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RIEUX DE 1900 À 1939

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La persécution religieuse. — Nouveau recteur et une école libre de garçons. — La Grande Guerre. — Changements de recteur, de vicaire et de religieuses - L'orphelinat de la Bousselaie. 

I. — LA PERSÉCUTION RELIGIEUSE.

Expulsion des Soeurs. — Au début du XXème siècle du 12 au 26 mai 1901, les paroissiens de Rieux suivent avec une réelle ferveur les Exercices du Grand Jubilé, accordé par le Pape Léon XIII. Ils fortifièrent les âmes qui allaient avoir besoin d'un surcroît d'énergie durant la persécution combiste.

Dès le 20 juillet 1902, arrive à Rieux l'ordre d'expulser les Religieuses de l'école libre. Spontanément le Conseil municipal se réunit et prend les décisions suivantes :

« Le Conseil, considérant :

1° que les services rendus par les Religieuses en procurant aux enfants une éducation chrétienne selon le désir des familles, est évident ;

2° que cette école gratuite ne grevait en rien le budget de la commune ni celui de l'Etat ;

3° que les parents réclamaient avec une insistance énergique le maintien des Religieuses pour les services rendus par elles ;

proteste à l'unanimité contre la fermeture de cette école et demande la liberté pour tous ».

Mais les sectaires se moquent bien de la volonté du peuple !

Le lundi 4 août 1902, douze gendarmes à cheval et douze à pied arrivent pour expulser les religieuses. Seulement, l'alerte a été donnée. Dès huit heures, cinq cents personnes occupent la cour de l'école, pendant que les cloches sonnent le tocsin.

Trois heures après-midi. Gendarmes et crocheteurs démolissent le portail d'entrée et pénètrent dans la cour. Les manifestants défendent le terrain pied à pied. Finalement, ils doivent céder. Après la cour, c'est le tour des classes, âprement défendues...

Enfin le commissaire du gouvernement pose la main sur l'épaule des Soeurs et prononce l'arrêt d'expulsion, accueilli par les hou ! hou ! de la foule.

La Supérieure sort donc au bras de M. Forest, député, et son adjointe au bras de M. d'Hérouville, propriétaire de la maison. Elles se rendent à l'église, suivies d'un millier de personnes chantant le cantique « Nous voulons Dieu dans nos écoles ». Quand tous sont entrés, retentit le Parce Domine, après lequel, avec émotion, le pasteur exprime aux Religieuses la reconnaissance de la paroisse, les regrets de leur départ et l'espoir d'un retour prochain.

Le siège de l'école avait duré une heure et demie ; brillante victoire que celle-là !

Deux Soeurs rentrent alors à la maison-mère, à Saint-Brieuc, tandis que la troisième reste pour catéchiser les enfants.

Ceci se passait le 4 août 1902 ; or, le mardi 28 avril 1903, l'école libre des filles rouvrait au Fresche, seulement les Soeurs étaient sécularisées, c'est-à-dire revêtues d'un costume civil, les Congrégations n'ayant plus le droit d'enseigner ni même d'exister au pays de la Déclaration des Droits de l'homme !

D'autres victimes des lois édictées contre les Congrégations furent les Maristes de la Bousselaie. Et pourtant ces missionnaires du Christ faisaient aussi aimer la France dans leurs missions d'Océanie ! Leur propriété de la Bousselaie que leur avait cédée Mgr de Forges, fut confisquée par l'Etat. Pour la récupérer, les Maristes prièrent la marquise d'Hérouville qui habitait Paris, mais possédait à Rieux le Quéfer et Camzon, de leur servir de prête-nom. Ainsi racheta-t-elle la Bousselaie où, depuis, elle vint séjourner plusieurs mois tous les ans, afin de jouer le rôle de propriétaire fictive. Nous avons vu qu'en 1890 cette généreuse chrétienne avait offert sa propriété du Fresche, au bourg, pour y établir l'école des religieuses.

 

L'inventaire de l'église. — Depuis plusieurs années, il était question à Rieux de reconstruire l'église. Ce vieil édifice en effet était en fort mauvais état ; l'architecte départemental, M. Charrier, l'avait constaté et, sur son rapport, la municipalité, le 16 août 1903, votait un crédit de 60.000 francs pour contribuer avec le recteur à sa reconstruction.

