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La crise protestante. — Continuation des troubles. — Conversion retentissante et mort héroïque. — Les seigneuries vassales. — Le peuple du comté. — La pratique religieuse. — Les registres paroissiaux. 

I. — LA CRISE PROTESTANTE.

Au moment où s'ouvrait le XVIème siècle, le Comté de Rieux avait pour seigneur Jean IV de Rieux, qui continue à jouer dans le Duché un rôle très important, comme homme de guerre et comme homme d'Etat, auprès de sa pupille, la Duchesse Anne de Bretagne.

Il meurt en 1518 et son fils, Claude Ier de Rieux, né le 15 février 1497, recueille sa succession. A la bataille de Pavie (1525), Claude est créé Maréchal de France en récompense de sa bravoure, malgré sa jeunesse. Mais il y est fait prisonnier avec François Ier.

En 1518, il avait épousé Catherine de Laval qui lui donna deux filles : Renée et Claude. Devenu veuf en 1526, il se remarie avec Suzanne de Bourbon dont il eut un garçon, Claude, et une fille, Louise. La mort le prit prématurément le 19 mai 1532 et son corps fut inhumé dans le tombeau de sa première femme, à Notre-Dame de la Tronchaye. Leurs statues tumulaires, transformées après la Révolution, seraient les statues actuelles de Notre-Dame et de Saint-Joseph.

C'est le fils de Claude Ier de Rieux et de Suzanne de Bourbon qui succède à son père, sous le nom de Claude II. N'ayant que deux ans, puisque né en 1530, il reste sous la tutelle de sa mère. Plus tard, il paraît à la Cour de François Ier et de Henri II sous le titre de comte d'Harcourt. Au couronnement de ce dernier, il figure parmi les principaux seigneurs du royaume. De santé délicate, il meurt le 26 avril 1548, sans avoir été marié. Avec lui s'éteignait la branche aînée des Rieux et le Comté revenait à sa mi-soeur, Renée de Rieux, fille de Claude Ier et de Catherine de Laval.

Renée de Rieux avait été mariée par ses parents au marquis de Nesle, horriblement laid, si bien qu'elle refusa de vivre avec lui. Elle venait de recueillir la succession de Guy XVII de Laval, mort sans postérité (1547), quand elle devint comtesse de Rieux.

Elle se trouvait être ainsi la princesse la plus riche de France, la plus dépensière aussi.

Dès lors, son mari se fait appeler Guy XVIII de Laval et elle-même prend le nom de Guyonne XVIII, mais le peuple, à cause de ses extravagances, la surnomme Guyonne la Folle. Elle se targuait aussi d'être Dame de Laval, Rieux, Rochefort, La Roche-Bernard, la Bretesche, Largouët, Comper, Ancenis, Vitré, etc.

En 1558, les démêlés scandaleux de Guyonne la Folle avec son mari lui valent d'être excommuniée par le Pape. A cette sentence elle répond en se faisant huguenote [Note : Terme qui désignait alors les calvinistes]. Ce qui n'étonne pas quand on sait qu'elle était la belle-soeur de François de Coligny d'Andelot, baron de la Roche-Bernard, farouche calviniste, comme son frère, l'amiral de Coligny.

Conspirant sans cesse contre le roi Charles IX, Guyonne fut condamnée à mort et exécutée en effigie : en signe de déchéance, ses armes renversées furent traînées dans les rues de Paris à la queue d'un cheval. Elle mourut en 1567 sans postérité et ses titres, avec une partie de ses biens, passèrent à son neveu, Paul de Coligny, ou Guy XIX de Laval, âgé de 12 ans. L'autre partie de ses propriétés revint à sa soeur Louise de Rieux, mère de Charles Ier de Lorraine, duc d'Elboeuf, pair de France, comte d'Harcourt, de Rieux et de Rochefort ; étant tout jeune, car il était né en 1556, il en devint propriétaire par représentation de sa mère.

Guy XIX avait été élevé dans le calvinisme par son père, Coligny d'Andelot, qui avait fait de La Roche-Bernard le premier foyer de propagande protestante en Bretagne. Sa mère, Claude de Rieux, fut même victime de son fanatisme ; sur le point d'être mère, elle se fit porter en litière à une cérémonie de son culte en la chapelle Notre-Dame, à La Roche-Bernard ; mal lui en prit, car peu après, elle fut frappée d'apoplexie et mourut sans repentance (1561).

Malgré le zèle de ses seigneurs, Rieux ne constitua jamais une église protestante organisée. Ce fut seulement un lieu d'assemblée occasionnelle où se rencontraient les hérétiques des environs. Pour les réunions solennelles — les Cènes — les adeptes se rendaient à La Roche-Bernard ou à Blain. S'il y avait des défections dans les hautes classes, les gens du peuple demeuraient fidèles à l'église romaine et se glorifiaient du titre de papistes dont les qualifiaient les huguenots. Ainsi le culte catholique continue-t-il et même les visites épiscopales, assurées par des représentants de l'évêque.

Les calvinistes ne formaient pas seulement une secte religieuse, mais encore un parti politique. Bientôt, unis avec les mécontents du royaume, ils allument la guerre civile pour s'emparer du pouvoir : ce fut la première Guerre de Religion. En Bretagne, les catholiques se défendent vivement. La Paix d'Amboise ramène un peu de calme. C'est alors que meurt Guyonne la Folle (1567).

