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DE HENRI IV A LOUIS XV : LA PAROISSE DE RIEUX (suite)

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L'activité du Général paroissial. — Chez les Trinitaires. — Les vocations sacerdotales. — Les dévotions. — Particularités en certains registres paroissiaux. — Les Camaldules au comté.  

I. — L'ACTIVITÉ DU GÉNÉRAL PAROISSIAL.

Comme aux siècles précédents, les biens de l'église sont gérés par le Général ou Corps politique des paroissiens. Mais « il s'assemble plus ordinairement en la personne du sénéchal ou de l'alloué, président, du procureur-fiscal, du recteur, ou du curé, de douze délibérants, des marguilliers et du greffier ». L'assemblée se tient à la sacristie ou au cimetière.

Il s'occupe des réparations des édifices cultuels. En 1696, « il décide d'établir autour des Fonts baptismaux une balustrade en bois avec les images de saint Jean-Baptiste et de Notre-Seigneur, aux costés desquels seront deux angelots. On établira également un dais supporté par des colonnes sous lequel paraîtra un Saint-Esprit sortant d'une nue. L'ouvrage devra être bien travaillé et conformément aux dessins de M. le recteur et de nous, le tout gravé de sculpture, moyennant deux cents livres ».

Corps politique, le Général ne néglige pas non plus les affaires temporelles de la communauté paroissiale. En 1682, il achète des habits, à cent sols pièce, pour les six soldats que doit fournir Rieux au Roi ; quand la troupe passe ou séjourne dans la paroisse, c'est encore à lui de fournir le cantonnement et la subsistance des militaires.

L'égail des fouages (ils montaient en 1698 à 718 livres 10 sols) et de la taille est de son ressort, ainsi que leur recouvrement.

Presque continuellement le Général doit intenter et poursuivre des procès ou se défendre lui-même en justice, car les procès étaient l'une des tares de l'Ancien Régime.

De lui relève encore la question de la mendicité. En 1709, la Cour de Rennes interdit de mendier. « A ce propos, répond le Général de Rieux en juillet, nous déclarons que nous n'avons dans notre paroisse aucuns vagabonds, gens fainéants qui dérobent l'aumône aux véritables pauvres... et très peu d'infirmes incapables de gagner leur vie, que leurs parents entourent de soins et à qui les libéralités des gens de bien ne manquent pas... Seuls, quelques parents, chargés de famille, envoient les plus grands des enfants chercher par les portes, où ils trouvent à suffire pour toute la famille. De plus, quelques nécessiteux, incapables de travailler, vont aux portes. S'il se trouve des gens au coeur dur qui refusent l'aumône, quoique pouvant la faire, nous les ferons taxer par contrainte ».

Enfin, l'enseignement, chose d'Eglise en ces temps-là, avait dans le Général un surveillant dévoué et attentif qui maintes fois, à Rieux comme ailleurs, rappelait à l'ordre prêtres et religieux qui négligeaient parfois ce devoir.

 

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II. — CHEZ LES TRINITAIRES.

Les Ministres. — L'influence énervante du XVIème siècle avait causé certain relâchement au couvent de Rieux, comme dans la plupart des maisons religieuses. En 1579, il ne comptait plus que six membres au lieu de treize : quatre profès et deux novices [Bulletin de la Société polymathique du Morbihan (1905), article du chanoine Le Mené]. Bientôt s'opéra une heureuse réaction. La réforme des Trinitaires, commencée en Espagne, s'introduit en France sous Louis XIII. Ces réformés ne portaient pas de linge, récitaient ou chantaient Matines à minuit et ne mangeaient de viande que le dimanche. A Rieux, le ministre Louis Letourneau, élu en 1617, adopte la réforme pour son couvent. Voici un extrait d'un Arrêt du Conseil d'Etat entérinant la chose en 1643.

« Sur la requeste présentée au Roy en son Conseil par le procureur de la Congrégation réformée de l'Ordre de la Sainte-Trinité, contenant qu'au subject des (prétendus) désordres qui se commettent, tant au spirituel qu'au temporel, ès couvent de Rieux et Sarzeau en la province de Bretaigne... esquels la reigle n'est en aucune façon pratiquée, le service divin très mal faict, les lieux réguliers en ruine, et généralement tout ce qui regarde l'honneur de Dieu et de l'Eglise délaissé, les supérieurs n'y aïant faict aucune visite depuis plus de trente ans, et n'estant presque rien contribué pour la rédemption des captifs... quoiqu'il y ait plusieurs captifs de Bretaigne en Barbarie qui pourraient être secouruz, etc...

Le Roy ordonne que le sieur Evêque du diocèse où sont situés les couvents de Rieux et Sarzeau, assisté du président au présidial de Nantes, se transportera ès dits couvent.., pour y introduire la réforme.

Faict au Conseil d'Estat du Roy, Sa Majesté y séante, la royne (reine) régente sa mère présente, à Paris, le 23 d'octobre 1643 ».

