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LES PRÊTRES DE QUISTINIC PENDANT LA RÉVOLUTION.

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I. Clergé en 1790.

En 1790, la paroisse de Quistinic était desservie par les quatre prêtres qui suivent : MM. Nicolas, recteur ; Célard et Morio, curés (vicaires) ; Olivier, prêtre habitué.

Fils de Guillaume et de Françoise Brien, Etienne Nicolas était né, le 6 mai 1742, au village de Hilvern, en Guettas, trève de Noyal-Pontivy, et ordonné prêtre, le 18 septembre 1773. Curé de Ploërdut, il devint, en 1781, vicaire perpétuel d'Arzon ; et, en 1790, recteur de Quistinic, par permutation avec Pierre Lavantur, recteur de cette dernière paroisse.

Jean-Louis Célard était né d'Yves et d'Olive Le Roch, le 27 novembre 1754, en Saint-Patern de Vannes, à la croix Cabello, et ordonné, le 20 mars 1787. Vers le milieu de l'année suivante, il fut nommé curé de Quistinic.

Jacques-Vincent Morio, fils de Julien et de Marie-Jeanne Raulais, était également de Vannes, mais de la paroisse de Saint-Pierre ; il naquit, le 18 septembre 1762, et reçut la prêtrise, le 23 septembre 1786. Il n'arrivait à Quistinic qu'au commencement de 1789.

Jean Olivier avait pour père Marin, et pour mère Louise Le Gal. Né en Noyal, le 19 juillet 1722, baptisé le même jour à Pontivy [Note : M. Olivier était de la ville de Pontivy, mais de la paroisse de Noyal. Son père fut inhumé à Pontivy, bien qu'il fût mort chez lui en la paroisse de Noyal, le 26 janvier 1745 (Archives de la commune de Pontivy)], et ordonné, le 20 septembre 1749, il demeurait à Guégon, en 1753, et, dès 1786, comme prêtre habitué, à Quistinic.

Ainsi, des quatre prêtres que nous venons de nommer, deux étaient originaires de Vannes, et deux de la grande paroisse de Noyal-Pontivy. Ils inspiraient toute confiance à leurs ouailles, qui choisirent l'abbé Morio pour maire, lors de l'organisation des municipalités.

L'abbé Morio s'en prit à Jean Julien Loher, notaire et un des principaux de l'endroit, qui refusait de livrer les registres dont il était dépositaire, en accompagnant son refus de paroles offensantes (L. 912). Les choses allèrent si loin que le directoire du district dut intervenir, et ordonner au maire de cesser ses vexations (8 octobre 1790). Le maire n'en fit rien, mais, réprimandé de nouveau quelques jours après, il donna sa démission (L. 912). Cette démission ne mit pas fin à la guerre puisque, le 8 décembre, arrivait un ordre du département qui mettait Loher « sous la protection et la garde de la loi, en faisant défense à qui que ce soit d'attenter à sa personne et à ses possessioits » (L. 912).

La réconciliation ne tarda pas à s'opérer. Loher était un sincère catholique, et il applaudit certainement à la résolution prise par les prêtres de sa paroisse d'opposer la plus vive résistance à la constitution civile du clergé. Cette opposition allait avoir pour les récalcitrants de graves conséquences, dont la première fut leur remplacement par des prêtres constitutionuels.

II. Régime constitutionnel.

La constitution prescrivait que tout prêtre en fonction, qui refusait le serment, serait remplacé. C'est dans le dessein de pourvoir aux postes vacants que l'assemblée électorale du district se tint à Hennebont, en avril 1791. Or, parmi les prêtres jureurs figurait Pierre Louis Jaffray. Né à Pontivy, le 20 avril 1752, de Louis et de Perrine Brabant, il avait, le 20 février 1791, comme prêtre habitué au Port-Louis, prêté serment dans l'église de Notre-Dame (Notes de Luco). Cet acte l'avait mis en évidence, et désigné à l'attention des électeurs qui le nommèrent, le 4 avril, par 44 suffrages sur 46, curé de Quistinic. Le 5 juin, il assistait à l'installation de Pécart, curé de Merlevenez ; deux jours après, il recevait l'institution de l'évêque du Morbihan, Le Masle ; et, le 31 juillet, il prenait possession de sa paroisse(Notes de Luco).

