Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

GUILLAUME OUVROUIN ET LE VICOMTE DE BEAUMONT

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Rannée   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Les démêlés de Guillaume Ouvrouin, évêque de Rennes, et de Jean II, vicomte de Beaumont.

(1341-1343).

A la suite  du mariage de Jean Ier, vicomte de Beaumont, avec Jeanne, dernière survivante de la famille de la Guerche, les seigneuries de la Guerche, de Pouancé et de Château-Gontier échurent à la maison de Beaumont. La châtelainie de la Guerche était située sur le territoire de la paroisse de Rannée et était englobée dans le régaire de Rannée qui comprenait le manoir de Rannée, appelé aussi les Salles, cédé à l’évêque de Rennes en 1096 par Sylvestre de la Guerche, et entre autres choses des rentes dues par le seigneur de la Guerche. De plus, comme marque de sa dépendance à l’égard de l’évêque de Rennes, dont il était le vassal et auquel il prêtait serment de fidélité et hommage-lige, le châtelain de la Guerche soutenait l’un des quatre coins du siège d’honneur sur lequel, lors de sa prise de possession, tout nouvel évêque faisait son entrée dans la ville de Rennes.

Jean II de Beaumont (1327-1371 ?), petit-fils de Jean Ier, qui avait épousé en premières noces Isabeau d'Harcourt, obtint d’être uni en secondes noces avec Marguerite de Poitiers, fille d'Aymar IV, comte de Valentinois, et de Sibille de Baux, par l’évêque de Rennes, sans que les bans de mariage eussent été publiés (1er janvier 1334). L’entente qui, à cette époque, semble avoir régné entre le vicomte et Guillaume Ouvrouin fut bientôt rompue, et en 1341, en cour d'Avignon, devant le pape et les cardinaux réunis en consistoire, l'évêque prononçait un violent réquisitoire contre son vassal.

Jean de Beaumont, tout récemment, avait eu l’audace de se saisir d’un prêtre, Jacques Badiec, et de deux clercs du diocèse de Rennes, nommés Olivier de Terchamp et Pierre Manhugeon, d’ordonner de les jeter en prison et de les y détenir longtemps en ne leur ménageant pas les mauvais traitements. Bien plus, Jacques Badiec et un des frères de l’évêque de Rennes, également clerc, avaient été dépouillés de testaments qu’ils gardaient soigneusement avec eux et de tous les biens meubles ou immeubles qu’ils possédaient légitimement ; après quoi, s’arrogeant le droit de patronat sur l’église Notre-Dame de La Guerche, le vicomte leur retira les bénéfices ecclésiastiques qu’ils y occupaient et, de sa propre autorité, les conféra à d’autres personnes de son choix. A cette nouvelle, l’évêque de Rennes s’était décidé à procéder contre son vassal insoumis d’après les lois de l'Eglise et, à cet effet, avait délégué ses pouvoirs à un prêtre, du nom d'Yves. Celui-ci se trouvait dans les murs du monastère de Saint-Melaine, quand tout-à-coup le vicomte fit irruption dans le cloître, s’empara de sa personne et, l’épée sous la gorge, le força à manger les lettres de l’évêque qu’il portait sur lui. Sans perdre de temps, l’injuste agresseur s’élança à l’assaut du manoir de Rannée et pilla tout ce qui s’y trouvait, blés et objets mobiliers [« Idem vicecomes... quemdam presbyterum, nuncium ipsius episcopi, certas ipsius episcopi litteras deferentem ac mandata ejusdem exequentem contra vicecomitem supradictum, et tunc infra septa monasterii sancti Melanii Redonensis, ordinis sancti Benedicti, existentem invasit hostiliter et nisus fuit ipsum presbyterum gladio evaginato compellere comedere litteras memoratas... dictusque vicecomes... quoddam manerium ecclesie et episcopi predictorum occupans violenter, blada et quedam alia bona mobilia dicti episcopi existentia in eodem fecit de dicto manerio pro suo libito asportari... », Reg. Vat. 129, f. 173 r°, ep. 158] ; puis, payant d’audace, sous des peines sévères il proclama défense aux sujets de l’église de Rennes de recourir à la juridiction de l’évêque dans les causes qui, de par le droit et la coutume, ressortissaient au for ecclésiastique. En conséquence, le vicomte encourut des peines canoniques et fut déclaré déchu du fief qu’il tenait de l’église de Rennes. Fort de son droit, Guillaume Ouvrouin supplia Benoît XII de lui venir en aide et de réprimer la rébellion de son vassal.

