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L'EGLISE SAINT-GERMAIN DE RENNES

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LA CONSTRUCTION DE L'EGLISE SAINT-GERMAIN

L'église Saint-Germain est une des plus anciennes églises de Rennes, on ne trouve pas de traces de sa fondation, mais par le peu de documents anciens qui subsistent, on sait qu’il existait, dès le XIIème siècle, une église sous le vocable de saint Germain, évêque d'Auxerre, mort en l’an 448.

On retrouve des actes de fondations pieuses de 1402-1406 et quittance du recteur et général de la paroisse. On croit que la première église fut érigée vers le XIème siècle. Elle était située, hors des murs de la première enceinte, à l’emplacement de l’église actuelle.

Lorsqu’au début du XVème siècle, le duc de Bretagne Jean V fit construire les murs de la deuxième enceinte qui englobaient la partie orientale de la cité, y compris l’église Saint-Germain, l’ancienne nef devint trop petite pour contenir la population de la paroisse, qui s’était considérablement accrue.

On songea donc à construire une église plus vaste. Jean V, par lettres patentes, accorda l’autorisation d’accroître l’église de quatre à cinq pieds, et pour cela de prendre, dans la rue de Corbin et dans la venelle, à l’orient de l’église, allant du pont Saint-Germain à la rue Saint-Georges.

Un peu plus tard, le duc François II, par lettres patentes du 13 octobre 1466, permit d’échanger deux maisons et un jardin, contre le chemin qui conduit de l’église au couvent des Cordeliers afin de « croître et avancer l’église » vers l’occident.

De l’examen des documents que nous avons consultés, on peut croire que, pour ne pas interrompre le service du culte, la vieille église fut conservée, pendant tout le temps que dura la construction du nouvel édifice.

Rennes : église Saint-Germain

Cette église était située à l’angle sud-est de l’église actuelle ; on en conserva une toute petite partie, et il y a peu d’années, on voyait encore, dans l’ancienne chapelle du Saint-Esprit transformée en sacristie, la trace d’une arcade en ogive, dont la double archivolte épannelée, reposait sur deux grosses colonnes, avec chapiteaux ornés de larges feuilles en volutes, soutenant le tailloir octogonal.

Les colonnes et les chapiteaux sont aujourd’hui masqués par les boiseries ; on ne retrouve que la voûte ogivale, au-dessus de la tribune couvrant la sacristie.

Les travaux furent commencés à la fin du XVème siècle ; on construisit d’abord le collatéral nord ; puis au XVIème siècle, en 1519, on commença la tour du beffroi et le portail occidental, et ce n’est qu’un siècle plus tard, en 1606, que fut entreprise la construction du portail méridional ; il fut achevé en 1623.

Les travaux n’avancèrent donc que très lentement, puisqu’il s’écoula près de cent quarante années entre le commencement de la construction du collatéral nord et l’achèvement du portail sud.

Cette longue durée explique la différence des styles, que nous constatons dans cet édifice, depuis le gothique flamboyant du collatéral nord (XVème et XVIème siècles) à la Renaissance du portail sud (XVIIème siècle).

Le collatéral nord fut donc construit de la fin du XVème à la moitié du XVIème siècle, la clé de voûte de la dernière travée, près la tour, porte la date de 1551 ; la façade occidentale, comprenant le grand portail et formant pignon de la nef, fut achevée à la même époque (fin du XVIème siècle).

Dans le plan primitif, la nef devait être couverte par une voûte à arceaux gothiques ; on voit sur les murs de la nef, en plus des arcs formerets, encadrant les fenêtres hautes, au-dessus des colonnes, des faisceaux de nervures formant le départ des arcs des voûtes ogivales ; les voûtes n’ayant pas été exécutées, le départ de ces arcs a été terminé par des crochets, lors d’une réparation au XIXème siècle.

Le pignon est, formant chevet, fut construit à la même époque, à la fin du XVIème siècle.

La tour supportant le beffroi fut commencée après l’achèvement du collatéral, et ce n’est qu’en 1585 qu’elle put être achevée, la date en est gravée en haut d’un des contreforts.

Cette tour est restée inachevée ; elle fut surélevée par un beffroi en charpente recouvert d’ardoises, et en 1570, la fabrique passa marché pour « plomber la lanterne de la tour ».