Deux commissaires, Gourdin et Dusaulchoy, assistaient à son installation (L. 914). Suivant l'habitude, ils firent part de leurs impressions au directoire départemental, et ils le firent en termes dont le conseil communal de Quistinic dut leur savoir gré : « La municipalité s'était très bien comportée ; elle avait été au-devant du nouveau curé, avait fait carillonner les cloches à son arrivée, et avait montré pendant toute la cérémonie le zèle patriotique qu'on pouvait en attendre » (L. 914).

Il y avait cependant une ombre au tableau. La paroisse se montra peu empressée à imiter la municipalité et à saluer l'intrus. Les commissaires avaient remarqué cette abstention avec regret : « Peu d'habitants se présentèrent à l'église lors de la célébration de la messe du nouveau curé, les femmes surtout y étaient en petit nombres » (L. 914) ; mais ils espéraient en un meilleur avenir, escomptant d'avance « la curiosité qui en avait porté plusieurs à se réunir dans le cimetière ». Plût à Dieu que cette curiosité « les engageât pendant quelque temps à une semblable démarche, elles s'enhardiraient peut-être et les bons avis du nouveau curé leur faisant faire un pas de plus les conduiraient insensiblement à l'église paroissiale, où elles reconnaîtront bientôt que les cérémonies religieuses sont les mêmes que cy-devant » (L. 914).

Les cérémonies étaient les mêmes en effet, et rien n'y était changé que la source de la mission dévolue à celui qui les célébrait. Jadis le curé tenait son autorité de l'évêque, désormais il la tiendra du peuple, souverain en toute matière. Les administrateurs s'extasiaient devant une pareille conception, et ils s'imaginaient que le peuple, rétif au commencement, finirait par se rallier aux prêtres constitutionnels, dès que les paroisses en seraient pourvues (L. 914). Aussi hâtaient-ils de leurs voeux et de leurs efforts l'avènement de ce beau jour, qui devait inaugurer dans le pays l'ère du progrès. Quistinic avait besoin d'être stimulé d'une manière spéciale, et pour le tirer de sa torpeur, le sieur Jaffray obtint de se donner un vicaire.

Le vicaire n'était autre qu'un récollet de Lesneven, le père Colomban, de son nom propre Joseph Minguy (L. 914). Agé de 52 ans, lors de la suppression des couvents, il choisit la vie commune ; et, dans le désir de la continuer, il se retira pour le 1er avril 1791 chez ses confrères de Pontivy, dont la maison était conservée. Au bout de quelques mois, il faisait défection. Le curé de Quistinic lui demanda son concours, et il ne sut pas refuser. Le vendredi, 7 octobre, il entrait en exercice (L. 773. Note : Le sieur Minguy fut transféré à Languidic en janvier 1792).

Le sieur Jaffray était content. Désormais il se croyait sûr du succès. Il lui restait, il est vrai, un dernier obstacle à vaincre, l'expulsion du clergé catholique ; mais, à ses yeux, cet obstacle ne comptait pas.

III. Expulsion du clergé catholique.

Ces installations d'intrus produisaient dans le pays un mouvement hostile d'opinion, qu'il importait d'enrayer. Dans ce but, les deux commissaires qui avaient installé le curé de Quistinic, proposèrent au directoire départemental de proclamer par une mesure générale « que tout ancien curé et vicaire qui n'a pas prêté serment, ait indistinctement à se rendre dans un lieu désigné, soit de gré soit de force » (L. 914).

Le département se laissa aisément persuader, et par un arrêté du 3 septembre 1791 il enjoignit à tous les prêtres fidèles de se retirer dans leurs familles, ou à dix lieues de leur résidence. Cet arrêté plaisait grandement au sieur Jaffray, qui songea tout de suite à s'en servir contre ses prédécesseurs. Pendant deux mois, il avait nourri l'espoir de les gagner à sa cause, de les attirer aux offices qu'il célébrait, usant à leur égard « de toutes les voies de douceur et de modération » qui faisaient le fond de « son caractère » (L. 773). Ce fut en vain. Estimant qu'il avait poussé assez loin la condescendance, il changea de méthode. Il les accusa devant le conseil municipal d'employer des manoeuvres clandestines et publiques, d'égarer les têtes faibles, de discréditer son ministère et de semer le schisme et la division au sein des familles : « Il est temps enfin d'arrêter le cours de tant d'abus contraires à la constitution de l'état », et de sommer les perturbateurs, sauf M. Olivier qu'il exceptait de la mesure, de sortir au plus tôt de la paroisses (L. 773).

