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NOTRE-DAME DES MIRACLES ET VERTUS

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LE COURONNEMENT DE NOTRE-DAME DES MIRACLES ET VERTUS

A la gloire de Notre-Dame des Miracles il ne manquait qu'une chose : la Couronne. Elle la reçut de Rome, par les mains de Mgr Dubourg, archevêque de Rennes, le 25 mars 1908. Voici quelques extraits du Procès-verbal de ce couronnement : « En ce temps-là, le Pape Pie X étant à Rome glorieusement régnant, et Mgr Auguste Dubourg, archevêque de Rennes ; M. le chanoine Théodore Hévin, curé-doyen, et MM. Allain, Lagrée, Templé, vicaires de Saint-Sauveur, il se passa dans cette paroisse un fait dont le souvenir doit rester à jamais gravé dans tous les coeurs : le Couronnement de Notre-Dame des Miracles et Vertus ».

« En vue de l'affluence inusitée des fidèles, — amenés plus nombreux encore par le Congrès Marial et le Couronnement de Bonne-Nouvelle, — l'église de Saint-Sauveur avait été, pour le maintien du bon ordre, mobilièrement transformée et supérieurement organisée par les soins intelligents d'un aimable habitué de l'endroit, M. l'abbé Leduc. Dans le choeur, deux places d'honneur seulement : celle de Mgr l'Archevêque de Rennes, délégué du Pape pour la cérémonie, et — en face — le trône provisoire de la statue à couronner. Mais, dans le transept, le choeur se prolongeait en une vaste estrade de même niveau, destinée à recevoir les sièges des Evêques ; et, un peu partout, des barrières avaient été ingénieusement établies pour la sauvegarde des places réservées, toutes disposées à prêter leur ferme appui aux Commissaires de bonne volonté qui avaient accepté la lourde charge de canaliser les groupes et de maintenir à leurs rangs les différentes catégories d'assistants. Au-dessus de ces détails tout matériels, l'église — par des mains habiles et délicates — avait été l'objet d'une décoration élégante, sobre et du meilleur goût.

D'immenses banderoles rouges frangées d'or retombaient de la voûte en deux ressauts qui les amenaient sans raideur jusqu'aux colonnes de l'église, le long desquelles elles s'ornaient de magnifiques guirlandes de roses. D'amples écussons, appendus aux points les plus en relief, portaient les armes de la Bretagne et de la ville de Rennes, ainsi que les armoiries de Mgr l'Archevêque ; — celles du Souverain Pontife ayant été, comme de juste, posées à l'entrée même de l'église, au portail extérieur de l'édifice.

Mais c'était surtout à l'autel de Notre-Dame des Miracles que la décoration avait pris les plus somptueuses proportions et les tons les plus éclatants. — Au fond, derrière la statue, un riche baldaquin couronné, dont l'ample manteau royal semblait s'étendre de chaque côté en draperies dorées formant rétable. Au-dessus, de souples guirlandes de fleurs, dont les corolles magiques, dès que la Reine apparaîtra sur son trône, vont étinceler de mille feux. — Le tout dans ce ton parfait où l'on sent que la main des artistes a été guidée par le goût impeccable d'un architecte de talent, qui ne veut rien laisser aux caprices hasardeux de la fantaisie.

Au milieu du choeur, la Vierge des Miracles, posée sur le brancard de procession, attend que des prêtres viennent la soulever sur leurs épaules, — comme autrefois les anges sur leurs ailes, au jour du triomphe de son Assomption.

En face, Mgr l'Archevêque prend place au trône pontifical, près duquel se tiennent, à côté des grands-vicaires, deux camériers de cape et d'épée, MM. de Montenon et du Pontavice.

Le long de la balustrade, deux archevêques :

Nosseigneurs DELAMAIRE, archevêque de Métymne, coadjuteur de Cambrai, et GUILLOIS, archevêque de Pessinonte ;

Dix évêques :

Nosseigneurs ROUARD, évêque de Nantes ;

DE BONFILS, évêque du Mans ;

GUÉRARD, évêque de Coutances ;

RUMEAU, évêque d'Angers ;

LAVEST, préfet apostolique du Kouang-Si ;

GOURAUD, évêque de Vannes ;

GRELLIER, évêque de Laval ;

MÉREL, préfet apostolique de Canton ;

MORELLE, évêque de Saint-Brieuc ;

DUPARC, évêque de Quimper ;

A leur suite, cinq protonotaires apostoliques : Nos Seigneurs GODIN, SALLOT DE BROBÉQUE, SAINT-CLAIR, BAURON, DE DURFORT ; et un camérier de Sa Sainteté : Mgr BOURDON.

Puis, aux chaises qui leur ont été réservées, MM. les Membres du vénérable Chapitre métropolitain et 80 chanoines du diocèse et des diocèses voisins ; — et, à la suite, MM. les Doyens et les autres membres du clergé, par centaines.

Enfin, en tête des assistants laïques, les représentants catholiques du département à la Chambre et au Sénat, M. le Maire et les Conseillers municipaux de la ville de Rennes, et, au banc d'oeuvre, les Conseillers paroissiaux : MM. Julien Marcille, Aulanier, de Bourgerel, d'Antin et Félix Guillemot ».