L'enquête eut lieu ; l'ordonnance royale fut signée et les religieux réformés introduits à Rieux. Une nouvelle vie, pleine de régularité et de ferveur, s'épanouit dans le couvent. Le vieux Ministre Létourneau fut conservé jusqu'à sa mort survenue le 9 décembre 1654. Son successeur, Fr. Louis Lambert, résigna sa charge en 1660 et fut remplacé par Fr. Jean Le Pelletier. A la fin de 1670, Fr. Jean Héron fut élu ; il fit une transaction pour le bois de chauffage en 1674 avec le comte du Guénégaud et mourut le 3 février 1679.

Fr. Héron est remplacé par Fr. Nicolas Allix. Celui-ci, « à titre de procureur du couvent Notre-Dame de Rieux avait reçu en 1674 de messire du Guénégaud : Un journal du pré appelé le Pré mauvais de Roru pour un service et des prières à la chapelle Sainct-Anthoine, et particulièrement un Salve Regina à l'issue de la messe qui se dira le jour de Sainct Anthoine chacun an avant que d'oster la chasuble, avec recommandation ensuite pour ledict seigneur et dame Elisabeth de Choiseul-Praslin, son épouse ».

Si les fidèles offraient des dons aux couvents, l'Etat, toujours à court d'argent parce que toujours en guerre, les frappait de lourdes taxes, comme au XVIème siècle. Vers 1690, elles montaient à 710 livres pour les Trinitaires de Rieux. Incapables de les verser, plusieurs de leurs terres furent saisies et vendues. Quoique ces taxes fussent approuvées par le Pape, le ministre Allix les combattit ouvertement et, pour protester, il donna sa démission le 15 octobre 1692.

Son remplaçant, Fr. Julien Le Seure, reçut deux fois la visite canonique du Provincial, les 16 août 1697 et 2 septembre 1701, et le visiteur loua à chaque visite « la piété, l'esprit religieux du Fr. Le Seurre, ainsi que la sagesse de son administration ». Ce ministre mourut en 1706. Fr. N. Lucas, élu en 1706, ne fit que passer et son successeur, Fr. François Maurel, docteur en théologie, resta en charge jusqu'en 1720, date à laquelle il résigna pour passer à Troyes.

 

Biens des Trinitaires. — D'après un Aveu du ministre Le Seure et deux procès-verbaux de visite (1697-1701).

- L'église, sous le vocable de Notre-Dame, avec son autel majeur dédié à Notre-Dame. Trois chapelles, côté de l'Evangile, avec autels de la Trinité, de Sainte-Marguerite et de Saint-Nicolas ; deux petits autels des saints Pierre et Paul et de saint Jean-Baptiste. Orientée vers l'Est, l'église longeait la vieille route de Rieux à la Vilaine. Dans la chapelle Sainte-Marguerite, enfeu de la famille de Ressac, sa fondatrice, qui lui fournissait les ornements. La chapelle Saint-Nicolas, aux de Théhillac, était ruinée en 1697 et le représentant de la famille fut sommé de la rétablir ou de renoncer à ses droits.

- Le Mausolée des Rieux. — « Dans l'église, outre les écussons aux vitres et murailles, il y a du côté de l'Evangile et à genoux sur un prie-Dieu, un jeune homme représenté tel, armé de toutes pièces, ayant un grand manteau d'azur semé de besants d'or, et portant la date de 1541. Et de l'autre côté dudict tabernacle, une dame aussi à genoux, avec un grand manteau, et une inscription antique à côté de Mme de Rieux, laquelle, par la date de 1541, ne peut être que Suzanne de Bourbon-Roche-sur-Yon, mère de Jehan, seigneur de Rieux, représenté de l'autre côté. Il y a de plus un tombeau à l'entrée du sanctuaire qui, suivant l'inscription gothique, est celui de Jehan, seigneur de Rieux et d'Ysabelle de Clisson, fondateurs. Au vitrail, écusson mi-partie de Rieux et de Clisson ».

- Le Couvent. — Grand corps de logis parallèle à l'église, comprenant au rez-de-chaussée, salle, cuisine, réfectoire, salle capitulaire ; au-dessus, chambres des religieux.

Au bout de ce corps de logis et faisant angle avec lui, boulangerie et écurie ; de l'autre bout, écurie, four, colombier. Ces bâtiments forment trois côtés du cloître au milieu duquel un petit jardin. Devant le portail de l'église, petite cour et porte ouverte au public. A l'Ouest, grande cour ; à l'Est, grand jardin et verger. L'enclos, de deux journaux et demi, est cerné de murailles, moins le côté sur les douves du château. Au-delà, jardins des fleurs, vigne, pré.

- Métairie de la ville de Rieux. — Voisine de l'église, elle comprend une maison couverte d'ardoises, grange, aire à battre, cour, écurie, deux courtils, four, grande pièce en culture appelée les Arènes, de deux journaux et demi, donnant du Midi sur la grande rue de Rieux, du Nord sur le Puits Saint-Martin, du Couchant sur le chemin de la Fontaine. Plus, des prés, pâtures et landes. Métairie affermée à moitié des grains, plus 12 livres d'argent, 40 livres de beurre et 6 chapons évalués à 150 livres.

- Le Pré nommé Bataille, voisin du couvent et exploité par les moines. Nommé ainsi en souvenir d'une furieuse bataille contre les Normands.

