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 Plestin-les-Grèves et Trémel, sa trève 

durant la Révolution

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La loi du 14 décembre 1789 avait divisé la France en 83 départements, les départements en districts, les districts en cantons, les cantons en communes. Le canton de Plestin (Plestin-les-Grèves) était d'abord constitué par quatre communes : Plestin-Trémel qui formaient le même, Plufur, Tréduder et Plouzélambre. La commune de Plestin (Plestin-les-Grèves) était administrée par un corps municipal formé de neuf officiers municipaux et par le conseil général de la commune composé du corps municipal et de dix-huit notables élus.

Les maires furent :

Jean Le Bot, jusqu'au 29 novembre 1792.

Jean Delisle, jusqu'au 16 décembre 1792.

Jean Brigant, du 16 décembre 1792 au 16 floréal an III.

Plus tard, en l'an III, Jacques L'Hénoret. 

Il y eut, dans les Côtes-du-Nord, un différend assez grave entre le district de Guingamp et celui de Lannion. Le district de Guingamp voulait prendre quatre grandes paroisses qui devaient être comprises dans le district de Lannion.  

La protestation est portée devant le corps municipal, le 10 novembre 1790, par M. Yves Thomas, prêtre, procureur de la commune. « La pétition que Messieurs de Guingamp viennent de former au département est à la fois injurieuse à la division de notre district et caractérise les vues intéressées de ce district qui voudrait nous charger de contribution pour s'alléger lui-même. Nous avons l'honneur de dépendre du département des Côtes-du-Nord. C'est le district de Lannion, non celui de Guingamp, qui a part à ce nom, puisque six cantons de notre district confinent à la mer, depuis l'embouchure de la rivière de Tréguier jusqu'au havre de Toul-an-Herry. D'où il résulte que notre district est borné par les Côtes-du-Nord et ne pouvant espérer un agrandissement de ce côté, ne doit pas être rogné de l'autre par un district qui oublie le respect qu'il doit à une juste division pour délivrer à une ambition qui le captive ». Le 11 novembre 1790, on enregistre la démission du maire Jean Le Bot, de Louis Ollivier des Cognets, officier municipal, Rouat, recteur, et Adam, prêtre. Le recteur donne la raison de sa démission « Incompatibilités des fonctions curiales avec celles d'une personne occupée à tout instant des affaires temporales ». L'on ne trouve pas les raisons des autres démissionnaires. Il est probable qu'ils voulurent se solidariser avec le recteur. Le 19 novembre 1790, les habitants se réunissent pour élire quatre officiers municipaux. Yves Thomas, procureur de la commune, procède au scrutin. Sont élus : François. Berthou, Louis Le Joncour, Bertrand Le Pétillon, Claude Cotty. Neuf notables sont élus le même jour : Jean Lintanff de Kerguiniou, François Rivoalen, Michel Gall, Louis Le Bras, Jean Le Gallou, Pierre Le Lucas, Louis Fournis, Jean Fournis de Coat Caric et Joseph Talbot. Les nouveaux élus doivent prêter serment. En voici le texte : « Je jure d'être fidèle à la nation, à la loy et au Roy, de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée Constituante et de remplir avec zèle et courage les fonctions qui me sont confiées ». Le 30 juillet 1792, le corps municipal prend une délibération pour indiquer au directoire du district de Lannion les limites de la commune. « La commune de Plestin a une lieue et demie du levant au couchant, deux lieues du nord au midi. Les limites sont : au levant par la rivière dite de Pont ar Yar, au midi et du Dour Usel qui dévale du moulin de Trogoff au moulin du Pré Ouprat, au couchant de la rivière dite Douron dévalant du moulin de Trébriant au moulin de Yoalhic, et enfin au nord en partie de la même rivière et de la rive de la mer »

La République fut décrétée le 22 septembre 1792. Elle voulut que cette date fût considérée comme le début d'une autre ère, première républicaine. Plus tard, elle changea complètement le calendrier. Les mois, tous de trente jours, étaient divisés en trois décades ou périodes de dix jour. Ils portaient les noms suivants :

Vendémiaire, brumaire, frimaire pour l'automne. 

