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Les églises de Saint-Brieuc avant la Cathédrale actuelle

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Refoulées par les Saxons, qui envahirent progressivement la grande Bretagne et s'y établirent à demeure, plusieurs peuplades de ce pays émigrèrent en Armorique dès le commencement du Vème siècle.

L'un de ces clans, conduit par le chef Rigwal, avait occupé le territoire entre le Gouët et le Gouessant, quand un peu plus tard, le moine Brieuc, natif lui aussi de la grande Bretagne, vint avec 84 religieux, dit la chronique, débarquer vers l'an 485 au confluent du Gouët et du Gouédic où prend naissance « la vallée double » qui enserre la ville actuelle de Saint-Brieuc [Note : L'histoire de saint Brieuc fut racontée pour la première fois par un auteur inconnu du IXème siècle, dont le manuscrit a été perdu, mais a été copié au XIème siècle par un moine anonyme. Cette copie qui existe entière à la bibliothèque de Rouen, a été reproduite par Don Plaine, qui l'a découverte. Jusque là on n'en connaissait que des fragments. Les origines de saint Brieuc sont obscures, mais on admet généralement qu'il fut disciple de saint Germain d'Auxerre, qu'il vint en Grande-Bretagne et y séjourna de 429 à 432, ce qui fait remonter la naissance de saint Brieuc de 410 à 420 (Don Lobineau la fixe à 410 et M. de le Borderie à  417) ; comme il avait 75 ans quand il aborda à l'embouchure du Gouët, on peut fixer la date de son arrivée dans notre pays entre 485 et 490. Le copiste du manuscrit de Rouen donne comme maître à saint Brieuc non saint Germain d'Auxerre, qui fut évêque de 418 à 448, mais saint Germain de Paris, qui fut évêque do 555 à 575, soit plus d'un siècle après. Il y a là une confusion des deux noms que son auteur rectifie implicitement lui-même, en donnant comme condisciples à Brieuc saint Iltut et saint Patrice ; or saint Iltut est mort vers 500 et saint Patrice en 464 ; ils n'ont pu être condisciples de Brieuc que si celui-ci a vécu au Vème siècle et le saint Germain qui fut son maître n'a pu être que saint Germain d'Auxerre].

Il y trouva quelques débris du camp romain de Cesson, un pays qui paraissait désert, couvert d'une vaste forêt, où l'air était salubre, le climat tempéré, et s'étant quelque peu avancés dans les terres en remontant le Gouët, Brieuc et ses compagnons rencontrèrent bientôt un vallon verdoyant avec des fontaines aux eaux limpides ; ils campèrent près de l'une d'elles et s'apprêtèrent à y bâtir un oratoire, à l'endroit où s'élève aujourd'hui le gracieux édicule du XVème siècle qui abrite la fontaine dite « de Saint-Brieuc ».

Cependant le pays n'était pas aussi désert qu'il avait semblé l'être aux nouveaux venus, car peu après, un serviteur de Rigwal aperçut en chassant des étrangers vêtus de peaux teintes en brun, costume inconnu dans la contrée, et courut informer son maître de leur présence.

Vraisemblablement celui-ci leur eût fait mauvais accueil s'il n'avait reconnu en Brieuc, leur chef, un de ses parents de Grande-Bretagne dont il devint le protecteur d'autant plus dévoué, que Brieuc le guérit peu après d'un mal douloureux dont il souffrait.

Par reconnaissance, Rigwal donna à son parent un territoire suffisant pour lui permettre de vivre, lui et ses moines, et situé entre l'Urne et le Gouët [Note : Il est connu sous le nom de Turnegouët] ; ce fut l'origine du fief épiscopal et, comme sur ce territoire Rigwal possédait une habitation, désignée par les chroniqueurs sous le nom de « champ du Rouvre », il la céda à Brieuc, qui y établit sa résidence et elle devint le centre de son monastère.

La maison du Rouvre était située au bord d'un étang alimenté par plusieurs ruisseaux descendant des coteaux environnants ; c'est sur les bords de cet étang que fut bâtie touchant presque la maison du Rouvre, la première église chrétienne de la contrée, à l'emplacement qu'occupe aujourd'hui le chevet de la cathédrale actuelle de Saint-Brieuc.

