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NOTRE-DAME DES MIRACLES ET VERTUS

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L'ÉGLISE SAINT-SAUVEUR FOYER DU CULTE de NOTRE-DAME DES MIRACLES ET VERTUS

Au début du XIIIème siècle, à l'intérieur des remparts de la cité, existait une chapelle connue sous le vocable de Saint-Sauveur. Un acte de 1230 signale qu'à cette date, elle passa, de la dépendance du Chapitre, aux Bénédictins de l'abbaye Saint-Georges, avec toutes ses charges, et tous ses droits.

Nulle trace n'indique qu'elle fût alors une église paroissiale ; c'est seulement dans un acte du 13 juillet 1310 qu'il est question du « Recteur de la paroisse Saint-Sauveur », alors que l'ancienne chapelle, en ce début du XIVème siècle, a fait place à un plus grand sanctuaire, orienté de l'ouest à l'est, son portail d'entrée se trouvant du côté de la cathédrale, et l'abside vers la place « au grand bout de la cohue ».

C'était avec la cathédrale la seule église à l'intérieur des murs de la première enceinte, et autour d'elle peu populeuse était la paroisse Saint-Sauveur, puisqu'en l'an 1388 on n'y enregistrait que neuf sépultures et cinq, seulement, en 1404.

Il ne semble pas que cette église ancienne ait été d'une construction solide.

De 1445 à 1451, il fallut, en effet, reconstruire des parties de murs qui s'écroulaient.

Ces travaux furent une occasion de donner à l'édifice, intérieurement, un cachet plus conforme à l'architecture bretonne, et de poser au travers de l'église, « un grand crucifix et deux images », celles de la sainte Vierge et de saint Jean, selon l'habituelle façon bretonne du XVème siècle.

D'autres pans de murs menaçaient ruines. Vers 1480, hors ces murs, et pour les étayer, on dressa des piliers avec des arcs-boutants, et cette nouvelle consolidation, en ogival flamboyant, ajouta sa note épanouissante à la gravité du style roman primitif.

C'est ainsi que de restauration en restauration, jusqu'au XVIIème siècle, l'église Saint-Sauveur restait debout, mais si peu solide que les paroissiens entreprirent de la reconstruire et que la première pierre du nouvel édifice était posée le 22 avril 1656, au coin de la rue du « Grand-Bout de la Cohue ».

Après les travaux, la statue de Notre-Dame des Miracles et Vertus, qui avait dû être déposée ailleurs, fut, en avril 1658, reconduite processionnellement par toutes les paroisses de Rennes, et portée « par quatre bourgeois eschevins en robe », remise à sa place à l'issue des vêpres.

En 1666, son autel était remis à neuf, selon le projet de Gillet, « architecte, menuisier et sculpteur du palais de Justice », en « bons boys de chesne bien sec et sans aucune fissure », pour la somme de 900 livres qui, d'après le contrat, devrait être payée « le tiers après que l'autel serait placé, l'autre tiers après qu'il serait doré, orné et décoré ; et le surplus, ensuite... ».

S'il faut se fier à la description de cet autel « renaissance », tel qu'elle est jointe au plan, ce fut un chef-d'oeuvre « avec ses colonnes torses, et autour d'icelles colonnes, taillée et représentée une vigne, garnye de plusieurs grappes de raisin et feuillages et autres gentillesses... », avec ses panneaux, « dans lesquels sera taillé et représenté des roses et d'icelles sortiront des pans de fleurons mêlés d'autres petites fleurs et boutons... Au-dessus, sera une niche richement labourée et bien taillée en sa bordure, qui est un ornement de feuilles de roses, liées par bouquets. Et comme il faut que le bas de la dite niche saillisse en dehors, en rouge, il y aura un gros chérubin, portant sous les pieds de l'image de la Sainte Vierge. Et aux deux costés de la dite niche seront deux testes de chérubins, portant chacun une pante de plusieurs fleurs et feuillages..., tenant un chandelier d'une main, et de l'autre un écriteau portant ces mots : Notre-Dame de Miracle et de Vertu ».

