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LES CARMES DE RENNES

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Fondateurs et bienfaiteurs du couvent ; la cloche de la porte Jacquet ; le vieux cloître des Carmes ; les Carmes prédicateurs ; frairies érigées dans leur église ; un artiste flamand ; premier hôpital militaire à Rennes ; dame Philippe de Coëtlogon.

C'est en 1448, par lettres-patentes datées du 6 juillet (Voir D. Morice, tome II des Preuves, col. 1427-8), que le duc François Ier autorisa le premier établissement fixe des Carmes dans la ville de Rennes. Ils n'y avaient jusqu'alors paru qu'en passant. Frère Olivier Jacques, du couvent de Nantes, fut établi procureur et prieur du nouveau couvent de Rennes ; c'est en cette qualité qu'il reçut les dons destinés à en assurer la fondation. L'un des principaux bienfaiteurs fut Jean, sire de Malestroit et de l'Argoët, vicomte de la Bellière et maréchal de Bretagne. Il fit don aux religieux Carmes, le 1er décembre 1450, de son hôtel situé dans la rue des Dames, et connu sous le nom de la Maison au Vicomte. Cet hôtel occupait l'emplacement formant l'encoignure de la rue des Dames et de la rue du Griffon, là où s'élève encore aujourd'hui un vieil et sombre hôtel, habité naguère par la famille de Freslon, et qui, au XVIIème siècle, appartenait à messire Charles Champion, baron de Cicé et conseiller au Parlement de Bretagne.

Mais ce n'était pas dans cette maison que les Carmes pouvaient songer à établir leur couvent, ils y auraient manqué d'espace. Bientôt un local plus convenable leur fut offert. Dame Marie Madeuc, femme de messire Jean de Lorgeril, seigneur de Repentigné, leur donna son manoir de La Tourniolle, situé près de la rue Vasselot. Et ce fut là que le frère Olivier Jacques commença à jeter les fondations du nouveau monastère.

Par suite des adjonctions de terrains qui furent successivement faites à ce premier fonds, tant par dons particuliers que par acquisitions des religieux, l'enclos du couvent des Carmes s'étendit le long de la rue Vasselot sur une longueur de 272 pieds, d'Orient en Occident, et du Nord au Midi depuis le pavé de la rue jusqu'aux terrasses des remparts de la ville, à travers le cloître et les jardins, leur terrain mesurait une largeur de 276 pieds, ce qui équivalait à 2 journaux 52 cordes 6 toises de superficie, ou un hectare 30 ares à peu près. Les PP. Carmes possédaient en outre plusieurs maisons, rentes et fiefs qui leur avaient été donnés et amortis par lettres du duc François II en 1475 et 1484, du roi Charles VIII en 1492, et d'Anne de Bretagne en 1498.

Aussi les ducs de Bretagne se considéraient-ils, dès le principe, comme fondateurs du couvent, ainsi qu'on peut le voir dans les lettres originales de Pierre II, données à Dinan, le 11 avril 1450 (1451), conservées aux archives municipales de Rennes (liasse 169, fonds des Carmes).

Le duc y dispose en faveur des religieux Carmes d'une partie des bois destinés d'abord à faire une clôture palissadée à la troisième enceinte de la ville, enveloppant les quartiers de Saint-Thomas et Toussaints, commencée récemment. « Nosditz bourgeois, ajoute le duc Pierre, depuis ont eu avisement et déliberation que meilleur et plus profitable estoit fere ledit edifice de pierre et maczonnerie que de boais ; par quoy ledit boais que à la cause que dessus avoit esté acheté ny sera emploié. Pourquoy, et pour la singulière devocion et affeccion que avons à la perfeccion de lediffice nouvellement encommencé ès forsbourgs de nostre ville de Rennes pour les religieux de l'ordre de Nostre Damme du Carme dont suymes principal fondeur, etc. Avons de nostre grâce donné et donnons aux religieux dudit moustier, des boais dessur achetés jucques à la valleur de cinquante libres monnois, pour estre emploiés a lediffice dudit moustier, ainsi quilz verront lavoir affere ».

