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DES SAINTS A RIEUX

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I. — MONSIEUR SAINT VINCENT.

Quel est ce Monsieur Sainct Vincent, dont parlent les registres de Rieux, à propos de sa fête, le 5 avril ? C'est saint Vincent-Ferrier.

Sur l'ordre de Dieu, ce moine (de l'Ordre de saint Dominique) de 49 ans a quitté le couvent d'Avignon, où il était alors, pour prêcher au peuple chrétien les Jugements de Dieu et, en inspirant la peur du Souverain Juge, arrêter les désordres, trop favorisés par les guerres incessantes. Le duc de Bretagne, Jean V, lui a envoyé un ambassadeur l'inviter à venir dans ses Etats. Maître Vincent, comme on l'appelait, a cédé aux instances du prince.

Le 14 février 1418, il est à Nantes où il prêche devant 70.000 auditeurs et accomplit plusieurs miracles. Il quitte cette ville le 18 et, par Guérande, arrive à La Roche-Bernard le 21. Le lendemain soir, il prend la route de Redon, toujours monté sur son âne, vu la faiblesse de ses jambes de septuagénaire. A Fégréac, alors prolongement et dépendance de Rieux, il rend l'ouïe à un sourd. Passant le pont de la Vilaine, il aborde à Rieux. Là, comme partout, sur la place une foule l'attend, accourue de loin, avide de l'entendre et d'obtenir des miracles ; ainsi guérit-il le petit Jehan de Couldebouc, d'Allaire, âgé de onze mois, et mourant.

Il se rend ensuite à Redon où les moines de Saint-Sauveur sont heureux de l'héberger. Pendant huit jours, l'ardent apôtre reste en cette ville, attirant au pied de sa chaire, dressée dans le cimetière, des dizaines de milliers d'auditeurs venus de Rieux et de vingt lieues à la ronde. Le matin, il célèbre solennellement la sainte messe, puis il s'adresse au peuple. Or, à mesure qu'il parle, on dirait que sa taille se hausse, que sa vigueur s'accroît. Sa voix, douce et caressante quand il évoque Jésus, Marie, le ciel, devient terrible lorsqu'il annonce les Jugements de Dieu. Sa physionomie se rajeunit, à tel point que, au lieu de 80 ans qu'on lui supposait au début, on lui en donne alors à peine 30. Les auditeurs éloignés suivent aussi facilement son discours que ceux qui sont au pied de la tribune. Et, chose étrange ! tous le comprennent, quoiqu'il s'exprime en espagnol, et surtout tous acceptent ses leçons et prennent de généreuses résolutions.

Le sermon achevé, une nouvelle transformation se produit en Vincent-Ferrier : il redevient le débile vieillard de tout à l'heure. Respectueuse, la foule s'écarte sur ses pas. Et lui, sourit et salue aimablement. On lui présente des malades : il s'arrête près de chacun d'eux, trace le signe de croix en disant : de la part de Jésus, et ils sont guéris.

Outre son passage, un autre fait de la vie de saint Vincent intéresse encore particulièrement Rieux, le voici. Au cours de son séjour à Vannes, il annonce à la Duchesse la future naissance d'un fils. Ce fils devait être Pierre II, le mari de Françoise d'Amboise, la sainte de Rieux.

Les prédications et les miracles de Maître Vincent à Rieux et Redon firent éclore dans toute la région, et pour des siècles, un renouveau de vie chrétienne. On n'y oubliera pas le grand Thaumaturge et l'on aimera l'invoquer, notamment lors des épidémies, comme durant la terrible peste de juin 1452 à novembre 1453, qui suscita tant de pèlerinages à son tombeau à Vannes.

La canonisation du saint, proclamée à Rome, le 29 juin 1455, fut célébrée à Vannes l'année suivante. Aux premiers jours d'avril, une foule innombrable se presse dans la cathédrale, dont la nef est en reconstruction et obstruée par les échafaudages. Les archers ouvrent un passage au cortège des moines avec leurs abbés, des dominicains avec leur Maître Général, des chanoines et des évêques : les huit évêques de Bretagne et six autres, plus l'archevêque de Rouen et le cardinal Alain de Coëtivy, légat du Pape ; celui-ci doit promulguer la canonisation et élever les reliques du saint. De toute la Bretagne sont accourus en masse les barons et les chevaliers ; à leur tête, le duc Pierre II et son épouse, Françoise d'Amboise. Tous les jours, ceux-ci seront à l'honneur et ils le méritent bien par le zèle qu'ils ont déployé pour le succès de cette cause de canonisation.

