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NOTRE-DAME DES MIRACLES ET VERTUS

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L'HISTORIQUE  DE LA STATUE

 

« Pourquoi cette main étrange qui montre le sol ? » nous demandait, avec étonnement et une nuance de fort accent d'outre-Manche, un touriste de passage à Saint-Sauveur. Si le « puits » de la vieille église n'avait point disparu, sur la célèbre « pierre » de Saint-Sauveur qui était « comme la tombe du sépulcre où tous ces pauvres étrangers sont enterrez » et en « portait quelque épitaphe », il eût, lentement et sans heurt, déchiffré la réponse...

Que de fois, au souvenir du passé, nous aimerions que le cadre extérieur en fût demeuré intact ! C'est un rêve impossible, car, si les réalités spirituelles échappent au temps, sa morsure entame, tôt ou tard et toujours plus ou moins, les expressions matérielles, les souvenirs objectifs et les symboles au travers desquels nos ancêtres entrèrent en contact avec elles.

Mais lorsque demeure ce qu'ils signifiaient, n'est-ce pas le plus précieux qui nous reste, comme un dépôt sacré ? Son appui périssable a pu disparaître et se modifier, toujours caduc et exposé au changement ; l'âme qui s'y attachait trouve d'autres amarres, au cours des siècles, pour entrer en communion avec ceux qui la cherchent...

Ni la vieille église du XIème siècle, ni l'antique statue de la Madone n'ont échappé à la loi du temps inexorable. — Mais la divine Provi­dence qui avait choisi ce lieu béni, pour être un foyer de rayonnement marial, n'a point voulu que le culte traditionnel s'éteignît ou émigrât sous d'autres voûtes !

La Madone a toujours sa statue, au geste symbolique, et le flot des pèlerins déferle à ses pieds, l'invoquant toujours sous le même vocable.

Qu'importe le signe, antique ou moderne, s'il est fidèle à transmettre son message ?

C est un regret que l'antique statue de Notre-Dame des Miracles et Vertus ait disparu à la Révolution. Pourquoi y voir un dommage irrémédiable, alors qu'une nouvelle statue nous redit, encore, ce que l'ancienne chuchottait à nos pères, dans le silence de la prière ? Par elle, tout autant, nous arrive un reflet de cette lumière resplendissante de Marie, qui pénètre l'intelligence et inonde le coeur du pèlerin ; par elle, encore, le passé revit dans notre mémoire.

Il n'est point inutile, cependant, pour aider à la précision du souvenir, de réunir quelques traits de cette primitive Madone, qui remontait aux origines mêmes de l'église Saint-Sauveur.

Sans doute avait-elle été taillée par quelque sculpteur inconnu, dont l'histoire ne se soucia guère — sur le modèle des autres Madones, en la forme où on les vénérait en d'autres sanctuaires de ces temps lointains, à Chartres, par exemple, ou à Rocamadour.

Le type de la Vierge au manteau protecteur ne devait apparaître que plus tard, en Occident, vers le XIIIème siècle.

Or, nous sommes au début du XIIème siècle. La statuaire s'inspire alors de l'art byzantin qui, depuis des siècles déjà, cherche à exprimer son amour et sa vénération envers Celle qu'on appelait la « Théotokos », la mère de Dieu, selon les affirmations du Concile d'Ephèse — en 431.

En proclamant solennellement la maternité divine de Marie, cette noble Assemblée avait aussi guidé peintres et sculpteurs dans la représentation de la Madone ; et le type hiératique de leurs oeuvres avait gagné les églises d'Occident.

C'était la « Vierge en majesté ».

Notre-Dame est assise, face au spectateur, le buste et le regard droits, dans une attitude de grandeur souveraine. Elle est reine, mais en même temps, elle sert de trône à son divin Fils qui repose sur ses genoux. « Sedes sapientiœ ! Trône de la Sagesse incréée ! ».

Au Fils, centre de la composition, s'en vont d'abord les hommages, mais sa gloire est enveloppée, comme en retrait, de l'éclat prodigieux de Celle qui Le donna au monde.

C'est en cette majestueuse attitude qu'on la contemple en maints sanctuaires romains, dans les églises de « Santa Maria antiqua » ou de « Sainte-Cécile au Transtévère » ; qu'on la retrouve en de nombreuses cathédrales de France, à l'une des pertes de Notre-Dame de Paris.

Tel était aussi le « style » de l'antique statue de Notre-Dame à Saint-Sauveur.

L'un des historiens de son culte, chez nous, le R. P. Fautrel, qui la contempla et la pria avec ferveur, au XVIIème, nous en a laissé une description faite avec amour et fidélité.

« Souvent, écrit-il, les images les plus honorées ne sont pas les plus considérables, ni par leur matière, ni par leur façon : comme il se peut remarquer en la plupart. Et pour dire quelque chose de particulier de celle de « Saint-Sauveur », elle n'est que de simple bois, que l'on a enrichi de quelque dorure, plus pour sa conservation que pour son embellissement. Il est vrai que sa forme sent son antiquité. Mais, après tout, hors certain air de dévotion qui s'y remarque, elle n'a rien de bien extraordinaire. C'est une figure assise et de moyenne grandeur qui tient son Christ sur ses genoux, le supportant doucement de la main gauche... ».

