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 Plouzélambre durant la Révolution

LA PAROISSE DE PLOUZELAMBRE

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A l'époque de la tourmente révolutionnaire, la paroisse de Plouzélambre avait comme recteur M. Jean Le Montréer qui y succéda à son oncle, du même nom que lui, en 1764 ; et, comme vicaire, l'abbé Gilles-Marie Prat, qui naquit en 1762, à Saint-Quay-Perros, non loin de Lannion. 

Ces deux bons prêtres refusèrent le serment à la Constitution civile du clergé, ainsi que les abbés Le Cam, ex-vicaire de Ploumilliau, et Philippe Morvan, qui résidait alors dans cette paroisse, mais sans aucun titre. Ces deux derniers furent exilés en Angleterre et rentrèrent au pays après le Concordat. L'abbé Le Cam mourut à Plouzélambre en 1814, et l'abbé Morvan mourut la même année recteur de Plounérin. 

L'abbé Gilles-Marie Prat fut déporté à Rochefort en 1794, et y mourut à bord du vaisseau les Deux-Associés, vers la fin de juillet de la même année. Il est probable qu'il fut emporté par le scorbut et la dysenterie, comme plusieurs de ses confrères, victimes comme lui de ce fléau. Sa mort fut d'autant plus regrettable qu'il succomba presque à son entrée dans la carrière sacerdotale, car il n'avait alors que 32 ans. 

Quant à M. Jean Le Montréer, recteur, il passa à Plouzélambre une grande partie de la Révolution, malgré des tracasseries de toutes sortes ; et sa vie, durant cette époque tourmentée, offre diverses particularités assez curieuses que nous devons signaler ici. D'abord, il fut mis en prison dans la maison de Saint-Yves à Guingamp, comme le prouve la pièce suivante, où il est parlé également de sa mise en liberté. « Extrait d'un registre des délibérations municipales du 20 brumaire an III de l'ère républicaine : - Vu l'arrêté des représentants du peuple, Guesno et Guermeur, qui met en liberté tous les ministres du culte catholique détenus pour la seule cause de refus ou d'omission du serment que prescrivait la ci-devant Constitution civile du ci-devant clergé ; - Nous, agent national du district de Guingamp, autorisons le citoyen Jean Le Montréer, prêtre détenu en la maison Saint-Yves, qui fait sa déclaration de se retirer dans la commune de Plouzélambre, district de Lannion, etc. Fait au directoire à Guingamp, le 13 germinal, troisième année républicaine, enregistré à Plouzélambre le 17 germinal de la même année »

A peine arrivé dans son ancienne paroisse, le vénérable pasteur se mit à l'oeuvre. Sous sa direction intelligente et habile, tous les habitants s'entendirent pour faire une réclamation énergique auprès du directoire du district de Lannion ; et, par un arrêté du 21 floréal an III de la République, l'église de Plouzélambre était rendue au libre exercice du culte catholique. Cependant cela ne suffit pas au zèle de M. Montréer, et, sur de nouvelles instances, les chapelles de Saint-Siméon et de Saint-Méloir ou Mélar étaient également réouvertes au culte, en vertu d'un arrêté du même directoire, à la date du 11 prairial an III. En même temps, le bon recteur de Plouzélambre prenait toutes ses dispositions pour pouvoir exercer librement le culte catholique dans son église, ainsi que le prouve la pièce suivante : « En l'endroit s'est présenté le citoyen Jean Le Montréer, prêtre catholique romain, curé de Plouzélambre, lequel y résidant, pour se conformer à la loi du 11 prairial dernier relative à l'exercice du culte, requiert acte de sa déclaration de vouloir exercer son dit culte dans l'église ci-devant paroissiale de cette commune, sous l'obéissance des lois civiles de la République et la surveillance des autorités constituées, aux termes précités, à Plouzélambre ce jour 17 messidor, an III de l'ère républicaine »

