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SAINT-MICHEL DE SAINT-BRIEUC

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Une vénérable tradition, appuyée du reste sur des témoignages sérieux et consignée, dès le XVIème siècle, dans le savant ouvrage de Duranti (Liv. II, chapitre 31, page 397), sorti des presses vaticanes, rapporte : « qu’en l’an de Salut 709 ; l’archange Saint-Michel apparut à Aubert, évêque de Saint-Brieuc, lui ordonnant de lui bâtir et de lui dédier une église sur le sommet de la hauteur voisine de la Cité briochine, en Bretagne » [Note : Voici le passage textuel donné par Duranti d'après les Chroniques estimées de Guaguin : « Ad hoc anno salutis 709, Sanctus Michaël Auberto episcopo Sambriocano, apparuit jubens ei in montis vertice prope Sambriocanam civitatemn Britanniæ, ecclesiam in ejus honorem ædificare et dedicare » (Guaguinus, Lib. 3, chap. 4). De tout temps cette vieille paroisse jouit d'une individualité privilégiée ; son Recteur obtenait encore, le 18 juillet 1742, un arrêt du Parlement qui séparait le Corps politique de ladite paroisse de celui de la Maison de ville de Saint-Brieuc, avec défense à ladite Maison et Communauté de ville de connaitre directement ou immédiatement des affaires de ladite paroisse (Arrêt du Parlement de Bretagne)].

Peut-être pourrait-on objecter que le nom d’Aubert ne figure pas au Catalogue des évêques de Saint-Brieuc, et qu'il y a confusion avec l'apparition de saint Michel à Aubert, évêque d'Avranches ? Nous répondrons, qu'en présence des textes formels de Duranti et de Guaguin, il est fort possible d'admettre un évêque Aubert sur le siège de Saint-Brieuc, durant une lacune, de plusieurs siècles, dans notre chronologie ecclésiastique. En effet, la série de nos évêques manque, de l'épiscopat de saint Brieuc à l'épiscopat de l'évêque Adam, c'est-à-dire du VIème au XIème siècle. Donc, jusqu'à preuve du contraire, l'église Saint-Michel peut et doit se glorifier de cette illustre origine ; et nul ne s'étonnera du titre de Basilique que lui attribuent de vieux titres [Note : Notamment dans un Mandement épiscopal de 1417, provenant des Archives de la cathédrale de Saint-Brieuc, on lit : « Cum ecclesia nostra Briocensis sit curata et infra illius fines et metas sit illa Basilica Beati Michaëlis, décima quæ prædiales per totam parochiam prædictam spectent et pertineant eidem capitulo de jure, etc. » (Archives de la Cathédrale)].

Paroisse de Saint-Michel de Saint-Brieuc (Bretagne).

Les plus anciennes coutumes, les rubriques des plus vieux âges devaient s'y maintenir longtemps. D'après les comptes de la fabrique, nous y voyons l'usage persistant de la Communion sous les deux espèces, jusqu'au XVIIème siècle, aux grandes fêtes de Pasques-fleuries, Noel, Tous-les-Saints, Circoncision, Epyphanie, Penthecauste, Trinitté, et le jour de Nostre­Dame, ainsi que le spécifie le Fabricqueur : « Pour huict potz vin de Gascogne pour bailler à acomumunier en lad. église aud. jour, à raison de dix soulz le pot … IIII livres. - Pour de la fleur de farine pour faire le pain pour acomunier ledict jour … X sols ».

Ils abondent en curieux détails de moeurs tous ces comptes. Voyez plutôt : « Pour la potation des prestres qui dirent lesd. vespres en lad. église, la vigile de la feste de Sainct-Michel. XX sols ».

Le recteur de Saint-Michel et son vicaire sont invités par les « Fabricqueurs à disner, les jeudi absolu et dimanche de Pasques, après avoir acomunié le peuple, cy. .. LX sols ».

En bonne mère la paroisse recueille et nourrit les enfants trouvés : « Plus païa à une nourrice de la rue Sainct-Michel pour avoir nourry et allaicté, l'espace de quinze jours, ung enffent trouvé et abandonné sur ung autel en lad. Eglise de Sainct-Michel, pour ce … XXX sols. Et d'autant que lad. nourrice n'avoit plus de laict, led. enffent fut baillé à une autre nourrice de Plouffragan, laquelle le nourrit l'espace de trois mois au bout desquels il mourut ; pour ce païa led. Comptable … VI livres » (Compte de Henry Compadre, fabricqueur de Saint-Michel, 1591-1592).

