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SAINT-BRIAC-SUR-MER.

Les du Breil de Pontbriand, seigneurs de la Houlle.

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Le nouveau propriétaire de la Houlle appartenait à une famille très considérée en Haute-Bretagne et fort bien en cour à cause de sa fidélité à la cause royale durant les guerres de la Ligue en Bretagne. Il obtint, dès avant 1650, la consolidation de la terre de la Houlle à sa châtellenie du Pontbriand, ainsi que celles d'autres seigneuries tant en Saint-Briac qu'en Pleurtuit. Ensuite, par lettres patentes de décembre de cette année, Louis XIV érigea le tout en comté sous le titre de comté de Pontbriand et accorda à son heureux possesseur la création de deux foires, l'une à Pleurtuit, le 19 juillet, et l'autre à Saint-Briac, le lendemain de la Trinité. Ces lettres royales furent enregistrées par le Parlement de Bretagne le 30 juin 1668 (Archives d'Ille-et-Vilaine, section archives du Parlement de Bretagne, 22e reg. f° 421).

Désormais la Houlle cessa d'avoir son existence propre et ne compta que comme membre de la châtellenie du Pontbriand. Le siège de cette dernière n'avait pas toujours existé où nous le situons présentement, c'est-à-dire non loin de la grande route nationale de Quiberon à Saint-Malo [Note : Guillotin de Corson dans son ouvrage : Les Grandes seigneuries de Haute-Bretagne comprises dans le territoire actuel du département d'Ille-et-Vilaine, a esquissé à son article le comté de Pontbriand la succession des seigneurs de ce nom qu'il remonte jusqu'à 1352. Nous y renvoyons nos lecteurs. Des descendants de ces Pontbriand subsistent encore aujourd'hui dans le midi de la France]. Les plus anciens membres connus de la famille du Pontbriand, dont on voit encore les statues tumulaires en granit dans la vieille église de Saint-Lunaire, habitaient à l'origine le lieu dit le Petit-Pontbriand en cette commune. Deux opuscules : La prise de Jersey en 1406 par Hector de Pontbriand, publiée en 1892 par Joüon des Longrais, et Deux Bretons à la Cour de France avant l'annexion de la Bretagne, édité en 1893 par Charles d'Elbo, ont célébré les exploits de cette vaillante race chevaleresque dont l'écusson figure à Versailles, dans la salle des Croisades. Nous n'y reviendrons pas ici. A la fin du XVème siècle, la branche aînée de cette famille tomba en quenouille dans la personne de Guyonne de Pontbriand qui apporta les terres et le manoir du grand Pontbriand dans la maison du Breil, par son mariage avec Charles du Breil, chevalier d'honneur de la reine Anne, en date du 5 mars 1496. C'est à partir de cette époque qu'une partie des du Breil ajoutèrent à leur nom et à leurs armes celles des anciens Pontbriand, qu'ils ont conservées jusqu'à ce jour.

Lors des guerres de la Ligue en Bretagne, les du Breil de Pontbriand suivirent le parti du roi. Les Malouins avaient embrassé celui du duc de Mercoeur. Aussi les milices de Saint-Malo, jointes à un certain nombre de gentilshommes des environs, vinrent-elles, le 31 mai 1590, assiéger le château du Pontbriand en Pleurtuit, lequel était alors « grandement fortifié » [Note : Le 27 août 1589. Henri de Bourbon, prince de Dombes, lieutenant général pour Henri III en Bretagne, avait adressé à Jean du Breil l'ordre d'avoir à fortifier son château de Pontbriand et d'y établir 30 arquebusiers à pied pour la défense de cette place. (Ogée : Dictionnaire de Bretagne, IIème édition, article Saint-Briac, abrégeant D. Morice, Preuves, III, 1502)] rapporte dans ses mémoires Nicolas de la Landelle, l'un des assaillants. Durant vingt-et-un jours, Jean du Breil, châtelain du Pontbriand, soutint vaillamment l'effort des confédérés. Plusieurs de ses gens d'armes furent tués ou blessés. Lui-même fut grièvement atteint à la tête d'un coup d'arquebuse et un autre coup de feu lui enleva deux doigts de la main droite.

On trouvera du reste de plus amples renseignements sur le siège et la prise de Pontbriand et le pillage qui suivit au t. III, colonnes 1511 et 1648 des Preuves de l'Histoire de Bretagne de D. Morice ainsi que dans les Mémoires du malouin Nicolas Frottet de la Landelle, publiés par Joüon des Longrais en 1886, p. 220-224. Si nous ne nous étendons pas davantage sur ces événements, c'est qu'ils ne se rattachent pas à l'histoire féodale de Saint-Briac à cette époque.

René du Breil de Pontbriand, le nouveau propriétaire de la Houlle, dont nous avons déjà parlé, se trouvait présent lors du siège du château de Pontbriand si vaillamment défendu par son père au cours du mois de juin 1590. Il avait alors quinze ans.

Après avoir embrassé la carrière des armes et servi dans la compagnie du duc de Vendôme, il épousa à Québriac, à la fin de 1608, Mlle. Jacquemine du Guèmadeuc, apparentée aux familles les plus considérables de Bretagne. De leur mariage naquirent au moins huit enfants, dont trois filles. Une d'entre elles se fit religieuse. Un des fils mourut au service du roi.