« Mais la Procession est en marche : on sort de l'église. Et, au fait, est-ce bien procession qu'il faut dire ? Si vous entendez par là l'ample développement d'un défilé parfaitement correct, soucieux de maintenir régulièrement ses lignes et de les dérouler avec aisance dans le vide impressionnant de rues que les spectateurs ont dû préalablement évacuer, non ce ne fut pas, dans ce sens, une procession modèle. — Mais s'il vous plaît de penser à ces marches triomphales, aussi lentes et empêchées que populaires et glorieuses, où le héros de la fête, porté sur les bras de la foule, s'avance péniblement, aux remous du flot qui ne cède qu'à regret et non sans avoir d'abord pris contact avec l'objet de son admiration, oui vraiment la procession de Notre-Dame des Miracles fut une admirable démonstration et un triomphe hors de pair. J'ignore comment la tête du cortège s'est frayé un chemin, mais enfin elle est passée. Du reste, aujourd'hui, ce n'est pas elle qu'on regarde, ce qu'on veut voir, c'est la Sainte Vierge ».

« La Sainte Vierge, la Madone, Notre-Dame des Miracles, la voici ! — " Ah ! qu'elle est belle la bonne Vierge ! Ah ! qu'il est beau le petit Jésus ! " — Voilà ce qu'on entendra des centaines de fois, des milliers de fois, tout le long du parcours. — Et vraiment oui elle est belle. Elle a si bon visage, elle est si ravissante dans sa robe de satin rose, si majestueuse dans son grand manteau de velours bleu brodé d'or, aux revers blancs semés d'hermines noires, et enrichi par surcroît tout récemment des pierres fines qui n'avaient pu trouver place dans les couronnes ! Oui il est beau le petit Jésus. Il a si jolie figure d'enfant souriant, si brillante collerette à sa robe de satin ivoire, avec les deux parures de mariées qui sont venues l'orner ces temps-ci !

Jésus et sa Mère, la Vierge des Miracles ! eh ! sans doute on les connaissait déjà depuis longtemps, pour avoir bien souvent prié à leurs pieds. Mais on n'était pas habitué à les voir de si près, en plein jour. Et rien de tel qu'un beau rayon de soleil pour mettre en relief et la finesse du visage et la magnificence de la parure ; rien de tel que l'allure de marche pour inspirer à la statue un air de vie, une apparence d'animation, avec son voile qui flotte au gré du vent. Et quel port de reine ne lui donne pas le pavois d'honneur sur lequel elle est élevée ! ».

« Huit prêtres en dalmatiques, quatre recteurs et quatre vicaires à tour de rôle, la soutiennent sur leurs épaules. Les recteurs sont trois pasteurs du Doyenné : MM. Grimault, de Saint-Jacques ; Leray, de Noyal ; Robert, d'Orgères, et un ancien vicaire de la paroisse, M. Raval, recteur de Sixt. Les vicaires, quatre prêtres de Rennes : MM. Salmon, de Saint-Hélier ; Robert, de Notre-Dame ; Champ, de Toussaints, et Thébault, de Saint-Etienne. Parés des ornements de fête, les prêtres de la paroisse, au milieu desquels un ancien vicaire, M. Piron, précèdent leur Madone. Immédiatement devant elle marche M. le Curé, portant religieusement sur un coussin de velours la couronne qu'à la rentrée on va poser sur la tête de la Vierge. — O vous qui le voyez passer, regardez-le bien le bon Curé : jamais plus, si ce n'est au Ciel, vous ne le verrez aussi heureux ; c'est tout l'air, il m'en souvient, qu'avait son prédécesseur, le vénéré M. Lelièvre, il y a plus de 32 ans, au jour de l'intronisation de sa chère statue de Notre-Dame des Miracles, — celle-là même qu'on honore aujourd'hui.

Près du Pasteur se tiennent deux anciens vicaires : MM. les chanoines Bonnelière et Delalande, portant l'un la couronne du petit Jésus et l'autre le cierge commémoratif de la cérémonie.

A leurs côtés, parés de riches dalmatiques, marchent les trois vicaires de la paroisse, prêts, quand il faudra, à leur donner main-forte et à les soulager momentanément de leurs précieux fardeaux.

Mais qu'est ceci, bonne Sainte Vierge ! Les morts seraient-ils en train de ressusciter, et les chevaliers du temps passé vont-ils se rassembler de nouveau à l'appel des cloches de Saint-Sauveur ? Eh ! oui, c'est bien eux que je vois. Regardez vous-mêmes ; voilà­-t-il pas Du Guesclin-Poivrel et Saint-Pern ­de Montenon et Penhoët de la Broise ?... et douze autres encore, dont je ne saurais dire au juste les noms d'autrefois.

Ils sont précédés eux-mêmes par une douzaine de tout mignons petits pages, qui portent le plus gentiment du monde leur gracieux costume Henri II, et arborent aussi haut qu'ils peuvent la bannière bleue au chiffre de la Vierge des Miracles.