Jamais le clergé de cette paroisse ne sortait que précédé de sa riche et massive croix processionnelle d'argent doré, dont un acte authentique, de l'année 1644, nous donne la description : « Sçavoir ladicte Croix toutte plaine et unie sans ouvrage fors la grosse pomme, au bas, ciselée de trois Chérubins avecque quelques feillages, fruictz et aultres embellissements. Et, au milieu, apposé un Crucifix d'un costé et de l'aultre une imaige de Nostre-Dame, avec leurs diadèmes et chapisteaux, le tout de relieff et en bosse. Et aux quattre treffles et carrée de ladicte Croix, aussi en relieff, les figures des quattres Evangelistes, du costé du Crucifix, et de l'aultre, aux mesmes treffles posés, en celle du hault l'imaige de sainct Michel, aux deux bras les imaiges de deux évesques représentans saint Brieuc et saint Guillaume, et en bas le pourtraict d'un saint Jullien [Note : Patron de N. H. Julien Perdriel, Sr. des Aulnais, lors fabricqueur et trésorier de l'église parrocbiale de Saint-Michel]. Le canon de ladicte Croix ausy plain. Et icelle Croix, de longueur, comprins ledit canon, environ deux pieds et demi, et de travers un pied et cinq pouces. Et ladite Croix dorée en touttes ses garnitures, bordures, médailles et aultres endroictz nécessaires, le tout suilvant que la perfection dudict oeuvre le requiert » [Note : Marché passé pour la réfection de la Croix processionnelle de la paroisse de Saint-Michel de Saint-Brieuc, par le Recteur, les Fabricqueurs et Thésoriers de l'église parrochiale, avec Jean Le Restif, maistre orphèvre de ceste ditte ville de Saint-Brieuc et y demeurant, le 4ème jour de juillet de l'an 1644. (Archives des Côtes-d’Armor. Fonds de la paroisse de Saint-Michel de Saint-Brieuc). Cette belle croix d'argent doré, fort massive, n'était que la reproduction de la très ancienne croix, moyen-âge, agrémentée sans doute d'un carillon de clochettes, tel que nous en voyons encore dans plusieurs de nos paroisses bretonnes. Cette croix, fort caducque, dit notre acte de 1644, fut brisée à cette époque ; aussi les fabricqueurs spécifient-ils expressément que Le Restif va se mettre : « Dès demain et tous les jours sans discontinuation, à la construction de la dicte croix jusques à la perfection d'icelle et sans se divertir à autres affaires soubz quelque prétexte que ce soit ». Ce document nous révèle le nom d'un véritable artiste briochin, au XVIIème siècle, Jean Le Restif, époux de Claude Compadre, de la très vieille famille du Syndic Henry Compadre, seigneur de la Villegicquel].

Anciennement l'église Saint-Michel possédait un superbe Jubé, tribune en bois d'un travail remarquable, depuis longtemps détruit. C'était sans doute l'embrunot donné par Pierre du Boisboissel, en 1364 : « Je donne et laisse pour faire un embrunot et aultrement amender la chapelle où mes prédécesseurs sont enterrez en l'église de Saint-Michel, troys tonneaux de froment ou le prix une fois estre payé » (Archives des Côtes-d’Armor).

Mais assurément l'une des particularités les plus bizarres de cette église était l'ancien privilège qu'y possédaient de toute antiquité, les sires du Boisboissel : la Tourte enfilassée, jetée, le lendemain de Noël, au milieu de l’affluence des fidèls qui se la disputaient ? Joyeuseté moyen-âge abolie depuis longtemps.

Saint-Michel, malgré ses remaniements, avait conservé l'empreinte des XIVème et XVème siècles. Sa tour massive à larges éperons, 1498, rappelait l'architecture solide de ses sœurs de la Cathédrale [Note : Une inscription trouvée, lors de la démolition de la vieille tour Saint-Michel, donne la date de sa reconstruction : — 1498, Thomas Dutay, thésorier]. Trois belles verrières, véritable armorial des familles nobles et de haute bourgeoisie qui dormaient sous ses dalles, en éclairaient jadis le chevet. Tout cela, fortement endommagé, il est vrai, a été remplacé, de 1837 à 1840, par un amas de pierres de taille, de moëlon, de plâtre, en un mot, par un édifice sans style, comme on en commettait à cette époque.

L'église Saint-Michel avait été fortifiée, tant bien que mal, du temps de la Ligue, ce qui ne l'empêcha pas d'être violée plusieurs fois par les soudards du prince de Dombes et les huguenots. C'était au haut de sa tour crénelée que les bourgeois de Saint-Brieuc entretenaient, nuit et jour, dans sa guérite de pierre, le guetteur chargé de surveiller au loin la campagne que parcouraient sans cesse Royaux et Ligueurs [Note : « A ung appelé Mercier, maczon, pour avoir faict ung esperon au-devant de l'huis de l'entrée du clocher de Saint-Michel, lequel y estoit nécessoire pour la sûreté de ceux qui estoient ordonnés pour faire la sentinelle et garde ordinaire sur ledict clocher. Pour ce, soixante huict soulz » (Compte de Henry Compadre). L'ancienne église Saint-Michel occupait le bas de la place actuelle ; elle était accostée, à droite, par le cimetière dans lequel on voyait la petite chapelle sépulchrale es Amorgant, ancienne famille du pays depuis longtemps éteinte].

