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LE GRAND SEMINAIRE DE RENNES

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Avant la Révolution.

Le concile de Trente ordonna dans chaque évêché la création d'un Grand-Séminaire, mais ses décrets sous ce rapport ne furent exécutés dans notre diocèse qu'au XVIIème siècle. C'est Mgr de la Motte Houdancourt, évêque de Rennes, qui songea le premier sérieusement à créer un établissement de ce genre. Il projetait de l'établir à Billé, près de Fougères, lorsqu'il fut en 1661 transféré du siège de Rennes sur celui d'Auch, ce qui l'empêcha d'exécuter son dessein.

Son successeur à Rennes, Mgr de la Vieuville, résolut d'exécuter en partie ce projet, mais voulut avoir son Séminaire dans sa ville épiscopale. Tout d'abord il demanda au roi et obtint de lui des lettres patentes approuvant la fondation d'un Grand-Séminaire à Rennes ; ces lettres furent datées du mois de mai 1662.

Mgr de la Vieuville fit en conséquence, en 1665, l'acquisition de deux maisons avec jardins, situées entre la rue Basse et la rue d'Echange, appartenant à Jean Aulnette sieur de la Grennelais et à Gillette Monneraye sa femme ; — puis d'une autre maison également avec jardin, sise rue d'Echange et propriété de Jacques Frangeul sieur de la Brosse et de Jeanne de la Touche sa femme. L'évêque de Rennes paya tous ces immeubles 22,300 livres (Archives départ. d'Ille-et-Vilaine, 6. G. 1).

Sur les entrefaites, le R. P. Eudes étant venu en 1669 prêcher avec un grand succès à Rennes une mission qui ne finit qu'en 1670, Mgr de la Vieuville résolut de confier la direction de son futur Séminaire à la congrégation des prêtres de Jésus et Marie fondée par ce saint missionnaire. Par acte du 8 mars 1670, l'évêque fit donation au P. Eudes des biens indiqués ci-dessus ainsi que des meubles nécessaires à l'établissement du Séminaire ; il lui alloua, en outre, une somme de 2,000 livres pendant six années consécutives. Mais il stipula en même temps que la congrégation de Jésus et Marie aurait toujours à Rennes au moins cinq prêtres et quatre frères pour tenir le Grand-Séminaire, élever les élèves et donner des missions dans le diocèse. Il autorisa toutefois le supérieur général de la congrégation à nommer le supérieur du Grand-Séminaire de Rennes, et permit dans cet établissement la célébration solennelle avec octaves des fêtes des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie (Archives départ. d'Ille-et-Vilaine, 6. G. 1).

C'est ainsi que la fête du Divin Cœur de Jésus a pu être célébrée à Rennes avec solennité dès 1670, c'est-à-dire plusieurs années avant que la B. Marguerite-Marie eut sa première révélation à ce sujet.

Les bâtiments acquis pour le Grand-Séminaire n'étant pas en bon état, les Eudistes obtinrent des Etats de Bretagne, dès 1671, une somme de quatre mille livres qu'ils employèrent à reconstruire l'une de ces maisons ; c'est celle qui existe encore le long du côté oriental de la rue Basse ; ses petites ouvertures grillées rappellent sa destination religieuse.

En 1674 diverses transactions et échanges se firent entre l'évêque de Rennes d'une part et le chapitre et quelques seigneurs de l'autre ; de ces derniers relevaient féodalement, en effet, les biens acquis par Mgr de la Vieuville, et la mouvance de ces biens fut transférée directement à l'évêque.

Depuis cette époque jusqu'en 1686 le Grand-Séminaire s'arrondit, agrandissant peu-à-peu ses dépendances ; il acquit successivement diverses petites maisons situées le long de la rue d'Echange, et quelques autres vers la rue Saint-Louis ; la majeure partie de ces immeubles lui fut vendue par Julien Chévrier, sieur du Verger, pour la somme de 5,500 livres. Il acquit aussi, par acte du 12 octobre 1687, pour 9,000 livres de Charles Ferret, conseiller au Parlement, une maison nommée le Pélican, acompagnée d'un jardin et sise rue Saint-Louis (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 6. G. 1).