Quant à l'habile prestidigitateur, — au thaumaturge plutôt, — qui a opéré cette résurrection, voyez ce fier capitaine qui accompagne sa troupe, l'air si heureux et l'oeil si vigilant (le commandant de la Bigne de Villeneuve), c'est par ses soins intelligents et dévoués qu'ils ont été armés en chevaliers.

Tant bien que mal on a fait la trouée dans la foule, — opération presque aussi difficile, mais beaucoup moins meurtrière que la trouée d'autrefois ; — on vient de franchir, au long des tentures de fête qui la bordent, la rue de Clisson ; on passe sous les dômes gracieux des rues de Toulouse et Lafayette, — décorations de Fête-Dieu, et c'est justice, puisque c'est toujours pour Jésus... et sa Mère. A la suite de l'excellente musique de Saint-Martin, on s'avance au chant des cantiques populaires, que des voix ardentes suggèrent à la foule ; et, par la rue d'Estrées, en parure de fête elle aussi, on arrive à la place de la Mairie.

La place ! c'est une façon de parler ; car vraiment, de place proprement dite — entendez de sol apparent, macadam ou pavé — il n'y en a plus du tout ; mais uniquement une forêt de spectateurs, plantés là depuis des heures, pour y être au bon moment, et qu'il n'est guère facile de déraciner, ne fût-ce que pour les reporter provisoirement à deux pas en arrière.

Mais après tout, pourquoi les repousser ? Ne sont-ils pas de la fête eux aussi ? Ou, pour mieux dire, n'est-ce pas de leur présence même qu'est fait aujourd'hui cet immense cortège d'honneur ? — Et puis ils sont tous si convaincus, si pieusement attentionnés, si délicieusement émus ! Pas un mot qui détonne ; pas une attitude qui ne soit celle du plus filial respect. Devant la Vierge qui passe ils ouvrent de grands yeux, et aussi devant ceux qui la suivent, doyens, chanoines et prélats ; mais c'est avec dévotion qu'ils s'inclinent sous la main des douze pontifes, — douze Apôtres de Notre-Dame des Miracles, — qui précèdent l'Archevêque de Rennes, et qui comme lui, mitre en tête et crosse en main, ne cessent de répandre sur la foule attendrie le rayonnant sourire de leur joie et l'infatigable geste de leur paternelle bénédiction.

Et tout alentour, du haut des balcons ou du rebord des mansardes, on s'associe de même à la pieuse manifestation. Oh ! les fenêtres ! qui donc a prétendu qu'elles avaient été inventées pour faire voir dans l'intérieur des maisons ? Aujourd'hui du moins elles ne servent qu'à une chose : c'est à permettre de voir dehors. Mais, décidément, c'est bien ici la fête des Miracles : ni dans l'espace ni dans le temps rien n'est comme d'ordinaire ! Tout à l'heure c'était le passé qui revivait ; à présent ce sont les monuments qui se mettent en marche ! Et c'est ainsi qu'au bas de la place de la Mairie, — qui n'existait plus à ce que j'ai dit, — nous passons sous la porte Mordelaise, qui n'a pas précisément pour habitude de se trouver là ! N'empêche qu'on aurait pu s'y méprendre, tant elle y avait été admirablement reconstituée.

La rue Volvire, la rue Beaumanoir étaient fort richement tendues. Quant à la place du Calvaire, elle était comme toutes les autres, comme toutes les rues, noire de monde. Rue de Montfort, également fort belle, la voie se rétrécit encore s'il se peut. On rentre ; et là, dans l'église, c'est tout juste le strict passage. La Vierge n'en arrive pas moins à son trône, et sitôt qu'elle y est érigée, Mgr Rumeau, évêque d'Angers, monte en chaire ».

« S'inspirant du texte des Cantiques : " Veni de Libano, sponsa mea, veni de Libano ; veni, coronaberis ", l'éloquent Pontife, en un langage aussi oratoire que théologique, nous fait voir dans le couronnement d'une Madone un symbole, une représentation du couronnement de la Vierge Marie dans les cieux, de celui où chacune des trois Personnes divines intervient à l'envi pour poser sur son front une triple Couronne : Dieu le Père la Couronne de Gloire ; Dieu le Fils la Couronne de Puissance ; Dieu le Saint-Esprit la Couronne de la Vénération des siècles. Cette dernière pensée amène tout naturellement l'orateur à faire le panégyrique de Notre-Dame des Miracles et Vertus ; et, dans ce jour béni d'un couronnement qui est " comme une reconnaissance officielle des prodiges de miséricorde " opérés par sa puissante intervention, il termine en nous invitant chaleureusement à lui adresser un acte de confiance et une dévote prière ».

« Enfin l'heure est venue du Couronnement solennel ! Pour y procéder canoniquement, Mgr l'Archevêque de Rennes est accrédité par des Lettres de Rome. Le texte officiel en est conservé aux Archives de Saint-Sauveur, ainsi que le texte des Lettres qui accordent pendant sept ans, aux conditions ordinaires, une Indulgence plénière, applicable aux âmes du Purgatoire, à tous ceux qui, le 25 mars (anniversaire du couronnement) — depuis la veille jusqu'à la fin du jour — visiteront l'église de Saint-Sauveur et l'autel de Notre-Dame des Miracles, et y prieront aux intentions du Souverain Pontife.

