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LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION

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Doléances du peuple et élection de 1789. — Constituante contre l'Eglise. — L'assemblée législative et l'église constitutionnelle. — La Persécution s'aggrave. — Une catastrophe. — Déportation et inventaires. — La Convention et Spoliation des églises.  

I. — DOLÉANCES DU PEUPLE. — ÉLECTIONS DE 1789.

Le 8 août 1788, le roi Louis XVI, sous la pression de l'opinion publique avide de réformes — certaines bien nécessaires d'ailleurs — convoque les Etats Généraux pour le mois de mai 1789. Aussitôt vive effervescence surtout parmi les bourgeois, dirigeants du Tiers-Etat.

En vue de ces Etats, chaque paroisse était appelée à rédiger un Cahier de doléances, plaintes et remontrances.

Voici quelques-uns des Voeux de la paroisse de Rieux, sénéchaussée de Ploërmel en Bretagne [Note : La sénéchaussée de Ploërmel comptait 150 paroisses et 50 trêves] :

— l'abolition des francs-fiefs, fouages ou impositions dites roturières, comme injustes et abusives en ce qu'elles grèvent le Tiers seul ;

— la participation de tous aux charges sans distinction de rang ou d'ordre, en proportion de leurs facultés ;

— l'exemption pour les laboureurs de la milice, attendu l'utilité de leur profession ;

— la suppression des petites juridictions inférieures dont la paroisse est remplie ;

— l'admission des gens du Tiers à toutes les places, charges et dignités ecclésiastiques, civiles ou militaires ;

— l'abolition de la mendicité et l'établissement d'un Bureau de charité pour la subsistance des malheureux ;

— la suppression de l'abus révoltant des Annates pour les chanoines (du Chapitre cathédral) qui les prélèvent sur les dîmes des paroisses de campagne à chaque changement de recteur ;

— l'égalité des impôts pour les Trois Ordres ;

— la suppression du droit de chasse pour les seigneurs ;

— la suppression de tout Ordre religieux non utile à l'Etat par collège ou autrement.

Enfin le Tiers de la paroisse de Rieux se réfère aux autres articles de demandes, plaintes et doléances du Tiers de la Sénéchaussée de Ploërmel. Ce 3 avril 1789.

Suivent 47 signatures dont celles de Dayot, sénéchal de Rieux, et de Thébaut, greffier de l'Assemblée.

Le 5 mai suivant, s'ouvrent les Etats Généraux, convoqués sur l'ordre de Louis XVI. Dès leur première séance, ils se transforment en Assemblée Constituante : la Révolution était commencée ! « Désormais, écrit l'historien Gustave Bord, c'est la Conspiration organisée par la Franc-Maçonnerie — constituée depuis 1772 en Grand Orient — qui marche avec discipline au renversement de l'ordre social » (La Conspiration révolutionnaire).

Le 2 novembre, les propriétés des églises et des monastères sont déclarées Biens nationaux, destinés à être vendus au profit de l'Etat, ou plutôt des aigrefins du nouveau régime.

Un peu plus tard, les vieilles divisions historiques du territoire sont modifiées (15 janvier 1790). Au lieu des provinces, la France est partagée en départements, districts, cantons et communes. Le Morbihan devient l'un des cinq départements de la Bretagne, comprenant 9 districts, 66 cantons, 232 communes.

La rive gauche de la Vilaine aux confins de la Loire-Inférieure et, sur la rive droite, les cantons de Rieux, Péaule, Muzillac forment le district de La Roche-Bernard, Le canton de Rieux ne comprend que deux communes : Rieux et Béganne.

Le 2 février, les citoyens actifs de la commune de Rieux sont convoqués en vue de constituer la municipalité.

« Le sieur Louis Poisson (c'est le recteur) est élu président et Joseph Le Lièvre, secrétaire de l'assemblée électorale » et l'on procède aux votes. Par 129 voix sur 156 votants, est élu maire. Augustin Péniguel de la Châtaigneraye, demeurant à la Courberie. Et la séance est levée à 5 heures du soir.

Elle est reprise le lendemain à 9 heures. D'abord, le maire prête serment de fidélité à la Nation, à la Loy et au Roy. Puis Joseph Perrin est élu procureur de la commune par 56 voix sur 67 votants. Les électeurs ne semblent guère s'intéresser à la chose ; au lieu de 156, ils ne sont plus que 67.

C'est ensuite l'élection des 5 officiers municipaux : Jean Guiho, de Tréfin, Guillaume Guiho, d'Aucfer, Claude Garel, de la Vallée, Julien Riffaut, de Saint-Jean, Joseph Torlay, de Botudal, tous laboureurs.

