Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue chez les Plestinais 

 Plestin-les-Grèves durant la Révolution

LA PAROISSE DE PLESTIN

  Retour page d'accueil        Retour Plestin-les-Grèves  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Au commencement de la période révolutionnaire, Plestin avait comme curé ou recteur M. Guillaume Rouat, qui occupait déjà ce poste important depuis le mois d'avril 1780. 

Les vicaires étaient MM. Jean-François Le Guennec et Augustin Clec'h, qui y arrivèrent dans le mois d'avril de la même année, Jacques Le Gallou, dont la nomination est du mois de novembre 1785, et Toussaint Adam, qui y fut nommé dans le mois de mai 1789. Déjà depuis 1774, un autre prêtre, l'abbé Yves Thomas, était procurateur de cette immense paroisse et avait, en cette qualité, la lourde charge de l'administration des biens de la fabrique. 

Quand le gouvernement révolutionnaire exigea des fonctionnaires ecclésiastiques le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé, le sieur Guillaume Rouat s'y conforma de bonne grâce, et prêta serment solennellement, en l'église de Plestin (Plestin-les-Grèves), le dimanche 6 février 1791, à l'issue de la grand'messe, en même temps que Charles Paranthoën et François Menguy, vicaires de la trêve de Trémel. Ils se servirent à cet effet de la formule dont suit la teneur : « Je jure, en vertu du décret de l'Assemblée nationale du 12 juillet 1790, de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse ou de la trêve qui m'est confiée, d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi ». Signé : G. ROUAT, Ch. PARENTOEN, François MENGUY, etc.... 

Quant aux vicaires de Plestin (Plestin-les-Grèves), ils refusèrent ce serment schismatique, en donnant pour motifs « qu'ils ont fait le serment civique en la forme ci-dessus, excepté la première clause qui ne les regarde pas, parce qu'ils ne sont déjà plus en possession d'aucun bénéfice cure et n'ont aucun mandement de vicaires, qu'ils veulent jouir de la liberté d'opinion décrétée par l'Assemblée nationale et différer à un autre temps un serment qui demande la maturité des réflexions ; qu'ils ne sont plus que confesseurs par simples approbations de l'Ordinaire, sujettes à la prorogation annuelle fixée à une retraite au grand Séminaire ; qu'ils ont ainsi desservi la paroisse et qu'ils offrent de continuer leurs services jusqu'à l'expirement de leurs approbations, tant en faveur de la nation que pour donner les secours spirituels à un peuple nombreux ; qu'ils n'ont rien dit, ni rien écrit contre les décrets de l'Assemblée nationale, mais, au contraire, contribué à la paix publique de la paroisse, et qu'enfin si, par l'événement, ils étaient nommés à des cures ou à des places de vicaires, ils ne feraient aucune fonction qu'après avoir prêté le serment.... » (Extrait des délibérations municipales). 

Le procurateur, l'abbé Yves Thomas, fait la même déclaration et énumère d'une façon libre et hardie les services qu'il a rendus à la fabrique. 

Le 4 octobre de la même année, nouvelles instances auprès des vicaires. Cette fois, ceux-ci répondent catégoriquement qu'ils n'ont pas le dessein de faire le serment. — « Nous sommes, disent-ils, citoyens, et en cette qualité, nous sommes corps et biens pour contribuer de tout notre pouvoir au bien de la patrie. Mais, nous désirons vivre et mourir dans notre opinion religieuse, et le premier des droits de l'homme est de n'y être point inquiété, quand on se comporte en citoyen. Nous sommes attachés à la foi de nos pères que nous croyons être la foi de Jésus-Christ et celle de la sainte Eglise catholique, apostolique et romaine. C'est dans cette foi que nous avons été baptisés, et c'est d'elle que nous avons notre opinion religieuse que notre conscience nous oblige de suivre. C'est cette conscience qui nous commande de finir avec M. le Curé la communication in divinis que nous regrettons.... Signé : Yves THOMAS, prêtre, procurateur de la paroisse, Augustin CLEC'H, prêtre, Toussaint ADAM, prêtre... » (Jusqu'au mois de février 1791, ils signaient vicaire). 

