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La Persécution s'amplifie. — Vers l'apaisement. — Les prêtres du doyenné dans la tourmente. 

I. — LA PERSÉCUTION S'AMPLIFIE.

L'année 1794 ne s'ouvrait pas sous des auspices bien rassurants. D'une part, la guerre étrangère épuisait le pays, exigeant de nouvelles levées de contingents que devaient équiper les communes. Et comme les déserteurs étaient nombreux, et souvent insaisissables, on arrêtait leurs proches ou l'on frappait les habitants de fortes amendes. Sans compter les fournitures pour les armées, le 31 janvier, « Rieux est invité à verser sous huit jours 30 tonneaux de froment et 5 d'avoine pour ce service » (Archives départementales, L. 1312). D'autre part, la guerre civile et la persécution religieuse pesaient encore plus lourdement sur la malheureuse France.

Au début de l'année, le Comité de Salut public de Paris, en vrai dictateur, modifie l'administration. Seuls sont maintenus les directoires de département et de district, dont l'autorité est confiée à des Agents nationaux. Ils avaient ordre de créer en chaque canton un Comité de surveillance.

Le Comité de Rieux est ainsi constitué le 5 janvier 1794 : Jean Tual, de la Ville, Guillaume Hidoux, François Garel, Julien Le Breton, de La Grée, Julien Le Lièvre, de Brambécart, Jean Thaumoux, de Launay, Pierre Joland, débitant, Vincent Tual, menuisier, Joseph Chemin, d'Aucfer, Yves Lanoë et Mathurin Mary, de la Poterie.

Le 19 janvier, grande fête à Allaire pour célébrer les succès de Hoche en Alsace et la défaite des Vendéens. Les citoyens et citoyennes d'Allaire, de Rieux et environs sont invités « afin de mêler la Myrthe au Laurier. Les autorités se rendent donc au Champ de Mars, précédés de cavalerie, entre deux lignes d'infanterie. Flottaient dans le cortège l'étendard tricolore, le bonnet de la liberté et des emblèmes analogues à la victoire, à la liberté et aux vertus républicaines. Le maire Jean Voisin, monté sur l'Autel de la Patrie, prononce un discours couvert d'applaudissements, et le citoyen Héry lit et explique les décrets de la Convention. Après quoi, le feu est mis à un bûcher au milieu des chants patriotiques et d'instruments champêtres Puis on commence des danses que le contentement et l'union prolongent fort avant dans la nuit ».

On célèbre des fêtes, et, à côté de cela, la chasse à l'homme continue, implacable. A Rieux, sont arrêtés de Sécillon et les trois frères Bernard. Cornu en clame sa joie : « Espérons, note-t-il au département, que, sous le couteau de la loi, la tête de ces scélérats tombera sous peu de jours ». Et de fait, le 2 mars, les Bernard étaient guillotinés.

Lallemand, le dénonciateur, a tout de même un bon mouvement en faveur de M. Gaudin, prêtre de Rieux, arrêté par les Bleus de Redon : « Cet homme, dit-il, a 66 ans, il est infirme et couvert d'ulcères, et hernieux ; l'envoyer dans une maison d'arrêt serait hâter sa mort ». Vaine démarche : le vieillard est quand même expédié aux prisons de Vannes (27 janvier).

Les vases sacrés sont l'objet de la rapacité des révolutionnaires. « Pour prouver mon zèle, mande Julien Sérot, l'agent national de Rieux, je propose au Conseil de remettre au district : 9 calices d'argent, 1 soleil, 1 ciboire, et 2 custodes d'argent ». Le conseil accepte, tout en réservant pour la commune le calice de vermeil et un ciboire d'argent (18 février) :

Cette proposition de l'agent national dut être causée par la lettre suivante, probablement de Cornu.

