint-Chamans, assisté des officiers du régiment, prêta le serment suivant, prescrit par l'Assemblée Nationale, en présence des autorités municipales.

Nous jurons d'étre fidèles à la Nation, au Roi, à la Loi et de ne jamais employer ceux qui sont sous nos ordres contre les citoyens, si nous n'en sommes requis par les officiers civils ou les officiers municipaux [Note : Annales armoricaines et Histoire physique, civile et ecclésiastique du département des Côtes-du-Nord, par Ch. LE MAOUT, pharmacien (St-Brieuc, Guyon frères, 1846), p. 280, et Lettres des députés des Côtes-du-Nord à la 1ère Législative, publiées par D. TEMPIER, Société d'Emulation des Côtes-du-Nord, t. XXVI, p. 249].

De nouveau, le 14 juillet 1790, les officiers du régiment de Poitou prétèrent, sur l'autel de la Patrie, le serment civique qui fut répété par la troupe (Histoire de la Ville de Saint-Brieuc, par Jules LAMARE).

Enfin le 5 août 1790, à l'arrivée de la bannière envoyée au département des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), par la commune de Paris, le régiment participa à la fête organisée à cette occasion (V. Fureteur breton, l'Etendard des Côtes-du-Nord, par Léon DUBREUIL, t. IV, p. 213).

La résidence de Saint-Brieuc déplaisait-elle au colonel et à certains officiers ? Vers le mois d'août 1789, le colonel demanda à changer de garnison. Les députés des Côtes-du-Nord, Palasne de Champeaux [Note : Palasne de Champeaux (Julien-François), né à Saint-Brieuc, le 21 mars 1736. Avocat au Parlement de Paris, sénéchal de Saint-Brieuc (1766-1789), député de la sénéchaussée de Saint-Brieuc en 1789 aux Etats-Généraux, colonel d'honneur des volontaires nationaux, notable de la municipalité, président du tribunal du District, président du tribunal criminel du département, élu député des Côtes-du-Nord à la Convention, 7 septembre 1792, mort en mission à Brest en 1795. (Archives départementales des Côtes-du-Nord, série L (m3), Assemblées primaires et Annuaire du département des Côtes-du-Nord, année 1840, p. 87)] et Poulain de Corbion [Note : Poulain de Corbion (Jean-François-Pierre), né à Quintin, 1743. Avocat au Parlement de Bretagne, maire de Saint-Brieuc (1780), député aux Etats de Bretagne en 1782, colonel des Volontaires nationaux en 1789, député des Côtes-du-Nord à la Constituante, commissaire du Directoire exécutif près de la municipalité de Saint-Brieuc (an VI) ; tué par les Chouans le 28 octobre 1789, lors de la prise de Saint-Brieuc. (V. Annuaire des Côtes-du-Nord, année 1837, p. 67)], annoncèrent la nouvelle à leurs électeurs (Op. cit. D. TEMPIER). (Lettre du 21 août 1789).

Nous avons parlé au Ministre de la guerre du changement de garnison demandé par le colonel du régiment de Poitou ; il nous a assuré que, quant à présent il n'était pas question de faire quitter à ce régiment sa garnison actuelle ; que si le projet en était formé, il nous en préviendrait auparavant qu'il fût exécuté, et, qu'au surplus il nous promettait que si des arrangements qu'il ne prévoyait pas nécessitaient un déplacement, il aurait soin de faire relever ce régiment par un autre.

Le serment prêté publiquement par les officiers ne fut pas longtemps respecté par eux, ils s'en considérèrent très vite comme déliés ; plusieurs quittèrent l'armée, d'autres émigrèrent. La faute des officiers fut-elle imputée aux soldats ? ou voulut-on les englober dans la honte qui couvrait le régiment, par suite du parjure des officiers ? Toujours est-il qu'ils éprouvèrent le besoin de s'en disculper publiquement et d'affirmer solennellement, une fois de plus, leur patriotisme et leur attachement à la Nation. Ce fut dans ce but qu'ils publièrent un petit opuscule intitulé : « Pacte fédératif des bas-officiers et soldats du 1er bataillon du régiment de Poitou, en garnison à Saint-Brieuc le 16 avril 1790 » — qui nous a été communiqué. L'opuscule cité, signé des 167 soldats présents était adressé aux députés des Côtes-du-Nord (Champeaux et Poulain-Corbion) ; il fut lu au Conseil des Volontaires nationaux de Saint-Brieuc, le 17 avril 1790, et déposé au greffe de la municipalité de Saint-Brieuc, qui, après lecture, en ordonna l'impression à 500 exemplaires [Note : Nous n'avons trouvé que l'exemplaire déposé à la bibliothèque municipale de Saint-Brieuc], ainsi qu'en témoignent les trois documents suivants :

