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LA CHAPELLE DE LA CONGRÉGATION DE REDON.

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L'abbé Luco dans son « Pouillé de l'Evêché de Vannes », et le chanoine Guillotin de Corson dans celui de l'évêché de Rennes ont écrit, que la chapelle actuelle de la Congrégation occupe l'emplacement de l'ancienne chapelle Saint-Michel qui donna son nom au faubourg est de la ville. Il y a là certainement une erreur ou tout au moins une confusion ; la chapelle Saint-Michel était située tout en haut du faubourg, à peu près en face de la grille d'entrée de la Grande Houssaye, et existait encore au dix-huitième siècle [Note : Cette chapelle dépendait de la chapellenie régulière de Saint-Michel, l'une des plus importantes de l'abbaye Saint-Sauveur, qui possédait également sur les hauteurs de Langon la chapelle Saint-Michel de la Lande. Le temporel de cette chapellenie consistait en rentes qui lui étaient dues sur le Champ-Martin, sis en haut du faubourg Notre Dame, et sur la métairie du Puits-Guérin. Elle était desservie en l’église abbatiale, à l’autel Saint-Michel, dans le jubé, près de la porte de la grille du chœur du côté de l’Evangile. En 1695, le Pape accorda une bulle d'indulgences en faveur de la chapelle Saint-Michel].

Il ne reste plus aucune trace de cet édifice, et aucun document à notre connaissance ne permet de se rendre compte de ce qu'il était.

Quant à la chapelle de la Congrégation, qui nous occupe, elle ne fut construite qu'en 1703 sur l'emplacement du « logis de la chapellenie Saint-Georges », lequel était en 1580 la première maison que l'on avait à sa droite en montant le faubourg Saint-Michel lorsqu'on venait du faubourg Notre Dame. Ceci ressort d'une note jointe à l'aveu de Dom Scotti.

Fondée probablement dès le quatorzième siècle, la chapellenie de Saint-Georges a une origine imprécise. Les seigneurs de Launay en Rieux en furent toujours qualifiés fondateurs depuis Gilles Couldebouc, seigneur des Greffains, qui en rendit aveu le 27 juillet 1476, mais la présentation des chapelains appartenait aux seigneurs du Plessix en Bains, et quand, au dix-septième siècle, cette dernière terre devint la propriété de l'abbaye Saint-Sauveur, les Bénédictins attribuèrent le droit de présentation au seigneur de Lanruas en Redon, lequel possédait aussi la maison noble du Pesle, voisine de l'église paroissiale.

Les biens de la chapellenie consistaient en une maison à étage avec jardin adjacent, « joignant d'un côté le cimetière de la paroisse et d'autre côté le chemin de Redon à la chapelle Saint-Michel », et « six hommées de pré, dit pré de la chapellenie Saint-Georges et des Epinettes » au lieu d'Etriel en Avessac, en bordure de la Vilaine, le tout « sujet à foi, hommage et rachat, », c'est-à-dire noble. Le chapelain devait par an, au terme de Noël, quatre sols monnaie à la sacristie de l'Abbaye (Inventaire de 1699).

Aveu de ces biens fut rendu le 10 février 1424 par Guillaume Fortin, seigneur du Ronceray en Carentoir, dont les armes portaient une roue (Histoire de Carentoir, par l'abbé Le Claire). On trouve ensuite, le 27 juillet, 1476, l'aveu de Gilles Couldebouc, seigneur des Greffains et de Launay, époux dès 1450 de Jehanne Pastourel, dame du Parc-Anger en Redon. Le 16 janvier 1729, l'aveu est rendu par les confrères de la Congrégation.

Le chapelain de Saint-Georges devait dire une messe par semaine à l'autel de Toussaints dans l'église paroissiale ; en 1657 ce chapelain était Yves Poulain, et en 1693 Julien Tayart.

La Congrégation de la Sainte-Vierge avait été érigée très anciennement dans la paroisse de Redon. Le service s'en faisait d'ordinaire dans la chapelle de Saint Yves qui était la plus rapprochée du portail sud de l'église, et qui, pour cette raison, était également « affectée à recevoir les enfants pour les préparer au sacrement de baptême, et les femmes pour être introduites dans le sanctuaire après leurs accouchements ». Le vicaire perpétuel (curé), les prêtres et un grand nombre d'habitants de la paroisse s'étant fait recevoir dans la Congrégation, la chapelle de saint Yves était devenue trop petite, et d'autre part les cérémonies des baptêmes et des relevailles interrompaient fréquemment les pieux exercices des confrères. Il fallut chercher un autre local de réunion, et l'on demanda à Mgr d'Argouges, évêque de Vannes, l'autorisation d'édifier une chapelle particulière en dehors de l'église paroissiale, ce qui fut accordé le 20 septembre 1701.

Pour cette construction nul emplacement ne parut préférable à celui de la maison et du jardin de la chapellenie Saint-Georges, qui joignait au levant et au midi le cimetière paroissial et bordait au nord la rue du faubourg Saint-Michel.