Les huguenots reprennent bientôt les armes et terrorisent nos pays (1568-1569). Afin de rétablir l'ordre, Charles IX lève des troupes et, pour les frais de la campagne, il obtient du Pape l'autorisation de prélever une taxe sur les biens de l'Eglise « à cause du caractère religieux de la guerre ». A Rieux, le ministre des Trinitaires est taxé à 60 livres, le prieur de Saint-Melaine à 132, le prieur de Cadoudal à 24. Rien pour les paroisses.

Le 27 mai 1569, Coligny d'Andelot meurt d'un accès de fièvre chaude, après la bataille de Jarnac et son fils Paul, déjà héritier de Rieux depuis 1567, lui succède dans sa baronnie de La Roche-Bernard, sous le nom de Guy XIX. Pendant la paix qui régna de 1569 à 1572, le comte de Rieux eut l'honneur de recevoir en son château de la Forêt-Neuve, le roi Charles IX, la reine Catherine de Médicis, le duc d'Anjou (futur Henri III) et le Cardinal de Lorraine ; c'était le 7 mai 1570.

Le Massacre de la Saint-Barthélémy, le 24 août 1572, jette la panique parmi les huguenots. Ils se cachent ou s'enfuient à l'étranger. Parmi ceux-ci, le jeune Guy XIX qui, plus heureux que son oncle et tuteur, l'amiral de Coligny, réussit à se sauver en Allemagne.

Il en revient au printemps de 1576 à la faveur de la paix conclue par Henri III avec les calvinistes. Moins sectaire que son père, il répare aussitôt certaines injustices dont les catholiques avaient été victimes dans ses fiefs. Ainsi, le 5 novembre, il fait « mandement de rendre bonne justice aux religieux et au couvent de Rieux ». A cette date, d'ailleurs, la réaction catholique grandissait sous l'influence de la Ligue, fondée par le duc de Guise. Son principal lieutenant en Bretagne était le marquis de Rieux-Sourdéac, resté fidèle à la foi des aïeux, comme la presque unanimité du peuple.

Aux malheurs de la guerre civile vient s'ajouter en 1580 une violente épidémie. En ce temps-là, note Louveau, le pasteur protestant de La Roche-Bernard, il arriva une maladie presque universelle et contagieuse qui parcourut l'Europe comme un feu volant et occasionna une grande mortalité au pays de Vilaine, parce qu'on ignorait le vray remède qui est de bons vivres et de vin clairet, sans saignées ni purgation (Voir les Mémoires du Pasteur Louveau, conservés par son coreligionnaire, l'historien Philippe Le Noir). Agréable médication... peut-être pas à la portée de tous !...

Le jeune Guy XIX épouse, en 1583, Anne d'Allègre. Ardente huguenote, celle-ci pousse son mari à reprendre les armes en 1585 lorsqu'éclate la 8ème Guerre de Religion, allumée par le prince de Condé. Guy XIX lève alors une troupe de soldats et gagne la Charente où déjà la lutte bat son plein. Après la bataille de Brouage, il accompagne Condé qui s'efforce à Taillebourg de barrer la route au capitaine catholique Tiercelin, puis à Saint-Jean d'Angély. Le 7 avril 1586, il se distingue encore à Saintes par ses prouesses ; mais, malgré leur bravoure, les huguenots sont écrasés par leurs adversaires. Guy XIX sort indemne de la lutte, tandis que ses deux jeunes frères, Rieux et Sailli, y sont mortellement blessés : Sailli meurt le soir même et Rieux deux jours plus tard.

Guy en conçoit un tel chagrin qu'il tombe malade et s'éteint le 15 avril 1586, à l'âge de 30 ans. Il ne laissait qu'un fils, né le 5 mai 1585, qui fut Guy XX de Laval, sire de Rieux et de Rochefort, comte d'Harcourt, etc.

 

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II. - CONTINUATION DES TROUBLES.

Pour conserver son enfant au milieu des dangers de la guerre civile, Anne d'Allègre l'emporte à Sedan, déguisée en paysanne. Dans son fanatisme, elle va communiquer l'erreur à son fils tout en cultivant sa brillante intelligence.

Le calme régnait à peu près au pays quand un grave événement vint y rallumer les dissensions. Cet événement, c'est l'assassinat du roi Henri III le 1er août 1589. Cette mort rendait héritier du trône de France le calviniste Henri de Navarre qui prit le nom d'Henri IV.

Le reste du mois d'août fut assez tranquille et dom Jehan Blouet, jeune prêtre de Berduc en Rieux, put célébrer sa première grand'messe en l'église paroissiale le 24 août. D'ailleurs, les cérémonies religieuses avaient continué à Rieux durant cette période mouvementée ; par exemple, en 1587, Guillaume Le Liepvre, curé de Rieux, avait fait un baptême avec assistance de dom Vincent Monthouer, dom Julien Torlay, dom Lucas Jouan. Plus tard, en 1593 et 1594, il y aura jusqu'à neuf prêtres à des baptêmes.