Le 4 avril au soir, on chante les premières Vêpres du saint, puis, au milieu de la nuit, Matines. A la fin de l'office, le Légat fait ouvrir le tombeau et en retire les reliques. Il les place dans une châsse nouvelle que l'on porte processionnellement autour de la cathédrale. Immédiatement après la châsse, suivent le duc, son épouse Françoise d'Amboise, et Marie de Rieux, mère de la duchesse. Le 5 avril, à la messe solennelle, le Légat proclame la canonisation et des hérauts la répètent en latin, en breton et en français. Ce fut une fête d'une splendeur inouïe et qui ne fut pas sans lendemain. Les Rieux restèrent très attachés au culte de saint Vincent, témoin ce don inscrit dans les Comptes de la Cathédrale : « 1497, 27ème de décembre, oblation faicte au cheff (tête) de Monsieur sainct Vincent par Monseigneur le Maréchal de Rieux et ses gens, 27 sous 7 deniers » [Note : Somme de valeur à cette époque ; peu auparavant, le duc Jean V offrait deux sous six deniers pour une messe au tombeau de Maistre Vincent].

 

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LA SAINTE DE RIEUX.

Enfance de la Bienheureuse Françoise d'Amboise. — Née en 1427, sans doute à Thouars, dont son père, Louis d'Amboise, était vicomte, elle avait pour mère Marie de Rieux, fille de Jean III de Rieux. A trois ans, elle est fiancée à Pierre de Bretagne, second fils du duc, âgé de douze ans. Pour échapper au duc de la Trémoille qui avait emprisonné son mari, Louis d'Amboise, Marie de Rieux se réfugie chez le Connétable Arthur de Richemont, très affectionné pour son neveu Pierre de Bretagne.

La duchesse, la si pieuse et si bonne Jeanne de France, se charge de la petite Françoise : « Elle lui enseignait, rapporte la chronique, ses créances (croyances) et même à faire oraison selon la méthode que Maistre Vincent (Ferrier) lui avait apprise ». Maintes fois, le duc et son épouse amenèrent l'enfant visiter son grand-père à Rieux, puis, après la mort de celui-ci en janvier 1431, son oncle François.

Peu après, le 20 mai, le duc, revenant de l'Anjou chercher la duchesse à Rieux, y apporte la triste nouvelle du procès de Jeanne d'Arc et de sa prochaine condamnation au bûcher ; tous en éprouvent une indicible désolation.

L'année suivante, Françoise, n'ayant que cinq ans, est jugée digne de faire sa première communion, le 1er novembre. Avec quelle piété elle reçut l'Hostie sainte ! « On eût dit un ange, racontent des témoins, tant sa pureté, son bonheur transparaissaient sur son visage ! ».

Dès ce temps-là, on admirait sa charité envers les malheureux ne pria-t-elle pas un jour, sa domestique « de porter ses chaussures à la statue de son patron, saint François d'Assise, dont les pieds étaient nus dans ses sandales ».

Mais la duchesse ne tarda pas à tomber gravement malade. A son lit de mort, en septembre 1433, elle donne à ses enfants ses suprêmes recommandations, puis à la petite Françoise qu'elle bénit avec effusion en lui remettant son chapelet, don de saint Vincent-Ferrier. Ensuite, elle lui demande spécialement d'engager le duc et les princes à poursuivre la canonisation du grand serviteur de Dieu. Françoise le lui promit et tint merveilleusement sa promesse. Le 20 septembre, la duchesse Jeanne mourait, pleurée de tous, et particulièrement de sa jeune protégée.

La mort du duc Jean V, le 28 août 1442, n'interrompt pas les relations amicales qui existaient entre François Ier de Bretagne et la famille de Rieux, ce qui fournit à Françoise l'occasion de revoir souvent le cher pays de Rieux.

Le mariage de Françoise. — Elle atteignait environ seize ans. C'était une jeune fille toute parée de grâces, au visage joyeux et souriant, si simple, si ouvert qu'il charmait la Cour et le peuple. « Elle était, écrit dom Lobineau (Vie des Saints de Bretagne), d'une taille très déliée ; elle avait le teint fort blanc, les yeux grands, la bouche de même. Ses habits n'avaient rien qui ne répondit à la dignité de son rang. L'or et les pierreries brillaient dans sa coiffure ; elle portait des colliers de prix, des chaînes d'or, des roses de diamant, des fourrures délicates, des étoffes rares ».