« Citoyens, de toutes parts la voix de la raison se fait entendre et dissipe les ténèbres des préjugés dans lesquels nous sommes restés longtemps endormis. Dans tous les points de la République, les citoyens, revenus de leurs erreurs, abandonnent le culte de la superstition pour n'écouter que l'auguste et sainte vérité. Seriez-vous les seuls sourds à la voix de la raison ? Non, nous aimons à le croire, vous ne serez pas les seuls à conserver les superbes hochets du fanatisme, appelés autrefois vases sacrés... Hâtez-vous de nous les envoyer. En vain vous objecterait-on la liberté des cultes. Non, citoyens, vous êtes absolument libres sur la manière de rendre hommage à l'Etre Suprême, mais vous sentez bien qu'il est indifférent pour votre salut que vos cérémonies soient faites avec des vases d'or et d'argent ou avec des gobelets de verre ou d'étain... Ne tardez pas ! La voix de la Patrie vous crie avec force ; venez vite à son secours, le moindre retard serait un crime » (Archives départementales, L. 1312).

Belles élucubrations où le blasphème se joint au grotesque ! Et dire que c'était général dans le monde révolutionnaire !

Nouvelle battue le 19 février. Les Bleus, venant de Béganne, fouillent toutes les maisons de Rieux. Et avec quel succès : « un sac rempli de papiers dans le souterrain du château ruiné ! ». C'était plutôt maigre ! Pire encore : les officiers municipaux refusent de fournir des détails sur l'insurrection. Mêmes résultats dans les autres communes du pays. Force fut au détachement du Bas-Rhin de rentrer bredouille au cantonnement.

Comme les municipaux, le Comité de surveillance de Rieux n'est pas moins réticent : « Après nous être communiqué les recherches que nous avions à faire, notifie-t-il au district le 11 mars, nous n'avons connu aucun malfaiteur. Tout est tranquille chez nous. Nous n'en connaissons pas plus long ». Vincent Tual, Pierre Jolan.

Malgré cette affirmation, le district de Redon, à la requête de celui de Rochefort, envoie 200 soldats « en expédition, par Rieux et Allaire, sur Caden, Péaule et autres paroisses qui provoquent à la révolte » (22 mars).

Le 24 mars, autre battue pour prendre « quatre prêtres réfractaires qui sont en train de faire faire les Pâques aux fanatiques ». A deux paysans munis de pelles, le chef du détachement demande s'ils ont vu des prêtres : « Non, foutre, répondent-ils d'un ton furieux ; qué que ça vous fout ? ». — A Laupo, rencontre de quelques individus qui s'enfuyaient, entre autres Hémery curé de Saint-Gorgon. Les Bleus les poursuivent jusqu'au bois du Vaudequi, où ils perdent leurs traces. A la Ville-Mahé, chez Hémery ils trouvent une lorgnette, quatre vestes et les bottes d'Hémery, avec les indices certains qu'il y prenait le café.

En même temps que la chasse aux prêtres, la spoliation des églises continuait. Le 15 avril, au port de Rieux étaient embarquées les deux cloches de l'église, la grille du cimetière, 364 livres de ferrailles et 440 livres de chanvre.

En fait de biens ecclésiastiques fonciers, il ne subsistait que les presbytères. Ils furent confisqués là où ne se trouvait pas de constitutionnel : « Dans les 17 communes de notre district, déclare une lettre au département, on peut disposer de 13 presbytères ». Et elle cite en tête celui de Rieux. « On peut, continue-t-elle, transformer dès à présent les loyers à charlatans en maisons à secourir l'humanité souffrante, ou destinées à l'instruction publique » (23 floréal - 12 mai 1794) (Archives départementales, L. 1331).

A quoi bon d'ailleurs des presbytères ? Le Culte de la déesse Raison n'exige pas de prêtre, ni même le Culte de l'Etre Suprême que vient de décréter Robespierre, sans succès d'ailleurs.

A cette époque, la guerre étrangère, tout auréolée de victoires qu'elle fût (Nerwinde, Fleurus), nécessitait de bien gros sacrifices en hommes : l'un des Volontaires de Rieux, Julien Allain, 3ème compagnie du 12ème bataillon des fédérés, 4ème division, meurt à l'hôpital de Sedan, le 12 thermidor An II (30 juillet 1794). Sacrifices aussi en argent (fréquentes contributions de guerre) et en fournitures : « le 8 mars, le commandant de Redon avec 170 hommes se porte sur le pays pour contraindre les habitants à conduire leurs grains et fourrages à Rochefort » (Archives départementales, L. 1395). Le 13 mai, « réquisition de toutes les cendres ordinaires et des cendres provenant des genêts, fougères, joncs, ronces, orties, seneçons, tiges de pois, fèves, roseaux, glayeux, brûlés pour servir à la confection des poudres » (Archives départementales, L. 1321).