Mais bientôt de graves événements vinrent s'opposer à cette oeuvre. Le 11 décembre 1905, en effet, était votée la Loi de Séparation des Eglises et de l'Etat, dont le but était la mort de l'Eglise de France.

Dès le 28 février 1906, la préfecture avertit le maire de Rieux que « l'inventaire de l'église paroissiale aurait lieu le jeudi suivant, 4 mars, à deux heures après-midi, par les soins d'un agent des Domaines ».

A cette nouvelle, la population se dispose à défendre son église. Au jour dit, les fidèles se rassemblent tant dans l'édifice qu'à l'extérieur et neuf cordes de bois sont disposées derrière les portes ainsi qu'au portail du presbytère.

Deux heures !... Le percepteur d'Allaire, M. Ménard, l'inventorieur, se présente, assisté de quarante gendarmes, et requiert du recteur l'ouverture de l'église. Refus de M. Guilloux qui lit une énergique protestation contre les prétentions de l'Etat. Deux autres sommations ; mêmes refus. N'étant pas en force, les émissaires du gouvernement jugent prudent de se retirer : c'est que l'excitation croissait et déjà des bâtons se levaient pour frapper les intrus.

Aussitôt leur départ, la foule envahit l'église pour y recevoir la bénédiction du Saint-sacrement et les chaudes félicitations du pasteur. Outre M. Guilloux et son vicaire, M. Lafolye, étaient présents : MM. le chanoine Le Cointre, curé-doyen d'Allaire, et Thomas, son premier vicaire, Coué, recteur de Saint-Dolay, Guyot, recteur de Théhillac, et plusieurs professeurs de Saint-Sauveur. Parmi les laïques, l'on remarquait M. le maire avec son conseil, M. le conseiller d'arrondissement et beaucoup de gens de Redon et des environs.

Le 2 décembre 1906, se tient le dernier Conseil de Fabrique, composé du recteur, du maire Vincent Gaudin et des autres membres : Rouxel, Guilloux, Lemasson, Lelièvre et Sauvourel, président. Il rédige la belle protestation suivante :

« Nous, membres du Conseil de Fabrique de Rieux, avant de terminer notre gestion, fermement attachés au Souverain Pontife et fidèles à ses directives, déclarons vouloir nous conformer entièrement et toujours aux décisions de notre évêque et protester à l'avance contre toute dévolution des biens de notre Fabrique en violation des lois de l'Eglise ».

Subrepticement, l'agent des Domaines fait un inventaire des biens de l'église, inventaire pour la forme plutôt. Le dimanche suivant, 9 décembre, « le Conseil proteste énergiquement contre cet inventaire fait sans qu'il en ait été averti ».

Et les paroissiens gardèrent leur église où le culte continua comme par le passé.

Sommée en janvier 1907 de louer l'église, la municipalité vote la jouissance gratuite au recteur ; quant au presbytère, sur avis de l'évêché, elle le loue 50 francs (1908).

 

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II. — NOUVEAU RECTEUR. - UNE ÉCOLE LIBRE DE GARÇONS.

Sauvée des griffes de l'Etat, l'église de Rieux faillit être victime de la foudre qui mit le feu au clocher, le 20 février 1910. Alertés, les pompiers de Redon arrivent à temps pour maîtriser l'incendie.

Avec les édifices du culte, les autres propriétés communales étaient l'objet de la sollicitude du conseil municipal. Le 11 février 1906, il vote l'exhaussement et le prolongement des cales de Cran et l'amélioration de celles de Rieux et du Passage-Neuf. Les halles menaçant ruine, il décide de démolir la partie sud.

Cependant, M. Guilloux se sentait vieillir et il donne sa démission de recteur en août 1911. Retiré chez les Frères à Ploërmel, il y mourra le 21 septembre 1913. Il laissait d'unanimes regrets à Rieux où sa bonté avait gagné les coeurs.

Le successeur de M. Guilloux fut M. Joseph Gauthier, recteur de Réminiac, né à Glénac en 1856. Il trouvera pour vicaire M. Paul Lafolye qui deviendra recteur de La Telhaie en juillet 1913 ; après lui, ce sera M. Paul Bredoux, né à Campénéac en 1878, et quand celui-ci aura quitté pour raison de santé, M. Mathurin Courtel, vicaire-instituteur à Campénéac, né à Lanouée en 1881.

