Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA COLLEGIALE NOTRE-DAME DE LA TRONCHAYE A ROCHEFORT-EN-TERRE

  Retour page d'accueil       Retour Ville Rochefort-en-Terre   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

NOTRE-DAME DE LA TRONCHAYE.

Notre-Dame de la Tronchaye est le nom d’une antique et vénérable statue en bois de la très sainte Vierge, conservée dans l’église de Rochefort. Ce nom de la Tronchaye semble dire que la statue a été primitivement exposée ou trouvée dans le tronc d’un arbre. Elle est connue depuis le XIIème siècle au moins ; le temps l’a tellement rongée dans sa partie inférieure, qu’il a fallu lui donner une base postiche pour la soutenir, et même la vêtir de robes précieuses pour dissimuler ce défaut. Elle est le but d’un pèlerinage très fréquenté, et les offrandes des fidèles, jointes aux largesses des seigneurs de Rochefort, ont contribué dans tous les temps à l’entretien et à la restauration de l’église.

Eglise de Rochefort-en-Terre (Bretagne).

L’église primitive, construite au midi du château, sur la déclivité du terrain, datait probablement du XIIème siècle, époque où les seigneurs de l’endroit commencent à figurer dans l’histoire. Elle était naturellement de style roman et avait la forme d’une croix latine, avec une tourelle carrée sur le milieu de l’inter-transept. Ce plan est encore celui de l’église du début du XXème siècle, parce que la substitution du nouvel édifice à l’ancien ne s’est faite que graduellement.

L’église du début du XXème siècle est en grand et moyen appareil, avec de grandes fenêtres ogivales, et appartient au XVème siècle. Plus tard on a retouché la nef au nord et ajouté une quatrième nef au midi. Cet édifice, centre religieux de la petite ville de Rochefort, n’était autrefois qu’une église tréviale, dépendant de l’église paroissiale de Pluherlin, et était desservie par un curé relevant du recteur de la paroisse.

Plan de la collégiale Notre-Dame de Tronchaye à Rochefort-en-Terre (Bretagne)

Telle était la situation canonique de l’église de Notre-Dame de la Tronchaye, lorsqu’en 1499 Jean IV, seigneur de Rieux et de Rochefort, y fonda un collège de chapelains ou de chanoines. Voici la reproduction de l’acte de fondation :

« Jehan, sire de Rieux, de Rochefort et d’Ancenis, comte de Harcourt, vicomte de Donges, seigneur de Largouet, mareschal de Bretagne, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut.

Scavoir faisons que pour le désir singulier et affection que avons d’augmenter le service divin, pour le salut de nostre ame et de nos progéniteurs, avons aujourd’huy ; par meure délibération, ordonné que au temps advenir, durant nostre vie, il sera dit et célébré en l'église de la Tronchaye, sise en ceste nostre ville de Rochefort, par chacun jour de la sepmaine, Matines, Prime, Tierce, Sexte, None, Vespres et Complies du temps qui courra, ainsi qu’il est accoustumé de faire aux églises cathédrales ou collégiales. avecque une messe o note, diacre et soudiacre, à commencer au septiesme jour d’avril prochain venant (Quasimodo 1499) ;

Scavoir, la messe au dimanche du temps qui courra, selon l’ordonnance de nostre mère sainte Eglise ; au lundy de Saint-Sébastien ; au mardy de Saint-Julien, au mercredy des Morts, au jeudy de Saint-Christophe et une collecte de Sainte-Barbe, au vendredy de la Passion et au samedy de Notre-Dame, de la très sainte et très angouesseuse Passion de Nostre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ, de laquelle dépend nostre salut, nostre vie et nostre résurrection, et de tous les saints et saintes de paradis ;

Sauf aux quatre festes principales (Pâques, Pentecôte, Toussaint et Noël), aux jours de l’Ascension, du Sacre, de la Purification, de l’Annonciation, de l’Assomption et de la Nativité et aux festes d’apostres, auxquelles sera dit et célébré du jour, et en la messe d’iceluy sera dite une collecte de la messe qui estoit ordonnée à celuy jour de la sepmaine ;

Et à l’issue de Complies par chacun jour sera dit à notte devant l’autier Nostre-Dame du d. lieu de la Tronchaye le Salve Regina, ou autre antienne de Nostre-Dame, avec un verset et oraison, selon le cours du temps, et après sera sonnée l’une des cloches par trois fois, ainsi qu’il est accoustumé faire au couvre-feu ;

Et durant le d. service, il y aura en la d. église une lampe et deux cierges d’une livre chacun ardans, scavoir aux d. heures la d. lampe, et à la messe les deux cierges et deux torches de cire de quatre livres chacune à l’élévation du corps de Nostre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ.