Selon le goût de la Renaissance, colonnes et festons, prolongeant l'autel, floraisons d'anges et guirlandes sculptées forment la riche ornementation de la chapelle de la Madone..., avec laquelle le reste du sanctuaire progressivement va se mettre en harmonie.

En 1674, le rétable du grand autel « déjà étoffé d'un beau blanc joly et d'azur par endroits » est recouvert « de volets ouvrant, décorés de peintures et de tableaux, le tout fait de la plus belle et fine peinture que faire se pourra », dit l'acte notarié qui en fixe les conditions le 2 novembre 1674.

Avec un beau zèle se poursuivait, ainsi, la décoration intérieure pendant que se reconstruisaient les murs latéraux et le chevet.

Mais voici que malgré la promptitude avec laquelle on avait paré aux lézardes et aux éboulements, les ruines menaçantes en d'autres parties s'écroulèrent avec fracas le samedi 7 mars 1682 entre 3 et 4 heures du matin..., entraînant dans leur chute le pignon de l'entrée, du côté de la cathédrale, brisant les orgues et les fonts baptismaux, ébranlant le clocher, et renversant la maison voisine.

Tel était l'accident que l'église Saint-Sauveur dut être fermée et que, par ordonnance de Monseigneur l'Évêque, le Très Saint Sacrement fut porté dans la chapelle Saint-James sous la Tour de l'Horloge.

En 1693, les paroissiens décidèrent de réédifier l'église « toute entière de neuf, plus grande et plus régulière », selon une autre orientation et un style nouveau.

En 1719, le jour de la Transfiguration, la vieille horloge de la ville, la grosse Françoise, sonna pour appeler en l'église Saint-Sauveur les paroissiens autour de l'Évêque de Rennes venu bénir le choeur et le transept, en attendant que bientôt l'édifice achevé rejoignît, selon les plans, et vînt consolider la vieille église aux voûtés jusque là croulantes.

C'était, au moins, le projet. Mais le 22 décembre 1720, éclatait un terrible incendie. Il avait pris naissance dans la rue Tristin près de l'église Saint-Sauveur et vite consumé les maisons des rues environnantes.

L'église, elle-même, en devait grandement souffrir ; dans sa partie neuve, la charpente et la couverture furent endommagées ; et ce qui restait de la vieille église était, en grande part, brûlé. Son riche mobilier qui devait être transporté dans le nouvel édifice était la proie des flammes.

Seule, la statue miraculeuse qui se trouvait toujours là, en sa chapelle, échappait au sinistre ; et on la transporta à l'église des Augustins.

Les travaux de l'église neuve se poursui­virent, mais en lenteur, pendant qu'autour d'elle, les habitants avaient à rebâtir leurs maisons calcinées.

En 1728, les collatéraux s'achevaient dans la partie joignant le transept ; en 1731, était posée la première pierre de l'autel majeur, l'ancien autel et non pas l'actuel.

En 1737, près les piliers du choeur, une dévote personne fit dresser deux autels.

Une première cloche était bénite le 12 mars 1741, et le 1er juillet de la même année était posée la première pierre de la tour.

Ce n'est qu'en 1765 que purent être achetés les tuffeaux nécessaires à l'achèvement des voûtes ; et quelques années plus tard, au grand autel actuel qui venait d'être achevé, on put, au jour de Noël 1768, célébrer une première grand-messe. Déjà le choeur était orné de belles boiseries, exécutées par le menuisier Kerviller ; et peu après, un maître serrurier rennais, Jean Guibert, exécutait cette merveille de ferronnerie qu'est la chaire, terminée en 1781.

L'église, de sa riche parure, enveloppait la célèbre madone, dont le culte, sous ces voûtes rajeunies, ne cessait d'être intensément fidèle, jusqu'à la Révolution.

En 1791, M. Le Coz qui venait d'être nommé évêque constitutionnel, entrait en accord avec le Conseil général de la commune, dans sa séance du 10 février, pour que l'église paroissiale de Saint-Sauveur fût conservée comme « chapelle nationale ».

