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NOTRE-DAME DES MIRACLES ET VERTUS

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LE VOCABLE de NOTRE-DAME des MIRACLES ET VERTUS

Notre-Dame des Miracles et Vertus - Invocation toute rennaise

Toujours et partout, les générations chrétiennes ont célébré la Vierge Marie comme l'idéale créature, parée de toutes les grâces ; et dans l'élan de leur admiration, elles ont essayé d'exprimer cette beauté, en elle, d'une nature humaine si ressemblante à l'humaine nature de son divin Fils. Mais parce qu'elles n'ont pu la dire toute à la fois, elles ont multiplié les vocables, pour la décrire et la chanter, en une procession étincelante d'images, de symboles, en une variété de litanies qui ne cessent de s'enrichir.

Chez nous, dans notre cité de Rennes, et le pays dont elle est le centre, on aime s'adresser à Marie sous le vocable de NOTRE‑DAME DES MIRACLES ET VERTUS.

Au coeur même de notre ville, la basilique Saint-Sauveur, dans le voisinage de l'église métropolitaine, est un sanctuaire où déferle, sans interruption, aux pieds de sa statue vénérée, le flot des supplications d'un peuple qui met en elle sa confiance..., et s'abrite sous sa protection...

L'invoquer comme « Notre-Dame des Miracles », sous ce seul vocable, n'est point spécial aux Rennais et ne saurait l'être, puisque c'est tout au long de l'histoire chrétienne que Marie multiplia ses prodiges de grâces et renouvela les faits miraculeux...

Sans sortir de France, en maintes villes, cette invocation fut et demeure familière au peuple chrétien, en liaison étroite avec notre histoire nationale.

Déjà la fille de Clovis, sainte Théodechilde, héritière de la ferveur qu'après sa conversion, son illustre père n'avait cessé de manifester à l'égard de la Vierge, fit après une apparition, construire, à Mauriac dans le Cantal, une église en l'honneur de Notre-Dame des Miracles.

Lorsque les Normands, parvenus au coeur même de la France, assiégeaient Orléans et qu'à l'une des portes de la ville, la poussée de l'ennemi était particulièrement menaçante, on y porta la statue de Notre-Dame des Miracles. Et voici que, caché derrière cette statue qui lui sert de bouclier, un vaillant défenseur fait un carnage des assaillants. L'un d'eux l'aperçoit : « Ouvre la porte, lui crie-t-il. Tu ne saurais maintenant m'échapper, ni cette image te défendre ! » et il lance adroitement son javelot. Mais la Vierge étend le genou pour protéger son serviteur en péril. Témoins du fait, les assiégeants jettent leurs armes et demandent la paix. Solennellement, au milieu des transports de la population, la statue est reportée en son église.

Plus grand encore, en cette ville, fut l'enthousiasme, le 8 mai 1429. Ce jour-là, Jeanne d'Arc qui s'était préparée au combat, en se confiant à Notre-Dame des Aides près du couvent des Augustins, sur la rive gauche de la Loire, s'était précipitée vers les Tourelles, en agitant son étendard... « Entrez, a-t-elle crié à ses soldats en leur montrant les Anglais. Entrez, entrez, ils sont à nous ! ».

Jeanne triomphe et la France est sauvée. Mais pour célébrer cette victoire et cette délivrance, ce n'est pas vers la cathédrale, c'est vers l'église d'Orléans où Marie est invoquée sous le nom de Notre-Dame des Miracles, qu'elle entraîne le peuple et son armée pour y chanter le Te Deum.

Et si, poursuivant les routes de France, jusqu'au nord, on s'arrête à Saint-Omer, on y trouve encore un célèbre sanctuaire, où Marie, sous le même vocable, est célébrée comme la protectrice de la cité. Lorsqu'en 1638, le maréchal de Châtillon, Gaspard de Coligny, huguenot acharné, assiégea la ville, l'évêque et les échevins, plus par crainte du venin corrupteur de l'hérésie que du retour à la mère patrie, promirent d'un commun accord que si Saint-Omer était délivré, tous les ans, une procession solennelle serait faite en action de grâces à Notre-Dame des Miracles. Et il en fut ainsi. La céleste protectrice de la ville n'accepta la soumission de son fief qu'en 1677, à Louis XIV, lorsque, le péril protestant écarté, il fut bien sûr que le vieux sang français de ses protégés continuerait de faire battre un coeur catholique et fidèle à la civilisation chrétienne de la fille aînée de l'Eglise...