Pareille splendeur causa une vive impression au jour du mariage de Françoise avec Pierre de Bretagne (1442), d'autant qu'elle avait dû revêtir le costume des grands jours. Sa coiffure était le hennin, véritable monument d'étoffe précieuse taillée en cornet pointu long d'une aune, dont la pointe supportait un voile de gaze tombant jusqu'à terre. Quant aux cérémonies, elles furent d'un faste inouï et groupèrent toute la noblesse du duché à laquelle s'était jointe une foule de bourgeois et de roturiers, suivant le désir de la charitable mariée.

En 1445, les jeunes époux vinrent visiter leur oncle en son château de Rieux. « La princesse, relate la chronique, arriva dans son queurre [Note : Carrosse, chose rare à cette époque où les ornières garnissaient les routes], accompagnée de sa Maison qui comprenait vingt dames et demoiselles d'honneur. Elle amenait en outre une partie de sa domesticité : lingère, lavandière, broderesse et rigotière (coiffeuse). Elle était suivie de ses lévriers confiés à son piqueur, mais elle avait toujours près d'elle le beau lévrier blanc que, en 1442, un écuyer du vicomte de Rohan lui avait donné ». Les équipages de son mari n'étaient pas moins fastueux. Aussi n'est-il pas étonnant que cette visite princière ait causé une profonde sensation sur le peuple de Rieux, frappé surtout de la bonté de la jeune princesse et de ses attentions pour les pauvres gens.

Bientôt se produit un froid entre le duc et Pierre de Bretagne ; la cause en est l'emprisonnement de leur jeune frère Gilles. Mécontent des reproches de Pierre, le duc le relègue avec son épouse à Guingamp.

En vain Gilles est-il défendu par eux comme par leur oncle Arthur de Richemont : le malheureux est assassiné dans sa prison la nuit du 24 au 25 avril 1450. Dure épreuve pour Françoise de perdre un beau-frère qui avait été le gai compagnon de ses premiers jeux et qu'elle affectionnait toujours.

Or voilà que, peu après, l'on apprend la grave maladie du duc ! Le malade mande à son chevet Pierre et Françoise ; tous les deux accourent à Vannes et entendent le mourant leur signifier ses dernières volontés en présence des prélats et des seigneurs de sa Cour. Il exprime son repentir, reçoit pieusement les derniers sacrements et meurt le 18 juillet 1450.

Duchesse de Bretagne. — Le duc François Ier n'ayant laissé que des filles, la couronne ducale revenait à son frère, Pierre, l'époux de Françoise d'Amboise : ce fut Pierre II. Après avoir présidé les obsèques du défunt à Saint-Sauveur de Redon, obsèques auxquelles prirent part un grand nombre d'habitants de Rieux, les nouveaux souverains se rendent à Rennes pour y recevoir la couronne ducale que Françoise portait sur un bonnet d'étoffe précieuse enrichie de pierreries [Note : Ainsi représentée dans une estampe de dom LOBINEAU]. De là, en octobre, ils vont à Montbazon faire hommage du duché au roi Charles VII, leur oncle. Devant, à cette occasion, être assez longtemps absent de ses Etats, le duc nomme son cousin François de Rieux lieutenant général pour gouverner en son nom.

Le duc Pierre II désirait acheter à Nantes « l'Hôtel de Rieux, sis en face de l'église Saint-Vincent, maison fort ample et spacieuse, avec ses jardins, édifices et autres appartenances ». Le sire de Rieux y consentit et céda le tout au duc en 1455 pour cent livres de rente. L'acte ajoute : « Ne comprend en ce transport ledit Rieux sa fondation, prééminence et logis qu'il a au couvent des Carmes, ni autres devoirs et revenus en la ville de Nantes ».

Les honneurs et les charges de sa haute situation n'empêchaient pas Françoise d'Amboise de penser à sa promesse d'activer la cause de canonisation de Saint Vincent-Ferrier et elle usait de toute son influence dans ce but. Aussi avec quelle joie salua-t-elle la publication du décret de canonisation ! Avec quel empressement et quelle piété assista-t-elle avec son mari, et à la place d'honneur, aux fêtes splendides qui célébrèrent à Vannes cet événement, du 1er au 5 avril 1456 ! Avec quelle vénération elle reçut du légat, à l'exhumation des restes du Saint, sa ceinture, son bonnet doctoral et l'un de ses doigts ! Après les fêtes, elle aimait passer à Rieux un temps plus ou moins long, afin de se reposer en cette atmosphère si calme et si enchanteresse des bords de la Vilaine. Mais elle avait toujours soin de dédommager ses hôtes des frais qu'elle leur occasionnait, comme en témoigne ce compte : « A Pierre Gouecel, de Rieux, pour récompense des pertes et charges qu'il eut durant le temps que la duchesse fut audit lieu de Rieux, etc... » (suit la liste des versements) (Dom MORICE, Histoire, II, Compte de Guion de Carné).