En 1616, Gervais ou plutôt Germain Gautier éleva le portail méridional, à l’extrémité du transept. C’était l’époque de la Renaissance ; Germain Gautier commit la grosse erreur de construire dans le goût de l'époque, et de concevoir un portail renaissance, accolé à une église gothique ; ce portail fut achevé en 1623.

La vieille église fut à ce moment démolie, mais l’on conserva cependant l’ancienne chapelle du Saint-Esprit, qui se trouvait à l’angle sud-est, entre le pignon du chevet et le portail méridional ; et, ce n’est qu’en 1699, que cette chapelle fut reconstruite par Gerbier et Ratel, avec les dons faits par le duc de Lopriac, marquis de Coëtmadeuc, auquel la fabrique concéda un enfeu dans la chapelle du Saint-Esprit, avec le droit d’y placer ses armoiries.

Rennes : église Saint-Germain

Au début du XVIIIème siècle, on construisit les chapelles du collatéral sud, rejoignant le portail méridional au portail occidental. Pour construire ces chapelles, on dut suivre l’obliquité de la rue du Val-Saint-Germain, ce qui donna la forme asymétrique de cette partie de l’église.

Les constructeurs de ces chapelles, mieux inspirés que Germain Gautier, reprirent le style ogival du collatéral nord, du chevet est et du portail ouest.

On peut très facilement constater sur la vue du Vau-Saint-Germain, près du contrefort sud du portail occidental, et de chaque côté du portail méridional, l’appareil inégal et disparate des assises de pierre des murs extérieurs ; également sur la rue de Corbin, le raccord du collatéral avec le pignon du choeur.

L’église n’était pas construite très solidement ; dès 1762, craignant pour la sécurité des fidèles, il fut envisagé un projet de transfert du service divin dans l’église des Cordeliers ; mais le général de la paroisse, qui ne voulait pas quitter l’antique église, réussit à contracter en 1764 un emprunt de 12.000 livres.

Le 24 juillet 1766, Jean-Morel Jovance, entrepreneur, dresse un devis des réparations qu’il estime de 16.900 livres, dont, dit-il, « 3.346 livres applicables aux réparations du choeur et chanceau, lesquelles incombent au roy, comme seigneur, patron et fondateur, et le surplus 13.344 livres, applicables aux réparations de la nef qui incombent au général de la paroisse ».

En 1791, lorsque le culte catholique fut suspendu, l’église fut fermée, et une délibération du Directoire du District de Rennes du 2 septembre 1791 arrêta que : « Vu la loi du 13 mai 1791 ordonnant que les meubles et immeubles des églises supprimées appartiennent à la fabrique des églises dans l’étendue desquelles les premières sont situées (les églises Saint-Germain, Saint-Georges, Saint-Jean et Saint-Martin avaient été réunies à la paroisse Saint-Melaine), les sieurs Richelot et Redon, préposés à l’administration des biens de la fabrique de Saint-Melaine, sont autorisés à faire lever les scellés apposés sur ces églises, et à rapporter tels inventaires et à recoler ceux qui ont été faits par les Commissaires du District de la Municipalité, sans que néanmoins ils puissent enlever les autels et autres choses d’attache ».

Peu après, l’administration militaire s’empara de l’église, et la transforma en magasin à fourrages pour l'artillerie.

En 1792, le Conseil général de la Commune, sur le rapport de l’architecte Binet, demande la démolition de l'église, qu’il qualifie de caduque et condamnée par un habile architecte, et propose que les matériaux provenant de la démolition soient employés à la construction de l'église cathédrale.

Lorsque le culte catholique fut rétabli en 1803, les paroissiens demandèrent que leur ancienne église fût rendue au culte et adressèrent une demande au Conseil municipal.

Le 5 frimaire an XIII (26 novembre 1804), le Ministre de la Guerre répondit à son collègue des Cultes : « J’ai reçu, Monsieur, votre lettre du 10 vendémiaire dernier relative à la demande que vous faites, pour la commune de Rennes, de la cession de l'église, dite de Saint-Germain en cette ville, pour le service du culte, laquelle est maintenant affectée au service de l’artillerie. Il résulte du rapport, qui m’a été soumis sur cet objet, que les besoins de l'artillerie exigent un hangar de vingt-deux fermes en remplacement de cet édifice. Mais sur le peu de faculté où sont les habitants de faire dans ce moment les dépenses nécessaires à cet établissement, et désirant concourir aux vues de V. E., je donnerai des ordres pour l’évacuation de cette église aussitôt que les paroissiens auront fait construire un hangar de onze fermes et se seront engagés à faire les onze autres dans un temps déterminé ».