C'est du nord au sud, depuis les origines de la France, tout au long de notre histoire, que Notre-Dame des Miracles a montré, chez nous, ses interventions miraculeuses.

Elle le voulut aussi, en Bretagne, sachant quel rôle d'influence religieuse cette province serait appelée à jouer, au cours des siècles. Et nous raconterons comment il fut salutaire à notre ville d'avoir, dès le XIIème siècle, mis sa confiance en la Vierge des Miracles et de s'être établie, à son égard, en cet état de dévotion qui lui valut le grand miracle de 1357.

A ce vocable, par une coutume toute particulière à notre ville, on ajoutait dès l'origine celui de Notre-Dame des Vertus.

Cette juxtaposition ne se trouve nulle part ailleurs.

Non pas que l'invocation séparée de Notre-Dame des Vertus fût étrangère au reste du pays. Elle était familière aux rois de France, qui gardaient le souvenir de ses attentions merveilleuses. Ils savaient qu'un jour Philippe VI de Valois, neveu de Philippe le Bel, en 1338, avait été averti que la statue de Notre-Dame des Vertus, à Aubervilliers, depuis plusieurs heures, ruisselait d'une sueur étrange. Il était accouru, et de ses yeux avait vu le prodige, pressentant ce qui serait plus tard... A l'avance, comme un présage, la Madone semblait endurer toutes les souffrances dont, au cours de la guerre de Cent ans, son peuple de prédilection allait être affligé.

Louis XIII, si fidèle à se rendre à pied, en pieux pèlerin, au sanctuaire de Notre-Dame d'Aubervilliers, y venait, le 5 octobre 1614, mettre sous sa garde sa majorité ; il y revenait, officiellement, avant le siège de La Rochelle, La supplier de lui donner la victoire sur les hérétiques. Et après avoir demandé à tout Paris, par l'intermédiaire de Marie de Médicis, de réciter le rosaire pour le succès de ses armes, il entrerait bientôt dans la fameuse citadelle hérétique, en une procession « plutôt de priants que de conquérants qui portaient à la main, non une épée, mais des cierges allumés ». C'était le 1er novembre 1628.

Est-ce d'Aubervilliers que rayonna jusqu'en Bretagne le culte de Notre-Dame des Vertus ? Ailleurs qu'au sanctuaire de Saint-Sauveur, on l'invoque dans le diocèse. Dans la paroisse de Mecé, elle a sa chapelle, et, chaque année, le 8 septembre, on y vient en pèlerinage. — Dans la chapelle de Blossac, à Goven, on y vénère sa statue qui remonte au XVème siècle. — A Rennes, dans la chapelle des Incurables, pareil hommage lui fut rendu depuis longtemps.

Mais, nulle part, si ce n'est dans la basilique de Saint-Sauveur, ce vocable ne se trouve associé à celui de Notre-Dame des Miracles.

Si l'on pense qu'au moyen âge, le mot de « vertus » n'était guère distinct, en sa signification, du mot de « miracles », mais que, souvent, l'un se prenait pour l'autre, d'où vient cette répétition en apparence inutile, en cette invocation qui a plu à Notre-Dame, puisqu'elle y répondit toujours par tant de prodiges et de grâces en notre cité rennaise ?

Ne voir en cette juxtaposition qu'une coïncidence toute fortuite, c'est oublier que le hasard est un mot vide de sens et qu'il voile seulement notre ignorance.

Nos coeurs chrétiens ont le droit d'y chercher des raisons.

Peut-être était-ce, du côté de la Vierge Marie, un désir d'allumer, dans la capitale de la Bretagne, un foyer d'intense dévotion qui lui fût l'occasion d'une particulière protection. La Bretagne n'était-elle pas appelée à un rayonnement chrétien d'autant plus vif qu'elle devait être mieux gardée dans sa foi ?

Et pour cela, Marie voulut bien reconnaître une plus grande valeur d'expression à notre invocation, à cette union de deux vocables qui disent, en la réaffirmant, sa « toute-puissance suppliante » très efficace en merveilles à l'égard de notre patrie.

