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LA CATHÉDRALE DE RENNES

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LA CONSTRUCTION DES TOURS DE L'ÉGLISE CATHÉDRALE DE RENNES

Le 10 octobre 1533, l’état de la façade occidentale sur le parvis et des tours s’aggravant, le chapitre fait démolir les tours jusqu’à moitié de leur hauteur, et dans la nuit de Noël 1539, la tour du bas de l’église, où étaient les plus grosses cloches, tomba en plus grande partie entraînant la coustière devant le manoir épiscopal.

L’évêque Yves Mahyeuc confia alors (1541) à Vincent Rabault et à Robert Jarde, maîtres d'oeuvre, la reconstruction de la tour et leur accorda 7 sols tournois par journée de travail et 3 sols pour leurs ouvriers.

Une inscription lapidaire retrouvée sous une des tours constate cet événement. « Jacta fueruntmolis luyus fundamenta septembris XV anno Christi MDXLI ». (Les fondations de cet édifice furent jetées le 15 septembre 1541).

« Paulo Tertia pontifica maximo, Francisco primo Gallfirum Rege, Henrico Britonum Duci, Yvone Redonum proetule ». (Paul III, pape, François Ier, roi de France, Henri, duc de Bretagne, Yves, évêque de Rennes). 

C’était le début de la Renaissance avec ses superpositions d’ordres, colonnes, pilastres, architraves empruntés aux monuments gréco-romains ; les constructeurs abandonnant le Roman et le Gothique qui nous avaient donné nos belles cathédrales de France au caractère si profondément religieux, conçurent le projet de deux tours massives superposant tous les ordres, et réunies par une double porte.

Vincent Rabault et Robert Jarde, maîtres de l'oeuvre, élevèrent les deux portes latérales et les jolies niches entre les colonnes, ainsi que les deux portes jumelées de la porte d’entrée, le portail actuel n’ayant été créé qu’à la fin du XVIIème siècle, mais, dès la fin du XVème siècle, les guerres religieuses viennent interrompre et suspendre les travaux.

Lorsque Henri IV vint à Rennes, en 1598, le roi, ayant traversé la porte de Toussaints, se dirigea vers l’église cathédrale Saint-Pierre. Devant le portail, il fut reçu par le clergé, le Parlement en robes rouges et la Cour des Comptes. On avait disposé un dais de satin blanc, mais Henri IV monta simplement au haut de l'église et se plaça dans les stalles. On chanta le Te Deum, on dit les vespres, et pendant tout ce temps, le canon tonnait et la grosse horloge sonnait.

Le lendemain était le dimanche de la Pentecôte, le roi fit « sa feste en grande solennité », après l’office Henri IV toucha les scrofuleux dans la cour du Manoir épiscopal qui en était remplie.

Pendant le séjour du roi, le vendredi 15 mai, comme Henri IV sortait de l’église, un fou, nommé Gravelle, l’aborda lui disant qu’il était duc de Bretagne et qu’il le faisait prisonnier et autres folies semblables. On l’écarta, mais le fou se cramponna si vivement aux jambes de M. de Monbarrot, que M. de Vitry, capitaine des gardes dut lui donner un fort coup de bâton pour lui faire lâcher prise. On craignit que l’acte de Gravelle ne fût l’effet de quelque conspiration contre la personne du roi, mais après l’avoir enfermé on ne trouva sur lui aucune arme, ni couteau ni poignard.

Le roi ne fit que rire de cet incident mais toutefois reprocha à M. de Montbarrot de ne pas avoir pris plus de précautions et de n’avoir pas fait renfermer ce fou.

Le roi séduisit le coeur des Rennais par sa bonne grâce, sa simplicité, sa franchise et un témoin oculaire, le notaire Pichart, nous en a laissé un portrait séduisant : « C’est un fort agréable prince, et fort familier à tout le monde, et meslé en toutes choses, sans grandes longueurs de discours, et adonné à toutes sortes d’exercices. De moyenne taille, la barbe toute blanche, le poil blond commençant à griser, et l’oeil plaisant et agréable, il peut avoir l’age de 46 à 47 ans, néanmoins la barbe le rend plus vieil qu’il n’est... Il disait à tous quelques bons mots en passant, car il sçait tout et cognoist tout... ».

