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NOTRE-DAME DES MIRACLES ET VERTUS

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SON CULTE A TRAVERS LES SIÈCLES

Après avoir fait la relation du miracle par lequel Notre-Dame délivra la ville de Rennes, en 1357, le R. P. Fautrel écrivait au XVIIème siècle : « De tout temps, le peuple de Rennes a donné à l'image de la Bienheureuse Vierge qui s'honore en cette église, le nom illustre et glorieux de Notre-Dame des Miracles, ou comme portent encore plusieurs vieils titres qui s'y conservent, Dame des Miracles et Vertus... ». Puis, après avoir fait allusion à l'inscription qui fermait la célèbre « mine », il poursuivait : « Ce monument éternel de gloire qui instruira la postérité pourra aussi renouveler, de nos jours, l'ancienne dévotion que Rennes, depuis tant de siècles, porte à cette dévote image de la Sainte Vierge ; étant à souhaiter qu'elle demeure toujours en nos coeurs aussi ardente et allumée qu'est le Cierge immortel brûlant nuit et jour devant cette Image, qui de tout temps a été le refuge du peuple de Rennes, en toutes ses nécessités publiques et particulières ; et nommément en temps de guerre... ».

Nous remarquions déjà que le grand miracle de Saint-Sauveur s'était produit en un temps où le culte de la Vierge Marie était en grand honneur. Charles de Blois, pour qui la ville de Rennes avait pris parti, était lui-même animé d'une pieuse dévotion à l'égard de la mère de Dieu. Après le célèbre prodige de 1357, Raoul de Tréal, qui, en 1361, monta sur la chaire épiscopale de saint Amand, n'eut qu'à diriger l'élan de la piété reconnaissante de son peuple. Chanoine de l'Église de Rennes, au moment du siège, de ses yeux il avait vu l'intervention de Marie, et, tout spontanément, son épiscopat fut empreint d'une particulière vénération envers la Vierge de Saint-Sauveur.

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LE « CIERGE ARDENT »

L'Inventaire de Gilles de Languedoc, fidèle résumé des titres de Saint-Sauveur prouve avec une autorité incontestable qu'antérieurement à l'année 1388 remontent la fondation du « Cierge ardent » et l'institution du Pèlerinage de Notre-Dame des Miracles et Vertus. En 1418, quand vivaient encore des témoins de la délivrance miraculeuse, de généreux fidèles, non satisfaits d'entretenir, à l'intérieur du sanctuaire, la « Chandelle de Notre-Dame », voulurent qu'à l'extérieur un second cierge, nuit et jour allumé, attestât la foi et la reconnaissance des Rennais.

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LE « PÈLERINAGE »

Dès cette époque, la Chapelle de Saint-Sauveur était devenue un lieu de pèlerinage. A certains jours de fête, telle était l'ardente piété des pèlerins qu'ils passaient la nuit au pied des autels, et que les trésoriers de Saint-Sauveur, pour ces veillées nocturnes, firent étendre une épaisse couche de paille. On lit dans les Titres de 1388, feuille 29 : « Il se faisait pour lors un achat de paille, de jonc et de feuillages, qu'on répandait aux grandes fêtes dans l'église ». L'usage en devait durer jusqu'à 1628.

Non seulement le souvenir des faveurs passées provoquait cet élan de piété mariale ; mais des bienfaits nouveaux en récompensaient et en renouvelaient sans cesse la ferveur.

Le pieux Albert de Morlaix, dans la Vie des saints de Bretagne signale, en faveur de Rennes, une nouvelle marque d'attention de la Madone, qui, pour avoir été moins éclatante, n'en parut pas moins providentielle.

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RENNES PROTÉGÉE A NOUVEAU, EN 1488

C'était aux derniers jours de juillet 1488, au lendemain de la funeste bataille de Saint-Aubin-du-Cormier. Le vainqueur des Bretons somma la capitale de la Bretagne, sous peine de subir le sort des villes prises d'assaut, de lui ouvrir ses portes. Soutenir un siège contre des ennemis dix fois supérieurs en nombre, Rennes n'était pas en état de le faire ; ne point résister, c'était faillir à l'honneur. Échevins et notables, avec tous les ordres de la cité, étaient fort perplexes. D'une voix commune, on s'adressa à la protection de celle qui ne portait pas en vain le nom de Dame et de Souveraine de la Cité rennaise. Pendant les quatre jours de répit accordés par l'orgueilleux sire de la Trémoille, le peuple de Rennes, avec ses magistrats en tête, courut, en foule, assiégeant, d'une piété suppliante, les autels de Notre-Dame des Miracles et de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle...

Aux sommations des assiégeants, les représentants de la ville, soutenus par leur confiance en Marie, répliquèrent avec une noble fierté de Bretons : « Malo mori quam fœdari ».