Et cette attribution lui valut d'abord, quelques avantages matériels : de l'église Saint-Aubin qui était fermée, arrivaient des balustres en fer ; de Saint-Pierre en Saint-Georges, un grand orgue, obtenu, en adjudication, pour la somme de 1.250 livres, y compris les boiseries.

Autour de l'église, la place Saint-Sauveur devient la place de la Liberté ; la rue Duguesclin, rue de la Liberté ; la rue de Montfort, rue de la Révolution...

Le sanctuaire de la madone est cerné de toutes parts... Le 17 nivôse an II (7 janvier 1793), le Conseil général décide de « disposer de la cy-devant église de Saint-Sauveur de manière que l'inauguration du temple dédié à la Raison puisse y être fait avec la dignité et la pompe qui lui sont dues ».

Et le premier acte, avant cette inauguration, sera le renversement sacrilège de la statue de Notre-Dame des Miracles et Vertus, profanée et volant en éclats. ...

Cependant, Robespierre, un an après, rêvait de fonder une religion basée sur la croyance en Dieu et l'immortalité de l'âme, et par décret du 17 floréal an II, 7 mai 1794, il faisait établir des fêtes décadaires en l'honneur de l'Être suprême...

L'ancienne église Saint-Sauveur, devenue le Temple de la Raison, va s'appeler le « Temple de l'Être suprême ».

Quelques prêtres et notamment M. Le Coz ayant prêté le serment requis par la Constitution, le 8 germinal an III (23 mars 1795), l'église Saint-Sauveur devait être mise à leur disposition pour le culte ; et, pour remplacer les cloches envoyées à Nantes, afin d'y être fondues, autorisation était sollicitée par Le Coz, mais refusée par la municipalité, d' « une sonnerie qui indiquât aux citoyens les heures précises des actes religieux ».

C'est en cette église que le dimanche 22 brumaire an VI (12 novembre 1797), le prêtre constitutionnel Fortin conviait au Te Deum en action de grâces de la paix avec l'Autriche, les « citoyens administrateurs amis de la patrie et de l'humanité ».

Seule, au cours de la Révolution, elle demeura, dans Rennes, ouverte au culte public, mais soumis à la loi, et c'était, à peine, pour elle, meilleure aubaine que d'être, à la façon de l'église de Toussaints ou d'une autre église de la ville, incendiée par les troupes de la Révolution ou transformée en usine d'épuration pour les matières de cuivre appartenant à la République.

Au moins, quand sonnèrent les cloches, pour annoncer le Concordat, demeurait-elle intacte, en son cadre ; mais hélas ! son trésor incomparable, l'antique Madone si chère à la cité, avait disparu, dans la tourmente !

Nous avons relaté comment la dévotion envers Notre-Dame des Miracles et Vertus fut impatiente, en son désir, et aboutit à la restauration du culte extérieur envers Marie, patronne et protectrice de la cité. Plus loin nous en décrirons le renouveau.

Il nous reste à visiter ce vénérable sanctuaire, tel qu'il se présente au XIXème siècle, et tel qu'il demeure de nos jours.

Son extérieur est simple ; et seule la façade principale à l'orient, de style néo-grec, a une véritable grandeur, sans perdre cette simplicité, voulue et cherchée.