M. Gauthier obtient de la municipalité Vincent Gaudin de grosses réparations au presbytère et la construction d'un puits monumental dans la cour, dépenses qui déplaisent aux électeurs. Aussi aux élections du 5 mai 1912, ce fut l'échec de la liste Vincent Gaudin et le succès de la liste François Perrin, de Belle-Noë, qui fut élu maire.

Ce nouveau Conseil décide d'achever la démolition des halles, d'installer une cabine téléphonique au bourg, de creuser deux puits communaux au bourg et à Aucfer, et de fonder un bureau de bienfaisance, imposé par l'Etat, avec, pour dotation, les biens ecclésiastiques séquestrés (1913).

1914 vit la construction d'une école libre de garçons. La marquise d'Hérouville en fit généreusement les frais en mémoire de son fils, mort prématurément, mais les charrois furent faits gracieusement par les paroissiens : c'est l'Ecole Saint-Pierre. La guerre en retarda l'ouverture jusqu'au 25 novembre 1917, jour où elle fut solennellement bénite par M. Le Large, curé-doyen d'Allaire, en présence de nombreux paroissiens.

La marquise d'Hérouville, veuve depuis le 2 août 1909, était née Affre de Saint-Rome et nièce de Mgr Affre, archevêque de Paris, mort sur les barricades en juin 1848 en essayant d'arrêter la lutte fratricide.

 

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III. — LA GRANDE GUERRE.

Samedi, 1er août 1914, 4 heures après-midi. — Le tocsin sonne au clocher et on publie l'Ordre de Mobilisation générale. Emotion intense qui se propage de village en village, de champ en champ, où l'on travaille à la moisson. Aussitôt les mobilisables rentrent chez eux et consultent fiévreusement leur Fascicule de Mobilisation ...

Dimanche, 2 août. — Nouvelles de plus en plus alarmantes. Les âmes sont angoissées. Aux Offices, la prière, surtout celle des épouses et des mères, revêt une indicible ferveur.

Lundi 3 août. — Le sort en est jeté : l'Allemagne a déclaré la guerre à la France ! Quoique prévue, cette annonce cause de la stupeur. Les mobilisés partent crânement, en chantant même. « A Berlin ! crient-ils. A bas Guillaume ! Vive la France !... ». Un dernier au revoir à ceux qu'ils aiment et ils disparaissent vers la gare de Redon...

Parmi eux, le vicaire, M. Courtel ; le recteur va rester seul.

Durant quatre longues années, la Grande Guerre se poursuit avec des alternatives de succès et de revers. Au pays, vieillards, femmes et enfants s'efforcent de remplacer les absents dans le travail ; en même temps, ils apportent dans leurs prières une piété plus ardente. Ils y joignent la charité en participant aux œuvres créées pour les combattants, les blessés, les prisonniers, les réfugiés, sous la direction des autorités civiles et religieuses.

Et là-bas, sur l'immense Front de bataille, les Poilus — ainsi les surnomme-t-on — luttent avec courage, soutenus par le sentiment du devoir patriotique et par la certitude de la victoire finale : les Allemands, on les aura ! répétaient-ils.

ET ILS LES EURENT !

Le 11 novembre 1918, vers une heure après midi, un télégramme apportait à Rieux la nouvelle de l'Armistice. Aussitôt, joie délirante : on cesse le travail, on pavoise, cependant que les cloches carillonnent éperdument... Sur le soir, la foule envahit l'église, empressée à remercier le Seigneur, Notre-Dame et les Saints de Rieux : Saint Melaine et la Bienheureuse Françoise d'Amboise.

Après le chant enthousiaste du Magnificat et la Bénédiction du Saint-Sacrement, la cérémonie se termine par une allocution du Pasteur et par une prière émue pour les soldats de Rieux morts pour la France.

Hélas ils sont nombreux, ceux que cette guerre formidable a couchés dans la tombe ! N'est-il pas juste que l'Histoire de leur pays garde leurs noms glorieux ? En voici donc la liste, communiquée par la mairie.