A considérer humainement la situation, c'était présomption imprudente et dangereuse. Pour quel motif, d'une manière inattendue, l'ennemi si puissant changea-t-il subitement de dispositions, et, au lieu de poursuivre sa victoire, rentra-t-il dans ses quartiers et signa-t-il, peu après, le traité de La Flèche, qui fut le prélude d'une paix définitive entre la France et la Bretagne ? Les Rennais, avec reconnaissance, notèrent la coïncidence entre leurs ferventes démonstrations à l'égard de Notre-Dame, et ce renversement inopiné dans le cours normal des événements.

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LA TRANSLATION DE LA STATUE EN 1658

Pendant tout le cours du XVIème siècle devait persévérer ce concours si grand des fidèles : le cierge brûlait toujours et les pèlerinages se succédaient. L'Inventaire de Gilles de Languedoc signale, en précise comptabilité, les dépenses occasionnées par cette affluence dévote, qui non seulement se maintenait du XVIème au XVIIème siècle, mais, de plus en plus, manifestait sa confiance, par des dons en faveur de la statue miraculeuse. Une « lampe d'argent ciselé du poids de trois marcs » était offerte en 1637 ; trois ans plus tard, c'était une somme de 245 livres pour réparer l'autel de la Vierge et une autre de 172 livres « pour la faczon d'un nouveau tableau de miracle de sa délivrance des Anglais ».

Outre ce courant ininterrompu de dévotion au XVIIème siècle, l'histoire nous a conservé le souvenir de manifestations d'un enthousiasme extraordinaire.

Telle fut la Translation de la Statue miraculeuse en 1658. Elle avait dû, lors de travaux commencés en 1653, être retirée momentanément de la place qu'elle occupait depuis des siècles. Selon l'ardent désir des fidèles, elle y fut solennellement remise le 7 avril 1658, au jour de la Passion. Toute la population de Rennes, prêtres, religieux, magistrats, bourgeois voulurent y prendre part ; et pour que l'ornementation de la Madone fût incomparable, d'illustres dames de la ville avaient offert leurs plus riches parures et les pierreries les plus brillantes. En voici le récit emprunté au témoin oculaire que fut, en l'occasion, le R. P. Fautrel, historien du Culte de Notre-Dame.

En une « Assemblée » qui avait eu pour but de préparer cette fête, il avait été « déterminé qu'on apporterait toute la Dévotion possible à cette action de Piété, et que même Messieurs de la Cathédrale et les Officiers de Monseigneur de Rennes seraient très humblement suppliez de l'authoriser, et d'y contribuer de leur part tout ce qui serait en leur pouvoir. Il ne fut pas difficile d'obtenir cette grâce de Personnes de mérite et de piété, dont est composé l'illustre chapitre de cette Cathédrale, qui reconnaît d'ailleurs la Sainte Vierge pour sa première patronne, sans préjudice de l'honneur qu'il rend à saint Pierre, titulaire de la Cathédrale... ».

Le jour venu, « vers les 10 heures du matin, la Procession de Saint-Sauveur partit de son église en fort bel ordre, la sainte Image de Notre-Dame, enrichie ce jour-là de tous les Brillans et Pierreries que les Dames de Rennes y contribuèrent de très grand cœur ; étant portée solennellement par quatre anciens Échevins, en habits de Cérémonie, accompagnez des Trésoriers de ladite Église, portant chacun en main un flambeau de cire blanche. Immédiatement après l'image, marchaient nombre de messieurs les Premiers officiers de ce Parlement, Présidens et Conseillers, comme aussi la plus part des messieurs du Présidial suivis d'une affluence extraordinaire de personnes de qualité, de l'un et l'autre sexe, outre une infinité de Peuple qui se trouva à cette pieuse cérémonie. On peut croire qu'avec tout cela, on n'oublia rien des menues gentillesses qui pouvaient rendre cette Action célèbre : On y fit marcher un choeur de jeunes Enfans vêtus lestement, et de toutes les manières qui pouvaient avoir quelque agrément, et entre-autres nombre d'Ecoliers du Collège des PP. Jésuites, y parurent superbement couverts, dont quelques-uns des plus considérables pour leur naissance, portoient de riches Guidons ornez de belles devises en l'honneur de la Sainte Vierge, sans parler des autres appartenant à la Ville, entremêlez de Fifres, Trompettes et Tambours qui sembloient faire revivre l'ancienne allégresse de Rennes, le jour de sa glorieuse délivrance, quand l'Anglais en fut repoussé. Et dans les Places publiques, on ne manque pas aussi d'y faire diverses magnificences, où le peuple s'intéresse fort : les salves de mousquetaires ayant eu bel effet en divers endroits par où cette dévote Procession passa. En ce bel ordre, elle se rendit à la Cathédrale, où la Sainte Image fut reçue avec tout plein de respect ; et après quelque station qu'elle y fit, pour donner lieu au peuple qui lui vint rendre ses devoirs : enfin, en plus grande pompe, elle fut rapportée en son Église, le Chapitre et tout le Clergé qui s'était rendu à Saint-Pierre, avec tous les Corps Religieux, l'accompagnant jusqu'à Saint-Sauveur, où tout le long de la journée, il y eut un concours extraordinaire à l'autel de cette dévote Image, qui depuis ce temps est en vénération plus que jamais... ».