Avant de rien décider, le pape ordonna une enquête ; puis, celle-ci ayant établi que les plaintes de l’évêque étaient fondées et que les excès reprochés à Jean de Beaumont n’étaient que trop réels, les évêques du Mans et d'Angers ainsi que l’abbé de Saint-Melaine furent chargés de citer le coupable à comparaître personnellement en cour d'Avignon, dans les quarante jours qui suivraient la citation, et cela au mépris des appels qu’après le départ de l'évêque de Rennes pour Avignon le vicomte avait interjetés des sentences portées contre lui près de la cour métropolitaine de Tours. Le pape, d’ailleurs, évoquait entièrement à lui la cause, engageait ses mandataires à exécuter ses ordres sans délai et les priait de le tenir au courant des événements (Bulle du 18 juillet 1341 - Reg. Vat. 129, f. 173, r°, ep. 158).

Malgré que la citation pontificale lui eût été signifiée, Jean de Beaumont ne mit pas fin à la série de ses exploits ; bien au contraire. Exaspéré de ce que les vicaires généraux de Guillaume Ouvrouin avaient osé jeter l’interdit sur les terres placées sous sa suzeraineté et sises dans le ressort du diocèse de Rennes, il obligea de vive force quelques prêtres à violer l’interdit en leur faisant célébrer la messe et les autres offices divins. Puis, sur ses ordres, le chevalier Bonabes de Rougé, fils du baron Guillaume de Rougé, avec des affidés, arrêtèrent Jean Baratin, archidiacre du Désert et vicaire général de l’évêque de Rennes, le jetèrent en prison et l’y laissèrent languir jusqu’à ce qu’il eût promis de payer, à la réquisition du vicomte, une rançon de 500 livres. Les autres vicaires généraux, Nicolas de Tréal, abbé de Saint-Melaine, et Guillaume Hequenoille, chantre de la cathédrale de Rennes, l’official, le garde-sceaux, les clercs, chapelains et familiers de l’évêque furent menacés de représailles si terribles que n’osant plus se montrer dans le diocèse de Rennes certains réussirent à s’y cacher tandis que les autres gagnèrent des régions plus lointaines.

Averti par l’évêque de Rennes de la rébellion de Jean de Beaumont, Benoît XII ordonna aux évêques de Dol, Léon et Tréguier d’instruire une enquête en forme sommaire « summarie, simpliciter et de plano, ac sine strepitu et figura judicii » [Note : Sur la procédure sommaire en droit canonique, voir Paul Fournier. Les officialités au Moyen-Age, Paris, 1880, p. 231-232]. Si l’enquête se concluait par la culpabilité des ayants cause, l’excommunication nominale serait publiée, partout où cela serait nécessaire, contre chacun des incriminés et ne serait suspendue que jusqu’à complète satisfaction des injustices, offenses et dommages commis au détriment de l’église et de l’évêque de Rennes, des gens de celui-ci et de l’archidiacre du Désert. Quiconque violerait l’interdit porté contre les coupables encourrait des censures. Que si le vicomte de Beaumont, Bonabes de Rougé et ses sicaires persévéraient dans la rébellion, leurs terres seraient frappées d’interdit tandis que l’aggrave, la réaggrave et d’autres peines ecclésiastiques seraient prononcées contre leurs propres personnes (Bulle du 28 août 1341 - Reg. Vat. 129, f. 177, r°, n. 167).

Les ordres sévères du pape furent si bien exécutés que le 1er octobre 1341, par-devant maître Geoffroy de Renay, notaire à Rennes, Jean de Beaumont constitua le chevalier Geoffroy de Rougé et les damoiseaux Jean Gabil et Juhel de Rougé ses procureurs en cour d'Avignon et leur donna pleins pouvoirs de le représenter au cours du procès canonique dans lequel il était impliqué. Il s’engageait notamment à ratifier tout accord, engagement, compromis et sentence d’arbitrage qui seraient acceptés en son nom.

Les procureurs du vicomte comparurent devant le pape et les cardinaux assemblés en consistoire et durent écouter le violent réquisitoire de l’évêque de Rennes qui réclamait 3.000 florins d’or de dommages et intérêts et suppliait les juges de déclarer son vassal contumace et de procéder contre lui, puisqu’il n’avait pas comparu personnellement en cour d'Avignon au jour fixé.

