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Le retour des Rieux. — Sous les derniers seigneurs. — La fin d'un long rectorat.  

I. — LE RETOUR DES RIEUX.

Devenue veuve, Mme de la Bédoyère vend son Comté de Rieux, le 11 août 1761 pour 460.000 livres à Mme Claude d'Illiers d'Entragues, baronne de la Hunaudaye, épouse de très haut et très puissant seigneur Louis-Auguste, sire de Rieux, marquis d'Assérac. Après cent ans d'interruption, la seigneurie de Rieux rentrait dans la famille qui la fonda et la gouverna durant 600 ans.

Fils de Jean-Gustave de Rieux (1649-1713), Louis-Auguste descendait de Jean III, sire de Rieux, maréchal de Bretagne, mort en 1670. Après avoir été maître de camp au régiment du Perche (infanterie), il fut nommé colonel, le 15 mars 1718 par une lettre où le roi l'appelait son cousin. Promu lieutenant-général en août 1744, il se distingua par ses prouesses dans la guerre d'Allemagne en 1745 et dans celle d'Italie en 1746-1747.

Aussitôt conclue la cession du Comté, deux notaires, de Ploërmel et de Rochefort, accompagnés de Maître Minet, procureur de la marquise de Rieux, se rendent dans chaque paroisse pour la prise de possession. Suivant l'habitude, ils notent l'état des églises et des chapelles, des manoirs et des domaines, faisant « une description éblouissante des vitraux armoriés, des écussons sculptés, où resplendissent les plus illustres blasons de France, depuis la maison royale de Bourbon jusqu'aux maisons célèbres de Rieux et Rochefort, Rohan et Lorraine, Clisson et autres » (M. DE PALYS, Association bretonne, 1902).

Le comte de Rieux est toujours honoré du titre de seigneur-fondateur des 16 paroisses citées dans les anciens Aveux. Son domaine proche comprend encore les châteaux de Rieux, du Plessix-Limur, de la Forêt-Neuve, de Sourdéac, mais certains sont complètement en ruines, Rieux par exemple, et les autres sont en déplorable état ; Sourdéac est « sans vitres ni fenêtres et le rez-de-chaussée sert d'étable ». Ses métairies et ses moulins restent convenables.

Parmi les droits seigneuriaux, considérables, les droits de haute, moyenne et basse-justice sont plutôt nominaux ; les autres : pêcheries, chasses, foires, marches, etc. sont effectifs et d'excellent rapport.

La visite des 16 églises et des 23 chapelles de la seigneurie, ainsi que des prieurés et couvents, fut particulièrement minutieuse. La première — celle de l'église de Rieux — revêt une grande solennité, car missire Abhamon s'y entend à flatter les autorités. Il revêt donc le surplis, l'étole et la chape des fêtes pour recevoir les délégués du comte et au cours de la visite, pendant que les cloches sonnent à toutes volées, il fait chanter le Te Deum de la joie et de l'action de grâces et prend soin de montrer aux vitres et aux murailles les écussons de Rieux et ceux de Bretagne, Rochefort et Harcourt.

C'est ensuite la visite du couvent des Trinitaires où les hommes de loi décrivent avec soin le mausolée des Rieux puis celle des chapelles frairiales.

Même cérémonial à Saint-Jacut, Fégréac, Avessac, Saint-Vincent, Saint-Congard, Pluherlin, Saint-Gravé, les Fougerets, etc., ainsi qu'aux monastères de Redon et Roga.

La population fut heureuse de ce retour des Rieux, surtout peut-être le recteur, M. Abhamon. Il ne cesse de le montrer.

Dans un de ses écrits, il exalte les Rieux en ces termes : « Rieux-Châteauneuf, Rieux-Sourdéac, Rieux-Assérac seront à jamais recommandables par les grands coups qu'ils ont frappés sur les Ligueurs et les Espagnols... La seigneurie vient d'être retirée à M. de la Bédoyère par Madame de Rieux, mère de M. le Comte, qui l'a substituée (transmise) à son petit-fils, Charles de Rieux, premier exemple de substitution en Bretagne ».

Puis, M. Abhamon signale brièvement la première visite de la Comtesse : « Le samedi, 4 juillet 1764, Mme la Comtesse de Rieux descendit au presbytère, y soupa, y coucha et y dîna le jour suivant après avoir entendu la messe paroissiale. Elle partit le même jour pour se rendre au château de la Forêt-Neuve ; elle était accompagnée de cinquante personnes ».

Dans un autre document, le recteur s'étend davantage sur cette visite.