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L'ÉRECTION D'UN NOUVEL AUTEL

Quelques années plus tard l'érection d'un nouvel autel, mis en projet vers 1666, provoquait les fêtes solennelles qui se déroulaient en 1669, et se prolongèrent pendant huit jours entiers, du dimanche 3 février au dimanche suivant. Fêtes civiles et religieuses à la fois, annoncées officiellement par « le canon et le gros horloge qui avaient commencé à jouer dès le samedi précédent ». La « grosse Françoise », à qui son poids de 20.000 livres et sa voix majestueuse valaient une renommée lointaine, avait entraîné toutes les cloches de la ville à battre comme des coeurs joyeux.

« Pendant huit jours, il y eut salut solennel chaque soir, et le 10, un fort beau feu de joie, advis la grande vitre de Saint-Sauveur... ». Comment la Vierge n'eût-elle pas été sensible à l'enthousiasme de son peuple ? Un témoin oculaire signale qu' « elle opéra en ces jours de grâce plusieurs miracles signalés ».

On eût dit qu'en cette deuxième moitié du XVIIème siècle, Marie plus que jamais fût reine et protectrice de la cité. Histoire et philosophie, science et art à l'envie lui tressaient une couronne de gloire. C'est à cette époque que le P. Fautrel composait son histoire, et avec lui, Gilles de Languedoc parle d'une thèse de philosophie qui fut consacrée, avec éclat, à l'éloge de Notre-Dame des Miracles.

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ÉRECTION DES CONFRÉRIES DE NOTRE-DAME DES AGONISANTS ET DE N.-D. DES MIRACLES

Autour de son autel, paré de toutes les grâces de l'architecture, selon les enjolivements les plus recherchés, la dévotion trouvait une nouvelle source dans la double érection des confréries de Notre-Dame des Agonisants et de Notre-Dame des Miracles. La première avait été approuvée en 1659, par un bref d'Alexandre VII ; la deuxième le fut par le pape Clément X, le 31 juillet 1670, en un document dont la teneur a été conservée et mérite de ne point tomber dans l'oubli. En voici quelques extraits : « Clément, pape dixième du nom. Pour perpétuelle mémoire. Comme, d'après ce qui nous a été rapporté, il y a dans l'église Saint-Sauveur de Rennes une pieuse et dévote confrérie de fidèles de l'un et l'autre sexe, ... sous le nom de Notre-Dame des Miracles et Vertus ; Comme, en outre, les frères et les soeurs de cette confrérie ont l'habitude de pratiquer de nombreuses oeuvres de charité et de piété ou se proposent de le faire. Nous, dans le désir de donner de jour en jour à cette confrérie de plus grands accroissements, confiant dans la miséricorde du Dieu Tout-Puissant, et dans l'autorité de ses bienheureux apôtres Pierre et Paul, nous accordons à tous et à chacun des fidèles du Christ qui entreront dans ladite confrérie : 1° Indulgence plénière de tous leurs péchés le jour de leur entrée, si, vraiment pénitents et confessés, ils reçoivent la Sainte Eucharistie. 2° Item. — Tous ceux, frères ou soeurs qui y sont inscrits ou s'y feront inscrire dans la suite, indulgence plénière à l'article de la mort, si, vraiment pénitents, confessés et nourris de la Sainte Communion, ou s'ils ne peuvent la recevoir, ayant le coeur contrit, ils invoquent dévotement le nom de Jésus de bouche s'ils le peuvent, ou au moins d'affection. 3° Item. — Tous les frères et soeurs présents et futurs de ladite confrérie qui, vraiment pénitents, confessés et nourris de la Sainte Eucharistie, visiteront chaque année dévotement l'Église, chapelle ou oratoire de la confrérie, le jeudi qui suivra le dimanche de la Sexagésime, des premières Vêpres au coucher du soleil, et y prieront pieusement pour l'union des princes chrétiens, pour l'extirpation des hérésies, et l'exaltation de notre mère la Sainte Église, nous accordons également miséricordieusement, au nom du Seigneur, indulgence plénière et rémission de leurs péchés ».