Et pour faire le d. service voulons, qu’il y ait six chapellains et un doyen, lesquels auront, scavoir, chacun des d. chapellains trente livres monnaie et le doyen quarante livres ; et pour l’entretenement des d. lampes et lumières quinze livres monnoie : quelles parties de finances montent à 235 livres, le tout monnoie de Bretagne, qui seront poyées aus d. doyen et chapellains par les quartiers de l’an, selon la nomination que ferons des d. doyen et chapellains, quels pourrons casser et en mettre d’autres, par autant que en casserons, toutes fois qu’il nous plaira, les faisant poyer par autant qu’ils auront servi, et selon les assignations que pour ce baillerons par l’estat de nostre maison chacun an à nostre bien amé et féal Pierre de la Coudre, nostre chastellain de Rochefort.

Et par ce moyen voulons et entendons que les d. doyen et chapellains fassent résidence en choeur durant les d. heures, vespres, complies et messes en surpelis, et s’ils y défaillent, ils perdront pour chacun défault, celuy qui défauldra sans excuse de maladie, scavoir, à Matines IV deniers, à Prime, Tierce, Sexte et None IV deniers, à la grande Messe IV deniers, à Vespres et Complies IV deniers ; lesquels deniers des d. défaults seront employez et convertis à l’augmentation du d. luminaire et autres choses nécessaires pour le d. service, à l’ordonnance du d. doyen.

Et afin que ce soit chose stable durant nostre vie, comme dit est, avons signé ces présentes et fait sceller du scel de nos armes, le 30 mars l’an 1498 finissant (N. S. 1499). JEHAN DE RIEUX. Par Monseigneur, de son commandement : J. Trégouet » (D. Morice. Pr. III. 818).

Quand on compare la dotation des chapelains de Saint-Michel-du-Champ avec celle des chapelains de N.-D. de la Tronchaye, on trouve que la première était bien supérieure à la seconde ; il est vrai que dans le premier cas le fondateur était le duc de Bretagne, et que dans le second c’était un vassal qui, malgré sa richesse, ne pouvait pas rivaliser avec son suzerain.

Malgré la modicité de la dotation, le seigneur de Rochefort trouva sans trop de peine les sept prêtres dont il avait besoin.  Il les installa dans le choeur de l’église qu’il mit à leur disposition exclusive, et laissa les transepts et les nefs de l’édifice à l’usage du curé et des habitants de la ville.

Sa fondation n’étant que provisoire, il ne fit aucun travail considérable dans le sanctuaire, et quand il mourut, le 9 février 1519 (N. S.), il ne fut pas inhumé à Rochefort, mais chez les Cordeliers d’Ancenis.

Claude Ier de Rieux, son fils et son successeur, maintint la fondation paternelle. Ayant perdu sa première femme, Catherine de Laval, le 30 décembre 1526, il la fit enterrer dans le choeur de N.-D. de la Tronchaye, prés de l’autel, du côté de l’évangile. Peu après, le 1er juin 1527, il donna des lettres pour établir à perpétuité la collégiale de Rochefort ; il voulut qu’elle fût composée d’un doyen, d’un chantre, de cinq chanoines, de quatre chapelains ou archiprêtres et de deux petits choristes. Il leur imposa l’obligation de célébrer l’office et la messe, comme à la cathédrale de Vannes, et leur assigna une rente annuelle de 610 livres, rachetable pour la somme de 12.200 livres. Il se réserva seulement la présentation du doyen et laissa la collation des autres prébendes au chapitre (Pr. III. 819).

Ce seigneur, pour compenser la perte du choeur, réservé aux chanoines, construisit une aile au sud de la nef de l’église ; on y voit encore, sur une sablière, son écusson en alliance avec celui de Susanne de Bourbon, sa seconde femme (1529-1532). Il mourut à l’âge de 35 ans, le 19 mai 1532 et voulut reposer près de Catherine de Laval, dans le choeur de la collégiale. Quand on ouvrit son tombeau en 1692, pour y déposer un autre seigneur de Rochefort, on y trouva son cercueil en plomb, avec son écusson en bois, ressemblant au liège. On a dit parfois que ce tombeau, qui est au niveau du pavé, était jadis décoré des statues couchées de ce seigneur et de sa dame : c’est plus que douteux. On ajoute que ces statues ont été converties, après la Révolution, en un saint Joseph et une sainte Vierge : c’est absolument faux ; les statues tombales ont toujours les mains jointes, et il n’y en a aucune de cette sorte dans l’église.