ENFANTS DE RIEUX MORTS POUR LA FRANCE

— 1914 —

Philémon TESSIER, mort le 22 août. Jean LECLAIR, 27 août. Jean CAMBFORT, 30 août. Ange RAIMBAUD, 6 septembre. Jean-Baptiste ROUXEL, 6 septembre. Edmond CADIOT, 6 septembre. Joseph ROUXEL, 8 septembre. Armand BOUCHER, 8 septembre. Jean LEMASSON, 15 septembre. Julien TUAL, 16 septembre. Jean-Baptiste GUIHO, 3 octobre. Louis LAMBERT, 4 octobre. Jean-Baptiste SAUVOUREL, 1er novembre. Jean-Marie TORLAY, 8 décembre.

— 1915 —

Joseph-Marie NOURY, 13 janvier. Alphonse CAMBFORT, 17 février. Paul LECOINTRE, 23 juin. Jean JOSSET, 28 juin. Pierre VOISIN, 4 septembre. Pierre RAIMBAUD, 5 septembre. Joseph RAIMBAUD, 8 septembre. Julien BOUCHER, 8 septembre. Pierre MAHÉAS, 19 septembre. Jean COTTIN, 28 septembre. Joseph GAUTIER, 4 octobre. Emile BÉNIGUEL, 6 octobre. Pierre GAUTIER, 30 octobre.

— 1916 —

Pierre PERRIN, 14 mars. Auguste TORLAY, 12 avril. Pierre LEFRÈRE, 12 juin. Jean JAGUT, 20 juillet. Adrien CAMBFORT, 22 juillet. Joseph RIFFAUT, 23 juillet. Pierre SAUVOUREL, 13 septembre. Vincent ROBERT, 17 septembre. Auguste GUÉVENEUX, 2 octobre. Philémon LAMBERT, 8 octobre. Emmanuel LEMÉE, 30 octobre. Clément EON, 30 octobre. Joseph BLANCHARD, 24 novembre. Jean-Baptiste AMOUROUX, 16 décembre.

— 1917 —

Julien BÉNIGUEL, 16 avril. Joseph PONDARD, 20 avril. André BERNARD, 23 avril. Jean SAUVOUREL, 21 mai.

— 1918 —

Melaine LELIÈVRE, 27 mai. Léon BERNARD, 10 juin. François MOURAUD, 11 juin. Pierre ROBINET, 15 juillet. Baptiste ROUXEL, 24 juillet. Jean LECLAIR, 9 octobre. Clément LAMBERT, 22 octobre. Léon CAVARO, 5 novembre. Louis JAHIER, 27 novembre.

Ajoutons les noms de deux soldats domiciliés en dehors de Rieux : l'abbé Jean Perrin, vicaire à Sérent, tué dans la Somme, le 5 septembre 1916, 34 ans, et Jacques de Forges, époux de Charlotte de Castellan, mort aux Armées, le 29 décembre 1918 des suites de la guerre, 33 ans.

Le 9 septembre 1919, la municipalité érigeait un Monument à la mémoire des Enfants de Rieux morts pour la Patrie, tandis que, à l'église, était placée une plaque de marbre portant leurs noms. Quant à l'Etat, il leur a conféré la Croix de Guerre et la Médaille Militaire.

Ce fut le dernier acte de la municipalité Perrin avant les élections du 30 novembre 1919 où triompha la liste Mahéas-Le Mauff ; le nouveau maire fut Jean-Marie Sauvourel, de la Rivière de Tréfin.

En décembre, M. Gauthier, se sentant fatigué, donnait sa démission de recteur et se retirait chez lui, à Glénac, où il mourait le 8 avril 1920.

 

Départ des Maristes. — En cette même année, la marquise d'Hérouville, se trouvant trop âgée pour continuer à jouer le rôle de propriétaire légale et fictive de la Bousselaie, les Pères Maristes décidèrent de vendre leur propriété ; les vocations sur lesquelles ils comptaient n'éclosaient pas facilement dans ce pays éloigné des grands centres. Ils firent donc des propositions de vente à Mme Jacques de Forges qui les accepta et devint ainsi propriétaire du château et des domaines qui avaient appartenu déjà durant des siècles aux de Forges.

