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Vitraux ou verrières de l'église de Runan.

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Rappelons brièvement que la charte apocryphe de 1142, relatant les biens des templiers en Bretagne, mentionne parmi ceux-ci l'église de Runargant (Voir l'abbé Guillotin de Corson, les Templiers et Hospitaliers de Jérusalem en Bretagne).

Elle advint ensuite aux hospitaliers ; et dut à ce fait, d'être parfaitement entretenue au cours des siècles, comme toutes les églises et chapelles de l'ordre, par les divers commandeurs. Ceux-ci s'en faisaient en effet un point d'honneur, et ne manquaient d'ailleurs pas d'attirer l'attention du grand prieuré d'Aquitaine sur les améliorations réalisées, dans le but non desintéressé d'obtenir une commanderie plus importante.

Ville de Runan (Bretagne)

Mais, elle dut principalement sa magnificence aux fondations qu'y firent les ducs de Bretagne, en raison de sa proximité de leur résidence de Châteaulin-sur-Trieux. En 1381, le duc Jean IV y fait fondation d'une chapellenie par semaine (Archives des Côtes-d'Armor, F. 1785 Vidimus du 13 novembre 1404) ; puis, le 2 juin 1414, le duc Jean V concède en faveur de la chapelle une foire annuelle le 8 septembre, jour de la fête de Notre-Dame (Blanchard : Actes de Jean V, n° 1171). Quelques années plus tard, le 19 mai 1421, il crée une nouvelle foire au jour et fête de Saint Barnabé « pour augmentation de la dite chapelle et du service divin en icelle » (Blanchard : Actes de Jean V, n° 1495) ; enfin, le 28 mars 1436, il concède à la chapelle de Runan une troisième foire le samedi précédant le pardon de la chapelle fixé au dernier dimanche de juillet (Blanchard : Actes de Jean V , n° 2218).

Une enquête du 15 août 1439 nous montre d'autre part que la belle chapelle du midi, dûe au commandeur Pierre de Keramborgne, dont les armes ornent également les contreforts du porche, avait été terminée l'année précédente (Blanchard : Actes de Jean V , n° 2371).

L'étude architechtonique confirme en effet, qu'à l'exception de la longère nord et du bas côté adjacent reconstruits récemment, toute l'église date du début du XVème siècle [Note : Il est à remarquer l'influence qu'eut cette chapelle sur les édifices voisins. Notamment les belles sculptures qui ornent le gable du porche midi, représentant l'Annonciation et la Vierge de Pitié, ont été reproduites sur la chapelle de N.-D. de la Clarté à Ploumanach].

Au milieu du XIXème siècle, sous une couche de mortier dont elle avait été enduite probablement pendant la Révolution, Geslin de Bourgogne découvrit et nettoya la belle verrière que nous admirons aujourd'hui, après sa restauration, en 1886, par la fabrique du Carmel du Mans.

Verrière de l'église Notre-Dame de Runan (Bretagne)

Elle comporte six panneaux renfermant chacun un personnage abrité sous un grand dais gothique et porté sur une console architecturale surmontant elle même un écu blasonné. Ce sont de gauche à droite :

1° Saint Pierre, en robe rouge et manteau blanc, se détachant sur un fond bleu damassé ; au-dessous, armes des Le Goales.

2° La Vierge, en blanc et or sur un fond rouge damassé, et surmontant les armes des Kernechriou.

3° Le Christ, crucifié sur une croix d'or se détachant sur fond damassé bleu ; des angelots recueillent le sang de ses plaies. Au-dessous, écusson des Le Caourcin de Kerambellec, qui possédaient la chapelle privatise du côté de l'évangile.

4° Saint Jean, en robe verte et manteau blanc, se détachant sur un fond rouge damassé et surmontant l'écu des Le Saint.

5° Sainte Catherine, en robe or et manteau blanc sur fond de damas bleu. Au dessous, les armes des Lezversault.

6° Sainte Hélène, en robe or et manteau blanc sur fond de damas rouge. Au-dessous, écusson mi parti de Kergrist et de Plusquellec surmonté d'un lambel. Ce dernier panneau manquait lors de la découverte de la verrière et a été très habilement refait.

Dans le tympan, des angelot, soutiennent des écussons. Parmi ceux subsistants, l'on trouve : En supériorité deux écussons des armes pleines de Bretagne ; puis, au dessous, un écusson Bretagne et un mi-parti Bretagne et France, armes de Jean V et de la duchesse Jeanne de France, avec, de chaque côté, la devise « A MA VIE ». Au troisième rang, un écu aux armes des du Perrier et un autre losangé mi-parti : au I, du Perrier, au II, écartelé Gaudin et Brienne de Beaumont, armes de Jean du Perrier, sire de Quintin et du Perrier, et de Constance Gaudin sa femme, fille de Péan et de Jeanne Riboule ; sur le côté, armes des Rostrenen de Brelidy. Enfin, au dessus des troisième et quatrième panneaux, un écusson losangé mi parti du Parc de la Rochejagu et de Kersaliou et autre des armes pleines des du Parc, armes de Henry du Parc sr. de la Rochejagu et de sa femme Catherine de Kersaliou.

Ces différentes armoiries permettent de dater avec une très grande présicion la verrière. En effet, l'on sait, d'une part, que c'est par contrat du 23 janvier 1423 n. s. que Jean du Perrier, veuf d'Olive de Rougé, épousa Constance Gaudin (De la Borderie, Généalogie de la Maison du Perrier) ; et, d'autre part, qu'Henry du Parc sr. de la Rochejagu, décéda en cette même année 1423 entre le 2 octobre et le 19 décembre.

L'on peut donc dater la commande de cette verrière de l'année 1423, les armes d'Alain du Parc, frère et héritier d'Henry, et de sa femme Aliette de Tréal n'y figurant pas. Cependant, les armes de Catherine de Kersaliou précédant les armes pleines des du Parc indiquent que, lors de son exécution, Catherine était sans doute veuve. Probablement était elle même la donatrice de la verrière, comme semble l'indiquer la présence de sainte Catherine, elle mourut le 15 novembre 1433.

Les figures des personnages et leurs grands nimbes, les plis, profonds de leurs vêtements, dénotent manifestement une influence allemande. Les figures de la Vierge et de sainte Catherine s'apparentent en effet à celles de Conrad de Soest, du maître de la basse Saxe et du maître du Rhin moyen, artistes appartenant tous les trois, comme l'on sait, à l'école de Westphalie ; quant aux plis, ils se rapprochent tout particulièrement de la facture du dernier.

Si elle est un peu grise et manque de couleurs, la verrière de Runan est très belle comme dessin. A quel atelier l'attribuer ? en existait-il déjà un à Tréguier ou au contraire doit on voir là une ceuvre de celui de Guingamp ? il est impossible, en l'absence de textes, de conclure. (Contribution à l'étude des anciennes verrières - Société d'Emulation des Côtes-d'Armor, 1935).

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