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Bienvenue chez les Plestinais 

 Plestin-les-Grèves et Trémel, sa trève 

durant la Révolution

LA QUESTION RELIGIEUSE

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Les membres de l'Assemblée Constituante étaient pour la plupart attachés à la religion catholique. Ils n'eurent pas l'idée de séparer l'Eglise de l'Etat et voulurent donner à l'Eglise une organisation nationale. Mais le clergé était très sympathique à la monarchie et au fur et à mesure que l'assemblée et le peuple voulaient diminuer l'autorité du roi, l'Eglise se détachait de la Révolution. 

Le décret du 2 novembre 1789 avait sécularisé les biens du clergé et la loi sur la Constitution fut promulguée le 24 août 1790. 

Le 25 septembre 1790, le Sacré Collège déclara qu'il ne pouvait l'accepter sous cette forme. Cette constitution assurait le triomphe du clergé gallican puisque les évêques ne devaient plus recevoir du pape l'investiture canonique. Les évêques et les curés étaient payés par la Nation et élus comme les autres fonctionnaires, L'Eglise de France était débarrassée de la tutelle de l'Eglise romaine. 

La constitution civile fut mise en application et les évêchés établis par l'assemblée furent pourvus. Mais à partir du jour où l'épiscopat se fût déclaré contre la constitution civile et que le pape l'eût condamnée, le clergé français fut divisé en « assermentés » qui avaient prêté le serment établi le 27 novembre 1789 et dont nous avons donné lecture, et les réfractaires, qui refusaient de se soumettre. Il s'engagea entre le clergé et l'Etat une lutte qui ne se termina qu'en 1801 par la victoire du clergé. 

Nous allons suivre à Plestin (Plestin-les-Grèves) les principaux épisodes de cette lutte. 

Le 23 septembre 1790, les prêtres des paroisses de Plestin (Plestin-les-Grèves) et de Trémel sont convoqués devant le corps municipal, conformément aux bannies du dimanche précédent faites aux prônes de Plestin et de Trémel. Au sujet des biens de l'Eglise, le corps municipal prend la délibération suivante, le 28 septembre 1790 : « Il y a lieu de distinguer entre les biens ecclésiastiques qui appartiennent à la Nation en vertu du droit de l'Assemblée nationale du 2 novembre 1789 et ceux qui sont laissés aux généraux des paroisses. (Loi du 20 avril 1790) » Les conseil de fabriques devront gérer les revenus de ces biens. On nomme un trésorier : Jean Le Bideau. Le trésorier adjoint est Auguste Le Clech, prêtre. Deux états de distribution seront faits chaque année. 

Le 6 février 1791, prêtent le serment d'être fidèles, à la loi et au roi : 

Guillaume Rouat, curé de Plestin. 

Charles Paranthoen, vicaire de Trémel. 

François Menguy, ancien vicaire de Trémel. 

Mais ne veulent pas prêter serment : Jean Le Guennec, Augustin Le Clech, Jacques Le Gallou, Toussaint Adam.

« Voici leurs raisons : ils veulent jouir de la liberté d'opinion. Ils ne sont pas vicaires, mais confesseurs par simple approbation de l'ordinaire. Ils ont desservi la commune sans qu'il en ait coûté à l'évêque, gros décimateur. Ils veulent continuer leurs services jusqu'à l'expiration de leurs approbations »

Yves Thomas, procureur de la commune, veut différer son serment. « Les citoyens honnêtes du canton qui ont assisté aux assemblées primaires fourniront la preuve de son patriotisme. C'est l'esprit d'homme — citoyen impartial qui lui a procuré un martyr de deux ans sous les despotismes ecclésiastiques et ministériels — qu'il aura bientôt fini les trente ans de prêtrise qu'il a passés dans un travail assidu et pénible, entre les fonctions du ministère sacerdotal et celles de procureur de la fabrique, pour faire revivre des archives abandonnées par un corps politique lâche et craintif dont les membres se trouvaient tou­jours vassaux de ceux qui s'emparaient des biens de la fabrique ». A propos de ces biens, Yves Thomas avait déjà, le 12 décembre 1790, montré l'importance de ses services. « Il travaille depuis vingt-sept ans pour connaître à fond l'état des biens de l'église de Plestin et des chapelles. Il a fait réintégrer la fabrique dans une multitude de possessions dont elle avait été dépouillée par d'injustes détenteurs ». C'est ainsi que le sieur du Lézard a été condamné par la justice de Guingamp, à la requête du clergé de Plestin (Plestin-les-Grèves), à payer des titres obligatifs et des arrérages de plusieurs articles de rente qu'il refusait de payer. Yves Thomas continue à revendiquer toutes les difficultés de sa lourde charge : « Il a essuyé les procédures les plus longues et les plus épineuses de la part d'injustes détenteurs des biens de l'Eglise qui formaient contre lui des écrits abominables pour machiner sa perte et trouvaient des évêques, de grands vicaires et des recteurs complaisants ou malins pour travailler de concert à l'oppression. Il ne parle ici de ses malheurs que pour faire entendre jusqu'à quel point les grands abusaient de l'autorité et combien l'homme impartial et citoyen avait à souffrir pour faire son devoir. Qu'enfin, il offre de continuer ses fonctions, tant des charges de confesseur que de procureur de la commune, autant qu'elles seront estimées telles, à la religion et à l'Etat, jurant qu'il sera à l'avenir comme au passé, patriote, méprisant les menaces, l'intérêt et le respect humain »