René du Breil, chevalier, comte de Pontbriand, baron de la Houlle, seigneur du Bois-Ruffier en Pleslin, du Pin en Saint-Carné, de la Garde en Saint-Briac, de Vaucouleurs en Corseul, de Richebois en Pleurtuit, chevalier de l'ordre de Saint-Michel en l'an 1639 et capitaine général garde-côtes pour la partie du littoral comprise entre la Rance et l'Arguenon, mourut à Rennes âgé de 89 ans, l'an 1664, et fut « ensepulturé » en l'église Saint-Germain de cette ville. Le vicomte Paul du Breil de Pontbriand lui a consacré une notice de douze pages dans le volume intitulé Nos Chevaliers de Saint-Michel ou de l'ordre du Roi, paru chez Champion, à Paris, en 1906.

Les biographes de René du Breil prétendent que ce gentilhomme fonda à Saint-Briac la confrérie du Saint-Rosaire en 1629. Une note de la main même de « René du Breuil » (sic), qui figure à la mairie de Saint-Briac, à la date du 21 octobre, sur les registres de catholicité de la prédite année, met la chose au point et borne le rôle du seigneur du Pontbriand à avoir permis d'enlever un tombeau qui gênait l'établissement « d'un balustr pour communier » devant l'autel de la confrérie, dit autel Notre Dame. (Anciens régistres paroissiales de Bretagne ; Saint-Briac, publication Paris-Jallobert, p. 21).

TANNEGUY DU BREIL DE PONTBRIAND, fils aîné et héritier principal de messire René du Breil, naquit à Dinan et fut baptisé en l'église Saint-Sauveur, le 29 avril 1612. A la mort de son père, il hérita de ses domaines et de ses charges. A son exemple, il avait embrassé le métier des armes. On le trouve capitaine au Royal-Vaisseaux en 1632, puis capitaine d'une compagnie de cent hommes d'armes. Il prit part à la bataille navale livrée devant Gênes, le 1er septembre 1638 ainsi qu'à celle de Perpignan en 1642.

Le 27 août 1637, M. de Pontbriand épousa à Paris Anne des Essarts de Lignières, fille d'honneur de la reine Marie de Médicis. Vers cette même époque, il fut honoré du collier de Saint-Michel. Il obtint aussi le titre recherché de conseiller et de maître d'hostel de sa Majesté très chrétienne, ainsi que celui de gentilhomme ordinaire de sa chambre, et le roi lui accorda la faveur d'être parrain de son fils premier-né qui fut baptisé en l'église de Saint-Germain-en-Laye le 11 avril 1641.

Tanneguy du Breil perdit son épouse à Dinan, le 21 décembre 1645, et une note de sa main nous apprend que « comme elle avait vécu avec l'approbation générale de tout le monde, elle est morte avec le même honneur et des sentiments très grands des miséricordes qu'elle a reçues de Dieu et a laissé un regret très sensible à tous ceux qui l'ont connue ».

Après avoir gardé quatre ans durant le deuil de sa première épouse, Tanneguy se remaria à Rennes, en l'église Saint-Aubin, à dame Marguerite Bernard, douairière de Monterfil en Corseul, déjà veuve elle-même d'un président aux enquêtes au Parlement de Bretagne.

Cinq ans plus tard, le 1er octobre 1654, le seigneur du Pontbriand fut institué capitaine général garde-côtes pour le territoire compris entre l'embouchure de la Rance et celle de l'Arguenon et l'on a des preuves manuscrites qu'il déploya le plus grand zèle dans ces nouvelles fonctions ; ce qui ne l'empêcha pas de prendre le parti du prince de Condé durant les guerres de la Fronde. Cette attitude lui valut, en 1659, d'être détenu durant quelque temps à la Conciergerie à Paris. Quelques années plus tard, il rentrait en grâce et commandait deux frégates armées en guerre, lesquelles il avait fait construire à ses frais pour le service du roi. Il obtint aussi le titre de grand prévôt de Bretagne, mais nous ignorons la date de sa nomination.

Tanneguy du Breil ne survécut que trois années à son père, décédé, ainsi qu'on la vu, en 1664. Il mourut à Rennes, le 30 mars 1667, et fut inhumé en l'église des Dominicains de cette ville, sous le marchepied de l'autel de la Vierge.

De son premier mariage il laissait un fils, Louis, qui fut après lui comte de Pontbriand et dont la postérité s'est éteinte en 1781. De son second mariage, il eut deux autres garçons dont l'un, Anne, vicomte du Pin-Pontbriand en Saint-Carné est, de par son union avec Marguerite Perron du Chesne, l'auteur de la branche à laquelle appartiennent tous les du Breil de Pontbriand actuellement existants.

LOUIS DU BREIL, chevalier, comte de Pontbriand, baron de la Houlle, seigneur du Pin, Richebois, La Garde et le Voisin, breveté capitaine-général garde-côtes en 1676, commissaire du ban et de l'arrière-ban de la noblesse de l'évêché de Saint-Malo et lieutenant des maréchaux de France au même évêché, suivant l'édit du Point d'Honneur, fit construire à ses frais, en 1694, la tour fortifiée des Ebihens qui subsiste toujours et pour laquelle il dépensa plus de 20.000 livres. Sur la plate-forme crénelée de la tour en question, il fit établir une batterie de canons pour s'opposer à l'occasion aux débarquements des Anglais, laquelle devait servir efficacement au mois de septembre 1758.