Claude II de Rieux-Rochefort n’avait que deux ans à la mort de son père. C’est de son temps que fut achevée une grosse réparation au nord de la nef de l’église ; on lit encore sur un contrefort près du portail latéral : An l’an Mil Vcc XXXIII fut ceste ouvre par faicte … Ce seigneur mourut à l’âge de 18 ans, le 26 avril 1548, et ses biens passèrent successivement a sa soeur Renée, puis aux Coligny en 1567, aux Lorraine-Elboeuf en 1607 et aux Larlan vers 1660.

En 1750, les chanoines de Rochefort tenaient par tradition que Claude Ier de Rieux se proposait de compléter sa fondation en unissant à la collégiale deux paroisses du voisinage. La mort l’ayant prévenu avant l’exécution de ce projet, les chanoines restèrent désormais avec une dotation très modique. Pour améliorer leur position, ils se faisaient conférer des chapellenies ou des prieurés, quelquefois même des paroisses.

Avec le temps, ils reçurent diverses fondations de messes et services, dont les revenus étaient payés par les familles ou hypothéqués sur des terres. Ils eurent même des immeubles à la Haute et à la Basse-Barre, en Pluherlin, qui rapportaient 178 livres en argent et une rente en grains. Ces biens représentaient peut-être une partie de la fondation, car les seigneurs de Rochefort, dans les derniers temps, ne payaient plus au chapitre que 582 livres tournois au lieu de 610 livres monnaie fixées par Claude Ier.

L’argent perdant continuellement sa valeur primitive, et le prix des denrées allant toujours en augmentant, les chanoines avaient peine à vivre en 1750. C’est pourquoi M. Jean-Anne-Vincent de Larlan, de Kercadio et de Rochefort, demanda l’union à la collégiale des prieurés et chapellenies de la Barre, du Château, des Quatre-Evangélistes, de Saint-Michel, de la Magdeleine-de-Bléhéban et de Sainte-Noyale, qui étaient à sa présentation.

L’évêque de Vannes, Mgr Charles-Jean de Bertin, accueillit sa demande et, après avoir rempli les formalités, canoniques, signa le décret suivant, le 17 février 1750 :

« Vu... Nous avons éteint, éteignons, supprimé et supprimons à perpétuité les titres des prieurés et chapellenies de la Barre, du Château, des Quatre-Evangélistes, de Saint-Michel, de la Magdeleine-de-Bléhéban et de Sainte-Noyale, et en conséquence avons uni et unissons à l’église collégiale et chapitre de Rochefort les fruits et revenus des d. prieurés et chapellenies, et tout ce qui en dépend et y peut appartenir, soit à présent, soit à l'avenir, pour être divisé et réparti entre les sieurs dignitaires et chanoines de la d. église, aux clauses et conditions suivantes :

1° Qu’à mesure que la. d. union aura lieu et effet, soit par vacance, par mort, démission volontaire ou accord fait par les titulaires actuels de gré à gré avec le dit chapitre, les sieurs chanoines seront tenus de faire ou faire faire le service des d. prieurés et chapellenies, scavoir, pour le prieuré de la Barre une messe par semaine, pour le prieuré du Château deux messes par semaine, pour celui des Quatre-Evangélistes une messe par semaine, pour le prieuré de Saint-Michel d’eux messes par semaine, pour la chapellenie de la Magdeleine-de-Bléhéban une messe par semaine, pour la chapellenie de Sainte-Noyale deux messes par semaine, et d’acquitter les autres charges des d. prieurés et chapellenies ;

2° Que du moment que le d. chapitre jouira de 150 livres de revenus, charges déduites, provenant de la d. union, il sera payé à chaque chanoine, par forme de distribution quotidienne, la part des absents accroissant aux présents, savoir, les jours de dimanches et fêtes, à Prime quatre deniers à chaque dignitaire ou chanoine, et à Prime les jours ouvriers, à Tierce, Sexte, None et Complies, tant des jours de dimanches et fêtes que jours ouvriers, deux deniers par chacun des d. offices, à chacun des d. dignitaires et chanoines, dont le payement sera fait selon l’usage du d. chapitre pour les distributions quotidiennes des grands offices » (Insinuat. XIV, 287).