L'Aveu cite ensuite : les métairies de Brambis et du Haut Four en Allaire, 90 livres ; le pré de la Maréchaussée, Fégréac, 1.050 livres ; autres prés 350 livres ; rentes diverses de 50 livres ; dîme de Peillac 280 livres ; 7 traits ou parties de dîme en Saint-Vincent 150 livres, en Saint-Perreux 77 livres, en Glénac 30 livres, en Saint-Jacut 50 livres, en les Fougerets 33 livres, en Béganne 16 livres, en Fégréac 150 livres, enfin la chapellenie Saint-Antoine 40 livres.

Total des revenus : 2.716 livres, plus les produits de l'enclos, le bois de chauffage, les anguilles de Saint-Perreux.

 

Charges. — Eglise et vestiaire des religieux, environ... 150 livres, pain et beurre, 260 ; vin, 300 ; épicerie, 370 [Note : Dans ce compte d'épicerie prise à Redon par le couvent, on relève comme denrées : « saumons, perdrix, bécasses, artichauts, huile, sucre, café, épices... ». Comme quoi, les épiceries du XVIIème siècle étaient bien approvisionnées] ; viande de boucherie, 200 ; médecins et apothicaires, 300 ; décimes et taxes au roi, 800 ; rentes dues à des particuliers, 796 ; plus le paiement des domestiques et ouvriers, les réparations aux bâtiments, les aumônes, les voyages, les imprévus. Le total égalait, dépassait même peut-être, les revenus.

Les biens meubles ne figurent pas dans l'Aveu de 1695.

 

Une dépendance des Trinitaires. — Le prieuré de Cadoudal en Plumelec a les titulaires suivants au XVIIème siècle : Fr. Olivier Camus, 1594, mort en 1609 ; Fr. Thomas Lécluze, 1609, ministre à Sarzeau, 1625 ; Fr. Charles Lamelin, mort en 1643... (lacune, puis) Fr. Edouard Le Limonnier, mort en 1698 ; Fr. Michel Rufin, 1698, résigne en 1701 ; Fr. François Collin, 1701, résigne en 1709 ; Fr. Julien-Félix Guilloux, 1709.

 

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III. — LES VOCATIONS SACERDOTALES.

La sève chrétienne qui animait les âmes en la paroisse de Rieux y faisait germer et s'épanouir de nombreuses vocations sacerdotales (religieuses aussi sans doute parmi les jeunes filles, mais nous n'en possédons aucun document). Voici celles que nous connaissons.

Missires François Sauvourel, Julien Tual, Vincent Desvaux, Jehan Ruffault, Jacques Desvaux, René Roulx, Jehan Méhat, Pierre Bloyet, Jehan Nyol, Pierre Tual, Pierre Levesque, Mathurin Guiho qui « fut trouvé noyé dans la Vilaine proche le port de Redon », François Panhaleux, mort en 1679, Yves Le Breton, Jehan Guého, Jacques Orain, mort en 1676, Vincent Monthouer l'aîné, Vincent Monthouer le jeune, Julien Pondard, Mathurin Hidoux, François Nueff, mort en 1704 à la Crolaie, Mathurin Orain, Mathurin Besnier, Roland Marquier, Pierre Evain, Melaine Bourgneuf, Julien Noury, Jean Jouan, Joseph Meslin...

Certains sont titulaires de dignités ecclésiastiques ou de grades universitaires. Mgr Gilles du Matz, sieur de Gléré, est protonotaire apostolique. Joseph Boullido, après avoir été étudiant au Collège de Clermont à Paris en 1669, devient Docteur en Sorbonne ; recteur de Peillac de 1685 (?) à sa mort en avril 1704, survenue « en sa maison en la ville de Rieux ». Son frère, Jean-Alexandre Boullido, lui succède ; pourvu en Cour de Rome le 6 juillet 1702, il ne prit possession que le 8 avril 1704, quelques jours seulement avant le décès de son frère, qui put ainsi garder son titre de recteur jusqu'à la fin. Jean-Alexandre Boullido demeura recteur de Peillac jusqu'en avril 1722 ; le 16 avril de cette année, il donna procuration à Rome en faveur de son neveu Jacques Trémoureux et se retira chez lui ; « mort en sa maison au milieu de la ville de Rieux, en 1725 » (Registre paroissial).

D'autres se font religieux, par exemple Dom Henry Le Breton, Frère du Quercron, Fr. Yves Besnier, prieur de Cadoudal, Fr. de la Houssaye, Fr. Coppale, Trinitaires.

Alors, les étudiants ecclésiastiques, après avoir pris des leçons de latin chez les prêtres ou les religieux du pays, achevaient leurs études au Collège Saint-Yves, à Vannes, tout en logeant chez des habitants de la ville. La vie de ces collégiens était plutôt exubérante, même la nuit parfois, ils organisaient des monômes affolants dans les rues.

Au déclin de ce siècle, en 1680, fut fondé à Vannes, le Séminaire des Clercs où, en 1701, Mgr d'Argouges appela comme directeurs des Lazaristes, mais il fallait quand même suivre les cours de théologie au Collège Saint-Yves.

Lorsqu'ils étaient sérieusement malades, les séminaristes revenaient se soigner chez eux, ce qui arrive à un jeune abbé de Rieux : « Missire Julien Roulx, diacre, de la frairie de Saint-Gildas, décédé en 1667 ».