Mandataire attitré du Pape, Mgr Dubourg bénit d'abord un cierge votif, puis il procède à la bénédiction des Couronnes... D'une voix vibrante et joyeusement émue, il entonne le " Regina cœli " — qui est le chant de circonstance, même en carême ; — et tandis que les voix des séminaristes en poursuivent avec art les suaves modulations, il gravit allègrement les degrés du trône, et va poser la couronne sur le front du petit Jésus et sur celui de sa divine Mère...

Trop sombre le tableau ! dit quelqu'un à côté de moi. — Mais, ô merveille, voici qu'au même instant un cercle de lumières vient soudain auréoler la Madone et fait étinceler de mille feux les couronnes, dont il dessine à tous les yeux la gracieuse silhouette.

La cérémonie touche à sa fin. Au chant triomphal du Te Deum, — que vient d'entonner le Pontife président, — Mgr l'Archevêque de Métymne, coadjuteur de Cambrai, se prépare à donner le Salut, — que la Schola du Grand Séminaire va chanter avec son habituelle maîtrise, — cependant que, séance tenante, les Archevêques et Evêques, les Prélats, les Autorités civiles et les principales Notabilités ecclésiastiques ou séculières, qui ont assisté à la fête, signent le présent Procès-Verbal, destiné à en conserver le souvenir.

Fait à Rennes, dans l'église paroissiale de Saint-Sauveur, en la fête de l'Annonciation de la Très Sainte Vierge Marie, le 25ème jour du mois de mars de l'an de grâce 1908, dans le Cinquantième Anniversaire et au jour même de l'apparition à Lourdes de " l'Immaculée Conception ".

 

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MANIFESTATIONS DE LA PIÉTÉ POPULAIRE AU COURS DES FÊTES DU COURONNEMENT

Le même Livre d'Or de Notre-Dame des Miracles décrit les manifestations de la piété populaire qui suivirent cette solennité :

« Il faut avoir vu, pour s'en faire une idée, les inénarrables scènes de piété familière dont l'église de Saint-Sauveur fut le théâtre dans la soirée du 25 mars. A peine le clergé avait-il quitté le sanctuaire, — en même temps qu'au dehors la jeunesse électrisée s'attelait au carrosse de l'archevêque, pour le traîner à force de bras jusqu'au palais archiépiscopal, — les fidèles commencèrent à se porter en masse vers la Madone, restée encore sur le trône provisoire du couronnement. — Pour la regarder de plus près ? pensez-vous. — Mieux que cela, pour la toucher de leurs mains ; pour baiser sa robe, pour l'embrasser elle-même !... Etait-ce suffisamment conforme au protocole ? C'est ce que l'on s'empressa d'aller demander à M. le Curé. Mais lui de répondre en souriant : " Que voulez-vous ? je crois qu'ils la prennent réellement pour la bonne Vierge ! ". Toutefois, l'exubérance même de cette dévotion trop expansive risquant de devenir dangereuse, on se décide à établir des barrages qui ne permettent plus l'accès sur le marchepied du reposoir. Mais la foule n'en continue pas moins de défiler autour de la Vierge couronnée. Et c'est une procession ininterrompue de chrétiens — de chrétiennes surtout — émus jusqu'aux larmes, qui au passage baisent si elles le peuvent le bord du manteau, y portent au moins la main ou en approchent des objets de piété. Et puis, après, on ne se résigne toujours pas à quitter l'église. On y reste, on s'y entasse, aussi près que possible de la Douce Image ; et, même encore de loin, on la contemple, et on lui parle et on la prie.

Oh ! qui saura jamais les grâces obtenues à cette heure de foi et d'amour ! " Sainte Mère de Dieu ! si vous le voulez vous pouvez la guérir ", lui dit une mère en larmes près de sa fille désolée, dont les oreilles inertes ne perçoivent même pas les bruits de la fête ; et de pieux échos ne tardent pas à rapporter que, comme son divin Fils, la Vierge des Miracles a bien fait toutes choses... et qu'elle a fait entendre les sourds... Mais l'heure de la dernière réunion approche. Va-t-on au moins obtenir des assistants qu'ils se laissent enlever leur Madone, pour qu'elle puisse être reportée à sa chapelle, à sa vraie place ?... On réussit à leur faire comprendre que ce n'est qu'une translation, — et seulement de quelques minutes ; — et de fait, quelques instants après, ils ont la joie de l'admirer sur son autel, encadrée de guirlandes de fleurs, et toute ruisselante, aux reflets de la lumière électrique, des éclats de l'or et du feu des pierreries... Alors commence, sous la présidence de Mgr Guérard (l'évêque de Notre-Dame des Miracles) assisté de ses deux frères, la cérémonie de clôture. En quelques mots bien sentis, le prédicateur de la station quadragésimale, le R. P. Van den Brule, nous fait contempler au ciel la triple auréole des Vierges, des Martyrs et des Docteurs, — dont il convient souverainement de parer la Très Sainte Vierge. La psallette de la paroisse chante avec beaucoup de talent sa cantate, ses cantiques et ses hymnes liturgiques... Jésus, le vrai — celui de l'Hostie — nous bénit... et cette fois c'est bien fini ; il faut sortir. Et de voir ainsi fermer les portes de l'église, ce serait sans doute la première tristesse de la journée, si la plupart de ceux qui s'en vont n'avaient la consolation de pouvoir se dire : Je reviendrai... Au revoir, ma Mère ! A bientôt... A demain !. Et le lendemain on est revenu, — et les trois jours suivants, — remercier, prier... et contempler les couronnes, exposées à l'admiration et à la vénération des fidèles... Et l'on revient encore... et toujours on reviendra ; car toujours il y aura des hommages nouveaux à rendre à la Vierge des Miracles, toujours des grâces nouvelles à obtenir de sa bonté, — comme toujours elle aura à coeur de nous combler de nouvelles tendresses et de nouveaux bienfaits ».