« Le dimanche 5 juillet 1764, écrit-il, à l'heure de la grand'-messe, au son des cloches, missire Abhamon se présente à la porte principale de l'église, revêtu du surplis, de l'étole et de la chape des fêtes solennelles. Cérémonieusement, il offre à la Comtesse l'eau bénite et il l'encense de trois coups. Après quoi, il l'introduit dans l'église et la conduit processionnellement jusque devant le choeur au chant du Magnificat. Là, lorsque la brillante suite de Mme de Rieux eut pris place autour d'elle dans les fauteuils et les bancs, ainsi que les nombreux paroissiens, le recteur prononce le discours suivant.

Madame, qu'il est difficile d'exprimer le plaisir que nous sentons en voyant le descendant des anciens seigneurs, seuls pères du pays dont ils ont fait autrefois le bonheur et les délices, rentrer dans la seigneurie dont ils ont toujours porté le nom ! Telle est la joie des enfants bien nés, quand ils voient leur père et leur mère rentrer après une longue absence. Voilà, Madame, ce que la voix publique annonçait depuis votre prise de possession de cette terre jusqu'à ce que nous ayons eu le bonheur de vous y voir. Depuis votre arrivée, une affabilité pleine de douceur nous apprend qu'on peut allier la simplicité de la religion chrétienne avec la grandeur, posséder les avantages de la plus illustre naissance sans sortir des bornes de la modération prescrite par l'Evangile, jouir de la gloire et descendre des anciens souverains du pays sans s'en élever, et ne recevoir cette gloire des hommes que pour la rendre à Dieu...

En actions de grâce de la faveur que le Ciel nous fait en nous rendant nos anciens seigneurs, nous allons chanter le Te Deum ».

 

Contre les préséances. — Missire Abhamon, si obséquieux envers les seigneurs, est par contre fort opposé aux préséances ecclésiastiques. En 1764, il déclare au rédacteur du Nécrologe diocésain (Archives départementales, Série B), d'un ton poli, mais joliment narquois, « qu'il trouve blâmable de citer toujours les recteurs d'extraction noble avant les recteurs d'extraction roturière. Or, c'est uniquement l'ancienneté qui doit décider du rang et non la naissance... Du reste, tous les ecclésiastiques sont très nobles par leur état et tous doivent jouir des mêmes honneurs quand ils ont même dignité... Si on avait fait un nécrologe à Rome l'année de la mort de saint Pierre et de saint Paul et si on avait mis en tête le noble apôtre Paul, les chrétiens auraient été scandalisés. Ils respectaient plus le poissonnier Pierre que le gentilhomme Paul et celui-ci se considérait comme le dernier des apôtres, loin de se prévaloir de sa qualité, comme font aujourd'hui les ecclésiastiques nobles.

Les recteurs et les chanoines nobles se font plus d'honneur d'être nés pour porter l'épée que d'avoir été consacrés au service de Dieu. Animalis homo non percipitea quoe Dei sunt (L'homme terrestre ne comprend pas les choses de Dieu). Ils sont plus prêts à fléchir le genou profondément devant le mausolée de M. le Marquis, fût-il mort hérétique ou impie, que devant les reliques d'un pauvre saint roturier... ».

Et dans une lettre au Supérieur du Séminaire, M. Abhamon écrit : « Jusqu'au milieu du XIIIème siècle, le Conseil de l'évêque était formé de recteurs. Et alors on voyait une multitude de saints et de miracles. Depuis que ce sont les chanoines, on ne voit plus de miracles. C'est que les champs de l'Eglise ne sont plus cultivés par les mêmes laboureurs... Au reste, l'Arrêt du 15 juillet 1707 prouve que les recteurs sont fort supérieurs aux chanoines... ».

Missire Le Pourvandier, supérieur du Séminaire et recteur du Mené, répond ainsi, le 9 octobre 1765, à missire Abhamon :

« 1° Vous vous plaignez, monsieur, qu'on affecte de placer les recteurs nobles avant les roturiers. C'est faux, au moins cette année. D'ailleurs, l'important, c'est de prier pour les défunts. La tête et la queue, tout est égal.

2° Le terme noble ne fait de tort à personne. Laissez donc un chacun jouir des honneurs qui lui sont dûs.

3° Vous ne pouvez souffrir que les chanoines soient placés avant les roturiers ?... C'est là s'echauffer la bile mal à propos. Ils sont depuis plus d'un siècle le Conseil de l'évêque : donc le moins qu'on puisse leur donner, c'est la première place au nécrologe ». V.S. Le Pourvandier (V.S. : Votre Serviteur).

