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HISTOIRE DE L'ANCIENNE ÉGLISE PAROISSIALE DE REDON.

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A l'origine et pendant plusieurs siècles, les habitants, peu nombreux encore, de la bourgade qui se formait autour de l'abbaye n'eurent d'autre clergé que les moines et d'autre église que l'abbatiale Saint-Sauveur. Mais cette population étant devenue plus considérable et d'autre part l'abbatiale se trouvant fréquemment encombrée par les foules de pèlerins, il fallut songer à fonder une église paroissiale.

Les Bénédictins, en la concédant, en gardèrent le titre de « Recteurs primitifs », et le desservant prit le nom de « Vicaire perpétuel ». Placée sous le vocable de la Purification de la Vierge, et appelée Notre-Dame du Pesle du nom de la maison noble près de laquelle on l'édifia, elle fut construite au XIème siècle sur une légère éminence à l'entrée du Faubourg, au bas de la colline de Galerne [Note : Elle était située sur l'emplacement actuel du bâtiment central de l’école publique des garçons et du jardin qui le précède. La porte principale s'en trouvait exactement à la place de la grille de l'école, et, dès que pour des travaux quelconques de voirie l'on creuse le sol si peu que ce soi au ras de cette grille, on rencontre les bases du mur de la façade ouest de la vieille église. Devant l'église était le cimetière, limité au nord par la chapelle de la Congrégation et sa sacristie, encore existantes, et à l'ouest par l'ancien presbytère qui subsise également].

Incendiée puis rasée il y a juste quatre-vingts ans, cette église ne nous est plus connue que par une photographie reproduite dans le « Guide de l'excursionniste pour Redon et ses environs » [Note : Ce petit volume, devenu introuvable, fut publié à Redon chez A. Bouteloup en 1905. La documentation historique en a été fournie en partie par le Comte de Laigue] de Mme du Faouédic, et par quelques notes descriptives que l'on aimerait plus précises et plus complètes.

« Cet édifice, dit l'abbé Luco dans le Pouillé de l'ancien diocèse de Vannes, conservait des parties remarquables de la construction primitive accusant les XIème et XIIème siècles ».

D'autre part, lors du Congrès de l'Association Bretonne qui se tint à Redon en octobre 1857, M. de la Bigne Villeneuve disait dans un mémoire concernant l'ancienne église : « Les étages inférieurs de sa vieille tour, avec leurs arcatures romanes, leurs archivoltes à moulures minces et redoublées retombant sur des colonnettes engagées dans l'angle des baies cintrées, l'arcade et la voussure de forme si grossière et si primitive de la grande porte occidentale composent un ensemble digne d'être examiné ».

« Le reste de l'édifice, beaucoup plus moderne, ajoute le chanoine Guillotin de Corson, avait été reconstruit aux XVème et XVIème siècles ; on y remarquait surtout des fenêtres de style flamboyant qui avaient contenu jadis de précieuses verrières peintes ».

La rapport de M. de la Bigne Villeneuve à l'Association Bretonne continuait en ces termes : « Dans le reste de cette église menacée d'une ruine prochaine, on ne trouve guère à noter que quelques fenêtres de style flamboyant, les unes, comme les trois plus voisines du chevet du côté, nord, rappelant le XVème siècle, les autres plus modernes. Elles n'ont guère d'autre valeur à nos yeux que d'avoir servi à encadrer les curieux vitraux disparus sous l'injure du temps, dont un de nos collègues a découvert et présenté ce matin au Congrès les intéressants croquis ».

En effet, le docteur Joseph Foulon avait communiqué le matin plusieurs documents inédits très curieux trouvés par lui et contenant de précieux renseignements sur les anciens vitraux de l'église paroissiale. C'étaient d'abord deux lettres de l'abbé Travers, l'une écrite de Nantes le 29 novembre 1731 à un bénédictin de l'abbaye de Saint-Sauveur, avec prière de la communiquer à Dom Morice et à Dom Montfaucon, l'autre écrite du même lieu le 8 janvier 1732 à Dom Maurice lui-même pour soutenir les conjectures singulièrement hasardées que le bon abbé avait émises, dans sa première lettre sur la date des verrières en question et sur l'identification des personnages y figurés.

Le docteur Foulon mit sous les yeux des membres du Congrès d'authentiques dessins des vitraux décrits par l'abbé Travers. Il supposait avec raison que ces dessins avaient été exécutés, à la demande de l'abbé, par un artiste appelé par l'auteur anonyme de la note qui les accompagnait, lequel était l'un des correspondants de l'abbé, habitant Redon ou les environs.