 

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DE 1914 A NOS JOURS

Le 8 septembre 1912, dans la chapelle agrandie et transformée, par les soins de M. Couasnon, l'autel richement restauré fut consacré en même temps que l'église.

Deux ans plus tard, le dimanche 13 décembre 1914 (en la solennité de l'Immaculée Conception), c'est cette ÉGLISE CONSACRÉE qui fut choisie comme Station de passage devant la Vierge couronnée, au cours de cette inoubliable Procession de pénitence que l'inclémence du ciel rendit si méritoire.

Le 28 avril 1916, elle était élevée par S. S. Benoît XV au rang de BASILIQUE MINEURE ; et à cette occasion le Pape nommait PROTONOTAIRE APOSTOLIQUE MGR HÉVIN, qui venait de célébrer ses Noces d'or sacerdotales, et dont le zèle n'avait cessé de s'employer depuis 25 ans à Saint-Sauveur à la plus grande gloire de Notre-Dame des Miracles.

On était alors au triste milieu de la guerre. L'église ne désemplissait plus, — surtout la travée qui prend vue sur l'autel de la Madone ; — les uns venant, hélas ! pleurer silencieusement leurs morts aux pieds de la Mère des Douleurs ; d'autres, plus nombreux, Dieu merci ! prier pour ceux qui étaient encore vivants ; et bien peu s'en retournaient sans avoir allumé un cierge votif à l'autel de la Perpétuelle Confiance.

La paix signée, ce fut le tour de « marbres » sans nombre, dont le plus beau et le plus éloquent — le Tableau des Morts de la Paroisse — a pris place lui aussi sous le regard de Celle qui fut là-bas leur consolation et leur suprême espérance.

Parmi les retours heureux, fut au milieu de nous, celui de Mgr CHAROST, - auquel la mort du Cardinal Dubourg devait laisser sans beaucoup tarder la charge totale du diocèse.

Ayant mis dès l'abord son Ministère Episcopal sous la garde de la Très Sainte Vierge, — per ipsam, cum ipsa, in ipsa, — maintes fois ce fut à Notre-Dame des Miracles que Sa Grandeur vint redemander le mot d'ordre, en attendant d'avoir à lui faire bientôt les honneurs de sa pourpre cardinalice.

Le 8 février 1924, Son Eminence se donnait la joie d'apporter au vénérable Curé de Saint-Sauveur un nouvel OFFICE - COMPLET celui-là — de Notre-Dame des Miracles et Vertus que sa puissante entremise avait enfin obtenu de Rome.

Lors de la fête de l'année suivante, sous la présidence cardinalice, le chant de la Messe et des Vêpres (sur notation de Solesmes) fut solennellement inauguré, avec un jeune Evêque de chez nous comme Officiant - MGR GUICHARD - un dévot lui aussi de la Madone, dont il avait emporté jusqu'à son Diocèse du Haut-Congo l'Image aimée, dans ses Armoiries épiscopales.

En cette fête de grande liesse, Mgr Hévin, se remémorant les 34 années de son ministère à Saint-Sauveur, proclama n'avoir plus rien à désirer sur la terre...

Mgr Hévin mourait le 18 mars 1926, au jour du 60ème anniversaire de sa première messe. C'est dans la chapelle de Notre-Dame des Miracles que le prélat défunt fut enterré, et sur la pierre de marbre blanc qui fait pendant à celle de M. Lelièvre, on a gravé ces mots : « In hoc sacello ope suà ditato B. Mariae V. imaginem corona ditavit Ejusque cultum mirabiliter ampliavit ».

Jamais éloge ne fut mieux mérité, écrit M. le Chanoine Raison, historien de Notre-Dame des Miracles. « C'est autour de la douce Madone que gravita la vie entière du curé disparu. De tous ses efforts, l'extension du Culte de Notre-Dame des Miracles fut toujours l'un des principaux. A tel point que ce qu'il fit pour l'église devait encore, dans sa pensée, avoir sa répercussion sur le pèlerinage qu'il choyait et qui devenait de plus en plus cher à tout le diocèse ».

