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L'ORGUE ET LES ORGANISTES DE SAINT-PIERRE DE RENNES

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L'ORGUE ET LES ORGANISTES DE SAINT-PIERRE DE RENNES, AU XVème, XVIème ET XVIIème SIÈCLES.

« L'orgue, syrinx, ou flûte de Pan mécanique, dit M. de la Borde (Notice des Emaux du Louvre, t. 2, p. 419), a charmé l'antiquité avant de nous arriver de l'Orient par Constantinople. A un moteur hydraulique, employé dans l'origine avait déjà succédé, à cette époque, le soufflet, et c'est avec l'aide de ce mécanisme que l'orgue devint d'un usage général dans les églises de l'Occident à partir du Xème siècle ».

Son introduction en Europe doit être placée, suivant Eginhard, en 757. Tout le monde sait que Pepin reçut en présent, de la part de Constantin Copronyme, empereur de Constantinople, un orgue mécanique. Ducange ajoute que les ambassadeurs de l'empereur Michel en offrirent aussi un à Charlemagne, dont le moine de Saint-Gall fait la description suivante :

« Adduxerunt etiam iidem Missi omne gens organorum, sed et variarum rerum secum... et praecipue illud musicorum organum praestantissimum, quod doliis ex aere conflatis, follibus, que taurinis per fistulas aereas mire perflantibus, rugitu quidem tonitrui boatum, garrulitatem vero lyrae vel cymbali, dulcedine coaequabat ».

« Ces ambassadeurs apportèrent avec eux tout espèce d'instruments et une foule de choses variées.., et surtout un orgue, le plus admirable des instruments de musique ; composé de tuyaux d'airain et de soufflets en cuir de taureau introduisant l'air dans les tuyaux d'une façon  merveilleuse, cet orgue mugissait comme le tonnerre et gazouillait doucement comme une lyre ou une clochette ».

Description qui convient encore à l'orgue de nos jours.

Sans me livrer à des recherches qui m'entraîneraient trop loin sur l'histoire de l'introduction et de la vulgarisation dans nos contrées de cet admirable instrument, j'ai, du moins, cherché à découvrir à quelle époque remonte son introduction à Rennes, et voici quelques renseignements que j'ai réunis sur ce point assez curieux de l'histoire musicale de notre ville :

Au Commencement du XVème siècle, la cathédrale de Rennes ne possédait pas encore de jeu d'orgues. C'est à un de ses plus célèbres évêques, Anselme de Chantemerle, qui siégea de 1390 jusqu'en 1427, qu'est dût le premier établissement d'orgues à Saint-Pierre de Rennes. On lit en effet dans un acte rédigé en 1422 par Jehan de Beaumont, chanoine de Rennes, d'après l'ordre du seigneur évêque, et contenant un résumé de tous les dons faits par le prélat à son église, on lit, dis-je, le passage suivant :

« Comme celuy très reverend Seigneur veid qu'es autres eglises cathedrales de Bretagne et ailleurs, y eut Orgues s pour lhonneur du service de Dieu, et il ny en eust nulles en son eglise de Rennes, il a donné et baillé par pluseurs fois pluseurs sommes d'or et d'argent pour faire faire et édifier celles orgues qui y sont à present, et encore en garde lon du sien pour aider à les reparer dix pièces dor. Signé Beaumont ».

Les anciens comptes du Chapitre de Saint-Pierre de Rennes concordent avec l'indication fournie par l'acte de donation que nous venons de lire. Les comptes antérieurs à 1417 sont muets sur l'article des orgues. C'est à partir de cette date qu'on y voit figurer des sommes allouées pour entretien et réparation des orgues, pour appointements attribués à l'organiste, etc.

Ainsi je trouve mentionné, pour la première fois, dans les comptes de l'année 1417, Maître Guillaume, Pierre et Jehan Gontier, comme organistes à Saint-Pierre de Rennes [Note : Item, maestro Guillelmo organiste, ex dono et gracia dicti capituli solvit (prepositus capituli). — XX sol. Item de mandato dominorum Capituli numeravit ipse propositus Petro Gontier organiste. — X s. Item die lune post festum beati Martini estivale, de eorumdem dominorum mandato, numeravit ipsi Gontier pro regimine organorum dicte ecclesie — L s. (Computum quarterii estivalis, Archives départementales, fonds du chapitre de Bennes, 5 G). Item die veneris post festum Nativitatis B. M. V., solvit Johanni Gontier organiste. — XL s. (Comput. quart. hyemalis, Ibidem.)].