Ou tout autant, dans la pensée de nos pères, qui voulurent en cette double appellation marquer une nuance, était-ce à la fois l'affirmation d'une protection, capable d'aller jusqu'au « miracle », et la contemplation de la « vertu » déjà entrevue du Saint Coeur Immaculé de Marie, idéal de toute beauté morale, tel que, en ce sanctuaire même de Saint-Sauveur, devaient le chanter saint Jean Eudes et l'invoquer le bienheureux Grignion de Montfort.

Ainsi l'avait compris un auteur inconnu dont le premier historien de Notre-Dame des Miracles, le Père Fautrel, citait les vers, au XVIIème siècle :

A Nostre Dame
de miracle et de vertu
Honorée à Rennes,
En l'église de Saint-Sauveur.

EPIGRAMME :

Cher lecteur, me demandes-tu,

Pourquoi deux Noms à cette Image,

Qu'on appelle encore de notre âge,

Dame de Miracle et Vertu ?

L'un des deux pourrait bien suffire ;

Mais c'est peut-être pour te dire

Que quand le temps ne serait plus

D'espérer d'Elle des Miracles,

Au moins, il n'est aucuns obstacles

Qui puissent t'empêcher d'imiter ses Vertus.

 

 

LE FAIT MIRACULEUX DU 8 FÉVRIER 1357 :


Le 8 février 1357, Notre-Dame des Miracles et Vertus intervient miraculeusement pour sauver la Ville de Rennes.

C'était au cours du siège de Rennes, par les Anglais, en l'an 1357. Depuis 1341, la Bretagne était déchirée par une guerre de « succession ». Charles de Blois et Jean de Montfort se disputaient la couronne ducale, et leur rivalité avait fait du pays un enjeu entre les Français qui soutenaient le premier et les Anglais dont l'aide au second n'était pas pur désintéressement. Rennes avait pris parti pour Charles de Blois — c'était la raison de ce siège. Le blocus de la ville était facile, parce que son enceinte murale était fort rétrécie. Partant de la porte Mordelaise, et suivant les Lices, elle traversait la rue Rallier, s'en allait presque à l'angle des rues Lafayette et Châteaurenault, puis descendait en ligne droite vers la Vilaine qu'elle longeait jusqu'à la Croix de la Mission, pour remonter à la porte Mordelaise, en passant derrière les maisons de la rue Nantaise. Place forte, réduite en son périmètre qui était celui de l'antique enceinte romaine ! Plutôt que de s'exposer à trop de pertes, en un siège régulier, les Anglais préférèrent l'affamer. Mais l'affaire traînait. Pour en accélérer le dénouement, les assiégeants entreprirent de creuser une galerie souterraine qui déboucherait au coeur de la ville. En quel endroit et quand percerait-elle ? Si les travaux ne pouvaient être inaperçus, on était fort perplexe sur le temps et le point d'ouverture du boyau perfide par lequel les troupes ennemies feraient irruption, inopinément dans la nuit... On le sut à temps et ce fut par un prodige opéré par Notre-Dame des Miracles et des Vertus.

Dans la nuit du 8 février 1357, à trois reprises, les cloches de l'église Saint-Sauveur se firent entendre d'elles-mêmes, en un tocsin qui avertit du danger. Les habitants accoururent. La nef était dans l'obscurité, mais à l'autel de Notre-Dame des Miracles et Vertus brillaient deux flambeaux qui illuminaient la statue. Soudain, en présence de la foule, la Madone s'anima. Sa main droite, qui était relevée sur sa poitrine, décrivit un arc de cercle, et de son index tendu, désigna un point précis du sol.

Nul doute ! La Vierge répondait à l'angoisse de la cité... Elle indiquait l'endroit du danger... Avec rapidité, on y creusa. La mine était découverte. Et dans le boyau obscur, les plus braves de la garnison, sous la conduite de Bertrand de Saint-Pern, s'élancèrent à la poursuite des Anglais...

La ville de Rennes venait d'être sauvée par un miracle.

Telle est cette intervention céleste que proclame toute la tradition locale, si précise en ses démonstrations convergentes et tant de faits qui en appuient la valeur que la seule explication de son existence est la réalité du miracle.

Sans insister, pour l'heure, sur l'extraordinaire courant de piété qui trouva, là, sa source, et s'est renouvelé toujours au cours des siècles, comment comprendre autrement certains témoignages, d'une authenticité indéniable, dont nos pères ne cessèrent d'entourer le prodige, pour en perpétuer le souvenir ? Ils prirent à tâche d'ajouter à la tradition orale ou écrite des objets matériels et tangibles dont la vue, dans leur pensée, rappellerait sans cesse aux générations futures quel secours la ville de Rennes avait trouvé dans l'intervention de la Vierge Marie, au soir du 8 février 1357.