Pour reconnaître les sacrifices d'argent qu'il avait faits à cette occasion, le roi Louis XIV, par provisions du 3 octobre 1694, lui accorda des lettres l'établissant gouverneur « de l'île et fort des Ebihens ».

Louis du Breil, suivant l'édit de Louis XIV, comparut à la réformation de la noblesse de Bretagne et fit reconnaître la sienne, le 12 octobre 1668, comme d'ancienne extraction chevaleresque avec les titres de « messire » et de « chevalier ».

Ce même personnage agrandit ses possessions héréditaires par l'acquisition, le 15 décembre 1667, de la Ville-aux-Provost dont nous avons déjà parlé. Il acheta aussi les fiefs du Tertre et du Villou, le 1er novembre 1668, et ceux de Beaufort, en Pleurtuit, le 20 mars 1679. En fin, il rendit au roi deux aveux conservés aux Archives de la Loire-Inférieure, l'un en 1682 pour le comté de Pontbriand et l'autre en 1683 pour la baronnie de la Houlle.

Louis du Breil de Pontbriand avait épousé, le 1er juin 1667, dans la chapelle du château de Beaubois, en Bourseul Bonne ou Bonaventure de Névet. De cette union naquirent seulement deux fils ; le premier mourut en bas âge, le second Joseph-Yves, vint au monde au Pontbriand, le 6 septembre 1669. Ses parents voulurent lui donner pour parrain et marraine deux pauvres de la paroisse de Pleurtuit.

Son père trépassa au Pontbriand, le 30 mai 1698, à l'âge de 58 ans. Suivant ses dernières volontés, son corps fut transporté à Dinan conduit par les recteurs de Pleurtuit et de Saint-Briac, et inhumé en l'église des Frères-Prêcheurs, dans la chapelle de la Sainte Vierge sous l'enfeu et tombe de sa maison. Les registres d'état-civil de Saint-Briac mentionnent ses funérailles. Ils conservent aussi le souvenir que le 8 septembre 1686, avec Mme de Pontbriand, il assista dans l'église de cette localité à l'abjuration de demoiselle Anne Doïen, de Jersey, alors âgée de 40 ans, laquelle se maria le 22 du même mois avec écuyer Jean Le Dos, sieur de Belleville, en Saint-Briac.

C'est durant l'existence de Louis du Breil de Pontbriand qu'il faut, selon nous, situer la découverte de la sainte image de Notre-Dame de l'Epine. Voici sur quoi nous basons notre sentiment. Dans un aveu rendu en 1628, on constate l'existence de « la chapelle de Saint-Ada (ne pas lire Saint-Adam), située en un champ sur ladite paroisse de Saint-Briac, contenant, par fonds, sept rays de terre, joignant aux terres du sieur de Pontbriand et au chemin qui conduit à Saint-Briac ». Un peu plus tard, dans la déclaration de 1682, conservée comme la pièce précédente aux Archives de la Loire-Inférieure, sous la côte B 1313, on voit expressément que la Chapelle de Saint-Ada est en ruines à cette époque ; mais quelques années après, un minu rendu en 1698, parle « de la pièce de terre au-dessus de la prée de Saint-Ada, dans laquelle sont les ruines de la très ancienne chapelle de Saint-Ada, laquelle on a relevée depuis quelques années sous l'invocation de la Sainte Vierge ».

De saint Ada, vraisemblablement un vieux saint celtique, émigré du pays de Galles en Armorique au Vème ou VIème siècle, nous ne savons rien de son passé ni de son culte, aujourd'hui disparu dans notre région, où seule l'existence de l'étang aujourd'hui desséché dit de « Saint-Adam » rappelle son souvenir. Quant à Notre-Dame-de-l'Epine dont le culte est toujours en vénération à Saint-Briac et dans les paroisses voisines, le Bulletin paroissial de Saint-Briac en a souventes fois entretenu ses lecteurs. De plus, MM. les chanoines Guillotin de Corson et Joseph Mathurin, l'un dans ses Miscellanées Bretonnes, éditées à Rennes en 1904, l'autre dans ses Glanes bretonnes, parues dans la même ville en 1919, lui ont consacré d'intéressantes notices sur le contenu desquelles nous ne reviendrons pas.

JOSEPH-YVES DU BREIL DE PONTBRIAND, alors âgé de 30 ans à la mort de son père, hérita de tous ses titres et seigneuries au décès de celui-ci. Après avoir servi quelque temps à la première compagnie, des Mousquetaires du Roi, il lui succéda dans la charge de capitaine-général des gardes-côtes du département du Pontbriand, qui s'étendait, comme on l'a déjà dit, de Dinard au Guildo.

En outre, au mois de juillet 1707, il obtint du roi des lettres patentes unissant le gouvernement de l'île et du fort des Ebihens bâti par son père, à l'office de capitaine-général garde-côtes héréditaire au département de Saint-Malo et Pontbriand. Enfin l'année suivante, il fut désigné comme inspecteur des capitaineries générales des évêchés de Dol et de Saint-Malo, ainsi que de celle de Pontrieux. Situées les unes et les autres entre les rivières du Couasnon et du Trieux. Louis du Breil cultivait aussi les sciences et les Mémoires de l'Académie des Sciences reproduisent en 1706 des observations météorologiques faites par lui en 1704 et 1705 en son château du Pontbriand.