Officiellement le roi quitta Rennes le vendredi 15 mai, mais en réalité, il ne partit pas... le jour fixé et ne quitta Rennes que dans les jours qui suivirent.

Au commencement du XVIIème siècle, les États de la Province, le Parlement de Bretagne et la Communauté de Rennes se réunirent pour aviser à la continuation de l’ouvrage si malheureusement arrêté. L’assemblée des États en 1611 et 1613 affecta une somme de 13.500 livres, le Parlement accorda toutes les amendes et la Communauté de Ville accorda, le 13 juillet 1612, 1.500 livres prises sur une partie de ses deniers patrimoniaux et d’octroi. Le 15 mars 1613, elle accorda à nouveau 3.000 livres et le 12 juin 1615 elle vota 1.200 livres par an. Les travaux purent donc être repris vers 1613, une inscription (1613) gravée sur la deuxième colonne à gauche du portail, confirme cette date.

Enfin, en 1639, le roi Louis XIII accorda une somme de 3.000 livres par an sur le nouveau devoir et 5 livres par pipe de vin passant sous les ponts de Nantes. Louis XIV, un peu plus tard accorda 3 deniers par pot de vin débité dans la ville de Rennes.

Le 15 janvier 1658, la Communauté de Ville passa avec le chapitre une première transaction, puis une deuxième le 15 février 1675 et enfin une troisième, le 15 décembre 1698 en forme de procompte sur les paiements faits en exécution d’icelle.

Malgré ces subsides, les travaux n’avancèrent que très lentement et ce n’est qu’un siècle après la pose de la première pierre que Tugal Cariste, de 1640 à 1654 conduisit les travaux jusqu’à la corniche du premier étage. — Après lui Pierre Corbineau, qui construisait le Palais de Justice, fut chargé de la conduite du « bastiement de la Tour et portal » aux appointements de 600 livres par an.

De 1654 à 1678, il acheva la superposition des trois ordres des tours.

Si l’on en croit une gravure de 1616 et une autre de Jollain en 1646, ainsi qu’un procès-verbal du 3 avril 1674 dressé par de Bretin, notaire royal, les tours devaient être surélevées à l’origine par un dôme surmonté d’une lanterne portant une croix ; ce procès-verbal nous donne d’ailleurs une description exacte de l’édifice et l’état d’avancement des travaux, il est ainsi conçu : 

« Procès-verbal et estimation des travaux qui restent à faire à la tour et portail de l’église cathédrale, en présence de Pierre Corbineau, architecte, demeurant dans le Pallays, de François Vinay, maître charpentier et de Pierre Trotoux, couvreur d’ardoises, demeurant près le cimetière Sainte-Anne. Le corps de ladite tour du coté vers midy est parachevé quant à la maçonne des cinq ordres d’architecture qui le compose, sçavoir, l’ordre dorique qui est le premier, le ionique qui est le second, le corinthe qui est le troisième, le composite qui est le quatrième et l’ordre d’atticque qui est le cinquième et le dernier. Et à l’égard de l’autre corps de lad. tour du coté du pallays episcopal vers septentrion, qu’il y en a quatre ordres de faits. Et partant qu’il reste à faire le dernier ordre dud. corps qui est l'atticque, lequel suivant le dessein qui est dans lad. église doit être de l’ordre composite jusques au-dessus de la base des domes qui sont portés sur led. dernier étage de l’ordre atticque selon la figure dud. dessein. Ce dessein démontre un balustre tout autour dud. oeuvre avec la base et corniche de 5 pieds de hauteur lequel balustre faict forme de pieds d'estaux avec 8 colonnes aud. corps, lesd. colonnes ornées de leurs bazes, chapiteaux, architraves, frises et corniches. La charpente des deux domes de lad. tour et des hauteurs qui seront au-dessus, les baffrois de charpente pour porter les cloches en l'estage de l’ordre composite et en l'estage atticque... la couverture desd. domes et lanternes de lad. tour, lad. couverture étant garnie de plomb en la forme qu’il est sur le dessein, mesmes les boules qui seront sur la fin des domes, aussi de plomb doré avec les deux croix de fer et tout autre fer nécessaire ».