Nous apprenons ici qu'il y avait deux catégories de prêtres : les vicaires qui avaient un mandement de l'évêque et des desservants qui étaient considérés comme les aides des premiers et ne pouvaient donner tous les sacrements. Yves Thomas et ses collègues de cette deuxième catégorie se plaignent de leur sort et il faut noter le dévouement et le courage du signataire de ces lignes, Yves Thomas. Il avait pris la défense des biens de l'Eglise contre les nobles et certains membres du clergé. Il ne voulut pas admettre que la nation pût s'en saisir et persistât dans son attitude jusqu'au moment où il fut obligé d'émigrer. 

Il y eut entre, les prêtres assermentés et les réfractaires une querelle ardente dont les registres des délibérations portent les échos.

Les non assermentés qui ne sont pas payés par la nation jouissent de la desserte des fondations et casuels volontaires, car l'un d'eux, Yves Thomas, est chargé d'administrer les biens de la fabrique. 

Ils demandent au curé, très aimablement d'ailleurs, de leur fixer le temps de leurs offices (4 octobre 1791). « Nous avons demandé à Monsieur le Curé s'il peut et veut par lui-même administrer tous les sacrements, ou s'il a besoin de secours. Dans le premier cas, il faudra que le public le sache afin qu'il n'ait point de reproche à nous faire. Dans le second, nous sommes tout à fait disposés à rendre au peuple tous les secours spirituels qu'il prendra de nous avec autant d'exactitude que ceux qui sont payés par la nation »

Yves Thomas se plaint amèrement et rappelle les lettres de cachet et autres poursuites odieuses dont il à été accablé pour avoir travaillé sous les ordres du général pendant 28 ans, à donner et à conserver l'existence aux trois quarts des biens de la fabrique, et il termine : « Ma qualité de procureur de la commune me permet de prendre la qualité de citoyen et de la soutenir vis-à-vis des prêtres assermentés du canton ; mes ouvrages en sont la preuve. Et pour revenir à la desserte des fondations et casuels volontaires, nous déclarons prendre, sur nous quatre, la peine et l'obligation de desservir les messes solennelles qui ne peuvent être desservies ni par un, ni par deux curés. Nous déclarons néanmoins nous obliger à lui donner sa part de la distribution de l'ordinaire, parce qu'il dira les messes, dans le journal. Il sera plus libre pour préparer les prônes et administrer les sacrements qui lui procurent en outre un traitement lucratif de la nation. Il ne s'agit donc plus que de nous fixer le temps de nos offices qui ne gênera pas Monsieur le Curé, et pour cet effet, nous vous invitons d'arrêter le plus tôt possible des conventions avec lui »

La municipalité, après avoir entendu la lecture de ce long rapport, ne trouva pas déplacée la requête des prêtres non assermentés et conseille à M. Rouat de l'accepter. Mais Monsieur le Curé n'est pas de cet avis et répond vertement : « Pour répondre à la requête ci-dessus et des autres de la part d'une partie de mon clergé et de l'adhésion que paraît avoir fait la municipalité, je déclare m'y refuser absolument et protester contre tout ce qu'ils prétendent comme propre à susciter un schisme dans ma paroisse, à en troubler l'ordre, à donner un scandale public, à attaquer les consciences et à me faire perdre la confiance de mes ouailles »

M. Rouat semble même pousser la municipalité à agir contre les prêtres réfractaires. Il demande, le 19 janvier 1792, « que les prêtres non conformistes aient à rendre les clés dont ils se sont saisis ; à faire le compte qu'ils doivent ; à laisser la sacristie libre à ceux qui suivent la loi ». Il demande surtout la raison pour laquelle un Monsieur Thomas, non conformiste, est toujours à la tête des assemblées pour contrarier le bon ordre et le maintien de la nouvelle législation. 