Dans cette maison du Pélican se trouvait un vaste jeu de paume ; les Eudistes approprièrent cette salle pour en faire une chapelle plus grande que celle qui leur avait servi jusqu'alors ; cette dernière continua toutefois d'être employée pour les exercices privés de la Communauté ; mais les offices publics se firent désormais dans la nouvelle chapelle (Communication du R. P. Haudebourg, eudiste). Nous ignorons malheureusement sous quels vocables étaient ces deux sanctuaires. Le plus récent et le plus vaste existe encore quoique sécularisé ; sa façade tournée vers la rue Saint-Louis conserve encastrée dans la maçonnerie une tablette de marbre noir sur laquelle on lit l'inscription suivante qui fait connaître la date de la bénédiction de l'église : NON EST HIC ALIUD NISI DOMUS DEI ET PORTA CŒLI. (Gen., 28) — 1690.

Un aveu du 20 août 1694, rendu par le Grand-Séminaire au Seigneur de Montbarot, de qui relevait la maison du Pélican, nous fait voir qu'à cette date « l'église du Séminaire, cy-devant jeu de paume » était achevée, qu'elle avait des deux côtés des chapelles plus basses que la nef, et que sa longueur était de 92 pieds sur 31 de largeur. Suivant ce même acte on venait de bâtir au nord de l'église une sacristie dont la couverture affectait la forme d'un dôme.

Ce fut un peu plus tard que fut construit le vaste hôtel servant aujourd'hui d'hôpital militaire. La première pierre de cet édifice fut posée le 16 septembre 1724, par Pierre Perrin, vicaire général de Mgr Le Tonnelier de Breteuil. Mais les travaux durèrent longtemps et paraissent avoir continué jusque sous l'épiscopat de Mgr Bareau de Girac ; car, si l'on en croit la tradition, ce fut seulement du temps de cet évêque et par ses soins que furent terminées les ailes de ce beau corps-de-logis (M. Quesnet, Mélanges hist. et archéolog. de Bretagne, II. 82).

Désirant avoir une maison dans la campagne environnant Rennes, les Prêtres du Grand-Séminaire achetèrent, vers 1684, de René de Kerret, seigneur de Quillien, la maison seigneu-riale de Champagné et ses dépendances, le tout situé dans la paroisse de Pacé. Outre cette terre ils possédaient aussi en 1776 dans cette même paroisse la métairie de l'Etang.

Pour payer ces acquisitions, plusieurs personnes charitables durent mettre leur bourse à la disposition du Grand-Séminaire. Nous voyons, en effet, bien des donations faites en sa faveur : Gilles de Gain, chanoine et grand-chantre de Rennes, lui donna en 1680 sa métairie de Vermiscelle en Nouvoitou ; le chanoine Claude Ferret lui légua sa bibliothèque en 1727 ; Mgr de Beaumanoir, Mme du Boisfévrier et bien d'autres lui témoignèrent leur intêrêt en faisant en sa faveur de pieuses et libérales fondations (Archives départ. d'Ille-et-Vilaine, 6. G. 1, 5, 6).

Mais parmi les plus généreux bienfaiteurs du Grand-Séminaire, il faut compter les deux derniers prieurs de S.-Sauveur-des-Landes, Jérôme de Bragelonne et Jean Gravois : ces deux prieurs commendataires résignèrent, l'un après l'autre, leur bénéfice fort important en faveur du Séminaire. L'abbé de Marmoutiers, de qui dépendait Saint-Sauveur, refusa d'approuver la résignation de Jérôme de Bragelonne, mais il fut forcé de donner son consentement à celle de Jean Gravois. Les Bénédictins de Marmoutiers, suivant l'exemple de leur abbé, approuvèrent eux-mêmes, le 7 juillet 1700, l'union définitive du prieuré de Saint-Sauveur-des-Landes au Grand-Séminaire de Rennes, que vinrent confirmer, en 1701, une ordonnance épiscopale de Mgr de Beaumanoir et des lettres patentes de Louis XIV [Note :  Les Eudistes affermaient, en 1788, leur prieuré de Saint-Sauveur 4,200 livres].

L'on est peut-être surpris de voir qu'en fondant son Grand-Séminaire l'évêque de Rennes ne réclama de la congrégation de Jésus et Marie que cinq prêtres pour tenir cette maison ; encore les chargea-t-il de faire des missions dans son diocèse. C'est qu'avant la Révolution les Séminaires différaient beaucoup de ceux de nos jours. A cette époque les Grands-Séminaires étaient habituellement, selon l'esprit primitif de leur institution, non pas des centres d'étude, mais des maisons de pieuse retraite, où les jeunes élèves et les nouveaux prêtres passaient quelques mois dans la paix et les exercices spirituels, les uns pour se préparer à la réception des saints Ordres, les autres pour s'initier à la science de la direction des âmes et du gouvernement des paroisses. On n'y donnait donc pour l'ordinaire aucun autre enseignement que celui qui a pour but de former les ecclésiastiques au chant, aux cérémonies, à l'administration des sacrements et aux diverses fonctions curiales. Quant aux cours de théologie ils se faisaient le plus souvent dans les Universités très nombreuses alors, ou dans les grands collèges comme celui de Rennes ; parfois aussi certains recteurs enseignaient eux-mêmes dans leurs presbytères la théologie aux jeunes clercs de leurs paroisses ou des paroisses voisines.