Puis celle des 12 notables : François Pondard. Joseph Perrin, de la Filiais, Toussaint Guého, curé de Rieux, Mathurin Cotin, Mathurin Mary, marchand potier. Pierre Alain, du Bot, Joseph Chemin, d'Aucfer, Joseph Guéhéneuc, Mathurin Hidoux, de Saint-Jean, Jean Perrin, de la Grée, Pierre Alain, de la Fontaine, François Maucoueffé, tous laboureurs.

Le secrétaire-greffier fut Thomas Marie Thébaud.

Insignes de ces élus : écharpe bleue-rouge-blanche pour le maire, blanche pour les officiers municipaux, violette pour le procureur.

Le dimanche suivant, 7 février, le recteur, M. Poisson, proclame solennellement au prône les élus qui viennent devant l'autel prêter serment de fidélité à la Nation, à la Loy et au Roy.

Le peuple pensa sans doute que s'ouvrait pour lui une ère de prospérité et de bonheur et, en nombre d'endroits, les châteaux furent pillés et leurs Archives livrées aux flammes dans le but de faire disparaître les vestiges des anciens impôts.

C'est ainsi que furent alors brûlés le Chartier et les Titres de la seigneurie de Rieux à la Forêt-Neuve en Glénac. Le sieur Joyaut, régisseur, dut essayer de sauver ces papiers, car le 27 octobre 1790, le comte de Rieux lui écrivait :

« Mon cher Joyaut. — Quant aux papiers de famille, j'espère que j'en trouverai assez pour prouver qui je suis. Adieu ! Je suis sensible à tous les soins que vous avez pris. Pour vous marquer ma reconnaissance, je n'ai que mon attachement à vous offrir. Peut-être cela changera ». Comte de Rieux (Archives départementales, Vannes, Q. 331).

 

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II. — LA CONSTITUANTE CONTRE L'ÉGLISE.

Dans la pensée de la majorité de l'Assemblée, imbue de maçonnisme, le Nouvel Ordre de choses comprenait d'abord l'étatisation, puis l'anéantissement de l'Eglise de France. Cette oeuvre de haine, débute le 13 février 1790 par la sécularisation des religieux et la suppression de leurs voeux. Le 20 mai, paraît un décret ordonnant l'Inventaire des biens ecclésiastiques.

En vertu de ces décrets, des commissaires se présentent chez les Trinitaires de Rieux et leur proposent de se séculariser. A cette date — 14 août 1790 — il ne restait que trois religieux : Fr. Albert Chôné, ministre, 51 ans, Fr. Guillerin, 69 ans, Fr. Jean-Marie Le Gal, 33 ans. Tous les trois refusent la sécularisation et restent au couvent.

La chapellenie Saint-Antoine, dépendant des Trinitaires, subit le même sort et disparut, de même que les biens du prieuré Saint-Melaine. Le dernier prieur commendataire fut Noël de Grasse de 1772 à 1791.

C'est ainsi que la Révolution appliquait sa devise : Liberté — Egalité — Fraternité !

Après les religieux — ou en même temps — le clergé séculier. Le 24 août 1790, la Constituante votait la Constitution civile du Clergé, si justement nommée par l'historien Albert Sorel « une Eglise d'Etat instituée par des incrédules ». Cette loi décrétait le remaniement des diocèses et l'élection des évêques, curés et recteurs, par les citoyens. Une autre loi, du 27 novembre, obligeait les prêtres en fonction à prêter serment à cette Constitution civile. Ce qui produit dans toute la France une véritable impression de stupeur.

Et l'on voit des hommes du pays — rares, il est vrai — se lancer à corps perdu dans cette politique antichrétienne ! L'un d'eux paraît à la première réunion de l'assemblée cantonale, le 11 janvier 1791 ; c'est Pierre Cornu. Né à l'Hôtel-Hérault en la trêve de Saint-Jean, il vient ce jour-là prêter le serment imposé aux nouveaux juges de paix : « Je jure d'être fidèle à la Nation, à la Loy et au Roy, et de remplir avec exactitude et impartialité les fonctions de mon office ». Il les remplira surtout avec passion, comme nous le verrons.

C'est le premier dimanche de février qu'expire le délai fixé aux prêtres en charge pour la prestation du serment à la Constitution civile. Ainsi que presque partout en Bretagne, le recteur de Rieux, M. Poisson, et ses vicaires, MM. Guého et Maucoueffé, s'y refusent et n'en continuent pas moins leurs fonctions. Dès lors, ils sont classés parmi les réfractaires par les révolutionnaires, tandis que les fidèles qualifient les assermentés d'intrus.

M. Poisson, tout en résidant à Rieux, va gouverner presque seul le diocèse de Vannes à la place de Mgr Amelot, parti à la fin de février pour Paris et de là pour la Suisse. Le 27 mars, le Morbihan est bien pourvu d'un évêque, élu par les citoyens et sacré par un excommunié : c'est Charles Le Masle, recteur d'Herbignac. Mais cet intrus n'a aucun pouvoir de juridiction et la grande masse des fidèles et des prêtres ne l'accepte pas.