M. Abhamon n'est pas convaincu et, après avoir présenté ses hommages à l'honorable supérieur, il se permet de suspecter ses arguments. Ce qui lui vaut une ultime et courte réponse de M. Le Pourvandier, le 27 octobre.

Inutile d'ajouter que le recteur de Rieux continua de lancer ses brocards aux chanoines, aux moines et à ses paroissiens. C'était dans son tempérament...

 

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II. — SOUS LES DERNIERS SEIGNEURS.

Le 1er mars 1767, meurt Louis-Auguste de Rieux, âgé de 76 ans, et, le 21 septembre suivant, son fils et successeur, Louis-François, quoique n'ayant que 17 ans, épouse Marie-Anne de Saulx-Tavannes, née le 15 septembre 1749. Elle était fille d'un noble bourguignon : Charles de Saulx-Tavannes, marquis de Tilchatel, comte de Beaumont, et de Marie de Froulaye de Tessé.

Dès le commencement de 1768, le jeune couple fait une entrée solennelle à Redon ; mais de là, il se dirige vers la Forêt-Neuve. Rieux n'aura la visite de son nouveau seigneur que le 23 mai, et encore son épouse ne pourra l'accompagner, sans doute à cause de sa santé délicate.

Ce jour-là, lundi de la Pentecôte, le comte de Rieux et sa mère sont solennellement reçus à l'église paroissiale avant la grand'-messe, car c'était alors fête d'obligation. Missire Abhamon est en ornements de fête, les cloches sonnent joyeusement et la foule acclame son seigneur. Quand tous ont pris place à l'intérieur, le recteur prononce un long discours. Tout d'abord il rappelle les acclamations qui saluèrent la Comtesse douairière lors de sa première visite en 1764. Ensuite il évoque « les belles qualités du jeune seigneur qui font l'objet des conversations de tout le pays ».

« Nous voyons, continue-t-il, avec la joie la plus sensible, nos anciens ducs de Bretagne revivre dans la personne de leurs descendants. Leur présence enthousiasme même tellement nos esprits qu'il nous semble voir le duc Alain le Grand, le fléau des terribles Normands au IXème siècle, et autres grands hommes, leurs ancêtres, sortir de leurs tombeaux, paraître à Rieux pleins de vie, dans leur ancien château et leur ancienne ville, réparés et rétablis dans leur ancienne splendeur ».

Après avoir exprimé les regrets unanimes de ne pas voir la jeune comtesse, le recteur forme le voeu, avec tous ses paroissiens, que les nouveaux seigneurs restaurent le château de leurs illustres ancêtres et viennent y habiter. Il termine par cette prière :

« Puisse le Ciel combler de prospérités ce précieux reste de la Maison de Rieux ! Puisse le Ciel conserver cette famille jusqu'à la fin des siècles pour faire notre félicité et celle des générations à venir, comme elle a fait le bonheur de nos ancêtres qui les regardaient comme les pères du pays !... Pour remercier le Seigneur de nous les avoir conservés, nous allons chanter le Te Deum et pour le prier de nous les garder jusqu'à la fin du monde, nous allons chanter la messe ».

A ces voeux un peu dithyrambiques, l'avenir allait donner, nous le verrons, un tragique démenti...

 

Louis-Charles, Comte de Rieux. — La comtesse douairière, veuve de Louis-Auguste de Rieux, eut la douleur de perdre sa belle-fille, Anne de Saulx-Tavannes, en 1772, à l'âge de 23 ans. Ayant gardé la propriété de la seigneurie de Rieux, elle la transmet alors par substitution à son petit fils, Louis-Charles, né en septembre 1768. Pourquoi pas à son fils, Louis-François ? Peut-être parce que celui-ci fut profondément affecté par la mort prématurée de son épouse, au point que, malgré son jeune âge — 22 ans alors — il refusa toujours de se remarier. Soldat dans l'âme, il continue le métier des armes. En 1786, il est maître-de-camp et commandant le régiment de cavalerie dit de Berry. Promu brigadier-général, il prend part à plusieurs batailles et, à l'une d'elles, il perd une jambe.

Pendant ce temps, la seigneurie de Rieux est gérée, et même louée depuis le 24 décembre 1773, par son intendant habituel, « Maître Julien Joyaut, procureur-fiscal de Redon, logé à Paris en l'hôtel de Vienne, rue des Filles Saint-Thomas, en Saint-Eustache. Moyennant 18.000 livres par an, avec droit de chasse, il afferme pour neuf ans tous les fruits et revenus, tant certains que casuels (accidentels), des seigneuries de Rieux à Rieux, Rieux à Peillac, Rieux à Fégréac, et des fiefs y réunis, châteaux avec dépendances, domaines et moulins » (Archives départementales, Vannes, Q. 331). Au bout de neuf ans, le 24 décembre 1782, Maître Joyaut renouvelle son bail aux mêmes conditions. Avant son échéance, la Révolution avait éclaté...