Nivose, pluviose, ventose pour l'hiver. 

Germinal, floréal, prairial pour le printemps. 

Messidor, thermidor, fructidor pour l'été. 

Il faut noter que ces noms présentent des particularités intéressantes ; ils nous renseignaient soit sur le temps, brumaire, frimaire, nivose, pluviose, ventose, thermidor, soit sur le travail agricole : vendémiaire, germinal, prairial, messidor, soit sur l'aspect de la campagne : floréal, fructidor. De plus, la dernière syllabe nous indiquait le caractère de la saison : les mois d'hiver sonnaient lugubrement : nivose, pluviose, ventose ; ceux du printemps avaient une finale gaie pour exprimer l'allégresse que l'on éprouve en cette saison : germinal, floréal, prairial. Ceux de l'été donnaient une expression de lourdeur, d'opulence et de richesse : messidor, thermidor, fructidor. En 1806, dès la deuxième année de l'Empire, on revint au calendrier grégorien qui n'a jamais été remanié. 

Le 16 décembre 1792, on procède au renouvellement du maire, de huit officiers municipaux et de dix-huit notables. « Assemblée générale des habitants de la paroisse de Plestin et de Trémel la Trève convoquée ce jour, seize décembre 1792, à huit heures du matin, à l'auditoire du bourg de Plestin, aux fins de bannies faites aux prônes des grand'messes de Plestin et Trémel dimanche dernier, pour remplacer le maire, officiers municipaux et notables actuellement en fonctions et pour obéir au décret du dix-neuf octobre dernier. En conséquence, les habitants s'étant rendus au lieu ci-dessus fixé, au son de la grosse cloche suivant la manière accoutumée, il a été premièrement décidé, généralement et d'une voix unanime, que la présente tenue signée du président, du secrétaire, de trois scrutateurs et de quinze autres habitants, fera foi comme si elle était signée du plus grand nombre ». Jean Brigant est nommé Maire. Il était issu d'une famille de notaires et habitait Coat ar Salle. Il restera à la tête de la commune jusqu'à la fin de la Convention et aura une lourde tâche à accomplir. Il sera placé entre les habitants de la commune qui se plaindront des rigueurs imposées par un gouvernement aux prises avec des difficultés sans nombre, et l'agent national Fabien Adam, représentant de la Convention à Plestin, qui surveillera l'exécution de toutes les mesures prises par cette assemblée. Ce Fabien Adam, qui eut un rôle important pendant la Révolution, fut d'abord commerçant au passage de l'hôpital, puis il lut nommé maître de la poste, le huit septembre 1791, et enfin agent national le 15 pluviose an II, lorsque Rivoalan, trésorier de la fabrique, et Jean Le Bot eurent successivement refusé cet emploi, sans doute à cause des responsabilités qu'on y encourait. Les huit municipaux élus sont : Jacques Adam, Jacques L'Hénoret, François Gabon, Efflam Adam, Vincent Cadre, Fabien Adam, François Le Saux, de Kérouriou, en Trémel, et Yves Geffroy, de Kerniet, en Trémel. Les dix-huit notables : Guillaume Rouat, recteur ; Yves Quimper, de l'Armorique ; Pierre Rolland, de Kerguiniou ; Guillaume Coadalen, de Poul ar Ouis ; Louis-Henry Guillou, de Kérael ; Efflam Scrignac, de Scrivolic ; Yves Huon, de Marc'hallac'h ; Yves Ansquer, de Trémel ; François Huet, de Trémel ; François Cillard, de l'Armorique ; René Delisle ; Pierre Parlouër ; Jean Menou, de Kergay ; Nicolas Berthou ; Pierre Nicolas ; Jean Cillard, de Maudez. 