Le gouvernement avait confisqué les biens de l'église, et en compensation, il avait décidé de donner un traitement au clergé. Afin de le fixer, il demande aux intéressés l'état de leurs revenus et de leurs dépenses : M. Poisson déclare un revenu net de 5.435 livres pour son bénéfice de Rieux, plus 260 livres sur la chapellenie de Sainte-Catherine et 35 sur la chapellenie de l'Epinière, toutes les deux en Maine-et-Loire, son pays, au total 5.730 livres. Comme charges, il accuse 1.610 livres. Sur cette déclaration, le district fixe le traitement du recteur de Rieux à 3.098 livres et celui de ses deux vicaires, à 700 livres chacun. Aux deux Trinitaires restant au couvent, il alloue 2.000 livres ; le troisième, Fr. Le Gal, était mort le 1er janvier.

Au point de vue administratif, la commune de Rieux est alors divisée en six sections, conformément au décret de la Constituante : 1°) Rieux-Ville ; 2°) Trévolo ; 3°) Tréfin ; 4°) Saint-Gildas ; 5°) Aucfer ; 6°) Saint-Jean (29 mai).

Novembre voit l'expiration du mandat des maires et les nouvelles élections. Au début de la séance du conseil, le 20 novembre 1791, le maire Péniguel témoigne à ses collègues sa reconnaissance pour leur sympathie et, au sujet des comptes, leur déclare qu'il a réglé de sa poche tous les frais de l'administration. Il ajoute : « Je suis trop payé par la paix que j'ai vue régner dans la paroisse ; je désire de tout mon coeur qu'elle se maintienne et je n'en doute pas, persuadé que d'aussi braves gens que vous ne peuvent faire que d'excellents choix ».

On procède au scrutin et M. Péniguel est réélu maire. Mais il refuse, prétextant son état de santé et ses occupations. Joseph Chemin, puis Joseph Torlay, se récusent également. Joseph Perrin, élu au 4ème tour, accepte, ainsi que Joseph Torlay pour la charge de procureur. Ce Péniguel qui jouissait d'une pareille estime, était un homme important par ses richesses, son noble caractère, ses convictions religieuses. L'un de ses fils, Joseph Péniguel, du Bouessix, devint prêtre, licencié en théologie et recteur de Malansac ; sa fille Julienne avait épousé François Barbier, de Vay, avocat à la Cour et sénéchal de Fay, dont un oncle, Claude Barbier, était recteur de la Plaine, évêché de Nantes. Lui-même avait deux frères dans le clergé : Jean-Louis Barbier, recteur de Chauvé, et Charles Barbier, recteur de Vay de 1759 à 1812, et un fils, Claude, d'abord vicaire de son oncle, puis son successeur à Vay, de 1812 à 1842.

 

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III. — L'ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE ET L'ÉGLISE CONSTITUTIONNELLE.

L'Assemblée législative qui a succédé à la Constituante est rapidement dominée par les Clubs, surtout par celui des Jacobins. Sous leur influence, partout l'on commence à surveiller les suspects, c'est-à-dire les gens soupçonnés d'attachement à l'Ancien Régime. « Suspects ! écrit Pierre de la Gorce (Histoire religieuse de la Révolution française), mot terrible qui recélait un abîme d'iniquités et allait enfanter d'indicibles douleurs ».

De bonne heure, le district en adresse une liste au département (Archives départementales, Vannes, L. 256). Le pays de Rieux en compte plusieurs : « de Forges père, émigré rentré, la Bousselaie, en Rieux ; Guengaud fils, Rieux ; Sevestre, déserteur, Rieux ; Jean Guégan, Rieux-Ville ; les deux frères Sécillon. Béganne ; Cadiot, maréchal, Saint-Jacut ; Caudard, cordonnier, ancien domestique de De Sol ; Pierre Cars, Caden, de Sol de Grisolles, émigré rentré, leur général ».

Le district se préoccupe aussi de doter les paroisses de curés assermentés. Les élections de février n'ayant pas donné de résultats, il prescrit un second scrutin pour le dimanche 16 octobre. Dès le début de la séance, la majorité déclare « surseoir à l'élection parce qu'elle n'a pas aperçu de prêtres assermentés sur lesquels elle pût, en son âme et conscience, porter son suffrage, tandis qu'elle voit au contraire dans les curés actuels des ministres selon le coeur de leurs paroissiens ».

La séance est alors levée et les 19 électeurs de la majorité se retirent. Les 12 autres procèdent quand même à des élections. Parmi leurs élus : Jean Tual, prêtre de Rieux, 10 voix, pour Rieux ; Toussaint Guého, prêtre de Rieux, 11 voix, pour Pénestin ; Le Cam, prêtre à Arzal, 7 voix, pour Béganne. M. Tual était un prêtre habitué de Rieux qui desservait la chapelle Saint-Joseph de Fégréac.