On réussit à calmer Guillaume Ouvrouin, et finalement fut conclu un compromis. Au nom de leur maître, les procureurs reconnurent que les plaintes de l’évêque de Rennes n’étaient que trop justes. Humblement et respectueusement ils prièrent Benoît XII d’épargner le vicomte de Beaumont, de le relever de l’excommunication qu’il avait encourue et de suspendre l’interdit qui pesait sur ses terres. En retour, ils promirent que leur maître serait soumis aux ordres du pape, qu’il rétablirait l’évêque de Rennes et ses gens dans leurs droits et qu’il maintiendrait intégralement la liberté ecclésiastique. Ils offrirent de payer les 3.000 florins d’or réclamés par l'évêque de Rennes en trois échéances : 1.500 florins le dimanche des Rameaux, 500 le jour de la fête de la Nativité de la Sainte-Vierge, et les 1.000 autres à la Pentecôte suivante (c’est-à-dire le 1er avril et le 8 septembre 1342, et le 19 mai 1343). Quant à l’archidiacre du Désert, aux prêtres, clercs et autres ecclésiastiques du diocèse de Rennes, une indemnité leur serait donnée en proportion des dommages que chacun d’eux avait eu à subir.

Benoît XII se laissa fléchir, accepta les offres des procureurs délégués par Jean de Beaumont, mais obligea Geoffroy de Rougé à jurer sur l'Evangile et au nom de son maître complète obéissance à l'Eglise et au Saint-Siège. Après quoi il leva l’excommunication qui frappait le vicomte, du consentement même de l'évêque de Rennes. Cependant à cette grâce il mit des conditions nombreuses et justifiées. Tout d’abord, Guillaume Ouvrouin recevrait les 3.000 florins d’or aux termes proposés. Remise lui serait également faite du manoir de Rannée et de tout ce qui en avait été enlevé. A la Nativité de la Sainte Vierge (c’est-à-dire le 8 septembre 1342), pleine satisfaction devrait être donnée à l’archidiacre du Désert et aux autres ecclésiastiques qui avaient été lésés dans leurs droits. De plus, ces mêmes personnes seraient reconnues libres des obligations ou promesses qui leur avaient été extorquées lors de leur emprisonnement. Les jours de foires et de marchés, à trois reprises différentes, jusqu’à Pâques prochaines (c’est-à-dire jusqu’au 8 avril 1342), dans les domaines du vicomte de Beaumont situés dans les limites du diocèse de Rennes, un crieur public proclamerait qu’entière liberté était laissée aux habitants de porter devant les tribunaux ecclésiastiques les causes dont, de par le droit et la coutume, il leur appartenait de connaître. A l’avenir le vicomte s’engageait à être respectueux de la juridiction ecclésiastique et à ne plus inquiéter l'évêque, son frère, ses vicaires généraux et ses autres gens. Dans le délai d’un an, à partir du 24 novembre 1341, il n’en serait pas moins tenu de comparaître en cour d'Avignon devant le pape régnant. Avant la Saint-Hilaire prochaine (c’est-à-dire avant le 14 janvier 1342), en présence d’un notaire et de témoins, il ratifierait et approuverait tout ce à quoi ses procureurs s’étaient obligés en Avignon, et prêterait serment sur les Evangiles d’être fidèle aux engagements pris en son nom. De son serment il ferait dresser un acte authentique par un notaire, le scellerait de son sceau et le transmettrait à l’évêque de Rennes ou au Saint-Siège dans les quinze jours qui suivraient la fête de la Purification de la Vierge. Que s’il osait enfreindre l’une des conditions précitées, ipso facto il retomberait sous le coup de l’excommunication et ses terres seraient de nouveau frappées d’interdit (Bulle du 24 novembre 1341 - Reg. Vat. 129, ep. 23 de curia ; Reg. Avin. 55, f. 53, v°).

Pour plus de sûreté, Benoît XII avertit les évêques de Dol, Angoulême et Léon qu’ils auraient à publier de nouveau l’excommunication contre le vicomte si celui-ci méprisait les ordres émanés du Saint-Siège et s’il ne certifiait pas qu’il s’y était scrupuleusement conformé, dans les vingt jours qui suivraient l’expiration des délais fixés par la bulle du 24 novembre 1341.