Rennes : plan de l'église cathédrale primitive de Rennes

Cependant les membres du chapitre demandaient à l'Académie royale d’architecture de les conseiller sur l’achèvement du dessin des tours, et celle-ci, la 9 avril 1674, est d’avis que « au lieu des domes que l’on se propose, l’on se contente de terminer l’ouvrage par un zocle et balustrade à hauteur d'apuy par le dedans qui sera couvert de plomb ou d’ardoise dont ilz auront le choix ».

L’influence de l’architecture Louis XIII, Louis XIV, inspira le fronton surmontant la grande fenêtre centrale ; ce fronton de style Louis XIV portait un écusson circulaire aux armes de France, sommé d’une couronne royale, et entouré des colliers de saint Michel et du Saint-Esprit, et soutenu par deux anges avec draperies, au sommet, le soleil rayonnant du Grand roi avec la devise : Nec pluribus Impar.

Pour ce fronton, Corbineau paraît s’être inspiré de celui qu’il venait d’élever au Palais de Justice et qui porte le cadran solaire.

Enfin François Huguet qui lui succéda en 1678 dégagea les deux tours et termina en 1704 cette oeuvre dont la construction n’avait pas demandé moins de deux cent treize années.

Sur un large palier surélevé de trois degrés s’élève la masse imposante et lourde de la façade, deux grosses tours élevées de cinq étages accostent le grand portail d’entrée occupant toute la hauteur du rez-de-chaussée et la grande fenêtre cintrée du premier et deuxième étages. 

Rennes : la cathédrale de Rennes vers 1860

Le portail est couvert par une rigide plate-bande avec corniche et balcon soutenue par quatre colonnes toscanes.

A l’origine, le grand portail, les quatre colonnes l’accostant ainsi que le grand balcon n’existaient pas, les constructeurs de la fin du XVIème siècle, Vincent Rabault et Robert Jarde avaient élevé entre les tours deux portes jumelées avec meneau à croisillon dans le style de la Renaissance, ce n’est qu’au milieu du XVIIème siècle, lorsque Pierre Corbineau termina l’édifice, que fut créé, d’après la conception de Tugal Carist, le grand portail, avec les deux pilastres engagés et les quatre colonnes isolées supportant le grand balcon, sur l’avis de Messieurs de l'Académie royale d’architecture [Note : Il est très facile de se rendre compte de la transformation de la porte d’entrée. Ce travail ne fut d’ailleurs pas très bien exécuté, le raccord des maçonneries est très apparent, les hauteurs d’assises de l’appareil de pierre ne sont pas les mêmes que celles des parties conservées, les plinthes des bases des colonnes toscanes anciennes sont sur plan circulaire, tandis que les nouvelles sont sur plan carré, le piédestal des colonnes est d’un appareil différent].

La grande fenêtre centrale à plein cintre sur la clé de laquelle étaient autrefois sculptées les armes du duc de Chaulnes remplaça les deux fenêtres géminées établies précédemment.

Au-dessus de la fenêtre, un entablement à fronton circulaire. Deux grandes figures soutiennent un écusson autrefois armorié des armes de France et sommé de la couronne ducale.

Le rez-de-chaussée des tours se compose de quatre colonnes toscanes encastrant deux niches ornementées avec base et dais. Au milieu, une porte d’entrée au fond d’une arcature soutenue par des colonnettes.

Le premier étage avec quatre colonnes et fenêtre centrale est d’ordre ionique. Le deuxième étage est d’ordre corinthien couronné d’un fort entablement avec balustrade. Le troisième étage, plus étroit, est d’ordre composite, couronné d’une balustrade. Enfin, le quatrième étage d’attique sur plan octogonal est couronné d’une haute balustrade avec huit grands vases de flammes.

Si l’ensemble de ces tours présente une certaine lourdeur, il faut bien se rappeler qu’elles ne furent jamais achevées ; dans le dessin primitif, il avait été prévu, d’après le procès-verbal de Maître de Bretin, au-dessus du quatrième étage, deux dômes en plomb surmontés d’une lanterne avec une croix. Si ces dômes avaient été construits, l’ensemble des tours eût eu moins de lourdeur, plus d’élégance et un caractère plus religieux (G. Nitsch).

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