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LES ORIGINES PAROISSIALES DE SAINT-AUBIN-DU-CORMIER

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On connaît fort bien les commencements de la petite ville de Saint-Aubin-du-Cormier, née à l'ombre d'une forteresse que Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, éleva, vers 1225, dans sa forêt de Rennes s'étendant alors jusque-là [Note : Apud S. Albinum quoddam castrum nostrum novum situm in foresta nostra Rhedonensi (D. Morice, Preuves de l'histoire de Bretagne, I, 854)] ; mais une obscurité bien plus grande règne sur les origines paroissiales de cette localité, et nous allons essayer de jeter un peu de lumière sur cette intéressante question qui n'a point encore été traitée.

La première mention faite de Saint-Aubin-du-Cormier se trouve, dans l'acte de donation du monastère de Gahard, à l'abbaye de Marmoutiers, vers l'an 1025 ; il y est dit que Gahard était déjà limitrophe de Saint-Aubin « terminatur idem locus terra S. Albini » (D. Morice, Preuves de l'histoire de Bretagne, I, 360). Mais il faut remarquer que Gahard étant situé entre Saint-Aubin-du-Cormier et Saint-Aubin-d'Aubigné, il n'est pas absolument sûr qu'il s'agisse ici de cette première localité ; en tous cas on voit qu'il n'y est point encore question d'une paroisse, mais seulement d'un territoire.

Il n'est guère supposable d'ailleurs que Saint-Aubin-du-Cormier fût une paroisse dès le XIème siècle, puisqu'au XIIIème le château qu'y construisit le duc de Bretagne se trouvait dans une forêt ; or, au moyen âge, les forêts étaient considérées comme n'étant d'aucune paroisse, tant qu'elles restaient inhabitées ; c'est donc seulement après 1225 , lorsque des habitations se furent groupées autour de la forteresse ducale, que St-Aubin-du-Cormier dut être érigée en paroisse.

Deux siècles plus tard il est question de cette paroisse, mais, chose singulière, on voit paraître en même temps, non pas un, mais trois recteurs de Saint-Aubin-du-Cormier : en 1466, l'acte de fondation de l'hôpital créé en cette ville par l'un de ces recteurs, Jean Cochet, chanoine de Cornouailles, accorde la présentation des chapelains établis à cet effet aux recteurs des paroisses de l'église paroissiale de Saint-Aubin-du-Cormier [Note : Ad Dominos rectores parochiarum illius parochialis ecclesiæ Sti Albini de Cormerio (Archiv. départ., 9. G. 10)] ; — vers 1480 le duc François II présente à l'évêque de Rennes Jean Robidas, prêtre, pour occuper « l'une des trois cures de St-Aubin-du-Cormier ; » — enfin, en 1516, la liste des bénéficiers taxés par le roi nomme les trois recteurs de Saint-Aubin « tres rectores S. Albini de Cormerio ». Il n'y a donc pas à hésiter ; il y avait alors trois recteurs dans notre petite ville.

Mais pourquoi trois recteurs dans une paroisse d'étendue fort ordinaire ?

Dans une ancienne charte de Saint-Florent de Saumur, datée de 1480, nous voyons que cette abbaye, possédant le prieuré de Saint-Jean-sur-Couasnon, tout voisin de Saint-Aubin-du-Cormier, avait le droit de présenter à l'église de cette ville [Note : Ecclesia Sti Johannis super Coaisnon cum ecclesia Sti Albini quæ est in villa Sti Albini de Cormerio. (Archiv. dép. de Maine-et-Loire)] ; voilà le premier recteur du lieu, nommé par l'abbé de Saint-Florent. Mais nous venons de voir précisément à la même époque le duc de Bretagne nommer Jean Robidas à l'une des trois cures de Saint-Aubin, c'est le deuxième recteur. Quant au troisième, nous ne pouvons rien affirmer, mais nous supposons qu'il était à la nomination de l'ordinaire, et voici nos raisons qui expliquent en même temps l'existence simultanée de trois pasteurs à Saint-Aubin-du-Cormier.

Nous savons qu'avant la fondation de cette ville, en 1225, il y avait dans la forêt une chapelle dédiée à saint Aubin, ombragée par un cormier dont le nom reste encore attaché à une rue, et dépendant du prieuré de Saint-Jean-sur-Couasnon et par suite de l'abbaye de Saint-Florent. Nous voyons, en effet, les Papes Callixte II, dès 1122, Innocent II en 1142 et Urbain III en 1186, confirmer l'abbé de Saint-Florent dans la possession de l'église de Saint-Jean-sur-Couasnon et de la chapelle St-Aubin [Note : Ecclesiam Sti Johannis super Coysnon cum capella Sti Albini. (Archiv. dép. de Maine-et-Loire)]. Lorsque Pierre Mauclerc construisit son château et demanda à l'autorité ecclésiastique l'érection en paroisse de la nouvelle ville de Saint-Aubin, il se trouva naturellement en face de l'abbé de Saint-Florent, possesseur de la chapelle Saint-Aubin et réclamant par suite le droit de nommer le recteur de cette chapelle dont on voulait faire une église paroissiale ; l'évêque de Rennes respectant les droits séculaires de l'abbé prit sa demande en considération et lui fit, espérer la présentation du recteur de Saint-Aubin.

