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La paroisse de Saint-André-des-Eaux (en Côtes-d'Armor) durant la Révolution.

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Renseignements ecclésiastiques. — La paroisse de Saint-André-des-Eaux, cure de l'ancien diocèse de Dol, à la présentation de l'ordinaire, relevait autrefois de la grande officialité de Dol et du doyenné de Bobital, au siège de Saint-Carné. Au moment de la grande imposition du clergé de France, en 1516, cette paroisse fut taxée 60 sols, somme dont il ne faut envisager la valeur qu'en tenant compte de l'avilissement de notre monnaie actuelle.

En 1513, Charles de Beaumanoir, à cause de sa vicomté du Besso, était seigneur de la paroisse Saint-André. A l'époque de la Révolution, les droits et prééminences attachés à ce titre appartenaient à la famille Hay des Nétumières.

L'apôtre Saint André a toujours été le patron de Saint-André des Eaux, ainsi que d'une paroisse du même nom qui se trouve dans le diocèse de Nantes. L'ancienne église de Saint-André, qui ne sert plus au culte depuis 1896, est l'une des plus anciennes et des plus curieuses du département des Côtes-d'Armor, avec sa nef romane, percée de fenêtres en plein cintre, étroites à l'extérieur et protégées par de puissantes grilles, mais s'évasant démesurément à l'intérieur, de façon à former comme autant de meurtrières [Note : Voir dans le Bulletin de la Société des Antiquaires de France, année 1923, p. 198, une hypothèse de M. Roger Grand, d'après laquelle cet édifice pourrait être « préroman »].

A cette construction principale, avait été accolé en 1418 un porche ogival. Le chœur lui-même était séparé de la nef par un arc triomphal orné de pierres de couleur alternée, chargées de riches sculptures d'ordre roman. D'intéressantes peintures sur fresques, malheureusement plus ou moins détériorées, mais datant des environs du XIIIème siècle, décorent les murs de cet édifice, dont la conservation s'impose.

En 1790, d'après la déclaration des héritiers du recteur, les revenus de celui-ci s'étaient élevés cette année à 1.147 livres, se décomposant comme suit : 58 boisseaux de froment à 8 l. 10 s. chaque, soit 493 l. ; 13 bx (boisseaux) de mouture à 6 l., soit 78 l. ; 54 bx et demi de paumelle à 4 l. 10 s., soit 244 l. 5 s. ; 43 bx de blé noir à 3 l. soit 129 l. ; 42 bx d'avoine à 2 l. 10 s., soit 105 l. ; 4 bx avoine grosse à 2 l. 15 s., soit 11 l . ; 5 godets de fèves à 15 s., soit 3 l. 15 s. ; 2 godets de pois, soit 20 sols ; 1.200 cens de lin, soit 36 l., et 300 cens de chanvre, soit 6 l. ; pailles, 40 l. Les charges à déduire s'élevant à 128 livres, il restait au recteur 1.019 livres nettes et quittes, ce qui rendait sa situation bien supérieure à celles des desservants de cette même paroisse au XXème siècle.

Deux chapellenies assez importantes existaient autrefois à Saint-André. Le 26 mai 1535, Charles de Beaumanoir avait fondé près de son château du Besso, celle connue sous le nom de Notre-Dame de Fontlebon, en même temps qu'il instituait une rente foncière de 140 livres pour l'entretien de son chapelain. On lira avec intérêt sur l'historique de cette chapellenie les folios 56 et sq. du 1er Registre de délibérations du District de Dinan, aux Archives de cette ville.

Le 19 juin 1791, M. et Mlle Hay des Nétumières, propriétaires de la seigneurie du Besso, voulurent s'opposer à la vente de la chapelle de Notre-Dame de Fondebon et de ses dépendances, dont ils revendiquaient la propriété, mais un arrêté du Directoire les débouta de leurs prétentions.

En conséquence, la chapellenie du Besso, consistant en chapelle et déport de 26 cordes tout autour, maison du chapelain avec étable et cellier, cour au-devant, four, puits, jardin, quatre journaux dix cordes de terre, et le pré au Doyen, mesurant 26 cordes, fut acquise par le dinannais Charles Beslay pour la somme de 5.250 livres le 22 juillet 1793.