Ce que furent cette première église et ce premier monastère, on peut s'en faire une idée, en se rappelant que ces faits se passaient à la fin du Vème siècle dans un pays couvert de forêts et peu habité, où par suite il n'y avait guère d'ouvriers de métier en dehors des bûcherons, charpentiers et forgerons.

Il était naturel d'utiliser le bois pour bâtir les habitations, et il est d'autant plus hors de doute que Brieuc édifia en bois son Eglise que, en grande Bretagne d'où il venait, on ne bâtissait pas autrement à cette époque et même beaucoup plus tard [Note : L'architecte de l'église de Westminster, Guy de Salisbury, rapporte que le nouveau genre de construction qui prévalut en Angleterre au XIème siècle fut la substitution des constructions en pierre à celles en bois, et la célèbre tapisserie de Bayeux du XIème siècle [Note : Broderie, longue de 70 mètres, célébrant la conquête de l'Angleterre par Guillaume, duc de Normandie] nous montre les châteaux de cette époque établis en bois autant qu'en pierre, sur une motte seigneuriale].

L'emplacement choisi pour l'établir, le bord d'un étang où le sol formé d'alluvions et marécageux permettait d'enfoncer aisément les pieux de fondation, confirme encore qu'il en fut ainsi, et il n'est pas douteux que l'église de Saint-Brieuc, qu'il dédia à Saint Etienne, fut non une cathédrale, mais la modeste chapelle d'un monastère naissant.

L'un des biographes de Saint-Brieuc, le chanoine De La Devison, qui écrivait eu 1627, raconte que ce n'est qu'après son installation au Rouvre qu'il fut nommé évêque, mais il avoue qu'il ignore quel était son diocèse, et quel pape le confirma dans cette dignité. D'autres auteurs, avec plus de raison, semble-t-il, estiment que le succès de ses missions dans son pays natal, la fondation qu'il y fit de plusieurs églises et monastères, entre autres celui de la grande lande qu'il gouverna pendant, près de 40 ans, lui valurent la dignité d'évêque avant qu'il vint en Armorique. Quoi qu'il en soit, il semble établi que Brieuc fut réellement évêque, car il est qualifié tel dans une inscription trouvée sur son cercueil quand on l'ouvrit en 1210.

Mais qu'il ait eu un diocèse défini est beaucoup moins certain ; c'était plutôt comme beaucoup d'autres à cette époque, un évêque abbé élu par ses moines, avec approbation du pape, sans que son autorité s'étendit au delà des dépendances de son monastère et des territoires évangélisés par lui et ses compagnons.

De Brieuc, la vénération de ses disciples et l'éclat de plusieurs miracles firent un saint [Note : Saint Brieuc devint avec saint Samson de Dol, saint Paterne de Vannes, saint Malo, saint Corentin, saint Pol de Léon et saint Tugdual de Tréguier, l'un des sept saints de Bretagne dont les reliques donnèrent lieu, au moyen-âge, au célèbre pèlerinage dit des sept saints ou du tour de Bretagne, qui entraînait à un parcours de 550 kilomètres et qui ne cessa qu'au XVIème siècle par suite de l'insécurité des routes pendant les guerres de religion] en même temps que le groupement des habitants de la contrée autour des cellules de ses moines, en fit le fondateur d'un hameau qui prit son nom et est devenu plus tard la ville de Saint-Brieuc.

Il s'était éteint à 90 ans vers l'an 505.