De même « quatre autres fois par année à certains jours de dimanche, de fête, ou autre dont le choix leur est laissé, une indulgence de sept ans et sept quarantaines » aux mêmes « confrères et consoeurs qui vraiment pénitents confessés et communiés, visiteront l'église, chapelle ou oratoire de la dite confrérie. Cette visite peut se faire depuis les premières Vêpres jusqu'au coucher du soleil du jour suivant. Toutes les fois que les membres de ladite confrérie assisteront à la messe ou à d'autres offices divins dans l'église, chapelle ou oratoire susdits ; toutes les fois qu'ils seront présents aux réunions privées ou publiques de cette même confrérie, en quelque lieu qu'elles tiennent ; quand ils accorderont l'hospitalité à des pauvres ; quand ils rétabliront la paix entre des ennemis, ou contribueront à cette bonne oeuvre, quand ils accompagneront à la sépulture leurs frères ou leurs soeurs ou toute autre personne ; s'ils prennent part à une procession faite par l'autorité ordinaire ; s'ils accompagnent le Saint Sacrement dans les processions publiques ou lorsqu'on le porte aux malades, en un mot toutes les fois qu'on le porte ; si, même étant empêchés par quelque obstacle, quand le son de la cloche donne le signal de ce rite, ils récitent une fois l'oraison dominicale et la salutation angélique, ou cinq fois les mêmes prières pour les frères et soeurs défunts ; si en outre, ils ramènent dans les voies du salut les hommes qui s'en écartent ; s'ils apprennent aux ignorants les commandements de Dieu et les choses nécessaires au salut ; si enfin, ils accomplissent quelque oeuvre de piété ou de charité, nous leur accordons à chaque fois une indulgence de 60 jours en la forme ordinaire de l'église, à compter sur les jours de pénitence qui auraient pu leur être enjoints. Toutes et chacune de ces indulgences, rémission des péchés et de pénitence, nous accordons qu'elles puissent être appliquées par mode de suffrage aux âmes des fidèles qui ont quitté cette vie, unies à Dieu par la charité. Les présentes garderont perpétuellemant leur valeur, quelque chose qu'on leur oppose... Donné à Rome, à Sainte-Marie-Majeure, sous l'anneau du pêcheur, le 31 juillet 1670, première année de notre pontificat... ».

C'était consacrer de l'autorité la plus vénérable le grand courant de piété qui, depuis trois siècles, coulait, ininterrompu, aux pieds de notre Madone.

C'était aussi, à considérer les circonstances de l'érection de cette Confrérie de Notre-Dame des Miracles et Vertus, orienter l'élan religieux de notre ville, vers la dévotion au Saint Coeur de Marie... et l'unir à la dévotion traditionnelle qui allait à la Vierge de Saint-Sauveur.

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SAINT JEAN EUDES A RENNES

Cette confrérie, en effet, avait pris naissance en plein coeur de la grande mission prêchée en 1670 par le père Eudes, l'apôtre des Saints Coeurs de Jésus et de Marie, et célèbre à la fois par sa durée, qui fut de cinq mois, et par l'enthousiasme de ses manifestations pieuses. Pour assurer le rayonnement de son oeuvre, l'ardent missionnaire avait pensé qu'il n'était point de moyen plus efficace que de la consacrer au Saint Coeur de Marie, en même temps qu'à Notre-Dame des Miracles...

Les âmes ferventes le comprirent, et pendant tout le XVIIIème siècle, continuèrent à se faire inscrire dans la Confrérie... La Révolution allait-elle anéantir cette vive impulsion de saint Jean Eudes ? En même temps que la tourmente passée, le culte de la Madone cherchait à retrouver sa splendeur ; tout le long du XIXème siècle, le souvenir de l'apôtre des sacrés Coeurs de Jésus et de Marie lui fut associé : il s'exprima d'abord en un vitrail, en attendant que sa statue fût érigée, en 1909, à l'occasion des fêtes de sa Béatification, et placée à l'entrée de la chapelle de Notre-Dame des Miracles. Un triduum de prières fut célébré, à cette occasion, les 15, 16, et 17 octobre, et au jour de la clôture solennelle, le panégyrique du Bienheureux fut prononcé par le R. P. Le Doré, supérieur de la Congrégation de Jésus et de Marie. Mgr Dubourg, archevêque de Rennes, qui présidait ces solennités remarquait, avec joie, qu' « après plus de deux siècles, la Confrérie en l'honneur de Notre-Dame des Miracles et Vertus subsistait dans sa première ferveur ».

« Lœtabunda canunt pie

Cuncta corda cor Mariae ! »

fut-il chanté en l'office de ce jour : « Que tous les coeurs remplis de joie chantent le saint Coeur de Marie ! ».

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SAINT LOUIS GRIGNION DE MONTFORT A SAINT-SAUVEUR

La voix d'un autre saint l'avait chanté en l'église Saint-Sauveur, en accents brûlants d'amour :

« Quam corde puro diligis

Matrem Dei castissimam... »

« Vous avez aimé, de tout votre coeur si pur, la très chaste Mère de Dieu ! ».

Cette voix, ce coeur brûlant, notre église en garde le souvenir toujours vivant, puisque le bienheureux Grignion de Montfort, lui aussi, a sa statue à l'entrée de la chapelle de Notre-Dame des Miracles... Et c'est bien la place qui lui revient : tant de fois durant sa vie terrestre, il y vint prier !

En 1685, à l'âge de douze ans, Louis Grignion de Montfort quittait sa ville natale pour le collège des Jésuites de Rennes. Et c'est chez son oncle Messire Robert de la Vizeule, prêtre sacriste de Saint-Sauveur, qu'il habita, comme pensionnaire, dans sa maison, toute proche de l'Église Saint-Sauveur, « au grand bout de Cohue ». Déjà, la vertu de l'enfant était assez significative, comme un prélude de sa sainteté future, pour que son oncle prêtre prît soin d'en noter les traits les plus édifiants en un recueil de souvenirs, malheureusement perdu... Toute spéciale, aussi, sa dévotion envers Marie, qui s'exerçait au « saint esclavage » et en cherchait la formule, vécue avant d'être prêchée et écrite en son célèbre Traité.