Depuis 1923, M. l'abbé Lagrée, ancien vicaire de Saint-Sauveur, était devenu curé auxiliaire, et devait maintenir et développer le culte de la Madone couronnée. Il est bien significatif qu'à sa demande, fut composée par M. le Chanoine Raison, cette oraison qu'approuva et enrichit de 100 jours d'indulgence Son Excellence Mgr Mignen, archevêque de Rennes et qui résume l'ardente et toujours actuelle ferveur des pèlerins.

« Souvenez-vous, très douce Vierge Marie, de tous ceux qui depuis sept cents ans, sont venus vous prier au pied de Votre Autel en vous appelant Notre-Dame des Miracles et Vertus ».

En septembre 1933, M. le Chanoine Lagrée faisait placer, au portail principal de Saint-Sauveur ce nouveau tympan que déjà nous avons mentionné, et qui porte les Armes de la Basilique, à la gloire de la Vierge Mira­culeuse et de Saint-Sauveur.

Était-ce un présage de la nouvelle destination de cette église ? En 1939, elle allait cesser d'être paroissiale, pour n'être plus que le sanctuaire de la Vierge.

Depuis la fin du XIXème siècle, maintes fois avait été posée la question du transfert de la paroisse à la Métropole. Et il semble bien que seul le fidèle attachement des paroissiens à leur Basilique Saint-Sauveur, si pleine de souvenirs et si intime en son recueillement, ait retardé le projet. Son Excellence Mgr Mignen, archevêque de Rennes, attendait l'occasion de le réaliser. Elle lui fut offerte par la mort de M. le Chanoine Lagrée.

Le 14 janvier 1939, il publiait une Lettre pastorale au sujet « du transfert du siège de la paroisse Saint-Sauveur à la Métropole et ordonnance sur les conditions de ce transfert ». Aux avantages qu'il énumérait, il signalait qu'on opposerait sans doute « la crainte de voir s'amoindrir le culte séculaire rendu à Notre-Dame des Miracles et Vertus dans l'insigne basilique Saint-Sauveur ». — « Laissez-nous vous rassurer, écrivait-il. En ce qui concerne ce culte, rien ne sera changé. Le sanctuaire aimé et vénéré restera ce qu'il est, ouvert à tous les paroissiens de la cathédrale et à tous les fidèles de la Ville. Vous y viendrez et nous y viendrons avec vous, animés de la même ferveur et de la même confiance, prier la Madone bien-aimée qui nous rappelle la grande dévotion de saint Jean Eudes et aux pieds de laquelle le bienheureux Louis-Marie Grignion de Montfort a peut-être trouvé l'admirable secret de la " Vraie Dévotion ". Non, aucun changement n'interviendra à ce point de vue. Le sanctuaire sera confié aux soins de M. l'Archiprêtre et de ses Vicaires, dont l'habitation est contiguë. Ils seront chargés d'y assurer la célébration des messes chaque matin, spécialement le dimanche, d'y entendre les confessions, d'y célébrer certains offices, d'y continuer les exercices du mois de Marie, du mois du Rosaire. Surtout, ils y donneront la même solennité que par le passé à certaines fêtes de la Sainte Vierge, particulièrement à la grande Fête du 8 février, et à son Triduum.

Nous dirons même plus. Il nous semble pouvoir espérer un nouveau développement de la Dévotion à Notre-Dame des Miracles et Vertus. L'insigne basilique étant désormais réservée aux manifestations de son Culte, celles-ci ne seront nullement gênées par le service paroissial, ce qui leur permettra de prendre plus d'ampleur, parfois sous Notre Présidence, et avec le concours de Notre Grand Séminaire. Les fidèles y accourront plus nombreux de tous les points de la ville, surtout de la paroisse agrandie de Saint-Sauveur, dont la Basilique restera le joyau... ».

Le 15 janvier 1939, M. le Chanoine Amand Peltan, directeur des OEuvres Féminines Diocésaines, après avoir été installé comme chanoine titulaire, l'était comme curé-archiprêtre de la Métropole. La personnalité du nouveau pasteur devait faciliter cette transition qui n'allait pas sans résistance, en ses adaptations. C'était une âme d'apôtre, « ignis ardens », assez rayonnante pour animer la vie paroissiale, en son nouveau foyer, et pour maintenir en la Basilique Saint-Sauveur le courant de la piété mariale.

En 1939, à nouveau, voici la guerre ! « Nos supplications si ardentes chaque soir, écrit-il, n'ont rien pu contre la folie des hommes... La population est atterrée. Il n'y a pas le courage ni l'élan religieux de 1914. On a l'impression du désarroi... Cependant, on prie. Chaque soir, le chapelet est récité, les trois premiers jours à la Cathédrale, les autres jours à la Basilique. Trois à quatre cents personnes y assistent...

17 juin 1940, jour de deuil pour la ville de Rennes. Le bombardement de la gare — plaine de Baud — atteint un train chargé de munitions. Il est 9 heures et quelques minutes. La ville semble secouée, comme d'un formidable tremblement de terre. A la Basilique, le groupe des fidèles qui commençaient une neuvaine à Notre-Dame des Miracles est affolé. Pourtant, un certain nombre continuent vaillamment la récitation du chapelet. La déflagration a été telle que tous les vitraux de la Basilique ont été " soufflés " de l'intérieur vers l'extérieur... ».