De ces 12 électeurs, deux étaient de Rieux : Pierre Cornu, de Saint-Jean et Mathurin Mari, de la ville.

Grande fut la colère de la population à cette nouvelle, si bien que les administrateurs, pris de peur, réclament d'urgence des troupes de renfort pour le jour de la proclamation des élus.

Cette proclamation se fait le dimanche 23 octobre, en l'église de la Roche-Bernard : « Sur les dix heures, porte le procès-verbal, en présence du peuple et du clergé, avant la grand messe, le président (Yves Panhéleux) se lève et dit : J'annonce que le citoyen N... a été, par l'Assemblée électorale du district, du 16 octobre, élu curé de la paroisse de X... et je le proclame en cette qualité. Puis il s'asseoit et tous assistent à la messe célébrée par M. Pied  » [Note : Archives départementales, L. 859. M. Pied de Villeneuve, vicaire de la Roche-Bernard, avait refusé le serment].

Ces élections suscitent aussitôt les protestations des fidèles et de plusieurs membres du directoire qui demandent qu'elles soient cassées. Néanmoins, le département approuve tout.

Déjà, sur les 11 élus, 10 avaient refusé afin de ne pas tremper dans le schisme : M. Tual et M. Guého étaient de ceux-là.

 

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IV. — LA PERSÉCUTION S'AGGRAVE.

Durant les premiers mois de 1792, le culte s'exerce toujours à Rieux par le ministère des prêtres fidèles. M. Poisson, sans rancune contre le gouvernement, souscrit même 600 livres pour la Contribution patriotique : « Je fis cette offre à la nation de bon coeur, écrit-il le 21 février je ne m'en repens pas, quoique mon revenu ait diminué de moitié. Je ferais encore volontiers le sacrifice d'une grande partie de ce qui me reste s'il était nécessaire pour le bonheur de la Patrie. Seulement, dans l'impossibilité de remplir cet engagement, je vous demande de m'attendre un mois : je chercherai dans la bourse de quelques amis pour me libérer » (Archives départementales, L. 1349).

Voici qu'arrive la Semaine Sainte. Les Révolutionnaires veulent, semble-t-il, en profiter pour aggraver la Passion du Christ en son Eglise. Le Vendredi Saint, 6 avril, ils votent une loi supprimant les Congrégations enseignantes ou hospitalières et interdisant le costume ecclésiastique. En revanche, l'épreuve ranime la ferveur des catholiques et, en nos églises bretonnes, les Pâques revêtent une piété saisissante. Ne seront-elles pas les dernières, se demande-t-on ?

Alors aussi se répand l'usage de porter ostensiblement l'insigne du Sacré-Coeur. En même temps, survient par des voies secrètes le Bref du Pape félicitant les prêtres non jureurs et excommuniant les constitutionnels. Ce qui embarrasse fort les partisans de ces derniers. « On répand le bruit, écrit Lallemand, de Rieux, à Le Masle, que N.S. Père le Pape nous a excommuniés ainsi que les ecclésiastiques assermentés. Nos femmes ne sont pas trop à leur aise sur de pareils bruits » (Archives départementales, L. 857). Elles avaient raison.

 

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V. — UNE CATASTROPHE.

C'est à cette époque qu'une catastrophe se produisit au passage de Rieux qui venait d'être affermé le 1er mai par Julien Heinleix « pour 2.025 livres l'année » (Archives départementales, G. 1787, 1800). Elle nous est contée par M. Orain, vicaire à Fégréac, souvent dans la suite réfugié à Rieux.

« Le jour de la Pentecôte, 25 mai 1792, écrit-il, dans ses Mémoires, il arriva une catastrophe funeste à plusieurs paroissiens de Fégréac. M. Renaud, recteur de Fégréac, se retirait tantôt à Rieux, tantôt à Redon, et je restais à Fégréac. Comme les affaires devenaient de plus en plus mauvaises, le bruit courut que les Bleus venaient me prendre. Je passai la nuit à courir la paroisse pour remonter à la source de cette nouvelle. Ne lui voyant aucun fondement certain, je m'acheminai vers le bourg avec M. Marchand pour y faire nos Offices. En arrivant au Tertre des Bossettes, nous fûmes surpris de voir plusieurs personnes s'en aller par la Digue : elles s'en allaient au lieu de venir. Nous trouvâmes le bourg en rumeur : tous s'attendaient à l'arrivée des Bleus. Nous les rassurâmes... ; nous posâmes des sentinelles, et M. Marchand dit la messe comme de coutume sans accident.