Cette dame, née Charlotte de Castellan, avait épousé en 1910 le comte Jacques de Forges, né en 1885 et mort le 29 décembre 1918, dans sa 34ème année, des suites de la guerre, étant encore sous les drapeaux. Son père, Paul de Forges (1853-1891), maire d'Allaire jusqu'à sa mort, habitait le château du Plessis-Rivaud en Allaire, venu aux de Forges par le mariage de Charles de Forges, mort en 1910, avec Marie de la Voltais.

En 1937, Mme de Forges vendit cette dernière propriété à M. Bailly qui la céda en 1954 à M. le comte d'Audiffret.

 

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IV. - CHANGEMENTS DE RECTEUR, DE VICAIRE ET DE RELIGIEUSES - L'ORPHELINAT DE LA BOUSSELAIE.

Le nouveau recteur de Rieux, M. François Portier, né à La Trinité-Porhoët en 1876, entretient dès le début de cordiales relations avec le Conseil municipal, comme son vicaire, M. Michard. Ainsi il l'invite à son installation, le 11 janvier 1920 ; en retour, le clergé est convié à l'inauguration du monument aux Morts de la guerre, le 26 décembre.

Cette amitié avec le maire Sauvourel qui continuera avec son successeur, François Perrin, élu le 17 mai 1925, se traduit par des réparations au presbytère, l'octroi de subsides aux élèves indigents de l'école libre (1922) et d'importantes restaurations à l'église (avril 1925).

Au point de vue communal, la municipalité décide le rétablissement du passage de Cran, supprimé depuis plusieurs années (1920), l'installation du téléphone (1925), l'électrification du bourg, et des villages d'Aucfer, la Rue, l'Angle, le Val, Lishalaire, le Verger, Belle-Noë (1930-1933).

En 1923, la Supérieure générale des Filles du Saint-Esprit décide de retirer ses religieuses de Rieux. Aussitôt le recteur s'adresse aux Soeurs du Sacré-Coeur, de Saint-Jacut, qui acceptent la maison de Rieux. Et depuis, l'on n'a eu qu'à se louer de leurs bons services.

Au début de 1925, le vicaire, M. Michard, était nommé recteur de Larré et remplacé par M. Jean Le Moine, de. Saint-Gravé. Celui-ci dut se retirer en août pour raison de santé et l'Autorité nomme vicaire M. François Barillet, né à Péaule en 1887, alors instituteur au Roc-Saint-André.

Pour rajeunir un peu son église, M. Portier orne la vaste baie de l'abside d'un beau vitrail, oeuvre de M. Bonneville, maître verrier à l'Angle. Sa bénédiction solennelle eut lieu le 2 septembre 1928.

Le 18 février 1931, Rieux faisait de grandioses funérailles à l'une de ses bienfaitrices insignes, Mme la marquise d'Hérouville. Mgr Tréhiou, évêque de Vannes, avait tenu à les présider et à y prononcer un émouvant éloge funèbre. Le deuil était conduit par l'un de ses fils, le R.P. Pierre d'Hérouville, de la Compagnie de Jésus, brillant professeur au Collège de l'Immaculée-Conception, à Laval.

A noter en 1932 la Grande Mission, prêchée avec un réel succès du 12 au 29 mai, par les Pères Capucins ; l'un de ses fruits fut la fondation de la Fraternité Saint Bonaventure, du Tiers-Ordre franciscain, tant recommandé par les Papes.

Le pasteur continuait à veiller sur les croix qui parsèment la campagne et il fit restaurer les croix de Trévingat, de Trévolo et du Bot.

Une belle oeuvre à laquelle il n'était pas étranger, fut, en 1934, l'ouverture d'un Orphelinat dans les bâtiments jadis occupés par le Scolasticat des Maristes à la Bousselaie. L'idée en vint à une charitable personne de Saint-Jacut, Mlle Anne de Coutance, qui recueillait déjà chez elle, des orphelins de l'OEuvre de l'Adoption. M. l'abbé Berto, directeur de l'OEuvre dans le diocèse, obtint de Mme de Forges la location de ces bâtiments et l'Orphelinat recueillit, pour débuter, une quinzaine d'enfants heureux de recevoir là des soins maternels.