Sous l'occupation allemande, qui commence à Rennes le 18 juin 1940, l'église Saint-Sauveur doit être mise à la disposition des aumôniers et des soldats catholiques des troupes occupantes.

Cette présence peu désirable n'empêche cependant pas le culte marial, et en 1941, du 5 au 8 février, le Triduum traditionnel, prêché par Mgr Even, recteur de la Basilique de Pontmain, dépasse en succès toutes les espérances, tant la confiance cherche un refuge en Notre-Dame des Miracles, et attend, d'elle, la libération... Au 8 février, l'assistance déborde à l'extérieur, sur toute la place Saint-Sauveur.

M. le chanoine Peltan s'était donné à plein.

Hélas ! après les durs mois d'adaptation et d'organisation, la guerre avec son cortège de bouleversements, le départ de deux de ses vicaires, le surcroît de travail qui en était résulté, l'impossibilité de réaliser ses plus apostoliques projets que les circonstances se chargeaient de jeter par terre, comme châteaux de cartes, tout cet ensemble d'efforts et d'épreuves eût vite raison d'une santé déjà chancelante.

L'ardent et vénéré pasteur devait mourir le 17 juin 1943. C'était au cours d'un Triduum de prières organisé pour demander à la Vierge la préservation de la Cité, déjà éprouvée par deux violents bombardements. Il avait commencé le 16 juin. Pendant que les foules se succédaient à la Basilique, silencieusement, M. Peltan offrait ses dernières souffrances et unissait sa prière à celle des Rennais. Ses forces diminuaient visiblement : « La Sainte Vierge viendra vous chercher pendant le Triduum, lui dit-on. — Oui », répondit-il simplement.

Le jeudi 17, au moment où dans la Basilique une assistance débordante, suspendue aux lèvres de l'un de ses vicaires dévoués, méditait les mystères douloureux du Rosaire, il entrait en agonie, et vers 20 h. 30, comme le note sa biographie, « alors que l'ostensoir bénissait la foule, M. le Curé, avec ses paroissiens, inclinait la tête en une adoration suprême et remettait sa belle et sainte âme entre les mains du Christ Jésus ».

M. le Chanoine Martin, professeur de théologie morale au Grand Séminaire lui succédait — à la fois comme curé-archiprêtre de la Métropole, et comme gardien de la Basilique Saint-Sauveur. Sa dévotion envers la « Bonne Mère du Ciel », tout spontanément, en cette année qui précéda la libération et fut si souvent traversée de l'épouvante des bombardements, sut inviter les paroissiens à mettre leur confiance dans la Vierge Miraculeuse et à chercher un abri réconfortant sous son manteau maternel.

Il sut répondre aux initiatives, prises en 1943, par son Excellence Mgr Roques, archevêque de Rennes, de mettre notre cité, déjà si éprouvée, sous la garde de Notre-Dame des Miracles et de Notre-Dame de Bonne nouvelle. Un voeu avait été fait en juin : « Nous Archevêque, Chapitre et Curés de Rennes, émus par les preuves qui se sont abattues sur la ville en ces derniers temps, avons pris la résolution d'organiser un Triduum de prières spéciales en vue d'obtenir de la Très Sainte Vierge la grâce d'être préservés à l'avenir de pareilles catastrophes. A cette supplication générale nous demandons à tous nos fidèles de participer avec un grand esprit de foi et de confiance. En retour, nous promettons solennellement de renouveler, après la cessation des hostilités pendant une durée de cinq ans et dans la dernière semaine de mai ou la première de juin, ce Triduum qui sera alors la prière de l'action de grâces. Nous espérons que Notre-Dame des Miracles et de Bonne Nouvelle entendra la voix suppliante de ses enfants et nous comptons que ceux-ci seront fidèles à leur engagement. Le Triduum aura lieu mercredi, jeudi et vendredi de cette semaine... ».

En 1944, ce voeu était renouvelé, et Monseigneur l'Archevêque venait, à cette occasion, célébrer la messe à l'autel de Notre-Dame des Miracles. La délivrance était proche.
Le 4 août 1944, les Américains faisaient leur entrée à Rennes, précédée d'une nuit d'épouvante « pendant que les ponts, minés par les Allemands en fuite, sautaient au milieu du fracas des explosions, et que s'écroulaient dans leur voisinage tant de maisons. La population avait cherché abri dans les caves et il n'y eut pas de victimes ».

« Malgré toutes ces ruines, note M. le Curé-Archiprêtre, le vendredi 4 août, 1er vendredi du mois, fut un jour d'allégresse, qui se prolongea par le Te Deum solennel, à la métropole, le dimanche 13, et la visite du Général de Gaulle, le lundi 21 ; et aussi, par une confiance plus grande en Notre-Dame des Miracles. Celle-ci, en effet, nous avait préservés du pire, c'est-à-dire d'un bombardement de la ville au cas où les Allemands auraient résisté. Les Américains nous l'ont dit. D'ailleurs Notre-Dame des Miracles a voulu partager le sort de ses enfants en permettant que tous les vitraux de son sanctuaire soient réduits en miettes, plus encore que le 13 juin 1940, par l'explosion des ponts ».