S'il aimait rendre visite à Notre-Dame de la Paix dans l'église des Carmes, rue Vasselot, à l'ombre du collège qu'il fréquentait, et s'agenouiller, encore, au sanctuaire Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, ce fut, pourtant, l'église Saint-Sauveur qui, le plus souvent, avec une assiduité toute régulière, reçut la visite de l'enfant et du jeune homme. Deux fois, par jour, il s'y mêlait à la foule des pèlerins, le matin quand il se rendait à ses cours, et le soir, avant de rentrer au logis. Sa piété l'y maintenait à genoux, parfois pendant des heures entières, en des colloques intimes dont son âme de missionnaire devait, un jour, révéler la secrète dévotion.

Lorsque à l'âge de vingt ans s'achevait sa « philosophie » et qu'il lui fallut choisir une carrière, Notre-Dame des Miracles fut sa plus sûre conseillère. « Un jour que dans un élan de filiale confiance, il avait offert à sa bonne Mère sa vie entière, la conjurant de l'éclairer sur sa vocation, il entendit distinctement, au fond de son âme, la réponse du ciel : " Tu seras prêtre ! ". L'ordre de Dieu était si clair que dès lors sa vocation fut fixée et que pas un seul jour, comme il le déclara plus tard, il n'eut la pensée d'en douter ».

Ainsi, cette plante délicate de sa vocation missionnaire, prit racine, aux pieds de la Madone, « tanquam lignum quod plantatum est secus decursus aquarum », sur le bord des eaux vives, aux sources sans cesse jaillissantes de la dévotion mariale, avant qu'elle ne devînt cet arbre vigoureux, dont la riche ramure s'étendit, puissante et bienfaisante, sur tout l'ouest de la France.

« Si la Vendée a son tombeau

 La Bretagne fut sa patrie ;

Elle est l'aurore de sa vie

Et la gloire de son berceau... »

chante un cantique en son honneur...

Là vraiment, aux pieds de Notre-Dame des Miracles, il reçut l'empreinte de cette dévotion mariale, dont il devait être l'apôtre ! Que de fois, près de cet autel qui avait charmé sa jeunesse, il devait revenir, aux hasards de sa vie errante de missionnaire, se prosterner devant l'image de Notre-Dame des Miracles et Vertus, dont il avait goûté l'aimable et irrésistible influence... Et si chère lui était l'église Saint-Sauveur que lorsqu'après les éboulements de 1682, il fallut reconstruire à neuf, l'illustre serviteur de Marie ne dédaignait pas, lors d'un célèbre sermon chez les religieux du Calvaire, d'aller dans l'assistance débordante, solliciter, le bonnet carré à la main, l'aumône pour la restauration d'un sanctuaire où s'accrochaient les plus délicieux souvenirs de sa pieuse jeunesse !

Aussi eût-il aimé que la ville de Rennes, évitât toute ingratitude à l'égard de sa céleste protectrice, et s'arrachât à toute frivolité. Ce n'était pas vers 1714, et l'apôtre, dont la vigoureuse parole prêchait la pénitence, voulait y porter remède. Mais pour repousser son message, Jansénistes et mondains surent faire l'accord. Vivement peiné, Grignion de Montfort s'éloigna, mais sans oublier ces dérèglements de Rennes, que son coeur ulcéré fustigea en un cantique de dix-sept couplets :

« Adieu, Rennes, Rennes, Rennes

On déplore ton destin.

On t'annonce mille peines.

Tu périras à la fin,

Si tu ne romps pas les chaînes,

Que tu portes en ton sein...

Tout est en réjouissance :

Monsieur est au cabaret,

Mademoiselle à la danse

Et Madame au lansquenet,

Où chacun fait sa bombance

Et sans croire avoir mal fait

On y passe la journée

Dans la rue ou dans les jeux

L'Église est abandonnée

Son séjour est ennuyeux.

Une heure y semble une année.

Ah ! pleurez ! pleurez mes yeux ! ».

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L'INCENDIE DE 1720

Est-il vrai que le terrible incendie qui devait en 1720 faire tant de ravages à Rennes ait été prédit à l'avance par le célèbre missionnaire, comme un châtiment du ciel ?

Une tradition l'affirme, et une curieuse complainte qui s'intitule « Epitaphe de la Grosse Horloge de la Ville de Rennes », oeuvre du Père Candide de Saint-Pierre, Carme du couvent de la ville, se trouve d'accord pour insinuer pareille prophétie.

« Pleurez, Rennais, votre dommage ;

Pleurez votre renversement !