Le maire et le corps municipal firent face à toutes les difficultés. La France attaquée avait besoin d'hommes, il fallait en trouver. Il fallait trouver également la nourriture pour l'armée et la population des villes. Les réquisitions étaient une très lourde charge pour nos campagnes, qui cherchaient par tous les moyens à s'y opposer, car les denrées étaient rares et on craignait la disette. A l'occasion des réquisitions de grains pour la Marine, une émeute avait éclaté à Lannion quelque temps auparavant. Les ouvriers et les paysans avaient empêché le transport des grains et les députés de la ville de Brest furent assiégés dans leur auberge « A la Croix Blanche ». Les députés durent fuir vers Brest et réclamèrent des secours militaires. Ils racontent qu'en passant à la Lieue de Grève, ils échappèrent à un grave accident, une énorme crevasse s'étant formée dans la chaussée de la route. 

Les représentants en mission ordonnaient le départ de Plestin pour Lannion, Morlaix, Saint-Brieuc, des matières premières demandées avec insistance. Il fallait que le corps municipal fournisse tout, mette l'ordre partout. Les négligences pouvaient entraîner des peines très sévères. 

Le 23 frimaire an II, le directeur du district de Lannion demanda douze cents quintaux de froment. « Le corps municipal, considérant que pour accélérer la fourniture de douze cents quintaux de froment requis par l'administration du district de Lannion, il doit proposer au directeur de requérir et de faire verser, sans délai, dans les magasins militaires de Morlaix, le froment appartenant au sieur Bizien René dit du « Lézard », emmagasiné à Plestin ; 206 quartiers de froment provenant de la recette des biens appartenant à la citoyenne Le Corgne, veuve « Kergariou » ; de faire rentrer les autres froments sur terres des fermiers des biens des émigrés de cette commune »

Des conflits s'élevèrent souvent entre la municipalité et l'agent national qui exigeait qu'on exécutât strictement toutes les réquisitions. Le 6 frimaire an III, il écrit aux citoyens municipaux et leur demande « de donner sur le champ des ordres exprès pour faire remplir le contingent de blé et de fourrages ». Ce blé et ce fourrage étaient destinés aux armées et l'agent national leur signalait les deux circulaires du district de Lannion qui rappelaient « leur responsabilité personnelle et individuelle »

Au commencement de 1793, la disette devint menaçante. On cachait les denrées et si on les vendait on en exigeait des prix très élevés. Le 3 mai 1793 fut décrété « Le Maximum ». Le prix de vente ne devait pas dépasser celui fixé dans chaque département par le préfet d'abord, puis par le gouvernement qui indiquait un prix unique pour toute la France. Certains cultivateurs voulaient soustraire leur blé à la taxe du « Maximum ». Ils ne venaient pas au marché et ils se dérobaient à la loi qui taxait les denrées. Le corps municipal, intervint avec vigueur et notamment le dix pluviose an II, il ordonne que « chaque cultivateur sera tenu d'apporter tous les jours de marché du blé, du beurre ou du lin, en raison de ses facultés, à peine d'y être contraint par réquisition ou considéré comme suspect et mis en état d'arrestation ». Le « divertissement » des denrées exposait les cultivateurs et les marchands à la peine capitale. 

L'approvisionnement en lait est l'objet des soins du corps municipal. Il fut souvent difficile à assurer et il fallut parfois recourir aux menaces et aux sanctions. « Certains particuliers refusent de vendre leur lait aux pauvres gens, faute d'avoir de l'argent ou du billon. Avons arrêté que samedi prochain, jour de décade, il sera publié que s'ils tiennent une pareille conduite, ils seront dénoncés et punis selon la loi ». Les boulangers ne devront fabriquer qu'une seule espèce de pain, « le pain de l'Egalité ». On y veille et on leur rappelle qu'ils doivent mettre moitié froment, moitié orge : à la seconde faute, ils seront déclarés contraires à la loi et poursuivis, « les peines prévues étaient la confiscation du pain, des chevaux et des voitures »