 

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IV. — LES DÉVOTIONS EN FAVEUR.

1° La Croix.

Non seulement elle trône sur toutes les cheminées et le mur des lits-clos, mais elle se dresse au bord ou au carrefour des chemins, sur les places des villages et au coin des champs, humbles croix de bois et croix ouvragées de granit.

Voici celles que mentionnent les Archives et dont plusieurs subsistent toujours.

La Croix du Perron. — A la sortie Ouest de la ville entre les deux routes. Elle se dresse sur un socle en maçonnerie portant à l'avant un Christ très réaliste, à l'arrière la Vierge tenant sur ses genoux le corps de son Fils. Sur l'un des côtés se voient les armes de Rieux, Rochefort et Harcourt, et sur le milieu et le pied de la croix, diverses figurines. Cette croix du XVème siècle est la plus belle de Rieux. Derrière, subsiste une borne milliaire romaine, autrefois sur l'antique voie de Blain à Vannes.

La Croix de Saint-Thébaud. — Jadis au chevet de l'ancienne église, dans le cimetière Saint-Thébaud. Très belle croix de granit, mutilée pendant la Révolution. Aujourd'hui dans le nouveau cimetière.

La Croix de Saint-Julien, d'Aucfer. — Modeste et très ancienne croix de granit, plantée dans le haut du village à la limite de Saint-Jean et de Rieux. Elle domine la Fontaine et le doué (lavoir) Saint-Julien ; jadis elle était voisine de la chapelle Saint-Julien, maintenant disparue.

La Croix de l'Angle. — Autrefois nommée la Croix Coireau, sans doute du nom du donateur. Sur la vieille route de Rieux à Redon au croisement du chemin de l'Angle à la Grée de Beauregard. Vieille croix sans date, sans sculptures.

La Croix de Lézalaire. — Dite actuellement Croix de la Baignade de Féridor. Croix faite d'un seul bloc de schiste. Porte la date de 1713. Elle se trouve sur la route de Rieux, à vingt mètres de l'ancien passage du ruisseau de la Bousselaie, passage constitué par une longue pierre posée sur une autre à chaque extrémité.

La Croix du Val. — Croix en granit portant un Christ très semblable à celui du Perron ; à l'arrière, la Vierge. Aucun autre personnage.

La Croix de Gléré. — A l'angle des routes de Rieux et d'Allaire. Semblable à celle de la Baignade. Remplacée en novembre 1954 par un nouveau monument : croix de ciment sur une sorte d'autel porté par quatre colonnettes.

La Croix de Saint-Léger. — Vieille croix de granit encore en bon état ; en pleine campagne sur la route d'Allaire.

La Croix de Tranhaleux. — Le granit dont elle est faite s'effrite de vieillesse ; Christ plat. But d'une des processions des Rogations.

La Croix du Bot. — A la sortie de la propriété de Villeneuve sur la route de Tréfin. Cette antique croix a été refaite.

La Croix de la Croslaie. — Croix ordinaire en granit sans décoration. Elle appartenait à la vieille chapellenie de la Croslaie.

La Croix de Trévolo. — Sur les communs de ce village. Refaite récemment.

La Croix de Trévingat. — Au carrefour de la route de Rieux à Tréfin. C'est là que jadis se formaient les processions de Rieux à la chapelle Saint-Sébastien. Refaite en 1889, puis en 1927, à l'occasion d'une mission.

La Croix Rouic. — Près du Tertre. Malgré les mutilations qu'elle a subies, on peut se convaincre qu'elle fut très belle.

La Croix de la Garenne. — Presqu'aux limites de la paroisse.

La Croix Jendron. — Sur le chemin de Rieux aux Préaux. Signalée en 1530.

La Croix des Arènes. — Près de la ville.

La Croix dom Jehan. — Au-delà du village de la Lande, sur le côté gauche de la voie romaine.

La Croix de la Pariais.

La Croix dom Vincent.

En Saint-Jean, frairie de Rieux :

La Croix de Saint-Jean-des-Marais. — Près de la chapelle de ce nom.

La Croix du Vau-Mignot. — Très ancienne. Située au bas des Combes, près de la route de l'ancien presbytère.

La Croix Blanche. — Très vieille et très belle croix d'un seul bloc de granit, sur le vieux chemin de Saint-Jean. Nommée aussi la Croix du Chêne à la Belle, allusion sans doute à quelque aventure d'amour.

La Croix du vieux cimetière. — Près de la chapelle de Saint-Jean-des-Marais.

La Croix des Pâtis. — En la Poterie, près des Fosses, à l'embranchement de la route de Redon.

La Croix de la Loupière. — Dans l'ancien enclos des Religieuses. Mentionnée en 1580.

La Croix de la Bossière. — Près de la Mare des Sablières.

La Croix Fesas. — Disparue, ainsi que les deux croix de l'ancien cimetière Saint-Jacques, à la Poterie.

A toutes ces croix, le peuple de Rieux rend ses hommages en les saluant, en leur adressant une prière, souvent à genoux. Les enterrements s'arrêtent devant elles, le temps d'un Pater et d'un Ave, et même l'on dépose une petite croix de bois sur le piédestal ou dans la niche, s'il y en a une.