Peut-être à l'époque classique du grand siècle où il vivait, cet historien était-il peu disposé à goûter, de la façon enthousiaste que nous avons retrouvée souvent de nos jours, les oeuvres du moyen âge. — Elles ont, en effet, dans « le faire une gaucherie qu'on appelle non sans raison naïve » ; leur technique peut être irrégulière et trop peu modelée sur la nature. Tout leur charme vient de leur expression, de l'idéal qui en rejaillit par une sincérité profonde, sans nul procédé de convention.

Elles sont belles de la beauté spirituelle qu'elles suggèrent ; belles, aussi, « d'avoir été tant aimées », et du rayonnement séculaire qui s'en échappe « comme un parfum de prières exaucées ».

Tel était l'attrait de notre Madone pour la cité rennaise, renforcé par le souvenir qu'elle était une toute-puissante protectrice... Vers elle, avec confiance, on se tournait en toute angoisse. Lorsqu'en 1720, un épouvantable incendie du 23 au 28 décembre faillit anéantir la ville, la vieille église de Saint-Sauveur qu'un nouvel édifice béni en 1719 devait normalement faire bientôt disparaître, contenait encore la précieuse statue, restée là jusqu'après l'achèvement des travaux, de même que la plus grande partie d'un mobilier, d'une grande valeur, destiné au nouveau sanctuaire... Le quartier de Saint-Sauveur fut fort maltraité par le feu ; mais pendant qu'autour de la Madone, tout était la proie des flammes, et que la vieille église avec son précieux contenu s'écroulait, elle restait debout intacte. — N'ayant plus d'abri, on la transporta à l'église des Augustins, devenue l'église Saint-Etienne. A son passage à travers les rues enfumées et encombrées, la foule lui fit une haie d'honneur ; et les larmes aux yeux, les Rennais en se prosternant, la suppliaient : « Sauvez-nous du feu ! ». Ce ne devait pas être en vain. D'épaisses ténèbres, au 6ème jour de l'incendie, étouffèrent les flammes. Et notre ville, en cet étrange phénomène, n'hésita pas à reconnaître une intervention nouvelle de sa céleste protectrice, comme en témoigne le tableau qui se trouve encore dans l'église Saint-Sauveur.

Telle avait été, au cours des siècles, le secret de la grande attirance de l'antique statue de Notre-Dame des Miracles et Vertus...

Mais comment les révolutionnaires de 1789 eussent-ils été sensibles à ce charme ?

Ils ne devaient pas respecter notre Madone Vénérée. Elle n'était pas si transportable que l'image de Notre-Dame de Bonne Nouvelle. Elle n'eut point la faveur, comme elle, d'être facilement mise à l'abri par un pieux jardinier de la rue Basse (devenue depuis la rue de Dinan) et d'être arrachée à une destruction impie.

Son renom même fit voir, en elle, « un des soutiens les plus puissants du fanatisme et de la superstition » — contre lequel les révolutionnaires s'acharnèrent de préférence. Ils la firent voler en éclats et en dispersèrent les débris. On raconte qu'une femme Duval, dont le mari était alors bedeau de Saint-Sauveur, serait entrée dans l'église, au moment où l'on brisait la statue, et l'aurait réclamée aux misérables profanateurs. « Si tu as tant de goût pour ces vieilleries, lui dit l'un d'eux, tiens, prends-la et l'emporte ». Et il lui jeta en même temps un débris qu'elle ramassa dans son tablier. Mais, rentrée chez elle, elle s'aperçut qu'elle avait emporté seulement quelques restes informes de bois vermoulu qui tombait en poussière.

« Le malheur était consommé, écrit un historien. Rennes venait de se voir ravi un trésor plus précieux que l'or et que l'argent. Pour comble de malheur, il ne restait aucune reproduction gravée, sculptée ou peinte du type primitif de la Vierge miraculeuse ».

Sa disparition n'empêcha point les coeurs de la chercher encore et ils demeurèrent fidèles à la Madone. Quand l'église Saint-Sauveur fut rouverte au culte, elle redevint bien vite le foyer de la dévotion mariale qui retrouva, en ce lieu béni, son aspect d'autrefois.

A ce culte du souvenir, il manquait pourtant son appui sensible, à la façon des siècles passés, autour de la statue de Marie.

Des verrières nouvelles, en évoquant l'histoire, en donnèrent une première illustration ... Quand, donc, la Madone de la Cité serait-elle à l'honneur sur son autel particulier ? On attendit longtemps. Nous savons, par expérience, de nos jours que les restaurations se font attendre, alors qu'il suffit d'un instant pour détruire des merveilles et ravager d'incomparables monuments. Déjà, c'était 1871.

Un zélé pasteur de la paroisse Saint-Sauveur épiait avec impatience l'heure favorable de redonner Notre-Dame des Miracles et Vertus une place glorieuse en son église.