Ne cherchons plus, dans cette moderne basilique, à la romaine, l'enfeu des Boisboissel, qui en furent les prééminenciers et les insignes bienfaiteurs de tout temps. Il ne reste de ces Vidames de l'évêché de Saint-Brieuc que le souvenir de leurs largesses, et deux effigies de chevaliers de la maison de Bréhand, qui se voient encore adossées à la côtale midi de la cathédrale. Malheureusement la statue de Pierre du Boisboissel a été détruite.

Eglise de Saint-Michel de Saint-Brieuc (Bretagne).

Cependant, le trésor de l'église, à défaut des joyaux d'or d'antan, à défaut de la belle Croix processionnelle, garde encore quelques précieuses reliques, et, dans ses archives, la trace de ses rentes envolées [Note : Après les reliques de la Passion, données par Boisboissel, nous citerons les gants de Saint-Guillaume que le P. du Paz et autres auteurs nomment des mitaines]. « Ge dongne, lesse, recommande marme (mon âme) à Jhesus-Crist, à mon seignour mon père et mon créatour, écrivait Pierre du Boisboissel, en 1364, et mon corps à la sepulture de saincte Eglise, laquelle ge eslis en leglisse de Sainct-Michel de Saint-Brieu, là où mes prédécesseurs ont esté enterrez, au cas que ge decebderoye és parties de Bretaigne et que mon corps y pouret estre apporté, en la manière qui ensieust. Premier : que sur moy hait un drap blanc, et quatre pauvres de drap blanc vestuz, tenans chacunz un sierge ardans, tant come le service durera, o le plus de messes que lon pourra, sans faire nul autre estat quant à cest munde, fors de rendre en humilité mes armes à Dieu [Note : Rapprochons des obsèques d'un grand seigneur, au XIVème siècle, les frais d'enterrement d'une riche et notable bourgeoise briochine au XVIème : « Ce qui a esté miz pour es obsèques de défunte ma soeur Suzanne Compadre : Por quatorze béguines : 18 l. - Por les tentures : 4 l. 13 s. - XVI potz de vin, à 6 solz le pot : 4 l. 13 s. - En luminaires, escussons, sonneurs de cloches, fossechasse et à ceulx qui ont porté le corps, frairies, debvoir des vicaire, diacre, sous-diacre et segrétain, sergent de l'Esglise et messes durant l'octave, por tout ce : 42 l. » (Livre-de-raison de Henry Compadre, sieur de la Villegicquel, sindic des Bourgeois de Saint-Brieuc]. Item. Ge veill et ordrenne que, a la levacion du corps Nostre Seigneur, soint allumées et tenues ardantes, durant la levacion, deux torches chacune dung pays (poids) de cire, au grand aultier (autel), et lesquelles torches ge veill que demeurgent à lad. Esglisse pour allumer au grand aultier » (Archives départementales. Testament de Pierre du Boiboissel, XIVème siècle). Suit une longue énumération de legs en faveur des pauvres, des hôpitaux et des églises, aulmones de doulleur, comme disent les vieux titres.

Paroisse de Saint-Michel de Saint-Brieuc (Bretagne).

Nombre d'anciennes familles avaient également leurs enfeux à Saint-Michel, seule paroisse de la ville, depuis l'institution, par le Chapitre de la Cathédrale, d'un Vicaire perpétuel, qui remplit l'office curial, jusqu'à la Révolution [Note : Au nombre des obligations du Vicaire perpétuel vis-à-vis de l'Evêque et du Chapitre de la Cathédrale, il en était une assez curieuse : « ... Item. De ancienne coutume le Vicaire perpétuel de S. Michel est tenu au jour de Pasques bailler des ESTEURS (balles du Jeu de Paume, ou ballons), sçavoir au Prélat de lad. Eglise cinq, et aux dignités et chanoines d'icelle Eglise, à chacun trois, avec les CABARETS (raquettes) à les frapper, à la manière accoustumée » (Anciens statuts de la Cathédrale de Saint-Brieuc)].

A noter, quelques toiles, entre autres, Sainte Anne apprenant à lire la Sainte-Vierge, quelques fresques, ainsi que deux statues de Barré, la Vierge et saint Jean l'évangéliste.