Voici la description qu'un artiste moderne M. Nitsch, fait de l'église actuelle, en des notes datées de 1930 : « Formant deux ordres d'architecture superposés, celui inférieur comporte l'entrée principale fermée par une plate-bande avec voussure en anse de panier, de chaque côté, une niche en plein cintre. Six pilastres peu saillants supportent un entablement dont la frise ornée de triglyphes est couronnée d'une corniche à mutules. L'étage supérieur est percé d'une fenêtre à plein cintre encadrée de pilastres, il supporte un fronton triangulaire surmonté d'une croix. A l'extrémité nord de la façade, une tour carrée à deux étages supporte un beffroi à pans coupés ; elle est surmontée d'un dôme couvert en ardoises surélevé d'un campanile octogonal. Les vantaux en menuiserie de la porte de pur style Louis XV sont ornés de sculptures à coquilles. Sur la toiture, à la croisée du transept, s'élève une galerie sur plan circulaire, ajourée par des arcatures reposant sur des colonnettes. Couverte d'un dôme en ardoises, elle est surmontée d'un élégant campanile portant la croix et le coq gaulois. L'église se compose d'une nef à trois travées avec deux petits collatéraux, d'un transept peu saillant, d'une autre travée au delà du transept et d'une abside prolongeant la nef. Dans le collatéral sud, deux enfoncements dont l'un reçoit les fonts baptismaux. Dans le collatéral nord, un enfoncement agrandi il y a peu d'années reçoit un autel dédié à Notre-Dame des Miracles et Vertus. Deux autels dédiés à la Vierge et à saint Joseph sont placés aux extrémités du transept et deux autres petits autels terminent les collatéraux près le choeur. L'ensemble de l'église, la nef et ses collatéraux en pierre blanche apparente, avec les grands pilastres doriques de la nef reliés par des arcades en plein cintre supportant un haut entablement orné de triglyphes à gouttes et corniche à oves et denticules, surmonté d'une voûte d'arêtes en plein cintre avec arcs doubleaux reposant sur une très haute plinthe, présente un caractère majestueux et imposant. C'est la véritable architecture d'un temple du XVIIIème siècle consacré aux grandes cérémonies religieuses. Tout dans cette église, le maître-autel et les boiseries du choeur, les autels des transepts, l'orgue, la chaire, la grille des fonts baptismaux, offre une unité de style remarquable. Le maître-autel surélevé de quatre degrés au-dessus du choeur et conçu dans le style de la fin de Louis XIV. Sur un plan demi-circulaire quatre colonnes corinthiennes en marbre rouge de Saint-Berthevin portent un entablement avec frise ornée et corniche à modillons. Une gloire rayonnante en bois doré est posée au centre de la frise. Au-dessus de l'entablement est un riche baldaquin composé de quatre grandes volutes de feuillage ornées de draperies supportant un dôme avec lambrequin, surmonté d'une croix et accosté de deux anges, le tout en bois doré. Dans l'arrière-choeur existe un haut lambris de style Louis XV rehaussé de sculptures et fronton avec cartouche doré ; il est malheureusement recouvert en partie par un tableau représentant l'ascension du Sauveur. Les deux petits orgues et les stalles du choeur sont modernes. Les autels du transept composés de quatre colonnes corinthiennes en marbre avec frise et corniche à modillons supportent un baldaquin concave en anse de panier. La partie centrale des grandes orgues provient de l'église de l'ancienne abbaye Saint-Georges, elles sont surmontées d'une statue équestre de saint Georges terrassant le démon et, aux extrémités, par un grand vase à godrons. Les orgues exécutées en 1653 sont du facteur Lefèvre et du sculpteur Maugendre. Les deux parties extrêmes sont modernes. L'entrée de l'église était autrefois protégée par un tambour en menuiserie posé entre 4 colonnes corinthiennes portant un entablement avec frise et corniche. Pour établir une tribune au-devant des orgues on a malheureusement supprimé la frise et la corniche, ne laissant subsister qu'une partie de l'architrave. La chaire est une merveille de ferronnerie du XVIIIème siècle, due au maître serrurier rennais J. Guibert, elle porte sa signature et la date 1781 sur le filet intérieur de la face de la cuve. La face de la cuve porte un médaillon entouré de deux branches de palme retenues par un noeud de rubans, avec, au centre, une figure rayonnante, sur l'autre côté un médaillon semblable porte une sphère symbolisant le monde. Entre ces deux panneaux, chutes de fruits. Au-dessous de la cuve, un grand pendentif à huit arêtes recouvertes de feuilles d'acanthe en fer martelé, se termine par un culot orné de feuilles et draperies. La rampe de l'escalier sur plan circulaire et panneaux rampants est ornée de médaillons entourés de branches de laurier et portant le vase de la piété et le livre des Évangiles. Le dossier de l'abat-voix porte deux crosses en feuilles de palme. La frise de l'abat-voix est décorée de feuilles de palme, elle est surmontée d'un dôme ajouré à godrons et, au sommet, le Pélican, image de l'Église ; le plafond porte une colombe rayonnante, symbole de l'Es­prit-Saint. La grille des fonts baptismaux de style Louis XV à coquille avec couronnement Louis XVI est une très belle ferronnerie que l'on peut attribuer à l'auteur de la chaire. Tous les ornements et feuillages de la chaire et de la grille sont rehaussés d'or. Sur les piliers du transept : deux reliquaires en bois doré. A l'entrée du choeur, statues de saint Pierre et saint Paul. Dans le collatéral nord, un autel moderne, oeuvre de l'architecte Couasnon, a été dédié à Notre-Dame des Miracles et Vertus. Enfin, près de l'autel de Notre-Dame des Miracles, une grande peinture inspirée de l'aquarelle de Huguet représente l'incendie de Rennes de 1720. Au-dessus de la ville en flammes, la Vierge à l'enfant, planant dans la nue, étend ses bras sur la cité et semble arrêter l'incendie. Cette peinture nous montre une partie de la vieille ville. La tour de l'horloge dans les flammes, la porte Saint-Michel ; au delà, le clocher de l'église Saint-Aubin, l'église et le couvent des Jacobins, puis, en côté, les belles maisons des Lices et le chevalet des Supplices en haut de la rue des Innocents. Sur le cadre est écrit : " Vœu fait à N.-D. de Bonne-Nouvelle par les habitants des Lices, rues Saint-Louis, Saint-Michel, place Sainte-Anne préservés de l'incendie du 22 décembre jusqu'au 30. 1720" ».