Mais tout à coup le bruit se répandit qu'un des grands bateaux du passage de Rieux avait été submergé dans la Vilaine avec tous ceux qui le montaient. Un instant après, la nouvelle est confirmée par plusieurs personnes échappées au naufrage. Les femmes avaient perdu, les unes leur coiffe, les autres leur tablier, les hommes leur chapeau et une partie de leurs vêtements. Tous étaient couverts de boue des pieds à la tête et ils accusaient les habitants du bourg d'être la cause de ce malheur pour avoir répandu le faux bruit de l'arrivée des Bleus et les avoir ainsi obligés d'aller entendre la messe à Rieux.

Les bonnes gens avaient eu d'abord l'intention d'aller à la chapelle Saint-Joseph où un prêtre de Rieux, nommé Tual, venait dire la messe le dimanche. Mais ce jour étant une fête solennelle — la Pentecôte — il était resté à Rieux, de sorte qu'ils se portèrent en foule vers cette paroisse. Arrivés au passage, ils se pressèrent en trop grand nombre dans les bateaux et le conducteur de l'un d'eux, lui ayant imprimé une secousse en l'éloignant de la rive, ceux qui le montaient se portèrent tous à la fois vers l'extrémité opposée qui était au milieu de la rivière, et le firent enfoncer sous l'eau : ils furent ainsi engloutis. Comme on n'avait ni perches ni cordes à jeter aux naufragés, et que le flux de la mer vint alors se faire sentir avec violence (c'est le mascaret qui se brise au pont d'Aucfer), le courant les emporta en amont. Certains se sauvèrent parmi les roseaux du rivage ; plusieurs, en s'accrochant les uns aux autres, ne firent que s'aider à se noyer.

Quatorze personnes, toutes de Fégréac, périrent et on ne put retrouver leurs cadavres que quelques jours après. Environ quatre-vingt personnes montaient ce bateau. Rien de plus effrayant que le spectacle qu'offraient ces malheureux et les cris qu'ils poussaient au milieu des flots ! Un vieux militaire, Julien Poulain, qui était sur le rivage, m'a dit : " Je n'ai jamais été si transi que dans ce jour où je voyais mes enfants au milieu de cette rivière ; je les entendais crier : mon père, je me noie, aidez-moi à me sauver, le courant m'entraîne ; et je ne pouvais leur être d'aucune utilité, ayant bien de la peine à me tirer moi-même des vases de la rivière ".

Cette catastrophe eut lieu vers 6 heures du matin. Malgré cela, plusieurs n'ayant pu assister à la messe du bourg n'hésitèrent pas, quelques heures après le désastre, à affronter le même bac et la même rivière pour se rendre à la grand'messe à Rieux ».

Combien vive était alors la foi des chrétiens de nos campagnes !... Ils allaient en donner bien d'autres preuves durant la persécution qui s'aggravait !

 

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VI. - DÉPORTATION ET INVENTAIRES.

En réponse à l'Acte du Pape excommuniant les constitutionnels, la Législative vote, le 26 mai, une loi condamnant les prêtres fidèles à la déportation.

Cette fois, les catholiques, exaspérés, pensent à résister à ce gouvernement de despotes. Dans l'Ouest, le marquis de la Rouërie et d'autres gentilshommes élaborent un plan de contre-révolution et fondent dans ce but l'Association bretonne. Ils divisent l'évêché de Vannes en cantons de huit à dix paroisses. Le canton qui s'étend de Redon à l'embouchure de la Vilaine et où se trouvait Rieux reçoit pour chef M. de Cacqueray avec, pour le seconder, de Mondoré, de Grignon, de Penhouët et le fameux Pierre Le Cars, dit Pelo de Caden. Ils commencent aussitôt leur action que le directoire de la Roche-Bernard signale ainsi le 22 juin :

« Des individus se répandent dans le district, défendant de porter la cocarde tricolore et invitant à la remplacer par la cocarde blanche, insigne de l'Ancien Régime, en vue de grouper les opposants ».

Comme les Bleus recherchaient les prêtres insermentés en vue de les déporter, les habitants du district adressent au département, le 27 juin, une pétition en faveur de ces prêtres. Pour motifs, ils invoquent que « le calme règne dans la région où l'on ne compte que de ces ecclésiastiques et que ces hommes sont notoirement connus comme amis de l'ordre, de la paix et de la Constitution ».

Mais qu'importaient l'ordre et la paix à ces ennemis de l'Eglise ! Et pourtant, plus que jamais, l'intérêt de la patrie exigeait l'union de tous les citoyens, car la France était envahie par ses ennemis. Ce pourquoi la Législative ordonne une levée massive de volontaires. Mais comme les volontaires furent rares, on imposa tel chiffre d'hommes aux communes et l'on institua le tirage au sort. A Rieux, Pierre Lallemand et Joseph Sauvourel furent nommés, le 15 août, « commissaires pour l'inscription des gardes nationales et le recrutement de l'armée de ligne ».

