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DES ÉCOLES CHRÉTIENNES AVANT 1790 DANS
LE TERRITOIRE DE L'ARCHIDIOCÈSE DE RENNES

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Il y aurait un beau et intéressant travail à faire sur l'instruction publique au moyen âge et aux siècles derniers ; nous regrettons vivement de ne pouvoir l'entreprendre ici, mais nous devons nous borner à un rapide coup d'œil sur nos anciens diocèses de Rennes, Dol et Saint-Malo, considérés à ce point de vue, et dont la plus grande partie du territoire forme maintenant l'archidiocèse de Rennes.

Le Concile de Latran tenu en 1178 porta le décret suivant : « Afin de pourvoir à l'instruction des pauvres il y aura dans chaque église cathédrale un maître à qui on assignera un bénéfice compétent pour ses besoins, et dont l'école sera ouverte gratuitement à ceux qui voudront s'instruire. On fera de même dans les autres églises et dans les monastères où il y a eu autrefois des fonds destinés à cet effet. On n'exigera rien pour la permission d'enseigner, même sous prétexte de quelque coutume et on ne la refusera pas à celui qui en sera capable ; ce serait empêcher de l’Eglise.... Ceux qui sont instruits et peuvent tenir les écoles doivent apprendre à leurs élèves non seulement ce qui concerne la grammaire et la logique mais encore et surtout les bonnes mœurs ». Remarquons ces expressions où il y a eu autrefois des fonds destinés aux écoles gratuites ; elles prouvent que le Concile de 1178 n'innovait rien et soutenait, au contraire, un état de choses déjà ancien.

En effet, bien avant la tenue du Concile de Latran, dès l'an 1035, Guérin, évêque de Rennes, avait fondé un maître d'école dans les dépendances de sa cathédrale ; il se nommait Incomar et prenait simplement le titre de grammairien « grammaticus ». Ses successeurs furent les scholastiques de Rennes, personnages qui ne tardèrent pas à prendre de l'importance au point de figurer parmi les cinq dignitaires de l’Eglise de Rennes.

Il en fut de même à Dol ; quoique nous n'ayons pas la date précise de l'institution d'un scholastique en cette église par les évêques du lieu, nous savons qu'elle remontait au moins au XIIème siècle, puisque Geffroy était scholastique de Dol du temps de l'archevêque Baudry occupant le siège de Dol de 1107 à 1130.

Quant au diocèse de Saint-Malo, il semble que s'il n'y avait pas d'école publique établie à Aleth — ce qui nous paraît probable cependant — saint Jean-de-la-Grille en établit certainement une à Saint-Malo lorsqu'il transféra en cette île son siège épiscopal en 1152. Plus tard, en 1561, pour assurer un traitement convenable au précepteur de Saint-Malo chargé d'instruire gratuitement les enfants de cette ville, on lui donna les revenus d'un canonicat de la cathédrale, et cette prébende demeura dès lors annexée jusqu'au temps de la Révolution à ce qu'on appelait « la Préceptorerie de Saint-Malo ».

Ainsi voilà donc établis dans nos trois villes épiscopales et cela dès les XIème et XIIème siècles des scholastiques et précepteurs faisant originairement l'école eux-mêmes aux enfants de ces villes et de plus examinant et recevant les autres instituteurs du diocèse, car, — disent les actes du temps, — chacun d'eux « est tenu d'examiner et approuver les maistres d'eschole de tout l'évesché ; » ce qui prouve qu'il n'y avait pas seulement des écoles dans les grandes villes, mais qu'il s'en trouvait encore dans les paroisses rurales.

En effet, le Concile de Tours, tenu en 1583, ordonna aux évêques de la province de s'occuper sérieusement de la formation et de l'entretien des écoles de campagne : « Ils devront, dit-il, pourvoir ces écoles de maîtres et maîtresses instruits, capables et bons catholiques ; les recteurs des paroisses, bien avertis, feront leur possible pour procurer les ressources nécessaires à l'entretien des instituteurs de la jeunesse, et tous sont priés de participer à cette bonne oeuvre suivant leurs facultés ; enfin nul ne pourra tenir une école, quelques soient sa condition et ses connaissances, sans l'approbation de l'évêque diocésain » [Note : Nous empruntons ces extraits des Conciles de Latran et de Tours à une bonne étude de M. l'abbé Piéderriere sur les Ecoles de Bretagne, publiée par la Revue de Bretagne, XLII, 132].