Avant d'achever cette visite historique du célèbre sanctuaire de Saint-Sauveur, arrêtons-nous devant l'autel actuel de Notre-Dame des Miracles.

Sur l'initiative, prise en 1875, par M. Lelièvre, curé de Saint-Sauveur, un marbrier de Rennes, M. Folliot, l'exécuta, et le cisela dans un marbre blanc, en le rehaussant de filets d'or. « L'effet produit est d'une élégance parfaite, écrit M. le Chanoine Raison. La table d'autel est soutenue par trois colonnes aux chapiteaux délicatement fouillés. Au centre, un bloc de marbre remplace le tabernacle et sert de support à la statue de la Sainte Vierge. Un élégant rétable s'élève à égale hauteur, orné de six arcatures romanes et surmonté d'une charmante garniture en cuivre ciselé. Deux candélabres à sept branches entourent l'image de Marie. L'autel est complété par deux crédences reposant sur une colonne de marbre blanc... Une chapelle, jusque-là sans emploi, située au côté droit de l'église, presque à l'entrée, offrit à cet autel un asile discret où la prière, dans la lumière atténuée, serait plus recueillie et plus confiante... ».

Nous avons relaté comment, sur cet autel, une nouvelle statue de la Madone fut solennellement reposée, en 1876, puis couronnée le 25 mars 1908...

Cependant, cette nouvelle chapelle, si pieuse et de plus en plus parée d'ex-voto, présentait le grave défaut d'être trop exiguë pour les cérémonies... On résolut de l'agrandir. « La chose était facile, écrit M. Raison. Derrière l'autel s'abritaient deux lamentables masures. On les jeta bas sans soulever aucune protestation. La fenêtre où le vitrail était enchassé fut ouverte presqu'au niveau du sol et constitua au nouveau sanctuaire un arc triomphal. L'autel, reculé jusqu'au fond de la chapelle, fut élevé de plusieurs marches. De riches vitrines l'entourèrent, destinées à recevoir les décorations et les médailles offertes à Notre-Dame des Miracles.

Au-dessus du rétable, le " camaril " de la Vierge se détacha, dans la splendeur de ses marbres et l'éclat de ses ors. Une baie centrale laisse voir la statue vénérée portée sur des nuages et entourée de ravissants chérubins. Des ornements d'un goût délicat — et dans le style de l'église — rehaussent le fond du sanctuaire, en particulier quatre colonnes de marbre bleu aux riches chapiteaux et, surmontant le tout, les lettres A et M enjolivées de guirlandes fleuries ».