De 1456, il existe un portrait de Françoise d'Amboise, peint d'après nature, donné plus tard par elle aux Dominicains de Nantes. Combien différent de celui de 1442 ! Elle y est vieillie, moins par les années — elle n'a pas 30 ans — que par les peines. Peines causées par son mari, longtemps indigne d'elle par son caractère jaloux et qui fut plusieurs années avant de s'amender. Peines causées par l'assassinat de son beau-frère Gilles et la trahison de son père passé aux Anglais. Ses pénitences avaient d'autre part contribué à la vieillir, mais en revanche elles lui méritèrent la conversion de son mari qui ensuite, dit un auteur, « se distingua par sa piété envers Dieu et sa charité envers ses sujets ».

Hélas ! le 22 septembre 1457, un deuil cruel venait frapper la jeune duchesse et, avec elle, toute la Bretagne : Pierre II mourait au château de Nantes, à l'âge de 39 ans seulement.

Dans le veuvage. — Dès lors, Françoise d'Amboise ne songe plus qu'à embrasser la vie religieuse. Entrée en 1459 au couvent des Clarisses, fondé par elle à Nantes, la maladie la contraint d'en sortir. Ayant recouvré la santé, elle se décide, sur les conseils du Général des Carmes, à être Carmélite. En attendant, elle fonde un couvent de Carmélites au Bondon près de Vannes. Mais une maladie contagieuse l'oblige à disperser sa communauté. Avec sa mère, Françoise se retire au château de Rochefort-en-Terre. Alors, afin de couper court aux projets de mariage formés pour elle, elle fait le voeu de chasteté à haute voix, avant de communier, dans l'église de Pluherlin.

Ce voeu soulève contre elle sa famille qui essaie vainement de la dissuader d'entrer en religion. Louis XI lui-même, venu à Redon et à Nantes en 1462, ne réussit pas davantage. On tente alors de l'enlever de force un jour qu'elle priait au tombeau de son mari. Elle résiste et appelle au secours. Des bourgeois du voisinage l'entendent et accourent en criant : « On veut enlever la duchesse ! ». Aussitôt des chaînes se tendent dans les rues ; 4.000 hommes armés et embastonnés l'entourent et la ramènent chez elle, en sûreté. Peu après, elle séjourne six mois au château du Gâvre qui fait partie de son douaire. Le 24 janvier 1465, elle y assiste à la mort de sa mère qu'elle amène inhumer aux Cordeliers de Nantes.

Au Carmel. — Le 21 décembre, le monastère du Bondon est achevé et nommé le couvent des Trois Maries. Les Carmélites s'y installent ; quant à la pieuse duchesse, quelques affaires la retiennent dans le monde. Plusieurs fois, elle vient encore à Rieux, tout heureuse d'y séjourner un peu avant d'entrer au cloître. C'est le 25 mars 1468 qu'elle peut enfin réaliser son voeu et qu'elle prend l'habit du Carmel, en présence de l'évêque de Vannes et d'un grand nombre d'assistants. Un an après, au comble du bonheur, elle y prononce ses voeux solennels.

Au Carmel, Françoise d'Amboise mène une vie tellement sainte qu'elle excite l'admiration de tous ceux qui en sont témoins : logeant dans une étroite cellule sans feu, n'ayant d'autres meubles qu'un misérable lit, une table et un escabeau. Elle mangeait avec les autres au réfectoire et, au lieu de prendre ensuite un peu de récréation dans le jardin, elle montait à l'infirmerie soigner les malades. Son vêtement était d'un gros drap roux sous lequel elle portait un cilice. Elle continuait à se flageller, parfois jusqu'au sang. Son bonheur était de rester au choeur et d'entendre plusieurs messes, agenouillée et sans jamais s'appuyer, ce qui provoqua de douloureux callus aux genoux.