Cependant, après la journée du 10 août, où la Commune de Paris fit prisonniers Louis XVI, la reine et leurs enfants, les autorités révolutionnaires activent l'application des lois contre les insermentés. « En conséquence de ces décrets, M. Poisson, recteur de Rieux, Guého et Tual, prêtres habitués à Rieux, demandent à l'administration un passeport à l'effet de sortir de la limite de l'empire ». On le leur accorde pour l'Espagne. Mais seuls, Guého et Tual en useront ; M. Poisson restera dans le pays. Un autre prêtre, domicilié à Rieux depuis juillet 1791, obtient également un passeport pour l'Espagne, du 24 septembre. : c'est M. Yves Cama­ret, vicaire à Saint-Etienne-de-Montluc, dont la vie sera fort mouvementée durant la Révolution.

Ajoutons à ces exilés en Espagne : MM. Baron, recteur de Saint-Jacut ; Boyer, son vicaire ; Jean Jouan, vicaire à Béganne ; Jean Deslandes, vicaire à Saint-Vincent ; Charles Le Baston, recteur d'Allaire ; Le Vaillant, recteur de Peillac.

Dans ces mêmes temps, l'ancien maire de Rieux, Jean Péniguel, de la Courberie, est accusé d'avoir donné asile à deux prêtres de la Loire-Inférieure, ses cousins Jean-Louis et Charles Barbier, recteur, le premier de Chauvé, le second de Vay, tous les deux réfractaires.

Le 24 juin 1791, M. Jean-Louis Barbier avait été arrêté dans son presbytère par des énergumènes de Saint-Père-en-Retz, emprisonné en cette localité, puis à Paimbœuf, enfin au Séminaire de Nantes le 3 août. Malade, on l'avait autorisé à se retirer hors du département (25 août) et il était venu habiter à Rieux. Le 23 septembre 1792, il s'embarquait à Vieille-Roche, en Camoël, sur le navire La Constitution avec beaucoup d'autres déportés.

Son frère Charles dut abandonner sa cure de Vay au début de juin 1791 pour céder la place à l'intrus Pierre Blouin. Installé le 6 juin sous la protection de la force armée, Blouin eut à subir maintes avanies de la part des habitants. Pour se venger, il pousse la municipalité à dénoncer M. Barbier et sa belle-soeur, Julienne Péniguel. Tous deux furent incarcérés dans une tour du Château de Blain. Quelques jours après, le tribunal les relaxait. Plainte du Directoire et ordre du département de les arrêter. Julienne Péniguel reste introuvable, tandis que M. Barbier, moins chanceux est pris à Rieux chez M. Péniguel. Grand procès où l'on appelle 29 témoins à témoigner contre eux ; et de nouveau le tribunal refuse de les condamner.

Libéré, M. Barbier se réfugie chez Mme Dumoustier au château du Dréneuc en Fégréac, puis à Rieux avec son frère. Il y préside, le 4 mai 1792, le mariage d'une de ses paroissiennes de Vay avec Pineau, de Blain, qui refusaient le ministère du constitutionnel. Assistaient à la cérémonie : MM. Jean-Louis Barbier, recteur de Chauvé, Louis Poisson, recteur de Rieux, Jacques Desvaux, prêtre de Rieux.

Les prêtres de Rieux, quoique réfractaires, continuent ainsi à exercer ouvertement le saint ministère jusqu'au 25 août 1792. Après cette date, ils sont censés partis pour l'Espagne. En réalité, ils sont cachés ici ou là, sauf M. Desvaux qui, n'étant pas astreint au serment comme prêtre habitué, peut célébrer la messe et administrer le baptême à l'église.

A la fin d'octobre, les registres de baptêmes, jusque-là registres officiels des naissances, seront clos et arrêtés par le maire et remplacés par des registres civils, ainsi que pour les mariages et les décès. Un officier public en sera chargé.

 

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VII. — LA CONVENTION - SPOLIATION DES ÉGLISES.

Le 26 août 1792, les citoyens de Rieux avaient été convoqués pour choisir les six électeurs des députés à la Convention Nationale. Découragés, ils ne répondent pas à cet appel à part vingt-trois, dont le citoyen Cornu. Naturellement, ils jurent de « maintenir la liberté et l'égalité ou de mourir en les défendant », Belles paroles que démentiront les actes. Sont élus : Pierre Cornu, juge de paix. Thomas Beuve, Thomas Jouvence, Joseph Chemin, Mathurin Allain et Pierre Joland. En plus, furent désignés « les commissaires à la livraison et au partage des grains et fruits des métairies suivantes : la Robinardiere, la Courberie, le Heindreuff, le Poirier et les Moulins, biens indivis entre le sieur du Matz émigré et son beau-frère le sieur Péniguel ». Ainsi l'Etat confisquait-il les biens des émigrés.

Le Corps électoral, réuni à Auray du 2 au 13 septembre, choisit les huit députés du Morbihan à la Convention, plus trois suppléants.