I. — Pacte fédératif des bas-officiers et soldats du 1er bataillon du régiment de Poitou, en garnison à Saint-Brieuc.

Nous, Français et soldats du régiment de Poitou, en garnison Saint-Brieuc, défenseurs par inclination de la Patrie, notre mère commune, informés qu'on a osé calomnier auprès d'un digne membre de l'Assemblée Nationale, notre conduite et notre patriotisme, nous jurons nous venger de cette iniquité qui nous touche sensiblement, mais avec les armes de la paix, et les moyens que nous avons le bonheur de posséder dans la justice des représentations d'une grande nation, qui daigneront toujours être les défenseurs de l'innocence opprimée.

Pénétrés de l'heureuse révolution qui a rangé tous les hommes à leur place, nous déclarons, en dépit de nos ennemis communs, demeurer inviolablement attachés aux principes de patriotisme desquels nous sommes inséparables.

Nous jurons d'employer tous les moyens qui sont en nous, pour resserrer plus étroitement encore, s'il est possible, ces liens heureux qui nous unissent à tous les bons patriotes.

Nous jurons n'avoir de plus grand désir que celui de donner des preuves de notre amour pour la félicité publique, et la maintenir jusqu'au lit de la mort.

Nous jurons enfin soumission sans bornes à la Loi régénérée, dévoûment et respect au Roi des Français, attachement inaltérable à notre Patrie et reconnaissance aux Augustes représentants, restaurateurs de la liberté.

Tels sont, malgré nos ennemis, nos affections, et les sentiments que nous éprouvons, que la plume, interprête de nos cœurs, n'a pu peindre comme nous l'aurions désiré.

Le présent souscrit de nous, soldats du premier bataillon du régiment de Poitou, sera présenté à Messieurs les officiers municipaux, avec prière d'en recevoir le dépôt, comme un gage de notre reconnaissance et dévoûment envers la Patrie ; et copie en sera adressée à Monsieur de Champeaux Palasne et à Monsieur Poulain de Corbion, députés à l'Assemblée Nationale à Paris, et une copie d'icelui remise au colonel des volontaires nationaux de cette ville, comme un hommage de fidélité aux citoyens, et d'attachement inviolable envers les soldats nationaux.

Fait à Saint Brieuc le 16 avril 1790.

Ainsi signés : Vernot, sergent-major, doyen des bas-officiers. — Grizel, sergent des grenadiers. — Martel, sergent des grenadiers. — Romard, grenadier. — Mathieu, caporal grenadier. — Didier, sergent des grenadiers. — Greffé, caporal grenadier. — Diesbac, caporal grenadier. — Diot, apointé grenadier. — Villiaume, apointé. — Carpentier, grenadier. — Renault, grenadier. — Villerme Dunaud, grenadier. — Pérot, grenadier. — Cuenen, grenadier. — Rouyère, grenadier. — Godillon. — Thuillier. — Du Tilleul. — Thomas. — La Salle. — Sparon. — Nicolas. — Briccard. — Nodin. — Trouvé. — Pomard. — Bertrand. — Guirard. — Charpentier. — Jouve. — Stel. — Fournier. — Bournisien. — Vimard. — Badaille. — Clause. — Basset. — Sallé. — Etienne. — La Rose, grenadier. — Forestier. — Rozier. — Dupuis, sergent. — Dubuc, apointé fusillé. — Morel, sergent. — Duplessy, caporal fusillé. — Martel, caporal fusillé. — Genit, fusillé. — Sainte-Marie. — Girard. — Etienne. — Bachain. — Cornabé. — Boiseau. — Colard. — Pimon. — Fontenelle. — Dequen. — Desruisseaux. — La Thuille. — Barcon. — Mitonnaux. — Geffroy de Montreuil. — Thibault. — Gilbert. — Golard. — Ruiné. — Le François. — Prisette. — Bocquet. — Le Sieur. — Hébert. — Hémubert. — Decaux. — Le Comte. — Carrière. — Le Doux. — Gucher. — Roussey. — Lefebvre. — Thevenin. — Lesur. — Bei. — Muterel. — Baude. — Alexandre. — Joseph Niot. — Jacques Niot. — Chevet. — Delval. — Georges. — Duclos. — Joulin. — Benoît. — Cadet. — Cogni. — Fric. — Guihoux. — Grave. — Gras. — Lempereur. — Jelus. — Prudon. — Chailloux. — Populus. — Caraux. — Boisard. — Le Clou. — La Vergne. — Tenot. — Hetm. — Anson. — Dancaut. — Maufret. — Allenot. — Gaillard. — Léon. — O. Réaun. — Racinet. — Marchand. — Bloniet. — Libeau. — Schemetz. — De Trois. — Bruant. — La Soye. — Bourger. — La Ruelle. — Le Rougelin. — Champagne. — Toussaint. — Martin. — La Thuille. — Porret. — Morpain. — La Rose. — André. — Péchon. — Alix. — Ledu. — Tiberge. — Bailly. — Leblanc. — Escot. — More. — Guay. — La Barbe. — Gaudry. — Vasset. — Rollin. — Rouget. — Moulin. — Hauriot. — Agasse. — Maucourt. — Voisin. — Ferrier. — Ciron. — Paux, etc...