Le conseil prit une délibération dans ce sens. Le curé constitutionnel se rendit le lendemain auprès de MM. Nicolas et Célard, et leur donna connaissance de l'arrêté qui les concernait: Ils répondirent qu'ils n'obéiraient qu'à la force. L'abbé Morio lui ayant fait précédemment la même déclaration, il jugea inutile d'aller le trouver. Le voilà donc mis en échec Mais cette résistance ne l'abattit pas. Résolu d'avoir le dernier mot, il en référa sur-le-champ au directoire d'Hennebont, et implora vivement son secours (30 septembre) (L. 773).

Le directoire ne l'accorda pas assez vite à son gré. Aussi, le 17 octobre, revint-il à la charge par l'organe du procureur Flambeau, qui précisa de nouvelles accusations contre M. Nicolas : il continuait de dire la messe dans les chapelles frairiales, et d'y faire le prône, les dimanches et les fêtes ; dans ces prônes, il ne cessait d'affirmer son droit, et d'avancer « qu'il est le vrai recteur de la paroisse, et que le nouveau n'est qu'un intrus qui fait tout le mal possible, qu'on est excommunié et damné pour assister à ses offices », que les membres de la municipalité auraient à se repentir, menaçant dans un avenir prochain « de marcher dessus avec ses pieds ». Les municipaux crurent ou feignirent de croire à ces bruits qui flattaient leurs passions, et dénoncèrent leur pasteur à la vengeance du directoire. En attendant le résultat de cette démarche, ils convinrent de lui refuser dorénavant, ainsi qu'à ses deux curés, les ornements, les vases sacrés et le luminaire de l'église, et de confier aux intrus les clefs de la sacristie et des chapelles (L. 773).

Telle fut la séance du 17 octobre. Y assistaient avec le maire Julien Nicolas et le procureur, Pierre Conan, François Le Guernevé, Joseph Tréhin, Pierre Chouan, officiers municipaux ; Jean Trudet, Joseph Trudet, Joseph Le Caloch, Pierre Flaha, Joseph Pérès, Jean Tréhin, Joseph Le Bruchec, notables. Tous ne signèrent pas, mais seulement Pierre Conan, François Le Guernevé, Jean Flambeau procureur, et Rolland secrétaire-greffier, les autres ayant déclaré ne savoir écrire. Le directoire prit fait et cause pour ces individus, qualifia les prônes de M. Nicolas « d'inconstitutionnels et d'incendiaires », et décida que toutes les pièces seraient communiquées à l'accusateur public près le tribunal criminel à Lorient, avec ordre de faire les poursuites prévues par la loi (21 octobre) (L. 906).

Ces diverses manoeuvres eurent pour résultat un arrêté du département, qui expulsait M. Nicolas à dix lieues de Quistinic. Les municipaux se hâtèrent de le lui signifier ; mais il leur déclara de nouveau qu'étant dans sa paroisse, il y demeurera « jusqu'à ce que la force s'en mêle ». Le curé constitutionnel, qui rapportait ces détails, en ajouta d'autres de nature à provoquer une intervention armée : « Il continue à faire à sa messe, qu'il dit à l'heure qu'il lui plaît, un prône où il affecte de fronder toutes les autorités, et il annonce positivement qu'avant peu il mènera avec une verge de fer la paroisse » (L. 773).

Les deux vicaires ne se montraient pas moins frondeurs, pour répéter le mot. Pendant que le curé constitutionnel chantait les vêpres, ils jouaient aux boules dans le bourg ; ils faisaient des baptêmes sans daigner le prévenir, et même ils affectaient de le « narguer » (L. 773). L'abbé Célard surtout ne gardait aucun ménagement. Réfugié depuis deux mois au sud-est de la paroisse, il accomplissait dans la chapelle de Sainte-Barbe toutes les fonctions curiales, qui attiraient de divers côtés la foule. Ce succès l'enhardit à tel point qu'il osa un jour se présenter devant le conseil municipal le lui reprocher sa conduits (L. 941). Ce « grand mépris des autorités constituées », porté à la connaissance des administrateurs, lui valut à son tour, le 6 février 1792, une sommation de s'éloigner de dix lieues, dans les 24 heures de la notification qui lui en serait faite, sous peine d'être conduit par les gendarmes, à ses frais, hors du département (L. 934. - L.75).