Mais le duc Pierre, que ses mauvais procédés envers l'Eglise avaient fait surnommer Mauclerc ou ennemi des clercs, se souciait probablement peu de relever dans son château de l'abbé de Saint-Florent et du petit prieur de Saint-Jean-sur-Couasnon, il demanda donc, de son côté, à l'évêque de Rennes, le droit de nommer le recteur de Saint-Aubin, alléguant, non sans raison, que la nouvelle paroisse devant son existence au château, et à la ville qu'il venait de construire, il semblait juste qu'il eût la présentation du pasteur. Comme c'était assez la coutume d'accorder ce droit aux fondateurs d'églises paroissiales à cette époque, l'évêque de Rennes ne crut pas pouvoir repousser complètement la prétention de son souverain. Mais pour ne pas froisser l'abbé de Saint-Florent, tout en ménageant le duc de Bretagne, et pour avoir lui-même sa part d'autorité dans la paroisse qu'il allait ériger, le prélat décida qu'il y aurait trois recteurs pour gouverner Saint-Aubin-du-Cormier : le premier, nommé par l'abbé de Saint-Florent, présentateur du lieu depuis plus d'un siècle ; le deuxième, présenté par le duc fondateur de la ville ; et le troisième, nommé par l'ordinaire ; tous les trois vraisemblablement alternatifs, c'est-à-dire desservant chacun à son tour, pendant un certain laps de temps, soit une semaine, soit un mois, la paroisse qui leur était confiée [Note : Remarquons ici que cette organisation de recteurs alternatifs, quoique assez rare en Bretagne, se trouvait établie ailleurs qu'à Saint-Aubin-du-Cormier : ainsi il y avait quatre recteurs pour desservir jadis l'église paroissiale de N.-D.-du-Roncier à Josselin, et deux recteurs pendant longtemps pour celle de Notre-Dame de Vitré].

Ce qui nous prouve bien que les trois recteurs de Saint-Aubin étaient alternatifs c'est l'existence d'une seule église paroissiale « rectores ecclesiæ parochialis, » mais quelle était cette église ? Ici encore surgissent des difficultés.

La chapelle Saint-Aubin était dans la ville même de ce nom « ecclesia Sancti quæ est in villa Sancti Albini de Cormerio ». Etait-ce donc cette chapelle qu'on appela ensuite Chapelle Ducale et qui est aujourd'hui l'église paroissiale ? C'est très probable, mais nous n'osons pas l'affirmer, quoiqu'il semble bien que l'abbé de St-Florent se soit défait de cette chapelle d'assez bonne heure après la fondation de la ville, et qu'il ait bien pu la céder complètement aux ducs de Bretagne pour les besoins spirituels des habitants. Mais en dehors de la ville, à plus de 500 mètres des murailles, se trouvait une église appelée Saint-Malo de Bécherel, très pittoresquement assise au milieu d'énormes blocs de rochers. De cette église malheureusement aucune ancienne charte ne fait mention ; mais elle était très certainement en 1680 l'église paroissiale de Saint-Aubin-du-Cormier ; elle conserva même cette dignité jusqu'en 1730. A cette dernière époque elle tombait en ruine, ce qui indique qu'elle était ancienne, et les habitants de Saint-Aubin obtinrent du roi, Seigneur de leur ville, et de l'évêque de Rennes la permission de transférer le culte divin en la Chapelle Ducale sise dans la ville et érigée à cette occasion en église paroissiale ; de l'église Saint-Malo de Bécherel il ne reste plus rien maintenant [Note : On distingue bien toutefois son emplacement sur les rochers ; à côté se trouvent l'ancien presbytère et le cimetière qui sert encore aujourd'hui].

Nous regrettons vivement d'être obligé de nous borner à cette courte notice sur les origines de Saint-Aubin-du-Cormier, il y aurait, en effet, bien d'autres choses intéressantes à dire. Ainsi les trois recteurs de cette ville disparurent dans le courant du XVIème siècle et furent remplacés par un unique pasteur qui jusqu'en 1665 prit simplement le titre de recteur ; mais après cette date tous ses successeurs jusqu'à la Révolution se dirent prieurs de Saint-Aubin, sans qu'on sache pourquoi, car il n'y avait ni prieuré, ni moines à Saint-Aubin ; était-ce en souvenir des religieux bénédictins de Saint-Jean-sur-Couasnon ? nous ne le croyons pas ; était-ce à cause des quatre chapelains établis en 1466 par Jean Cochet et dont le recteur était le chef ? peut-être, mais ce n'est pas certain. Le prieur Jean Veillard déclarait en 1691 que « le prieuré-cure de Saint-Aubin est de fondation ducale faite par les premiers ducs de Bretagne et sa collation appartient maintenant au roi ; » (Archives départ. 9. G. 10) mais cette déclaration ne prouve rien puisqu'avant 1665 il n'était pas question du prieuré de Saint-Aubin.

La paroisse dont nous parlons était jadis remplie de chapelles : la Chapelle Ducale au centre de la ville, — Saint-Joseph dans la rue du Cormier, — la chapelle de l'Hôpital dédiée à S. Antoine, — Saint-Denis dans le cimetière, — Notre-Dame construite au bout de la halle, — la chapelle de la Mottais dédiée aussi à la Sainte Vierge. En outre il y avait, semble-t-il, une chapelle dans le château même. Enfin le recteur de Saint-Aubin jouissait de deux chapelles situées en la paroisse de Liffré mais dépendant de sa cure ; Saint-Pierre-de-l'Hermitage dans la forêt de Sévailles et Saint-Denis dans la forêt de Rennes ; ces deux dernières chapelles fondées par les ducs de Bretagne pour avoir la messe quand ils chassaient dans leurs forêts, étaient très anciennes et les princes en avaient naturellement confié le service divin au pasteur de leur château.

(abbé Guillotin de Corson).

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