Les conditions que Benoît XII mit pour prix de son pardon parurent-elles trop dures au vicomte de Beaumont ? Escompta-t-il l’impunité à la mort du pontife et crut-il trouver de sérieux appuis dans l’entourage ou la nombreuse famille de Clément VI ? Toujours est-il que, loin de s’amender, il refusa d’exécuter les engagements que ses procureurs avaient pris en son nom. Bien plus, après que ses hommes d’armes se furent saisis du frère de l’évêque de Rennes, clerc marié, portant tonsure et vêtements ecclésiastiques. il le fit frapper en plein visage, conduire sous bonne escorte à son château de Sainte-Suzanne et jeter dans une dure prison où plusieurs jours durant il fut détenu les fers aux pieds. Sur ses ordres, on coupe successivement à la malheureuse victime la langue, les lèvres et les mains ; on lui arrache les yeux ; on le descend au fond d’une fosse infecte et profonde dont on ne le retire que pour le soumettre à la torture. A force de menaces, de violences et de tourments, le clerc apeuré verse 10.000 livres tournois et promet d’en payer 10.000 autres. Tant lui que ses parents et amis, dans la crainte de le voir périr, ils s’obligent à se constituer prisonniers s’ils ne peuvent acquit­ter cette grosse somme d’argent aux termes qui leur sont fixés.

A la suite de ces crimes, l'excommunication ressaisit le vicomte de Beaumont dont les terres retombèrent aussi sous l’interdit, d’autant qu’en cour d'Avignon l’on sut que lors de l’accord conclu en présence de Benoît XII ses procureurs avaient caché la vérité. En effet, le clerc Pierre Manhugeon, familier de Guillaume Ouvrouin et chanoine de Notre-Dame de La Guerche, avait été enfermé au château de Segré dans une horrible prison où au bout de quelque temps il était mort étouffé, et de ces méfaits les procureurs s’étaient bien gardé de parler [« Dilectum filium Johanuem episcopi predicti [Guillaume Ouvrouin] germanum, clericum conjugatum, etiam vestes et tonsuram clericales publice deferentem, in injuriam, contumeliam et contemptum dicti episcopi, ac rancore et odio premissorum personaliter per suos satellites capi et in facie graviter vulnerari, et ad castrum suum de sancta Susanna duci et in vili carcere retrudi fecit, ipsumque in eo per plures dies ligatum in vinculis ferreis detineri, necnon de abscindendo sibi linguam, labia et manus, et oculos eruendo, ac de ipsum ponendo inhumaniter in quadam oribili fovea et profunda, necnon de pluribus alias cruciatibus infligendis in personam ipsius minas inferri terribiles et atroces, ac per minas, terrores et cruciatus hujusmodi et per vim et metum ab eodem Johanne germano decem millia librarum turonensium parvorum, ac obligationem cum juramenta de allis decem millibus libris eidem vicecomiti ad suam requisitionem persolvendis tam ab ipso Johanne quam a quibusdam ejusdem Johannis propinquis et amicis, mortem ipsius Johannis virisimiliter, si ea non faceret, formidantibus, obligationes et jurementa de hujusmodi aliis decem millibus libris eidem vicecomiti persolvendis extorsit ad eisdem Johanne, propinquis et amicis, nichilominus alia obligatione recepta videlicet quod si ipsi dicta alia decem millia librarum sibi non persolveret in certis terminis, super hoc per ipsum vicecomitem statutis, in carcere quodve ipse vicecomes eligeret se redderent arrestatos, propter que dictus vicecomes in pristiras et alias excommunicationum sententias recideret ac tota terra sua predicta interdicto ecclesiastico subjacebat, quodque idem vicecomes quondam Petrum Manhinon, clericum, dicti episcopi famlliarem et canonicum ecclesie Beate Marie de Gurcheya, Redonensis diocesis, in ipso diocesi capi et in castro suo de Segreyo, Andegavensis diocesis, in quodam orribili carcere detrudi mandavit et fecit, in quo carcere infra breve tempus extitit suffocatus ante tractatum pacis et concordie predictorum, de quibus captione, carceracione ac suffocatione dicti clerici in dicto contractu nichil actum extiterat, quia de predictis ipse episcopus tempore tractatus et pacis hujusmodi pienam notitiam non habebat… », Bulle du 13 janvier 1343, Reg. Vat. 151, f. 386 v°, ep. 1801 ; Reg. Avin. Clementis VI, t. VI, f. 442 r°].

L’évêque de Rennes porta donc plainte à Clément VI qui pria le cardinal Pierre Gomez, évêque de Sabine, d’instruire une enquête. Celle-ci étant ressortie contraire à Jean de Beaumont, le pape suspendit jusqu’au 24 juin l’effet des engagements qu’avaient contractés Jean Ouvrouin, le frère de l’évêque, ainsi que ses amis et ses proches, et défendit au vicomte de toucher quoi que ce fût des 10.000 livres tournois, sous peine d’être destitué de tous les fiefs qu’il détenait de l’église de Rennes ou d’autres églises. Enfin, Jean de Beaumont était cité péremptoirement à comparaître en cour d'Avignon dans les cinquante jours qui suivraient la citation. Si l’archevêque de Tours et les évêques du Mans et d'Angers, qui avaient reçu mandat du pape pour exécuter ses ordres, craignaient des représailles, il leur serait permis de notifier la citation pontificale par l’affichage de leurs lettres patentes sur les portes des églises des diocèses du Mans, d'Angers et de Rennes dans lesquels le coupable possédait des terres ou avait domicile principal (Voir la bulle précitée).

