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LE COUVENT DES CALVAIRIENNES DE REDON.

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Le fondateur du monastère des Calvairiennes de Redon fut dom Noël Thomas de la Reigneraye, religieux bénédictin de l'abbaye Saint-Sauveur dont il avait été prieur claustral. Il était alors prieur du prieuré de Pléchâtel, et sa piété, son zèle et sa charité l'avaient fait surnommer « l'amoureux de Jésus ». Il appartenait à une famille d'ancienne noblesse des environs de Dinan, aujourd'hui éteinte, qui s'armait : « D'or à la bande en grêlée d'azur ».

Ce saint religieux, dont le portrait existe encore dans la chapelle du monastère, fit en 1634 un don de douze cents livres pour aider à l'édification dans l'église abbatiale Saint-Sauveur du grand retable du maître-autel et de ceux des autels du Rosaire et Sacré-Cœur ; il contribua à la restauration de l'abbaye de la Joie près d'Hennebont et du couvent de Nazareth près de Vannes ; il établit en Bretagne la Congrégation bénédictine de Saint-Maur.

En accord avec dom Baudry, nouveau prieur de Saint-Sauveur, et avec le Cardinal de Richelieu, abbé commendataire, dont l'autorisation porte la date du 5 juillet 1629, il s'adressa au monastère de la Trinité de Poitiers et lui demanda d'envoyer à Redon plusieurs religieuses pour y fonder un monastère de Bénédictines. Il accompagnait cette fondation d'un don de trois mille livres et de la condition qu'en sa qualité de fondateur principal, il aurait part à toutes les messes, prières et bonnes œuvres.

Les religieuses envoyées de Poitiers furent au nombre de six ; c'étaient les Mères d'Ollivier, vicaire, de Farcy, prieure, Ménager, Couplier de la Pommeraye, Vorger, converse. Une petite fille, Louise Loranceau, nièce du prieur dom Baudry, les accompagnait ainsi qu'un aumônier, le P. Bételaud, prieur de Saint-Jean-d'Angély. Après un voyage pénible et dangereux, ce petit groupe parvint à Redon le 21 septembre 1629, jour de la Saint-Mathieu, et alla loger rue du Port chez dame Yvonne Chesnays, riche bourgeoise de la ville, veuve de Jean Aoustin, sieur de la Porte et de l’Etang, et propriétaire elle-même de Lanruas, du Pesle et de Brillangault.

Les Bénédictins leur faisaient apporter de l’Abbaye leurs repas tout préparés, et chaque matin l'un deux venait leur dire la messe. Un mois plus tard, le 18 octobre, les religieuses obtinrent de la communauté de ville l'autorisation d'acquérir une maison où elles demeurèrent jusqu'en 1637. Des Lettres patentes leur furent accordées par le Roi en 1633, et l'abbaye Saint-Sanveur leur donna officiellement la permission de fondation le 12 décembre 1634.

Elles avaient commencé de faire des aménagements et constructions nouvelles quand surgirent des difficultés et des oppositions. Un bénédictin de l'Abbaye, dom Rado du Matz, offrit alors de leur donner un terrain à l'ouest de la ville, mais leur protecteur-fondateur, dom de la Reigneraye, préférait les voir s'établir dans le quartier Saint-Michel qui était plus salubre, plus aéré, et, à cette époque, plus retiré. On se souvint en outre, fort à propos, qu'un jour où le P. Bételaud s'était endormi après Matines, il avait cru voir dom Baudry, décédé depuis peu, qui lui disait : « Ne vous mettez pas en peine : ce ne sera pas sur le terrain de dom Rado que les religieuses bâtiront, mais par la volonté expresse de Dieu, à côté de la chapelle Saint-Michel ».

Dom de la Reigneraye acheta donc, tout près de cette chapelle, une propriété joignant le domaine abbatial de La Houssaye, dite « le grand Logis Saint-Michel », appartenant anciennement à une famille Daguenaud qui faisait partie de la bourgeoisie de Redon.

Dès 1505, par son testament en date du 31 août, Michel Daguenaud avait fondé en faveur de la « Pitance » de l'Abbaye une rente annuelle de douze sols assise sur le Clos Daguenaud, lequel « joignit les terres de la Jalousie, le chemin de la Jalousie au manoir de Beaulieu, et celui de la Jalousie à la Châtaigneraye » (Arch. Départ. d’Ille-et-Vilaine : H. 2).

Entre autres enfants, Michel Daguenaud eut Jean qui suit, et Marguerite mariée dès 1526 à Pierre Chevreul, dont Jeanne Chevreul, femme de Tanguy Moncel, sieur de la Quilliennaye et de la Gicquelaye (en Redon), vivant en 1593.