N'irritez pas Dieu davantage,

Crainte d'un plus grand châtiment ! »

Nostradamus lui-même, avec une précision peu ordinaire, aurait prédit le terrible incendie, en des vers sibyllins qui lui sont attribués :

« En 1720, la grosse Françoise tombera

Et Rennes brûlera... »

S'il faut en croire un curieux « Almanach Journalier pour l'an de grâce 1706, par Nostradamus », aimablement remis, par un vénérable chanoine, ami du sanctuaire, aux Archives de Saint-Sauveur, la Vierge des Miracles avait, au moins, retenu son attention : « Avec le mouvement des Planettes » dans les « Antiquetez de la Ville de Rennes », on peut y lire le récit du « miracle arrivé à Saint-Sauveur ».

En cet épouvantable cataclysme, prédit ou non, seule, au milieu des décombres de la vieille église Saint-Sauveur, complètement détruite, fut préservée des flammes, la statue si vénérée, et ce fait raviva, avec la foi de la cité, sa confiance surnaturelle. Elle devint, dans la détresse, au milieu de ce vaste embrasement qui dans toutes les directions portait partout le deuil et la destruction, un gage assuré de l'intervention prochaine de Dieu. On vit, dix fois peut-être, les flammes envelopper de leurs lueurs sinistres des églises et des maisons religieuses, puis s'en éloigner soudain comme par respect pour un ordre venu d'en haut.

Le quartier de Saint-Sauveur, centre de l'incendie, avait, certes, été le plus maltraité, mais la Vierge, au milieu des ruines fumantes, devint l'objet de tous les regards.

Pendant qu'on transportait à l'Église des Augustins, la statue miraculeuse, écrit le narrateur contemporain, Gilles de Languedoc, le peuple se prosternait devant elle, les larmes aux yeux, criant : « Miséricorde, sauvez-nous du feu ! ». C'est à cette sainte Mère du divin Sauveur qu'on attribua les épaisses ténèbres qui parurent le sixième jour et étouffèrent finalement le feu.... Un tableau commémoratif devait en marquer le souvenir, en accomplissement d'un voeu, et le perpétuer jusqu'à nos jours — comme un témoignage fidèle de la bienveillance maternelle de Marie envers notre cité.

Ainsi, même au XVIIIème siècle, alors que le ciel allait s'assombrissant sur l'Église de France, la confiance des siècles précédents continuerait d'être aussi vive en Notre-Dame des Miracles et Vertus. « La Providence, écrit un historien, a voulu que les rares procès-verbaux et récits de miracles qui nous sont parvenus — derniers débris du chartrier paroissial — se réfèrent tous à cette époque », comme pour montrer que l'incrédulité environnante ne cheminait point si facilement, chez nous, face à la céleste protectrice de la cité.

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LES GUÉRISONS MIRACULEUSES DE MARIE RICHELOT ET DE MADELEINE MORICE

Deux éclatants miracles signalèrent la vertu, toujours actuelle, de la Vierge de Saint-Sauveur, l'un en date du 18 février 1842, l'autre en 1761.

Le premier fut la guérison de Marie Richelot. Atteinte aux jambes d'une infirmité incurable, elle en fut guérie durant la messe célébrée à l'autel de la Vierge. L'événement a, pour le sauver de l'oubli, été fixé sur la toile d'un peintre inconnu, apposée comme ex-voto, parmi tant d'autres du même genre qui tapissaient les murs de Saint-Sauveur, avant la Révolution et qui ont disparu.

L'autre miracle, plus célèbre encore, est celui dont nous trouvons le récit dans la vie de Madeleine Morice, imprimée à Vannes, en 1850.

Madeleine Morice n'était qu'une humble paysanne morbihannaise, mais l'une de ces fleurs, cependant, dont la présence embaume son pays et son temps, et laisse, après elle, un arôme spirituel. Sa vertu fut telle qu'elle rayonne, encore, en réputation de sainteté dans cette église de Porcaro où elle fut inhumée, au pays de Ploërmel. Elle y est invoquée, de nos jours, comme une sainte.

Toute jeune, domestique chez une arrière-petite-fille de l'héroïque Bertrand de Saint-Pern, qui, d'après la tradition rennaise descendit le premier dans la mine anglaise au soir du 8 février 1357, elle avait été imprégnée, en cette famille d'une tendre confiance envers Notre-Dame des Miracles et Vertus.

Ce n'est point, ici, l'heure de rappeler sa vie, toute rayonnante de pureté, toute illuminée d'influences surnaturelles. Nous avons seulement à relater de quelle attention miraculeuse elle fut l'objet de la part de Marie, en son sanctuaire de Saint-Sauveur.