La fin de 1589 fut plus troublée : c'est que le clergé paroissial et les religieux étaient divisés d'opinion politique : les prêtres de la paroisse opinaient pour Henri IV, les religieux, en partie du moins, pour le Cardinal de Bourbon, proclamé roi par la Ligue sous le nom de Charles X.

Ligueurs et royalistes. — Le ministre des Trinitaires, Frère Etienne Coppale, originaire de la paroisse, ardent ligueur, expulse de la chapellenie Saint-Antoine, Fr. Olivier Le Clausne, comme rallié à Henri IV. C'était pourtant l'un de ses religieux, celui-là même qui, en 1588, l'avait mis en possession de son bénéfice ! En même temps, il en écarte les autres prêtres chargés de desservir la chapelle et il se substitue à eux par la force. L'un de ceux-ci, messire Guillaume Marchand, résiste. Alors « le 2 mars 1589, Fr. Coppale invite les autorités de Rennes à venir constater les brisures et ouvertures faites à la chapelle Saint-Antoine par messire Guillaume. Marchand qui avait fait en outre plusieurs menaces de tout genre audit suppliant ».

De son côté, Fr. Le Clausne adresse une supplique en reconnaissance de ses droits, dans laquelle, malgré tout « il reconnaît être disciple et religieux sous ledit Coppale ».

Le 28 novembre 1589, le Parlement de Rennes rend une Ordonnance déclarant « Coppale déchu de toute prétention sur Saint Antoine ». En même temps, les soldats (de la Ligue) s'en prennent au vicaire de Rieux qui note ainsi leurs déprédations dans un registre paroissial :

« Mémoire du jour que les soldats vinrent en la paroisse de Rieux, et fut ung jour de dimanche 1589 du moys de décembre (suivent des pages illisibles, puis) : cassez et diffamez, à cause et par les meschants soldats et volleurs, brigands soldats, que dom Guillaume (Marchand) estoit soubcuré de la Paroysse de Rieux ; et luy ont faict dommage de la valeur de deux cents escus et plus. Tout rompu, brisé, emporté : linge, langes, accoutrements de toutes espèces, et tous ses libvres ».

Coppale n'accepte pas l'Arrêt du Parlement et le 14 août 1590, ce tribunal édicte un nouvel Arrêt contre le ministre « le premier n'ayant pas eu d'effet, parce que ledit Coppalle l'avait porté à certains soldatz du parti des ennemys du Roy (ligueurs) et rebelles, à Nantes, ville rebelle ». Mais, à Nantes, s'est établi un Parlement de ligueurs et celui-ci naturellement donne raison à Coppale qui s'empresse d'afficher cette sentence à l'église de Rieux.

En conséquence, Fr. Le Clausne ne peut toucher les fruits de sa chapellenie et il réclame au ministre deux cents escus. Ce dernier ne s'exécutant pas, le Parlement de Rennes ordonne de le saisir, lui et ses biens.

Comment se termina cette affaire ? Nous l'ignorons, mais une chose certaine, c'est que les troubles continuent au détriment des villes et des campagnes tour à tour pillées par les ligueurs et par les royalistes.

C'est au cours de ces Guerres de Religion que Jean de Rieux s'illustre en défendant avec succès le château de Pierrefonds en 1591 contre le duc d'Epernon, chef royaliste. Il bataille ensuite contre de Biron et contre Henri IV au siège de Noyon ; il faillit même s'emparer de ce prince en forêt de Compiègne. Mais il n'eut, pas la chance d'échapper aux royalistes qui le font prisonnier et le pendent à Compiègne en 1593. Jean de Rieux laissait la réputation d'un chevalier brave et sans peur, mais pillard : il sacrifiait ainsi aux moeurs des armées de cette époque.

Les ligueurs de Bretagne vont-ils se rallier à Henri IV, lorsque le Béarnais se convertit au catholicisme en 1593 ? Pas tous, ni tout de suite. Les hostilités continuent donc. Le duc de Mercoeur, gouverneur de la province, refuse de reconnaître Henri IV tant que le Pape ne l'aura pas absous. La mère du jeune comte de Rieux, Anne d'Allègre, elle aussi, reste fidèle à Henri IV, sans toutefois l'imiter dans sa conversion.

Au couvent de Rieux se produit un changement de supérieur. Le ministre provincial condamne les agissements de Fr. Coppale et le destitue, le remplaçant par Fr. Robert Yvon vers 1596. Fr. Coppale se soumet ; il fait plus tard hautement amende honorable de sa conduite et déclare qu'il « il avait plusieurs fois failli et qu'il s'en repentait ». Par l'intermédiaire de son provincial, il implorait le ministre Fr. Yvon, de lui pardonner et de le recevoir au couvent, lui promettant de vivre désormais ensemble « en confrère et amy » (23 février 1601).

Ces incidents nous montrent les tristes effets des troubles politiques, en même temps qu'ils nous découvrent le relâchement où était tombé le couvent des Trinitaires de Rieux, comme tant d'autres d'ailleurs, à cette époque. Les vocations étaient aussi devenues plus rares : ainsi, en 1579, il ne subsistait à Rieux que six religieux : le ministre, Fr. Coppale, trois autres profès et deux novices.