C'est alors, 4 octobre 1791, que le curé constitutionnel refusa à ces excellents prêtres, demeurés fidèles à leur foi, de dire la messe dans l'église et les chapelles de la paroisse, sous prétexte « qu'ils étaient fauteurs de schisme, qu'ils troublaient l'ordre, alarmaient les consciences et lui faisaient perdre la confiance de ses ouailles... ». Dont acte enregistré au cahier des délibérations municipales et signé Rouat, curé constitutionnel.

Intimidé sans doute par cette mesure tyrannique, Jean-François Le Guennec, premier vicaire de Plestin (Plestin-les-Grèves), finit par prêter le serment, le dimanche 23 octobre 1791, devant la municipalité et le peuple, à l'issue de la grand'messe. Toutefois, cet acte de faiblesse et de lâche apostasie ne lui profita guère. Prôné deux ans après, le 3 nivôse an II, à la messe matinale, par son vindicatif curé, Jean-François Le Guennec dût quitter Plestin, et alla se fixer à Ploumilliau où il devint vicaire du sieur François-Marie Prigent, curé intrus de cette paroisse. Autant M. Rouat était dur à l'égard de ses subordonnés, autant il était complaisant et servile à l'égard des agents du pouvoir. C'est ainsi que, le 20 nivôse an II, il présida, à Plestin (Plestin-les-Grèves), avec la plus grande solennité, mais au grand scandale de ses paroissiens désolés, à la plantation de l'arbre de la liberté. Je dois à la vérité d'ajouter que M. Guillaume Houat, outre qu'il était vindicatif et servile, était encore cupide et dénonciateur. Il omettait trop facilement, paraît-il, d'acquitter les fondations de sa paroisse : ce qui fut l'occasion de plusieurs plaintes contre lui devant les officiers municipaux. Le 19 janvier 1792, il réclama aux prêtres non, conformistes, c'est-à-dire à ses anciens et bons vicaires, les clefs de la sacristie, de la tour et de l'église, et porta plainte, devant le maire, contre l'abbé Yves Thomas, l'accusant « d'être toujours à la tête des assemblées pour contrarier le bon ordre et le maintien de la nouvelle législation ». Plus tard, il capta successivement deux signatures de dénonciation contre Yves Moriou, son paroissien : la première, de Louis Michel et la seconde de Pierre Denis, qui déclarèrent publiquement, dans la suite, « avoir signé, à la requête de M. Rouat, la dénonciation d'Yves Moriou, croyant lui signer un certificat de résidence »

Voici comment le cahier de paroisse de Plestin (Plestin-les-Grèves) résume, en quelques mots, le vilain rôle joué par ce vilain prêtre, pendant la période révolutionnaire. « M. Guillaume Rouat, dit-il, succéda en 1780 à M. Guillaume Bouget. Il fut très complaisant pour les révolutionnaires, prêta tous les serments qu'on lui demanda, livra l'argenterie, les vases sacrés et les ornements de son église, encouragea ses paroissiens à la spoliation dont il donnait l'exemple, se porta témoin contre l'abbé Clec'h, son vicaire, au tribunal révolutionnaire, dit de salut public, à Brest, qui condamna à la peine capitale ce digne prêtre pour refus de serment à la Constitution civile du clergé. Il mourut à Plouaret, après le Concordat, dans l'état d'aliénation mentale ». Ne serait-ce pas là le juste châtiment de ses crimes ?...  Il mourut à Plouaret, dans la communion de notre sainte mère l'Eglise, le 23 octobre 1819, à l'âge de 73 ans, comme l'attestent les registres. 

Quant aux vicaires de Plestin (Plestin-les-Grèves), qui étaient restés fidèles à Dieu et à leur conscience, ils eurent à subir, à chaque instant, depuis le mois d'octobre 1791, des vexations et des tracasseries de tout genre, malgré la déclaration de soumission aux lois de la république qu'ils firent plus tard, au mois de Messidor an III, dans l'espoir de pouvoir exercer librement leur culte. Déjà, le 2 décembre 1793, les scellés avaient été apposés sur les maisons des ci-devant prêtres Thomas, Clec'h et Adam. Le 25 brumaire an IV, un nommé François Berthou se montra plus violent encore que les autres administrateurs, et demanda qu'on exécutât la loi du 4 brumaire à l'égard des ci-devant prêtres Toussaint Adam, de Kerguiniou, et Jacques Le Gallou, du Prat-Lédan, chez les citoyennes Bizien du Lézard. Il les fit donc rechercher le lendemain par des citoyens accompagnés d'une garde nationale. Fort heureusement, toutes les recherches restèrent infructueuses, et l'on finit par leur répondre qu'ils étaient partis depuis quinze jours. Que devinrent-ils dans la suite ? — Les documents se taisent au sujet de M. Le Gallou. Quant à M. Toussaint Adam, il redevint vicaire de Plestin (Plestin-les-Grèves), après la Révolution, et y mourut, le 22 juillet 1806, à l'âge de 51 ans. 