 

Les Vassaux. — Les derniers titulaires des seigneuries vassales des sires de Rieux, furent ceux dont les noms suivent :

Le Plessix-Limur. — En 1768, Mme Claude d'Illiers d'Entragues, comtesse de Rieux.

La Bousselaye. — Ecuyer Gilles de Forges qui y meurt en 1766, 55 ans. — Félicité Honoré de Thomelin, chevalier, chef de nom et d'armes, par son mariage avec Louise de Forges, 1769. — François de Forges, époux Marie-Anne de la Souallaye, mort en 1770, 25 ans.

La Lande. — Avec la Bousselaye.

Aucfer. — Le Querré, de Guérande ; puis Joyaut ; enfin du Quercron par mariage de Barthélémine Joyaut avec noble Maître Jean-Marie du Quercron.

La Montagne. — Evain, de Questembert, parent de Jean Le Mauff, capitaine des Brulots du Roi, en 1770.

Le Branguérin. — De Préchateau.

La Graï. — Menand, puis de la Bédoyère.

Brambécart. — Grignon, de la Garenne, en Limerzel.

Comenan. — M. de la Bédoyère, qui, en 1777, afferme à Guillaume Jouvence les moulins de ce fief, soit les deux moulins à vent de la Grée de Saint-Jean, 300 livres chacun et le moulin à eau du Gaffre, 72 livres, tous avec leurs mouteaux. En 1784, M. Claret, procureur, écrit dans ses Notes de voyage : « 5 décembre, l'après-midi, je fais visite à M. Poitdevin, avocat de M. le comte de la Bédoyère, lequel me demande des informations sur la terre de Comenan et annexes que l'on veut vendre. Je l'apprécie à 180.000 livres et j'apprends que M. de Lehellec la pousse à 170.000. M. Bigot l'afferme 6.500 livres et 1.200 d'épingles ».

Le Hindreuff. — Péniguel de la Courberie.

Kerbonnaire. — De Fabrony.

Le Fresche. — De Forges, Dame Marie de la Marnière, veuve Charles Imbert de Forges, y meurt en 1761, 77 ans. Le manoir du Fresche fut restauré à cette époque.

La Ricardaie. — Augustin Joyaut, sieur de Couesnongle en Saint-Jacut, fermier général de Rieux, mort le 31 juillet 1794 en Notre-Dame de Redon.

Le Tertre. — Famille Durand.

Villeneuve. — Famille Grignon.

La Courberie. — 1762, Joseph Péniguel, capitaine d'infanterie et Augustin Péniguel, lieutenant au régiment du Berry. — 1771, Joseph-Augustin Péniguel, officier au régiment d'Aquitaine, puis au régiment de La Roche-Bernard, mort subitement en 1778.

Les Préaux. — De Forges.

Camzon. — De Fabrony.

Lézalaire et le Boschet. — De la Houssaye, 1763 : « droit de moyenne et basse justice, juridiction, cep et collier, un moulin à vent, un moulin à eau, à la suite desquels tous les étagers à la distance d'une lieue y sont sujets, ainsi qu'aux corvées nécessaires pour la réparation d'iceux ».

La Bougaudaie. — 1763 ; le sieur des Barres, procureur du Roi à l'Election de Mortain, 250 livres de fermage.

La Grioterie. — Jacques Le Frère, écuyer, sieur de Maisons, affermée 100 livres.

Botudal. — Maître Davy, dont la famille est maintenant à l'Intendance.

Bériolet. — Thomas Guyomard, marchand, demeurant à Mesquer.

Beaulieu.— Famille Péniguel.

Bourgneuf. — Famille Germain, dont François Germain, prêtre, 1773, et Jean Germain, chirurgien à Rieux.

La Tabariaie. — François de Forges, 1769 — Louée 495 livres.

La Touche. — Claret, sieur de la Touche.

Hommes de loi. — Quant aux derniers hommes de loi de la seigneurie et des juridictions de Rieux, voici les noms que nous avons relevés.

Sénéchaux. — Maître Pierre Primauguier, mort en 1764 ; Honorable homme Laurent Dayot, en même temps, Directeur des Postes à Redon, 1764 jusqu'après 1780.