A l'intérieur, c'était la grande Terreur. Inlassablement, les Comités révolutionnaires dénoncent et arrêtent ; les tribunaux ne sont plus que les pourvoyeurs de la guillotine : plus d'interrogatoire, plus de défense des prévenus. Une seule peine autorisée : la peine de mort. Aussi « les têtes tombaient-elles comme des ardoises », suivant le mot de Fouquier-Tinville, l'accusateur public de Paris.

Et voilà que brusquement, le tout-puissant animateur de la Terreur, Robespierre, est arrêté ! C'était le 27 juillet. Le lendemain, à son tour, il était guillotiné ! Cependant, cette simple brouillerie de famille (Joseph de Maistre) ne met pas fin immédiatement aux arrestations de suspects ; le 31 août, c'est « la veuve du Quercron, d'Aucfer, enragée aristocrate... et la veuve Foucaud qui tient des discours inciviques et dont le fils fut un chef de brigands » (Archives départementales, L. 1312).

 

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II. — VERS L'APAISEMENT.

Entre temps, la Chouannerie s'était réorganisée et, avec ses hardis et incessants coups de mains, elle inquiète fort le gouvernement. Par bandes, les insurgés combattent sans peur et sans trêve pour Dieu et pour le Roi. La division royaliste de Redon et La Roche-Bernard est commandée par de Cacqueray.

Le 28 août, près des Alliers, deux patriotes d'Allaire sont tués : Raoul Danto, 52 ans, et Joseph Lambert, 47 ans. En représailles les Bleus incendient la chapelle de Boquéreux et fusillent deux paysans de Rieux sous une châtaigneraie près de Quian (Quen). Plus tard, le 16 septembre, le district organise une battue monstre pour enrayer le mouvement chouan. Résultat négatif. Le 22, nouvel avertissement adressé au département : « On fait de grands préparatifs depuis Elven jusqu'à la Vilaine. On cuit du pain, on emmanche des faulx à rebours ; on en fait un amas, ainsi que des brocs (Sorte de fourche à deux branches), fourches et autres instruments ruraux et offensifs, pour protéger un débarquement d'émigrés on ne peut savoir où. Une cavalerie parcourt les campagnes et les travaille, de sorte que personne ne peut s'exempter de cette insurrection. Une affaire sérieuse a eu lieu hier à Péaule » (Archives départementales, L. 1520).

Cette nouvelle insurrection correspondait au réveil de la Vendée sous le passage des colonnes infernales de Turreau. La Rochejaquelein, Stofflet, Charette avaient repris les armes et recommencé le cours de leurs succès d'avant la défaite de Savenay (décembre 1793).

La commune de Rieux ne fournissant pas sa part de froment, foin, paille et avoine pour l'armée républicaine, se voit menacée d'une garnison, si elle ne marche pas sous les cinq jours (7 octobre) (Archives départementales, L. 1313).

Cependant, sous la pression de l'opinion, la Convention rappelle à Paris ses Représentants terroristes et les remplace par des hommes animés de sentiments pacificateurs. Pour le Morbihan, ce sont Bouret et Leyris qui créent partout des Bureaux de conciliation. Jolan, de Rieux, est l'un des 11 membres du Bureau du district.

Bientôt, des Représentants plus modérés encore succèdent à Bouret et à Leyris : Brüe, Guezno et Guermeur. Leur premier soin est de réformer les administrations trop avancées. Rieux est représentée dans ce nouveau directoire par Jouvance. De son côté, le général Hoche demande « le retrait de la peine de mort contre les réfractaires » (22 novembre).

Toujours sous l'impérieuse poussée de l'esprit public, la Convention décrète l'amnistie et la libération des détenus laïques, simplement suspects de contre-révolution. D'autre part, elle traduit les principaux terroristes devant un tribunal révolutionnaire régénéré. Carrier et Le Batteux sont du nombre. Le premier expie ses forfaits sur l'échafaud, mais le second est relaxé, grâce à d'inexplicables influences ; à Rieux, comme partout où il a opéré, cette indulgence envers un bandit cause une violente irritation (décembre 1794).