M. de Pontbriand, atteint d'une maladie qui parut d'abord bénigne, mourut subitement à son château de Pontbriand, le 2 février 1710, à peine âgé de 41 ans. Sa femme était alors accouchée depuis deux jours seulement de son dixième enfant, dernier fruit de ses quatorze années de mariage.

« L'époux et l'épouse, écrit l'abbé Cathenos, étaient dans la  même inquiétude l'un pour l'autre. On cachait à l'une le danger de son mari, mais le silence morne qui régnait dans le château, lui fit soupçonner qu'il était dans un imminent péril. Flottante entre la crainte et l'espérance elle voulut se traîner dans l'appartement de son mari ; cependant M. de Pontbriand qui le sut, fit porter près du lit de sa femme un reste de vie qui allait s'éteindre. Mais il n'était pas en état de consoler celle qu'il allait quitter. Son héroïque effort l'achève. Ramené dans sa chambre, il expira aux quatre heures du matin ».

A la mort de son mari, dame Sylvie Marot de la Garaye, comtesse de Pontbriand, se consacra uniquement à l'éducation de ses nombreux enfants ainsi qu'à des oeuvres de charité.

L'un de ses fils, Henri-Joseph du Breil de Pontbriand, né à Pontbriand en janvier 1708, fut ordonné prêtre en février 1731 et sacré évêque de Québec, alors à la France, le 7 avril 1741. Il mourut le 8 juin 1760 dans la ville de Montréal. M. le vicomte Paul de Pontbriand a publié sa biographie en 1910.

Un autre de ses enfants, René-François, né au Pontbriand et baptisé à Pleurtuit le 22 mai 1705, embrassa lui aussi l'état ecclésiastique. Il passa presque toute sa vie sacerdotale à Paris où il s'occupa spécialement de l'oeuvre des Petits Savoyards, des catéchismes et des écoles de charité. Il décéda en 1771 dans capitale au séminaire des Missions Etrangères à Paris. Deux ouvrages que nous avons en notre possession : Le Pèlerinage du Calvaire sur le Mont-Valérien et L'Incrédule détrompé et le Chrétien affermi dans la Foi, attestent l'un et l'autre son zèle religieux et sa haute piété. On connaît au moins six éditions du premier de ces volumes.

Enfin un troisième fils de Mme de Pontbriand, Guillaume-Marie du Breil, né à Dinan, le 21 janvier 1698, devint chanoine titulaire de Rennes et abbé commandataire de Lanvaux. Les immenses recherches concernant les Etats de Bretagne auxquelles il consacra sou existence, sont encore aujourd'hui du plus vif intérêt. Il décéda à Rennes, le 6 avril 1767, au cours d'une session des Etats dont il était l'un des membres influents. On trouvera dans la Biographie bretonne de Levot ainsi que dans la Bibliographie bretonne de Kerviler un long article sur la production littéraire et scientifique de ce prêtre et sur celle de son frère René. M. de la Rogerie, archiviste d'Ille-et-Vilaine lui a aussi consacré une longue étude dans les Mémoires de l'Association Bretonne, année 1913, p. 99-113, sous le titre Note sur le traité historique des Etats de Bretagne par l'abbé G. M. du Breil de Pontbriand. La conclusion de cet opuscule c'est que l'auteur fut un bon serviteur de la Bretagne.

Trois des filles de la comtesse de Pontbriand consacrèrent aussi leur existence à Dieu et firent profession au monastère de la Visitation de Rennes. La plus jeune Françoise-Corentine, née au Pontbriand, le 24 octobre 1706, vécut 95 ans et ne mourut à Rennes qu'en 1802, après avoir été jetée hors de son monastère lors de la Révolution.

Dame Sylvie Marot de la Garaye, veuve de Joseph-Yves du Breil, comte de Pontbriand, rendit au Roi au nom de ses enfants le 20 décembre 1710, un aveu pour le château et châtellenie de ce nom. Nous reviendrons plus loin sur cette pièce dans laquelle on trouve une description fort détaillée des terres de Saint-Briac à la fin de l'époque féodale.

Avant de voir Louis-Claude du Breil de Pontbriand, son fils aîné, né à Dinan, le 8 janvier 1697, parvenir à sa majorité, la comtesse de Pontbriand dut s'occuper un certain nombre d'années de la gestion de ses biens. A ce titre, elle fut souventes fois en relations avec les habitants de Saint-Briac. Il est donc tout naturel que nous consacrions un paragraphe spécial à cette noble châtelaine décédée en odeur de sainteté, le 8 mai 1732, à l'âge de 54 ans, à Josselin où elle se dévouait au service des malades et des pauvres.

MARIE-ANGELIQUE-SYLVIE MAROT, fille de Guillaume Marot, comte de la Garaye et de Jeanne-Françoise de Marboeuf, naquit au château de la Garaye, près de Dinan, le 30 novembre 1678, et fut baptisée le même jour en l'église de Taden. Le R. P. Chapotin lui a consacré en 1896 un volume in-8° de 336 p. Avant lui, au XVIIIème siècle, les abbés Guy Carron et Cathenos, ce dernier, recteur de Taden, avaient, l'un après l'autre, écrit la concernant une biographie plus résumée [Note : Levot au tome second, p. 534 p. de sa Biographie bretonne, signale que l'abbé Cathenos, avant d'être déporté remit à M. de la Villethassetz à la Rougeraie en Trigavou un manuscrit de 124 p. in-folio qui se trouve être exactement la biographie qui se lit à la suite de la Vie de M. de la Garaye par l'abbé Cathenos, imprimée en 1790 à Saint-Malo chez Hovius. Il n'y a de changé que la personne qui parle. Dans le manuscrit, le rédacteur dit « Je » et dans l'imprimé, l'éditeur écrit : « le religieux qui dirigeait la conscience de Mme de Pontbriand ». Ce manuscrit est signé des lettres D. J. B. Faut-il y voir les initiales de Dom Jamin qui fut vers cette époque bénédictin à Saint-Jacut ?].