La chapelle de Notre-Dame de Fondebon ou du Besso était un des plus remarquables spécimens de l'architecture de la Renaissance dans notre région.

Un riche bourgeois des environs a eu la fâcheuse idée de faire transporter toutes ces délicates sculptures dans le parc de son château, mais non toutefois sans les détériorer gravement en voulant les arracher de la maçonnerie avec laquelle elles faisaient corps.

Le même acquéreur, écrit M. le vicomte H. de la Messelière, a commis derechef la même dévastation sur la chapelle Saint-René, sise elle aussi en Saint-André, et dont le style accusait le XVème siècle. Aussi, maintenant, de ce gracieux édifice, ne possédons-nous plus que le souvenir et les dessins qu'en a exécutés M. de la Messelière. On en voit aussi une autre à la p. 15 de la Généalogie de la Maison Ferron, oeuvre capitale de M. le général Alain de Ferron, dont les ancêtres firent naguère édifier ledit sanctuaire, ainsi que la maison du chapelain. Ils l'avaient doté en même temps d'un revenu de 170 livres, assis sur 9 journaux 61 cordes de terre, ainsi que sur un dîmereau en Evran. L'ensemble fut estimé valoir, en capital„ 4.600 livres en 1790.

Indépendamment de la chapelle Saint-René avec son déport, le tout mesurant 10 cordes, vendu 240 l. à Jean Michel, d'Evran, le 10 mai 1794, le même acquéreur s'était déjà fait adjuger, le 22 août 1791, le presbytère de Saint-René, comprenant une maison d'habitation avec cuisine et « sallon » (sic), deux étables, déport et jardins. Ce même individu acquit aussi, à la date précitée, concurremment avec un autre Evrannais, tous les biens fonciers de ladite chapellenie, sis tant en Saint-André qu'en Evran, et dont voici l'énumération : le Clos Bussu, la pièce sur les Rompais, le clos de l'Hostel, un journal dans les champs Louvet, le champ Regnault, les trois pièces des Jannaies, les Quittebis, les Prées, sur les Portes, etc.., etc..

Quelques autres fondations existaient aussi à Saint-André sous l'ancien régime, entre autres, celle de Robert Rebours, qui se desservait dans l'église paroissiale et consistait en les Courtils Touanin et celui derrière la Haute-Millière. L'un et l'autre furent acquis par un descendant des fondateurs, appelé Laurent Rebours.

Quant à l'église de Saint-André elle-même, elle n'échappa pas non plus à la dévastation de règle à cette époque de soi-disant « régénération » et d'apprentissage de la liberté. Ses principaux ornements produisirent 151 fr. 95 le 20 mai 1794, d'après Mahéo, voir Annuaire Malouin et Dinannais de 1854. Quant à l'argenterie de Saint-André, elle consistait en trois pieds de calice, un ostensoir et une petite custode, pesant ensemble 4 marcs, 7 onces, 5 gros d'argent blanc, plus 3 coupes de calice, leurs patènes et un croissant pesant 3 marcs, 1 once, 1 gros d'argent doré. On livra aussi au district une belle croix d'argent doré pesant 9 marcs, 4 onces, 4 gros. L'ensemble fut inventorié à Dinan le 24 août 1794, avant d'être expédié à la Monnaie.

La Révolution supprima Saint-André comme centre paroissial en 1792. La partie orientale de cette localité, y compris l'église, fut annexée à Evran, et sa partie occidentale, délimitée par la Rance, attribuée au Quiou (Archives des Côtes-d'Armor, L 154, f° 10 et sq.). Le gouvernement consulaire rétablit Saint-André en paroisse le 16 janvier 1804.

 

CLERGÉ.JOSEPH BRIAND, recteur, fils de noble homme Yves Briand et de demoiselle Laurence Rouillé, était originaire de Bobital. Après avoir été tonsuré le 4 mai 1766, il reçut la prêtrise le 31 mars 1770.