Malgré l'étrangeté de cette demande, de construire un hangar pour l’artillerie aux frais de la paroisse, les paroissiens acceptent et le 16 pluviôse an XIII, les fabriciens écrivent au Conseil municipal qu’ils ont fait construire le hangar, et réclament que leur église leur soit rendue après avoir été mise en état, suivant le devis de réparations qui avait été dressé par le sieur Binet, architecte, le 27 pluviôse an XII, prévoyant une dépense de 8.427 francs.

Peu de temps après, l’église ayant été réparée, le Conseil de la fabrique acquit en 1805 le maître-autel, et le service divin fut à nouveau célébré dans l’ancienne église.

Pendant le cours du XIXème siècle, l’église fut très souvent réparée et consolidée, un rapport de MM. Mellet et Tourneux, architectes, daté de 1873, disait même qu’elle était arrivée à la limite de sa durée ; néanmoins elle subsiste encore et toujours. Espérons qu’elle subsistera longtemps et que le seul monument de l’époque des XVème, XVIème et XVIIème siècles qui reste dans notre cité, abritera de longues années les paroissiens de Saint-Germain si attachés à leur vieille église (G. Nitsch).

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L'église Saint‑Germain de Rennes ne se recommande ni par la grandeur de ses dimensions, ni par la pureté de son architecture, ni par l'antiquité de sa construction, ni par la délicatesse des détails. C'est une bâtisse assez insignifiante de la fin du XVème siècle, et qui n'a pas même le mérite d'être homogène, car elle n'a été terminée qu'au XVIème siècle, refaite en partie et dénaturée au XVIIIème siècle. La date des plus anciennes constructions encore existantes a été l'objet d'une lourde méprise dans un ouvrage très-répandu en Bretagne. Si donc la science archéologique consiste autant dans la réfutation des fausses attributions que dans la connaissance des véritables, il faut bien se résoudre à discuter brièvement les dates de construction de l'édifice.

M. A. Marteville, qui a cédé trop facilement, dans sa réimpression du Dictionnaire d’Ogée, au plaisir d'émettre des idées tout à fait nouvelles en matière d'art et d'archéologie, reconnaît dans les vieilles parties les caractères de l'architecture du XIVème siècle ; il y retrouve le style des chapelles Saint-Yves et Sainte-Anne ; les rapports entre ces divers édifices sont en effet frappants ; mais attribuer le tout au XIVème siècle est une tentative plus hardie, quoique l'auteur se flatte de voir tous les archéologues se rendre à son avis. (Dictionnaire de Bretagne, t. II, p. 578).

J'ignore dans quel pays l'architecture du XIVème siècle a présenté ses formes contournées et flamboyantes qui se remarquent aux fenêtres de l'église Saint-Germain ; ce n'est, à coup sûr, ni en Bretagne, ni en France, ni en Angleterre.

La vérité est que ces trois édifices, Saint-Germain, Sainte-Anne, Saint-Yves, sont de cent, cent cinquante et deux cents ans plus jeunes que ne l'a supposé le nouvel annotateur du Dictionnaire d'Ogée ; ils ne remontent qu'à la fin du XVème et au commencement du XVIème siècle. Les preuves de cette assertion se trouvent dans les titres et papiers provenant de ces divers établissements religieux. M. P. Delabigne-Villeneuve a déjà démontré, par des textes empruntés aux archives municipales, que pendant les années 1490, 1491, 1492 et 1493, les chapelles Saint-Yves et Sainte-Anne étaient en pleine reconstruction ; il a cité en outre une délibération du conseil de la ville de Rennes du 20 novembre 1494, constatant qu'en chacun « desdiz lieux de Saint-Yves et de Sainte-Anne …. a esté encommancé un grant et somptueux édifice » à l'achèvement duquel la communauté de Rennes contribue pour une somme de quatre-vingts livres.

Je voudrais établir aujourd'hui qu'il ne peut y avoir dans l'église Saint-Germain de fragment un peu considérable antérieur à l'année 1435, l'édifice ayant été reconstruit de fond en comble postérieurement à cette date.