Voici, d'après un auteur anonyme dont l'écrit se conserve aux Archives d'Ille-et-Vilaine, le règlement de vie qu'elle s'imposa de suivre à la mort de son mari :

« Elle se levait à cinq heures et sans feu, même dans les plus grands froids. Elle faisait elle-même sa chambre qu'elle tenait très propre, mais sans aucun luxe. Ses prières ordinaires étaient suivies d'une heure d'oraison mentale. Elle allait ensuite à son travail, tout entier consacré au besoin des pauvres, pansait les plaies de ceux qui se présentaient au château et leur remettait les médicaments nécessaires pour se soigner.

Retournée dans son cabinet, elle récitait avec ses filles l'office de la Très Sainte Vierge, puis faisait une lecture d'une demi-heure.

Après dîner elle prenait sa récréation avec ses enfants et se plaisait à leur faire chanter des cantiques qu'elle accompagnait au clavecin. A une heure et demie, elle instruisait ses enfants et s'occupait ensuite de ses affaires jusqu'à quatre heures.

De quatre heures à cinq heures, elle récitait vêpres et complies de l'office de la Sainte Vierge, qu'elle faisait suivre de quelque lecture spirituelle. Elle continuait ensuite son travail jusqu'au souper.

A près ce repas, elle prenait une récréation avec ses enfants comme après dîner. A neuf heures, elle groupait tous ses domestiques pour prendre part à la prière du soir, qu'elle faisait en commun. Elle y ajoutait me courte lecture en forme de méditation sur l'Evangile. Puis ses enfants et ses domestiques retirés, la comtesse demeurait en oraison jusqu'à minuit, et se couchait ensuite toute vêtue sur une simple natte ».

Deux fois la semaine, le lundi et le vendredi, il y avait au château de Pontbriand, grande distribution d'aumônes qu'elle faisait remettre devant elle aux indigents par ses enfants, voulant les associer dès leur jeune âge à ses oeuvres de charité.

Tout ce qui touchait au culte de l'Eucharistie, la décoration des églises et des autels excitait au plus haut point son zèle. Il n'y avait point de paroisses auprès de ses terres pour lesquelles elle n'ait confectionné des ornements. Quand elle savait que l'on portait le saint Viatique aux malades, rien n'était capable de la retenir de suivre la divine Hostie, souvent par des chemins affreux, à une distance considérable et quelles que fussent les intempéries des saisons.

Ceinture de fer, haire, cilice, discipline, rien n'effrayait l'ardeur de la sainte comtesse de Pontbriand à s'imposer les plus rudes pratiques de pénitence. « Plus je fais des pénitences, écrivait-elle à son directeur Dom Trottier, prieur de l'abbaye de Saint-Jacut, plus je voudrais en faire. Les orties qui m'étaient si sensibles, ne font presque plus d'impression sur ma chair. Ne vous imaginez que les disciplines soient bien considérables : comme les plaies ne se ferment pas, il faut peu se frapper pour faire venir le sang »...

Trois fois la semaine, les mercredis, vendredis et samedis, Mme de Pontbriand jeûnait à toute époque de l'année. Même dans ses maladies, au plus fort de la fièvre, elle refusait de boire pour se mortifier.

Un domestique du château s'étant laissé à dire que s'il avait une femme comme la comtesse, il lui donnerait tant de coups de bâton qu'il lui ferait bien abandonner toutes ses dévotions et toutes ses bigoteries, ce propos fut rapporté à Mme de Pontbriand. Non seulement celle-ci n'en sut nul mauvais gré au coupable, mais celui-ci ayant été atteint de la petite vérole, elle ne voulut céder à personne la garde du malade, auquel elle rendit les services les plus humiliants et les plus répugnants en lui défendant d'en ouvrir la bouche.

Du reste, la charité et le dévouement de la pieuse châtelaine pour les malades et les mourants étaient sans bornes. On l'a vue plusieurs fois partir dans la nuit au milieu de l'hiver pour aller soulager et assister à leurs derniers instants de pauvres gens abandonnés, et, lorsqu'ils avaient rendu le dernier soupir, quelque fut le genre de maladie dont ils avaient péri, elle ensevelissait leur corps. Les aumônes de cette noble dame se montaient à plus de cinquante mille francs par an, monnaie actuelle et elle ne les jugeait jamais suffisantes à son gré. « Mes enfants, disait-elle souvent à ses fils et à ses filles, les pauvres sont vos plus puissants protecteurs. Tâchez de les avoir pour amis et engagez-les par vos libéralités à intercéder pour vous près du Bon Dieu, car il ne rejette point leurs prières ».