IV. Proscription.

MM. Nicolas et Célard continuèrent d'agir comme si de rien n'était. Le premier faisait assidûment le catéchisme au château de la Villeneuve ; le second disait la messe à Sainte-Barbe, tous les dimanches, à l'heure de la messe paroissial e; tous deux confessant, communiant et administrant à l'occasion les fidèles de leurs quartiers, sans que la gendarmerie, venue à Quistinic pour faire une perquisition, découvrit le lieu de leur retraite (L. 941). Entre temps ils paraissaient au bourg la tête haute, et se rendaient ostensiblement chez Loher, « le patron déclaré de tous les prêtres réfractaires de cette paroisse et aussi des autres » (L. 941). Chose plus étonnante : M. Nicolas allait de village en village, de maison en maison, annoncer qu'au jour de la Fête-Dieu il porterait « solennellement le Saint-Sacrement à la procession » (L. 941).

Cette annonce ne pouvait troubler beaucoup le sieur Jaffray, parce qu'au bourg il était le maître. Ce qui le vexait davantage, c'était la messe de Sainte-Barbe, qui dérangeait les offices publics qu'il célébrait dans l'église paroissiale. Pour l'empêcher, il proposa, le 7 juin, de concert avec le procureur Flambeau et le secrétaire Rolland, un moyen bien simple : c'était d'envoyer à Porhmain, chez Louis Le Tallec, deux gendarmes chargés de saisir et de confisquer le calice caché chez ce derniers (L. 941).

Cette dénonciation n'eut pas de résultat ; mais les individus qui l'avaient faite ne perdirent pas courages (L. 941, à part Rolland, remplacé par Le Velair). Le 20 juin, ils la renouvelèrent presque dans les mêmes termes, insistant pour avoir deux gendarmes qui leur permissent de s'emparer, sinon des prêtres, du moins des calices et des ornements qui leur servaient : « Ce serait le moyen de punir bien sensiblement ces ennemis de la constitution, fauteurs et receleurs de fanatiques et d'incendiaires. Le mal va toujours croissant » (L. 941). M. Nicolas n'avait-il pas gourmandé et damné un malade, bon citoyen ? Lui et Célard, donné la communion aux enfants qu'ils avaient catéchisés ? Loher ne se promenait-il pas impudemment avec l'abbé Célard (L. 941) ?

Malgré cette insistance, le directoire n'agissait pas. Le major Beysser se chargea de mettre fin à ses hésitations. Le 18 juillet, il déposa sur le bureau « deux lettres portant des plaintes contre la conduite des nommés Nicolas ex-curé, et Célard, ex-vicaire de Quistinic, qui constamment cachés dans cette paroisse, et souvent déguisés, continuent à y semer le poison du fanatisme ». Devant cette déclaration, la scène changea, les administrateurs prirent feu aussitôt, et demandèrent au département l'autorisation d'appliquer la loi. Le sieur Jaffray eut vent de ce qui se préparait, et ne se possédait pas de joie ; mais il restait contraire à un grand déploiement de forces : « prenez seulement deux gendarmes avec vous, écrivait-il à un commissaire, arrivez de nuit chez moi sans monture, et nous ferons bonne capture » (L. 941). Cette belle confiance avait sa raison d'être : l'abbé Célard ne sortait guère du bourg, et son audace allait parfois jusqu'à revêtir le costume ecclésiastique ; il mangeait constamment chez Loher avec M. Herviant, recteur de Saint-Caradec, et tous les deux pourraient s'y trouver encore à l'arrivée de la gendarmerie (L. 941). Rien donc de plus facile que de les surprendre, pourvu qu'on se pressât un peu.

On ne se pressa pas assez, et c'est seulement le 26 que le major Beysser fut requis d'arrêter sans retard les coupables (L. 934). Il obéit aussitôt à la réquisition, mais il en fut pour ses frais de route ; les prêtres furent sans doute avertis à temps, et ils échappèrent à ses recherches.

Cependant la Révolution marchait toujours. Les temps devenaient de plus en plus critiques, et le mois d'août vit paraître des lois et des décrets qui condamnaient au bannissement, à l'exception des sexagénaires et des infirmes, tout ecclésiastique qui refusait le serment. Une détention de dix ans, la déportation à la Guyane, et plus tard la mort, telles étaient les peines réservées à ceux qu'on appelait les réfractaires. Des quatre prêtres de Quistinic, l'abbé Morio seul abandonna son pays. Il passa en Espagne et se trouvait à Cordoue, le 29 avril 1796 (L. 264). Les trois autres se cachèrent à Quistinic ou aux alentours, et se virent exposés à toutes les épreuves qui accompagnent l'état de proscrit.