Trois parties de l'église actuelle ne peuvent donner lieu à aucune discussion. Le portail du Midi, exécuté dans vin style lourdement classique, appartient aux premières années du XVIIème siècle, ainsi que le transept dont il dépend. La date de 1606 se voit à l'extérieur, gravée sur les contre-forts angulaires. En 1617, cependant, les travaux n'étaient pas encore terminés ; ils étaient suspendus par le manque de deniers, et par la menace d'un procès que voulait intenter maître Germain Gautier, architecte et entrepreneur de l'oeuvre. Dans leur détresse, le recteur et les trésoriers se transportèrent de maison en maison pour recueillir les offrandes et aumônes des paroissiens. En outre, la fabrique fit bannir que quiconque voudrait avoir dans l'église, moyennant finance, une belle pierre tombale de six pieds de long sur deux et demi, de large, vint le déclarer au plus tôt. Diverses concessions furent ainsi faites au prix de trois cents livres. Ces tombes ont disparu lorsqu'en 1734 on refit à neuf le pavé de l'église. Toutefois, les sommes recueillies par ces divers moyens ne furent pas bien considérables, car ce n'est qu'en 1662 que furent terminés le bas-côté du Midi et les chapelles méridionales.

La façade principale, celle de l'Ouest, avec sa grande fenêtre de style perpendiculaire, venait d'être terminée en 1545, comme l'apprend le curieux titre découvert par M. H. Vatar dans les archives de la confrérie des marchands merciers et épiciers de Rennes, et publié par M. Marteville (Dictionnaire de Bretagne, t. II, p. 594).

Le bas de la nef n'était cependant pas encore achevé à cette époque, car la clef de voûte de la dernière travée du collatéral du Nord porte, gravée, la date de 1551. Cette travée est celle contre laquelle est appliquée la tour, masse informe, sise au nord de la façade occidentale.

Le terrain sur lequel cette tour fut bâtie était occupé par deux maisons dépendant du fief de Matignon, que la paroisse acquit, suivant acte du 1er mai 1519, moyennant une rente de 69 s. 6 d., et le droit pour le seigneur de Matignon de mettre et asseoir ses armes en deux endroits, à savoir : sur le portail de l'église en bosse et timbre, et dans la tour en bosse seulement, avec la faculté, en outre, de les faire peindre sur une des vitres où bon lui semblerait. Mais quoique l'acquisition du terrain eût été faite dès l'année 1519, il paraît, que les travaux de construction marchèrent bien lentement, car c'est seulement le 26 juillet 1570 qu'intervint un marché fait pour plomber la lanterne de la tour. On lit même au haut des contre-forts en granit une date plus récente encore, celle de 1585, gravée sur un cartouche. Je rappellerai d'ailleurs que la partie de l'église, immédiatement contigüe à cette tour, n'était encore parvenue, en 1551, qu'à la hauteur du premier étage.

Restent les murs de la grande nef, le bas-côté du Nord, transformé aujourd'hui en chapelles, et le choeur de l'église, percé de cette grande fenêtre orientale dont les meneaux se recourbent et s'enchevêtrent à leur sommet d'une manière si capricieuse et si élégante. Ces parties, les plus importantes, les mieux exécutées du monument, n'avaient pas jusqu'à ce jour de date certaine. Les archéologues tant soit peu versés dans la connaissance de l'architecture du moyen âge affirmaient bien qu'elles n'étaient pas antérieures au milieu du XVème siècle ; mais les textes faisaient défaut à l'appui de cette attribution. C'est à la faveur de ce silence des documents qu'on s'était hasardé à parler de XIVème siècle. La conclusion est facile à tirer ; si cette opinion était fondée, la Bretagne, dans le développement des arts au moyen âge, aurait, non pas suivi, mais devancé la France ; on ne bâtissait pas autrement à Paris en 1450 qu'on ne l'eût fait à Saint-Germain de Rennes cent ans auparavant. Il faut être bien entraîné par l'amour du sol pour réclamer de pareilles prérogatives. En fait, la Bretagne n'a été ni en avance ni en retard sur la France aux XIVème et XVème siècles ; elle a obéi, comme tout le pays situé au Nord de la Loire, à ces grandes lois qui régissent d'une manière si uniforme les transformations de l'architecture depuis le temps de saint Louis.