En vertu de l'amnistie, plusieurs suspects du pays viennent en décembre se présenter aux autorités, afin d'en bénéficier, tels sont Gardon, Mathurin Denis, Charles Bloyet, Joseph Naël, Pierre Chedaleux, qui avaient pris part à l'affaire de La Roche-Bernard en mars 1793, Le plus compromis était Gardon, un des chefs chouans d'Aucfer, arrêté en juin 1794 parce qu' « il portait une rose rouge au chapeau à la place de la cocarde ».

Une habitante d'Aucfer vit même la municipalité de Rieux demander avec insistance sa libération : c'était Barthélémine Joyau, épouse du Quercron. « Le conseil, porte la délibération du 16 décembre, persiste à réclamer sa mise en liberté pour qu'elle revienne dans sa famille qui souffre considérablement de son absence ».

En somme, malgré le maintien des lois persécutrices, le vent était à l'apaisement et c'est dans l'espoir de la paix prochaine — paix politique et religieuse — que les populations de l'Ouest virent disparaître cette tragique année 1794.

 

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III. LES PRÊTRES DU DOYENNÉ DANS LA TOURMENTE.

Durant cette sinistre période de la Terreur, que devenait le clergé catholique à Rieux et dans son doyenné ?

Restés au pays. — Notons d'abord qu'on n'y trouve que deux constitutionnels. L'un se nommait Thomas Chedadeleux, de Saint-Martin-sur-Oust, d'abord vicaire, puis curé assermenté de Peillac, d'où il parcourait le pays en quête de dénonciations et d'arrestations. L'autre était Pierre Dugué, de Saint-Jacut, prêtre habitué en cette paroisse, peu dangereux.

Des prêtres réfractaires, un bon nombre restent dans la région pour y exercer leur saint ministère, déguisés évidemment et se cachant de leur mieux. Leur situation était d'autant plus périlleuse que Rieux était limitrophe de Redon, sous les ordres du féroce Le Batteux.

En tête de ces prêtres héroïques, il est juste de placer M. Louis Poisson, recteur de Rieux et vicaire général de Vannes. Combien mouvementée fut sa vie et que d'alarmes il causait aux administrations révolutionnaires ! A chaque instant, son nom paraît dans les rapports des agents et commissaires. Mais il reste introuvable et surtout imprenable.

Avec lui, font du ministère à Rieux : M. Jacques Desvaux, vicaire de M. Poisson, fondateur d'un petit collège auprès du presbytère, collège qu'il dut fermer à la Révolution ; demeurant à Kerbonnaire, il s'y retire souvent au moment des battues militaires ; M. Maucoueffé, vicaire à Saint-Jean-des-Marais ; M. Jean Tual, prêtre habitué à Rieux qui sera pris et déporté à Rochefort-sur-Mer le 25 mars 1795 ; MM. Laurent Le Guével et Rouxel, prêtres à Rieux.

Dans le voisinage de Rieux, nous trouvons : MM. Jean Barniquel, de Béganne, qu'un jour des cultivateurs sauvèrent dans une charreté de lande ; Pierre Rivière, de Saint-Vincent-sur-Oust ; François Hélard et Honoré Hélard, curés à Béganne ; Joseph Monnier, de Saint-Jacut ; Jean-René Hémery, vicaire à Saint-Gorgon ; Mathurin Possémeur, prêtre à Allaire. Grâce à ces vaillants, la messe continue d'être célébrée, les sacrements d'être administrés, même parfois à des révolutionnaires chez qui les approches de la mort éveillent le repentir.

Le zèle de ces prêtres est d'ailleurs, hâtons-nous de le dire, merveilleusement secondé par le dévouement des fidèles qui se disputent l'honneur de les abriter et de faciliter leur ministère. Signale-t-on une colonne de soldats ? aussitôt se répercutent les cris : les Bleus, la Nation ! Parfois le danger est annoncé par le son rauque d'une corne de pâtre ou l'orientation des ailes des moulins, si nombreux dans la région. Afin de ne pas être surpris la nuit par des délateurs écoutant aux portes, ou par des patrouilles, on sème dans les cours des coquilles de moules : le bruit de ces coquilles brisées révèle la présence des indésirables.