M. Briand était vicaire à Pleine-Fougères, lorsque mourut, le 21 avril 1784, le recteur de Saint-André, l'abbé René Guérin, de Dinan, fils de Gabriel et d'Yvonne du Cieux, lequel gouvernait cette paroisse depuis 1763. A son décès, Joseph Briand fut appelé à lui succéder le 29 avril suivant, et, dès le 12 mai de cette année, il prenait possession de ses fonctions. En cette qualité, ce prêtre fut choisi comme électeur par l'Assemblée du Clergé du diocèse de Dol, réunie le 3 avril 1789 (Archives Nationales, G 18), M. Briand mourut en fonctions à Saint-André le 30 janvier 1791, Son trépas prématuré le préserva d'être mis en demeure de prêter le serment constitutionnel et des calamités que la Révolution déversa sur le clergé français.

Durant sa maladie, le recteur de Saint-André avait eu pour le suppléer dans les fonctions du ministère un capucin de la maison de Dinan, appelé le frère CYRILLE DE CANCALE, dont nous avons dit un mot, p. 64, à l'occasion des religieux des couvents de Dinan. Le frère Cyrille assista, le 1er février, aux obsèques du recteur Briand, à Saint-André, puis demeura dans cette paroisse en qualité de curé d'office. Mais, le 23 juin 1791 s'opère une métamorphose dans l'état-civil du personnage : le frère Cyrille, qui a jeté le froc aux orties, et vient d'être élu le 13 juin 1791 curé constitutionnel du Quiou, signe maintenant de son nom de famille : JEAN-FRANÇOIS CHRÉTIEN.

Pour en finir avec le séjour à Saint-André de l'ex-frère Cyrille, que nous retrouverons au Quiou, puis à Evran, disons qu'il toucha officiellement un traitement comme curé provisoire de Saint-André pour les mois d'avril et de mai 1791, ce qui nous porte à croire que ce religieux s'était assermenté dans cette paroisse, sans que nous en puissions préciser la date, mais en tout cas avant celle de la fermeture de son couvent, laquelle eut lieu le 3 juin de cette année.

A son départ de Saint-André pour Le Quiou, Jean-François Chrétien fut remplacé dans ses fonctions curiales par l'abbé JULIEN-JEAN-FRANCOIS EGAULT, prêtre de cette paroisse, où il était né au village de Saint-René, le 21 mars 1751, du mariage de M. François et de Françoise Louvet.

Après avoir fait son cours au collège de Dinan, où nous le trouvons élève en 1763 et 1766, M. Egault fut ordonné prêtre le 4 avril 1778, et devint ensuite professeur au collège de Dol, où, suivant l'expression de l'auteur des Mémoires d'Outre-Tombe, « il jetta le jeune Chateaubriand dans les racines grecques ».

Présenté le 19 août 1782 par le comte de la Ferronnais pour la chapellenie de Saint-René, en Saint-André, l'abbé Egault, dont les ambitions étaient modestes, revint au mois d'octobre suivant desservir sa prestimonie, à laquelle était attachée, paraît-il, d'après P. Sebiliot, la charge de magister des enfants de son village.

Toujours est-il que lorsqu'éclata la Révolution, les compatriotes de M. Egault le désignèrent pour remplir les fonctions de maire, puis celles de procureur de sa paroisse natale. Aussi, quand, le 1er septembre 1791, le maire de Dinan, en peine de professeurs pour son collège, lui écrivit pour lui proposer « la chaire de cet établissement qui lui serait la plus agréable, sur le bon rapport que plusieurs bons patriotes de cette ville lui avaient fait de ses talents, de son patriotisme et de sa bonne volonté », M. Egault, dont les idées libérales n'excluaient pas une très sûre orthodoxie, refusa poliment cette charge, qui l'aurait obligé, aux termes de la loi, à s'assermenter de suite. Ce prêtre adopta encore la même ligne de conduite lorsque les électeurs l'eurent choisi le 2 octobre 1792 pour curé intrus de Saint-Carné, au lieu et place de M. De Miniac, que son refus de prêter serment avait obligé à l'exil.

Nous présumons qu'après l'arrêté du 1er décembre 1792, du Directoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), condamnant à s'éloigner de leur patrie tous les prêtres insermentés qui n'étaient ni sexagénaires ni infirmes, M. Egault quitta momentanément Saint-André. Il n'obéit cependant pas à la loi de déportation et, si nous en croyons un de ses arrière-neveux, il se réfugia alors chez M. Joseph Egault, l'un de ses frères, notaire au bourg de Matignon. On profita alors de sa situation de prêtre réfractaire, pour mettre le séquestre sur les effets mobiliers de sa mère, en vertu du décret du 17 frimaire an II, et l'obliger à un partage anticipé de ses biens, dont le gouvernement voulait se saisir d'une partie.