Dans l'hiver de 1710 à 1711, la petite vérole s'abattit sur les paroisses de Saint-Briac et de Pleurtuit où elle fit de grands ravages. La comtesse de Pontbriand ne quitta presque plus le chevet des malades. Elle courait sans cesse d'un village à l'autre, de chaumière en chaumière, prodiguant à tous soins, secours et consolations. A la fin cependant, le 14 janvier 1711, elle-même fut terrassée par le terrible mal. Ce fut dans toute la région une consternation générale. On organisa à Saint-Briac et à Pleurtuit des processions publiques pour que le Ciel laissa aux indigents leur insigne bienfaitrice. Contre toute prévision humaine, le mal céda. Cette guérison fut regardée comme miraculeuse et la voix publique la salua comme une bénédiction de Dieu.

A la fin du mois de décembre 1720 la comtesse de Pontbriand eut la joie de voir deux de ses filles Bonaventure-Angélique et Marie-Angélique, revêtir l'habit religieux au monastère de la Visitation à Rennes. La seconde devait mourir le 25 octobre 1778 dans la charge de supérieure de cette maison. Un exemple typique nous fera connaître la forte éducation religieuse que leur sainte mère avait su leur inculquer. Un jour, que celle-ci sortait pour aller ensevelir un pauvre qui venait de mourir, une de ses filles la pria de lui permettre de l'accompagner ; mais Mme de Pontbriand refusa l'assistance de sa jeune fille : « Comment, lui dit-elle, des mains si habiles à manier les cartes pourraient-elles ensevelir dignement le corps d'un membre du Christ ? ». Quels principes et quels exemples !

A la majorité de son fils aîné, bientôt suivie de son mariage, contracté le 16 juillet 1721 avec une riche héritière, Mlle Françoise-Gabrielle d'Espinay, fille du marquis de Vaucouleurs et d'Yvignac, la comtesse de Pontbriand se retira d'abord à Dinan, où elle se fit recevoir dans le tiers-ordre de Saint-Dominique, le 31 mai 1726. Dès lors, elle ne songea qu'à se rendre libre pour satisfaire son désir de solitude. Son premier soin fut de faire émanciper ceux de ses enfants qui n'étaient pas encore majeurs et de partager également ses biens entre tous. Elle ne se réserva qu'une modeste pension que son frère, le comte Marot de la Garaye, en Taden, devait lui faire parvenir. Puis, afin de se séparer plus complètement du monde, elle quitta la ville de Dinan et se fixa chez les Dames Hospitalières de Saumur où elle ne se fit connaître que sous le nom de Mme des Vallées. Elle vécut dans cette pieuse demeure du mois d'août 1726 au mois de mai 1729, époque à laquelle elle dit adieu à cette maison pour s'en aller fonder à Josselin (Morbihan actuel), un hospice, dont la création, vu le peu de ressources, devait être très difficile, et pour laquelle ou la sollicitait vivement. Quitter Dieu pour courir aux pauvres, n'est-ce pas toujours courir après Dieu et se donner à lui dans un sacrifice de soi dont aucune pénitence ne saurait balancer le mérite, aucune oraison, ni aucune extase égaler la douceur.

Après être venue faire un stage de quelques semaines comme infirmière près de son frère, le comte de la Garaye, qui avait transformé son magnifique château en un hôpital pour les indigents qui y accouraient de tous les environs, la comtesse de Pontbriand s'imposa le sacrifice de le quitter sans avoir revu le château de Pontbriand. C'est en vain que les autorités dinannaises s'efforcèrent de la dissuader de s'en aller à Josselin et lui proposèrent au lieu de cette tâche ingrate, la direction de l'hôpital de leur ville. A Josselin, tout manquait, tout était à créer : c'est à Josselin qu'elle voulait se dévouer corps et âme.

C'est aussi à Josselin, où elle arriva fin juin 1729, que Mme de Pontbriand devait mourir victime de sa charité au service des malades, au cours d'une épidémie qui désolait la région. Elle dut céder à la violence du mal et s'aliter le 27 avril 1732. Le 8 du mois suivant, elle rendait son âme à Dieu dans la 54ème année de son âge, après une existence toute remplie de mérites et de vertus. Suivant son désir, son corps fut inhumé dans la chapelle de l'hôpital de Josselin. Sa tombe s'y voit encore et une assez longue inscription funéraire, placée en 1829, y rappelle son souvenir aux visiteurs.

Par ailleurs, sa mémoire est complètement oubliée aussi bien à Josselin qu'à Saint-Briac et à Pleurtuit qu'elle édifia si longtemps par ses exemples. Cette noble femme, toujours si dévouée et si généreuse lorsqu'il s'agissait de soulager les deshérités de l'existence, méritait cependant mieux que nombre de statufiés de notre époque, de voir garder son nom par la postérité.

LOUIS-CLAUDE DU BREIL, marquis de Pontbriand et comte de Pleurtuit, dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs au cours de la biographie que nous avons consacrée à sa sainte mère, embrassa comme ses ancêtres le métier des armes et servit quelque temps d'abord, dans les gardes-corps du Roi, puis dans le régiment de Colonel-général-dragons en 1719.