Voilà comment cinq prêtres pouvaient, en 1670, suffire à la direction du Grand-Séminaire de Rennes. A leur tête furent souvent des hommes éminents, tels que le P. Blouet de Camilly, le saint ami du P. Eudes, qui inaugura l'établissement, — les PP. Jacques du Douit et Vincent Beurier, dont la vie si édifiante a été écrite par l'abbé Tresvaux (Vie des Saints de Bretagne, V. 1, 453) — et enfin le P. Guillaume Morin qui, chassé du Grand-Séminaire par la Révolution, revint à Rennes dès qu'un peu de calme le permit, pour y reprendre avec le vénéré P. Blanchard la direction des jeunes élèves du diocèse [Note : La Révolution s'empara des bâtiments du Grand-Séminaire de Rennes et en fit l'Hôpital militaire actuel].

Depuis la Révolution.

Nous avons dit précédemment que les Eudistes tenaient le Grand-Séminaire de Rennes lorsqu'éclata la tempête révolutionnaire ; maîtres et élèves furent alors dispersés. Quand revinrent des jours un peu plus calmes le P. Pierre Blanchard, eudiste et ancien supérieur du Petit-Séminaire de Rennes, quitta l'Espagne, où il avait cherché un refuge contre la persécution, et rentra à Rennes dès la fin de 1797. Etant vicaire général de Mgr Bareau de Girac, alors le seul évêque légitime de Rennes, il chercha aussitôt à combler les vides que la Révolution avait faits dans le sanctuaire et réunit dès 1798 autour de lui quelques élèves tant humanistes que théologiens.

Le P. Blanchard trouva d'abord un asile chez M. Talhouet de Brignac, ancien conseiller au Parlement de Bretagne, dans l'hôtel duquel il resta caché pendant un certain temps, n'osant encore se montrer trop ouvertement. Mais en 1800 il crut pouvoir s'installer avec quelques jeunes gens à la Mettrie, maison de campagne située près de Montgermont, à peu de distance de Rennes. En 1801 il afferma tout près de là la Hautière, en Saint-Grégoire, y trouvant un logement plus convenable pour ses élèves. « M. Blanchard était là tout à la fois supérieur, économe, professeur d'humanités, de philosophie et de théologie ; en même temps, en qualité de vicaire général, il gouvernait seul le diocèse de Rennes, plaçait les prêtres qui revenaient d'exil, répondait aux lettres nombreuses qu'on lui écrivait dans ces temps difficiles, et, en outre, desservait la paroisse de Montgermont. Son incroyable activité faisait face à tout  » (M. Valleray, les Vrais amis du peuple, p. 27).

Bientôt la Hautière se trouva trop étroite pour contenir tous les disciples du savant et vertueux eudiste. M. Talhouet de Brignac, dont il élevait les trois fils, vint encore à son secours et mit à sa disposition les mansardes de son hôtel situé place du Palais à Rennes. Le P. Blanchard s'y établit et y reunit jusqu'à trente élèves dont quelques uns demeuraient en ville. « Il commença à les y nourrir gratuitement, avec le secours de quelques aumônes, le produit des dispenses accordées dans le diocèse et aussi le fruit de ses travaux. Les salles du rez-de-chaussée furent transformées en une chapelle publique. Plusieurs prêtres de science et de zèle, entre autres MM. Morin et Beuchère, anciens eudistes, MM. Hoguet et Gautier se joignirent à M. Blanchard, soit pour la célébration de l'office divin et l'administration des Sacrements aux fidèles, soit pour l'instruction des jeunes gens » (M. Valleray, les Vrais amis du peuple, p. 28.