V. Confiscation.

L'état de proscrit entraînait la confiscation des biens. M. Morio eût pu conserver le sien, s'il avait voulu se soumettre à la formalité du passeport, quand il partit pour l'étranger ; mais, ayant quitté le pays sans déclaration, il fut réputé émigré et traité comme tel. Ce vicaire habitait une chambre dans le bourg ; et M. Nicolas, depuis l'installation du curé constitutionnel, une maison située au sud du jardin du presbytère. La municipalité se rendit à leur domicile, le 16 janvier 1793, et dressa procès-verbal des effets qu'elle y avait trouvés (L. 906). Le lendemain, « considérant que les biens de ces deux prêtres sont sous la main de la nation, parce qu'ils sont prévenus d'émigration sans passeport », le directoire arrêta que la vente en serait faite, le 22 février. Le citoyen Jaffray, curé constitutionnel, reçut l'ordre d'y assister, au nom du gouvernement (L. 906).

La municipalité n'avait pu procéder à l'inventaire des effets de l'abbé Célard parce que Loher, qui possédait ses clefs, avait refusé de les remettre. Ce refus irrita le directoire, qui chargea le même Jaffray de demander au notaire les clefs en question, et de l'avertir qu'en cas de résistance il serait amené par deux gendarmes au district. Devant cette menace, il céda. Les effets de M. Célard furent annotés aussitôt, et leur vente fixée au II mars (L. 906).

Sur les entrefaites, le curé constitutionnel apprit que tous les effets des fugitifs ne se trouvaient pas dans les maisons occupées par eux, et que certains particuliers en récelaient une partie, à l'insu de l'administration ; il concluait de ce renseignement, dans une lettre du 9 février, qu'il convenait de faire à cet égard d'actives recherches, et d'ajourner la vente jusqu'au moment où on aurait mis la main sur les objets disparus (L. 906). Le procureur-syndic fut de cet avis ; le II, il envoya la dénonciation au citoyen Bertrand, juge de paix de Bubry, et le pria de suivre cette affaire avec le zèle et le patriotisme qui le caractérisaient : « Faites taire, écrivait-il, les mauvaises intentions et prouvez que la confiance qui vous a été donnée l'a été à juste titre  » (L. 935). Il lui signalait nommément Loher, personnage suspect ; il y en avait d'autres que le soupçon atteignait également et qu'il saurait découvrir (L. 935). Le succès dépendait de sa clairvoyance et de son activité.

Cet avertissement ranima le zèle du juge, qui fit sans doute de sérieux efforts pour répondre à l'attente de ses maîtres.

VI. Expédition de Saint-Yves.

Le curé et les municipaux n'avaient pas lieu d'être contents. Que leur importait en somme la prise et la vente de quelques effets mobiliers ? Pour que leur haine ou leurs rancunes fussent satisfaites, Il leur fallait la capture des ecclésiastiques eux-mêmes. Le 15 mars, ils suppliaient le directoire du district de faire dans le pays les plus exactes perquisitions et d'avoir soin, si on voulait les rendre fructueuses, de se concerter avec le directoire de Pontivy (L. 935). Le directoire ayant omis de leur répondre, ils s'adressèrent au procureur-syndic, qui leur déclara, le 25, qu'on se disposait à prendre les mesures les plus efficaces pour nettoyer leur canton. « Mais, ajoutait-il, permettez que je ne vous les trace pas afin de ne rien éventer, vous en serez avisé à temps, le moment n'est pas encore favorable parce que nous sommes dénués de bras, ils arrivent ce soir, nous nous concerterons avec Pontivy, un peu de patiences » (L. 935).

Cette nouvelle comblait d'aise les municipaux, qui attendaient d'un moment à l'autre l'expédition annoncée. Or les semaines s'écoulaient, et la troupe n'arrivait pas. Pourtant si l'on ne se hâtait d'en finir avec les rebelles, où s'arrêterait leur audace ? Ne venaient-ils pas braver la loi jusque dans le bourg ? Dans la nuit du 15 mai, les patriotes au nombre d'une douzaine s'étaient réunis chez le curé. Pendant qu'ils devisaient de la situation, on vint les avertir que huit ou dix hommes, la tête enveloppée de mouchoirs blancs, se dirigeaient vers le presbytère. Des sentinelles furent aussitôt placées à toutes les issues. Vers 2 heures du matin, le domestique du curé les aperçut qui rôdaient tout autour. Ayant crié trois fois qui vive sans que personne répondit, il tira un coup de fusil qui les fit s'enfuir vers Bubry et Lanvaudan (L. 249). Bientôt les municipaux apprirent que le moulin de la Villeneuve avait été brûlé, que le bourg cependant n'avait pas souffert, parce que « la providence des choses ne leur a pas permis de s'endormir dans une fausse sécurité » (L. 249). Que serait-il donc arrivé s'ils ne s'étaient pas tenus sur leurs gardes ? Cette pensée les faisait trembler d'épouvante.