Procureurs-fiscaux. — Maître Jean-Marie du Quercron, avocat au Parlement, avant 1767, mort en 1782, époux Barthélémine Joyaut ; Maître Boulay, 1769 ; Maître Julien Joyaut.

Notaires et procureurs. — Guillaume Héligon ; en 1769, à titre d'ancien procureur, il préside une réception d'officiers de la Cour ; François Nogues, 1767 ; Jean-Vincent Germain, mort en 1769 à 27 ans ; François Joyaut, 1771 ; Louis Bouvier, 1780 ; Pierre-Marie Claret, procureur de Rieux et de plusieurs autres juridictions, 1771-1790 ; Guillaume Baudin, procureur de plusieurs juridictions et greffier du Comté, 1778.

Notaires. — Julien Bézier, Pierre Pavin, Joseph Lucas, Augustin Mabon, François Thierry. Hyacinthe Gobé, Antoine Picot, René Besnier, Pierre Salmon, Jean Dréan, Pierre Picot, Pierre Bloyet, Augustin Hardy.

Greffier. — Guillaume Baudin.

Sergents. — Pierre Rollin, Jean Saloux, Julien Duchesne, Gabriel Gogué, Pierre Deval, Pierre Le Duc.

 

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III. — LA FIN D'UN LONG RECTORAT.

Au point de vue religieux, Rieux est toujours gouverné par messire Abhamon. Si ce prêtre est d'un caractère difficile et original, il n'en remplit pas moins sérieusement sa charge pastorale, prêchant et catéchisant régulièrement, fidèle aussi à donner à son peuple de Grandes Missions. Le Chef des Missions était alors dans le diocèse M. Pierre Mouro, de Caden, surnommé la Grande Cognée à cause de l'énergie qu'il déployait.

Les édifices paroissiaux sont également l'objet de ses préoccupations. Ainsi, de concert avec le Général, M. Abhamon ajoute à l'église une chapelle et une sacristie, tandis qu'il fait exécuter d'importants travaux au presbytère. On y perce notamment de nouvelles fenêtres dont l'une porte encore la date : 1763.

Les années n'émoussaient pas son esprit facétieux. Parti au pays du Léon dans sa famille, il fait écrire à son vicaire que le recteur de Rieux était mort subitement et avait été enterré dans l'église de Goulven. Sur la foi de cette lettre, le vicaire célèbre un Service d'Octave pour le défunt. Après la cérémonie, les prêtres assistants et quelques parents et amis établis dans la région se réunirent au presbytère où était servi un plantureux banquet. Sans doute s'y trouvait-il la sœur du recteur, Marie Abhamon, veuve Goulven Simon, sieur de Mésécuet, qui demeurait avec son frère, et messire Jean-François de Kersulguen, noble chevalier, de Pleyber-Christ, son parent, qu'il avait marié à Saint-Jacut avec demoiselle Andrée Rado, dame du Kilin.

Bientôt, les convives sont en gaîté ; les verres se choquent, les rires fusent ; bref le tapage bat son train. Et voilà que, soudain, la porte de la salle s'ouvre et un prêtre paraît, en costume de voyage, un gros bâton noueux à la main. C'était missire Abhamon ! A sa vue, tous les assistants se lèvent effarés, — « Je vous salue, messieurs et dames, leur dit-il, et vous offre tous mes compliments. Je suis ressuscité !... Et vous, vous allez déguerpir au plus vite. Je suis tellement sensible aux regrets que vous éprouvez de ma mort que je m'en vais de ce pas chez Maître Claret, mon ami, rédiger mon testament ; soyez persuadés que j'en exclurai mes héritiers ici présents, ainsi que les satanés moines de Rieux » (Docteur de Closmadeuc qui tenait le fait de M. Claret de la Touche).

L'irascible bas-breton ne tarda pas ensuite à rendre son âme à Dieu. « Le 17 février 1779, porte le Registre paroissial, décès en son presbytère, 4 heures après-midi, de vénérable et discret missire François Abhamon, recteur de Rieux, âgé de 76 ans 6 mois. Il fut inhumé au cimetière le 19 environ midy, en présence de missires Moesnard, recteur de Saint-Dolay, Lévesque, ancien recteur de Saint-Gorgon ; Briend, recteur de Saint-Vincent, F. Chôné, ministre de Rieux, Fr. de Buire et Fr. Guellois, trinitaires, Hellard, curé de Béganne, Germain, prêtre de Rieux, Desvaux, curé de Rieux, de la Touche, curé d'Allaire, Maucoëffé, curé de Saint-Jean ; J.-J. Bézier, prêtre, du Quercron, procureur-fiscal » (abbé Henri Le Breton).

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