Mais il était nécessaire d'adresser une demande à François Menand, écuyer, seigneur du Plessix et de la Ricardaie en Rieux, conseiller secrétaire du Roi à la Grande Chancellerie, payeur des rentes de l'Hôtel de Ville et Commissaire spécial des vivres aux Armées de sa Majesté. [Note : Fils de Jean Menand, sieur de la Fontaine, qui avait épousé Jeanne Pageaud à Jans le 12 mai 1644, François Menand fut baptisé à Redon le 9 août 1648, ayant pour parrain Jean Marcadé, Ecuyer, seigneur du Parc-Anger, et pour marraine Françoise Gouro, dame de la Rouardais en Bains. Originaires de la paroisse de Fégréac, les Menand faisaient partie de la bourgeoisie de Redon depuis la fin du XVIème siècle. François Menand fit construire au bas du Port, sur la rive droite de la Vilaine, l’hôtel du Plessix, appellé depuis le Mail, où il passa les dernières années de sa vie. Son sceau portait : « de gueules au chevron d'or cantonné en chef de deux tourteaux de même et en pointe d'un maillet d'argent » ; mais l'Armorial de 1696 lui donne : « d'argent à un chêne de sinople terrassé de même, englanté de deux glands d'or, un de chaque côté »]. En qualité de propriétaire de la maison et seigneurie de Launay en Rieux, il était en effet patron fondateur de la chapellenie de Saint-Georges dont, par une curieuse coïncidence, le présentateur se trouvait être à la même époque un personnage non moins important, René-François Le Gall, devenu marquis de Legall, Lieutenant-Général des Armées du Roi, vainqueur des Impériaux à Munderkingen le 2 août 1703.

La réponse de François Ménand à la demande des confrères fut telle qu'on pouvait l'attendre d'un homme dont la charité était connue. Par acte du 25 mars 1702, jour de l'Annonciation, dans son désir « de contribuer au service et à la gloire de Dieu », il consentit que les congréganistes fissent démolir la maison de la chapellenie de Saint-Georges et fissent bâtir à la même place une chapelle « à leurs frais et dépens et pour le service de la dite Congrégation, à condition expresse que le dit sieur du Plessix, en la qualité de seigneur de Launay, sera réputé fondateur de la dite chapelle, qu'il sera placé deux pierres embouties en icelle dans la muraille, des deux côtés du maître-autel, et une sur la principale porte, afin qu'il y puisse faire placer un écusson de ses armes ; qu'il aura du côté de l'évangile près le balustre un banc à queue et enfeu prohibitif ; que les confrères, à l'issue de leur office du matin, seront tenus de dire chaque dimanche et fête un Pater et un Ave à l'intention du dit fondateur, et après son décès un service et un De Profundis à perpétuité ; que le tout du revenu de la dite chapellenie demeurera joint et incorporé à la dite Congrégation parce que le dit sieur du Plessix et ses successeurs demeureront toujours présentateurs et en droit de nommer le prêtre qui fera le service d'icelle dans la dite chapelle, qui est d'une messe par semaine célébrée à l'intention du fondateur soit le dimanche, soit à jour de fête à la commodité des Confrères, aux prières desquels le célébrant recommandera le dit fondateur, auquel sieur sera payé par les dits Confrères pour le service de la chapellenie par chacun an la somme de quarante livres, et le restant du revenu d'icelle consistant tant en jardin joignant la dite maison qu'en prés tournera au profit de la dite Congrégation ; et sera le chapelain ténu de prendre la commodité des dits confrères pour célébrer leurs messes à l'heure ordinaire et leur faire une exhortation après leurs prières et auparavant de commencer la messe ».

Cet acte est signé du sieur du Plessix Menand, demeurant ordinairement à Paris, rue du Roi-de-Sicile, missire Julien Tayart prêtre, chapelain de la chapellenie de Saint-Georges, Julien Menand sieur de Lorgeraye, Jean Jaheux, sieur de la Fontaine, Barnabé Salloux, maître Pierre Monnier, le sieur Jean Chesnays, et autres habitants de la ville faisant pour le général des dits Congréganistes, Memollé, Guillaume Hauteville, Julien Lucas, etc... ; Mancel, notaire royal, et Hochart, notaire royal régistrateur.

Peut être quelque difficulté fut-elle soulevée au sujet de cette autorisation, car nous la voyons renouvelée le 2 juillet 1703 par Jean Menand sieur de Roz [Note : L'Armorial de 1696 donne comme armes à Jean Menand sieur de Roz : d'argent à un sanglier de sable passant devant un arbre de sinople], Conseiller du Roi, maire penpétuel de Redon, « faisant pour le sieur du Plessix, son frère, général des vivres des Armées du Roi en Flandre et Allemagne, qui alors était occupé à l'armée pour le service de Sa Majesté ». Le sieur de Roz consent que les Confrères de la Congrégation « bâtissent leur chapelle sur l'emplacement de la maison de la chapellenie Saint-Georges, et continuée sur le jardin le long du cimetière de l'église paroissiale, en sorte qu'elle sera tournée de la même manière que la dite église ».