Le nouveau ministre, Fr. Yvon, fut durement molesté par les soldats du roi après la prise de Redon en 1597. « L'an 1597, le 24 juin, estant la feste de la Pentecoste, rapporte la Chronique, Fr. Robert Yvon estant à chanter Matines au couvent Notre-Dame de Rieux, dont il était ministre, fut prins et enlevé par un nommé Fr. Olivier Le Clausne et lesdits religieux du couvent, et pour lors apostat, accompagné de vingt soldats, et fut ledit Yvon mené et conduit plus de nuict que de jour avec de grandes cruautés jusque dedans le fort de Brest, où, par force, on lui fit résigner ledit couvent de Rieux, et après, fut détint prisonnier l'espace de cinq mois ».

Bientôt, la Bretagne tout entière reconnaît Henri IV et « les Estats de Rennes, en don de joyeux avènement, baillent deux cent mille escus au Roy par capitation sur les ecclésiastiques, la noblesse et les communautés de ville, et ne lèvent ceste année ung seul liard au plat pays (à la campagne), fors les simples fouages, qui est à raison de trois-vingts sols (soixante) par feu, dont y a trente-six mille en Bretaigne » [Voir les Mémoires de Mornaye (1549-1623)].

L'année suivante, 15 mars 1598, le duc de Mercœur signait avec Henri IV le Traité d'Angers et lui remettait les places encore en son pouvoir. En avril, le roi venait officiellement prendre possession de Nantes. Incidemment, les registres de Rieux mentionnent le fait :

« 1598, 10 avril. Baptême de Mathurin Le Roux, de la paroysse de Saint-Elvoy [Note : Saint-Elvoy est devenu Saint-Dolay, dérivé par altération de Saint-Aelwod, Saint-Aloi ; comme en breton le t de sant (saint) a presque le son du d, on a prononcé Saint-Daloi, puis Saint-Dolai (de la Borderie, de la Villemarqué)], ses parents estant fugitifs à cause de l'armée royale, le Roy estant en la ville de Nantes et y faisant son entrée après un accord avec le duc de Mercœur. Baptême fait par Guil­laume Marchand, vicaire de Rieux ; était présent messire Julien Chemin, vicaire de ladite paroysse de Sainct-Elvoy ».

Cette entrée solennelle de Henri IV à Nantes eut lieu le 13 avril, aux acclamations d'une foule immense accourue jusque des rives de la Vilaine. Le 30, il y publiait le fameux Edit de Nantes qui rétablissait le culte catholique là où les huguenots l'avaient supprimé et restituait aux églises les biens usurpés par eux. En revanche, les protestants obtenaient la liberté du culte public.

Néanmoins, comme il arrive après les violentes tempêtes, le calme ne se rétablit pas immédiatement entre partisans du roi et partisans de la Ligue, tant les passions avaient été surexcitées. Le chapelain de Saint-Antoine, Fr. Pierre Bézier, trinitaire, fut même « chassé par ses ennemys du pays de Rieux ». Ceux-ci s'emparèrent de la chapellenie pendant son absence et son procès. Il lui fallut en appeler au Parlement de Rennes qui, par arrêt, le remit en possession de ses droits. Fr. Bézier fit alors « signifier à dom Guillaume Marchand, vicaire, qu'il ait à luy remettre les fruits de la chapellenie, vu que lui seul a faict le service accou­tumé, fors depuis peu de temps qu'il a été chassé du pays ».

 

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III. — CONVERSION RETENTISSANTE ET MORT HÉROIQUE.

Pendant que se déroulaient ces événements, le jeune seigneur de Rieux, Guy XX de Laval, grandissait et se faisait remarquer par son intelligence et son savoir ; à 16 ans, en effet, il parlait couramment six langues : le français, le latin, le grec, l'espagnol, l'italien et le flamand. Ainsi que tous ceux de sa race, la passion des armes le dévorait, si bien que, à peine âgé de 18 ans, il part guerroyer, en Flandre d'abord (1603), puis en Italie (1604).

Quoique nourri dans le calvinisme, cet esprit élevé et droit ignore le sectarisme, ce qui le rend tout disposé à faire accueil à la grâce divine. Cette grâce lui fut offerte par la Providence à Naples. Le 19 septembre 1604, Guy de Laval y est témoin du célèbre miracle de la Saint-Janvier ; ce jour-là, le sang desséché du saint martyr, conservé dans un reliquaire de cristal, se liquéfie en présence de ses ossements, et cela, au vu de tous les assistants.

Très impressionné par ce miracle, le jeune calviniste décide d'étudier la religion catholique. Il s'ouvre de son dessein au Pape Paul V qui le reçoit en audience avec la plus grande bienveillance. De retour à Paris, le roi Henri IV l'accueille avec la plus gracieuse cordialité et, mis au courant de ses desseins, le confie à son propre confesseur, le vénérable Père Cotton. Après celui-ci, c'est le Père de Bérulle, le futur cardinal et fondateur de l'Oratoire, qui dirige le néophyte, et avec quel succès ! Bientôt, malgré les efforts de sa mère et des chefs huguenots, Guy XX abjure solennellement l'erreur le lundi de Pâques 1605, entre les mains du cardinal de Retz, évêque de Paris.