A cette première largesse, le duc Pierre en ajoute une seconde, à savoir : « Une cloche estant en la tour Saint Jame, près porte Jacquet [Note : Cette porte Jacquet était une des cinq portes ouvertes sur la ligne d'enceinte de la vieille cité. Elle devint inutile, après la construction de la seconde enceinte de Rennes, dite « la ville neuve, » commencée en 1422. Elle devait son nom, ainsi que la tour Saint-James qui la protégeait, au voisinage de la chapelle Saint-James. C'est sur la tour Saint-James que fut établie l'horloge publique en 1468], laquelle autresfoiz y fut mise pour eschaugaite (c'est-à-dire pour le guet, et garde de la ville) et que pour le present ne sert de riens ». — Ces lettres de Pierre II, sur parchemin, portent la signature manuelle du duc, et sont scellées sur simple queue d'un sceau en cire rouge où l'on voit l'écu hermine, couché sous le heaume, supporté par deux lions rampants.

Deux quittances de frère O. Jacque constatent que les ordres du duc furent exécutés. La cloche lui fut remise le 16 mai 1451, et les « cinquante livrées de bois, » le 24 mai 1452.

Le corps de ville ou la Communauté de Rennes, comme on disait autrefois, voulut aussi être réputée, au moins en partie, fondatrice et bienfaitrice du couvent des Carmes. Depuis 1452, jusqu'en 1460, et plus tard, les miseurs des dépenses communes reçurent de fréquents mandements d'avoir à payer diverses sommes d'argent octroyés aux Carmes par les bourgeois, « pour avoir part à la fondation dudit couvent ».

L'église et le couvent, bâtis tant du produit des aumônes des bourgeois de Rennes que des largesses des ducs et des grands seigneurs de Bretagne, ont eu le sort de beaucoup de nos anciens établissements religieux : il n'en reste plus guère que le souvenir. J'ai décrit ailleurs l'ancienne église des Carmes, telle qu'elle existait encore vers 1798, avant sa démolition. Le cloître qui lui était attenant au Midi n'a pas eu le même sort ; plusieurs de ses arcades sont encore debout, encadrant un chantier dans lequel on pé­nètre par le côté occidental de la rue actuellement nommée « rue des Carmes, » tracée sur le terrain qui fit partie de l'enclos du couvent. Ces arcades sont ogivales, ornées de quelques moulures simples qui viennent mourir sur les pié-droits. Le presbytère actuel de la paroisse de Toussaints est établi dans une ancienne dépendance des bâtiments conventuels.

Les Pères Carmes jouissaient aux XVème et XVIème siècle d'une grande vogue à Rennes comme prédicateurs. Aussi trouve-t-on dans les pièces qui les concernent aux archives municipales plusieurs mandements des bourgeois, de l'espèce suivante :

Le 10 avril 1485. — Ordre à Vincent le Vallays et Paris Boussemel, miseurs, de paier dix livres monnoie à frère Bertrand Hervé, religieux de l'ordre des Carmes « de don et aumosne de la ville, pour aider audit religieux à faire sa feste de docteur, et en partie aussi de recompense de sa bonne doctrine et prédication en ceste ville de Rennes, à quoy il a laborieusement vacqué et entendu, le Karesme derrain et à cestes restes et féries de Pasques ».

1496. Autre mandement du Conseil des bourgeois de payer sept livres dix souls monnoie, à frère Yves Morel, religieux. Carme, « qui durant le Karesme dernier a ordinairement et cotidiennement presché en ladite ville et profité à son pouvoir au peuple de ladite ville, pour s'enaller recevoir le dégré de Docteur en Sainte Théologie en l'Université de Paris, ce que luy est impossible de faire sans être aidé des aumosnes et bienfaiz dudit peuple ». — On aime à voir cette reconnaissance affectueuse des bons bourgeois pour les dignes religieux qui leur dispensaient le pain de la parole de vie.