Jean Daguenaud avait épousé Perrine Chesnays, sa veuve en 1580, et en avait eu François Daguenaud (1541 à 1609), « prévôt des mesureurs et porteurs de sel sur le port de Redon », sieur de la Morinaye en Bains, qui de Julienne Trémoreuc n'eut pas de postérité. Ses héritiers furent, au maternel, son cousin germain, maître Laurent Chesnays, sieur de la Grazaye, avocat en la Cour, procureur syndic, maire de Redon en 1594, fils de Jean Chesnays, sieur de Cottio et de Mussain en Redon, et d'Hélène Poirier dame de la Gazaye, lequel Jean était frère de Perrine Chesnays ; au paternel, un autre cousin germain, Pierre Mancel, petit-fils de Tanguy Mancel.

En 1608, maître Laurent Chesnays possédait les immeubles des Daguenaud, entre autres le Grand Logis Saint-Michel et une petite maison dite « le Pressouer, joignant d'un bout le pavé du faubourg Saint-Michel et d'autre bout la Vilaine » (Arch. Départ. d’Ille-et Vilaine : H. 3).

Ayant acquis cette propriété, dom de la Reigneraye y entreprit sans délai la construction du monastère. Sur l'ordre du Père général, le P. Placide des Arcus, visiteur, avait désigné comme architecte un de leurs oblats et comme conducteur des travaux dom Denys de l'abbaye Saint-Sauveur.

Ce dernier eut au début quelques ennuis : les voisins du Grand Logis Saint-Michel, mécontents de se voir privés d'un chemin qu'ils utilisaient pour se rendre à la Vilaine, vinrent à plusieurs reprises pendant la nuit démolir une partie des murs que l'on commençait d'édifier ; et, quand la construction se trouva achevée malgré eux, ils firent courir le bruit qu'on y apercevait des fantômes, qu'on y entendait des hurlements sinistres.

A peine installées, les Dames Trinitaires firent elles-mêmes l'acquisition de deux autres petites propriétés voisines appelées La Joliveterie et La Patouillère. La première, qui appartenait aussi à Laurent Chesnays et consistait en « un logis et jardin », devint l'habitation du chapelain-aumônier. Quant à la Patouillère, « jardin et vigne », relevant féodalement de Beaumont, on la trouve en 1566 appartenant à maître Marc Bigot, notaire et avocat à Redon, époux de Simone Le Potier, laquelle se remaria à Jean Boué, sieur des Poiriers et de la Loriérie.

D'autres pièces de terre en labour furent également acquises pour arrondir l'enclos de la communauté, entre autres un vaste champ, relevant aussi de Beaumont, propriété en 1542 de Marc de Préaubert, notaire de la Cour de Redon, sieur de la Châteigneraye et de Gressieux, procureur de la Cour de Lanruas, époux de Mathurine Le Bras. Leur fille, Gillette de Préaubert, baptisée à Redon le 29 avril 1574, fut mariée vers 1591 à maître Pierre Macé, sieur de la Loriérie, notaire royal.

On peut estimer à quarante mille livres le montant des dépenses que les achats de terrain, les premières constructions et l'ameublement du nouveau monastère coûtèrent au fondateur ; aussi sa mémoire est-elle demeurée en vénération chez les Dames de la Retraite qui ont succédé aux Calvairiennes.

Le 29 septembre 1637, jour de la fête de saint Michel, les religieuses quittèrent leur domicile provisoire à quatre heures du matin, les mains jointes, voilées et psalmodiant, précédées de leur fondateur revêtu de l'aube, portant un crucifix et assisté de deux prêtres. Une cérémonie eut lieu dans le local du nouveau monastère qui servait de chapelle, puis le Père Prieur congédia les habitants de Redon venus en grand nombre, la porte fut close et la clôture prononcée.

La chapelle fut construite en 1640 et achevée au début de 1641 [Note : Le 23 décembre 1640, marché fut passé entre dom de la Reigneraye et Julien Loret, couvreur, demeurant au faubourg Saint-Michel « pour couvrir la chapelle et le clocher du couvent des Trinitaires nouvellement construit ». (Arch. Départ. d’Ille-et-Vilaine)]. La première pierre en porte l'inscription : « Sancta Trinitas unus Deus ». Le plan approuvé comportait une chapelle particulière dédiée à saint Michel, patron du quartier ; auquel était due en outre quelque reconnaissance. pour la révélation faite au P. Bételaud. Mais cette chapelle particulière, par une négligence fâcheuse, était demeurée, sans autel. Or, à quelque temps de là, dom de la Reigneraye se trouvant en son prienré de Pléchâtel perdit subitement la vue. Attribuant une telle affliction à son ingratitude envers l'Archange, il promit d'élever l’autel dans le plus bref délai, et la vue lui fut rendue. Au récit de ce fait merveilleux la chronique du monastère ajoute : « On a souvent remarqué ici la protection de ce grand Archange » [Note : Le maître-autel, œuvre de Léger Plouvier, sculpteur d'Angers, fut exécuté et placé en 1650].