« Au mois d'octobre 1760, raconte un historien, la pauvre fille fut atteinte d'une plaie à la jambe que les médecins ne tardèrent pas à déclarer incurable. En conséquence, il fut résolu que l'on procéderait à l'amputation du membre gangrené et jour fut pris à ce dessein... Sans perdre courage, Madeleine Morice se mit à implorer l'assistance de la Vierge de Saint-Sauveur, dont les prodiges lui étaient connus. Pour mériter plus efficacement sa protection, elle se fit porter un jour devant l'autel miraculeux, et y entendit la messe avec une foi et une piété qui ne pouvaient manquer de faire violence au Ciel. C'est ce qui arriva en effet, car au moment où la malade se levait pour approcher de la sainte table, elle s'aperçut que la jambe gangrénée ne lui faisait plus sentir aucune douleur et se prêtait à tous les mouvements que la volonté réclamait. La guérison avait été instantanée et radicale. Madeleine Morice fut pour toujours délivrée de cette plaie, qui était sans remède aux jugements des hommes de l'art. Le miracle en question, soumis à l'épreuve d'une enquête juridique, en sortit victorieux et mérita, à la suite de cet examen, d'être inscrit sur les registres de Saint-Sauveur ».

La miraculée, à deux reprises, devait revenir aux pieds de l'autel de Notre-Dame des Miracles pour exprimer sa reconnaissance et solliciter des grâces nouvelles.

La première fois, ce fut en juillet 1766. Il est raconté dans sa biographie que « Madeleine quitta à regret l'église Saint-Sauveur. Les larmes aux yeux ; elle prit congé de sa Bonne Mère, et de sa peine, elle se faisait une sorte de scrupule. La Sainte Vierge est au ciel, disait-elle, et on peut la prier partout ».

La dernière fois qu'elle revint à Rennes fut en septembre 1768, si épuisée « par un mal de poitrine affreux qu'on ne lui aurait pas donné plus de quinze jours à vivre. C'est en cet état qu'elle se rendit à Saint-Sauveur, qu'elle y passa deux heures en extase devant l'autel de Notre-Dame des Miracles. La Bonne Mère, raconte son biographe, vint s'entretenir avec son enfant. Elle mit maternellement la main sur sa poitrine malade... Son épuisement qui était extrême, et son mal de poitrine disparurent comme par enchantement... ». Madeleine Morice devait saintement mourir quelques mois plus tard, en la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, le Vendredi de la semaine de la Passion de l'an 1769.

Le souvenir des faveurs extraordinaires que la Vierge de Saint-Sauveur lui témoigna est devenu, pour nous, lointain, mais là-bas, en pays de Ploërmel, des milliers de pèlerins cherchent, chaque année, auprès des reliques de la privilégiée de Notre-Dame des Miracles les consolations dont ils ont besoin, et si nombreuses, depuis un siècle et demi ont été les guérisons produites sur sa tombe que les murs de l'église de Porcaro disparaissent sous les béquilles et les ex-voto.

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APRÈS LA RÉVOLUTION DE 1789

Trente ans après la mort de Madeleine Morice, en 1789, éclatait la Révolution, qui, progressivement, allait s'attaquer à la religion chrétienne et aux manifestations de son culte. La dévotion à Notre-Dame des Miracles devrait, aussi, fidèle, mais discrète, n'avoir longtemps d'autre asile que le secret des coeurs. Là sa flamme ne s'éteindrait point — et, la tourmente finie, son vif éclat, de lui-même, rayonnerait à nouveau dans la ville et la région de Rennes.

Nous empruntons au « Livre d'Or de Notre-Dame des Miracles », publié en 1925 l'histoire de cette époque allant de la Révolution à nos jours.

Nulle église ne fut plus odieusement souillée par la Révolution que l'église de Saint-Sauveur, puisque c'est là que fut célébrée, le 19 janvier 1794, la première fête en l'honneur de la déesse Raison !

Objet d'abord de quelques égards spéciaux, — parce que, hélas ! elle était l'un des centres du schisme constitutionnel, — elle n'en vit pas moins sa pieuse Confrérie « décrétée d'abolition » ; et, dans les jours les plus mauvais, la statue miraculeuse elle-même fut mise en pièces et disparut sans retour.

Une ordonnance de M. l'abbé Le Surre, Vicaire capitulaire (le siège vacant, par la démission de Mgr de Maillé), rétablit la Confrérie, le 4 avril 1805.

Une ordonnance de Mgr Saint-Marc, en date du 4 novembre 1862, en reconnut à nouveau officiellement les indulgences et privilèges.

M. Lelièvre était alors — depuis deux ans — curé de Saint-Sauveur. Sans doute pensait-il déjà au rétablissement de la Statue et de l'Autel qu'avaient renversés les vandales de 1793. Toutefois, ce fut après la guerre qu'il s'en occupa efficacement.

Il en avait parlé avec ses vicaires ; et, en 1871, nous le voyons, d'accord en cela avec Mgr Saint-Marc et M. le chanoine Brune, traiter avec le Bénédictin dom F. Plaine, — le pieux historien du Culte de la Sainte Vierge à Rennes, — de la restauration du culte de Notre-Dame des Miracles et de la confection d'une nouvelle statue de la Vierge Miraculeuse.

La statue fut artistement refaite par le sculpteur Goupil ; l'autel fut relevé ; en face fut placé un vitrail parlant, où était raconté par un habile pinceau l'événement de 1357.

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RESTAURATION SOLENNELLE DU CULTE, EN 1876

Le dimanche 13 février 1876, eut lieu l'inoubliable cérémonie de la restauration solennelle de Notre-Dame des Miracles et Vertus.

