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SAINT-BRIAC-SUR-MER.

L'Ile Agot ; la Marche ; la Garde Guérin ; les ventes de la Révolution.

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A la terre de la Houlle se rattachait « l'Isle Agot, située dans lit mer avec les rochers éloignés de la terre ferme d'environ une demi-lieue, le tout contenant 5 jours 40 cordes » (près de deux hectares et demi). C'est de cette île Agot que l'auteur de la légendaire Chanson d'Aquin, composée au XIIème siècle, écrivait en parlant de son soi-disant seigneur :

« A got y est, qui est moult (beaucoup) redoubté ;
Dedans la mer a un chastel fermé,
Nuls homs n'y rentre, ne par pont, ne par gué,
Quar de la mer est tout avironné (sic) ».

(Cf. F. Jouon des Longrais : Le Roman d'Aquin ou la Conqueste de la Bretaigne, par le roy Charlemaigne, Nantes, édition des Bibliophiles bretons, 1880, vers 91 et 751).

Lors de la Révolution, cette île qui se trouvait appartenir par voie d'acquêt au comte Louis-Hyacinthe Péan de Pontfilly, seigneur de la Roche en Lancieux, fut saisie sur lui comme soi-disant bien d'émigré et, sur mise à prix de 200 francs, adjugée comme bien national pour 555 francs à la citoyenne Duparc-Gauttier, née Perrine Loyson, faisant pour son fils, Pierre-Henri Gauttier, de Saint-Malo, alors enseigne de vaisseau, lequel décéda contre-amiral honoraire dans cette ville le 13 décembre 1850. On peut lire sa biographie dans le volume de Cunat : Saint-Malo illustré par ses marins, Rennes, in-8°, 1857, p. 438-447.

De la Houlle dépendaient deux moulins à vent : l'un, le moulin de la Marche valait en 1710 cent cinquante livres d'affermage  il sert aujourd'hui d'amer aux marins ; quant au moulin de La Houlle, connu sur ses dernières années sous le nom de « moulin à Pierre Allée » nous l'avons signalé précédemment.

Nous venons de parler du moulin de la Marche : ce nom désignait aussi un fief très ancien, lequel en 1710 s'étendait sur 126 journaux de terre et 50 maisons et rapportait alors à ses propriétaires 16 livres 17 sols 4 deniers d'argent, et par froment 76 boisseaux 9 godets, plus 9 poules et moitié de poule. Nous connaissons, grâce aux archives de la Loire-Inférieure, liasse B 1283, les noms de ses seigneurs au milieu du XVème siècle. En 1462, LA MARCHE était aux mains des héritiers de Henri de Villeblanche, époux de Renée ou Jeanne de Bagaz, qui en avaient fait l'acquisition avec Pierre de Brézé. En 1478, son fils, Pierre de Villeblanche, seigneur banneret du Plessis-Balisson et l'un des plus riches propriétaires terriens de Bretagne, rendait à son tour aveu au duc pour le fief en question.

A sa mort, il passa aux mains de Claude de Villeblanche, chevalier des ordres du Roi, grand pannetier de la reine Claude de France, et seigneur des chatellenies ou fiefs de bannière du Plessis-Balisson, de Maumusson, de Broons, de Bagaz, du Mesnil, de Martigné-Ferchaud, de la Porte, de Callac et du Chastellier en Eréac. Après lui, la succession des propriétaires de la Marche nous échappe et nous ne pouvons pas même préciser la date à laquelle cette terre passa aux du Breil de Pontbriand au cours de la seconde moitié du XVIIème siècle. Nous serions assez porté à croire qu'originairement, à cette petite seigneurie de la Marche qui avait dû considérablement perdre de son importance, se rattachait le château de la Planche, dont les restes signalés dans l'aveu de 1710, se trouvaient tout au près. Malheureusement, c'est la nuit noire, faute de documents, sur tout ce qui concerne la féodalité dans notre région au delà du XVème siècle.

A la baronnie de la Houlle se rattachait dès 1629, sous la propriété des Pontbriand, le manoir et terre noble de la Garde-Guérin, comprenant outre la maison d'habitation, cours, jardin, déports et emplacement de colombier, la « péninsule » et jannaie du Perron, (par conséquent pas encore île à cette époque), celle-ci contenant, sans les rochers alentour, un journal vingt cordes (environ 65 ares) ; la mielle de la Garde et la « montagne » de la Garde-Guérin, (48 mètres d'altitude) sur laquelle était « basty le corps de garde et fanal du Pontbriand » ; ladite métairie louée, avec ses dépendances, 120 livres à Guillaume Gour en 1710.