Le 21 septembre, la nouvelle Assemblée prend le nom de Convention Nationale et, quoique 371 députés seulement fussent arrivés, elle abolit la royauté et proclame la République. Trois partis se forment en son sein : les Montagnards, du club des Jacobins, capables de toutes les tyrannies ; les Girondins, corrects, mais prêts aux plus lâches compromissions ; la Plaine, gens sans caractère. Le Morbihan comptait des représentants dans ces trois partis.

Avec une pareille Assemblée, les Jacobins du département peuvent continuer leur oeuvre néfaste. Ils n'y manquent pas.

Dès le 23 septembre, un Inventaire des objets du culte est ordonné, en vue de les spolier. En voici un aperçu pour Rieux.

A l'église paroissiale. — 4 calices dont l'un en vermeil, 1 soleil d'argent (ostensoir), 1 croix d'argent et 1 de cuivre, 1 lampe, 18 chasubles dont 7 vieux (sic), 10 chapes, 12 dalmatiques, 2 dais, 2 bannières, 87 nappes d'autel ou de communion, 4 aubes, 2 surplis, 16 chandeliers, 7 livres de chant. Les membres du Conseil sont chargés de garder les objets d'argent.

A Saint-Jacques de la Poterie. — 1 calice d'argent, 4 chasubles, 3 aubes, 17 nappes, 1 surplis, etc. Yves Lanoë, bâtonnier, garde le calice et les effets principaux.

A Aucfer. — 1 calice d'argent, 1 chasuble, 1 aube, 2 nappes. A la garde de Vincent Thaumoux.

Tréfin. — 1 calice d'argent, 1 chasuble, 1 aube, 2 nappes, 1 surplis. Melaine Sauvourel, bâtonnier, les garde.

A Saint-Jean-des-Marais (25 septembre). — 2 calices d'argent, 1 ciboire en argent, 1 custode en argent pour le viatique, 1 croix d'argent, 1 de cuivre, 1 encensoir, 1 bénitier, 1 lampe, 6 chandeliers, 6 chasubles, 2 chapes, 2 bannières, rouge et blanche, 16 nappes d'autel, 4 aubes, 5 surplis, 30 corporaux, 1 voile, 1 devant d'autel. Rapporté par Louis Heinlex, fabrique de ladite église.

Viennent les élections des administrateurs du district, le 5 octobre. Par suite de l'apathie des braves gens, les Jacobins s'emparent de toutes les places. Ce sont : Joseph Sauveur, receveur d'enregistrement, originaire de Rennes, président, Le Grip, vice-président, Le Floch, procureur-syndic, Verger, Jaffre aîné, François-Nicolas Jaffre, Cornu, Herbert, administrateurs, Pierre Cornu, juge de paix, était de Rieux ; il fut également nommé juge au tribunal dont le président, Claret de la Touche, était son compatriote.

C'est à cette époque que le pays voit paraître un nouveau personnage qui mettra au service du parti jacobin un véritable fanatisme : Pierre Lallemand.

Originaire de Malestroit, il habitait Redon en 1789. Elu administrateur de ce district, il fut député à l'Assemblée des jeunes citoyens de Bretagne et d'Anjou, réunie à Pontivy le 15 janvier 1790. Il devint propriétaire de la Maison de la Grée, en Rieux et locataire de la Touche, à la Poterie. Il fut alors nommé président du canton de Rieux et dès lors il s'acharne à dénoncer les uns ou les autres. Citons cette lettre à Le Masle, l'évêque constitutionnel de Vannes.

« 11 octobre 1792 — La Grée. M. l'Evêque, J'ai appris que vous aviez désigné M. Gigon pour gouverner notre paroisse de Rieux et la conduire dans les bons principes. Hâtez-vous de l'envoyer pour conduire le troupeau que la Providence lui a confié, afin de n'être pas exposé à être dévoré, par les loups. Offrez-lui de partager mon gîte à La Grée, près la Poterie jusqu'à ce qu'on ait évacué le beau presbytère. Il y sera bien vu de mon épouse et de moi, ainsi que de la paroisse docile qu'il va avoir, à conduire. Il y a comme ailleurs quelques rétifs, mais c'est le petit nombre... Il ne nous reste à Allaire que deux prêtres turbulents, déguisés en matelots et en laboureurs, disant parfois la messe avec un grand concours de monde de diverses paroisses. En Rieux, un seul paraît, Desvaux, homme simple... Le recteur et Maucoueffé ne paraissent que la nuit, comme des chats, sans dire la messe. Voilà ce que j'en sais (il était mal renseigné).