Son mariage, en 1721, avec Françoise-Gabrielle d'Espinay, fille et héritière de Gabriel d'Espinay, marquis de Vaucouleurs en Trélivan, vicomte du Parga et de Kérinan en Languédias et seigneur d'Yvignac et de dame Anne de Hautefort, fit du comte de Pontbriand un des plus riches propriétaires fonciers de la haute Bretagne. Son épouse trépassa au château d'Yvignac, le 17 avril 1749, ne lui ayant donné qu'un fils, mort peu après sa naissance, deux filles qui vécurent seulement quelques années et Anne-Sylvie-Claude du Breil de Pontbriand. Celle-ci vint au monde au château de ce nom, le 3 juin 1723. Connue sous le nom de Mlle de Broons, ses parents la marièrent en 1738, n'étant âgée que de 15 ans, à Louis-Claude de Bruc, comte de Bruc, alors conseiller au Parlement de Bretagne et dont la noblesse remontait aux Croisades.

A la mort de sa première épouse, le comte de Pontbriand convola quelques mois après en secondes noces, le 23 décembre 1749, avec sa cousine Renée-Françoise du Breil de Pontbriand, issue de la branche cadette de Monterfil et de la Caulnelaye en. Corseul. Celle-ci le rendit père d'un héritier dont nous verrons plus loin les faits et les gestes. Elle trépassa aux Ursulines de Josselin, le 16 juillet 1792.

Lous-Claude du Breil de Pontbriand décéda en son château du dit nom, le 27 avril 1754, à l'âge de 57 ans, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. En qualité de capitaine-général des gardes-côtes du département du Pontbriand s'étendant de la Rance à l'Arguenon, il passa en revue, le 30 juillet 1730, dans une des avenues du château du Pontbriand, les gardes-côtes de sa capitainerie. Il rédigea à la suite un rapport qu'il adressa au Roi. Nous avons publié cette pièce en 1919 dans les Mémoires de la Société d'Archéologie d'Ille-et-Vilaine. Nous allons reproduire les observations qu'elle renferme sur les gardes-côtes des paroisses de Pleurtuit, Saint-Enogat, Saint-Lunaire et Saint-Briac.

La compagnie de Pleurtuit, dite compagnie-colonelle, était composée de 47 soldats, un tambour et deux sergents. Elle comptait un capitaine : M. de Pontbriand ; un capitaine-lieutenant : M. le chevalier de la Crochais ; un lieutenant : M. de L'Eschat et un enseigne, M. Jacques Le Testu du Demaine. C'était le seul de ces officiers qui ne fut pas noble. Cette compagnie, ajoute M. de Pontbriand, est bien armée et les soldats proprement mis.

Les paroisses de Saint-Enogat et de Saint-Lunaire formaient la 4ème compagnie du premier bataillon. Chacune d'elles fournissait 25 gardes-côtes seulement ; le reste des hommes de ces localités appartenant à la marine ; aussi la difficulté du recrutement empêchait que cette compagnie « fut des plus belles en hommes, mais ses fusils étaient de bonne qualité et de gros calibre ». Son capitaine s'appelait François Collas de la Barre. Il habitait le Vau-Hérault en Créhen. Son fils, qui demeurait avec lui, remplissait sous ses ordres les fonctions de lieutenant.

Les paroisses de Saint-Briac et de Lancieux fournissaient par moitié l'effectif de la 5ème compagnie. Son capitaine était René La Choüe de la Haute-Mettrie en Trégon, ancien capitaine d'infanterie, dont « on ne saurait trop louer, s'exprime M. de Pontbriand, le zèle et l'empressement avec lequel il exécute les ordres du Roy, sa famille est des plus anciennes de Bretagne ». Il demande que son fils remplisse près de lui la charge de lieutenant.

En plus de l'effectif de ces trois compagnies, les hommes valides des paroisses sus-nommées, étaient susceptibles en temps de guerre d'être requis, soit pour monter la garde, soit pour faire des travaux de terrassement. Ainsi Saint-Lunaire et Saint-Enogat devaient monter la garde à Dinard, Saint-Briac et Lancieux à la Garde-Guérin d'où « les guetteurs devaient répéter les signaux de quelque côté qu'ils vinssent ». Malheureusement, aussi bien le corps de garde de Dinard que celui de la Garde-Guérin étaient en fort mauvais état d'entretien et auraient nécessité de grosses réparations que l'on négligeait d'y faire exécuter.

Louis-Claude du Breil de Pontbriand mourut trop tôt pour son fils et principal héritier CLAUDE-TOUSSAINT-LOUIS DU BREIL, comte de Pontbriand et de la Garaye en Taden, vicomte du Parga, baron de la Houlle en Saint-Briac, châtelain de la Motte-Olivet et du Bois-Ruffier en Pleslin, seigneur supérieur et fondateur des églises et paroisses de Pleurtuit, Saint-Briac, Pleslin et Taden. Celui-ci, né au Pontbriand, le 14 octobre 1750, n'avait pas encore quatre ans lors du décès de son père. On confia sa tutelle à noble maître Yves Reslou, sieur de la Tizonnais, avocat au Parlement, qui du reste s'acquitta de la gestion de ses biens avec le plus grand zèle.

La mort du comte Marot de la Garaye, grand-oncle du jeune Claude, advenue en son château, à Taden, le 2 juillet 1755, apporta à ce dernier un gros héritage. L'année 1758 vit encore grandir ses domaines des terres de la Motte-Olivet et du Bois-Buffier en Pleslin, acquises par retrait lignager, au prix de 250.000 livres sur François-Joseph Baude, seigneur de Saint-Tual qui les avait achetées de Marie-Anne de Francheville ; en sorte que les propriétés de Claude-Toussaint de Pontbriand s'étendaient d'un seul tenant de Saint-Briac jusqu'à Dinan, le tout formant un revenu estimé alors à 25.000 livres de rentes (plus de 300.000 fr. monnaie Poincarré).