Dans une notice manuscrite sur la fondation des Carmes de Rennes, qui existe aux archives départementales (fonds des Carmes, I, H, 3), on lit qu'en 1454, le jour de la Saint Jean Baptiste, le chapitre provincial de l'ordre fut tenu au couvent de Rennes et présidé par le P. Jean Sorel, général des Carmes. Deux bulles du Pape Sixte IV, l'une de 1477, l'autre de 1482, accordèrent des indulgences en faveur de la construction des bâtiments du couvent. La libéralité du peuple et de la noblesse bretonne répondit à cet appel ; car, dès la première année, les oblations et aumônes montèrent à près de 10.000 liv.

Mais au bout de six ans, les indulgences n'ayant pas été prorogées par le Souverain Pontife, les religieux durent recourir à d'autres moyens pour solliciter la charité des fidèles. Des frairies furent érigées dans l'église du couvent. La frairie de Notre-Dame du Carme, qu'on appelait « la frairie blanche, » attira un grand concours de peuple aux fêtes de l'Assomption de la sainte Vierge et procura aux bons pères d'assez abondantes aumônes.

On peut en dire autant de la frairie de sainte Barbe, établie d'abord dans une chapelle au haut du cloître joignant le mur méridional de l'Eglise. Par suite de la contagion qui exerça ses ravages à Rennes en 1543, les religieux changèrent de place l'autel de cette frairie, le placèrent dans l'église, du côté de la rue Vasselot, et firent peindre sur les parois de la muraille voisine l'image de Notre-Dame de Paradis et la légende de sainte Barbe, de grandeur naturelle. Ce fut un peintre flamand, nommé Le Béchot, qui exécuta ces peintures. Il ne voulut accepter aucun salaire « que ses dépens, » dit l'auteur de la notice où je puise ce fait artistique, et son travail, commencé en 1544, fut achevé l'année suivante.

Enfin, la frairie du Scapulaire était aussi établie dans l'église des Carmes et y attirait de nombreux affiliés. « Elle est en grande dévotion par tout l'évêché et quasi par tout le païs, » dit encore l'auteur de la notice déjà citée.

Il y a eu, dans le couvent des Carmes de Rennes, jusqu'à 90 religieux, et dans les commencements de la Réforme, dite l'Observance, qui eut lieu en 1604, on en compta jusqu'à 102. Mais en 1758, il n'y avait dans la maison que 42 religieux, y compris novices et frères ; et à l'époque de la Révolution, lorsqu'en 1792 les Pères furent expulsés de leur maison, ils n'étaient plus qu'au nombre de 28.

En 1779, un hôpital militaire avait été installé dans une partie du couvent, par l'intervention et les soins de l'intendant de Bretagne, M. Caze de la Bove et de M. Tuffin du Breil, commissaire des guerres. Le P. Eloy Piel de la Bellangerie, docteur en théologie, prieur des Carmes, fut le premier aumônier de cet hôpital. La Republique conserva aux bâtiments conventuels la même destination jusqu'en 1804.

En 1798, on démolit l'église où se voyaient les enfeux de plusieurs familles considérables, entr'autres des Robien, des Coëtlogon, des Cornullier, des Busnel. Dans un des caveaux dont on fit alors l'ouverture, on trouva le corps entier et parfaitement conservé de dame Philippe de Coëtlogon, morte le 14 décembre 1677 ; elle avait épousé, en 1658 son parent René de Coëtlogon, vicomte de Méjusseaume, gouverneur de Rennes, qui mourut le 8 juin 1730, sept jours après avoir reçu le bâton de maréchal de France. Le corps de cette dame fut transféré au cimetière commun.

Les Carmes jouissaient, au moment de la Révolution, d'un revenu de 12.300 fr. Leur bibliothèque, qui est devenue un des éléments de la bibliothèque publique de la ville, se composait de 10.600 volumes. (P. D. V.).

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