Les hommes sont admirables ; peut-être plus encore les femmes qui bravent tout pour leur Dieu et leur Religion. Les sans-culottes les qualifient de bigotes, scélérates, mégères, mais ce sont des mégères qui ont un courage de martyres. L'une des plus en vue à Rieux est Julie Poisson, la soeur du recteur, femme intelligente et intrépide que n'aurait pas reniée son compatriote Cathelineau, le Saint de l'Anjou. Finalement elle fut arrêtée et emprisonnée à Vannes jusqu'à l'amnistie du 9 mars 1795.

Les Guillotinés. — Au doyenné de Rieux, deux prêtres furent condamnés à la guillotine : MM. Briend et Le Breton.

Noël Briend [Archives départementales, Vannes, Z. 412, 500, (a) 5 et J. LE FALHER, Les Prêtres du Morbihan, victimes de la Révolution]. — On lit l'Acte suivant dans le Registre de l'Etat-civil de Saint-Perreux, année 1794 : « Martire de Noël Brien, Praître. — L'an mil sept cent quatre vingt quatorze et le vendredi Saint, dix-huit avril, Missire Noël Brien, Praître, a été pris par les Révolutionnaires ; il était dans son jardin au Carouge ; les ayant aperçus dans le chemin de la Grugarais, il s'est sauvé par l'abbaye. Une autre troupe qui venait par Branbohais, l'a rencontré dans les Courtils Grand-Jan, qui l'a arrêté. Il a été conduit en prison à Peillac, ensuite à Vannes. Il a subi son jugement le Sept Mai et il a été my à mort par la Guillotine le huit sur la place de Vannes à dix heures du matin. Il a préféré le martire à l'apostasie. Il était âgé d'environ quarante six ans lorsqu'il a été martyrisé pour la foi catholique » (Archives départementales, Vannes, L. 1229). Signé : Pucel, adjoint.

(a) « inexact : âgé de 51 ans ; acte de baptême, 22 décembre 1743, Saint-Vincent-sur-Oust » (Note du Registre).

M. Briend était né au Carouge, à 200 mètres au Nord de la chapelle trêviale de Saint-Perreux dans laquelle il avait été baptisé ; son père se nommait Jean Briend et sa mère Marie Gicquel. Minoré le 20 septembre 1777, il fut pourvu des chapellenies du Clos-Denis et des Blanchards à Saint-Perreux, et ordonné prêtre à Vannes le 20 mars 1779. Quand éclata la Révolution, il était vicaire à Sérent, en résidence à Saint-Guyomard (ou Saint-Maurice). C'est là que, au mois de février 1791, il refusa le serment constitutionnel.

D'abord, il resta parmi ses trêviens malgré les persécutions d'un municipal nommé Frère, aussi prétentieux que méchant ; ainsi le 22 mai 1791, celui-ci le dénonce comme ayant parlé contre la Constitution. A la fin, la situation devenant intolérable et se voyant sous mandat d'arrêt du 6 avril 1792 (Archives départementales, Vannes, L. 1215), il quitte le pays et se réfugie chez lui à Saint-Perreux.

Là, durant le jour, il travaillait la terre ou, comme les campagnards voisins, il se livrait à la pêche dans les marais (les garciaux de Saint-Perreux sont toujours très prisés). La nuit, il remplissait un ministère sacerdotal très actif, courant de village en village, déguisé en paysan. Deux ans s'écoulèrent ainsi quand, sur une dénonciation de Chedaleux, le curé intrus de Peillac, les Bleus vinrent perquisitionner à Saint-Perreux, le 18 avril 1794. Au Carouge, ils aperçurent un homme jardinant derrière une haie, lequel n'était pas vêtu en paysan. Ils s'arrêtèrent. Le travailleur, laissant là outils et sabots, s'enfuit. Mais il fut rejoint à l'Abbaye, quartier au Sud de l'église : « Vous êtes Noël Briend ? » cria un Bleu en lui mettant la main au col. Il l'avoua et les soldats l'emmenèrent en prison à Peillac avec sa nièce Jeanne Briend, coupable d'avoir recelé son oncle en lui servant de bonne. La tradition rapporte que, en quittant Saint-Perreux, le saint prêtre chantait le cantique : « Que mon sort est charmant, mon âme en est ravie ! ».

Le lendemain matin, tous les deux furent conduits à Rochefort.