 

2° Notre-Dame.

« La Très glorieuse Vierge Marie », comme s'expriment souvent les registres, est, après Jésus, l'objet d'un culte tout spécial, fait d'admiration, d'amour et de filiale confiance. On la salue ordinairement du titre de Notre-Dame, « nom formé, a-t-on écrit, du métal le plus pur de la langue française ».

A Rieux, l'église paroissiale qui succède à l'antique chapelle Saint-Melaine, reçoit comme titulaire Notre-Dame dans son mystère de l'Annonciation. C'est pourquoi il est fréquemment question de l'autel de Notre-Dame et des chapellenies qui fondent une messe chaque semaine le samedi à l'autel Notre-Dame, en 1595 par exemple. Même maître-autel chez les Trinitaires. La Vierge Marie est également très honorée sous le titre de Notre-Dame du Saint-Rosaire, dévotion demandée par Marie elle-même à Saint Dominique ; celui-ci, par ses prédications, popularisa la pratique du Rosaire en France au XIIIème siècle. A Rieux, l'autel du Rosaire s'embellit d'une fort jolie peinture représentant la Vierge donnant le rosaire à saint Dominique pendant que son Enfant remet le chapelet à sainte Brigitte ; dans la chapelle prieurale, est placé « en haut de l'autel, un beau tableau de la Salutation angélique » (Inventaire de 1626).

C'est que la dévotion au Mystère de l'Annonciation avait pris chez nous, au XVème siècle, un caractère national. En 1421, l'Etat frappe des ducats (monnaie) à l'effigie de la Salutation Angélique, d'où leur nom de saluts. Durant la Guerre de Cent Ans, Ave Maria devient le mot de ralliement des Français. Sainte Jeanne de France, fille de Louis XI, fonde l'Ordre de l'Annonciade et Jeanne d'Arc fait broder l'Annonciation sur son étendard. C'est aussi l'époque où l'on dédie des sanctuaires à Notre-Dame de Bonne Nouvelle : l'annonce de l'Incarnation et du Salut du monde. Rieux était donc bien dans la ligne religieuse nationale.

La Vierge est encore vénérée dans la paroisse sous un autre titre ; Notre-Dame de Pitié, si douce aux coeurs meurtris, a en effet sa statue dans l'église paroissiale.

Oui, Notre-Dame est aimée au pays de Rieux, comme dans toute la Bretagne, et c'est avec une joie intense que l'on y accueille, en 1638, le décret royal ordonnant la Procession du 15 août, dite du Voeu de Louis XIII (Voeu exaucé par la naissance de Louis XIV).

Citons quelques autres sanctuaires dédiés à la Vierge dans le doyenné.

A Rieux, au couvent des Trinitaires, Notre-Dame de la Trinité ; en Allaire, Notre-Dame des Landes, Notre-Dame de Patience ; en Saint-Jacut, Notre-Dame du Pont d'Arz, Sainte-Marie de la Graë [Note : Une Graë ou Grée : lande rocheuse] ; en Peillac, Notre-Dame de Liesse ; en Saint-Congard, Notre-Dame de Quiempé ; à Saint-Gravé, Sainte-Gravée (la Vierge qui va enfanter) ; à Rochefort, Notre-Dame de la Tronchaye ; à Malansac, Notre-Dame de la Nativité, Notre-Dame de la Carpehaie ; aux Fougerets, Notre-Dame de la Nativité ; à Caden, Sainte-Marie, etc. [Note : En 1956, on compte dans le diocèse de Vannes au moins 186 basiliques, églises et chapelles dédiées à la Sainte Vierge].

 

3° Autres Saints.

Saint Melaine. — A titre de Patron de la paroisse, cet illustre évêque de Rennes mérite la place d'honneur après Notre-Dame. Sa Fête, le 6 novembre est très solennelle et l'on se plaît à orner son autel, comme à le prier. Souvent son nom est donné aux petits baptisés.

Sainte Anne. — La Patronne de la Bretagne, la douce aïeule qui berce les douleurs des épouses et des mères, a sa chapelle dans l'église depuis des siècles et son culte grandit encore après ses Apparitions à Nicolazic, en 1624 et 1625. Nul doute que plusieurs habitants de Rieux n'aient participé aux fameux pèlerinages qui, à cette époque, affluaient à Sainte-Anne d'Auray.

Saint Antoine. — C'est Saint Antoine-le-Grand, abbé et patriarche des religieux, né en Egypte vers 251 et mort 105 ans plus tard ; autrefois l'un des saints les plus populaires de l'Eglise. Dans l'église de Rieux une statuette et un tableau le représentent avec, à ses pieds, un petit cochon. De plus, il a près des halles sa chapelle, très fréquentée, surtout les jours de foire ; souvent on y déposait des offrandes, morceaux de lard sur l'autel, pièces de monnaie dans le troncq de Sainct Anthoine. Comme en toute cité, un cochon de Sainct Anthoine vaguait librement dans les rues, une clochette au cou ; aux tintements, les ménagères lui jetaient des restes de cuisine et lorsque l'animal était gras, on le tuait pour les pauvres, spécialement pour les lépreux de la Maladrie.