Une place a remplacé l'ancien cimetière qui entourait la vieille église, et qu'on a reporté à 300 mètres plus loin, vers la Mer : sa bonne tenue, ses tombes toujours fleuries, un beau calvaire d'Hernot, l'artiste breton, quelques monuments, surtout l'immense et pieuse procession du Jour des Morts, où la ville entière vient prier, voilà ce que nous pouvons signaler.

Paroisse de Saint-Michel de Saint-Brieuc (Bretagne).

Ruffelet nous apprend qu'une manufacture de faïence fut établie, au siècle dernier, dans ces environs. « On y travaille dans le dernier goût, dit-il. On compte égaler les manufactures de Rouen, Nevers et Marseille. On a déjà fait plusieurs essais en terre blanche, façon de Saint-Antoine, qui ont parfaitement réussi. M. Bayol, qui a déjà mis sur pied plusieurs manufactures avec succès, est le directeur de cette entreprise ». Le bon chanoine ajoute ces lignes, qui nous prouvent que, depuis longtemps, les oeuvres charitables étaient à l'ordre du jour dans notre ville : « On recevra gratis pour apprentifs les enfants de la ville dont les pères et mères seront chargés de famille. L’apprentissage est de cinq ans, et il est accordé une somme par chacun an aux dits apprentifs ; cette somme augmente chaque année de 30 livres ».

Nous ajouterons que les échantillons de cette faïencerie sont aujourd'hui fort rares et assez recherchés.

N'oublions surtout pas le grand charme de ce quartier Saint-Michel, les horizons magnifiques. Malheureusement, grâce à la bâtisse qui tend à tout envahir, force sera sans doute à nos arrière-neveux de grimper au haut des tours Saint-Michel, pour jouir du paysage. Et cependant, quels horizons ! Allez jusqu'au Tertre-au-Bé (le tertre du tombeau). La baie de Saint-Brieuc tout entière avec ses échancrures, ses écueils, ses flots ; les villages de Plérin, du Légué, de Cesson, avec leurs coquettes stations balnéaires qui étincellent au soleil ; puis ce phare, ce bassin à flot, cette rivière ce va et vient de bateaux, ce rail-way, ces falaises rocheuses ou verdoyantes ; enfin cette Tour de Cesson, et, le soir, ces feux du Cap Fréhel, à l’extrême plan : voilà pour les vues de mer. Faites volte-face et vous avez Saint-Brieuc, la Ville sainte, avec ses … mille chapelles,- Aux hauts clochers de granit, - Brodés comme des dentelles, - Où la cloche chante et rit... . (V. Cantate. Les Deux Bretagnes. Paroles de S. Ropartz. Musique de Thielmans) qui émerge de la verdure des jardins et de ses campagnes merveilleusement cultivées [Note : Voyages en France, pendant les années 1787, 1788, 1789 et 1790, par Arthur Young, écuyer, traduit de l'Anglais, à Paris, chez Buisson, imp. lib., 3 vol. in-8, 1794. — « A Saint-Brieuc, les bonnes terres près de la ville valent de 2 à 3.000 liv., et se louent de 80 à 100 liv. Le bled, dans de pareilles terres, donne jusqu'à quatre-vingt-dix boisseaux de quarante liv. pesant (ou cinquante boisseaux anglais). A une distance de la ville, le prix du fonds est de 300 liv., et la rente de 12 ». — T. II, p. 271], entre ses délicieux vallons du Gouët et du Gouëdic prolongés d'un lointain estompé où se dresse, comme un menhir, le point culminant de nos Menez bretons, Bel-Air et sa chapelle Notre-Dame de Bretagne.

Voici le bouquet d'arbres de la Croix-de-Santé. Encore une victime de la bâtisse ! Jadis nos pères avaient élevé sur ce point un lazaret, aux jours douloureux des grandes épidémies qui affligèrent notre ville aux XVIème et XVIIème siècles, et bientôt en reconnaissance de la cessation du fléau, ils érigèrent cette Croix-Votive, que nos diverses municipalités, disons-le à leur louange, se sont montrées jalouses de maintenir debout. Mais, qu'est devenu, au contact de toutes ces constructions nouvelles, cet étonnant écho de la Croix-de-Santé, jadis l'une de nos attractions briochines, et auquel nos vieillards, lorsqu'ils passaient par là, le soir, n'auraient jamais manqué de crier : « Bonsoir, écho ! ». Comme l'écho, empruntant la voix d'un compère, de leur répondre poliment : « Bonsoir, Monsieur un tel ! ». Oui, par son nom, son propre nom ! … Il est vrai que tout le monde se connaissait jadis. (Arthur Du Bois de la Villerabel).

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