On répand que N.S. Père le Pape nous a excommuniés, ainsi que les ecclésiastiques qui veulent sauver la Religion. Nos femmes ne sont pas trop à l'aise sur de pareils bruits. Je ne manque pas de leur dire que nous ne devons pas être regardés comme des rebelles, méritant les foudres du Vatican. Mais si le Saint-Père nous rejette hors du sein de son église, devons-nous nous regarder comme proscrits justement ? Et devons-nous espérer en Dieu, ou nous regarder comme perdus ? Car il n'y a pas de milieu, il faut qu'il ait tort ou bien nous... J'ai l'honneur d'être du plus profond respect. LALLEMAND ».

En tête de cette pièce saugrenue, Le Masle a inscrit la mention Répondu. Nous regrettons de n'avoir pu trouver cette réponse, mais les Archives de Rieux gardent une Lettre pastorale de l'intrus (Vannes, Imprimerie Bizette, 1792) dont quelques extraits nous édifieront sur le personnage.

Après avoir proclamé ses intentions droites, il répond à quelques objections.

« On nous objecte : Nous allons à la messe, mais pas à celle de ceux qui ont prêté serment — Réponse : qui vous autorise à faire cette distinction de bonnes et de mauvaises messes ? Quel que soit l'état du prêtre, le sacrifice est saint.

— Mais, insiste-t-on, les assermentés sont excommuniés ?

— Non ! C'est vous qui l'êtes, car vous êtes hérétiques en disant que les prêtres assermentés n'ont plus le pouvoir de lier et de délier, et que leur sacrifice est mauvais... Les prêtres assermentés seraient excommuniés ? Par qui ? Par le pape ou l'évêque ? Ceux-ci ne l'ont pas fait... Il ne faut pas croire le gazettier Royou. Bel auteur ! D'ailleurs, l'excommunication par le pape serait nulle, parce que portée en sa propre cause... ».

Le Masle blâme ensuite ceux qui sont contre le divorce et le remariage, « lois qui ont leur principe dans la tolérance de toutes les religions. Abandonnez, continue-t-il, cet esprit de révolte inspiré par les insermentés pour votre malheur et damnation, esprit contraire à l'esprit de Dieu. Le Seigneur a béni nos armes, car nous avons chassé la horde des émigrés et fait du progrès sur les ennemis du dehors... En reconnaissance, dimanche prochain, on chantera le Te Deum et l'on fera la procession du Saint-Sacrement . Vannes, le 13 novembre 1792, An Ier de la République Française. CHARLES LE MASLE ».

Cet An Ier du Calendrier républicain, prescrit par la Convention, commençait le 22 septembre 1792 pour se terminer le 21 septembre 1793. Les douze mois portaient les noms de Vendémiaire, Brumaire, Frimaire, Nivôse, Pluviôse, Ventôse, Germinal, Floréal, Prairial, Messidor, Thermidor, Fructidor. Ces mois étant de trente jours, on y ajoutait cinq ou six jours entre Fructidor et Vendémiaire pour compléter l'année : c'étaient les sans-culottides.

Comme suite aux inventaires des objets du culte, les 5 et 13 novembre, l'argenterie des églises et chapelles de Rieux fut expédiée « à la Maison monétaire de Nantes après avoir été pesée et expertisée par des commissaires du pays, faute d'orfèvre ». Aux calices, ciboires, ostensoirs, on ajoute « les croix, y compris les matières hétérogènes ».

En même temps que la Révolution dépouillait les églises, elle poursuivait les prêtres fidèles. Ceux qui avaient 60 ans furent internés à la Retraite de Vannes, comme M. Joseph Hellard, recteur de Béganne. D'autres s'exilent en Espagne ou en d'autres pays.

Mais plusieurs restent courageusement dans le pays au service de Dieu et des âmes : les prêtres de Rieux sont de ceux-là. Déguisés de diverses manières, même en matelots et en gendarmes, ils célèbrent la messe la nuit, dans des maisons sûres, dans les greniers ou les caves, ou dans les halliers, voire dans les chapelles frairiales, gardés par des braves postés en sentinelles. Souvent, il leur faut changer de refuge, car les dénonciations ne manquent pas. Ainsi, le 30 novembre 1792, le directoire « dénonce à la gendarmerie, à la troupe, à tous les bons citoyens, les sieurs Gaudin Joseph, de la Poterie, en Rieux, et d'autres qui infestent le territoire, et, sous un déguisement hypocrite, agitent les campagnes » (Archives départementales, L. 266).

Malgré cela, M. Jacques Desvaux continue jusqu'en fin de décembre à présider les enterrements à Rieux « après avoir donné les Sacrements », notent les Actes de sépulture.

Devant les odieuses mesures des Jacobins, le mécontentement populaire grandit. Les rassemblements deviennent plus fréquents. L'irritation n'attend qu'une occasion pour exploser et mettre le pays à feu et à sang. Déjà, en décembre, la mise en jugement de Louis XVI a produit dans le peuple breton une sourde colère, prélude de la révolte ouverte (abbé Henri Le Breton).

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