Ce décret fut confirmé par lettres patentes du roi Louis XV, du mois de janvier 1756, enregistrées au Parlement de Bretagne le 16 mars suivant.

Voici quel était en 1789 l’état des revenus de la collégiale.

Rente sur la terre de Rochefort : 582 livres.

Droit d’ancrage dans la Loire, affermé : 800 livres.

Rente sur la maison Boyac, à Rochefort : 31 livres 10 sols.

Sur une maison et jardin à la porte Saint-Michel : 5 livres 5 sols.

Sur une maison des rues Hautes, à Rochefort : 6 livres 5 sols.

Sur le pré Normand près Saint-Michel : 30 livres.

Sur Jean Bertho, de Dessous-le-Bois : 13 livres 6 sols 6 deniers.

Sur Jean Louer et consorts : 16 livres 13 sols 4 deniers.

Sur Louis Le Beau, de Rochefort : 15 livres.

Sur les enfants de M. Sauvé, de Rochefort : 16 livres.

Sur Pierre Jamet, de Rochefort : 6 livres.

Sur Yvonne Robert, Veuve Macé, à Rochefort : 40 livres.

Sur Jeanne Lacambre, de Rochefort : 21 livres 10 sols.

Sur J. Moro et M. Le Franc, de Rochefort : 11 livres.

Sur la Croix-Blanche, à Rochefort : 66 livres.

Sur Josso, Avenet, en Pluherlin : 4 livres 16 sols.

Sur maison, jardin et clos.., en Pluherlin : 3 livres 10 sols.

Sur Jean Caudart, du Madéro, en Pluherlin : 61 livres 5 sols.

Sur la Veuve Jéhanno et consorts, de Pluherlin : 10 livres.

Sur Jean Têtu, de Coedaly, en Pluherlin : 6 livres.

Sur Joseph Mahé, de Brambien, en Pluherlin : 6 livres.

Sur Jean Maleuvre, de Carlevau, en Pluherlin : 23 livres.

Sur Julien Jagu et consorts, du bourg, en Pluherlin : 14 livres 3 sols 4 deniers.

Sur Guill. La Haye, de la Ville-Basse, en Pluherlin : 14 livres.

Sur Joachim Cresté, de Pluherlin, et consorts : 6 livres.

Sur Jean Danilo, de Pluherlin : 31 livres 4 sols.

Sur divers biens, en Questembert : 10 livres.

Sur les enfants Le Gray, de Pleucadeuc : 10 livres.

Sur Jean Mouro, de Pleucadeuc : 18 livres 10 sols.

Sur Julien Dubois, du Plessis, en Saint-Gravé : 23 livres 1 sol.

Sur Julien Digo, de Saint-Gravé : 6 livres 13 sols 4 deniers.

Sur le Cota et Loiseau, en Malansac : 3 livres 10 sols.

Sur la Veuve Hercouet, à la Vallée, en Malansac : 12 livres.

Sur Pierre Rapé, de la Moraie, en Malansac : 21 livres 5 sols 4 deniers.

Sur L. Dréan et consorts, au Beuron , en Malansac : 31 livres 5 sols 8 deniers.

Sur J. Hercouet, de Léternet, en Malansac : 12 livres.

Sur Franç. Rouxel et consorts, de Caden : 52 livres 10 sols.

Sur Julien Le Scouézec, de Caden : 16 livres 13 sols 4 deniers.

Sur Joseph Tabourdet, de Caden : 13 livres 17 sols.

Sur Jean et Yves Evain : 12 livres 8 sols 10 deniers.

Sur Julien Santerre, de Saint-Jacut : 15 livres.

Sur Yves Boulo, de Saint-Jacut : 6 livres.

Sur Jean Rival, de Tessé, en Saint-Jacut : 37 livres 3 sols.

Sur François Montoir, de Saint-Jacut : 6 livres.

Sur A. Le Bihan, de Saint-Jacut : 6 livres.

Sur Jean Diguet, de Saint-Martin : 16 livres.

Sur M. de Carmoy, à Redon : 10 livres.