L'année suivante, c'était les triomphales fêtes du grand retour de Notre-Dame de Boulogne, qui, partout, comme un pèlerinage ambulant, suscita un grand courant d'enthousiasme et de piété. La Madone faisait son entrée chez nous le 6 avril 1945 : « Par des routes où le printemps avait semé des écailles de bourgeons, la paroisse de Chantepie avait amené la Vierge qu'attendait, en tête de tout son clergé, Son Excellence Monseigneur Roques, archevêque de Rennes, mitre en tête, crosse en main et portant la chape d'or. Derrière la croix de bois du Grand Retour, portée par des délégations de paroisses, se rangent les enfants des écoles, les scouts, louveteaux, croisée, les jocistes, jacistes. Des jeunes gens entourent Notre-Dame de Bonne Nouvelle qu'escorte une garde de petits pages. Des Bretons en costume suivent le " Voeu d'Argent ", des hommes portent sur leurs épaules la statue de Notre-Dame des Miracles qui sur un trône décoré d'arums et d'oeillets, apparaît revêtue du manteau bleu et or. C'est la première fois depuis 1908 que la Madone quitte son autel embrasé de cierges de l'église Saint-Sauveur ».

Il convenait, en effet, que la protectrice de la cité eût sa part de louange dans l'enthousiasme de ces triomphales manifestations envers Marie !

Le vendredi 29 juin 1945, Monseigneur l'Archevêque revenait célébrer la messe à son autel, pour « appeler à notre aide le secours tout-puissant de la Vierge, pour le succès de la reconstruction spirituelle, morale et matérielle de notre pays, victorieux depuis le 8 mai 1945, mais cruellement meurtri par la guerre et les rigueurs de l'occupation ». Et c'est encore aux mêmes intentions, qu'en cette année 1947, revêtu de sa pourpre, Son Éminence le Cardinal Roques a bien voulu accepter de présider les fêtes solennelles du 8 février, dans la Basilique Saint-Sauveur.

Vers Notre-Dame des Miracles et Vertus se tournent toujours nos regards inquiets, au spectacle d'un pays qui cherche son équilibre sans le trouver, et attend, dans la souffrance, cette tranquillité de l'ordre auquel il aspire... Dans leurs angoisses matérielles et morales, les habitants de Rennes et des environs continuent, avec empressement de demander aux pieds de Notre-Dame des Miracles et Vertus, la confiance et le réconfort. Que de prisonniers, de retour, après s'être mis sous sa garde, sont venus lui exprimer leur reconnaissance du foyer retrouvé, lui dire les secrets de leur amour inquiet, pour qu'il refleurisse, sous son regard, en des coeurs trop longtemps séparés ! Que d'ex-voto, en souvenir des grâces obtenues ! Que d'implorations, par lesquelles, au pied de l'autel de la Madone, toutes les misères humaines modulent leur plainte, redisent leurs angoisses et sollicitent un apaisement !

Que de lumières et d'espérances, puisées là, dans le secret de la prière, et que d'élans vers une vie meilleure ! Du matin jusqu'au soir, les Rennais fidèlement ; des alentours, aussi, de nombreux visiteurs, en un courant qui jamais ne s'interrompt, viennent saluer leur chère Madone...

Pour la prier, bien sûr ; mais encore pour la regarder, comme dans le poème de Claudel : « Il est midi. Je vois l'église ouverte. Il faut entrer. Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier. Je n'ai rien à offrir et rien à demander. Je viens seulement, Mère, pour vous regarder. Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela, Que je suis votre fils et que vous êtes là... Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes. Ne rien dire, regarder votre visage, Laisser le coeur chanter dans son propre langage... Parce que vous êtes belle... Parce que vous m'avez sauvé, parce que vous avez sauvé la France... Parce qu'à l'heure où tout craquait, c'est alors que vous êtes intervenue... Parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie, simplement parce que vous existez, Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée ! ».

Ainsi, dans la Basilique Saint-Sauveur, au cœur de la cité rennaise, sans cesse s'entretient et se ravive la flamme, symbolisée dans le cierge votif, du souvenir et de l'ardente confiance, comme le constatait déjà, dans son poème latin de 1719, le R. P. Brillon : « Ut vivat semper memorandi gratia pacti ; Ut discant seri et stupeant tua dona nepotes ; Fax accensa tuis semper servabitur aris, Et veluti nunquam immortalis flamma peribit, Sic corde aeternum civis servabit amorem ».

« Pour qu'à jamais de ce prodige se perpétue le souvenir reconnaissant, pour qu'avec émerveillement la postérité sache la grandeur de tes bienfaits, nous voulons, ô vierge puissante, qu'à ton autel, toujours, soit allumé un cierge fidèlement entretenu. Jamais ne s'éteindra sa flamme sans cesse ravivée, et elle sera l'image, en nos coeurs, d'un amour immortel ». (abbé Chuberre).

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