Les officiers municipaux ne veulent pas agir et transmettent à Lannion la demande du curé, en disant qu'elle surpasse leur pouvoir. Ils sont obligés cependant, le 23 février 1792, de répondre à un ordre de Lannion au sujet des prêtres réfractaires. Ils adressent les renseignements suivants : Thomas Yves, 35 ans ; Clech Augustin, 53 ans ; Le Gallou Jacques, 46 ans ; Adam Toussaint, 38 ans, et ils ajoutent : « Nous promettons de tenir la main à leurs dites conduites et s'ils ne sont pas tranquilles, tant par leurs marches, paroles que par leurs écrits, de faire part aussitôt à ces Messieurs du District »

M. Rouat eut un rôle très actif dans la commune et toutes les délibérations du corps municipal, jusqu'au 18 août 1793, portent sa signature. C'est ainsi qu'il fut choisi comme électeur pour contribuer à former l'assemblée qui allait avoir un rôle si important dans des circonstances si tragiques, la Convention. Il prêta d'ailleurs, avec les citoyens Guennec et Kergoat, vicaires à Plestin, le 14 août 1792, le deuxième serment : « Je jure d'être fidèle à la nation et de maintenir la liberté, l'égalité, et de mourir en la défendant »

Mais sous la Convention, la lutte contre les prêtres devint beaucoup plus vive. Et le 6 janvier 1793, François Rivoalan, nouveau procureur de la commune, rappelle : « 1° il est temps de faire un inventaire des registres de l'église paroissiale et tréviale ; 2° de les retirer des mains des curés et vicaires pour les mettre en la puissance de la municipalité ; 3° que comme la municipalité n'a pas des fonds, pour les frais nécessaires au bien public, il demande que le citoyen maire soit autorisé à prendre, à valoir, sur les comptes de quelques fabriques, une somme à cet effet ; 4° comme depuis longtemps les titres, clés, archives, armoires, fonds, se trouvent à la merci de Joseph Thomas, son frère et autres, il requiert que les dits titres, clefs, argent, comptes de fabriques soient remis dans nos archives et que les susnommés soient tenus de rendre leurs comptes immédiatement ».

Le 13 mars 1793, Joseph Thomas, frère de Yves Thomas qui a émigré, convoqué devant la municipalité, déclare « ne vouloir rendre aucun compte que juridiquement ». Les municipaux décident à l'unanimité « de consulter le directoire de Lannion et le commissaire national sur les moyens de contraindre le dit Thomas, et de faire ouverture chez lui en présence du commissaire ». Le 6 avril, le 20 mai et le 10 juin 1793, autres sommations sans résultat. Le 10 pluviose an II (février 1794), Joseph Thomas présenta enfin le compte de la gestion de la fabrique et les pièces à l'appui. La signature du curé de Plestin (Plestin-les-Grèves) ne figurant pas au bas des délibérations depuis le 13 août 1793, on peut penser, car il n'y a pas de protestation écrite, qu'il refuse d'admettre le changement dans le dogme religieux qui était imposé à l'Eglise. 

A ce moment, le Comité du Salut public poussa la Convention vers des mesures énergiques. Croyant trouver dans les prêtres des ennemis de la Nation, ils ordonnèrent des mesures très violentes tant contre eux que contre la religion. Les représentants de la Convention en province furent chargés de leur exécution. C'étaient, pour la Bretagne, Jean Bon Saint-André, Prieur de la Marne, Laignelot et Tréhonart, qui déléguèrent dans les Côtes-du-Nord et le Finistère Le Nôtre, Roxlo et Leclerc. 

Les prêtres furent poursuivis et on entreprit la « déchristianisation » de la France. Le Culte de la Raison fut inauguré à Paris, en l'église Notre-Dame, le 10 novembre 1793. Le 23 sur la proposition de Chaumette, toutes les églises, tous les temples, toutes les synagogues devaient être désormais fermés. A Plestin-les-Grèves, Fabien Adam veilla attentivement à l'exécution de toutes les mesures prescrites par la Convention. Les offices  religieux furent complètement supprimés. Les églises servent aux assemblées primaires et aux réunions populaires, les jours de décade, qui remplacent les dimanches. Les cloches servent seulement à régler la vie des habitants de la commune. « Pour réunir la municipalité, on sonne la grosse cloche. Pour la journée des ouvriers, on sonne la petite cloche à six heures du matin et à six heures le soir. Quand il sera nécessaire de faire savoir au public qu'il est utile de rassembler tout le monde pour quelque affaire pressée, il sera sonné le tocsin avec les deux cloches, et dans les chapelles, à coups précipités. Lorsqu'il s'agira de fournir des charrettes, chevaux et autres objets, le tocsin sera sonné avec la grosse cloche ». La suppression des offices religieux s'étendait à tout le territoire et on constata qu'au mois d'avril 1794 il ne restait pas en France 150 communes où la messe fut dite publiquement. 

