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LES GRANDES RELIQUES DE L'ABBAYE SAINT-SAUVEUR DE REDON

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Peu de temples renfermaient au moyen-âge autant de corps saints que l'église abbatiale de Saint-Sauveur de Redon.

Lorsqu'au commencement du Xème siècle les religieux bénédictins de ce monastère, réfugiés à Maxent pendant les invasions normandes, rentrèrent à Redon, on ne comptait pas moins de cinq corps entiers de Saints conservés précieusement par eux et vénérés des fidèles de tous les alentours ; encore l'abbaye venait-elle d'en perdre un sixième, le corps de saint Maxent que les Poitevins réclamèrent et obtinrent en l'an 924.

Les cinq autres corps honorés à Redon étaient :

1° Le corps de saint Marcellin, pape et martyr, mort en 304 après huit ans de pontificat. Cette précieuse relique fut donnée à saint Convoyon par le pape Léon IV lorsque le pieux fondateur de Redon fit le voyage de Rome ; elle fut déposée en l'église de Saint-Sauveur de Redon un dimanche du mois de février l'an 848 (Cartul. Roton., 88). Dieu signala sa puissance par un grand nombre de prodiges opérés à Redon par la vertu de saint Marcellin.

2° Le corps de saint Apothème, évêque d'Angers, fut transféré par saint Convoyon moyennant un pieux larcin qu'autorisaient les mœurs du temps : « Désespérant, en effet, d'obtenir du clergé d'Angers la cession volontaire de ce dépôt précieux, autour duquel se faisait un immense concours de peuple, saint Convoyon et deux de ses religieux parvinrent à l'enlever une nuit et l'apportèrent secrètement à Redon. On plaça le saint corps dans la basilique du Sauveur où il continua à recevoir les hommages d'une multitude de pèlerins et à opérer de nombreux miracles » (Vie de saint Convoyon, par Dom Jausions).

3° Le corps de saint Benoit de Massérac. Né en Grèce dans la ville de Patras selon la tradition, Benoît vint avec sa sœur sainte Avénie chercher la solitude loin de sa patrie dans le diocèse de Nantes ; il s'y fixa dans un lieu désert appelé Massérac au confluent de la Vilaine et du Don et passa plusieurs années dans la pratique la plus austère de toutes les vertus chrétiennes. C'est à Massérac qu'il mourut en 845 et l'on y conserve encore son cercueil de granit dont le couvercle en dos d'âne présente une croix pattée grossièrement sculptée. Mais les religieux de Redon connaissant la vie admirable du saint anachorète et voyant de nombreux miracles s'accomplir sur sa tombe, firent transporter d'autant plus aisément ses ossements en leur église abbatiale que la paroisse de Massérac leur fut donnée vers 890 par Alain-le-Grand duc de Bretagne.

4° Le corps de saint Meloir. Il ne semble pas s'agir ici du prince breton de même nom honoré comme martyr, car une charte de 878 dit formellement que le corps honoré à Redon était celui d'un évêque; « corpus sancti Melorii episcopi, » cependant d'autres titres le qualifent également du titre de martyr, et en 1248 le Pape accorda une indulgence de quarante jours à ceux qui venaient honorer à Redon les reliques de S. Meloir, martyr (Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, 1 H 2, 1).

L'on connaît d'ailleurs ce que devinrent les restes du saint prince Meloir inhumé à Lanmeur ; ils furent transférés partie à Quimper, partie à Meaux ; mais on ignore malheureusement aujourd'hui quel siège occupait le saint évêque dont on conservait précieusement les reliques à Redon.

5° Le corps de saint Convoyon. Inhumé en l'église de Maxent par Rivalin, évêque d'Aleth, le corps du bienheureux fondateur de l'abbaye de Saint-Sauveur de Redon y fut apporté par son successeur l'abbé Ritcand lorsque celui-ci rappela à Redon les religieux réfugiés à Maxent. Les restes de saint Convoyon furent honorés dans l'abbaye de Redon pendant plusieurs siècles et s'y trouvaient encore au XVIIème siècle, dit Dom Mabillon, quoiqu'on en eut distrait quelques parcelles concédées à diverses églises.

Outre ces corps conservés presque entiers dans des châsses précieuses, on honorait à Redon plusieurs autres grandes reliques : c'était d'abord un bras du pape Léon III que l'un de ses successeurs, Adrien II, offrit en 868 à Salomon, roi de Bretagne, ce dernier le déposa à Saint-Sauveur de Redon où les religieux l'honoraient renfermé dans un bras d'argent ; — en faisant ce don à la Bretagne, Adrien II avait accordé à tous les habitants d'Outre-Loire qui ne pourraient accomplir le vœu du voyage de Rome, les mêmes faveurs spirituelles qu'en la Ville Eternelle pourvu qu'ils visitassent trois fois l'église de Redon en y honorant ses reliques.

C'était ensuite les mâchoires de saint Maxent, que l'abbé de Redon avait obtenu de conserver lorsqu'il restitua le corps de ce bienheureux aux Poitevins ; — plusieurs reliques des apôtres saint Pierre, saint Jacques et saint Philippe ; — des reliques de saint Etienne et de saint Yves ; — une dent de sainte Appoline ; — « un tableau de cuivre doré auquel y a du laict de Nostre-Dame » (Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, 1 H 2, 31) et enfin la majeure partie du bras de saint Gurloës, prieur claustral de Redon puis abbé de Sainte-Croix de Quimperlé, décédé en ce monastère en l'an 1057.

