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PREMIERS ÉTABLISSEMENTS DE LA CONFRÉRIE DU ROSAIRE

dans le Diocèse de Rennes

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On n'est pas d'accord sur l'origine du Rosaire ; les uns en attribuent l'invention à saint Dominique, les autres le font remonter bien plus haut ; il y a sur les commencements de cette simple et dévote prière une foule de charmantes légendes que nous ne pouvons raconter ici. Mais il est certain que si saint Dominique n'a pas le premier récité le Rosaire, c'est au moins lui qui a popularisé cette dévotion en France. Aussi lorsque les papes érigèrent la Confrérie du Rosaire confièrent-ils aux Frères Prêcheurs, disciples de saint Dominique, le soin d'établir cette pieuse association dans les diverses localités qui la réclamaient.

Quoique les Dominicains soient venus à Rennes dès le XIVème siècle, la dévotion au saint Rosaire ne se répandit dans le diocèse qu'au XVIIème siècle ; à cette dernière époque le monastère de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle était très florissant à Rennes, et la piété filiale des habitants de cette ville envers la très sainte Vierge s'y manifestait par le célèbre vœu qu'ils offrirent à Marie. Aussi vers ce temps-là toutes les paroisses de notre diocèse voulurent-elles s'affilier à l'église conventuelle de Bonne-Nouvelle, en demandant aux bons religieux de saint Dominique l'érection de la Confrérie du Rosaire dans leurs églises. Remarquons toutefois, que bon nombre des paroisses des anciens diocèses de Dol et Saint-Malo préférèrent s'affilier au couvent des Dominicains de Dinan.

Nous avons retrouvé dans les archives des Dominicains de Rennes (Archiv. dep. d'Ille-et-Vilaine, H, 5) une liasse assez considérable d'actes concernant l'établissement du saint Rosaire, et nous en avons extrait ce qui suit. On y voit de nombreuses paroisses supplier le prieur de Bonne-Nouvelle de leur accorder la faveur de l'érection de la Confrérie du Rosaire ; puis l'on trouve les réponses de ce prieur qui désigne l'un des religieux de son monastère pour aller établir le Rosaire dans les paroisses sollicitantes ; vient ensuite l'énoncé d'un contrat passé devant notaires entre les religieux et les paroissiens, stipulant toutes les conditions nécessaires à l'érection de la Confrérie ; le tout se termine par l'acte même d'érection fait solennellement par le religieux dominicain délégué.

La partie la plus curieuse nous semble-t-il, de toute cette série d'actes est le contrat, parce qu'il nous apprend ce qu'exigeaient alors les Frères Prêcheurs pour faire participer une paroisse à tous les avantages spirituels de la Confrérie du Rosaire.

Prenons donc, au hasard, l'une de ces conventions, par exemple celle passée entre la paroisse de Piré et les Dominicains en 1685, et voyons ainsi ce qu'il fallait faire alors pour obtenir la faveur de l'établissement du Rosaire ; nous nous bornerons à transcrire ici l'acte même de ce pieux et intéressant contrat.

« Au nom de la très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, à l'honneur de la très Sainte Vierge Marie et à la vénération de saint Dominique, père et patriarche de l'Ordre des Révérends Frères Prescheurs.

Le dimanche, 4ème jour du mois de mars 1685, furent présents devant nous notaires tabellions de la chastellenie de Piré soussignés convoqués, d'une part le Révérend Père Dominique Guyomar sous-prieur et prédicateur du couvent de Bonne-Nouvelle lès-Rennes, Ordre des Frères Prescheurs ; d'autre part vénérable et discret Missire René Marquer, rec-teur de la paroisse de Piré [Note : René Marquer, nommé recteur de Piré en 1681 mourut en 1721], Messieurs les prestres d'icelle [Note : Les prêtres de la paroisse qui signèrent cet acte furent Mrs R. Trochon, Gomeret, Lamoureux, Trochon, J. Gandon, et Joseph Baratte], Messire Christophle de Rosnyvinen et dame Louise Prudence des Cartes Sgr et dame de Piré, supérieurs et fondateurs, Messire François-Louis de Rosnyvinen, abbé de Piré, tous habitants et paroissiens dudit Piré, lesquels ayant cy-devant donné procure audit sr recteur de présenter requeste au Révérend Père prieur dudit couvent de Bonne-Nouvelle pour le supplier de leur accorder la sainte et dévote Confrairie du Rosaire en leur église, ce qu'il a fait : ledit Révérend Père Dominique Guyomar sous-prieur leur a présenté la commission à luy donnée par le Révérend Père Jacques Hernio, docteur en théologie et prieur dudit couvent de Bonne-Nouvelle, de laquelle a été fait lecture (laquelle commission) porte le pouvoir à luy donnée d'établir à Piré ladite Confrairie aux conditions ordinaires en semblable établissement, scavoir :

1° En cas qu'à l'advenir les religieux de S. Dominique obtiendroient un couvent ou chapelle dans l'estendue de ladite paroisse de Piré, ladite Confrairie y sera transportée sans autre forme et désistera dans ladite église de Piré, suivant les canons de Nos Saints Pères les Papes.

2° Les paroissiens dudit Piré auront un autel ou chapelle ornée d'un tableau du saint Rosaire dans lequel sera la Ste Vierge présentant le chapelet à S. Dominique et l'Enfant Jésus à Ste Catherine (de Sienne), et autour du tableau seront dépeints les Mystères du saint Rosaire, s'il se peut faire commodément, ou au moins en quelque endroit commode près ledit autel.

