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 Plogastel-Saint-Germain durant la Révolution

 LA PAROISSE DE PLOGASTEL-SAINT-GERMAIN

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La condition du paysan de Plogastel-Saint-Germain n'est pas très enviable, vers 1789, à la fin de l'ancien régime. La paroisse est pauvre ; les ressources du paysan sont parcimonieuses et ses charges bien lourdes. Que répondra ce paysan quand, en 1789, il sera interrogé sur son sort ? Quelles doléances, plaintes ou remontrances fera-t-il entendre ? Celles-ci n'auront ni âpreté ni originalité car, trop passif ou trop indifférent, ce paysan s'en remettra à des bourgeois de la ville du soin de formuler ses plaintes et ses voeux. Chose curieuse, ses demandes ne seront même pas toutes appropriées à ses besoins. On lui fera réclamer la suppression du franc-fief ; or, il ne souffre pas de ce droit onéreux qui ne frappe que les bourgeois propriétaires de terres nobles. C'est que, en réalité, les paysans de Plogastel ont eu peu de part à la rédaction du cahier de leur paroisse. Mettez, procureur au présidial, qui présida le 7 avril, dans la sacristie, l'assemblée de Plogastel, avait eu soin de se munir d'un modèle de cahier émané évidemment des bourgeois de Quimper. Le même modèle servit, en effet, dans 10 paroisses : Plogastel, Plonéis, Ergué-Armel, Ergué-Gabéric, Cuzon, Kerfeunteun, Guengat, Pluguffan, Bodivit, Landudec et dans la ville de Douarnenez. A l'exception de Douarnenez et de Kerfeunteun où des bourgeois instruits introduisirent des demandes originales, la plupart de ces paroisses se conten­tèrent de reproduire textuellement le modèle. Après avoir déclaré fidélité et obéissance au roi, les rédacteurs demandent : l'égalité devant les impôts, une répartition plus équitable des revenus des biens ecclésiastiques, l'égale contribution des ordres à l'entretien des chemins, la suppression des justices seigneuriales, des aides coutumières et des corvées et enfin la suppression du domaine congéable ou, plus exactement son « convertissement en censive ». Pour tout le reste, ils déclarent « adhérer, comme il est juste aux charges arrêtées par le Tiers-État, dans sa dernière assemblée à Rennes ». Parmi ces revendications, celle qui pouvait avoir le plus de portée pour les habitants de Plogastel était relative au régime du domaine congéable. Or, sur ce point précisément qu'ils avaient fort à coeur, la bourgeoisie révolutionnaire ne permettra guère de donner satisfaction aux paysans de Basse-Bretagne.

La période révolutionnaire fut calme à Plogastel (aujourd'hui Plogastel-Saint-Germain). L'historien ne rencontre dans l'étude de cette époque ni grand imprévu ni grand pittoresque ; pas de terreur, pas davantage d'actes d'héroïsme. Vente de quelques biens nationaux, réquisitions de bétail, réclamations contre les impositions, tel est le résumé de la Révolution à Plogastel.

Le 7 Avril 1789, à la sacristie, se rassemblèrent les notables chargés de la rédaction du cahier de doléances de la paroisse. « Après avoir déclaré fidélité et obéissance au roi, les rédacteurs demandent : l'égalité devant les impôts, une répartition plus équitable des biens ecclésiastiques, l'égale contribution des ordres à l'entretien des chemins, la suppression des justices seigneuriales, des aides coutumières et des corvées, et enfin la suppression du domaine congéable ou, plus exactement, son convertissement en censive ». Pour le reste, ils déclarèrent « adhérer, comme il est juste, aux charges arrêtées par le Tiers-Etat dans sa dernière assemblée à Rennes ».

Plogastel devint, pendant la Révolution, chef-lieu d'un canton qui comprenait, outre Plogastel, les deux communes de Plonéis, avec sa trève Gourlizon, et de Landudec. Répartir aussi justement que possible entre ces communes les réquisitions et les impôts, faire exécuter les premières, faire rentrer les seconds, furent les préoccupations essentielles de l'administration cantonale.

Les réquisitions les plus fréquentes portent sur les chevaux, sur les boeufs, sur les voitures. Il y a habituellement une sommation pour rien, une seconde avec menace du gendarme, une troisième avec présence effective de la force armée.

Du 19 Prairial an IV : « Nous vous rendons responsables vous et toute la commune si le nombre de voitures qui vous est désigné n'est pas fourni pour le jour indiqué. Il faut que les voitures soient rendues pour 5 heures du matin à Locmaria près Quimper pour transporter des grains de Quimper au Port-Launay ».

Du 1er Prairial an IV : « Le citoyen Le Beck, brigadier des gendarmes de Quimper et le citoyen Lucas, secrétaire du canton, ont parcouru les différents villages et pris tout ce qu'ils ont trouvé de fourrages, lesquels ont été envoyés aussitôt à Quimper... Cependant le citoyen Charpentier est arrivé depuis hier dans notre canton avec 4 gendarmes pour la même opération ; ils ont déclaré qu'ils resteront en garnison dans le canton jusqu'à ce qu'on ait fourni le contingent de foins et paille requis et payé leurs frais... ».

Le 3 Messidor, an IV, à propos de boeufs : « ... Si l'on avait envoyé des commissaires sur les lieux les choisir et les désigner, cela ne serait point arrivé... Venez vous-mêmes dans le canton avec quelques gendarmes pour choisir et prendre ceux qui seront trouvés bons, car lorsqu'on laisse à chacun la liberté de fournir un boeuf quelconque, vous pensez bien qu'il ne fournira pas le meilleur, mais le moins bon ».