Les prêtres fidèles leur paraissaient la cause de tout le mal, entr'autres, l'abbé Jean Le Goff, de Saint-Yves, en Bubry. Une femme avait rencontré un paysan du côté de la cure, ayant un mouchoir sur la tête et des culottes longues : « Nous savons, s'écriaient-ils, que c'est le costume du prêtre de Saint-Yves » (L. 249). L'abbé Célard, le curé de Lanvaudan, pour ne nommer que ceux-là, rivalisaient avec l'abbé Le Goff de zèle et d'activité. En dépit de la constitution et de ses partisans, ils ne cessaient de confesser, de conférer le baptême, d'administrer les malades, de célébrer les mariages. Saint-Yves était comme leur quartier d'opération, et c'est là qu'il fallait frapper un grand coup, si l'on voulait couper court à un désordre qui s'aggravait chaque jour : « Nous vous conjurons, au nom de tous les citoyens de Quistinic et d'ailleurs, écrivaient les municipaux au district, de faire cesser à Saint-Yves une infraction aussi scandaleuse à la loi, et de stimuler la coupable inertie de la municipalité de Bubry... Rien ne serait plus facile que d'en arrêter quelques-uns pendant ces fêtes de la Pentecôte où se fait l'ouverture du pardon de Saint-Yves, qui a lieu le dimanche 19 du courant, où ils seront certainement suivant leur coutume, à confesser samedy prochain et même peut-être bien avant dans la nuit » (L. 249).

C'est le 16 que les municipaux envoyaient à Hennebont ces plaintes et ces renseignements. Le directoire décida de les mettre à profit et de faire partir, dans la nuit du 18 au 19, 50 chasseurs sous la conduite d'un commissaire, désirant « que le résultat soit avantageux » (L. 249). Le détachement partit à 9 heures du soir, et se dirigea vers Quistinic dont les municipaux devaient lui servir de guides. Aucun de ceux-ci ne s'étant présenté au rendez-vous, le commissaire fut obligé de prendre d'autres guides dont l'ignorance ou la mauvaise volonté retarda sa marche (L. 907). Au bourg, où il arriva fort tard, en fait de municipalité il ne trouva que le curé Jaffray, qui prétexta une indisposition pour ne pas l'accompagner. Malgré ces contrariétés, il poursuivit ses recherches et se porta sur Saint-Yves, où il avait eu avis « qu'un prêtre réfractaire continuait de résider et de fanatiser » (L. 907). A son arrivée, vers 7 heures du matin, toutes les portes de l'église étaient ouvertes. Cette singularité l'étonna. Ayant mandé aussitôt Vincent Le Méchec, procureur de la commune et chargé des clefs, pour en avoir l'explication, il sut que l'abbé Le Goff avait célébré la messe de bon matin ; que le calice dont il s'était servi lui appartenait en propre, celui de la chapelle ayant été porté au district ; que le montant des offrandes, s'élevant à 200 livres, avait été recueilli par un pauvre inconnu. Sans perdre de temps, il courut chez l'abbé Le Goff, avec l'espoir de l'y rencontrer encore ; mais le nid était vide. Furieux de son échec, il revint à la chapelle, ordonna d'en enlever la pierre sacrée, d'en fermer et barricader les portes, et de se saisir de Vincent Le Méchec, « que tout concourt à montrer de connivence avec le prêtre rebelle » (L. 907). Le procureur fut conduit à Hennebont, le même jour 19, et maintenu jusqu'à nouvel ordre en état d'arrestation [Note : L'abbé Le Goff fut pris dans la suite et guillotiné à Lorient].

Ce maigre résultat avait de quoi déconcerter les municipaux de Quistinic. Ils avaient provoqué cette expédition et fondé sur elle de grandes espérances. Ils avaient compté que le détachement tiendrait garnison à Saint-Yves pendant les fêtes de la Pentecôte, et empêcherait les prêtres catholiques d'y exercer leurs fonctions ; qu'il réussirait même à en surprendre quelques-uns, ou du moins à leur couper les vivres en s'emparant des offrandes (L. 249). Aucun, de leurs voeux ne se trouva réalisé. L'année suivante leur réservait une autre déception plus amère encore. Le curé Jaffray abdiqua son sacerdoce.