Le conseil de la commune y donna ensuite son approbation, réglant selon la loi les heures des offices, dans une délibération dont la teneur suit : « Délibération municipale du 20 messidor, an III de la République. - Libre usage et jouissance de l'église, sacristie et ornements ont été accordés au citoyen Le Montréer, ministre catholique romain, lui enjoignant de dire sa messe tous les jours à dix heures, et ses vêpres les fêtes et les dimanches à trois heures, lui enjoignant de plus de se conformer aux règlements des autorités constituées, faute de quoi il serait dénoncé au comité révolutionnaire. - Ont signé : Jean PRAT, procureur de la commune, Jacques JORAND, maire, Yves CLARIS, Alain NICOLAS, Yves MORVAN, Jean THOS et Yves MORVAN ».

Cependant les temps restaient mauvais, et le zèle du saint prêtre le fit dénoncer par quelques sectaires aux gages des hommes du pouvoir. M. Le Montréer fut donc appelé au chef-lieu du département pour répondre aux dénonciations portées contre lui. Fort de son droit, il n'eut pas un moment d'hésitation et demanda à l'autorité compétente un passeport pour se rendre à Port-Brieuc (Saint-Brieuc). 

« Aujourd'hui, 2 frimaire, l'an IV de la République française, devant nous agent et adjoint municipal de la commune de Plouzélambre, s'est présenté le nommé Jean Le Montréer, ex-prêtre âgé de 60 ans et sujet à la réclusion conformément à la loi du 26 août 1792 et publiée hier en notre dite commune avec celle du 4 brumaire dernier, et lui avons sur le champ délivré un passeport dont la teneur suit : - Nous, agent et adjoint municipal de la commune de Plouzélambre, certifions à qui il appartiendra que le nommé Jean Le Montréer, ex-prêtre, et par conséquent sujet aux articles 8 et 9 de la loi du 26 août 1792, à laquelle loi il devra se soumettre dans le délai prescrit par la même loi, lequel Montréer est âgé de 60 ans, taille de cinq pieds, les yeux bruns, nez ordinaire, bouche moyenne, menton fourchu, front découvert, visage rouge, cheveux et sourcils bruns, barbe grise. - Route que le dit Montréer doit tenir pour se rendre à Port-Brieuc, chef-lieu du département : de Plouzélambre à Guingamp, de Guingamp à Château-Laudren (Châtelaudren), de Château-Laudren à Port-Brieuc. - Délivré par nous au bureau communal de Plouzélambre, sous notre seing et celui dudit Montréer, et avons apposé le sceau de la commune, ce jour 2 frimaire, l'an IV de la République française. Ont signé : Jean LE MONTREER, J.-B. MECHAUTE, GOURBREIN, adjoint »

Arrivé à Saint-Brieuc, l'abbé Le Montréer, en vertu de deux procès-verbaux de Plestin et de Lannion, fut de nouveau mis en état d'arrestation. « Extrait du registre des délibérations du directoire des Côtes-du-Nord : - Séance publique tenue par les citoyens Le Normant, président, Le Fèvre, Le Mée et François Michel ; - Présent le citoyen Daniel, faisant les fonctions de commissaire provisoire du directoire exécutif ; - Vu le procès-verbal rapporté du 26 frimaire, an quatre, par le juge de paix du canton de Plestin, portant l'arrestation du citoyen Le Montréer, prêtre, ex-curé de Plouzélambre ; - Vu le procès verbal du 28 frimaire rapporté par l'agent municipal de Lannion, portant que ledit Montréer a déclaré n'avoir aucune connaissance de la loi du 7 vendémiaire, qu'elle n'a point été publiée dans sa commune, et qu'il  fait volontiers la déclaration qu'elle prescrit, ainsi qu'il l'a vue dans la loi ; - Le département, ouï le suppléant du commissaire provisoire du directoire exécutif ; - Considérant que le citoyen Le Montréer a déclaré vouloir se conformer à la loi du 7 vendémiaire, aussitôt qu'il l'a connue, qu'il a fait la déclaration qu'elle prescrit, qu'il est sexagénaire et infirme, suivant le certificat des officiers de santé ; - Arrête que provisoirement il jouira de la liberté, parce qu'il registrera et souscrira sur le registre de la commune où il se retirera, la déclaration prescrite par la loi du 7 vendémiaire an quatre. - Pour copie conforme au registre, - A. HUETTE, secrétaire général. - Collationné et conforme à la minute, déposé au secrétariat de l'administration, enregistré le 8 nivôse an quatre ».