L'autorisation définitive de Mgr d'Argouges avait été donnée le 13 septembre 1702.

Les travaux cemmencés à la fin de 1703, étaient terminés au début de 1705 puisque, le 21 mai de cette année-là, eut lieu la sépulture de la première personne inhumée dans la nouvelle chapelle. C'était Jeanne Menand, fille du sieur de Roz. En 1718, on ajouta une sacristie à propos de la construction de laquelle l'abbé Rouault recteur [Note : Suivant un usage courant en Basse-Bretagne, le Vicaire perpétuel de Redon était très souvent désigné sous le titre de « recteur », et le vicaire sous le titre de « curé »] de Redon, crut devoir insérer la note suivante dans le registre des baptêmes :
« Il est à remarquer que l'an présent 1718, aux mois de juillet et d'août, les Congréganistes ont fait bâtir dans le jardin de la Congrégation la sacristie de leur chapelle, et qu'à cette occasion ils ont abattu le mur du cimetière qui était parallèle à la muraille de la chapelle. C'est ce qui fait que présentement la dite chapelle avance dans le cimetière, et la langue de terre qui va depuis l'angle du mur de la dite chapelle jusqu'à la muraille du dit jardin n'est point bénie. Et les dits confrères n'ont pas lieu, cela étant, de dire que la dite chapelle de la Congrégation a été ci-devant bâtie dans le cimetière, car elle a été bâtie dans la place, d'une maison séculière ; et si cette chapelle avance présentement dans le cimetière, c'est parce que iceux Congréganistes, de leur propre autorité et sans avoir demandé ni obtenu aucune permission de ce fait de personne, ont abattu le mur du cimetière qui était parallèle à la côtière de leur chapelle à l'occasion de cette sacristie qu'ils ont bâtie plus avant dans leur jardin ».

Le ton dépourvu d'aménité de cette note quelque peu confuse semble indiquer que les relations de bon voisinage ne furent pas toujours parfaites entre le recteur et les confrères de la Congrégation.

Le 23 décembre 1723, François Menand, décédé en son hôtel du Plessix, fut inhumé en grande pompe dans la chapelle, « comme fondateur d'icelle, et à la pressante réquisition de Madame son épouse (Hélène Cailleux) et autres parents, en présence de Joseph du Pertuis, maître des Comptes (son cousin), de François Menand sieur de Roz (son neveu), de Louis Menand sieur de Lorgeraye (son cousin issu de germains), et d'un grand nombre d'autres bourgeois et de peuple ».

Depuis lors, les Congréganistes n'ont pas cessé de prier pour leur bienfaiteur dont la tombe, que rien ne désigne plus extérieurement, doit toujours se trouver devant le maître-autel sous les dalles de la chapelle.

Un document de 1755 nous apprend qu'a cette date on voyait sur les vitraux des deux côtés de l'autel « des écussons représentant une espèce de fleur », et au-dessus de la porte d'entrée, plus haut que la statue de la Vierge, un écusson en pierre blanche portant une tête de bouc, armoiries des Couldebouc, patrons-fondateurs de la chapellenie de Saint-Georges aux quinzième et seizième siècles.

La Congrégation de Notre-Dame de Toutes-Aides fut érigée en cette chapelle le 3 juillet 1770, et par Bref du 3 juillet 1777 le Pape Pie VI lui accorda de riches indulgences dont trois plénières : l'une au jour de l'entrée dans la Congrégation, la seconde à là fête de l'Immaculée-Conception ; la troisième à l'heure de la mort des congréganistes.

Le dimanche 27 mars 1790, c'est dans la chapelle de la Congrégation que furent convoqués à neuf heures les électeurs de Redon pour procéder aux premières élections municipales.

Vendue nationalement trois ans plus tard et acquise par le citoyen Rozy aîné, juge au tribunal, elle servit durant plusieurs mois de Temple de la Raison. Le 16 mai 1794 en effet, le Conseil de la commune, « considérant que les préparatifs longs et coûteux qu'entraînera l'établissement d'un Temple de la Raison dans la ci-devant église Saint-Sauveur, arrêta que provisoirement le Temple en question sera établi dans la chapelle ci-devant dite de la Congrégation, auquel lieu les fêtes décadaires seront célébrées suivant l'arrêté du représentant du peuple Lecarpentier daté du 5 nivôse dernier (25 décembre 1793) ».

On sait qu'il fut impossible de trouver dans la commune une femme qui consentit à jouer le rôle de déesse, et que la Raison fut symbolisée par une fort belle statue de la Vierge, en bois et de grandeur naturelle, datant du dix-septième siècle, enlevée à la chapelle des Ursulines [Note : Rendu dans la suite aux Ursulines, cette statue existait encore en 1902, année où elle figura dans une exposition à Redon ; depuis cette date elle a été détruite].

Rachetée après le Concordat par la Congrégation de la Sainte Vierge qui y tient toujours ses réunions, la chapelle n'a plus cessé depuis lors d'être ouverte au culte et soigneusement entretenue.

(R. de Laigue).

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