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 Tréduder durant la Révolution

LA PAROISSE DE TREDUDER

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D'après le cahier de paroisse, un nommé François-Marie Le Mao vint s'établir à Tréduder en 1791. « Ce prêtre constitutionnel y passa seulement quelques mois, écrasé sous le mépris général. Que devint-il ensuite pendant une année ? On l'ignore. Au bout d'une année, il reparut dans la paroisse, exerçant parfois les fonctions du saint ministère. Ce M. Le Mao était un ex-récollet de Morlaix, qui profita de la Révolution pour briser les liens religieux, trop pesants pour sa faible vertu. Il vivota à Tréduder jusqu'en 1807, époque à laquelle cette paroisse fut également annexée à Plouzélambre pour le spirituel »

On me permettra de faire observer ici que cette note du cahier paroissial de Tréduder concernant le sieur Le Mao, toute précieuse qu'elle est, est pourtant fort incomplète, pour ne pas dire fort inexacte. D'abord, il est certain, comme le prouvent divers documents authentiques, que cet ex-récollet, en religion Père Calixte, passa une grande partie de la période révolutionnaire à Plouzélambre, paroisse limitrophe de Tréduder, il parvint à devenir le vicaire de M. Le Montréer, après la déportation de l'excellent abbé Gilles Prat à Rochefort, ce qui arriva en 1794. On peut voir ensuite les différents rôles joués par ce misérable prêtre à Plouzélambre, pendant ces mauvais jours, d'après plusieurs pièces toujours conservées aux archives municipales et dont je crois devoir reproduire ici quelques extraits. Extrait du registre des délibérations du 20 brumaire, an trois : « Je soussigné déclare que comme ayant été requis par les membres de la commune de Plouzélambre pour service dans la force territoriale de Lannion, je suis censé être de droit et de fait domicilié de la dite commune... En conséquence, je déclare qu'à l'échéance de mes trois mois de service, je réclame tous les droits d'un vrai citoyen dans la dite commune, et que j'y exercerai, comme par le passé, les fonctions de ministre. A Plouzélambre, ce douze floréal, an trois de la République. — Signé : François-Marie LE MAO, vicaire à Plouzélambre »

Autre extrait. « Pour me conformer aux termes de la loi du onze prairial relative à l'exercice du culte, je requiers, en qualité de ministre catholique, vicaire de la commune de Plouzélambre, d'y exercer ledit culte dans la ci-devant église paroissiale de la dite commune, sous la surveillance des autorités constituées, et avec soumission parfaite à toutes les lois régnantes de la République, sauf au corps municipal à me fixer les heures de la célébration du culte... A Plouzélambre, ce 17 messidor, an trois de la République. — Signé : François-Marie LE MAO, vicaire de Plouzélambre »

Trois jours après furent réglées les conditions dans lesquelles le nouveau vicaire devait exercer les fonctions  du culte, en vertu d'une délibération municipale du 20 messidor an trois, où il est dit : « Libre usage et jouissance de l'église, sacristie, ornements, etc., a été accordé au citoyen François-Marie Le Mao, ministre catholique romain, lui enjoignant de dire sa messe tous les jours à sept heures du matin, et ses vêpres les fêtes et dimanches à une heure après-midi, lui enjoignant de plus de se conformer aux règlements des autorités constituées, faute de quoi il serait dénoncé au comité révolutionnaire... Ont signé : Jean PRAT, procureur de la commune, Jacques JORAND, maire, Yves CARIS, Alain NICOLAS, Yves MORVAN, Jean Tilos et Yves MORVAN ».

Cette pièce identique à celle concernant M. Le Montréer, recteur, fut, comme pour lui, complétée par la déclaration de soumission aux lois, selon la formule dont la teneur suit : « Le 24 brumaire, l'an quatre de la République française, devant nous adjoint municipal de la commune de Plouzélambre, est comparu le citoyen François-Marie Le Mao, habitant à Plouzélambre, lequel a fait la déclaration ci-après : Je reconnais que l'universalité des citoyens français est le souverain, et je promets soumission et obéissance aux lois de la République. — A signé : François-Marie LE MAO. Nous lui avons donné acte de cette déclaration, et il a signé avec nous. — GOURBREIN, adjoint »

La déclaration de soumission aux lois étant faite, le Père Calixte put exercer librement le culte catholique dans l'église de Plouzélambre, comme le prouve encore la pièce suivante : « Aujourd'hui, 2 frimaire, quatrième année républicaine, devant nous adjoint municipal de la commune de Plouzélambre, département des Côtes-du-Nord, est comparu le citoyen François-Marie Le Mao, lequel a déclaré que, conformément au décret du onze vendémiaire concernant la police et l'exercice des cultes, il se propose d'exercer le ministère du culte catholique et romain dans l'enceinte de la ci-devant église paroissiale de cette commune, et a requis qu'il lui soit décerné acte de sa déclaration et de soumission aux lois de la République, conformément à la loi du onze prairial dernier, de l'an trois. Nous lui avons donné acte de sa déclaration et il a signé avec nous. — François-Marie LE MAO, GOURBREIN, adjoint »

Mais ce ne fut pas assez pour cet ex-religieux, grand patriote, que d'exercer le saint ministère à Plouzélambre. Bientôt il fut nommé secrétaire de la garde nationale avec le grade de sergent. Et n'allez pas croire que ce soit de la légende, car le fait est confirmé par une pièce authentique dont voici la teneur : « Le sept prairial, an quatre, l'assemblée de la commune Plouzélambre, réunie pour nommer aux grades de la garde nationale, a choisi pour président Yves Gourbrein, et pour secrétaire François-Marie Le Mao, lequel a été aussi nommé parmi les sergents. Ont signé : Yves GOURBREIN, président, François-Marie LE MAO, secrétaire, Louis QUINTIN, Alain NICOLAS, Yves GUEGUEN »

Enfin, le Père Calixte, très populaire à Plouzélambre, devint plus tard président du bureau pour l'élection d'un agent municipal, comme le démontre encore la pièce suivante : « Le 15 germinal, an cinq, les citoyens étant assemblés pour choisir un agent municipal, François-Marie Le Mao a été nommé président du bureau.... — Ont signé : François-Marie LE MAO, président, Yves GOURBREIN, secrétaire, Jean THOS, Jacques JORAND, Yves MORVAN »

Le sieur Le Mao était encore à Plouzélambre au mois de messidor de l'an dix, comme plusieurs documents en font foi. 

D'après une tradition locale, ce bon Père, trop tristement célèbre, se serait précipité dans un étang appelé « Ar stang Koz » et s'y serait noyé pour éviter les obsessions d'un certain personnage, qui voulait lui faire révéler un secret de confession. Sans doute la chose n'est point invraisemblable. Mais, à mon humble avis, elle sent beaucoup la légende et paraît un peu fantaisiste. Toujours est-il que cette tradition est en contradiction formelle avec la version du cahier paroissial de Tréduder où il est dit que le sieur Le Mao mourut dans cette paroisse, « au lieu dit Le Bréhant, le 19 février 1808, à l'âge de, 58 ans, et qu'il fut inhumé dans le cimetière de cette commune ». Dans ses dernières années, il exerçait, dit-on, la profession d'instituteur ambulant. C'est tout ce que j'ai pu recueillir sur la misérable existence de ce misérable prêtre, et c'est assez. (le diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire - 1899). 

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