Saint Jean-Baptiste. — Très vénéré, non seulement dans sa Trêve de Saint-Jean des Marais, mais en ville et dans les villages où, la veille de sa fête, s'allument des fouées qui brillent gaiement de coteau en coteau.

Saint Jacques. — C'est Saint Jacques le Mineur, le titulaire de la chapelle des Potians, à la Poterie. Ceux-ci célèbrent sa fête du 1er mai par une messe solennelle et par une grande procession ; le même jour, se tient une foire importante, les aïeux unissant ainsi le matériel au spirituel.

Saint Julien de Brioude. — Sa chapelle, à Aucfer, voit accourir de nombreux fidèles, car ce brave soldat, martyrisé sous Dioclétien, vers l'an 288, était très populaire en Gaule depuis la découverte de son corps, en 431 par Saint Germain d'Auxerre.

Saint Thibaud (ou Thibault, Thébault). — Ce saint, né à Provins, en 1017, de haute noblesse, devenu prêtre et ermite, était très célèbre au Moyen Age à cause de ses nombreux miracles. A Rieux, on lui avait dédié le cimetière paroissial et la Maladrie, hôpital des lépreux, comme en bon nombre de pays. Fête le 1er juillet.

Saint Aignan. — Ce saint, devenu évêque d'Orléans après avoir été un brillant officier, avait empêché Attila de s'emparer de cette cité. D'où sa popularité. A Rieux, il est fort prié dans sa chapelle du Val ; on lui attribuait la cessation des épidémies de peste.

Saint Gildas. — L'illustre abbé de Rhuys (VIème siècle) est très honoré dans sa chapelle qui s'élève entre Gléré et le Plessix ; tout près, se trouve sa fontaine.

Saint Sébastien. — Très en vogue dans nos pays, ce saint, célèbre par sa valeur militaire et son glorieux martyre, a sa chapelle, très fréquentée, au village de Tréfin, non loin de la Vilaine. Lui aussi, avait la réputation d'arrêter les épidémies.

Les chapelles des saints ont leurs trésoriers ou bâtonniers. Ce sont eux qui reçoivent les dons et les enregistrent fidèlement, par exemple, à Saint Julien : « En 1699, François Cheval, 2 livres 4 sols au chapelain pour les dimanches et fêtes. — Offrandes le jour de Monsieur Sainct Julien, 18 livres 12 sols. — Au troncq pendant l'année, 2 livres. — Pour une couverture de linge à renfermer le calice de la chapelle, 6 sols ».

Saints des Corporations. — Signalons encore les saints Patrons des diverses Corporations et Confréries. Les membres de ces associations chôment la fête de leur saint Patron, assistent à la grand'-messe et processionnent avec leurs bannières. Puis ils prennent part à diverses réjouissances d'où les gaies beuveries n'étaient point exclues.

La plus importante est la Corporation des Potians, dont nous avons déjà parlé. Une autre est la Confrérie de Saint-Hubert, le Patron des chasseurs. En 1612, porte un registre paroissial, « a été baptisé Hubert, fils d'honorable homme Ysaac du Matz, sieur du Verger, et de demoiselle Renée de la Villegué ; parrain : noble homme Honoré Fabron, sieur du Plessix, Grand Maître de la Société Saint-Hubert... (Signé) : Noble homme Honoré Fabron, confrère de Saint Hubert ; Viard, greffier de Saint Hubert ; Lambert et Cornichel, bâtonniers de la Confrérie ; Mahé, Le Grand, Delor, Gouro, Fouessard, confrères de la Confrérie ».

 

4° Les Défunts.

A Rieux, comme d'ailleurs dans toute la Bretagne, les défunts occupent une large place dans la dévotion des fidèles. Dès que le mourant a quitté ce monde, la famille prévient le recteur et le crieur des trépassés. Celui-ci passe par les rues, agitant son échelette (clochette) et clamant : « Oyez tous (écoutez) : priez pour N... qui est trépassé ». Et il annonçait la date et l'heure de l'enterrement. Aussitôt l'on récitait une prière pour le défunt pendant que, au clocher, tintaient les glas des morts, tombant dans l'espace comme des pleurs brûlants.

Parents et amis se retrouvent à l'Office funèbre. On y célèbre souvent « trois messes de Requiem, dont la dernière à notes », c'est-à-dire chantée.

Le corps est ensuite porté dans un cercueil sans couvercle, appelé la fausse châsse, jusqu'à la tombe ; ordinairement du moins, car parfois le cercueil est fermé et même il est creusé dans une pierre de granit, comme celui qui a été découvert lors de la reconstruction de l'église (1956). Le lieu de la sépulture est habituellement l'église, car nos aïeux tenaient à dormir leur dernier sommeil près de l'autel et au milieu des fidèles. L'endroit en est soigneusement désigné dans le registre paroissial : « dans le choeur de l'église proche le banc de la seigneurie, — proche le balustre de l'autel, — à l'entrée, — au haut du choeur, — en la chapelle de l'Annonciation de Nostre-Dame, — au costé du grand autel, — en la chapelle Sainte-Anne, — proche le banc de Camson, — en la chapelle du prieuré, etc. ». Parfois l'inhumation a lieu dans la chapelle des Trinitaires, dans celle du château ou dans celle d'une frairie : « en la chapelle du Plessix de Ressac, — en la chapelle de Saint-Jean des Marais ».