De la terre de la Garde faisait aussi partie le fief ou bailliage du même nom, lequel s'étendait sur 165 journaux de terre et 65 maisons. Parmi les redevances annuelles dont devaient s'acquitter ses tenanciers envers le propriétaire de la Garde, nous mentionnerons 25 livres de monnaie, 105 boisseaux de froment, 9 poules et un chapon.

La Garde possédait encore au XVIème siècle ses seigneurs particuliers. Les archives de la Loire-Inférieure, conservent toujours, sous la cote B 1283 les aveux poudreux présentés à la Chambre des Comptes de Bretagne, l'an 1506 par Charles, héritier tant d'Arthur que de Robert Gruel, seigneurs de Saint-Jean et de la Garde-Guérin, le premier trépassé avant le 29 novembre 1474 et le second en avril 1506. Quant à Charles qui mourut sans héritier direct, il était le fils d'écuyer Guillaume Gruel, le chroniqueur du connétable Arthur de Richemont ; sa succession fut revendiquée par son petit cousin Charles de Beaumanoir, vicomte de Médréac et du Besso, lequel rendait aveu pour la seigneurie de la Garde-Guérin en 1545. (Cf. Chronique d'Arthur de Richemont, édition Arthur Le Vavasseur, in-8°, Paris, 1890, p. XV et 234).

Dans cette dernière pièce, on évalue à 60 journaux de terre la contenance du domaine direct de la Garde.

Enfin, comme sous l'ancien régime, on aimait étaler sur les murs des églises quelque signe représentatif de sa personne, de son pouvoir et de sa fortune, les armoiries des seigneurs de la Garde se voyaient au-dessous de celles des seigneurs de la Houlle, dans les chapelles latérales de l'ancienne église de Saint-Briac et, dans celle dédiée à Notre-Dame, ils possédaient deux tombes et enfeus devant l'autel du Saint-Rosaire.

Droits d'enfeu, droit d'armoiries, rentes féodales, la nuit du 4 août 1789, fit litière de tout cela. Non seulement la Révolution française supprima aux propriétaires des terres nobles leurs droits purement honorifiques, mais elle les priva même de leurs droits utiles s'ils étaient réputés droits féodaux. Elle sut même bien souvent leur ravir leurs propriétés foncières. Les terribles lois sur les émigrés permirent de confisquer les biens, tant des nobles qui avaient passé à l'étranger pour combattre les jacobins révolutionnaires, que les propriétés de ceux qui, menacés dans leur patrie par les scènes de Jacquerie qui assombrirent les années 1789 à 1791, avaient jugé prudent de mettre leurs jours à l'abri en plaçant la frontière entre eux et leurs persécuteurs. Tels le comte J.-B. Guéhenneuc de Boishue et la comtesse Sylvie de Bruc, son épouse, qui avaient vu, le 25 janvier 1791, leur château d'Yvignac assiégé par plusieurs milliers de paysans ameutés.

Or Sylvie de Bruc, comtesse de Boishue, marquise de Vaucouleurs et vicomtesse de Kérinan, fille de Sylvie-Claude de Pontbriand, comtesse de Bruc, et petite-fille de Louis-Claude du Breil, comte de Pontbriand, dont nous avons précédemment parlé, possédait en 1789, nous ignorons à quel titre, la haute justice et baronnie de la Houlle, ainsi que la terre et manoir de la Garde. Avec son mari et ses nombreux enfants, elle vivait réfugiée dans l'île de Jersey depuis 1792, lorsqu'on confisqua sur elle comme émigrée les deux propriétés en question, avec bon nombre d'autres sises en dehors de Saint-Briac, car cette dame était la plus riche en biens fonciers de la région dinannaise.

A ce titre, la maison et métairie de la Houlle avec ses dépendances : le clos Bastien, la pièce du Bechet, celle de derrière la Grange, le Pré et des Mielles non labourables, l'ensemble comprenant environ dizaine d'hectares, confisqués sur leurs légitimes propriétaires, furent expertisés le 2 mai 1794 et adjugés les 9-12 juillet de cette année à un consortium d'acquéreurs formé par des habitants de Saint-Briac, pour la somme de 28.805 livres. Cette opération, si elle spoliait des individus appartenant à la classe des ci-devant nobles, ne rapportait cependant pour ainsi dire rien à la République jacobine. Celle-ci acceptait, en effet, d'être payée en douze termes égaux avec des assignats émis pour la première fois les 16 et 17 avril 1790 lors de la vente des biens d'Eglise mais qui, depuis, n'avaient cessé de se dévaloriser.