De retour à Plouzélambre, l'abbé Le Montréer se conforma à l'arrêté ci-dessus cité, et prêta le nouveau serment exigé par le gouvernement de la République, selon la formule suivante : « Le 8 nivôse, l'an quatre de la république, une et indivisible, devant nous Jean-Baptiste Le Méchauté, agent municipal, est comparu Jean Le Montréer, habitant en cette commune, lequel a fait la déclaration dont la teneur suit : Je reconnais que l'universalité des citoyens français est le souverain, et je promets soumission et obéissance aux lois de la République. - Nous lui avons délivré acte de cette déclaration et il a signé avec nous. -Jean LE MONTREER, Jean-Baptiste MECHAUTE »

Enfin, le 14 du même mois, l'église de Plouzélambre était de nouveau rendue au culte, comme il appert de l'acte qui suit : « Aujourd'hui, 14 nivôse, an quatre de la République française, une et indivisible, est comparu devant nous, adjoint municipal de la commune de Plouzélambre, canton de Plestin, département des Côtes-du-Nord, le citoyen Jean Le Montréer, lequel a déclaré que conformément au décret du 11 vendémiaire concernant la police de l'exercice des cultes, il se propose d'exercer le ministère du culte catholique, apostolique et romain, dans l'enceinte de la ci-devant église paroissiale de cette commune, et il a requis qu'il lui soit décerné acte de sa déclaration et de sa soumission aux lois de la République, conformément à la loi du 11 prairial de l'an trois. - Nous lui avons donné acte de sa déclaration et de sa soumission, les dits jour, mois et an que dessus, et il a signé avec nous. - Jean LE MONTREER, GOURBREIN, adjoint »

A partir de ce moment, les archives ne parlent plus de M. Le Montréer. Nous savons seulement qu'il mourut à Plouzélambre et qu'il y fut inhumé. Il fut remplacé dans cette paroisse par un ami du citoyen Jacob, évêque du département des Côtes-du-Nord, demeurant à Port-Brieuc, le citoyen Plusquellec, prêtre assermenté, qui, d'après une pièce curieuse, fut volé, alors qu'il allait toucher auprès du citoyen Jacob la modique somme de 126 fr. 60, prix de ses lâches complaisances. D'après une tradition locale, ce malheureux prêtre a été tué. Jean Le Calvez devint recteur de Plouzélambre en 1802. Caché pendant la Révolution, puis exilé en Angleterre, il fut transféré du rectorat de Plouzélambre à Sainte-Anne de Lannion le 18 mai 1819, et y mourut en février 1827. Il fut enterré à Plouzélambre, conformément à ses dernières volontés. C'est lui qui fit le premier registre paroissial et qui ouvrit au culte l'église de Tréduder, par décret impérial du 30 septembre 1807. Il prêta le serment, conformément à la loi du 18 germinal, an dix. 

Les documents me font défaut pour donner de plus amples détails à son sujet. Enfin, pour être complet, je dois, en passant, faire mention d'un nommé François-Marie Le Mao, ex-récollet, en religion Père Calixte, qui passa dans la commune de Plouzélambre une partie de la période révolutionnaire (le diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire - 1899). 

Note : Nomination à la succursale de Plouzélambre avec Tréduder en 1803 : le préfet eût désiré voir maintenir « Pierre Piriou, curé ci-devant constitutionel de Tréduder, homme estimable sous tous les rapports, qui a été comme tant d'autres exclu de l'organisation ». Mais l'évêque lui répond que son candidat est infirme et de plus se livre à la boisson. Il maintient en conséquence son choix de Philippe Morvan.

 

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