Le 2 décembre 1793, on pose les scellés au domicile des prêtres : Thomas, Clech, Adam. Le 26 nivose an II, le citoyen Archambault fait l'inventaire du mobilier du prêtre Adam. Le 28 nivose an II, il est décidé que « Les fabriques et les économes de l'église, succursales et chapelles, les collecteurs et autres receveurs de  l'ancienne municipalité seront poursuivis. Le citoyen Rivoalen, trésorier actuel, est chargé de faire toutes suites nécessaires à ce touchant »

Robespierre, qui devint tout puissant en mai 1794, combattit le Culte de la Raison et l'Athéisme. Le 7 mai, après avoir prononcé son discours sur Dieu et l'immortalité de l'âme, il fit voter le décret reconnaissant l'Etre suprême : « Le peuple français reconnaît l'existence de l'Etre suprême et l'immortalité de l'âme ». A Plestin-les-Grèves, une cérémonie du Culte de l'Etre suprême eut lieu le 26 messidor an II. Elle est entièrement relatée : « Pour célébrer la fête de la Fédération ordonnée par la Loi, nous nous sommes transportés au Temple de l'Etre suprême où nous avons arrangé la marche à tenir de façon que la garde nationale, sous les ordres du citoyen Guillaume Guyomard, adjudant, forme une haie de chaque côté, portant autant qu'il a été possible des armes, ayant à sa tête l'étendard national, le corps administratif, décoré de la marque distinctive, étant au centre de la dite garde. Accompagnés aussi de toute la jeunesse, se sont transportés sur la grande place, où l'on avait dressé un feu ; et ce, en chantant l'hymne des Marseillais et autres hymnes ordonnés par la loi, qui ont été chantés par le citoyen Jacques Raoul, instituteur, et répétés par le public avec la plus grande allégresse. Où étant arrivés, le dit instituteur a expliqué publiquement la raison pour laquelle on célébrait la présente fête. En conséquence, le dit instituteur ; maire, officiers municipaux, notables, juge de paix et assesseurs ont juré d'être fidèles à la nation, de maintenir la liberté, l'égalité ou de mourir en la défendant, ce qui a été répété par le public, mais surtout les jeunes enfants l'ont fait retentir avec un vrai civisme. Les dits corps administratifs ont allumé le feu et montré leur joie par une acclamation générale de : « Vive la Montagne ! Vive la Liberté, l'Egalité et la Fraternité ! », pendant lequel intervalle, la cloche n'a cessé de sonner. Ensuite nous avons formé le cercle autour de l'Arbre de la Liberté, où l'on a également prêté le serment ci-dessus avec des acclamations, et nous sommes allés dans le même ordre, en chantant les mêmes hymnes, jusqu'au Temple de l'Etre suprême, où nous avons déposé l'enseigne de la Liberté »

Fabien Adam, agent national, assure rigoureusement l'exécution des ordres concernant la suppression des croix et des statues. Le 24 messidor an II, il adresse la déclaration suivante à la municipalité : « Il est plus que temps de porter état à l'article 4 de l'ordre du district du 4 messidor, portant ordre de faire abattre les croix étant dans cette commune. En conséquence, l'agent national requiert la municipalité de faire toute suite nécessaire pour faire abattre et enlever toutes les croix, leur observant que le moindre retard pourra leur occasionner des reproches ». Le conseil général de la commune s'incline et nomme un commissaire par section qui sera autorisé à requérir les hommes, les outils nécessaires pour abattre les croix le lendemain, 25 messidor. Le 16 brumaire, les statues sont descendues des églises et des chapelles. 