Cependant, le nombre de ces derniers allant toujours croissant, le P. Blanchard chercha une maison à louer. M. Brossays-Saint-Marc, riche négociant en toiles, père de S. E. le cardinal Saint-Marc, consentit à lui affermer, au prix de 1,200 fr. par an l'ancien couvent et le chœur de l'église des Cordeliers de Rennes, situés place du Palais, qu'il avait achetés 31,000 fr. Ce qui tenait lieu alors de Grand et de Petit-Séminaire, c'est-à-dire les élèves du latin, de philosophie et de théologie furent donc installés aux Cordeliers dès le 24 juin 1802. Deux ans plus tard, M. Saint-Marc, voyant ces jeunes étudiants faire l'édification de toute la ville par leur piété, leurs vertus et leurs succès, légua au P. Blanchard, par son testament du 8 mai 1804, la pleine et entière propriété du local qu'occupait ce dernier, et mourut le 26 du même mois, sans lui avoir rien dît de cette disposition.

En 1808 les cours de théologie furent séparés des cours d'humanités ; alors s'établirent d'un côté le Grand-Séminaire, dont nous allons continuer à parler, et d'un autre côté le Petit Séminaire qui nous occupera plus tard.

Dès 1803 le Grand-Séminaire de Rennes avait été rétabli de droit par le Concordat, mais il ne le fut de fait qu'en 1808 par les soins de Mgr Enoch. Napoléon Ier ayant, le 14 juin 1807, concédé l'ancien couvent de la Trinité pour contenir cet établissement, le Grand-Séminaire y fut installé l'année suivante après une cérémonie solennelle faite à la cathédrale.

Déjà aussi en 1803 le P. Guillaume Morin, ancien eudiste et supérieur du Grand-Séminaire avant la Révolution, avait été prié par Mgr de Maillé, dont il était grand-vicaire honoraire, de reprendre ses fonctions ; mais comme il vivait avec le P. Blanchard dans la maison des Cordeliers commune aux théologiens et aux humanistes, son supériorat était plutôt nominatif qu'effectif. Aussi considère-t-on généralement comme premier supérieur du nouveau Grand-Séminaire M. René Breteau de la Guéretrie, nommé à ce poste en 1808 et mort en odeur de sainteté curé de Saint-Martin de Vitré en 1840. Son successeur fut M. Jean-Baptiste Millaux qui gouverna le Grand-Séminaire de 1809 à 1823 et mourut évêque de Nevers ; puis vinrent MM. Salmon (1823-1843) et Bessaiche (1843-1852).

Le Grand-Séminaire demeura à la Trinité jusqu'en 1820 ; à cette époque l'administration diocésaine acheta l'ancien monastère des Carmélites et y transféra cet établissement. Depuis lors le Grand-Séminaire se trouve dans la paroisse dite aujourd'hui de Notre-Dame. Mais il n'occupe plus les vieux bâtiments claustraux du Carmel : ceux-ci ont été complètement rasés et l'on a construit dans leur enclos, vers 1860, un vaste édifice qui se recommande sinon par sa beauté architecturale, du moins par son intelligente distribution.

L'église conventuelle des Carmélites ayant été détruite à la suite de la Révolution, on convertit d'abord en chapelle un côté du cloître ; puis plus tard on construisit une chapelle de style néo-grec, qui existe encore dédiée maintenant au Sacré-Cœur. Quand le nouveau Grand-Séminaire fut rebâti, on y joignit une nouvelle chapelle dédiée à l'Immaculée Conception, ressemblant plutôt à une salle quelconque qu'à un sanctuaire ; c'est cette dernière qui sert aux exercices religieux des séminaristes.

Outre la chapelle du Sacré-Cœur, il existe aussi dans les jardins du Grand-Séminaire une petite chapelle, dernier débris de l'établissement des Carmélites en ce lieu. Cet oratoire, dédié à Ste Anne, est un édifice du XVIIème siècle.

Comme nous l'avons vu, le Grand-Séminaire fut jusqu'en 1852 entre les mains de simples prêtres du diocèse. Les PP. Blanchard et Morin, quoique anciens eudistes, n'étaient, en effet, considérés alors que comme des vicaires généraux de l'évêque de Rennes, leur congrégation n'étant point encore reconstituée.

Mais en 1852 Mgr Saint-Marc confia la direction de son Grand-Séminaire à la Congrégation diocésaine des prêtres de l'Immaculée Conception, et cette société la conserva jusqu'en 1873. Pendant ce temps, les supérieurs du Grand-Seminaire fureut successivement les RR. PP. Enoch (1852-1855), — Allain (1855-1863), — Lemené (1863-1865), — et Labbé (1865-1873).

A cette dernière époque Mgr Saint-Marc rendit son Grand-Séminaire au cierge séculier de son diocèse et mit à la tête de cet établissement M. Guillois qui le gouverne encore en 1888.

(abbé Guillotin de Corson).

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