A dater de cette époque, presque tous les comptes qui nous sont parvenus enregistrent successivement les noms des organistes de la Cathédrale. J'en citerai quelques-uns : en 1423-24, Jehan de Merle (Johannes de Merula), Prieur de Saint-Martin de Rennes [Note : Item pro stipendiis Johannis de Merula, prioris Prioratus sancti Martini redonensis, pro regimine organorum dicte ecclesie pro presenti quarterio. — IV l. Et pro residuo pensionum suarum decursi temporis pro exercicio et regimine organorum predictorum. — XX s. ; est somma C s. (Comp . quart. biemalis, 1424-1425)] ; en 1449-50-51, Nicolas Esteot [Note : Item pro regimine organorum ecclesie predicte, solvit Nicolas Esteot pro presenti quarterio. — XL s. (Comp. quart.. auton. 1449 1451-1452, Ibid.)] ; en 1526, Jehan le Maistre [Note : Registre des délibérations capitulaires, 8 octobre, année 1526] ; en 1536, Yvon Tillot [Note : 9 junii 1536. Capitulum      … concesserunt quod magister Yvo Tillot sit organista, non obstante quod sit conjugatus. (Ibidem.)] ; en 1561, Olivier Guiheu et Mtre. Claude [Note : Reg. des délib. capitul., 10 novembre 1561. — « Ordonné Olivier Guyheu organiste, substitut de Maître Claude, estre poyé par les mains du prevost, et ce sur les gaiges dudit M. Claude, de la somme de … ( ?) monnoie »] ; en 1635-1636, Du Bois ; 1637, M. Mathurin Gisland [Note : Reg, des délib. Capit., 21 avril 1637. — « M. Mathurin Gisland receu organiste à gaiges de six vignts livres par an et le gain de coeur (chœur) comme prebtre, à la charge qu'il se transportera tous les jours à la Psalette pour monstrer et instruire deux des enffans à toucher les orgues »] ; en 1640, Courtoys et Vincent [Note : Reg. des délib. Capitul., 2 mars et 27 août 1640].

Le premier jeu d'orgues qui paraît, comme je l'ai dit plus haut, avoir été établi à Saint-Pierre dans les premières années du XVème siècle, fut réparé et amélioré en 1417 par un facteur nommé Maître Jehan Farise ou Pharise, nom qui semble étranger à notre province, Ce Jehan Pharise était en même temps prêtre ; c'est ce que nous font connatre les extraits des Comptes du Chapitre où son nom est mentionné :

« Computum quarterii hyemalis, 1417... item de mandato dominorum Capituli... solvit ipse prepositus per manum Domini Johannis Militis presbiteri, Johanni Farise presbitero qui ad mandatum dicti Capituli venerat, ut organa dicte ecclesie refformaret — 30 solid. ... Item... numeravit ipse prepositus Robino Britonis presbitero obiterio et receptori fabrice ecclesie Redonensis, ut eas numeraret et assignaret magistro Johanni Pharise, pro organis dicte ecclesie per eum in melius refformatis — 20 libras (Arch. Départ. 5 G) ».

Ce jeu d'orgues dura jusqu'au XVIIème siècle. En 1638, un marché fut passé par le Chapitre avec un facteur, dont le nom ne m'est pas connu, pour un orgue neuf ; les registres de délibérations capitulaires nous apprennent seulement que le renable, ainsi qu'on disait alors, fut examiné et approuvé en 1640, et que le buffet ou menuiserie de l'orgue fut fait par Jan Fosset, menuisier-huchier de Rennes. Malheureusement je n'ai pas retrouvé les comptes de cette date, qui nous auraient donné le chiffre des dépenses faites à l'occasion de ce marché. (P. D. V.).

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