Ce même jour, le nouveau converti assistait à un exorcisme au couvent des Bernardins, quand, raconte un témoin, « la possédée du démon luy jette un coup de pied, luy disant qu'il n'était plus des siens, qu'il avait ce jour d'huy abjuré tout son venin, encore que cette profession de foy eust été restée secrette... Ce qu'ayant entendu ledit seigneur, il en sortit fort confirmé en sa créance » [Mémoires de Frère Emond, secrétaire du Cardinal de Bérulle (Archives Nationales, M. 223)].

Aussitôt le jeune homme s'efforce de convertir sa mère, devenue par son second mariage la maréchale de Fervacques. Dans une lettre touchante, il lui fait le récit de sa conversion et réfute les erreurs protestantes. En terminant, il la supplie de revenir à la foi catholique.

Il rêve aussi, l'ardent apôtre du Christ, de combattre les Musulmans, ces terribles ennemis de la Chrétienté, et il se décide à prendre part à la croisade engagée contre eux par l'empereur d'Allemagne. Auparavant, il tient à visiter ses domaines de Bretagne et du Maine. C'est au mois de mars 1605 qu'il passe à La Roche-Bernard et à Rieux dont les habitants, demeurés si catholiques, l'accueillent triomphalement.

Le 26 août 1605, Guy quitte Paris pour la Hongrie à la tête d'une compagnie de cent hommes, levée et entretenue à ses frais, ce qui lui coûte 36.000 livres dès avant son départ. Peut-être se trouva-t-il des hommes de Rieux à s'engager en cette croisade ?... Le 16 octobre, il arrive au camp de Conor, quartier général de l'armée catholique. De là, il part en campagne, s'illustrant en de sanglantes batailles où il déploie la fougue de la jeunesse et l'ardeur d'un croisé.

Hélas ! la mort devait bientôt arrêter ses exploits. Le 30 décembre, dans un combat d'une extrême violence, « alors qu'une multitude d'ennemis était déjà tombée, une de ses torsettes se défait et... voici une arquebusade qui, passant par l'endroit désarmé, luy donne au petit ventre [Note : Le ventricule (coeur)] et luy va rompre la veine-cave. Il mesprise le coup et dit que ce n'est rien. On retire par force ce jeune lion du combat. On le désarme... et il se fait une hémorragie, incontinent (aussitôt) qu'on l'eust dévêtu de sa cuirasse. Il s'arme l'esprit du sacrement de Pénitence, encore que, le jour précédent, il ait muni sa conscience des forces spirituelles... Et il rend son âme au Seigneur » [Consolation funèbre à Mme la mareschalle de Fervacques, par LE REBOURS, chanoine de Lisieux, 1606].

Ainsi mourut, âgé de vingt ans, pour la cause de Dieu, le jeune Guy XX de Laval, sire de Rieux, baron de La Roche-Bernard. Par son sang versé, il expiait les fautes de son père et de son aïeul, devenus les fauteurs de l'hérésie. Il fut le dernier de la branche Rieux-Coligny.

A l'exemple de leur seigneur, la plupart de ceux qui, à Rieux, avaient accepté la Réforme protestante revinrent bientôt à la foi catholique et firent leur abjuration publique en l'église Saint-Melaine devant le délégué de l'évêque de Vannes et devant deux notaires du comté qui en dressèrent l'acte officiel. De rares familles persévérèrent dans l'erreur et n'abjurèrent, nous le verrons, qu'à la fin du XVIIème siècle.

 

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IV. — LES SEIGNEURIES VASSALES.

Au cours des siècles précédents, les fiefs du comté de Rieux ont, pour la plupart, changé de titulaire, sinon de famille, car nombreux sont les fiefs « tombés en quenouille », comme l'on disait lorsque, en fait d'héritiers, il ne restait que des femmes.

Voici quels étaient, au XVIème siècle, les occupants de ces seigneuries.

Comenan. — Bonabes de Comenan (1540), épouse Julien de Quistinic (1571). En 1578, existait encore « Haute et puissante Dame Marguerite de Comenan, la dernière du nom, dame d'honneur de la reine de France, épouse de messire René de Rieux, chevalier, seigneur de la Feuillée ». La fille de Bonabes de Comenan, N. de Quistinic, épouse Marc de Rosmadec qui devint ainsi seigneur de Comenan en 1585.

Le Plessix de Ressac. — Au XVIème siècle, il y a deux manoirs au Plessix et le seigneur en est qualifié de Limur et du Plessix de Ressac. En 1575, Julienne de Limur, épouse Jehan de la Villegué, dont l'héritière, Renée, porte le Plessix aux du Maz en 1590. C'est alors que, pour perpétuer à Rieux le nom de Limur, on appela le Plessix de Ressac Plessix-Limur. Ensuite, nous trouvons Claude du Maz, Julien du Maz, Alexandre du Maz époux René Le Texier, dame de Gléré et de la Courberie ; Philippe du Maz, mort en 1665. L'aveu de du Guénégaud en 1681 cite un jeu de paume au Plessix.

La Bousselaie et le Fresche. — Passés aux de la Haye vers 1500 par mariage de Marie de la Boucelaye avec Guillaume de la Haye.