VII. Apostasie du curé constitutionnel.

Les prêtres de Quistinic prêchaient d'exemple. Plutôt que de vendre leur conscience et de se soumettre à des lois condamnées par l'Église, ils se résignaient à tout perdre jusqu'à la vie. Leur remplaçant n'avait pas de ces scrupules. Pour lui, la résistance était une sottise, et il était d'avis de tout sacrifier pour conserver ses aises. Il le montra une fois de plus en 1794.

Le curé constitutionnel se croyait à l'abri des revers de la fortune. Il avait fait de bonne heure le serment prescrit par la constitution civile ; prêté, le 16 novembre 1792, le nouveau serment de maintenir la liberté, l'égalité et de mourir en les défendant, poursuivi, avec une vigueur rancunière, de malheureux ecclésiastiques qui n'avaient commis d'autres crimes que de suivre le droit chemin. Si donc quelqu'un avait donné des gages au nouveau régime, c'était lui. Et pourtant le voilà, en avril 1794, enfermé comme un simple réfractaire, par ordre du représentant du peuple, Le Carpentier. D'où venait cette disgrâce ?

C'est que par un arrêté, daté le 13 avril de Saint-Malo, ce fanatique représentant avait décidé que tout prêtre devait abdiquer ses fonctions et remettre ses lettres de prêtrise, sous peine de passer pour suspect et d'être mis en arrestation. Contre son habitude, le citoyen Jaffray ne se hâta pas d'obéir. On l'en punit quelques jours plus tard, en l'envoyant à l'abbaye de la Joie, près d'Hennebont. Une fois en détention, il se prit à réfléchir. Estimant qu'après avoir fait tant de sacrifices aux exigences révolutionnaires, ce n'était pas la peine de regimber, il annonça, le 2 juillet 1794, l'intention de payer un nouveau tribut à la patrie : « Puisse ce témoignage, écrivait-il, être le plus sûr garant de mon républicanisme et de mon dévouement sans bornes à la cause populaire, que j'ai irrévocablement embrassée » (L. 771).

Le curé constitutionnel était sincère. Le meilleur témoignage qu'il pût donner à l'impiété du jour, était d'abandonner sa paroisse et d'abjurer son sacerdoce. En récompense, il recouvra la liberté. Cependant la liberté, acquise au prix d'une dégradation, ne coûte-t-elle pas trop cher ? On ne sait où il se retira, au sortir de l'abbaye ; mais ce ne devait pas être à Quistinic. Ses partisans avaient à rougir de sa conduite, et les catholiques n'avaient nul besoin de ses services.

Si les catholiques méprisaient ses services, ce n'est pas qu'ils eussent abondance de prêtres. Nous avons déjà signalé la fuite de M. Morio. Au commencement de 1794, Jean Olivier disparut à son tour, mais d'une autre manière : il tombait aux mains des persécuteurs.

VIII. Détention et assassinat de M. Olivier.

En raison de son grand âge, Jean Olivier n'était sujet qu'à la réclusion. Mais aller en réclusion, c'était faire acte d'adhésion à des lois injustes, et plutôt que de s'y soumettre, bien qu'il fût « caduc et infirme, incapable de marcher » (L. 1369-1370), il se jeta dans une vie errante, qui dura 18 mois. Vers la fin de février 1794, il rentra dans sa maison de Quistinic, occupée par Marguerite Passal, sa domestique, qui la gardait en son absence. Il y vivait sans bruit lorsque, le 11 mars, l'agent national, deux commissaires et deux municipaux, qui faisaient le recensement des grains, parvinrent à le découvrir. Ils mirent des soldats à sa porte, en attendant les ordres du directoire, qu'ils informèrent de cette arrestation. Le directoire répondit par l'envoi de la gendarmerie, qui amena, le 13, le prêtre et sa domestique dans les prisons de Lorient. Leur procès ne traîna pas. A. peine étaient-ils écroués que l'accusateur public du tribunal criminel demandait de les citer le lendemain à la barre, et de prononcer à leur égard « le jugement qu'ils avaient encouru ».

Ainsi fut fait. Le 14, à 9 heures du matin, le vieux prêtre comparut devant le tribunal :

« Interrogé où il exerçait son état de prêtre ?.

Répond qu'il demeurait sur la paroisse de Quistinic, où il exerçait les fonctions de simple prêtre.

Interrogé s'il a prêté le serment exigé par la loi des ecclésiastiques ?

Répond que non.

Interrogé pourquoi il n'a pas quitté le territoire de la République française, comme la loi l’exigeait des prêtres insermentés ?