3° Ils auront une bannière dans laquelle sera représentée la Ste Vierge donnant le saint Rosaire à S. Dominique et l'Enfant Jésus à Ste Catherine, ainsi qu'il a esté dit du tableau de l'autel ; et ils auront des ornements blancs propres à desservir ladite Confrairie.

4° Tous les premiers dimanches du mois, feste de N.-D. et autres jours où l'on solemnise quelqu'un des Mystères du saint Rosaire, on fera la procession après Vespres ou autre temps plus commode, chantant les Litanies de la Ste Vierge, Messieurs les prestres portant des cierges blancs en main qui seront fourniz sur les deniers de ladite frairie si mieux n'aiment s'en fournir eux-mêmes ; et au retour d'icelle procession M. le recteur est prié de faire réciter en haute et intelligible voix la troisième partie du Rosaire, en expliquant quelqu'un des Mystères du Rosaire selon la concurrence des festes.

5° On célébrera la principale feste du saint Rosaire le premier dimanche d'octobre, que Messieurs les prestres en feront l'office, sub duplici majori, en chantant leur grand'-messe conformément à l'ordonnance du pape Grégoire XIII en sa bulle qui commence Monet Apostolus.

6° On dira par chaque année quatre anniversaires pour les confrères deffuncts, scavoir les premiers jours non empeschés de feste double ou semidouble après les festes de l'Annonciation, la Nativité de la Vierge, la Purification et l'Assomption.

7° Il y aura deux livres, l'un pour enregistrer les noms des personnes qui souhaiteront être enrollées en ladicte Confrairie et l'autre pour marquer les receptes et présents faits à icelle et les mises (dépenses) qu'on fera des deniers de ladicte Confrairie.

8° Personne ne pourra prétendre aucune part dans les deniers qui tomberont en ladicte Confrairie, mais ils seront tous employés à orner l'autel, à l'augmentation du service qui doit se faire en icelle tant pour les vivants que pour les trépassés de ladicte Confrairie, et pour cet effet il y aura un tronc proche ledit autel.

9° Il y aura un directeur de ladite Confrairie qui aura soin d'inscrire ceux qui désireront s'enroller en icelle, de bénir leurs chapelets et lesdits cierges et de leur appliquer l'indulgence plénière donnée par les Souverains Pontifes aux frères et sœurs du saint Rosaire à l'article de la mort.

10° Il y aura un provost ou procureur de ladite Confrairie, autre que celuy de la fabrique et autres frairies et dévotions déjà instituées ou à instituer dans ladite paroisse et église tant de Piré que de la chapelle du Boistrudain (sic) et chapelle de N.-D. de Pitié [Note : Boistrudan, alors chapelle frairienne de Piré, ne fut érigée en église paroissiale qu'en 1784. — N.-D. de Pitié, bâtie en 1527 dans le cimetière de la Croix-Bouessée, est une chapelle très justement vénérée à Piré] ; lequel provost aura soing de ramasser les deniers et présents faits à ladite Confrairie et d'iceux orner et entretenir proprement l'autel, payer les services et messes dites tant pour les vivants que trépassez de la mesme Confrairie ; lequel sera tenu de rendre compte au cours de la visite du Révérendissime Evesque de Rennes ou de ses prêtres, en présence du directeur d'icelle et des principaux confrères.

11° Ledit provost ou procureur se pourra changer ou continuer selon que les confraires le jugeront à propos, à la réserve de ceux qui seront cy-après nommés pour la première année, scavoir le directeur, procureur ou provost [sic).

Lesquelles conditions lesdits sieur recteur, prestres, seigneurs et paroissiens de ladite paroisse de Piré ont jugé raisonnables et ont promis de s'y conformer ».

Comme nous l'avons dit, une foule de paroisses s'empressèrent aux siècles derniers de passer de semblables conventions avec les religieux du couvent de Bonne-Nouvelle ; voici par ordre chronologique une partie de celles qui au XVIIème siècle virent ériger dans leurs églises la confrérie du saint Rosaire aux conditions qui précèdent : Noyal-sur-Vilaine (1622), — Saint-Ouen-la-Rouairie (1625), — Martigné (1631), — Mellé (1632), — Cintré (1634), — Mezières (1636), — Chanteloup (1645), — Pacé (1646), — Chevaigné (1647),— Romazy (1647), — Landéan (1653), — Saint-Germain-sur-Ille (1654), — Saint-Gilles (1660), — Guipel (1660), — Saint-Sulpice-de-Fougères (1664), — Amanlis (1668), — Vieuxviel (1670), — Orgères (1671), — Javené (1674), — Saint-Sulpice-des-Landes (1682), — Saint-Aubin-d'Aubigné (1683), — Betton (1687), — Nouvoitou (1693), — Marcillé-Raoul (1695), — Servon (1698).

Outre ces paroisses dont nous avons les actes de l'érection de la Confrérie du Rosaire, en voici d'autres qui nous apparaissent à la même époque avec leurs seules suppliques adressées pour le même objet au prieur de Bonne-Nouvelle ; nous devons croire que la plupart du temps ces requêtes furent exaucées et suivies de l'établissement de la Confrérie demandée : Melesse (1619), — Torcé (1630), — Pléchâtel (1633), — Mordelles (1634), — Laignelet (1635), — Baguer-Pican (1636), — Moulins (1638), — Chaumeré (1638), — Sougéal (1640), — Sens (1652),— Poilley (1659), — Saint-Grégoire (1694), etc.

C'est ainsi que la dévotion envers Notre-Dame du Rosaire se répandit dans notre pays par les soins des religieux de Bonne-Nouvelle ; puisse cette bonne Mère, qui accorda de si abondantes bénédictions à nos pères, daigner aussi jeter les yeux sur nous et nous préserver de tous maux !

(abbé Guillotin de Corson).

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