En même temps que la Houlle, fut expertisée, puis vendue dans les mêmes conditions, au détriment des mêmes propriétaires, la métairie de La Garde, après que l'on eut pris soin de la diviser en plusieurs loties. Les acquéreurs furent quatre personnes de Saint-Briac et le négociant-armateur Guillaume Leyritz, de Saint-Malo. Leurs enchères s'élevèrent à la somme de 27.870 livres, payables, elles aussi, en assignats très dépréciés. Le louis d'or qui représentait en effet 77 livres 10 sols en papier-monnaie le 22 août 1794, valait l'année suivante à la même date jusqu'à 930 livres papier. C'était donc une opération merveilleuse pour les acquéreurs qui payaient les biens, dits nationaux, avec une monnaie que seules les caisses de l'Etat acceptaient pour sa valeur nominale, mais dont la valeur réelle était à peu près nulle.

Aussi le seul avantage tangible de ces spoliations, ou si l'on préfère de ces confiscations, fut-il pour le gouvernement révolutionnaire de ruiner une partie de ses adversaires et de se créer des partisans, mais n'est-ce pas là l'objectif principal de toutes les révolutions ?

Avec la vente comme biens nationaux des terres de la Houlle et de la Garde prend fin l'histoire de Saint-Briac au point de vue féodal.

Au XVIIème et surtout au XVIIIème siècle furent rares les individus de la classe de la noblesse qui habitèrent Saint-Briac. On l'a vu, les du Breil de Pontbriand résidaient au Grand Pontbriand en Pleurtuit. Par ailleurs, les registres de catholicité de Saint-Briac, conservent le souvenir d'une famille Le Dos, dont Julien, l'un de ses membres, se faisait appeler sieur de la Flarie, village, où (si nos souvenirs déjà lointains sont exacts), un portail avec un écusson, rappelait autrefois l'emplacement de sa gentilhommière. Des Le Dos ont vécu dans cette demeurance dès avant l'année 1555, jusqu'à la fin du XVIIème siècle, époque à laquelle ils se fixèrent à la Ville-aux-Melouins en Ploubalay. Certains de ces Le Dos prirent même en additif le titre de sieurs de la Ville-aux-Mariniaux et de Belleville. Leur famille appartenait du reste à la noblesse la plus authentique et ils se firent reconnaître comme d'ancienne extraction lors de la Réformation, par arrêt du Parlement de Bretagne du 29 novembre 1668. Leurs armoiries, « d'argent à trois écussons de gueules » se retrouveraient peut-être encore sur quelques manteaux de cheminée de la région, tant à Saint-Briac qu'à Pleurtuit où ils possédaient le Vau-Rouault dès 1513.

Vivait aussi à Saint-Briac dès 1551, noble écuyer Yves de Pontual, sieur de la Villerevault, et c'est dans l'église de cette paroisse qu'il fit baptiser ses trois enfants issus de son mariage avec noble demoiselle Suzanne de Saint-Briac, laquelle trépassa le 1er octobre 1556. C'est avec le nom de cette vieille race que nous avons ouvert cette étude, en parlant des seigneurs de la Ville-aux-Provost, c'est avec lui qu'il nous plaît de finir. Certes, nous ne nous dissimulons pas les lacunes de notre travail ; notre excuse sera d'une part la rareté des documents sur Saint-Briac à l'époque féodale et la difficulté pour nous de les atteindre à Nantes où ils sont conservés aux Archives de la Loire-Inférieure.

Dans ce dépôt, se trouve aussi sous la cote B. 1283 quelques aveux et dénombrements dont nous nous contenterons ici de faire mémoire concernant des maisons, terres et bailliages sis aux villages de la Ville et du Tertre-Nizan, du Bois-Perthuis, de Belleville, de la Ville-ès-Thouars (ou Villetoire) et des Salines, ainsi qu'un titre de 1428 concernant des rentes tombées en rachat (droit de succession) après le décès de Jeanne de la Faveraie, épouse de Guillaume de la Motte. Les curieux du passé pourront aussi consulter au dépôt précité le registre coté B. 1327, une pièce cotée B. 1332 concernant la vente du Bois-Perthuis en 1694 par René de la Vallée, enfin un aveu rendu en 1517 par Raoul Hervé et en 1540 par son fils Pierre, pour une maison sise à un village, du nom aujourd'hui inconnu de Couesmadre, le tout classé B. 2164. (A. Le Masson).

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