Le printemps de 1935 faillit mettre en deuil la Bousselaie. Paul de Forges, fils de Mme la comtesse Jacques de Forges, né en 1912, était d'un tempérament enthousiaste et, ne rêvant qu'aventures, il s'était engagé dans l'aviation civile et associé à Maurice Finat, célèbre pilote de raids. Un jour, partis de Marignane, ils réalisèrent splendidement la liaison France-Madagascar. Malheureusement, au retour, ils furent surpris en Afrique Orientale par un orage effroyable et durent atterrir à Moski. Malgré les prévisions météorologiques défavorables, ils reprirent leur vol. Et voilà qu'en survolant les montagnes de Sanya, au Tanganiyka, l'appareil, pris dans un violent remous, s'écrasait au sol. Le pilote, Finat, était tué sur le coup et Paul de Forges grièvement blessé. Soigné à Moski, le jeune aviateur en sortait guéri deux mois après et venait achever sa convalescence près de sa mère, à la Bousselaie. Mais de cet accident, il garda une ankylose totale de la cheville. C'est en récompense de ce fameux raid qu'il fut décoré de la Médaille militaire. Il avait déjà reçu et il recevra encore dans l'avenir plusieurs Médailles coloniales.

A l'automne de 1935, le 20 octobre, le vicaire, M. Barillec, devenait recteur de Saint-Malo-de-Beignon, et Rieux voyait arriver à sa place, juste pour la Saint-Melaine, un jeune prêtre des plus dynamiques : M. Mathurin Le Gal, né en 1907, à La Chapelle-Caro.

Aussitôt, le jeune vicaire lance avec ardeur la J.A.C., fortement secondé par M. Boschet, directeur de l'école libre. Et bientôt son groupe, très florissant et d'excellent esprit, paraît avec avantage dans de superbes séances théâtrales et dans les principales fêtes paroissiales, notamment dans ces splendides défilés historiques, inaugurés en 1930 par M. Bonneville. Fut alors représentée l'entrée à Rieux de la duchesse Françoise d'Amboise. Plus tard, le Martyre de Saint Sébastien, honoré en la chapelle de Tréfin, et surtout la Cour pontificale, avec ses 150 personnages accompagnant le Pape, eurent un grand retentissement dans le pays.

En même temps que la J.A.C., militaient les Bruyères d'Arvor, oeuvre qui groupait dans le diocèse les jeunes filles de l'Action catholique.

En 1936, Mlle de. Coutance étant tombée malade, des jeunes filles du Ménimur (Vannes) se relayèrent à l'Orphelinat de la Bousselaie de juin à novembre (Mlles Marie-Thérèse Kerrand et Joséphine Le Corvec). Puis, à la demande de Mgr Tréhiou, la Très Révérende Mère Saint-Brieuc, Supérieure Générale des Soeurs du Sacré-Coeur, de Saint-Jacut, accepte de prendre en charge l'Orphelinat. Pour ce poste, elle désigne deux de ses religieuses, dont l'une, Soeur Marie-Félicie, sera la Directrice et, par son savoir-faire, assurera un bel épanouissement à l'Orphelinat [Note : Son premier aumônier fut M. le Chanoine Thibault, ancien curé de La Trinité-Porhoët].

Si la Bousselaie était en renom par son Orphelinat, il l'était de plus en plus aussi par les exploits de l'aviateur Paul de Forges. Sa convalescence achevée, il était retourné intrépidement dans l'aviation, effectuant de spectaculaires randonnées en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Pologne, et jusqu'en Iran et aux Indes, et collectionnant les décorations, méritées par le renom qu'il donnait aux Ailes Françaises. Entre temps, en 1937, il épouse Mlle Christine de Lapeyrouse-Vaucresson, fille du Comte Roger de Vaucresson, qui fut longtemps maire de la Baule. De cette union sont nés : Yveline de Forges, en décembre 1939, Alain, en 1941, Yann, en 1942. Paul de Forges connut les deux premiers au cours de permissions, mais non le troisième, Yann, « né un mois après son dernier départ pour l'Angleterre... et pour la mort », écrit sa grand'mère, la Comtesse de Forges. Ajoutons : Et pour la gloire, car mourir pour sa Patrie, dit le poète, « c'est s'immortaliser par une belle mort » (abbé Henri Le Breton).

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