M. Briend y subit son premier interrogatoire au cours duquel il dut livrer sur son ministère certains renseignements en apparence futiles, mais qui suffirent à provoquer l'arrestation du maire Pierre Gicquel, son cousin, et d'un tisserand du même endroit, Marc Denoual ; il lui avait échappé de dire qu'il leur avait remis son calice. Et voilà comment le 24 avril, ils étaient quatre malheureux que la gendarmerie écrouait à Vannes.

Le 6 mai, Le Tribunal criminel de Vannes condamnait à mort M. Briend qui fut guillotiné le jour même à Vannes. Jeanne Briend, Pierre Gicquel et Marc Denoual furent punis de déportation perpétuelle.

M. Mathurin Le Breton (Archives départementales, Vannes, Z. 501 et J. LE FALHER, ouvrage cité). — M. Le Breton, né à Pleucadeuc, alors du doyenné et du comté de Rieux, le 18 mai 1749, était vicaire dans sa paroisse natale. Il refusa le serment constitutionnel et, en septembre 1792, s'embarqua pour l'Espagne. Mais, près d'Ambon, des vents violents empêchent le navire de continuer sa route et l'obligent à rallier le port. Alors M. Le Breton se décide à revenir en son pays, d'autant que son état de santé lui faisait redouter les fatigues du voyage et de l'exil.

Pendant près de deux ans, il réussit à se cacher. Puis, ayant appris qu'une nouvelle loi ordonnait la tolérance en faveur des infirmes, il se présente comme tel au district de Rochefort. Mais les jacobins du directoire ordonnent son arrestation (29 mai 1794). Bientôt, il est transféré à Lorient. Le 7 juillet, le Tribunal criminel le condamne à mort et, dans l'après-midi, il est guillotiné en même temps que deux prêtres de Férel : les Santerre, oncle et neveu. En marchant à la guillotine, il chantait à pleine voix le cantique de Saint Louis de Montfort : « Allons, mon âme, au bonheur véritable ».

Autres victimes :

M. Pierre Rouxel. — Prêtre à Rieux ; né à Bains. Ayant suivi l'armée vendéenne, il fut pris alors qu'elle battait en retraite. Condamné à mort par une Commission militaire, il fut fusillé à Saint-Malo, le 18 janvier 1794.

M. Jacques Le Thiec. — Vicaire à Peillac ; né à Marzan. Emprisonné à Rochefort en 1794, il essaie de fuir et est abattu par un soldat républicain. Trois frères prêtres : Jean, Pierre et Marc.

Dom Jacques Voisin. — Religieux ; de Trouhesnel en Allaire où il fut massacré en 1794.

M. Duchesne. — Curé de la trêve de Saint-Perreux ; né à Limerzel où il se retire pendant la Révolution. Un jour, dénoncé, il fut poursuivi par les Bleus entre Limerzel et Péaule et massacré.

M. Guéveneux. — De Peillac ; souvent réfugié aux Vaux et à la Touche-Morin ; remplissait un ministère très actif dans la paroisse. Tué au cours d'une battue de soldats. Un crâne, conservé dans un grenier à la Touche-Morin, serait le sien.

Deux prêtres auraient été fusillés à la Cadaie en Allaire, dont l'un dans un taillis voisin du château où l'on montre sa tombe et deux autres à Saint-Gorgon. A la Ville-Gauthier en Béganne, un prêtre fut pris et traîné par les pieds jusqu'au Bois-Miniot, près de l'Abbaye-Chevalerie ; là, il fut exécuté et enterré. De ces prêtres, les noms sont inconnus actuellement.

LES DÉPORTÉS :

M. Pierre Pierre. — Né à Saint-Gravé, en 1745 ; professeur de philosophie au Collège de Vannes. Embarqué à Port-Navalo pour l'Espagne en septembre 1792. Le navire est obligé par la tempête de rentrer au port. M. Pierre renonce alors à l'exil et rentre chez des amis à l'Abbaye en Bohal. Il y est pris le 4 mai 1793 et écroué à la citadelle de Port-Louis. Il passe ensuite à Rochefort-sur-Mer sur les Deux-Associés, où il consomme son martyre le 14 juillet 1794.