La preuve, pour l'église Saint-Germain, existe aux archives du département d'Ille-et-Vilaine. Nous y trouvons, en effet, parmi les anciens titres de la paroisse, les lettres du duc Jean V, en date de 1434, dont la teneur suit : « Jehan par la grace de Dieu, duc de Bretaigne, conte de Montfort et de Richemont : A tout ceulx qui ces présentes lettres verront ou orront salut. Comme la paroisse de Saint-Germain en notre ville de Rennes soit l'une des plus grandes et notables d'icelle, et en laquelle il a plus grant numbre de peuple pour le présent, et il soit avisé que cette église soit de si pou de lese et longueur en édifice que à peine se y povent accuillir ès festes sollennes la moitié des paroissiens de ladite paroisses, ainz quant aucune feste ou notable service y sont faiz, convient à la plus grant partie desdits paroissiens estre hors d'icelle église, par quoy reverand pere en Dieu l'évesque dudit lieu de Rennes considérant cestes chouses, desirant ladite eglise estre creue et aumentée, ait de nouvel et puis nagueres fait commandement et injonction ausdits paroissiens de croistre et édifier en plus grant laise et qualité que n'est pour ceste heure le cueur et chanceau de ladite église, à ce que les habitants et demourans en icelle paroesse y puissent estre assemblement recuillis et herbregez es dimanches et festes solennes pour Dieu prier et y ouir son service, ce que fere ne porront ne ne povent en nulle faczon honeste ne profitable senz aucunement prendre et empeschez partie de notre rue et grant chemin apellé la rue Corbin, et auxi la ruelle et venelle par laquelle l'en vait du pont Saint Germain en la rue de Saint George, combien qu'il y ait assez d'autres chemins par ou on y puisse aller, et pour ceste cause sont venus devers nous les aucuns desdits paroissiens qui nous ont humblement supliez leur souffrir bescher et cavez en notre dite rue et grant chemin, et y prendre et fere les fondemens du pignon et chanceau de ladite église (par aucune ?) quantité selon les edifices, et sur tout ce lour fere telle provision et ordonnance qu'il nous plera ; SAVOIR FAISONS que nous, informez de lour bonne entention desirans l'aumentacion des églises plus que la diminucion, voulans participer es biens faiz et prieres de ladite église, avons aujourduy de grace especial voulu et octrié, voulons et octrions ausdits paroissiens qu'ilz puissent fere becher et caver en nosdites rue et grant chemin en la leise et endroit du pignon de leurdite eglise, selon la grandeur d'icelui que de nouvel ilz y veullent fere fere édifier jucques au numbre de quatre ou cinq piez pourveu qu'il y demeure telle et si large leise que oultre leur dit edifice chevaulx et cherrettes chargés y puissent passer selon que sera regardé et avisé par notre grant mestre d'osteill, lequel pour voir et y fere ce que appartient nous avons commis et commettons, en voulant et voulons que à sa relacion, l'euvre d'icelle église se puisse fere et acomplir es lieux et endroiz que dedans ledit numbre de IIII ou V piez par luy seront marchez et ordonnez en nosditz grans chemins sanz nul autre garant ou mandement, et en oultre pource que un tel edifice ne peut estre fait senz grant mises, et que peut estre que le trésor de ladite église n'est pas tel ne de si grosse puissance qu'il y peust fournir ne suffire, avons voulu et voulons que par douze personnes des notables de ladite paroisse, jurez par le chapelain de ladite eglise, soit fait une taillee et esgaill généralement sur les habitans d'icelle, pour ledit edifice fere et acomplir, et non en plus large, dont le minu sera monstré et aparu sur le conpte des tresoriers d'icelle en publique, ad ce que un chacun desdits paroissiens puisse cognoestre et savoir combien il aura esté levé à ceste cause et aussi la mise et distribucion que en aront esté faiz ; si donnons en mandement à nos senechal, alloué et procureurs de Rennes, leurs lieutenants, et à touz noz autres justiciers et officiers que du contenu de cestes nos présentes lettres ilz seuffrent et laissent joir lesdits paroissiens tous empeschemenz cessanz, car ainsi le voulons et nous plaist, nonobstant quelconques lettres, ordonnances, mendements ou deffenses ad ce contraires. Donné à la Bretesche le XVème jour de juign l'an mil CCCC trente et quatre. (Signé) PAR LE DUC (de la main du duc) ». — (Et plus bas) « par le duc, de son commandement et en son conseill uquel l'evesque de Saint Brieuc, le grand mestre d'osteill, messires Pierres Eder, Jehan de Musillac, Jehan Guihou et autres estoint. — (Signé) Guinot ». — Au dos : « Pour les paroessiens de Saint Germain ». (Titre en parchemin. Liasse 9 G, n° 58. Le sceau a disparu).