Sur M. de Bégasson et Yves Thébaud : 14 livres.

Sur Jean et Yves Hazo : 24 livres.

Sur Mathurin Mahé et Yves Martin : 13 livres 10 sols.

Sur Yves Boéffard, de Noyal-Muzillac : 20 livres.

Sur J. Martin et Yves Soulèbre, de Noyal-Muzillac : 18 livres.

Sur Pierre Bocéno et consorts, de Noyal-Muzillac : 15 livres.

Total : 2284 livres 15 sols 8 deniers.

A ce total il faut ajouter le revenu de la propriété de la Haute et Basse-Barre, et la dîme appelée « la gerbe-aux-chiens », rapportant environ 25 perrées de seigle.

PERSONNEL.

L’absence de tout registre de réception des chanoines de Rochefort empêche d’en dresser la liste suivie ; on est réduit à glaner çà et là des noms épars. Presque tout le XVIème siècle s’écoule sans fournir un seul nom ; ce n’est qu’en 1575 que commencent les renseignements : Claude de l'Hospital était alors doyen ; il mourut en 1583.

Au début de 1587 mourut M. Jean des Brosses, chanoine et doyen de la collégiale. Peu-après, M. Jacques Milon, chanoine, fut présenté comme doyen par la dame de Rochefort, pourvu par l’évêque le 25 mars 1587, et installé le 8 avril suivant. Le chapitre comprenait alors, outre le doyen : Jacques Danilo, chantre, mort en 1590. Yves Huo, chanoine, mort en 1590. François Le Cadre,. recteur de Saint-Jacut de 1573 à 1592. François André, chantre, puis doyen, et recteur de Malansac 1607-1628. Julien Guinois, recteur de Saint-Gravé en 1602, mort en 1609. Laurent Guinois, chanoine, mort en 1608.

Les archiprêtres étaient alors Guillaume Guého et Pierre Pédron, qui deviennent chanoines après MM. Danilo et Huo.

En 1592, furent placées les stalles hautes et basses qui se voient encore des deux côtés du choeur, en y entrant. Elles sont en chêne, et malgré leurs trois siècles d’existence,.elles sont encore assez bien conservées. Une boiserie les surmonte et règne le long des murs. Il y a de chaque côté huit stalles hautes et cinq stalles basses. Le doyen occupait la première stalle à droite, et le chantre la première à gauche ; à leur suite se plaçaient les autres chanoines, par rang de promotion, trois à droite et deux à gauche ; puis venaient les quatre chapelains ou archiprêtres, deux de chaque côté.

On lit encore sur les accoudoirs les noms des chanoines de 1592, gravés en capitales romaines, savoir, « Misire Jaq. Milon, doien ; — Misire F. André, chantre ; — Misire F. Le Cadre ; — Misire Julien Guinois ; — Misire L. Guinois ; — Misire G. Guého ; — Misire P. Pédron. 1592 ».

M. Pierre Evenard, de Pluherlin, chanoine en 1608 après Laurent Guinois et recteur de Pluherlin de 1609 à 1647. René Hervieu, de Saint-Congard, chanoine en 1609, après Julien Guinois, et recteur de Saint-Gravé en 1609 et de Saint-Congard en 1615. Les successeurs de J. Milon et de F. Le Cadre sont inconnus.

Voici le personnel dé la collégiale en 1620 : MM. François André, doyen, recteur de Malansac, 1607-1628. Pierre Pédron,. chantre. Guillaume Guého, recteur de Limerzel, 1595-1632. Pierre Evenard, 1608, recteur de Pluherlin, 1609-1647. René Hervieu, 1609, recteur de Saint-Gravé puis de Saint-Congard. N. N. Les archiprêtres étaient alors : Henri Le Cadre, Pierre Criaux, Denis Quiban et N. On trouve ensuite Pierre Criaux, chanoine, après M. Guého, et Guillaume Le Gailoys, doyen et recteur de Noyal, puis vicaire général.

En 1653, le chapitre comprenait : MM. Pierre Evenard (II), doyen et recteur de Pluherlin, 1647-1667. Laurent Duval, chantre, mort en 1697. Guillaume Racouet, recteur de Saint-Congard, 1643-1660. Julien Déjours, ex-recteur de Saint-Congard. Jean Le Gal. Julien Denis, chanoine, mort en 1690. Gilles Libor.