La Ricardaie. — Appartient aux de Chambellan qui occupent de hautes charges à la cour du duc, puis à la cour du roi de France. Jehan de Chambellan est l'un des cinquante hommes d'armes d'Anne de Bretagne avec pension de 400 livres (1508). Son fils François est chevalier de l'Ordre du Roi, comme son fils Paul et son petit-fils Pierre de Chambellan.

Le Tertre a pour occupant René de la Boucelaye de 1538 à 1577, puis son fils Pierre, auquel « une tombe et un banc » furent concédés en l'église de Rieux (1544). A la fin du siècle, le petit-fils de Pierre, Claude de la Lande, est seigneur du Tertre.

La Lande. — En 1536, au sieur du Helfau en Elven, nommé Lecomte.

Aucfer. — Jehan Le Gal, sieur de Kermeur, achète le fief à la fin du XVIème siècle pour 3.315 livres que lui devaient Jehan Desvaux et sa femme, de plus, des maisons et des terres sur le port du Quéfer (1597).

Langle. — Aux Le Gal, comme Aucfer.

La Montagne. — En 1588, à honorable homme Jehan Evain, marchand au port du Quéfer.

Le Branguérin. — Tenu en 1536 par Guillaume de Chantoriec.

Launay. — 1536 : à la dame de la Boucelaye.

La Graë. — 1536, au sieur Bonabes de Comenan, puis à Alexandre Fabron, procureur du Roy à Ploërmel, époux de damoiselle Anne Bréhault de la Rivière (1603).

Le Boschet et Livonnet. — 1580, à noble homme Jehan du Bochay, sieur de Livonnet et de Belorient.

Renac. — Fief et baronnie à Jehan du Maz, sieur du Brossay en Sainte-Gravée.

La Tabariaye. — 1572 : à François Davy, sieur de Brandehac (Botudal), riche marchand de drap à Redon, également propriétaire de la Diacraye et de Le Cleu en Redon. Alain Davy, son fils, sieur de la Diacraye et de Bois.

Bériolet. — 1588 : à Jean Larchier, bourgeois et marchand de Redon, sieur de la Guichardaie.

Botudal. — 1536 : à une mineure de la Pommeraye ; en 1561, à François Davy, de la Tabariaye.

Lézalaire. — A Jehan de la Villegué, sieur du Plessis-Limur.

Belorient. — A Jehan du Bochay, sieur du Boschet et de Livonnet.

Camzon. — A Olive Jégo, dame de Camzon.

La Courberie. — Aux du Maz.

Les Préaux. — A Francis Lermine par sa femme Isabeau Polo. Après lui, son fils François, puis la soeur de ce dernier, épouse d'Alain du Boisjean (morte en 1619).

Plusieurs de ces seigneuries ont été acquises par des bourgeois enrichis dans le commerce à Redon ou au Quéfer en Rieux. A leur exemple, des hommes de loi, sénéchaux et autres, acquièrent des gentilhommières et prennent le titre de sieur de N... Puis ils suppriment le terme sieur et ainsi s'anoblissent. Pour pallier aux abus en ce sens, furent édictées les Réformations qui exigeaient que l'on fît la preuve de sa noblesse depuis plusieurs générations.

 

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V. - LE PEUPLE DU COMTÉ.

Depuis la fin de la Guerre de Cent Ans, le peuple du Comté de Rieux se partage en laboureurs et artisans. Les laboureurs continuent à cultiver les domaines du seigneur et des autres propriétaires de fiefs et, de plus, les champs qu'ils peuvent avoir acquis. Les artisans, eux, exercent divers métiers de la campagne : sabotiers, cordonniers, forgerons et autres.

Le laboureux métier, comme disait le poète Villon, est devenu moins dur. Le linge est apparu, le paysan porte des chemises de gros chanvre roux, et, par dessus, un bliaut (blouse), des chausses, des houzeaux, un bonnet et, quand il va au travail, un bissac sur l'épaule. Tout est de chez lui, sauf le sel gris qu'il achète aux salorges du port de Rieux, et le fer de ses outils, venu d'Espagne par la Vilaine. Son manger s'améliore aussi, grâce à ses cultures de froment, seigle, raves, sarrazin, féverolles...

On sait se régaler aux grandes fêtes religieuses, particulièrement à Noël, à Pâques, à la Saint-Melaine, comme aussi aux semailles et aux noces. Alors le recteur est invité et il siège à la place d'honneur au bout de la table, le haut bout, disait-on. On mangeait bien, on buvait bien, surtout le petit vin du pays et le vin nantais. On vivait en somme en frères et cousins, comme on le chantait :

Ne sommes-nous pas cousins, cousines,

Ne sommes-nous pas cousins tertous ?

La prospérité de Rieux commence à décroître avec l'abandon presque total du château à la suite des Guerres de Religion.

Les paysans furent les premiers à en pâtir. Henri IV le fait remarquer dans sa Déclaration de mars 1595 qui déplore la famine née de l'abandon des campagnes. Pour y remédier, le bon roi Henri — on l'appelait ainsi — remet vingt millions de l'impôt de la taille ; il défend en outre de saisir les bestiaux et les instruments de labour. Il décrète diverses autres mesures pour permettre au paysan de « mettre la poule au pot tous les dimanches ».