Ces lettres du duc Jean V sont suivies, en 1455, de nouvelles lettres du duc Pierre II, « permettant aux paroissiens de faire démolir le presbytère et de le réédifier en une pièce de terre et jardin qui appartient à Jehan Gueriff, et autres tenus du duc en sa baronie de Fougères et situés en la rue Corbin, lequel terrain il amortit, permettant en outre de croistre l'église et laissant remise des ventes dues à son domaine, et le veut ainsi le duc, étant lui, sa belle soeur et compagne la duchesse associés en la frairie de Saint Germain étant en ladite église ».

Je remarque en outre dans ces mêmes notes qu'en 1466, le 24 septembre, il aurait été rapporté « procès verbal et état des lieux où on devoit croistre l'eglise ; » qu'enfin en 1466, le duc François II, par lettres-patentes, en date du 13 octobre, « permit aux paroissiens de changer le chemin qui conduit de Saint Germain à l'église des Cordeliers afin de croistre et avancer leur église ; leur amortit le terrain de deux maisons et d’un jardin acheté par eux pour cet effet ».

La mémoire de ces trois actes, qu'il serait nécessaire de consulter pour fixer avec précision les dates de construction de l'église, avait été conservée dans un déal des titres de la fabrique, dressé en 1737 et 1738. J'ignore ce que sont devenus les originaux. En leur absence on peut, pour y suppléer, extraire des pièces encore existantes les renseignements suivants :

En 1434 on songeait donc à édifier une nouvelle église destinée à remplacer l'ancienne devenue trop petite pour la population de la paroisse. On sollicitait une place pour établir le chevet et cette grande et belle fenêtre que M. Marteville désigne spécialement comme appartenant au XIVème siècle. D'autre part, il résulte d'une enquête faite en 1469, à l'occasion d'un procès entre la paroisse Saint-Germain et les héritiers du susdit Jean Gueriff, que celui-ci, mort en 1464, avait fait construire dans le bas de l'église un autel de saint Antoine et saint Gilles, au pied duquel il fut inhumé. L'édifice était donc fort avancé à cette époque, et c'est entre les années 1435 et 1465 qu'il faut placer la construction du choeur, de la grande nef et du collatéral du Nord encore existant. Cette même enquête nous apprend que la concession de tombes dans l'église était dès le XVème siècle, comme elle le fut au XVIIème, une des ressources par lesquelles la fabrique subvenait aux dépenses de l'oeuvre ; le prix variait suivant la dignité de l'emplacement où la sépulture était choisie. L'un des témoins, âgé de soixante ans, déclare, en effet, « que dès le temps de vingt ans il a veu user en l'église de Saint Germain que pour les corps qui étoient inhumés et enterrés en icelle église que les rectours et trézorier de ladite église avoint devoir par moitié grand ou petit, selon l'endroit où il était mis en ladite église ».

De l'ancienne église démolie vers 1435 pour faire place au bâtiment nouveau, il reste un curieux débris, c'est une arcade du milieu du XIIIème siècle, encastrée aujourd'hui dans le mur de la chapelle du Saint-Sacrement. M. Marteville n'en dit mot ; mais elle a été signalée par M. P. Delabigne-Villeneuve dans son excellent travail sur les monuments religieux de la ville de Rennes. (Bulletin Archéologique de l'Association Bretonne, t. II, p. 141). La paroisse elle-même existait donc au XIIIème siècle, elle n'avait donc pas été érigée à la fin du XIVème siècle, comme le suppose gratuitement M. Marteville, par induction d'un acte de 1406 contenant donation d'une rente à la fabrique de Saint-Germain pour être « participants aux bienfaicts de ladicte église ». Cette formule était de style en pareil cas, et s'est perpétuée fort tard ; elle n'implique rien, et on ne peut rien en tirer quant à l'établissement de la paroisse. Des titres du XIIème siècle nous apprennent, en effet, que celle de Saint-Germain existait dès cette époque. En somme, M. Marteville a fait la paroisse trop récente et le bâtiment beaucoup trop vieux. (Alfred Ramé).

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