En 1475, ses Soeurs, à l'unanimité, l'élisent prieure. Par humilité, elle refuse et il faut toute l'autorité du Père Général pour obtenir son acceptation. On ne le regretta pas, car elle s'appliquait à maintenir strictement la Règle, à prévenir les abus, à sanctifier ses moniales. Tant de vertus lui obtiennent la conversion de François II. Il renonce à ses désordres dès 1471 et, resté veuf en 1469, il se remarie avec l'excellente Marguerite de Foix, celle que lui proposait la sainte Carmélite.

Cependant le duc François II, désireux de la rapprocher de lui, propose à Françoise le prieuré des Coets, au sud de Nantes, où vivaient seulement sept religieux, sans clôture ni ferveur. Avec l'autorisation du Pape Sixte IV elle y vient en décembre 1477, accompagnée de neuf de ses religieuses, ce qui cause à Vannes une désolation générale, aussi les gens du peuple protestèrent-ils contre le départ de leur Sainte, comme ils la nommaient. Mais le Pape avait parlé, Françoise s'inclinait.

La mort. — Sept ans après son arrivée au prieuré des Coets — sept ans de vie toujours plus édifiante — l'heure sonne pour Françoise d'Amboise de recevoir la récompense éternelle. Elle venait de soigner à l'infirmerie des malades dont l'une mourut de contagion, quand elle-même sentit les atteintes de la maladie. C'était le 29 octobre, samedi avant la Toussaint. Une douleur générale la saisit, l'obligeant à se mettre au lit. Le lendemain, elle descend communier à la messe de communauté, mais vers midi, elle doit rentrer à l'infirmerie. Le jour de la Toussaint, la malade endure de vives souffrances, tout en conservant le plus grand calme. Le jeudi, 3 novembre, elle se confesse et reçoit le Saint Viatique. Vers minuit, elle réunit toutes ses religieuses et, avec larmes, leur demande pardon de les avoir mal édifiées. Toutes ses filles fondaient en pleurs autour de son lit. C'était une scène déchirante !

Elle reçoit ensuite l'Extrême-Onction avec une grande piété, répondant elle-même aux prières. Le vendredi matin, 4 novembre, Françoise recommande ses Soeurs au R.P. Vicaire et les conjure de rester fermes dans leur vocation : « Je vous en prie, termine-t-elle, faites surtout que Dieu soit le mieux aimé ! ».

Elle perd ensuite la parole, mais non sa connaissance. A trois heures, elle recouvre la voix, regarde le ciel et, joignant les mains, elle dit tout haut : « Vous, soyez les très bienvenues, mes bonnes dames ! ». On lui demande ce qu'elle voulait dire : « Ce sont, répond-elle, les dames que j'ai toujours vénérées ; oh ! qu'il y a longtemps que j'ai désiré être avec elles ! ». C'étaient sans doute Sainte Ursule et ses compagnes pour lesquelles elle avait un culte particulier.

Quelques instants après, Françoise rendait son âme à Dieu, à l'heure où Jésus mourut sur la croix [Note : Vie de la Bienheureuse Françoise d'Amboise, par le Cardinal Richard, archevêque de Paris].

La glorification. — Le corps de la Bienheureuse fut inhumé à l'entrée du chapitre des Coets, suivant son désir. En 1492, il fut trouvé sans corruption et mis dans un tombeau élevé au-dessus du sol entre le choeur des religieuses et l'église extérieure. Retiré momentanément en 1568 par crainte des Huguenots, il y fut replacé en 1592 et y resta jusqu'en 1793. Le crâne et la plupart des ossements furent alors sauvés et sont conservés au couvent de la Providence, à Nantes.

Non seulement ses Filles, mais encore les écrivains et les populations lui ont constamment décerné le titre de Bienheureuse et l'ont honorée d'un culte fervent. Le 16 juillet 1863, le Pape Pie IX a confirmé ce titre de Bienheureuse et, l'année suivante, il autorisait en son honneur un Office particulier que les diocèses de Vannes et de Nantes célèbrent le 4 novembre.

Rieux n'a presque rien gardé de ses puissants seigneurs, pas même leur tombe dans l'ancienne église des Trinitaires. Les maréchaux de Bretagne et de France, les ducs et les duchesses sont rentrés dans l'oubli : seul, demeure vivace le souvenir de l'ange de bonté que fut Françoise d'Amboise.

Aussi est-ce à juste titre qu'elle a son autel et sa statue dans l'église paroissiale de Rieux, où l'on est heureux de vénérer ses reliques (fragments de ses os et de ses vêtements) et de chanter ses louanges (abbé Henri Le Breton).

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