Le premier de ces faits commémoratifs, comme une preuve visible à tous, fut jusqu'au milieu du XVIIIème siècle, à l'endroit le plus apparent de l'église Saint-Sauveur, l'ouverture de la mine, et sa margelle de pierre « d'environ un pied de haut et couverte d'une couverture de bois ». Cette superstructure disparut vers 1750, mais au moins une pierre en indiquait fidèlement la place mémorable, avec une « épitaphe » explicative. Au XIXème siècle, quand en 1886, il fallut refaire le pavé, une négligence regrettable fit qu'on omit de l'y maintenir. On y lisait : « A la postérité. Arrête Passant qui considères cette pierre ! ». Nous aimerions, à sa place, relire tout au long ce monument épigraphique dont l'histoire garde heureusement la teneur..., c'est-à-dire le récit des événements de 1357.

Mais qu'il ait disparu ne change rien au fait historique de « cette ouverture de la mine », comme un témoignage remontant à l'origine même du prodige. A cet effet, nous avons comme preuve l' « Inventaire Général, historique et analytique des titres de Saint-Sauveur », fait au XVIIème siècle, par un savant rennais, Gilles de Languedoc, d'après des documents anciens, contemporains du miracle lui-même... « On ne peut y entrer, dit-il en parlant de l'église Saint-Sauveur, sans apercevoir à l'endroit le plus apparent l'ouverture de la susdite mine... ». Et plus loin, il enregistre : « Année 1485 : réparation de la couverture du puits qui marquait l'endroit où s'était fait l'ouverture de la mine des Anglais ». Peut-on sérieusement imaginer que l'apparition et la permanence, dans une église, d'un puits souterrain sans autre usage que d'être un objet de vénération, soient sans explication fondée dans la réalité ? Peut-on supposer qu'un beau jour, on l'ait creusé, en inventant une légende pour lui donner un motif, par pure fantaisie, pour le seul plaisir de tromper des gens simples et crédules, sous le regard de l'autorité ecclésiastique et du peuple fidèle, à une époque si rapprochée des faits invoqués que leur authenticité était facilement vérifiable par tous ? Il n'est d'autre explication, à qui se pose la question, que la véracité du prodige, dont l'ouverture de la mine perpétuait le souvenir...

Non moins parlante fut la flamme jamais éteinte de la « Chandelle de Notre-Dame », cierge votif, toujours allumé, non seulement comme un symbole de louange ou de supplication, mais encore, dans l'intention de nos pères, comme un témoignage de la reconnaissance et une évocation du célèbre prodige. Nuit et jour, il brûlait en l'honneur de la célèbre libératrice de Rennes, d'une flamme ardente qui s'était allumée, dit le chroniqueur, « longtemps avant 1388, en commémoraison du miracle fait contre les Anglais ».

Un second cierge devait bientôt être placé à l'extérieur de l'église, en une lanterne de pierre, à l'entrée d'une rue fréquentée, appelée alors « Grand bout de la Cohue » et devenue, depuis, la place Saint-Sauveur. Les passants y voyaient un mémorial qui les invitait à la prière reconnaissante ; et les étrangers qui visitaient la capitale de la Bretagne, à la vue de cet étrange flambeau qui brillait en plein jour et ne cessait de resplendir tout au long de la nuit, demandaient une explication. Celle qu'on leur donnait n'était autre que le récit du fait miraculeux universellement reconnu comme véridique. Si son authenticité avait été mise en doute, comment imaginer encore qu'on eût admis, dans toute la ville, avec respect, pareille pratique singulière, en témoignage fantaisiste d'un fait de simple invention, et bien facile, alors, à vérifier ?