Pour obéir à ces prescriptions nos évêques s'empressèrent d'étendre de plus en plus l'instruction chrétienne dans leurs diocèses.

Dans ses statuts synodaux l'évêque de Rennes ordonne ce qui suit : « Dans toutes les paroisses les recteurs feront établir de petites écoles pour les garçons et pour les filles ; l'école des garçons sera faite par un prêtre ou par un laïque de probité et capacité reconnues ; celle des filles par une veuve ou par une fille âgée, de vertu certaine ». Mais le prélat défend les écoles mixtes sous peine d'excommunication (Statuts du diocèse de Rennes édictés en 1726, p. 20. 60, 61).

L'évêque de Dol n'est pas moins explicite : il ordonne au scholastique de sa cathédrale « d'instituer maîtres et régents tant en ladite ville de Dol que dans toutes les paroisses dudit évesché pour instruire les enfants ». Et dans ses statuts synodaux, après avoir donné quelques avis sur la tenue des écoles et sur l'approbation dont ont besoin les maîtres et maîtresses, le prélat ajoute : « Nous exhortons au surplus les curés (c'est-à-dire les vicaires) et autres ecclésiastiques de notre diocèse à faire les petites écoles dans les paroisses où la nécessité du ministère ne les occupera pas entièrement, et aussi à apprendre le latin aux enfants qui leur paraîtront y avoir de la disposition » (Archives dép. 4. G. 163. Statuts Synodaux du diocèse de Dol édictés en 1771).

Enfin l'évêque de Saint-Malo n'avait pas une conduite différente de celle de ses vénérables confrères, car voici comme il s'exprime : « Afin que les enfants et jeunes gens de notre diocèse se mettent à étudier et apprendre les bonnes lettres et la piété, l'obéissance envers Dieu et leurs parents pour donner en leur temps des fruits dignes de leur bonne éducation et ne pas croupir en ignorance, nous ordonnons qu'il y aura une école dans chaque paroisse ». Puis, après avoir aussi menacé d'excommunication ceux qui tiendraient des écoles mixtes, le prélat ajoute : « Attendu néanmoins que l'usage particulier de la ville de Saint-Malo est que les maîtresses d'école vont prendre les petits garçons dès l'âge de quatre à cinq ans, chez leurs parents, pour les conduire chez elles, ce à quoi les maîtres d'école ne peuvent s'assujétir, nous n'entendons pas comprendre sous les mêmes menaces les maîtresses qui n'admettent à leurs écoles que des enfants de ce bas âge » (Statuts Synodaux du diocèse de Saint-Malo édictés en 1612 et 1722). Remarquons en passant cet usage de recueillir les tout petits enfants, n'était-ce pas la salle d'asile d'aujourd'hui ?

Ainsi dans nos trois anciens diocèses l'instruction était vivement recommandée par les évêques, et, pour obéir à leurs prescriptions, chaque paroisse devait avoir son école. Malheureusement aujourd'hui il est très difficile de retrouver des documents écrits concernant les écoles en général et surtout les écoles de campagne ; nous avons toutefois la certitude morale que les recteurs d'autrefois, obéissant à leurs évêques, soutenaient des écoles dans toutes nos paroisses rurales.

Nous avons déjà, réuni les preuves de l'existence d'un très grand nombre de collèges et d'écoles (plus d'une centaine) sur le territoire ancien de l'archidiocèse de Rennes, et nous pourrons donner ici quelques notices historiques sur ces écoles dont la fondation nous est connue. Mais comme nous n'avons pas encore retrouvé tous les établissements scolaires existant jadis dans nos paroisses, nous serions vivement reconnaissant envers les personnes qui voudraient bien nous adresser quelques renseignements sur nos anciennes écoles. Parfois un seul nom, une seule date peuvent jeter un grand jour sur ces questions locales et nous remercions d'avance ceux qui voudront bien prendre notre requête en considération.

(abbé Guillotin de Corson).

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