II. — Conseil extraordinaire du 17 avril 1790.

Le conseil des volontaires nationaux de Saint Brieuc [Note : Volontaires nationaux formés le 19 août 1789 (op. cit., Ch. LE MAOUT, p. 279)] assemblés, M. de La Villeberno colonel en 2ème, a donné lecture du pacte des braves militaires du 1er bataillon du régiment de Poitou. L'assemblée l'a reçu avec autant de sensibilité que de reconnaissance, et a chargé M. le Commandant de leur témoigner son adhésion, et de leur remettre une copie du présent souscrite de plusieurs des volontaires, tant en leur nom, qu'au nom de leurs camarades, et de les assurer de la réciprocité des sentiments d'estime, d'amitié et d'attachement qu'ils leur ont voués pour la vie.

Villeberno, colonel en 2ème. — Boulard, lieutenant-colonel (contrôleur des fermes). — Vésuty, major. — Le Saulnier du Vauhello, major en 2ème. — Jouvin, quartier-maître.

 

III. — Extrait du registre des délibérations de la mairie de Saint-Brieuc.

Les officiers municipaux se trouvant ce jour rassemblés pour les affaires de la commune, il a été remis par le procureur de la commune, lequel en a demandé dépôt, un pact fédératif souscrit par MM. les bas-officiers, grenadiers et soldats du 1er bataillon du régiment de Poitou, en garnison en cette ville.

Ces braves militaires, désirant manifester leur attachement inviolable à la nation, ainsi que leur adhésion formelle à la constitution décretée par l'Assemblée Nationale, et jaloux de dissiper jusqu'au moindre nuage qui pourrait s'élever sur la constance et la réalité des sentiments loyaux et généreux du brave régiment dont ils font partie, s'empressent de déposer à la municipalité, un acte authentique, qui sera à jamais un monument de leur patriotisme.

Il est du devoir du corps Municipal, de témoigner à ces braves militaires, et son attachement et sa reconnaissance. En conséquence, il a été arrêté à l'unanimité, que pour donner à cet acte de patriotisme, toute la publicité qu'il mérite, il en ferait imprimer 500 exemplaires avec les signatures, lesquels exemplaires seront distribués aux cinq compagnies du dit bataillon, et envoyé aux principales municipalités du Royaume.

A arrêté de plus, qu'à la suite dudit pacte fédératif, serait imprimé copie de la délibération du Conseil extraordinaire des Volontaires nationaux de cette ville, du 17 avril 1790 lesquelles deux pièces demeureront déposées à la municipalité. JOUVIN, Greffier.

Saint-Brieuc, imprimerie Beauchemin (1790).

En janvier 1791, le régiment de Poitou se rendit à Brest, où la moitié de l'effectif devait s'embarquer pour l'Amérique (Op. cit., LE MAOUT, p. 301). En 1792, il prendra une part glorieuse à la bataille de Valmy, sous le nom de 25ème régiment d'infanterie [Note : Par règlement du 1er janvier 1791, les régiments sont dénommés par numéros ; à 2 bataillons, de 2 compagnies de grenadiers et 8 de fusiliers. Chaque bataillon a un drapeau d'une couleur distincte qui restera affecté au bataillon, et les cravates aux couleurs nationales. (Etat militaire de la France pour 1792, par M. DE ROUSSEL, à Paris, chez Onfroy, 11, rue Saint-Victor ; — Cf. Historique des Corps de troupe de l'Armée française, publié par le Ministère de la Guerre à l'occasion de l'Exposition de 1900, Paris, Berger-Levrault, 1 vol. gr. in-8°, et Historique du 25ème régiment d'infanterie, Paris, Lavauzelle, in-32°, 128 p. [Petite Bibliothèque de l'Armée francaise].

(Par E. Galmiche).

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