Probablement, à ce moment, l'abbé Augustin Clec'h avait déjà quitté Plestin (Plestin-les-Grèves) pour se réfugier à Morlaix, où il fut découvert et arrêté, en 1794, chez deux canadiennes, simples ouvrières tricoteuses, nommées Anne et Anastasie Le Blanc. C'étaient la mère et la fille. La première avait 80 ans et la seconde 38 ans. Elles furent jugées, condamnées et exécutées en même temps que lui, à Brest, le 1er juillet de la même année, avec une autre marchande de Morlaix, nommée Anne Levron, et âgée seulement de 25 ans. Augustin Clec'h avait alors 56 ans. Voici ce que l'on peut lire dans les archives du diocèse de Quimper et Léon : «  Né à Plestin le 15 Février 1739. Fils de Guillaume et de Marie Marec. Parrain noble homme Augustin Billy, négociant à Morlaix, marraine demoiselle Marie Barret. Vicaire à Plestin depuis 1780, il refusa le serment le 4 Octobre 1791. Il se cacha et se préparait à s'embarquer pour les îles anglaises, à Trébeurden ; arrêté par la tempête, près des Triagoz, il fut forcé de gagner la côte de Plougasnou, et arriva à Morlaix, où il avait trois nièces, dont une supérieure des Carmélites. Il logea à Morlaix, au n° 977 de la rue des Vignes, chez Anne Le Prince, veuve de Sylvain Le Blanc, âgée de 80 ans, sa fille Anastasie avait 38 ans, et sa nièce Marthe Levron 26 ans. M. Le Clec'h y fut saisi, le lendemain, 20 juin 1794, par deux commissaires municipaux, et envoyé, avec les femmes Le Blanc et Levron, au tribunal de Brest le 21 Juin 1794, où ils comparurent, le 1er Juillet 1794. Marthe Levron fut relâchée, les trois autres condamnés à mort, et exécutés le même jour »

Tout porte à croire que l'abbé Yves Thomas avait également, à cette date, pris le chemin de l'exil. Je dois reproduire ici, au sujet de ce courageux et digne prêtre, la mention honorable que le cahier de paroisse de Plestin (Plestin-les-Grèves) consacre à sa mémoire. « Une trentaine d'années avant la Révolution de 1790, dit le cahier de paroisse, M. l'abbé Yves Thomas trouva à l'entrée de sa procure les archives négligées, fit rentrer les biens de fondation dont on refusait la desserte ou le payement et assura à l'église de Plestin plusieurs rentes qu'on lui contestait et qu'elle aurait perdues par prescription. Ce confesseur de la foi, avant de quitter la France, pour chercher en pays étranger un asile pendant la persécution de 1791 à 1800, avait enfoui dans un mur les archives de l'église de Plestin ; et, à son retour en France, il fit rentrer tout ce que la malice ou l'astuce des révolutionnaires ne put lui enlever des biens qu'il avait conservés jusqu'au Concordat. Trouvant l'église paroissiale et toutes les chapelles en possession des sermentaires, il s'accommoda d'une chapelle dans le Finistère, séparée seulement par la rivière qui borne les deux départements ; et, peu de jours après, il se vit obligé de réclamer au préfet des Côtes-du-Nord ses droits de citoyen français pour sortir de la prison, où les gendarmes l'avaient enfermé avec l'abbé de Trogoff, recteur de Lanmeur à cette époque, et depuis curé de Lanmeur. Pour pouvoir exercer librement ses fonctions, et par là même se rendre utile à Plestin, il soumissionna dans cette paroisse une chapelle, l'acheta, et en fit don à la fabrique de Plestin »

A quel temps et en quel lieu l'abbé Yves Thomas mourut-il ? Après la Révolution, ce bon prêtre devint vicaire de Plestin (Plestin-les-Grèves), où il mourut à l'âge de 83 ans, le 12 février 1819. 