Cette fois Jean de Beaumont dut se plier aux injonctions du pape. Au délai fixé il se présenta devant lui, et humblement implora son pardon. Finalement lui-même, Guillaume et Jean Ouvrouin ils promirent d’oublier leurs torts mutuels et se jurèrent amitié. Avant le 24 juin prochain toutes les conditions énoncées dans la bulle de Benoît XII devaient être remplies. Si les cardinaux Guy de Boulogne et Etienne Aubert jugeaient la chose méritée, le vicomte rendrait en effigie Pierre Manhugeon à son évêque et payerait une amende. Quant aux 10.000 livres tournois qui avaient été promises par Jean Ouvrouin, il ne pourrait en réclamer le payement. De plus, les 10.000 autres livres extorquées au même clerc devaient être versées avant la Toussaint 1343 entre les mains des cardinaux chargés de l’affaire. Si l’enquête prouvait qu’elles avaient été enlevées par la violence, elles seraient rendues à l’intéressé ; dans le cas contraire, le vicomte les conserverait. Mais le pape pensait qu’une transaction à l’amiable consoliderait mieux la paix entre les parties. Les peines canoniques dont Jean de Beaumont avait eu à porter le poids retomberaient ipso facto sur lui, s’il ne se conformait en tout aux prescriptions pontificales (Bulle du 17 avril 1343 – Reg. Avin. 67, f. 378, r° 383 r°, dont les exécuteurs sont les évêques de Chartres, Angoulême et Westeraes).

Il faut croire que les menaces du pape produisirent un effet salutaire sur le vicomte, car on n’eut plus à se préoccuper de ses méfaits à la cour d’Avignon. En tout cas, au cours du procès qu’il provoqua il ne tint pas le beau rôle : s’il avait quelque raison de se plaindre de l’évêque de Rennes, il n’était pas obligé de traiter si odieusement Jean Ouvrouin ni de faire périr Pierre Manhugeon d’une façon aussi atroce.

Dans les bulles de Benoît XII et de Clément VI, pas une fois, chose curieuse, il n’est fait allusion aux motifs qui poussèrent Jean de Beaumont à se rebeller contre son évêque. Nous sommes en droit, cependant, de supposer que la révolte ouverte contre son suzerain fut une conséquence de la guerre de succession de Bretagne. Le vicomte appartenait, en effet, au parti de Montfort et, comme tel, participa au siège de Nantes où Charles de Blois s’était enfermé (Voir Dom Morice, Histoire de Bretagne, t. I, p. 265) ; Guillaume Ouvrouin, au contraire, tenait pour Charles de Blois et, au dire de Froissart, ce fut lui en partie qui empêcha la ville de Rennes de tomber au pouvoir de l’armée anglaise. Dès lors, il est fort probable que le vicomte de Beaumont essaya de profiter de sa situation et de l’appui des Anglais pour dénouer les liens de vassalité qui le rattachaient à l’évêque de Rennes.

 (abbé G. Mollat).

  - Page 1 -

Rannée : Acte de Benoit XII concernant Jean de Beaumont (partie 1)

 

  - Page 2 -

Rannée : Acte de Benoit XII concernant Jean de Beaumont (partie 2)

   

  - Page 3 -

Rannée : Acte de Benoit XII concernant Jean de Beaumont (partie 3)

- Page 4 -

Rannée : Acte de Benoit XII concernant Jean de Beaumont (partie 4)

   

- Page 5 -

Rannée : Acte de Benoit XII concernant Jean de Beaumont (partie 5)

- Page 6 -

Rannée : Acte de Benoit XII concernant Jean de Beaumont (partie 6)

   

- Page 7 -

Rannée : Acte de Benoit XII concernant Jean de Beaumont (partie 7)

- Page 8 -

Rannée : Acte de Benoit XII concernant Jean de Beaumont (partie 8)

   

- Page 9 -

Rannée : Acte de Benoit XII concernant Jean de Beaumont (partie 9)

   

 © Copyright - Tous droits réservés.