Le 8 septembre 1912, l'église Saint-Sauveur, dont l'autel de la Vierge et sa chapelle venaient de trouver une splendeur renouvelée, fut consacrée par Mgr Dubourg, archevêque de Rennes. Et, pour la circonstance, en la chapelle miraculeuse furent enchâssées des reliques de saint Matthieu, apôtre et évangéliste ; de saint Théodore, martyr ; de saint Judicaël, roi de Bretagne ; de saint Mars, né à Bais, près de La Guerche ; de saint Méen, abbé ; de saint Armel, confesseur ; de saint Vincent de Paul, père des pauvres ; de sainte Anastasie, martyre. A ces restes précieux, un ancien vicaire de la paroisse Saint-Sauveur, Mgr Guérard avait voulu ajouter une relique de saint Lô, l'un de ses prédécesseurs sur le siège de Coutances. Une plaque de marbre blanc garde le souvenir de cet événement, en lettres d'or. Quatre ans plus tard, au cours de la guerre, par un bref, en date du 28 avril 1916 Benoit XV, à la prière de Mgr Hévin, sur le demande de Mgr Dubourg, élevait l'église Saint-Sauveur au sommet de la hiérarchie ecclésiale, en lui octroyant le titre de basilique mineure, avec tous les privilèges qui y sont attachés, le port en procession de l'ombrellino, et de la clochette ; l'usage du sceau et des armoiries ; la préséance sur les autres églises, la cathédrale exceptée ; la conception d'un habit de choeur particulier au clergé qui dessert le sanctuaire...

La cérémonie d'érection eut lieu le 6 août 1916, en la fête patronale de la Transfiguration.

« En cette église de Saint-Sauveur, disait le bref de Benoit XV, tout récemment remise à neuf, et consacrée en 1912, la magnificence des objets du Culte est en rapport avec la splendeur des fonctions ecclésiastiques et sacrées, auxquelles s'emploient activement le Pasteur et le nombreux clergé qui l'entoure — l'église continuant toujours à tirer sa gloire la meilleure de cette statue miraculeuse de la Sainte Mère de Dieu, à laquelle, en 1908, au nom de l'autorité de notre Prédécesseur d'heureuse mémoire le pape Pie X, furent solennellement décernés les honneurs du couronnement... ».

Terminons, en jetant un regard sur les couronnes de Saint-Sauveur, celle de la Vierge et de l'Enfant-Jésus, qui avaient été solennellement apposées le 25 mars 1908.

« L'artiste s'est inspiré de la miraculeuse intervention de 1357 pour donner aux couronnes une embase représentant l'enceinte fortifiée de Rennes battue en brèche par les ennemis. Les tours rappellent également les titres de la Très Sainte Vierge : Turris Davidica, Turris eburnea. Sur le devant du bandeau de la couronne de la Vierge, un groupe d'écussons représente les armoiries de Notre saint Père le Pape Pie X qui a autorisé le couronnement de Notre-Dame des Miracles, ainsi que les armes de Mgr Dubourg, archevêque de Rennes, et de Mgr Guérard, évêque de Coutances, dans lesquelles figure du reste l'image de Notre-Dame des Miracles.

Sur l'un des côtés du bandeau, on a placé les armes de la Ville de Rennes, et sur l'autre côté les armes de la Bretagne, toujours si fidèle au culte de la Sainte Vierge.

Dans le groupe situé au revers, on a indiqué sur deux écussons la date du Miracle et la date du Couronnement. Au-dessus, une cloche évoque le souvenir de la sonnerie qui donna l'alarme aux Rennais et les appela à l'église Saint-Sauveur où devait se produire le miracle. Sur cette cloche, les initiales de Mgr Hévin, curé de la paroisse.

Au-dessus du bandeau, des lis, reliés par des rinceaux de style roman, symbolisant la pureté de la Sainte Vierge, tandis que les étoiles nous indiquent qu'elle est la Reine du Ciel » (abbé Chuberre).

Voir aussi   Rennes "L'ancien maître-autel de l'église Saint-Sauveur"

 

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