Le 12 Fructidor an IV : « Considérant que les 5 voitures qui ont manqué ont été déjà requises plusieurs fois et ont toujours refusé d'y obtempérer : le citoyen Floc'h est nommé commissaire à l'effet d'exécuter les réquisitions et requiert le citoyen Beck, brigadier, de l'accompagner. Le tout aux frais des délinquants : 6 à 8 francs par jour d'indemnité au gendarme et 6 francs aussi par jour au commissaire jusqu'à ce que la réquisition soit régulièrement effectuée ».

Le 18 Fructidor an IV : « Il manquait beaucoup de chevaux de Plogastel et de Landudec et de Plonéis même il n'est venu aucun au lieu du rassemblement. Le seul parti à prendre est de nommer des commissaires pour en faire l'état exact aux frais des délinquants. Encore faut-il que ces commissaires soient accompagnés de quelques gendarmes ».

Le 27 Fructidor an IV, à propos de boeufs à fournir par le marquis de Ploeuc : « Nous chargeons le citoyen Rollin, gendarme, de lui notifier cette réquisition, et si le citoyen Ploeuc n'y obtempère pas, nous vous prions d'envoyer une petite force armée les prendre à ses frais ».

Le 13 Vendémiaire an V : « Nous renvoyons le gendarme, attendu que nous croyons avoir complété notre contingent de la première réquisition de bœufs … Le gendarme a reçu 15 francs en numéraire pour 3 jours, à raison de 5 francs par jour, et les vivres et fourrages en plus ».

A propos d'une réquisition de voitures : « Si le nombre de voitures demandé ne se trouvait pas fourni pour le jour indiqué, la force armée se rendra dans votre commune », etc...

Pour la perception des impôts, l'administration semble avoir été moins intransigeante, du moins elle émettait souvent un avis favorable aux demandes de réductions.

La contribution foncière de Plogastel s'établit ainsi le 10 Nivôse an IV : partie payable en grains : 382 quintaux en seigle et 4 en froment ; partie payable en assignats : 4.840 livres. Contribution personnelle : 806 livres.

Voilà que des contribuables veulent déduire de leurs contributions un dixième, somme correspondant à ce qu'ils ont versé pour l'emprunt forcé. Et l'agent de Plogastel, bon enfant, écrit au département : « Pour apaiser de grands murmures, vous feriez bien de prendre un arrêté qui autorise les percepteurs à déduire ce dixième ».

Jean Guennec et Yves Quideau imposés chacun 50 livres au rôle de l'emprunt forcé protestent. « Vu leurs pétitions, considérant que les faits y exposés sont vrais, l'administration est d'avis que les deux pétitionnaires soient entièrement déchargés de leur quote-part ».

En l'an V, les habitants n'avaient pas payé leurs patentes à temps parce qu'ils ignoraient où les payer : Ils viennent d'apprendre qu'ils sont rattachés à Douarnenez. « Mais le receveur exige maintenant le quadruple droit. Comme cette commune n'est point en faute puisqu'on s'est présenté dans les délais audit receveur qui a refusé de percevoir les droits parce qu'il ignorait aussi lui-même que la commune de Plogastel fût de son ressort, nous vous prions d'autoriser le receveur de Douarnenez à ne percevoir que le simple droit pour la commune de Plogastel ».

Les demandes de réduction d'impôts deviennent plus nombreuses de jour en jour. Le canton donne toujours des avis favorables et revient à la charge quand il n'en est pas tenu compte au département.

Mais bientôt il faut en venir à la manière forte. Le 5 Brumaire an V, le percepteur de Landudec est autorisé à poursuivre les contribuables en retard. Le 26 Brumaire, on annonce l'arrivée de la force armée. Elle tiendra garnison aux frais de l'agent de la commune là où les rôles ne sont pas en recouvrement, et aux frais des plus forts contribuables là où ils sont en recouvrement.

Le 24 Pluviôse an V, les impôts ne rentrent toujours pas. « Nous faisons dans le moment les poursuites nécessaires pour recouvrer les arriérés ».

Mais voici qui complique les affaires : « Les percepteurs ne connaissent pas ceux qui ont versé ou n'ont pas versé de grains parce que la plupart des contribuables ne leur ont pas exhibé leurs reçus dans les temps et les ont égarés depuis... ».

Il arrive aussi au percepteur de toucher plus que son dû et d'être sommé de se présenter à la mairie de Plogastel « pour rendre ses comptes, sous peine d'y être contraint par des gendarmes à ses frais ».

En somme, la Révolution aura peu changé l'aspect de Plogastel, et la condition de vie des habitants sera, à peu de chose près, au début de l'Empire, ce qu'elle était en 1789. « Dans le ressort de ce canton, il n'y a aucun qui se soit considérablement enrichi depuis la Révolution. Les contribuables sont à peu près dans la même position de fortune qu'en 1793 ; nous n'en connaissons point qui aient fait une fortune subite » (Archives communales de Plogastel).

Les mêmes hommes qui, tant de fois, ont prêté le « serment de haine à la royauté et de fidélité à la République » et fêté la « mort du dernier tyran », jureront « obéissance aux constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur » et plus tard jureront « à Dieu de garder obéissance et fidélité au Roi » (abbé Parcheminou et Jean Savina). 

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