Le compte rendu de la fête fut écrit par un ancien vicaire de la paroisse, M. l'abbé Joseph Guérard, secrétaire général de l'Archevêché.

« La fête de dimanche dernier avait un double but : l'expiation d'abord, et ensuite la restauration solennelle d'un culte séculaire, que la malice des hommes avait pu interrompre, mais non effacer entièrement.

Nous attendions beaucoup des habitants de Rennes et nous en avions le droit. Nous attendions beaucoup de la paroisse privilégiée de Marie. Elle ne pouvait être ingrate, et elle l'eût été, si sa piété ne s'était manifestée avec enthousiasme...

Depuis longtemps, la paroisse Saint-Sauveur attendait ce jour béni... Elle avait préparé à Marie un trône digne de ses bienfaits : témoins la magnifique verrière, le charmant autel de marbre blanc, l'élégante grisaille, dons des paroissiens ; la gracieuse garniture de chandeliers, les candélabres dorés, etc..., offerts par de pieuses mains qui savent si délicatement faire le bien.

Dès le samedi, les cloches de toutes les paroisses et des communautés religieuses saluaient de leurs joyeuses volées la Reine de la Cité, qui allait y rentrer en triomphe, et chacun se réjouissait de lui faire cortège le lendemain ; et cependant, une neige abondante, liquéfiée par le dégel, rendaient nos rues à peu près impraticables. On commençait même à se demander s'il ne serait pas plus sage de supprimer la procession annoncée : elle semblait impossible. La vieille foi bretonne parla plus haut que tout autre considération, et la fête a eu lieu telle qu'elle avait été annoncée. La réparation a été complète, et certes la Vierge bénie a dû avoir pour ses enfants rennais un souvenir spécial, car rien n'a pu les décourager.

Le dimanche, à 10 heures, une foule considérable se portait à Saint-Sauveur, ou une messe solennelle devait être chantée par M. l'abbé Aubrée, doyen de Notre-Dame de Vitré, enfant de la paroisse...

Mais hélas ! le ciel qui avait paru vouloir se montrer moins sombre, devenait de plus en plus menaçant, cependant que les maisons de la place Saint-Sauveur, des rues Duguesclin, de Clisson, du Chapitre, d'Orléans, d'Estrées, etc..., se pavoisaient aux couleurs de Marie ».

On voulait décidément braver l'inclémence du temps.

A 4 heures, en effet, prêtres et fidèles étaient aux pieds de Notre-Dame des Miracles et Vertus, dont la statue reposait au choeur de la Métropole sur un brancard décoré de soie blanche et de lys d'or...

« Vous appellerez ce jour célèbre et saint, s'écrie S. E. le Cardinal-Archevêque, Mgr Saint-Marc ; il sera pour vous un souvenir et vous le solenniserez éternellement ».

« Le cortège se met en marche, à travers la foule, malgré la pluie, car tous avaient compris qu'il s'agissait d'une expiation, et d'une rentrée triomphale...

A l'entrée de l'église Saint-Sauveur, la statue est reçue par Son Éminence le Cardinal-Archevêque, et le clergé. Au chant du Magnificat, elle est reposée sur son trône. Et l'affluence continue, toute la semaine, aux pieds de la Madone ».

Le curé qui succéda à M. Lelièvre en 1891 — M. le chanoine Th. Hévin — avait hérité de son zèle pour la gloire de Notre-Dame des Miracles.

En 1896 il inaugura un Triduum — de prédications et de prières — préparatoire à la fête, ... très suivi chaque année et toujours très fructueux. — Ce Triduum fut prêché la première fois par M. l'abbé Léon Thébault, — mort Trappiste sous le nom de Père Léonard, — qui, les années suivantes, voulut bien consacrer ses derniers loisirs parmi nous à écrire « l'Histoire de Notre-Dame des Miracles », extraite pour la période ancienne de l'ouvrage de dom Plaine, enrichi lui-même de larges emprunts faits au P. Fautrel.

Le curé fit revivre aussi l'usage antique du Costume, dont il savait que la Vierge de Saint-Sauveur avait été parée jusqu'en 1789.

Il fit adopter comme fête secondaire de Notre-Dame des Miracles la fête de la Maternité de la Sainte Vierge (2ème dimanche d'octobre).

Mais surtout il avait obtenu, à la date du 22 janvier 1898, l'approbation, pour le clergé de la paroisse, d'un Office propre, que venait de composer avec tout son coeur un ancien vicaire de Saint-Sauveur, M. le chanoine Joseph Guérard.

La même année, l'auteur devenait évêque de Coutances. Immédiatement après son sacre, — le 2 février suivant, — il avait tenu à venir présenter ses hommages à la Madone bien-aimée. Il emportait du reste son Image dans ses armes, et devant l'autel il laissait à sa place une lampe allumée, chargée de veiller nuit et jour pour lui, sa vie durant, devant Notre-Dame des Miracles et Vertus. (abbé Chuberre).

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