Nos administrateurs jugent que les sabots sont objets de première nécessité. Ils en surveillent la fabrication et la vente. « - Considérant que les sabots sont au cultivateur d'une utilité très grande, sinon indispensable ; - Considérant l'extrême incommodité qu'éprouvent les différents particuliers de cette commune par la négligence des sabotiers ; - Considérant que ceux-ci, au mépris de la loi et pour se soustraire à la taxe « du Maximum », au lieu d'en fournir nos savetiers, les recèlent chez eux et les vendent à un prix exorbitant ; - Considérant enfin qu'il est urgent de déployer toute l'énergie et l'autorité que la loi accorde à ses agents pour obvier à tout abus, à tant de mépris et de négligence, le conseil général arrête que tous les sabotiers résidant dans cette commune aient à fournir le marché en sabots, chacun selon ses facultés ; défense à eux d'en vendre chez eux ; que faute par eux de se soumettre au présent arrêté, ils seront sous le coup de la loi et subiront toutes les rigueurs »

Le corps municipal fournit, le trois floréal an II, l'état des journaliers et ouvriers de la section. Ils seront payés dix-neuf sols neuf deniers, y compris la pension. 

Il faut également veiller à l'entretien des routes, mais beaucoup d'hommes sont mobilisés soit à l'intérieur de la commune ; soit à l'extérieur. Il en reste cependant, et on va les utiliser. Le département a déjà consacré deux mille livres pour réparer la route de Morlaix, notamment la montée de Pont-Menou ; 12.000 livres ont été consacrées à la « réparation de Pont-ar-Guen. Rien n'a été fait jusqu'ici ». Le corps municipal dit, le 23 frimaire an II : « Considérant que malgré que notre commune ait déjà fourni un nombre considérable de défenseurs à la Patrie, il y a un grand nombre d'oisifs, surtout parmi les artisans qui, auparavant, étaient employés par les riches qui, aujourd'hui, la plupart nos ennemis, ne font plus travailler, que parmi ces artisans il y a des hommes très en état de diriger le rétablissement de Pont-ar-Guen et de la montée de Pont-Menou... ». Suivent enfin les dispositions, tant pour les matériaux que pour les hommes, et enfin : « Les travaux commenceront immédiatement et le conseil rendra compte, tous les quinze jours, des progrès des travaux à l'administration du département, et à la fin enverra les mémoires détaillés des sommes employées »

Le corps municipal soutient ceux qui sont dans le besoin et fait appel au directoire de Lannion. Il lui signale que plus de vingt familles de soldats sont dans la plus affreuse misère. Le conseil demande « que l'administration du département soit invitée, au nom du bien public et de l'humanité souffrante, de faire payer à la commune les sommes qu'elle jugera dans sa sagesse pouvoir délivrer ». Cette délibération est prise le 27 frimaire an II. Le 17 messidor an III, 517 livres provenant du district de Lannion seront distribuées aux pauvres. 

Les armées à la frontière et à l'intérieur avaient besoin de beaucoup de poudre et une grande quantité de salpêtre était nécessaire pour sa fabrication. Une salpétrière fut créée à Plestin. Les citoyens Archambault, au début, puis Kerlivisiou, s'en occupèrent. La municipalité fixa le prix des outils et des matières nécessaires le 8 ventose an II. « Les barriques, cinq livres ; quatre-vingts fagots, douze livres ; une charrette à bras, vingt-cinq livres. Les journaliers seront payés trente sols par jour ». La salpétrière fonctionna régulièrement, mais le directoire de Lannion, malgré les appels réitérés, ne remboursa pas les frais qui montèrent à douze cents livres. 