Touchantes au point de vue mystique, les inhumations dans les églises étaient fort insalubres, d'autant que les cadavres étaient mis en terre sans cercueil, et peu profondément, et que les tombes devaient être fréquemment rouvertes avant que les corps fussent réduits en poussière. En temps d'épidémie, les morts étaient tout de même, en général, enterrés dans le cimetière Saint-Thibaud, situé le long de l'église, côté du Midi.

Une fois la tombe refermée, les défunts ne sont point oubliés. Après les Offices, on va dire une prière devant leur tombe où, le jour des Rameaux, on dépose un laurier bénit et que l'on rafraîchit et fleurit à la Toussaint. Surtout on priait pour leur âme, et par les plus efficaces des prières : la messe et les services. « Le 11 may 1617, lit-on dans le Registre, Julien Jollan fut enterré au chanceau de l'église, et fut commencé en ladite église pour l'âme du susdit ung ouictaine (huitaine, octave de services) qui furent chantés pendant une semaine par les prêtres suivants : 1° M. le Recteur ; 2° dom Lucas Jouan ; 3° dom Henry Roussel ; 4° dom Julien Grenil ; 5° dom Vincent Desvaux ; 6° dom François Mahéas ; 7° dom Pierre Bloyet. Y assistaient encore, le Secrétain et les Chapelains ». Quel nombreux clergé alors à Rieux !

Pour les défunts, on fonde toujours des chapellenies, ou messes et services à perpétuité : chapellenies de Saint-Roch, en la chapelle Saint-Antoine, des Ruffaulx et de Jean Richard, à Saint-Jean-des-Marais, du Tertre (16 janvier 1689), celle-ci « avec pour patron le recteur, pour assiette une maison et ses dépendances, pour charge une messe le samedi à l'autel du Rosaire ». Parfois ce sont des grands Services qui sont demandés, ainsi « un Service avec Matines et Laudes plus deux messes à chaque anniversaire de la mort de la fondatrice, demoiselle Mathurine Gauthier, et une messe au maître-autel le 1er vendredi du mois ».

La prise de possession d'une chapellenie est accompagnée de certaines formalités. En 1704, la chapellenie du Péron est attribuée à « missire François Fleuret, du diocèse de Tréguier, par dame Marguerite de Kervérien, veuve de messire Guillaume de Vaucouleurs, conseiller au Parlement, en remplacement de missire Joseph Boullido, recteur de Peillac, décédé ».

Missire Fleuret, « après avoir ouvert et fermé les portes, bu, mangé, circuit et environné les terres et les jardins, bêché, arraché et rompu du bois aux arbres, et fait tous autres actes nécessaires en présence de missire Mathurin Hidoux, prêtre curé de la trêve de Saint-Jean, etc... ».

L'évêque n'est pas toujours le maître dans ces attributions : en 1709, une sentence du présidial de Vannes attribue « la chapellenie de Camzon à missire Jean-Alexandre Boullido, recteur de Peillac, suivant présentation de noble homme Sébastien Hervoche, nonobstant l'opposition de l'évêque de Vannes ».

Si toutes ces dévotions attestent l'esprit profondément chrétien de la paroisse de Rieux, on se doute bien que les dimanches et les fêtes d'obligation sont strictement sanctifiés par le repos de tout travail matériel et par l'assistance à la messe et aux vêpres. Ces fêtes d'obligation étaient encore nombreuses alors : il y en avait 47 ! Mgr d'Argouges, par une Ordonnance de 1708, les réduit à 29. Inutile d'ajouter que cette décision fut accueillie avec faveur.

 

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V. — PARTICULARITÉS EN CERTAINS REGISTRES PAROISSIAUX.

1636. — Note : « Depuis quelque temps, on constate le retard de plus en plus grand et de plus en plus fréquent mis à faire baptiser les enfants, en particulier dans les familles importantes du pays ».

Prénoms curieux. — Pour les garçons : Guédas (pour Gildas), Guill (pour Guy), Hermeland... Pour les filles : Yolande, Roullette (pour Raoulette), Lucase (de Lucas), Gillette et Gilonne (de Gilles), Jacquette, Olive, Barthélémine, Hermelande, Gildate et Guédate (de Gildas), Nycelle, Lucrèce...

Parrains prêtres. — 1652, baptême de Françoise du Maz, de la Boucelaye ; parrain : Vénérable et discret missire Fr. Louis Letourneau, ministre du couvent Notre-Dame de Rieux. — 1656, baptême de Jan Bourgneuf, fils de Jan, sieur du Haindreuff, avocat en la Cour et séneschaussée de Rieux ; parrain : missire Pierre Gaultier, recteur de Rieux. — 1668, baptême de François Bonnet ; parrain : noble et discret messire François de Montalembert, recteur de Saint-Dolay...