Alors les laboureurs, encouragés, reprennent la bêche et l'araire pour cultiver leurs terres.

 

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VI. - LA PRATIQUE RELIGIEUSE.

Au XVIème siècle, si la foi du peuple, influencée par la Renaissance, est peut-être moins profonde qu'au Moyen Age, la religion est cependant presque unanimement pratiquée à Rieux. Sa vieille église se remplit toujours de fidèles le dimanche et aux fêtes d'obligation, encore nombreuses alors.

Les chapelles sont de même bien fréquentées. En ville, c'est Saint-Antoine, que desservent, en 1530, Georges Harnois, en 1573, François de Châteauneuf, en 1586, Jehan Besnier, en 1588, Fr. Olivier Le Clausne, trinitaire.

Dans la campagne, c'est Saint-Jean-des-Marais, Saint-Julien d'Aucfer, Saint-Sébastien de Tréfin, nouvellement construite : « Edifice assez fruste avec portes à voussures en tiers-point et figures de chaque côté, fenêtre du chevet à l'Est, à réseau flamboyant » ; Saint-Gildas-de-Limur ; Saint-Jacques de la Poterie.

C'est à cette époque que fut changé le premier jour de l'an : au lieu de Pâques, fête mobile, il fut fixé par décret de Charles IX, du 9 août 1564, au 1er janvier 1565, ce qui produisit quelques remous.

Les recteurs de ces temps-là sont des recteurs commendataires, à part le dernier du XVIème siècle : ils touchaient les revenus de la charge et l'exerçaient par des délégués. Ce sont :

N. du Cléon, 1524. — Bertrand de Quifistre, chanoine de la cathédrale ; il résigne en 1530 en faveur de son frère Guy, chanoine et scolastique de Vannes, mort en décembre 1537.

Nicolas du Collédo, résigne en faveur de Guillaume de Quirisec, chanoine et trésorier du chapitre cathédral ; vicaire capitulaire en 1548, Guillaume de Quirisec démissionne en faveur de Nicolas du Collédo qui redevient ainsi recteur de Rieux.

Louis Morel (1578-1579). — Pierre de Coëtdor (t 1585). — François Le Marchand, nommé en 1586. Accusé de confidence [Note : Confidence : action de céder à quelqu'un tel bénéfice à condition d'en garder pour soi le revenu], il résigne son rectorat le 17 septembre 1592 entre les mains du Pape en faveur de Louis de Caradeuc, clerc du diocèse de Saint-Malo. Celui-ci est pourvu par Rome et prend possession ; mais ensuite il est à son tour débouté par Jehan Bethuel, également du diocèse de Saint-Malo, qui représente Le Marchand comme faux clerc et confidentiaire, donc incapable de pourvoir un autre clerc ; et Rieux lui est dévolu par le légat du Pape. Il prend possession le 19 juin 1593.

En l'absence du recteur, le ministère est exercé par le curé (premier vicaire) et par les subcurés ou sous-curés. Les voici : 1522, dom Jehan Launay, curé ; dom Julien Noury, subcuré ; 1542, dom Jehan Rondelet ; 1556, dom Guillaume Desvaux ; 1569-1586, dom Guillaume Leliepvre, dom Pierre Rondelet ; 1591, dom Julien Torlay (t 1604) ; 1595, dom Jacques Rozé (t 1604) ; dom Jehan Besnier ; 1598, dom Guillaume Marchand (t 1604).

Les chapelains des chapellenies prêtent aussi leur concours ; par exemple, « honneste chapelain dom Vincent Monthouer l'aîné », Vincent Monthouer le jeune, Guillaume Morel, Guillaume Panhaleux, Gilles Héron, Jehan Nyol, Pierre Dugué, Yves Le Breton, Henri Le Breton, Pierre Tual, Ruffaud, Maucoëffé, Blouët, Thébaud, etc. La plupart de ces prêtres étaient de Rieux même.

Les prieurs de Saint-Melaine et les Trinitaires aident encore au saint ministère. Ainsi « honneste religieux Fr. Pierre Guyomart » (1525) ; Fr. Jacques Paris ; Fr. Pierre Le Roy, ministre du couvent ; « honorable homme messire Etienne Le Bosec, prieur de Rieux » ; Fr. Pierre de Condé, prieur du couvent (1599).

C'est Fr. Le Bosec, de Guidel, qui nous a laissé un acte intéressant sur le prieuré de Saint-Melaine. Daté de 1520, il expose à la cour de Rieux l'état du prieuré à titre de « procureur du Révérend Père en Dieu, missire Benoist Justiniani, évesque de Syon, prieur commendataire de Rieux, de l'Ordre de Mgr sainct Benoist : Les maisons dudict prieuré, couvertes de pierres ardoyses, sises aux faubourgs de la ville de Rieux ô leurs issues et un petit jardin devant au joignant de l'église parochiale Sainct-Melaine, contenant un quart de journal ;

Aultre maison couverte de rox (roseaux) près de ladicte église, ô ses jardins et carouges devant et derrière, avec une pièce de terre sous boays (bois) taillis : un journal ;

Aultre pièce sous lande dite la Garenne du Prieur : un journal ;

Une pièce du Pré de Cran : une hommée et demie, et une pièce des Prés Bas : une hommée et demie, plus trente-et-un sols de rente ;

En Allaire, la Métairie de la chapelle des Landes, ô ses domaines, garennes, colombiers, etc. : trente-et-un journaux ».