La Révolution a rendu les hommes libres et égaux devant la loi. Le corps municipal n'admet pas qu'il y ait des citoyens qui ne se soucient pas de leur dignité et dit aux mendiants : « Considérant que les hommes étant égaux en droit, une partie ne devrait pas s'humilier devant leurs semblables. Qu'il existe deux espèces de Mendiants, les uns par nécessité, les autres par oisiveté. Il est décidé que tous les mendiants seront tenus de se présenter au greffe dans les trois jours. Leur situation sera examinée et on leur trouvera, le cas échéant, des occupations, notamment sur les routes. Les garçons de dix à vingt-cinq ans seront arrêtés s'ils mendient »

Ils doivent détruire tout ce qui reste de l'ancien régime. « Il existe encore, disent-ils, des marques de féodalité dans le temple de Plestin. Les citoyens Guillaume Coadalen, premier notable, et Jean-Marie Henri, feront disparaître tous les signes de vanité des anciens despotes ». Et le six floréal an II : « Conformément au décret de la Convention nationale du 17 juillet dernier (vieux style) qui ordonne de brûler tous les titres féodaux, actes de notariat et autres papiers de cette espèce, que l'exécution de cette loi presse, on se transportera dans les différentes archives des ci-devant propriétaires de fiefs, ainsi que chez les notaires qui pourraient avoir rapporté des actes de féodalité, pour prendre les dits actes et titres, pour être brûlés en présence du conseil général de la commune et du public »

La municipalité obéit à la loi du 17 septembre 1793 concernant les émigrés et les suspects. Cependant, les délibérations portent peu de traces des arrestations. Il suffisait d'une dénonciation pour être arrêté. Voici des précisions à ce sujet. Pour être tranquille, il fallait posséder un certificat de civisme ; mais M. Rouat, recteur, trouve qu'on commet des abus en délivrant ces certificats et il propose, le 24 avril 1793, « que les certificats de civisme ne seront accordés que sur la pluralité des voix de la municipalité et du conseil général de la commune ». D'ailleurs, un commerçant, Louis Le Michel, met en cause le recteur qui aurait voulu profiter de son ignorance pour faire arrêter le citoyen Yves Moriou, de Plestin. La plainte est datée du 2 messidor an III. « Au mois de fructidor an III, M. Rouat, curé, entre dans sa boutique, le pria de signer une feuille de papier qu'il tenait à la main, en lui disant que c'était un certificat de résidence et que c'était comme témoin qu'il signait. Depuis cette époque, le dit Michel a ouï par bruit commun que c'était sur la dénonciation du citoyen Yves Moriou qu'il avait signé, que Rouat et autres avaient dressé pour le mettre en arrestation. En conséquence, le dit Michel déclare se rétracter de la dite signature parce qu'il l'a fait par surprise, sans savoir de quoi il s'agissait, ne sachant ni lire ni écrire ; déclare en outre n'avoir rien entendu sur la conduite du dit Moriou qui fût contraire à la République ». Le 18 août 1793, la commune reçoit l'ordre d'afficher la liste des émigrés du département Le 29 octobre 1793 : « En exécution de la loi du 12 août et du 17 septembre dernier, ordonnant l'arrestation des personnes suspectes, il est urgent de procéder à la formation d'un comité de surveillance ». Ce comité de surveillance se composa de quinze membres qui prêtèrent serment. Les biens des émigrés seront attribués aux pauvres. « Les chefs de famille veufs ou veuves ayant des enfants, non compris sur les rôles d'imposition, pourront acquérir des biens d'émigrés jusqu'à concurrence de 500 livres payables en vingt ans à raison de 20 paiements égaux, sans intérêts ». Mais il semble bien que les dirigeants de Plestin firent preuve d'une indulgence que l'on comprendra en appliquant des dispositions si dures. En voici des preuves  Le ménage Biez, dont le fils prêtre est émigré, est appelé devant le conseil. Celui-ci reconnaît qu'ils ne sont pas coupables, « déclare à l'unanimité qu'ils ne sont point sous le coup d'une arrestation et leurs propriétés exemptes du séquestre » (28 nivose an II). La municipalité a été induite en erreur sur le compte de deux Plestinais suspects de communiquer avec des émigrés. Considérant que de tels faits ne peuvent se prouver que par écrit, l'assemblée déclare n'avoir à  la charge de ... ». Les citoyens « du Trévou » père et fils et Gabrielle « de Kergrist », arrêtés à Lannion, demandent un certificat de civisme. La municipalité l'accorde le quinze pluviose an II. Nous avons retrouvé une seule trace d'arrestation. En voici les détails : « Le 19 brumaire an III, le juge de paix amène une femme à la mairie. Elle n'a répondu à aucune de ses questions, où elle allait, d'où elle venait, si elle était munie d'un passe-port. Il l'a sur le champ conduite à la municipalité, déclarant l'y laisser aux risques et périls de la dite municipalité. Le juge de paix, l'agent national et un notable l'interrogent et la fouillent. Ils ne trouvent rien de suspect, mais décident de la mettre dans la maison de réclusion. François Le Goff est chargé d'en faire bonne et sûre garde et demain elle sera transférée au directoire de Lannion pour être statué ce qu'il appartiendra »