Après lui le monastère continua à prospérer sous la direction de successeurs inconnus, qui probablement n'héritèrent pas de sa dignité épiscopale ; ce qui est certain c'est que trois siècles et demi après sa mort il n'y avait plus d'évêque à Saint-Brieuc, puisqu'en 848, Nominoé duc de Bretagne ; après sa victoire de Ballon sur Charles le Chauve, décida de fonder un nouvel évêché à Saint-Brieuc [Note : Nominoé voulant soustraire les évêques de son duché à l'influence de l'évêque franc de Tours duquel ils dépendaient, déposa ceux qui le gênaient, et créa deux nouveaux évêchés à Saint-Brieuc et à Tréguier, en même temps qu'il érigea Dol en archevêché dont il déclara les autres évêques suffragants. L'archevêque de Tours réclama non contre la fondation des deux évêchés nouveaux, mais contre leur rattachement à Dol. Le Pape repoussa cette prétention de Nominoé, néanmoins un certain nombre d'évêques bretons restèrent attachés à Dol malgré le Pape et le concile de Reims de 1045, d'où un schisme qui dura jusqu'en 1199, date à laquelle l'évêque de Dol fut définitivement dépouillé de son titre de métropolitain].

Si le monastère avait grandi il ne paraît pas que l'agglomération à l'entour ait pris durant ces trois siècles un grand développement, puisque l'acte d'institution de l'évêché ne fait mention que du Monastère, et nullement de la ville de Saint-Brieuc.

De 848 à 1032 on ne sait à peu près rien des évêques de Saint-Brieuc ; les vieilles archives ont été détruites et les chroniques ne contiennent aucun nom.

Cependant il y eut des évêques de Saint-Brieuc durant cette période, puisque dans une lettre du pape Nicolas à Festinien, évêque de Dol, datée de 866, il lui dit qu'il compte dans sa métropole 7 évêques, et comme Nantes et Rennes n'en firent jamais partie, il faut nécessairement pour les trouver joindre à Dol, Saint-Malo, Saint-Pol, Quimper et Vannes, Saint-Brieuc et Tréguier [Note : Un manuscrit laissé par un abbé de la Neuville mentionne son évêque Loyzel en 860, mais sans indiquer où il a puisé ce renseignement].

Dans un acte de 990 relatant des dons faits au Mont-Saint-Michel, signent comme témoins l'archevêque de Dol et huit évêques bretons, en tout neuf dont les évêques de Rennes et de Nantes ; parmi les sept autres doit figurer un évêque de Saint-Brieuc, mais on ne sait lequel des sept occupait ce siège.

Quoi qu'il en soit, pendant toute cette période de six siècles qui va de la mort de Saint Brieuc (505) aux débuts du XIème siècle, l'humble chapelle en bois du monastère bâti par lui dut subir maintes transformations, sinon une ou plusieurs reconstructions.

A l'époque où l'évêché fut constitué par Nominoé, il est probable que les luttes contre les Normands d'une part, le schisme qu'engendra la création de l'évêché de Dol d'autre part, et enfin l'espèce de torpeur qui s'empara des esprits hantés par la crainte de la fin du monde, à laquelle tous croyaient pour l'an 1000, durent s'opposer à une organisation définitive du diocèse et surtout à des entreprises de longue haleine comme la construction d'une cathédrale édifiée avec des matériaux plus durables que ceux qui avaient été employés au temps de Saint Brieuc.

L'an mille passé sans encombre, on sortit de cette léthargie, et ce fut une véritable renaissance ; les monastères anciens furent restaurés et de nouveaux s'élevèrent de toutes parts [Note : Les monastères de Saint-Gildas de Rais et de Moréac, furent restaurés en 1008 et les abbayes de Saint-Gildas-des-Bois (1026), de Sainte-Croix de Quimperlé (1028), de Saint-Georges de Rennes (1032), de Saint-Martin de Lamballe (1080) furent fondées au cours du XIème siècle].

L'intervention des évêques apparaît dès lors et les noms ainsi que les dates se précisent. On sait que dans les premières années du XIème siècle le siège était occupé par l'Evêque Adam qui assista à la fondation de l'abbaye de Saint-Georges en 1032 et mourut vers 1069. Son successeur, Hamon, figure dans un acte de 1075 ; il fit à l'abbaye de Saint-Martin de Lamballe plusieurs libéralités, et mourut en 1089.