Il fit d'abord relever l'autel d'une chapelle située au côté droit, presque à l'entrée ; puis il confia à un sculpteur de talent, M. Goupil, le soin de réaliser la nouvelle statue ; un autre artiste rennais, M. Jobbé-Duval, la revêtit de discrètes et riches peintures, en attendant l'usage de son royal manteau.

L'oeuvre s'inspirait de la tradition. Et c'est encore une « Vierge en majesté » qui, depuis 1876, est offerte à notre vénération. De sa main gauche, elle soutient l'Enfant-Dieu qui repose sur les genoux de sa Mère, et sa main droite est dirigée vers le sol, en souvenir de son intervention miraculeuse. Son divin Fils a le nimbe circulaire en crucifère, symbole de sa divinité et de la rédemption, suivant les règles de l'iconographie. De la main droite, il bénit, et de la gauche, il soutient un livre grand ouvert où se lit un verset du Magnificat « Fecit mihi magna qui potens est, et sanctum nomen ejus ».

Solennellement reposée sur son trône actuel, en février 1876, elle devait être couronnée le 25 mars 1908 par une prérogative qui s'accorde seulement en consécration d'une vénération exceptionnelle et d'un culte traditionnel, en ferveur et en grâces.

Monseigneur l'Archevêque de Rennes avait à cet effet reçu mandat officiel de Sa Sainteté le pape Pie X, en cette lettre latine dont voici la traduction :

« A notre Vénérable Frère Auguste-René­-Marie Dubourg, Archevêque de Rennes. PIE X, Pape.

Vénérable Frère, Salut et Bénédiction Apostolique.

Depuis, plusieurs siècles, depuis l'an 1357, dans l'antique église curiale de Saint-Sauveur, de votre ville de Rennes, une statue de la Sainte Vierge — tenant sur ses genoux l'Enfant-Jésus — est l'objet, sous le titre de Notre-Dame des Miracles et Vertus, de la plus ardente vénération du peuple chrétien. Sauvée par la puissante intervention de Marie, et de l'invasion de l'ennemi, et des risques de l'incendie, et des ravages de la peste, les habitants de Rennes n'ont cessé, en effet, de témoigner à la Mère de Dieu, à l'Auteur de tant de miracles, les sentiments de coeurs reconnaissants et incapables d'oublier les bienfaits. Si, dans la grande Révolution qui embrasa toute la France à la fin du XVIIIème siècle, la statue en question fut renversée et mise en pièces par des mains scélérates, bientôt elle reparut, au sein d'admirables solennités, dans toute la splendeur d'une gloire nouvelle : et jusqu'à nos jours, sa chapelle surchargée d'ex-votos et ruisselante jour et nuit de la clarté des cierges, est le plus éclatant témoignage de la piété des fidèles.. L'âme remplie de ces considérations, quand Nous avons appris par votre supplique que Nous mettrions le comble à vos voeux, à ceux de votre Clergé et à ceux des Fidèles en daignant accorder à cette statue les honneurs du couronnement, Nous nous sommes fait une joie d'accéder aussitôt à votre pieuse requête, étant donné surtout que Nous n'avons plus rien à coeur, dans cette terrible passe de l'Eglise, que d'augmenter encore la piété des fidèles envers la Dépositaire des grâces, la Très Sainte Vierge Marie. En cet état de choses, tous ceux qui doivent bénéficier de Nos Lettres étant par Nous absous et tenus pour tels, mais seulement pour ceci, de toutes censures ecclésiastiques, censures et peines, qu'ils auraient pu encourir — en vertu de notre Autorité Apostolique, Nous vous accordons par la teneur des présentes, Vénérable Frère, la permission de couronner solennellement, en Notre Nom et sous Notre Caution, au jour qu'il vous plaira de fixer, la statue de Notre-Dame des Miracles et Vertus qui se trouve dans l'église paroissiale de Saint-Sauveur de votre ville de Rennes, en observant les rites et la formule d'usage, et en respectant les prescriptions canoniques qui exigent que la tête de l'Enfant-Jésus soit, en même temps que celle de sa Mère, ornée du diadème. Nonobstant toutes dispositions contraires. Donné à Rome, près de Saint-Pierre, sous l'anneau du Pêcheur, le 29 janvier 1908, de Notre Pontificat, l'an 5ème. PIE X, P. P. Cardinal MERRY del VAL, Secrétaire d'État.

Et depuis lors, plus encore, le grand courant de la dévotion séculaire s'alimente, en une source toujours rejaillissante, dans la grande cité et dans la région d'alentour. Il déferle aux pieds de la Madone couronnée, et monte, avec amour, en supplications confiantes.

Au passant, comme au pèlerin qui franchit la grande porte de la basilique Saint-Sauveur, sur le tympan nouveau, un blason moderne signale la glorieuse histoire de la Vierge miraculeuse, en évoquant le plus éclatant de ses prodiges, par sa cloche d'argent et deux flambeaux ardents qui se détachent sur fond d'azur.

Et dominant les armoiries, la devise basilicale lui rappelle la route qu'il doit suivre : « Ad jesum per Mariam ! A Jésus par Marie ! » (abbé Chuberre).

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