La Convention avait créé de grandes écoles, mais elle voulut que l'enseignement primaire fût donné dans chaque commune. A Plestin (Plestin-les-Grèves), il était nécessaire de rétablir cet enseignement. Les habitants de la commune étaient pour la plupart illettrés. Beaucoup de membres du corps municipal n'étaient pas instruits, plusieurs même ne savaient pas signer leur nom. Le premier instituteur laïque de Plestin fut Jacques Raoul. « Le 2 floréal an II, le citoyen Jacques Raoul est nommé instituteur de la langue française. Il réunit les connaissances et le patriotisme-requis. Il touchera les émoluments attachés à cette place moyennant qu'il remplisse exactement ses devoirs ». En prairial an III, Jean Dardis, François Delisle et Jeanne Delisle, la première des institutrices laïques de Plestin, sont nommés.  La loi du 30 brumaire an III organisait des jurys de trois membres qui agréaient les instituteurs. Ceux-ci s'étaient présentés devant le jury d'instruction du district de Lannion, qui avait pris pour chacun d'eux les conclusions suivantes : « Savoir faisons : que nous étant assurés de la bonté des moeurs, de la probité, du patriotisme, de la moralité, de la capacité, nous l'avons nommé pour instituteur, dans la commune de Plestin ». Ils durent prêter le serment. A propos de serment, il est intéressant d'en observer la forme aux différentes époques de la Révolution. Sous l'Assemblée Constituante, on reconnaît toujours l'autorité du roi, mais il passe après la nation et la loi et l'on jure de respecter la Constitution. En l'an II, c'est le dévouement absolu à la liberté et l'égalité. « Je jure d'être fidèle à la nation et de maintenir l'égalité, la liberté ou de mourir en la défendant ». En l'an III, les termes sont mains énergiques : « Je jure de maintenir la République une et indivisible et de remplir en conscience avec zèle, honneur et fidélité, les fonctions qui me sont confiées ». En l'an IV, les prêtres prononcent les paroles suivantes : « Je reconnais que l'universalité des citoyens français est le souverain et je promets soumission et obéissance aux lois de la République ». Après la chute de Robespierre, l'autorité du gouvernement et de son agent à Plestin devint moins grande. Le corps municipal fut lui-même changé et Jean Le Bot remplaça Jean Brigant qui resta simple officier municipal. La foi républicaine diminua peu à peu. D'ailleurs, les délibérations iront en s'espaçant à travers le Directoire et le Consulat, jusqu'à l'établissement de l'Empire. Les rares délibérations portent des ordres de réquisitions ou des appels de troupes. Il en est cependant qui sont intéressantes. C'est ainsi que nous voyons pour la première fois, le 23 brumaire an IV, le canton tel qu'il est aujourd'hui avec 9 communes. Les maires s'étaient réunis à Plestin pour des désignations de soldats (Jules Gourio). 

Voici la liste des maires :

Jacques L'Hénoret : Plestin (-les-Grèves).

Jean Rolland : Ploumilliau.

Jean Vizien : Plufur.

Louis Goubrim : Plouzélambre.

Joseph Le Tensorer : Trédrez.

Gabriel Bahir : Saint-Michel (-en-Grève).

Joseph Le Bourhis, adjoint : Lanvellec.

François Jeffroy : Tréduder.

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