Il est naturel de penser que l'intérêt qu'ils portèrent tous deux à l'édification d'abbayes nouvelles, au dehors, s'étendit à leur propre ville, et que sous leur épiscopat, l'église de Saint-Brieuc fut l'objet d'une véritable reconstruction. Cela est d'autant plus vraisemblable que le concours du duc de Penthièvre, Eudon [Note : Dont le duché comprenait les paroisses des évêchés de Dol, Saint-Brieuc et Tréguier], leur était acquis, et qu'il prouva combien il était attaché à l'église de Saint-Brieuc en demandant à y être enterré, ce qui eut lieu en 1079.

Aussi, croyons-nous que c'est dans cette période de la seconde moitié du XIème siècle que fut édifiée à Saint-Brieuc la première église méritant le nom de cathédrale, église sinon achevée, au moins très avancée au moment de la mort d'Eudon, et distincte de celle que nous voyons aujourd'hui. Cette opinion, allant à l'encontre de ce qu'ont écrit plusieurs de ceux qui avant nous ont étudié la Cathédrale de Saint-Brieuc, nous croyons devoir la justifier. Le moine Albert Legrand rapporte que Guillaume le Bêcheux, successeur de l'évêque Hamon, qui mourut en 1099, fut enterré dans la chapelle Notre-Dame.

On pourrait croire, comme le font les auteurs des anciens évêchés de Bretagne, qu'il s'agit de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Fontaine, si les légendaires ne rapportaient qu'en 1431, un autre évêque, Guillaume Eder, fut enterré dans un tombeau qu'il avait fait construire dans la chapelle de Notre-Dame de la Cherche « en une labbe qui se trouvait en face celle de Guillaume Le Bêcheux ». Or, il n'existe pas d'autre chapelle de Notre-Dame de la Cherche que celle du chevet de la cathédrale. Evidemment, la chapelle actuelle de ce nom, qui ne date que du milieu du XIVème siècle, n'est pas celle où Guillaume Le Bêcheux avait été enterré trois siècles avant, mais il résulte du fait relaté par les légendaires, et c'est ce qui importe, d'abord que Guillaume Le Bêcheux fut bien enterré dans sa cathédrale et non ailleurs, et en outre, qu'en 1099, date de sa mort, il existait déjà au chevet de l'église une chapelle absidale où il fut enterré.

Or, cette chapelle absidale ne saurait être antérieure à la fin du XIème siècle, car il n'y a pas d'exemple qu'on ait construit en Bretagne avant cette époque des chapelles de chevet, qui obligeaient d'avoir un collatéral entourant le choeur. Ce n'est même qu'au XIIème siècle que cette disposition cessa d'être rare. Peut-être celle de la Cathédrale de Saint-Brieuc fut-elle bâtie précisément par Guillaume Le Bêcheux lui-même, mort en 1099, en même temps que la labbe qui devait lui servir de sépulture.

Une preuve directe de l'existence d'un collatéral autour du chœur de la Cathédrale dès la fin du XIème siècle et d'une chapelle absidale à laquelle il permettait d'accéder, construite en pierre et distincte, aussi bien de l'église bâtie par Saint Brieuc, que de celle édifiée plus tard par Saint Guillaume, nous a été fournie en 1898, lorsqu'on a réédifié le pan de longère du collatéral nord situé derrière le trône de l'évêque.

En creusant les fondations, nous avons rencontré à une faible profondeur, un mur circulaire de pierre de taille, de grand rayon, ayant évidemment appartenu au pourtour extérieur d'une ancienne église romane [Note : Nous avons conservé ce mur qui est incrusté en partie dans l'emplacement des fondations de la partie reconstruite]. De plus, une fouille pratiquée dans la petite cour située au midi de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cherche, a mis à jour des restes de maçonneries, qui ne peuvent avoir appartenu qu'à une chapelle absidale ayant existé avant celle actuelle. De là nous concluons qu'il y a eu à Saint-Brieuc une cathédrale romane avec chapelle absidale datant du XIème siècle, construite en pierre et distincte de celle que nous voyons.