Enfin, le cahier des délibérations municipales signale encore sur le territoire de Plestin (Plestin-les-Grèves), pendant ces jours mauvais, la présence de deux autres prêtres : l'abbé Joseph-Marie Pen, que M. Tresvaux appelle à tort Pennec, et l'abbé Yves-Efflam L'Hostis, tous les deux originaires de cette paroisse. 

L'abbé Pen naquit à Plestin en 1761, et était encore attaché au service de cette paroisse, lorsqu'il fut déporté à l'île de Ré, le 17 novembre 1799, pour refus de serment. Il y mourut âgé seulement de 38 ans. On trouve son nom dans la liste générale des prêtres déportés dans cette île, et publiée par M. l'abbé Louis Petit, curé du diocèse de Sens, qui y avait passé lui-même. 

M. Yves-Efflam L'Hostis naquit à Plestin le 12 août 1764. « Je fus ordonné prêtre, écrit-il lui-même dans le cahier de paroisse de Ploumilliau, par Monseigneur Le Mintier, évêque de Tréguier, qui m'envoya à Brélévenez servir sous M. Le Bris, recteur de cette paroisse. J'en fus renvoyé le 21 août 1791, pour refus de serment à la Constitution civile du clergé ». C'est alors que M. L'Hostis se retira à Plestin (Plestin-les-Grèves), sa paroisse natale, où il resta jusqu'à la fin de la Révolution. Le 18 messidor an III de la République, il avait déclaré se soumettre aux lois de la République et vouloir exercer paisiblement les fonctions de son culte dans l'étendue de cette commune. Après le Concordat, il fut nommé recteur de Rospez, puis transféré, au mois de novembre 1808, à Ploumilliau, où il est mort à l'âge de 78 ans, le 24 avril 1843, à 5 heures du matin, dans l'ancien presbytère, près de Kertanguy-vras, à un kilomètre environ du bourg. Sa tombe, surmontée d'une belle pierre, se voit encore au milieu du cimetière de Ploumilliau, au côté midi de l'église. Beaucoup de femmes y viennent, le lundi surtout, avec leurs enfants, demander pour eux, par l'intercession du vénéré recteur, la grâce de marcher seuls. Pour cela, elles les font passer trois fois par une ouverture ogivale pratiquée dans la pierre tombale, puis leur font faire trois fois le tour de la tombe, en les tenant par la main et en récitant des prières.

Nota : Lorsque Jean-François Le Guennec, vicaire assermenté de Plestin, quitta cette paroisse pour devenir vicaire de Ploumilliau, M. Rouat, curé constitutionnel de Plestin, employa, pour l'aider dans le service de la paroisse, M. Louis Le Bourzec, prêtre assermenté, ancien vicaire de Plouégat-Moysan. M. Louis Le Bourzec s'ennuya rapidement au service de M. Rouat, demanda et obtint la cure constitutionnelle de Duault (Registre des délibérations municipales de Duault). M. Christophe Le Lannou, curé de Locquémeau avant la Révolution, devint le vicaire de M. Rouat au commencement de 1797. Ce prêtre assermenté avait essayé de se faire supporter, avant cette époque, à titre de vicaire, dans la paroisse de Calanhel. La population de Calanhel ne lui témoignant aucune sympathie, il vint offrir ses services à M. Rouat. Après le 9 juin 1800, M. Rouat et M. Le Lannou disparaissent brusquement. M. Perret signe toutes les relations des registres ecclésiastiques. Il prend le titre de desservant. Quelques semaines après, un M. Keranterff vint donner aide à M. Perret. Keranterff prenait aussi le titre de desservant. Ils cessèrent leurs fonctions à la nomination de M. Charles Le Guern, premier curé concordataire (mai 1803). M. Ch. Perret, né à Plestin en 1762, y est mort en 1827. Depuis le Concordat, il fut seulement prêtre habitué. Je ne sais ce que devinrent M. Le Lannou et M. Keranterff (le diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire - 1899). 

 © Copyright - Tous droits réservés.