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Jacques-François-Joseph ROYER, prêtre mis à mort en 1794 par les colonnes mobiles
dans le territoire de l'Archidiocèse de Rennes.

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311. — Jacques-François-Joseph ROYER, fils de Joseph et de Marie Catel, son épouse, né le 5 novembre 1746 à Rennes, paroisse Saint-Germain, fut baptisé le lendemain.

M. Royer reçut la tonsure et les mineurs en septembre 1769, le sous-diaconat à la même époque l’année suivante et la prêtrise au mois de septembre 1771.

Après son sacerdoce, M. Royer, demeuré prêtre auxiliaire à Saint-Germain de Rennes, fut nommé vicaire à Luitré en 1777 et sut s’y faire apprécier de son recteur. En 1789, la cure de Dompierre-du-Chemin étant devenue vacante par la mort de son occupant, M. Royer fut présenté pour ce bénéfice le 5 avril de cette année, par M. de Rommilley, archidiacre de Rennes. Ses lettres de provision sont datées du lendemain et, trois jours après, il prenait possession de l’église et du presbytère. Un mois plus tard, la Révolution commençait.

« Plein d’un zèle ardent pour la sanctification des âmes, écrivait dès 1820 l’abbé Carron, Rennais comme lui, historien digne de foi et son premier biographe, M. Royer se livra tout entier au soin d’éclairer les fidèles et de les prémunir contre les séductions de l'erreur et les mensonges des impies. La lutte généreuse qu’il soutint contre leurs menées, leurs intrigues ou leurs menaces, développa chez lui le caractère intrépide d’un apôtre ».

312. — Il est certain que M. Royer refusa nettement de s'assermenter, préférant se voir expulser de sa cure, qui lui valait alors 1.500 livres de revenus, d’après sa déclaration du 11 avril 1790.

Cependant, la paroisse de Dompierre, figurant parmi celles qui devaient disparaître dans la nouvelle organisation du diocèse constitutionnel de Rennes, ne fut pas dotée d’un curé assermenté ; si bien que M. Royer put y demeurer ouvertement jusqu’au milieu de 1792, où on relève pour la dernière fois sa signature le 24 août de cette année. Toutefois, sa présence à Dompierre gênait grandement les jacobins des environs et, dès les débuts de janvier 1792, « plusieurs habitants de Luitré réclamaient au district de Fougères la fermeture de l’église de Dompierre, où, disent-ils, se rendaient en foule les catholiques des paroisses voisines qui fuyaient les offices des curés intrus ».

M. Royer n’avait pas prêté, a-t-on dit, le serment schismatique des constitutionnels ; il refusa de même celui plus spécieux connu sous le nom de Liberté-Egalité des 14-15 août 1792. Il n’obéit pas davantage à la loi du 26 août de cette année, qui le condamnait comme prêtre réfractaire à prendre le chemin de l’exil. Ses ouailles étaient demeurées si fidèles à son enseignement que lui, de son côté, voulut les payer de retour en demeurant parmi elles, malgré les peines de plus en plus rigoureuses qui le menaçaient : loi des 21-23 avril 1793, loi des 29-30 vendémière an II, dont on a déjà vu tant de fois les redoutables applications.

313. — La chasse aux prêtres était partout organisée ; des primes étaient payées à ceux qui les dénonçaient, comme à ceux qui les arrêtaient ainsi qu’à ceux qui les « détruisaient ». Aussi l’existence des ecclésiastiques qui, comme M. Royer, vivaient parmi leurs fidèles dans l’intention de leur être utiles, était-elle bien précaire. C’est tous les jours qu’ils bravaient la mort.

Lui et un autre prêtre se trouvaient dans le champ de la Grafardière, en Luitré, lorsqu’ils furent surpris par un détachement de la garde nationale de Fougères, commandé par le citoyen Chevrel, peu avant le 8 mai 1704. Le compagnon de M. Royer put se dérober par la fuite, mais le recteur de Dompierre tomba aux mains de ses ennemis qui, le reconnaissant pour un prêtre, l'assassinèrent sans désemparer.

Les auteurs qui, d’après des témoins de l’époque, écrivirent la vie du serviteur de Dieu en 1820 et 1821, MM. Carron et Guillon, rapportent qu’avant de mourir il poussa le cri de « Vive la Religion ! » et que sa dernière parole fut : « Je vous pardonne ma mort ».