Aussi le R. P. Fautrel, au XVIIème siècle, en parlant de ce cierge « de très ancienne fondation qui se conserve à Saint-Sauveur devant l'autel de Notre-Dame avec autant et plus de soin que ce fameux feu des Vestales qui ne s'éteignait jamais », souligne-t-il, avec complaisance, que « depuis environ trois cents ans, comme il se voit en plusieurs anciens titres gardés aux archives de Saint-Sauveur, il se parle de l'entretien de ce luminaire ! » et, ajoute-t-il, « la recherche curieuse qu'on en a faite tout récemment, apprend que le peuple de Rennes avait lors grande ferveur à le fonder. Outre tout plein de legs pieux qui se trouvent avoir esté faits par diverses personnes particulières, en considération de ce cierge, les Confrairies entières de Saint-Sauveur, qu'on vérifie par les anciens comptes de la dite église avoir esté jusqu'à sept, contribuaient pour son entretien et pour la cire ; sans parler de quelques cueillées qui s'en faisaient de temps en temps par les prêtres de la même église, comme il se voit par quelques actes conservés encore aux archives ; d'où nous pouvons apprendre que la Dévotion du Peuple était lors merveilleuse à ce saint Autel, et que c'est en vertu de ce grand miracle, dont Rennes est obligée à la B. Vierge, que cette ville fonda ce Luminaire éternel qui depuis plus de trois cents ans brûle toujours en son honneur ».

Sur les parois de la chapelle vénérée, des peintures offraient au pèlerin une illustration du prodige... Et il faut y voir la même signification probante de son authenticité, comme le remarquait déjà Gilles de Languedoc :

« Des tableaux de la représentation de ce grand miracle ont esté successivement exposez dans l'église, à proportion qu'ils devenaient défigurez de vieillesse et de caducité, afin d'en rappeler le souvenir aux spectateurs et les porter à en rendre leurs actions de grâce à la très sainte Vierge.

Aprenant par le compte de 1428 qu'il en fut fait et exposé un dans l'église dès ce temps-là et que la depense en cousta jusqu'à seize escus, qui estoit alors une somme très considérable par rapport à la rareté de l'espèce. Il s'aprend par celui de 1508 que ce tableau estant devenu défiguré, il s'en fist un autre... Il s'aprend encore par le compte de 1640 que l'autel de Notre-Dame, également que ce dernier tableau, n'estant plus suppor­tables par leur caducité, il fut donné par une pieuse personne jusqu'à 42 livres pour réparer l'un et refaire l'autre... ».

Tant de preuves concrètes, autour d'une tradition précise, enveloppent de certitude l'intervention miraculeuse de Notre-Dame des Miracles et Vertus, en 1357, comme un fait d'histoire, établi autant et plus que les autres... Si l'on se refusait à admettre leur valeur, il faudrait nier la réalité historique d'une multitude de faits, infiniment moins prouvés et cependant, avec raison, acceptés comme authentiques par l'histoire. Gilles de Languedoc ne manquait pas de faire ressortir toute la portée de ces preuves à ses contemporains, en des remarques qui restent actuelles :

« Il est d'observation que ces monuments ont esté jugez des preuves si incontestables de la vérité de ce grand miracle que, quoyque depuis avoir esté opéré ils n'ayent jamais cessé d'estre exposez aux yeux de tout le monde pour en conserver le souvenir, il ne s'est néanmoins rencontré personne qui ait ozé entreprendre de le contredire ou de paroitre le révoquer en doute, bien que dès le tems de leurs expositions il y eust encore grand nombre de personnes vivantes, dont la naissance avait précédé le temps de ce grand miracle, qui, s'ils n'en avoient pas esté convaincues par leurs propres yeux, n'auraient pas manqué d'en faire connoître la supposition. Ce qui ne se trouvant pas, le silence qui a été gardé la dessus est une preuve bien convaincante de sa certitude ».

Nous en tenir à ces conclusions n'est point faire acte de crédulité, mais de véracité. Lorsqu'un fait est établi, pourquoi lui refuserait-on son crédit, parce qu'il se trouve être miraculeux ? En cette circonstance, il y a seulement une invitation à le regarder de plus près et non point un motif de fermer obstinément les yeux, à la façon de ceux qui se refusent à la lumière, de par un choix préconçu. Le miracle est possible, et il existe, nous le savons.

S'il est vrai, cependant, qu'on ne connaît vraiment bien que ce qu'on aime, et qu'on n'aime que ce dont on est digne, il est agréable de constater que l'âme de notre cité, par une inclination toute spontanée, s'est trouvée en accord avec la réalité du miracle lorsqu'elle lui fut offerte.

Il est à souhaiter qu'elle s'en montre toujours digne, par sa confiance toujours renouvelée en la vertu miraculeuse de la céleste protectrice de notre ville de Rennes (abbé Chuberre).

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