Sur la proposition du savant M. Bizeul, le Congrès de l'Association Bretonne décida que « les lettres de l'abbé Travers, ainsi que les dessins des verrières de l'ancienne église Notre-Dame de Redon, vu leur importance comme documents historiques établissant l'état des lieux au XVIIIème siècle, seraient publiés dans les mémoires de la classe d'archéologie » (Bulletin archéologique de l’Association Bretonne : 6ème volume, 1ère livraison, p. 162).

Hélas ! cette publication n'eut pas lieu, et nul n'a pu découvrir où se trouvent actuellement les lettres de l'abbé Travers et les dessins qui y étaient joints.

« Le Pesle » était, comme nous l'avons dit, le nom d'un manoir voisin, ancienne dépendance de Beaumont dont il relevait féodalement en juveignerie. Ses terrains adjacents s'étendaient jusqu'à la Vilaine, et c'est sur l'emplacement de cette propriété que se trouvent aujourd'hui la Sous-Préfecture, le Tribunal, la rue et les maisons voisines, le Bois-Brun, etc., bref presque tout un quartier de la ville. Tout donne à penser que les seigneurs du Pesle, qui étaient aussi seigneurs de Lanruas, avaient dû contribuer à la fondation de l'église Notre-Dame. Ils y possédaient en effet « un banc à queue de quatre pieds et demi de long avec accoudoir, sous la haute et première voûte du chœur du côté de l'Evangile, et place de deux tombes sous ledit banc armorié des armes de la maison de Lanruas, lesquelles sont aussi dans la vitre du Rosaire, du côté de l'Epître, et le droit d'y faire mettre un personnage » (Aveux de Lanruas).

En cet enfeu furent inhumés les Lambart, Mahé, Le Gal de la Haye et d'Osmond de Centeville, possesseurs successifs de Lanruas [Note : Une pierre tombale très usée, datant du début du XVème siècle et provenant de l'ancienne église paroissiale, a été utilisée dans la construction de la chapelle de la Salette, rue de la Gare, dont elle constitue le seuil. Elle porte deux écussons : celui de gauche figure un griffon. Or les armoiries des Lambart qui possédèrent Lanruas du XIVème au XVIème siècle étaient : « De gueules au griffon d'argent »].

Les seigneurs de Beaumont, principaux fondateurs, avaient dans l'église une chapelle placée près du maître-autel du côté de l'Evangile (côté nord), avec ses deux bancs armoriés à accoudoirs, ses enfeus « en dedans et en dehors », et toutes les prééminences seigneuriales. En 1585, noble et puissant Nicolas de Téhillac, chevalier, seigneur de Beaumont, demeurant au château de La Bretesche, vendit cette chapelle et tous ces droits pour deux cent-quinze écus sol à noble homme Paul Fabron, sieur du Parc-Anger. Depuis lors, les Fabron, les Marcadé, les Kerverien, les Vaucouleurs de Lanjamet et les Dondel du Faouédic, qui se sont succédés comme seigneurs du Parc-Anger, se firent toujours inhumer en cette chapelle.

Il semble que les habitants de Redon appartenant à la noblesse, à la bourgeoisie ou au négoce aient tout particulièrement tenu à être enterrés à l'intérieur de leur église paroissiale. Lorsque le Parlement, au début du XVIIIème siècle, voulut leur retirer cette faculté, ils protestèrent avec tant de véhémence qu'un nouvel arrêt fut rendu, assez curieux à notre avis pour mériter d'être rapporté.

« Extrait des registres du Parlement :
Vu par la Cour la requête de Maître Pierre Primaignie, procureur fiscal de la ville et juridiction de Redon, tendante à ce qu'il plût à la Cour voir à ladite requête attachée à la délibération de la communauté de Redon du 14 septembre 1721, et en conséquence permettre au général des paroissiens de Redon de faire inhumer dans leur église les corps des particuliers qui décèdent, et notamment ceux des principaux bourgeois et qui tiennent quelque rang dans ce lieu, en payant à la fabrique les droits que l'on avait accoutumé de lever à son profit ; ladite requête signée de l'exposant et de Nouvel, procureur, etc... ; la Cour, sans préjudicier à l'arrêt d'icelle du 6 août 1719, a permis aux paroissiens de Notre Dame de Redon d'inhumer dans leur église ceux qui décéderont, payant, savoir : ceux qui le seront depuis l'autel jusqu'à la chaire 30 livres ; depuis la chaire jusqu'au bas de l'église 20 livres, ce dont les fabriques et trésoriers en charges tiendront compte. Enjoint au suppliant de tenir la main à l'exécution du présent arrêt. — Fait en Parlement à Rennes le 27 avril 1722 »
.