314. — Voici les termes en lesquels le registre de délibérations du district de Fougères parle du trépas de M. Royer, à la date du 19 floréal an II (8 mai 1794), folio 256-7 : « Sur la déclaration de quelques particuliers d’avoir reconnu le scélérat tué pour être Joseph Royer, curé inconstitutionnel de Dompierre-du-Chemin, et sur ce que le procès-verbal, rapporté par les officiers qui commandoient le détachement, dont partie étoient de la garde nationale de Fougères, qui atteste que c'étoit un prêtre : les effets trouvés sur lui donnent d’ailleurs une preuve morale. Et, voulant récompenser le zèle des Patriotes, qui manifestent, par tous les moyens qui sont en eux, le désir d'exterminer les ennemis de la République.

Les administrateurs (ouï l’agent national provisoire du district de Fougères,) arrêtent : que la prime de 100 livres, accordée par la Loi, sera délivrée au citoyen Cheverel, capitaine, commandant, par le Receveur du District, dont il aura reprise sur les fonds à ce destinés ; laquelle somme sera distribuée aux volontaires et gardes nationales qui ont concouru à la prise de ce scélérat prêtre ». (Arch. I.-et-V., série L, registres son cotés).

315. — Rien de plus probant que cette pièce sur les motifs qui déterminèrent les révolutionnaires à assassiner l’abbé Royer. On l’a mis à mort en haine de la Foi, parce qu’il était « prêtre », et, qui plus est, « prêtre inconstitutionnel », c’est-à-dire insermenté, demeuré en France pour y faire du ministère. D’autre part, d’après ses plus anciens biographes, il mourut en pardonnant à ses bourreaux : peut-on demander fin plus sainte ?

316. — Quant à l’argument de tradition, il semble, lui aussi, fort solide. Aussitôt après son trépas, les ouailles de M. Royer témoignèrent pour sa dépouille mortuaire la plus grande vénération. Ensevelis avec respect par une pieuse femme et, par crainte des révolutionnaires, inhumés là même où il avait péri, les restes de M. Royer reposèrent jusqu’en 1820 dans le champ de la Grafardière. Si l’on en croit les anciens de Dompierre et de Luitré, un genêt poussa sur sa tombe, mais ses fleurs, par une disposition particulière, demeurèrent toujours blanches, alors que les genêts voisins donnaient des fleurs jaunes, ainsi que le constataient chaque année ceux qui venaient prier sur sa sépulture.

La Restauration ayant permis de rendre enfin aux victimes de la Révolution les hommages auxquels elles avaient droit, les paroissiens de Dompierre, avec l’autorisation des autorités, décidèrent de ramener dans leur église les ossements de leur pasteur bien-aimé, pour leur donner une sépulture plus digne de lui. La cérémonie de l’exhumation eut lieu le 1er mai 1820, en présence de Marie Gervais, épouse de Charles Harel, la courageuse chrétienne qui l’avait enseveli, et de diverses personnes qui avaient procédé autrefois à son inhumation. Transportée processionnellement dans l'église de Luitré, où eut lieu une première cérémonie religieuse, la dépouille funèbre de M. Royer fut ramenée le 8 de ce même mois dans l’église de Dompierre, où, après avoir reçu à nouveau les honneurs de la sépulture ecclésiastique, on la déposa dans un caveau creusé au milieu du sanctuaire, « là où le prêtre se place pour commencer la messe ».

Un grand nombre de prêtres se firent un devoir d’assister à cette émouvante translation. Un procès-verbal en fut dressé que l’on conserve précieusement au presbytère de Dompierre. L’on y mentionne expressément que Royer « fut massacré en haine de la Religion ».

317. — C’est encore le sentiment unanime des paroissiens actuels de cette localité, auxquels leurs parents ont transmis de génération en génération la croyance au martyre de leur dévoué recteur. Ce serait une grande joie pour cette population si le Souverain Pontife permettait de transformer en culte public les sentiments de pieuse vénération qu’elle garde pour sa mémoire.

BIBLIOGRAPHIE. — Carron, Les Confesseurs de la Foi, etc., op. cit. (1820), p. 39. — Guillon, Les Martyrs de la Foi durant la Révolution française, op. cit., IV, p. 547. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit. (1845), II, p. 46-47. — Guillotin de Corson, Les Confesseurs de la Foi sur le territoire de l'archidiocèse de Rennes, op. cit. (1901), p. 110-112. — Pautrel, Notions d'histoire et d'archéologie pour la région de Fougères, Rennes (1927), in-8°, p. 258 et 439.

(Archives d’Ille-et-Vilaine, série L. Archives paroissiales de Dompierre).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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