Les archiprêtres étaient : Guy Gachet, Olivier Guymar, Julien Le Duc, et Guy Rouxel. 

Pendant le reste du XVIIème siècle, on rencontre seulement : Julien Pédron, chanoine et recteur de Pluherlin, 1669-1681. N. Denis, neveu, chanoine, 1670 et 1684. N. Baron, chanoine en 1670 et 1684. Jean Penhoet, chanoine, 1676. Yves Boubillon, chanoine, mort en 1693. Pierre Kermasson, chanoine, mort en 1686. Jean Bahon, chanoine, 1686, recteur de Pluherlin, 1681-1716. François Lucas, chanoine en 1694. Julien Le .Chesne, chanoine, puis doyen, mort en 1736.

Les relations entre le chapitre et la paroisse étaient à peu près normales. Pour les faciliter, on nommait fréquemment le recteur de Pluherlin chanoine de la collégiale, et on choisissait souvent les archiprêtres parmi les vicaires de la trêve.

Le chapitre d’ailleurs avait la jouissance exclusive du choeur, avec une sacristie au midi, pourvue de linges, ornements et objets servant au culte. La trêve avait sa sacristie au nord, avec un couloir pour arriver à l’église sans passer par le choeur, et elle jouissait des transepts et des nefs, pour y faire les baptêmes, les mariages, les enterrements et les autres cérémonies paroissiales.

Il n'y avait de difficultés que pour l’administration et l’enterrement des chanoines, la bénédiction des cendres et des fonts, l’admission des prêtres étrangers à dire la messe dans l’église et quelques autres menus détails. Mg Louis de Vautorte, par une ordonnance du 8 octobre 1685, régla ces divers points, et une transaction eut lieu, le 12 novembre 1686, entre le chapitre de Rochefort et M. Jean Bahon, recteur de Pluherlin, qui venait d’être reçu chanoine. Le texte de ces divers enseignements n’ayant pas été retrouvé, il est impossible d’en donner l’analyse et de les apprécier au point de vue du droit canonique.

Le 13 août 1692, mourut à Rennes le premier seigneur de Rochefort, du nom de Larlan, après avoir choisi sa sépulture à Notre-Dame de la Tronchaye. Voici comment M. Lucas, archiprêtre et futur chanoine, raconte les obsèques dans les registres de Rochefort :

« Le 22e aoust 1692, le corps de haut et puissant seigneur Vincent Exupère de Larlan, vivant chevalier, seigneur de Lanitré, comte de Rochefort, Kerdréan, Keralio, le Boisgestin, le Bréguet, Botpilio et autres lieux, conseiller du roy en tous ses conseils, et président à mortier en sa grand'chambre de parlement en Bretagne, nous a été présenté par vénérable et discret Missire 0llivier, prestre, aumônier de mon dit feu seigneur, accompagné du R. P. procureur des Cordeliers de la ville de Rennes, où son décès est arrivé le 19 du d. mois et an, chez lesquels Cordeliers il a été fait des funérailles pompeuses, et on y a inhumé ses intestins.

Le corps arrivé, sommes allés le recevoir processionnellement accompagnés de MM. les prestres de la paroisse et des révérends Pères Cordeliers de Bodelio, jusqu’au dela du moulin à tan, et l’avons conduit, assistés de tous MM. les officiers en robe, dans le choeur, sur le tombeau du chapitre, et y est reposé jusqu’au lendemain onze heures du matin. Pendant lequel temps, depuis cinq heures, on a célébré dans la d. église de Rochefort incessamment quantité de messes par MM. les chanoines du d. chapitre, les prestres de la paroisse, les prestres et recteurs des paroisses de Malansac, de Saint-Martin, de Caden et autres circonvoisines.

La cérémonie, messe et sépulture, a été faite le plus solemnellement que jamais faire se peut d’ans la d.. église, comme estant environ près de cinquante prestres, huit à l’autel, trois chapes au choeur, et le tout en fort bel ordre, chapelle ardente, grand et continuel son de cloches. Et environ une heure de l’après midy, on a descendu le d. corps dans un enfeu. profond de six pieds, large de cinq, situé du costé de l’évangile, sous la plus grande pierre de grain qui y soit, entre la porte de la sacristie de la ville et le grand autel du choeur du d. chapitre ; à l’ouverture du quel enfeu on y a trouvé une châsse de plomb, et sur la châsse un écusson de bois de liège (?), à ce que l’on croit, et un corps dans la d. châsse depuis 160 ans.