« Icelui arrêt apparu au soussigné recteur par M. le Sénéchal de Redon, et lui rendu ce matin deuxième juin 1722. — Signé : R. Rouault, prêtre et recteur de Redon ».

Le premier paroissien qui bénéficia de cet arrêt fut Guillaume Gervo, maître tanneur, demeurant faubourg Notre-Dame, qui fut enterré dans l'église le 2 juin, étant décédé la veille à l'âge d'environ soixante-dix ans.

Les registres paroissiaux nous donnent encore plusieurs renseignements intéressants à noter, par exemple ceux-ci :

13 octobre 1600. « Enjoint aux fabriques de faire réparer et nettoyer leur église tant dedans que dehors, d'acheter ornements et livres y requis et nécessaires, de faire réédifier et rétablir la muraille et circuit du cimetière, et ce dans la Noël prochain, sous les peines qui échéent. Fait au cours de la visitation. Signé : de Bougeois ».

12 septembre 1685. « Ce mercredi 12 septembre on a commencé à démolir l'ancien grand autel afin d'en construire un autre tout à neuf, conformément au marché qui en a été fait par devant les notaires royaux le 5 février pour la somme de deux mille livres et vingt livres de denier à Dieu. Et dans ledit marché est comprise la structure du tabernacle. Le 14 septembre la première pierre du nouveau grand autel été bénite et posée au côté de l'Evangile par le recteur Gilles Mancel et par Noble Homme Pierre Chaillou, sieur de Laval, premier marguilier ou fabrique ; ledit autel construit par les aumônes et les charités des paroissiens ». — La première messe célébrée sur le nouvel autel le fut le dimanche de Pâques, 18 avril 1688. Ce grand autel était « richement orné », dit un document de l'époque. Nous savons aussi que dans le transept de l'église paroissiale se trouvait un grand tableau de l'Assomption peint en 1632 par un certain Delisle.

En plus des chapelles seigneuriales, il n'y avait pas moins de quatorze chapelles, dont les vocables étaient : la Sainte-Trinité, Notre-Dame de Pitié, le Rosaire, Saint-Joseph, Saint-Jean, Saint-Sébastien, Saint-Eloi, Saint-Yves, Saint-Gilles, Saint-Crespin, Saint-Martin, Saints Cosme et Damien, Saint-Roch et Toussaints.

Le 24 juin 1792 eut lieu le transfert du culte paroissial de l'église Notre Dame dans l'abbatiale Saint-Sauveur, et au cours de l'été de 1793, les fonts baptismaux avec leurs belles grilles de fer forgé, la chaire, les ornements, etc., y furent également transportés.

L'église Notre-Dame, vide, fut alors affectée au logement d'un escadron de cavalerie, hommes et chevaux, puis, en 1794, on en fit un « dépôt des vins de la République » ; enfin, quelques mois plus tard, elle devint une fabrique de salpêtre.

La Terreur passée, la liberté religieuse, favorisée par les autorités municipales, revint peu à peu à Redon. En sa séance du 7 février 1796, le Conseil de la commune autorisa « les citoyens et citoyennes Guillaume Evain, lieutenant de la Garde Nationale, Catherine Poulain, Perrine Poirier, Pierre Robert, Antoine Méteier, François Evain, Jean Hervy, Julien Panhaleux, Menu et Mouraud, à utiliser l'église de l'ancienne paroisse pour l'exercice de leur culte ». Dom Jausions ajoute même (p. 292) « Nous avons oui dire que de très bonne heure les Congréganistes et autres pieux fidèles prirent l'habitude de s'y réunir pour y prier entre eux ».

En tout cas, lorsque le culte fut officiellement rétabli, on se servit pendant quelque temps encore de l'ancienne église paroissiale, jusqu'à ce que des réparations indispensables eussent été effectuées à Saint-Sauveur, c'est-à-dire jusqu'en septembre 1805.

Définitivement abandonnée, Notre-Dame du Pesle fut alors convertie en dépôt de bois, charbons et matériaux divers, tous très inflammables ; et ainsi s'expliquent la violence et la rapidité de l'incendie qui la détruisit totalement dans la nuit du 18 décembre 1864, ne laissant subsister que des pans de murs noircis et rougis qu’il fallut raser sans délai.

(R. de Laigue).

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