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LES RELIQUES DE LA PASSION

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Parmi les trésors de la cathédrale, à côté des restes sacrés de saint Brieuc et de saint Guillaume, enchassés dans ce beau reliquaire de bronze doré offert par Monseigneur de Quélen, archevêque de Paris, à l'église qui avait reçu ses premières promesses cléricales, qui connaît aujourd'hui les insignes Reliques de la Passion, et surtout leur origines ?.

Quelques extraits du testament de Pierre du Boisboissel daté de 1364, relatifs aux précieux Saintuaires de l’église de Saint-Brieuc, vont nous édifier à ce sujet : « Item, ge donne et lesse à l'église et fabrique de Saint-Brieuc certaine partie de la Vraye Croëz oü Nostre Seignour fut crucifié, et certaine partie de son sang, selon que trové porté sera par certaine cédule escripte o ycelles parties. Item, ge donne et lesse à l'église de Saint-Michiel de Saint-Brieuc aultres certaines partyes de la Vrave Croëz et du sang Nostre Seignour, selon que trové sera par une cédule, o ladite partie desquelles saintuaires de Saint Michiel ge veill et ordrène que les vicaires de Saint-Brieu, pour prier Dieu pôr moy, aint le tiers des proufitz et offerendes qui vindront à laditte Eglise, à cause desd. saintuaires, et les deux tiers soint lessez à la fabrique de lad. église de Saint Michiel. Quand je décebderoye, donne et lesse à l'église de Saint-Brieuc ung joyeau d'or et de pierre dedans lequel a de lespine dont Nostre Seignour fust couronné. Item, à l'église de S. Michiel de S. Brieuc, un autre joyeau d'or et de pierre dedans lequel a du sang de N. S. J. C. Veille et ordrenne que les prouffitz, aulmonnes, offerendes et émolumens, quels à lad. Espine y seroint et seront donnez, soint appliquez à la fabrique de lad. église de Saint-Brieuc et non a aultre. Lequel Joeau à Saint Michiel ge veill et ordrenne que soit gardez par dous (deux) clercs des plus suffisans » [Note : Testament de P. du Boisboissel : « Faict en ma maison et manoir de la rue Saint Père, en la maczière du celier ou je cousche, et dessus lesquels escheillons lesdites Reliques seront trovées en mes coffres ». Le testament de Pierre du Boisboissel fut scellé du sceau de la Cour laïque et de la Vicairie de Saint-Brieuc, ainsi qu'il nous l'apprend lui-même : « Donnez tesmoing le sceau estably aulx contractz de la Cour laye de Saint-Brieuc o le sceau de la Vicairie de Saint-Brieuc, à ma requeste, pour ce que ge n'avoys à présent mon sceau, le jour de mercredy, après la exaltation Sainte Croëz, l'an mil troys cent soixante et quattre » (Archives départementales)].

Soustraites par des mains pieuses aux outrages de la Révolution, les reliques du trésor de la cathédrale furent vérifiées minutieusement par ordre de Monseigneur de Caffarelli, le mardi 21 mars 1809, en présence du chapitre de la cathédrale, du docteur Gléyo de la Chesnaie, l'un des vieux praticiens de la ville et de plusieurs notables du clergé et des habitants.

C'est ainsi que les Saintuaires légués par Pierre du Boisboissel, en 1364, à la cathédrale et à Saint-Michel, munis de leurs cédules ou authentiques, purent être offerts de nouveau à la vénération des fidèles.

Un fait étrange se produisit à cette occasion, au sujet de la relique du Précieux-Sang : « Nous avons découvert et examiné lisons-nous dans le Procés-verbal de vérification des reliques de la Passion, deux petits sachets couverts d'une étoffe d'or sur laquelle on lit cette inscription : ex sanguine D. N. J. C contenant une autre enveloppe soie bleue, où se trouve une petite quantité de matière molle grisâtre, et autour de laquelle est cette légende:  extractum de sepulchro et sanguine D. N. J. C., munie d'une signature de Rome en écriture gothique. Pour éprouver cette matière, nous l'avons humectée avec quelques gouttes d'eau dans une petite cuillère. Aussitôt nous avons vu cette particule prendre une vraie couleur de sang et se liquéfier ; l'appartement et la cuillère même en ont été pendant quelque temps parfumés ».

Cette relique du Précieux-Sang fut même présentée au cardinal Caprara, Légat a latere en France, qui reconnut l'authenticité du fait et y ajouta l'autorité de sa signature. Il en fut de même pour la Vraie-Croix et la Sainte-Epine. « Le tout vu et examiné, ajoute le Rapport, nous avons renfermé lesdites saintes reliques dans un Ostensoir fait en forme de Dôme, monté sur trois colonnes d'argent, au milieu duquel est une urne de cristal contenant les particules du Précieux-Sang, celle de la Sainte-Epine sur un côté de piédestal incrusté, dans une boëtte d'argent recouverte d'un cristal, et, de l'autre côté, la Relique de la Sainte-Croix » (Procès-verbal aux Registres Capitulaires, I, p. 50 – Archives de l’Evêché).

Les joeaux d'or et pierres précieuses de Pierre du Boisboissel avaient donc disparu, mais les Saintuaires existaient encore intacts et toujours vénérés, en dépit des révolutions et des siècles écoulés.