Présents étaient aussi M. l’abbé de Campzon (Jean de Kermeno), recteur de Questembert, et toute la noblesse des paroisses voisines. Son coeur a été porté à Noyal ».

Bientôt de nouveaux tiraillements se produisirent entre le chapitre et la trêve. Les chanoines, ennuyés de ces taquineries, refusèrent en 1701 de fournir le pain bénit, comme ils l’avaient fait jusque-là. Au mois de juin 1709, ils statuèrent que celui d’entre eux qui assisterait aux offices de la paroisse, au détriment de ses obligations du choeur, paierait une amende. Mgr François d'Argouges fut obligé d’intervenir, le 5 mars 1711, pour bien fixer les droits respectifs.

Voici les noms des chanoines rencontrés au XVIIIème siècle :

François Maubec, mentionné en 1719, mort en 1726.

Charles Pageot, mentionné en 1730.

Pierre Le Pelletier, chanoine et chantre, mort en 1733.

Jean de Lanoë, chanoine.

Julien Bertin, chanoine, puis doyen en 1736, mort en 1762.

Louis-Alexandre Boubillon, chanoine et chantre, 1753.

Joseph Bertho, vivant en 1760, mort en 1785.

Jean-René Le Clainche, doyen en 1762, mort en 1767.

Charles-Jean Boyer, cité en 1760.

Charles N. Bourdet, vivant en 1760 et 1785.

N. Thébaud, mentionné en 1764.

Théodore Prioul de la Toise, doyen en 1767, mort en 1784.

Pierre Brohan, chanoine et curé, mort en 1774.

Louis Chevereux, chanoine, mort en 1769.

Louis Lucas, pourvu en 1767.

N. Bertho, cadet, cité en 1775.

Jean-Mathurin Le Gal, pourvu en 1769.

N. Le Franc, chanoine en 17...

Barnabé Evain, de Bains.

Jean-Baptiste Maury, doyen en 1784, recteur de Pluherlin.

Yves-Joseph Malary, chanoine en 1785, démissionnaire.

N. Gautier. 

Jean-Marie Merlet, curé de Rochefort.

Julien Désalleurs.

N. Guérard.

Cette liste, péniblement formée, est encore bien incomplète.

M. Jean-Baptiste Maury, mentionné ci-dessus, était originaire de Bains et avait été pourvu de la paroisse de Pluherlin en 1776. Jaloux de ses droits, il se plaignit des transactions anciennes, et au lieu de les déférer à l’autorité ecclésiastique il les dénonça au parlement. Celui-ci, toujours avide d’affaires pareilles, se mit à la place du pape et donna l’arrêt suivant, le 12 août 1784.

« Entre Missire Jean-Baptiste Maury, recteur de la paroisse de Pluherlin-Rochefort, appelant comme d’abus d’ordonnance rendue par le R. P. en Dieu Louis de Vautorte, évêque de Vannes, le 8 octobre 1685, et d’autre ordonnance rendue par le R. P. en Dieu François d'Argouges, aussi évêque de Vannes, le 5 mars 1711, et demandeur en requête verbale à fin de rapport des arrêts de 1779 et 1782, Me Gohier avocat, d’une part ; et les doyen, chanoines et chapitre de l’église collégiale de Notre-Dame de la Tronchaie de la ville de Rochefort sous Pluherlin, intimés et défendeurs, Me Gerbier, avocat, d’autre part ;

LA COUR, faisant droit dans l’appel comme d’abus... a rapporté les arrêts de 1779  et 1782, fait défense aux parties de Gerbier de s’en aider et servir ; dit qu’il y a abus dans les d. ordonnances de 1685 et 1711 ; en conséquence maintient les parties de Gohier dans le droit d’administrer les sacrements et de donner la sépulture aux chanoines de la collégiale, de faire la bénédiction des fonts baptismaux, de bénir le prédicateur, d’annoncer le jubilé et le Te Deum, de permettre aux prêtres étrangers de dire la messe dans la nef, d’y porter l’étole quand il le jugera à propos, ainsi que ses vicaires, d'y faire les processions dominicales, et généralement toutes les fonctions et cérémonies qui concernent l’église paroissiale ; — sauf au chapitre à exercer dans le choeur de l’église les fonctions et prérogative qui leur appartiennent, et à prendre dans les enterrements, quand il y assistera en corps, rang et séance au-dessus des prêtres de la trêve, à l’exception de celui qui fera la cérémonie, et à précéder le clergé de la paroisse et succursale, même le recteur et le curé, dans les cérémonies et processions ;

Et faisant droit sur les conclusions du procureur général du roy, ordonne au recteur de Pluherlin de se conformer pour l’heure de la célébration des offices au règlement qui sera fait par le R. Evêque de Vannes, sans pouvoir troubler l’office canonial, sous quelque prétexte que ce soit » (Reg. 1784).