Enfants illégitimes. — 1652, « baptême d'un fils de Julienne Gérard, servante chez noble homme Thomas du Meurier, sieur de la Touche Saint-Rémy, en Fégréac, ledit enfant avoué audit seigneur » (inscription faite en 1669). — 1675, baptême de « Charlotte Chedeville, fille d'Olive Paris, avouée à Jean Chedeville, sieur de la Motte, en la Gacilly ». — 1697, « baptême de Gilonne du Boulay, fille de Françoise Guérin, celle-ci fille de Maître Jan Guérin, notaire à Rieux, avouée du sieur Pierre du Boulay, lequel épousa peu après la jeune mère ».

Divers. — « 12 septembre 1602, baptême d'un enfant d'un homme allant par pays pour se retourner des pertes des biens qu'il a eues du feu du ciel qui est tombé sur sa maison au diocèse du Mans ; parrain : humble religieux Fr. Alexandre de Monty, prieur de Rieux ». — 28 may 1674, « baptême de Mathurin de l'Orme, auquel on a imposé ce nom, attendu que cet enfant a été trouvé ce matin sur deux branches d'orme, suspendu à la porte du Rosaire de l'église de Rieux ». — 1647 « baptême de Joseph Rolland, nommé Joseph à cause du voeu de sa mère en sa grossesse ». — 1690, baptême (à Saint-Jean) « de Pierre Chénais, né de Julienne Chénais, dont le père est un ivrogne ». Signé : Julien Noury, curé...

 

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APPENDICE LES CAMALDULES AU COMTÉ.

Presque à l'extrémité Nord de la Seigneurie de Rieux, s'élevait jadis le Couvent de Roga.

Roga, ou Rosgal [Note : Rosgal : ros, colline couverte de landes ; gal, ennemi. Appelé encore Botgarth, habitation palissée], comme le porte le Cartulaire de Redon, se trouve près de l'Oust, sur la route de Malestroit à Saint-Congard, aux environs du château-fort de Nominoé, nommé Coëtleu (848). A cette époque, Saint-Congard était une trêve de Plou-Cadoc (paroisse de Saint-Cado), devenue Pleucadeuc. Ce nom lui avait été donné par les moines qui avaient établi l'oratoire de Rosgal.

Congard, ou plutôt Congal, né dans le Nord de l'Irlande vers 514, était célèbre en ce pays : célèbre par la prophétie de Saint Patrice qui l'avait annoncé à sa mère comme le Saint de Dieu, célèbre par ses vertus, ses miracles, ses fondations monastiques, notamment le monastère de Bancor, peuplé de 3.000 moines, et par ses disciples, surtout l'illustre Saint Colomban, abbé de Luxeuil.

En 834, Jarnhitim, machtyern de Pleucadeuc, concède Roga aux moines de Redon. Ceux-ci bâtissent en ce lieu une chapelle dédiée au Saint Sauveur et un prieuré qui devint un centre de colonie agricole. Plus tard, l'établissement tomba en ruines. La chapelle seule fut relevée par la paroisse et l'emplacement resta propriété du Comté de Rieux.

Au XVIIème siècle, M. du Guénégaud, seigneur de Rieux, appelle les Camaldules, fondés par saint Romuald au XIème siècle. Habillés de blanc, ces moines vivent en cellules séparées, mais groupées autour de la chapelle et mènent une vie surtout contemplative.

Par Acte notarié du 28 mars 1672, M. du Guénégaud leur donne « la chapelle Saint-Sauveur avec son circuit et les bâtiments y inclus, plus cent journaux de terre à prendre sur la montagne voisine, à charge de célébrer le service divin à Saint-Sauveur et de se souvenir dans leurs prières des fondateurs et de leurs descendants. Le comte se réservait la faculté de se bâtir une cellule pour y passer quelque temps dans la solitude et la prière » (Cette dernière disposition nous renseigne suffisamment sur l'esprit de foi qui animait M. du Guénégaud).

Le Majeur des Camaldules (le Supérieur) accepte la fondation avec le consentement de Mgr de Vautorte, évêque de Vannes, et de missire Julien Tastart, recteur de Saint-Congard ; des lettres royales la confirment. Après quoi, les Camaldules prennent solennellement possession de Roga, le 20 mai 1674. Le recteur avait réservé ses droits rectoraux et les religieux s'engagèrent à lui payer 25 livres par an et à la fabrique de l'église, 10 sols le jour de la Sainte Trinité.

Bientôt le nouveau couvent augmente ses propriétés par acquêts et échanges. D'où jalousie de la part des voisins qui inquiètent les moines dans leurs possessions, surtout dans les landes.

Leur plus importante acquisition fut la métairie de la Gléhénaye. Pour les aider, Judith Guillermo, dame de Beslée, leur fit don de 1.100 livres, à charge de messes et de prières (1685).

En 1690, un édit royal ayant taxé à un prix élevé le droit d'amortissement de cette métairie, le Père Augustin, majeur de Roga, résiste d'abord ; puis contraint d'obéir, il imagine de fermer le couvent et de le vendre, malgré les protestations de ses religieux et sans l'autorisation du Chapitre de l'Ordre. Quatre ans après, le 28 octobre 1694, les moines réussissent cependant à racheter à l'amiable leurs biens indûment aliénés et à recouvrer la fondation de Mme Beslée. Et les Camaldules restent dans le Comté (abbé Henri Le Breton).

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