C'est en 1641 que les Dames Trinitaires de Redon s'unirent à la Congrégation du Calvaire à laquelle s'était déjà unie dès 1625 le monastère de la Trinité de Poitiers ; elles prononcèrent leurs vœux le 8 décembre, jour de l'Immaculée-Conception. Elles étaient alors dix-neuf dont voici les noms : Mère Agnès de Plœuc, assistante de l'Ordre et prieure de Redon, Sœur Catherine de Boussac, qui lui succéda, sœurs Alaneau, Malin, Le Maistre, de Farey, Couplier, de la Pommeraye, Mahé, Dohin, Georget, des Salles, du Matz, Lorenceau, Romagne, de Talhouët, Guillermo, Le Bel et Greffier. La mère Agnès de Plœuc mourut quelques années plus tard en odeur de sainteté.

L'Armorial général de 1696 donna au monastère des Calvairiennes de Redon les armoiries suivantes : « d'azur à une Croix du Calvaire contre laquelle est adossée la sainte Vierge debout, les mains jointes, le tout d'or sur une terrasse de même ».

Les Calvairiennes ne furent inquiétées par la Révolution qu'au milieu de 1792, date à laquelle elles avaient encore leur aumônier, l'abbé Jean Daniel. Le 5 octobre, expulsées par la force, elles se retirèrent dans une maison particulière de la ville. En mars 1793, défense leur fut faite de demeurer plus de trois ensemble, et, de fait, à la fin de la tourmente, elles n'étaient plus que deux. Avec l'autorisation de l'acquéreur, elles purent rentrer dans leur ancien monastère, et, aidées de trois converses, tentèrent de relever leur communauté ; mais elles n'étaient pas en état de racheter l'immeuble. Elles reprirent donc en ville un petit logement et continuèrent de donner des leçons de lecture et d'écriture aux enfants pauvres dans une des salles restées debout de l'hôtellerie de l'Abbaye Saint-Sauveur. Quatre d'entre elles moururent en quelques années, et la dernière, abandonnant Redon, gagna un monastère reconstitué de son ordre.

Pendant la Révolution, la maison des Calvairiennes avait été successivement transformée en caserne pour les Volontaires puis en dépôt de prisonniers espagnols ; l'agent de Carrier, Le Batteux, y avait habité pendant quelque temps avec sa famille.

En 1820, à la demande de M. Hattais, curé de Redon, Mgr Mannay, évêque de Rennes, obtint de Mgr Dombideau de Crouseilhe, évêque de Quimper, que trois Dames de la Retraite de Quimperlé vinssent fonder à Redon un établissement de leur Ordre [Note : La Congrégation de la Retraite, société de Marie, tire son origine des associations de dames pieuses établies en Bretagne par un Jésuite zélé, le P. Huby. Il s'agissait d'ouvrir dans les villes des maisons où les fidéles viendraient, à certaines époques de l'année suivre les exercices des retraites prêchées par des missionnaires]. Elles achetèrent l'ancien monastère des Calvairiennes, et, grâce à l'action de M. Hattais et au bienveillant concours des notables de la ville, purent bientôt ouvrir leur maison aux personnes désireuses de suivre les exercices des retraites.

Quelques années plus tard, les religieuses joignirent à leur premier objet celui de l'éducation ; elles créèrent d'abord une école gratuite pour les enfants pauvres, pins un pensionnat pour les jeunes filles des classes aisées. Mgr de Lesquen, évêque de Rennes, obtint une Ordonnance royale en date du 17 janvier 1827 qui reconnaissait légalement et officiellement l'existence du nouvel institut et permettait à ses membres de fonder d'autres maisons.

Du monastère des Calvairiennes il reste la chapelle avec son avant-chœur, son riche retable de marbre, et les portraits de dom Noël Thomas de la Reigneraye et de la première prieure, le joli cloître avec son petit jardin, et les bâtiments qui l'encadrent au nord, au levant et au couchant. Le bâtiment du midi a malheureusement été abattu au XIXème siècle pour faire place à une haute construction sans style qui rompt l'harmonie, de l'ensemble.

Une plaque scellée dans le mur rappelle le souvenir des Calvairiennes ; elle porte l'inscription suivante : « Cy git la Révérande Mère Vérane de Saint-Joseph, ditte Couplier, fondatrice de ce monastère, décédée le 2 novembre 1677, âgée de 72 ans et 38 de profession, et la Révérende Mère Angélique-Louise de Romain Mancel, Prieure en charge, décédée le 23 décembre 1769, âgée de 63 ans de naissance et 42 de profession. Requiescant in pace ».

(R. de Laigue).

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