M. Maury, si raide vis-à-vis du chapitre, accepta néanmoins avec plaisir la place de chanoine-doyen, qui lui fut offerte le 6 avril 1785 par la dame de Rochefort. Voici l’acte de sa prise de possession, qui renferme des détails inédits.

« L’an 1785, le 11e jour d’avril, je soussigné, notaire du comté de Rochefort, certifie que sur la réquisition de noble et discret Messire Jean-Baptiste Maury, prêtre recteur de Pluherlin, je me suis transporté en l’église collégiale de Notre-Dame de la Tronchaye, pour rapporter acte de la possession que le d. sieur Maury entendait prendre de la dignité de doyen et chanoine de la d. collégiale, vacante par le décès de n. et d. Messire Théodore Prioul de la Toise, aux fins de la présentation faite au d. sieur Maury par Madame la marquise dé Nethumières le 6 de ce mois, et du visa lui accordé par M. Tranchant du Tret, vic. gén. le même jour ; où étant environ les 8 heures du matin, le d. sieur Maury a été mis en la réelle et actuelle possession du d. décanat et canonicat dans la forme et de la manière qui suit : Après les trois sons de la cloche à la manière accoustumée, un grand nombre de peuple de tout sexe rendu, le d. sieur Maury à genoux devant l’autel de saint Joseph, prés la porte du choeur, le chapitre, composé de MM. Bourdet, Le Franc, Evain, Merlet et Désalleurs, s’y est rendu en corps, précédé de la croix levée ; le d. sieur Bourdet, ancien chanoine, a donné lecture à haute et intelligible voix des d. actes de présentation et visa, et demandé s’il y avait quelqu’un qui eût moyen, de s’y opposer, sans qu’aucun se soit présenté pour y former opposition, le d. sieur Bourdet, ayant déclaré que le chapitre recevoit le d. sieur Maury, l’a revêtu d’un surplis et, lui a mis une aumuse sur le bras ; ensuite le d. chapitre l’a introduit processionnellement dans le choeur, en chantant le Te Deum, pendant la durée duquel le d. sieur Maury conduit par le d. sieur Bourdet, a monté à l’autel après s’y être agenouillé, et l’a baisé ; ensuite le d. sieur Bourdet lui a présenté l’évangile, sur lequel il a juré d’observer la fondation et les règlements du d. chapitre ; de là le d. sieur Bourdet l’a conduit dans la stalle du décanat, qui est la première dans le fond du choeur du côté de l’épître, où il s’est assis ; ensuite dans là sacristie, où il s’est assis dans la principale place du lieu capitulaire ; et revenant dans le choeur le d. sieur Bourdet a ôté. sa chape et l’a mise au d. sieur Maury, qui, le Te Deum fini, a dit l’oraison Deus cujus. Ensuite les d. chanoines sont rentrés dans la sacristie, pour rapporter acte de tout ce que devant sur le livre capitulaire ... ». Le Cadre, notaire (Insinuat. XXII. 8.).

Deux mois après, mourut Mme Marie-Françoise-Rose de Larlan de Kercadio, veuve de M. Paul-Charles Hay, marquis des Nétumières. « Le convoi fut fait par Mre J.-B. Maury, en sa qualité de recteur, depuis le château de Rochefort jusqu’à la porte du choeur du chapitre, et continué par le même dans le choeur, en sa qualité de doyen ».

Le 25 octobre 1790, fut publiée à Vannes la constitution civile du clergé, qui supprimait les chapitres des églises cathédrales et collégiales, et bouleversait la discipline. C’est alors que les chanoines de Rochefort furent dépouillés et forcés de se disperser.

Après la Révolution, M. Maury fut nommé recteur des Fougerets, M. Merlet de Pluherlin et M. Désalleurs de Billiers.

(abbé Le Mené).

 © Copyright - Tous droits réservés.