Cependant, la Terreur touchait à sa fin. Robespierre, après avoir envoyé à l'échafaud les Hebertistes ou enragés « qui poussaient aux excès et les Dantonnistes ou indulgents qui voulaient arrêter les massacres », fut lui-même conduit à l'échafaud le 9 thermidor an II (ou 27 juillet 1794). A partir de ce moment, la Terreur cessa. Le tribunal révolutionnaire fut supprimé et beaucoup de suspects sortirent de prison. Cette détente se manifesta par le retour des prêtres dans leurs communes. Le 2 ventose an III, Guillaume Rouat se présenta pour réclamer le dépôt fait par lui au greffe de la municipalité, des lettres de prêtrise, conformément à l'arrêté du représentant Carpentier en date du 24 germinal, concernant le libre exercice du culte et autres actes arbitraires, despotiques et tyranniques annulés en date du 24 nivose dernier. Le jour même, deux déclarations semblables sont faites par les vicaires généraux Jean-François Le Guennec et François Le Kergoat. Le 13 germinal, Yves-Efflam L'Hostis, prêtre, certifie n'être pas sorti de la République depuis la Révolution et déclare reprendre son domicile. Toussaint Adam et Jacques Le Gallou déclarent s'être cachés. Ils veulent maintenant profiter de la proclamation du représentant du peuple Brue et rentrer paisiblement dans leurs domiciles. Augustin Clech, qui avait quitté Plestin-les-Grèves pour le Finistère, fut arrêté en juillet 1793, pendant le cours de perquisitions faites à Morlaix, et guillotiné à Brest.  

La municipalité, dans un but d'apaisement, prend une délibération pour admettre les prêtres, invoquant que « la presque unanimité du peuple de cette commune s'est déclarée pour le culte catholique, apostolique et romain ». Mais l'agent national se fâche : Le 28 germinal il se présente au greffe et « proteste contre l'arrêté pris par Jean Brigant, maire et par le conseil général de la commune touchant l'exercice du culte. Il estime que le maire, municipaux et notables ont contrevenu à la loi du 3 ventose an III. Il conclut que l'église sera toujours fermée et ne pourra être ouverte pour l'exercice d'aucun culte que seulement les jours de décade et pour la proclamation des lois, faite par l'instituteur à 10 heures du matin. Jean L'Hostis, qui détenait les clefs, n'aurait dû les donner que par ordre écrit de lui. Il dénoncera le maire, les municipaux et notables s'ils sont récalcitrants à la présente remontrance »

Les officiers municipaux se réunissent le 30 germinal pour examiner la protestation de Fabien Adam, mais cette fois ils déclarent persister dans leur attitude. On a bien l'impression qu'ils veulent se soustraire à l'emprise de l'agent national et ils profitent des temps plus doux pour retrouver leur indépendance. L'affaire est d'ailleurs portée devant le directoire du district, qui appuie la municipalité. Le 17 prairial an III, l'église est remise définitivement aux prêtres, Lhénoret étant maire. Mais les difficultés ne sont pas terminées, car la municipalité et le curé ont droit aux clefs de l'église. C'est ainsi que Jacques L'Henoret, désigné par le maire, fait observer, le 27 messidor an III, qu'il ne peut faire retirer les clefs à Nicolas Le Bian pour l'entretien de l'horloge et faire sonner les cloches, car Le Bian est chargé de tout ce qui est contenu dans l'église. La municipalité décide alors de faire un inventaire. Il faut aussi faire observer la loi du 4 brumaire relative aux prêtres, et Berthou et Raoul sont chargés de rechercher Toussaint Adam en son domicile à Kerguiniou. Jacques L'Henoret et Jean Delisle rechercheront Jacques Le Gallou en son domicile à Prat-Ledan, chez le citoyen « du Lizard ». Ils seront accompagnés d'une escorte de la garde nationale. Mais les prêtres ne furent pas trouvés. Et le 26 floréal an XI, c'est-à-dire 8 ans après, le corps municipal prend une décision au sujet du traitement des prêtres. Le curé demandait un traitement de 1.500 francs, le corps municipal refuse de lui accorder cette somme. « Considérant que l'étendue de cette commune et le nombre de ses habitants rendront très conséquent le produit du casuel et des oblations, ce qui dans tous les cas suppléera en grande partie à la modicité du traitement dont pourraient jouir les dits vicaires et desservants, en vertu des lois de l'Assemblée Constituante ; que le traitement de 1.500 francs est suffisant pour un seul homme ; est d'avis, à la majorité de 11 voix contre 5, qu'il n'y a pas lieu, quant à présent, de voter une augmentation de traitement pour le curé, vicaire et desservant »

Le 15 pluviose an XI, une souscription fut ouverte pour la refonte des cloches qui étaient en mauvais état. Le Concordat signé en l'an IX fixera jusqu'en 1905 les rapports de l'Eglise et de l'Etat (Jules Gourio).

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