Lors de l'apaisement qui se produisit au printemps de 1795, l'église de Saint-André, « sur pétition individuelle des habitants », fut rendue au culte par décision du district de Dinan en date du 28 avril de cette année, et l'abbé Egault se reprit à exercer son ministère auprès de ses compatriotes jusqu'au mois de septembre suivant.

Le préfet Boullé, dans son enquête vers 1802, note ce prêtre comme « résidant depuis 17 ans à Saint-André, dont il est aujourd'hui desservant. Autrefois professeur de rhétorique et de philosophie, insermenté, non déporté. Homme de bonnes moeurs et de bon exemple, propre à faire un bon curé de campagne ». Sur cette chaude recommandation, l'abbé Egault fut nommé, au mois d'avril 1803, premier curé concordataire de Plélan-le-Petit, mais possédant une certaine fortune personnelle et dédaigneux des honneurs d'ici-bas, cet ecclésiastique refusa cette « cure » pour demeurer recteur de la très modeste paroisse de Saint-André, où il termina ses jours le 6 mars 1821, dans sa maison de Saint-René, âgé de 69 ans, laissant, paraît-il, une jolie bibliothèque bien pourvue de belles éditions d'ouvrages classiques.

Cf. l'article que consacre à M. Egault son arrière-petit-neveu, feu Paul Sebillot, dans la Revue illustrée des Provinces de l'Ouest, année 1898, p. 183. Voir aussi abbé Duine : Histoire de Dol, dans la revue L'Hermine, numéro du 20 juin 1910.

Vivait aussi à Saint-André comme chapelain en 1790 : GILLES-BLAISE TRUMEL, né à la Ville-Davy, en Tréfumel, le 10 mars 1735, d'Antoine et de Jeanne Picouays, qui, après avoir étudié à Rennes et subi des examens passables, reçut la prêtrise à Saint-Méen le 20 septembre 1760.

M. Trumel habitait le village de Fondebon, en Saint-André, quand il prit possession de la chapellenie du Besso, le 13 octobre 1786. Ce prêtre ne s'assermenta ni ne s'exila et passa la Révolution caché à Saint-André et dans les environs. Les registres de Plouasne nous apprennent qu'il baptisait le 25 juin 1794 à Saint-André un enfant de Plouasne. Le 5 avril 1795, M. Trumel écrivait au district de Dinan pour réclamer une sauvegarde. Il se disait alors habiter Saint-André et être très infirme. Voici son signalement tel qu'il figure sur cette pièce : « taille 5 pieds 4 pouces, cheveux, sourcils et barbe gris, yeux gris, bordés de rouge, nez long, bouche moyenne, menton et visage longs, front haut ».

Nous n'avons recueilli par ailleurs aucun autre renseignement sur cet ecclésiastique, et nous devons pour l'instant nous contenter d'écrire que M. Trumel décéda à Saint-André, âgé de 66 ans, le 14 germinal an IX (4 avril 1801).

D'après les auteurs du Diocèse de Saint-Brieuc, etc., op. cit., I, p. 298, firent du ministère caché à Saint-André à diverses époques au cours de la Révolution, les prêtres dont les noms suivent :

1°. Avant le mois de septembre 1792 : MM. Mathurin Bernard, recteur, et Gilles Prioul, prêtre du Quiou ; Jean-André, vicaire, et Laurent Regnault, recteur d'Evran.

2°. A une date indéterminée : Florimond-François Le Mée, recteur de Ménéac ; Peste!, que nous croyons être l'abbé Guillaume Pestel, vicaire à Tinténiac ; Pierre Frin, prêtre de Miniac-sous-Bécherel ; M. Chauvin, probablement vicaire à Longaulnay ; M. Lavit et M. Drollée, que nous savons identifier, et enfin M. Verger, dont nous avons parlé à propos du collège des Laurents, et dont la signature apparaît seulement à Saint-André au cours de l'an 1800. (A. Lemasson).

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