M. Joseph Robert. — Curé de la trêve de Cournon en Glénac ; né à Cournon, en 1745. Arrêté en 1793, interné à Vannes et condamné à la déportation le 24 février 1794. A Rochefort, il est emprisonné sur les Deux-Associés ; il y meurt le 2 septembre 1794.

M. Jean Tual. — Prêtre à Rieux où il était né, en 1766. Pris et embarqué sur les Deux-Associés le 25 mars 1794. Ramené à Saintes le 8 février 1795 et libéré en avril suivant.

Ce que souffrirent les malheureux déportés de Rochefort-sur-Mer dépasse l'imagination. Un médecin, venu pour examiner la situation, observa que, « si on mettait là 400 chiens pendant une nuit, on les trouverait le lendemain morts ou enragés ». En effet, au 30 août 1794, sur les 497 proscrits des Deux-Associés, 245 étaient morts, 145 malades, 108 à peu près en santé. M. Tual était de ces derniers, mais « semblable à un squelette couvert d'une peau sèche ».

Les exilés. — A la suite des décrets de proscription (26 août 1792) environ 200 prêtres du Morbihan passent en Espagne. Voici ceux du doyenné de Rieux.

MM. Toussaint-Jean Guého, vicaire à Rieux, rentré en mai 1795 ; Baron et Boyer, recteur et vicaire de Saint-Jacut ; Deslandes, vicaire à Saint-Vincent-sur-Oust, mort en exil ; Jouan, vicaire à Béganne ; Le Baston, recteur d'Allaire ; Le Vaillant, recteur de Peillac ; Le Thiec, recteur de Saint-Gravé.

Charitablement reçus en général par les Espagnols, les exilés n'en souffrirent pas moins d'être éloignés de leur famille, de leurs paroissiens, de leur patrie...

Les emprisonnés. — Ce sont les prêtres réfractaires trop infirmes ou âgés pour être condamnés à mort (il y en eut cependant).

MM. Joseph Gaudin, de Rieux ; Pucelle, de Saint-Jacut ; Naël, vicaire à Peillac ; Hellard, recteur de Béganne ; Maucoëffé, curé à Saint-Jean-des-Marais ; Déro, de Saint-Martin ; Fleury, recteur de Glénac, mort en prison (1795) ; Servet, prêtre à Molac ; Rivière, prêtre à Saint-Vincent ; Collet, prêtre à Saint-Perreux, mort au Petit-Couvent à Vannes, le 11 mars 1795.

Le 15 mai 1794, plusieurs détenus à la Retraite des Femmes, à Vannes, furent transférés au château de Josselin ; parmi eux, MM. Hellard qui y meurt en 1794 à 81 ans, Pucelle et Déro.

Pour ces prêtres âgés ou infirmes, la détention était fort pénible. C'est pourquoi l'un d'eux, M. Gaudin, de Rieux, implore sa libération. Voici des extraits de sa troisième supplique aux administrateurs départementaux, du 28 juin 1794.

« Citoyens, prêtre détenu au Petit Couvent de Vannes, dans la plus grande détresse depuis dix mois, ne vivant que de modiques aumônes, je m'adresse encore à vous, persuadé de votre humanité... Pour vous rendre sensible mon état, souffrez que je vous expose l'histoire de mon arrestation.

Je fus saisi le 25 janvier dernier en ma demeure, à dix heures du soir et conduit à Redon, où je demeurai libre. Je demandai à être envoyé à Roche-des-Trois [Note : Nom donné par la Convention à Rochefort-en-Terre où trois administrateurs avaient été tués par les Chouans]. J'y allai le 1er février. Le lendemain, on me fit monter en charrette pour Vannes.

J'arrivai vers cinq heures du soir à la prison. Le 3 février, je fus conduit au Petit Couvent. J'y ai joui de la même liberté que les autres détenus laïcs jusqu'au 4 mars, époque à laquelle je fus enfermé sous clef avec un autre confrère venant de Lorient. J'ai gardé cette étroite clôture jusqu'au 27 septembre, à l'arrivée de ceux de Josselin. Depuis, je jouis de la même liberté qu'eux... Avant mon arrestation, je vivais paisible et isolé... Retenu sur un lit de douleur, j'ignorais même les décrets qui se publiaient... ».

Cette supplique n'obtint pas plus de succès, que les deux précédentes : M. Gaudin ne fut pas encore libéré (abbé Henri Le Breton).

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