Qu'en reste-t-il ? Rien à notre avis, car s'il existe dans la cathédrale actuelle autour du choeur, contre les murs extérieurs du collatéral, et à la croisée du transept, des colonnes à chapiteaux romans, ils appartiennent à une époque assez avancée du XIIIème siècle et non au XIème ainsi que nous allons en faire la preuve.

Dans son étude, publiée en 1849, sur l'architecture religieuse en Bretagne aux XIème et XIIème siècles, le savant M. De La Moyneraie, a démontré d'une façon lumineuse, en examinant les détails de monuments qui ont une date certaine, que si dans le domaine royal, dès le XIème siècle, une ère nouvelle avait commencé pour les arts et en particulier pour l'architecture romane, qui atteignit son apogée au XIIème siècle, la Bretagne, isolée, des autres provinces et pauvre de monuments romains, (dont ses bâtisseurs eussent pu s'inspirer), resta presque entièrement étrangère à ce mouvement, si bien qu'au commencement du XIIème siècle, son architecture retardait de plus de cent ans, par rapport à celle de l'Ile-de-France et de la Normandie.

Tandis que là, vers le milieu du XIIème siècle, le Roman lançait vers le ciel ses faisceaux de légères colonnettes, ornait de puissantes moulures ses baies et ses arcades et prodiguait sur ses chapiteaux variés, des fleurs, des animaux et des personnages artistement sculptés, la Bretagne, dans le même temps, bâtissait encore de lourds piliers carrés, cantonnés tout au plus aux quatre faces par des colonnes sans grâce, surmontées de chapiteaux d'un dessin grossier, d'une exécution médiocre et d'une ornementation rudimentaire. Les arcades dépourvues d'archivoltes et de moulures étaient allégées à grand peine par un double rang de voussoirs en retrait, l'un par rapport à l'autre et quelques chanfreins. Elle n'avait, de l'architecture byzantine retiré aucun profit, si ce n'est peut-être la forme de fer à cheval qu'affectent parfois les arcades de cette époque [Note : Saint-Martin de Lamballe (1084), Saint-Sulpice près de Rennes (1129), Le Relec près de Morlaix (1132) nous offrent des exemples de l'architecture de ce temps. Bégard (1130) a été démolie il y a quelques années].

Il fallut les croisades (1096-1291) qui firent sortir de chez eux un grand nombre de Bretons, pour qu'ils s'initient aux progrès de l'architecture et en leur faisant sentir la beauté des monuments qu'ils rencontraient sur leur route, leur donner l'envie de les imiter. Cette influence commença à se faire sentir vers la deuxième moitié du XIIème siècle et au XIIIème le progrès réalisé était considérable. En effet, au commencement du XIIIème siècle appartiennent les parties les plus anciennes de Notre-Dame de Lamballe, fondée en 1200, et la chapelle de l'abbaye de Beauport, commencée vers 1202 ; et il est impossible de ne pas être frappé de l'immense différence qui existe entre les grossiers chapiteaux de l'ancienne église de Bégard, aujourd'hui disparus, mais dont M. De La Moyneraie a publié le dessin, et qui datent de 1130, et ceux des deux monuments que nous venons de citer, édifiés 70 ans plus tard. L'ornementation végétale à forts reliefs a fait son apparition sur les chapiteaux jusque là grossiers et gravés plutôt que sculptés. Si les colonnes restent romanes, l'arc ogive se mêle au plein cintre et s'y substitue dans les arcs d'une certaine largeur. Les archivoltes se décorent de moulures au lieu de simples chanfreins ; on sent déjà la transition du roman au gothique, qui dura en Bretagne jusqu'au milieu du XIVème siècle.

Or, si on compare les ornements des chapiteaux romans de Notre-Dame de Lamballe et de Beauport, avec ceux des colonnes autour du choeur de la cathédrale de Saint-Brieuc, on y trouve une si grande analogie de moulures et de feuillages, qu'il est impossible de ne pas conclure qu'ils appartiennent à la même époque, que par suite, ils n'ont jamais fait partie d'une cathédrale du XIème siècle et qu'ils ont été sculptés pour la cathédrale actuelle au cours du XIIIème siècle (J. Morvan).

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