En outre, le prieur lève des dîmes avec le recteur de Rieux dans les frairies de Tréfin, Trévolo, la Poterie, Saint-Jean-des-Marais, Saint-Melaine et Saint-Gildas ; avec le recteur d'Allaire dans les frairies de Lopo, Boger, Bocquéreux, les Boschaux.

Les charges du prieur sont : d'assurer une messe à Rieux chaque dimanche et fête, ainsi qu'à la chapelle Notre-Dame-des-Landes sauf à Pâques et à la fête de Saint-Gaudence, patron d'Allaire ; d'entretenir un maître d'école pour instruire les enfants de Rieux, et ce devoir, le Général de la paroisse sait le rappeler au prieur lorsque celui-ci le néglige.

Par ailleurs, le prieur doit payer le cens au Chapitre de la cathédrale : 22 livres en 1516. Pour cet impôt ecclésiastique, la paroisse de Rieux verse 20 livres, le couvent des Trinitaires 10, la chapellenie Saint-Antoine 15 sols, la chapellenie de Rieux 15 sols, celle de Reizat (Ressac), 16 sols, etc.

Nous avons cité plusieurs chapelains ; on nommait ainsi les titulaires des chapellenies ou fondations faites dans l'église et les chapelles. Déjà assez nombreuses, le XVème et le XVIème siècles en voient plusieurs autres se fonder. Citons-en quelques-unes (Archives départementales, Morbihan. G. 314-333).

La chapellenie du Péron (22 décembre 1495), due à missire Jehan Desvaux, de Rieux, qui en attribue la présentation au recteur : une messe par semaine à l'église paroissiale ; dotation : une maison au bourg avec ses dépendances. Elle eut des titulaires jusqu'à la Révolution.

La chapellenie de Camzon sous le vocable de Saint-Melaine, par Jacques Clainchart, prêtre de Rieux (1530) ; présentation aux seigneurs de Camzon : une messe par semaine à l'autel Notre-Dame en l'église paroissiale (depuis 1750, au maître-autel). Augmentée par son premier chapelain, Vincent Monthouër, prêtre de Rieux et neveu du fondateur, sa dotation se compose de deux maisons avec jardins derrière en ville, du champ Bahurel et d'une autre terre près de la ville.

La chapellenie de Notre-Dame et de Saint-Jean-Baptiste ; par Jehan Guérin, prêtre de Rieux (fin du XVIème siècle) ; présentateurs : les seigneurs de la Bousselaie ; charges : deux messes par semaine à l'autel Notre-Dame et à l'autel de Saint-Jean-Baptiste ; appelée aussi chapellenie de la Crolaie, du lieu de la dotation.

La chapellenie de Vincent Monthouër, prêtre de Rieux (12 janvier 1595) : une messe à l'autel Notre-Dame.

 

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VII. — LES REGISTRES PAROISSIAUX.

Les registres paroissiaux, ou de catholicité, de la paroisse de Rieux remontent à 1522. Tenus par le clergé, ils furent jusqu'au 6 octobre 1793, en même temps les registres d'état civil.

Voici quelques-unes des notes curieuses de ces antiques registres :

1524, en tête du registre des baptêmes : « Ensuit le nombre des enfants qui ont été baptisés durant le temps et la ferme que dom Jehan Launay, de la paroisse de Limerzel, était curé de Rieux, sous-fermier de M. du Cléon (vicaire de M. du Cléon, recteur commendataire, non résidant), commençant à Nouel de l'an Mil VCC 20 et IV (10) (1524). Dieu luy doingt (donne) de s'en bien acquitter que (afin que), en la fin de ses jours, s'en puisse bien trouver ! (Signé) : dom Jehan Launay, curé ; Frère Pierre Le Roy, ministre de Rieux ; Fr. Pierre Guyomard ; dom Vincent Monthouer l'aîné ; dom Jan Thébaut ; Fr. Jan Bourdon ; dom Julien Noury ; dom Guillaume Moret ; dom Jehan Drézeul ».

D'un registre de sépultures : « En l'an 1527, le jour du Karesme prenant (commençant) estait le jour de la saint Mathias et estait l'an du Bissextile, en laquelle décédèrent M. de la Bousselaie, M. de Launay, dom Jehan Monthouer, dom Jehan Couëtard ... Dieu, par sa grâce, leur pardoint (pardonne) leurs fautes ». (Signé) « Launay, prêtre ».

Sur un nouveau registre de baptêmes en 1603 : « Jour et feste de Monsieur Sainct Mathieu, fut donné le présent papier de baptistère pour l'argumentation du service de nostre église de Sainct-Melaine, par missire Jan Bethuel, recteur de ladite paroisse, afin de conserver et enregistrer tous ceux et celles qui seront régénérés sur les Fonts du baptême, lesquels tous, et pareillement tous autres qui conserveront les noms au présent papier, il supplie de prier Dieu pour sa prospérité, et bonne et longue vie, ainsi pareillement lui-même s'oblige de faire le semblable envers eux ». (abbé Henri Le Breton).

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