Ce fut le 17 avril 1644 seulement que les religieux de Redon reçurent toutefois celle dernière relique ; elle fut portée processionnellement ce jour-là du couvent du Calvaire de Redon où elle avail été d'abord déposée, à l'église abbatiale de Saint-Sauveur. Si nous voulons maintenant savoir ce qu'étaient devenus tous ces corps saints et ces reliques vers la fin du XVIIème siècle, nous n'avons qu'à lire la pièce suivante conservée aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine (Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, 1 H 2, 31 bis).

« Le vingt-huictième jour de septembre mil six cents quatre-vingt-six, Nous frère Louys Trochon, humble visiteur de la Congrégation de Saint-Maur dans la province de Bretagne, en vertu de la permission à nous donnée par le très R. P. Supérieur général dom Benoist Brachet dans la diète annuelle de cette même année, pendant le cours de notre visite au monastère de Saint-Sauveur de Redon, avons fait en présence de la communauté, l'ouverture de la grande châsse qui est derrière le grand-autel de l'église dudit monastère dans un enfoncement de la muraille dudit autel, à la hauteur de dix à douze pieds de terre, dans laquelle châsse nous avons trouvé plusieurs enveloppes où sont diverses reliques, entre autres : un grand ossement du bras, un grand morceau du crâne, la moitié de l'os de la jambe, un autre de l'emboîtement de la jambe et le bout d'une coste de saint Apotème, évesque de la ville d'Angers ; — plus deux costes, deux vertèbres, deux pallerons, deux omoplates et deux ossements de la jambe de saint Benoist de Masserac ; — plus divers morceaux du crâne de l'occiput de saint Jouin [Note : Cette relique qui ne figure point dans les anciens inventaires de l'abbaye de Redon devait appartenir au corps de saint Jouin, disciple de saint Hilaire de Poitiers et fondateur de l'abbaye de Saint-Jouin de Marne qui avait un certain nombre de prieurés en Bretagne] ; — plus un ossement du bras de saint Léon, pape, qui eust la langue coupée ; — plus un ossement du bras de saint Gondualt [Note : C'est probablement une erreur de nom ; il doit s'agir du bras de saint Gurloës] ; — plus divers petits ossements avec des cendres [Note : Pendant les guerres de la Ligue les Huguenots brûlaient volontiers les reliques ; dans ce cas les fidèles en ramassaient les cendres avec soin et les restituaient ensuite aux églises] de saint Melor, martyr ; — plus des cendres des reliques de saint Marcellin, pape ; — plus divers autres ossements, fragments de châsses, morceaux d'estoffes et pierres de sépulchre sans inscriptions ; lesquelles saintes reliques nous avons remises dans leurs enveloppes et renfermées dans deux petites caisses que nous avons placées dans la susdite grande châsse, qui a esté le même jour cy-dessus reportée dans l'enfoncement dudit grand autel. De quoy nous avons fait dresser le présent procès-verbal que nous avons signé avec ladite communauté les jour et an que dessus. SIGNÉ : F. Louis Trochon, visiteur, — F. Edmond Nicolas, prieur, — F. François Couyer, sous-prieur ».

Le Cérémonial ms. de l'abbaye de Redon nous fait connaître comment au XVIIème siècle l'on ornait le maître-autel de ces reliques aux fêtes de première classe.

Au milieu de l'autel on plaçait la Vraie-Croix [Note : Cette Vraie-Croix semble une portion de celle qu'apporta de Jérusalem Riou Sgr de Lohéac qui s'était croisé avec Alain Fergent duc de Bretagne. Riou étant mort en revenant de Palestine ce fut Simon de Ludron qui remit la précieuse relique à Justin abbé de Redon vers l'an 1100 ; Justin en déposa une parcelle dans l'église priorale de Saint-Sauveur de Lohéac, mais on croit qu'il apporta le reste de la relique à Saint-Sauveur de Redon où elle se trouvait en 1555 enfermée dans une croix d'argent doré] ; sur une crédence du côté de l'évangile le chef de saint Marcellin ; sur une autre crédence vis-à-vis, le tableau contenant les reliques de saint Jacques, saint Philippe et saint Etienne ; et sur les gradins de l'autel les bras de saint Léon et de saint Gurloës, l'image de saint Yves avec sa relique et les autres statuettes d'argent de saint Pierre, saint Jean, saint Paul, saint André, saint Jacques et de Notre-Dame. Enfin pour rappeler les privilèges des abbés de Redon officiant mitrés et crossés avant l'invasion des commendataires, on plaçait en outre de chaque côté de l'autel, à droite la crosse et à gauche la mître conservée dans le trésor de l'abbaye.

Voilà ce qu'étaient aux siècles derniers les reliques de Saint-Sauveur de Redon. Quoiqu'on n'y retrouvât plus la majestueuse collection de corps saints amassés au IXème siècle par les disciples de saint Convoyon, ce qui demeurait du riche trésor primitif constituait néanmoins un précieux dépôt bien digne de la vénération des fidèles. Aussi jusqu'à la Révolution française l'église abbatiale de Redon fut-elle fréquentée par de nombreux pèlerins aimant à venir s'y recommander aux Bienheureux dont les restes justement honorés s'y trouvaient encore.

(abbé Guillotin de Corson).

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