Espérons qu'un jour, lorsque la Cathédrale aura reconquis le tombeau miraculeux de son illustre batisseur, Saint-Guillaume. l'on trouvera bien, dans quelque recoin de la Basilique, comme cela se pratique dans la plupart de nos Cathédrales, une chapelle des Reliques, où les fidèles pourront vénérer de nouveau ces précieux Saintuaires.

Qui ne connaissait jadis le Saint-Bro de l'église de Saint-Brieuc ! Cette épine de la Passion que l'on sortait pompeusement, avec son reliquaire, aux jours des grandes calamités publiques ? Alors il se produisait une affluence immense de peuple accouru pour s'incliner et supplier. Une vieille tradition assurait que le prêtre qui portait la relique du Saint-Bro, devait mourir dans l'année, attachant ainsi l'idée du sacrifice, de l'immolation, nécessaires pour fléchir la colère de Dieu. On comprend que cette seule circonstance devait vivement impressionner les foules, à la vue de l'holocauste vivant qui se dévouait, par le désir du moins, par un voeu héroïque, au salut de ses frères, de sa patrie [Note : Aujourd'hui qu'il est mort et que son humilité ne peut en être alarmée, nous pouvons révéler l'acte héroïque renouvelé, lors de la guerre 1870-1871, par un vénérable chanoine de la Cathédrale. Après les désastres du Mans, les Prussiens se disposaient à fondre sur la Bretagne, l'abbé 0llivier, vicaire général de Saint-Brieuc, de sainte mémoire, s'offrit à Mgr. David pour porter en procession solennelle le Saint-Bro, heureux de s'immoler pour préserver son pays de l'invasion des barbares. Sur les entrefaites, l'armistice était signé].

A côté de ces Reliques insignes, d'autres souvenirs précieux sont encore conservés aux trésors de la Cathédrale et de Saint-Michel. Si l'on y regrette la perte de la Mître et de la Clochette de l'apôtre saint Brieuc, de l'inépuisable Marmite des pauvres, sans cesse chauffée par saint Guillaume, et que signalent avec respect nos vieux hagiographes, du moins il est possible de vénérer encore les Gants de fil tissus artistement, le Peigne d'ivoire, des fragments du rochet, en fine toile de Bretagne, et de la chasuble de saint Guillaume, d'étoffe pourpre à ramages lamés d'or.

Est-il besoin de dire qu'abstraction faite de la valeur religieuse qu'y attachent les fidèles, ces objets du XIIIème siècle sont d'un grand prix pour l'archéologue.

Si le trésor de la Basilique n'est pas riche au point de vue matériel, or et pierreries, nous venons de voir du moins que ses Reliques et Saintuaires sont précieux. A part quelques beaux ornements, une aube en vieux point de Venise, donnée, au commencement du siècle, par le cardinal Fesch à Mgr de Caffarelli, son cousin, la Cathédrale ne peut offrir, en fait de souvenirs artistiques, qu'un beau calice en vermeil, du XVIIIème siècle, avec scènes de la Passion repoussées et ciselées avec art, et le bâton cantoral du grand Chantre du Chapitre, avec sa statuette d'argent de Saint-Etienne, patron la paroisse, sous sa niche rocaille, œuvre d'un artiste briochin (M. Desury).

A Saint-Brieuc, une pieuse coutume, immémoriale en Bretagne du reste, fut l'usage, le luxe des cierges et chandelles brûlant sans cesse autour des Saintuaires, des images et des statues vénérées. De là l’invitation, vingt fois répétée, moitié français, moitié breton, par les vendeurs de cierges sous les porches de nos églises, aux jours de Pardons : « Allumez der golo ».

En 1362, Pierre du Boisboissel s'exprime ainsi : « Ge veill et ordrenne que a la levacion du corps Nostre Seignour, soint alumées et tenues ardantes, durant la levacion, doux torches chacune dung pays (poids) de cire, au grand aultier (autel), et lesquelles torches ge veill que demeurgent lad. Esglise pour alumer au grand aultier.... Item, a la levacion du corps Nostre Seignour devant Nostre-Dame de ladycte hostelerye (l'hopital de N.-D.-de-la-Fontaine) ung torche d'un pays de cire à estre tenue davant, tout comme l'on fera à la levation. Item, à servir devant le chief Monsieur saint Guillaume … ».

Mais on n'en finirait pas avec les largesses de Pierre du Boisboissel, de bonne mémoire, lisons-nous sur le vidimus du testament de ce vaillant, taillé tout d'une pièce, de ce franc Breton qui écrit de sa main et scelle de sa merche (marque) ces lignes pleines de franchise et de repentir : « Pour ce que gay hanté les armes au tems passé et, en ma compaignie, ay mené et tenu par plusieurs pays gens d'armes, archiers et aultres gens qui ont prins, ravi et pillé plusieurs biens, et ge mesme en ay prins et receup et soutenu sus, et de plusieurs gens que je ne cognoys, ne saroys et ne say à qui en faire restitution, ge veill et ordrenne que mes exécuteurs dongent, baillent et livregent, tant aux esglises que aux pouvres, pour les armes (âmes) de ceulx de qui ge auroi eu du leur à tort, comme dit est, par moi ou par mes gens, et que Dieu le me veille pardonner et mes faultes.... trente escus d'or ». A signaler que le testament de Boisboissel est daté de 1362 et le codicile de 1364 (A. Du Bois de la Villerabel).

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