Connu comme son père sous le nom de marquis de Pontbriand, Claude-Toussaint, à l'exemple de ses ancêtres, embrassa tout d'abord la carrière des armes et par brevet du 3 juillet 1769, il fut nommé lieutenant au régiment du comte de Châtelet-Lomond et le 21 novembre de cette même année, il épousa Marie-Josèphe de Quemper de Lanascol, fille de Charles-Claude, grand-voyer de Bretagne et de Charlotte de Cleuz.

Cette union ne fut pas heureuse. Se trouvant fort jeune à la tête d'une fortune considérable, le marquis de Pontbriand eut le malheur de s'abandonner aux entraînements d'une vie fastueuse et d'une prodigalité excessive. D'une pièce que nous avons sous les yeux, il ressort que dès le 27 mai 1774, son beau-père et son épouse avaient déjà obtenu contre lui une sentence lui interdisant l'administration de ses biens. On publia celle-ci à Pleurtuit à l'issue de la messe paroissiale et au marché du Plessis-Balisson les 5 et 6 juin de la prédite année.

Cependant le comte de Lanascol et sa fille, Mme de Pontbriand, sur les supplications du prodigue, eurent la faiblesse de consentir le 22 décembre de l'année suivante, à ce que Claude du Breil fut rétabli dans la pleine et entière administration de ses propriétés. A cette fin, son beau-père lui écrivait le 22 décembre 1775 :

« Je suis enchanté ; mon cher gendre que vous reconnaissiez que ce n'a été que le seul intérêt que je ne puis cesser de prendre à votre bien-être, qui m'a porté à demander une interdiction qui était devenue nécessaire. C'est avec le plus grand plaisir que je vous vois dans des dispositions que j'espère vous ne démentirez pas et que je n'aurai avec toutes les personnes qui s'intéressent à vous, que de la satisfaction de votre conduite. Dans cette espérance, je donne de tout mon coeur les mains à ce que l'interdiction soit levée. Votre maman me charge de vous dire un million d'amitiés, votre femme vous embrasse et a grande envie de s'en retourner, et moi, c'est de tout coeur que je forme des voeux pour que la nouvelle année vous soit parfaitement heureuse et que vous y jouissiez sans interruption de l'accomplissement universel de tous vos désirs ».

La formule qu'employait M. de Lanascol paraît un peu naïve vis-à-vis d'un jeune homme pourvu des appétits du dernier marquis de Pontbriand, auquel les promesses ne coûtaient pas plus à garder que ses écus à extraire de sa bourse et dont les originalités, transmises d'âge en âge, faisaient encore l'entretien des veillées dans la région, vers le milieu du XIXème siècle.

Trois ans après avoir vu lever son interdit, le jeune châtelain du Pontbriand, le 2 juillet 1778, vendait sa terre du Bois-Ruffier en Pleslin. Le 9 novembre suivant, il liquidait son comté de la Garaye en Taden, pour 277.177 livres à la marquise douairière des Nétumières. Enfin le 18 décembre de cette même année, il cédait pour 157.257 livres sa châtellenie de la Motte-Olivet en Pleslin, à Jean-François Le Nepvou, conseiller au Parlement de Bretagne, époux de Claire Péan de Pontfilly, de la Roche en Lancieux. Il faut encore ajouter à ces ventes quelques aliénations partielles pour 8.446 livres.

Mais ce n'est pas tout. Pour satisfaire ses continuels besoins d'argent et apaiser ses innombrables créanciers, il aliéna, à sa vie, le 2 mai 1781, à Toussaint Briot, sieur de la Gautrais, en Trimer, résidant à Ploubalay, pour 164.200 livres le domaine féodal du Pontbriand, sous la réserve des droits honorifiques, de juridiction et de chasse et du revenu de quelques bailliages. Le revenu utile de la même terre fut vendu séparément, par acte du 12 juin 1781, à l'homme d'affaires Benjamin Dubois, résidant au Montmarin en Pleurtuit, pour la nue-propriété seulement, l'usufruit demeurant au marquis et à la marquise de Pontbriand, leur vie durant, outre quelques réserves. Cette vente faite pour 111.000 livres de capital, dont une partie convertie en rente viagère de 8.100 livres, à servir au seigneur et dame de Pontbriand, jusqu'au décès du dernier survivant. (Hist. Généalog. de la maison du Breil, op. cit. supplément p. 48).

Ce dernier survivant devait être madame la marquise. Son prodigue de mari trépassa. en effet le 17 août 1781, au château de Pontbriand, âgé seulement de 31 ans, sans laisser d'enfant de son union avec Marie-Josèphe de Lanascol. Celle-ci ne tarda pas à se remarier avec Claude-Marie-Joseph Bernard de Courville de la Gastinais. Cette dame était morte en tout état de cause, avant le 11 novembre 1800, date à laquelle son second mari, devenu veuf, épousait, à Saint-Jean de Lamballe, Scolastique Bonin de la Ville-Bouquays. Désormais l'antique château de Pontbriand, passé aux mains de marchands de biens, allait être livré à la pioche des démolisseurs. Nous allons voir par ailleurs en quoi consistait à l'époque de sa splendeur cette magnifique propriété ainsi que la baronnie de la Houlle. (A. Le Masson).

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