Répond qu'il croyait n'être pas sujet à la déportation.

Interrogé pourquoi, son âge le mettant hors le cas de déportation, il ne s'est pas rendu près l'administration du département pour demeurer en réclusion?

Répond que n'ayant pas de passeport, il craignait de se présenter à l'administration du département.

Interrogé où il a été depuis 18 mois ?

Répond qu'il a couru les différentes paroisses du district d'Hennebont et d'Auray, mais qu'il s'est abstenu de fournir ses fonctions de prêtre.

Interrogé quelle est la femme avec laquelle il a été arrêté ?

Répond que c'est sa domestique, et qu'elle le sert depuis 10 ou 12 ans.

Interrogé combien il y avait de temps qu'il était rendu chez lui, lorsqu'il a été arrêté ?

Répond aux environs de trois semaines » (Notes de Luco)..

L'interrogatoire de M. Olivier achevé, commença celui de sa domestique, qui déclara tout d'abord être âgée de 40 ans et originaire de Lanvaudan.

« Interrogée si elle l'a suivi depuis qu'il est fugitif ?

Répond que non et qu'elle était restée chez lui.

Interrogée depuis quand le prêtre Olivier était retourné chez lui ?

Répond depuis 15 jours.

Interrogée pourquoi elle était restée au service d'un prêtre réfractaire ?

Répond qu'elle était restée pour garder les meubles de sa maison.

Interrogée pourquoi, quand Olivier est arrivé chez lui, elle ne l'a pas dénoncé à la municipalité de Quistinic ?

Répond qu'elle ne se croyait pas obligée de le faire » (Notes de Luco).

Le tribunal ne l'entendait pas ainsi. Il prétendait qu'elle n'avait pas le droit de recevoir son maître dans sa propre maison, ou qu'elle devait le dénoncer aussitôt à la justice. Et puis n'était-elle pas la messagère attitrée des prêtres de Quistinic, de Bubry et de Melrand ? Pour s'être rendue coupable de tant de crimes, elle se voyait condamnée à la perte de ses biens et à la déportation à vie (Notes de l'abbé Luco).

Quant à M. Olivier, ses biens furent également confisqués ; et si sa tête ne roula pas sur l'échafaud, il en fut redevable à son âge avancé (71 ans). Le tribunal le condamna seulement à la détention « dans le lieu à ce désigné ». Le lieu dont il s'agit était le Petit-Couvent de Vannes, maison d'arrêt pour les détenus politiques. M. Olivier y entra le 18 mars, quatre jours après le prononcé du jugement, et y resta jusqu'au 12 janvier de l'année suivante. Transféré ce jour à la Retraite des femmes avec ses autres confrères sexagénaires et infirmes, il fut mis en liberté le 25 mars, en même temps que ses compagnons de captivité, en vertu d'un arrêté pris, le 24, par Briie, représentant du peuple (Notes de l'abbé Luco).

Le vieux prêtre reprit le chemin de Quistinic, et s'établit dans le bourg comme par le passé. Après tant d'épreuves, il avait droit au repos, et il espérait qu'il ne lui serait pas refusé. Son espoir fut déçu. L'année ne s'était pas écoulée que la persécution recommença et lui coûta la vie. La colonne mobile de Baud, si célèbre par ses chasses aux prêtres, le rencontra, le 29 décembre, au village de Locumélien, et sans autre façon, l'assassina sur place. C'est le propre terme dont se servit Loher, officier public de la commune, dans l'acte qu'il-dressa du décès de la victime (Archives communales de Quistinic), et personne n'objectera que le mot est trop fort.

La perspective d'un sort pareil ne découragea nullement MM. Nicolas et Célard. Tout en se cachant avec soin, ils se prodiguèrent plus que jamais ; mais la besogne était grande, et leurs forces n'y pouvaient suffire. Dieu merci, l'auxiliaire était prêt.

IX. Ordination de Mathurin Le Guerroué.

Fils de Corentin et de Marguerite Nicolas, neveu par sa mère du recteur de Quistinic, Mathurin Le Guerroué était né, le 23 février 1769, au village de Kerimaux, en Gueltas. Son oncle prit soin de son éducation, lui fit faire des études, et il était tonsuré au moment de la Révolution. Forcé par les événements de renoncer à la carrière ecclésiastique, il entra en apprentissage chez un menuisier d'Arzon et y demeura trois ans (L. 1269). Il y était encore lorsque, vers la fin de 1792, M. Nicolas se réfugia dans la même commune, et reçut l'hospitalité des filles Fleury, au village de Tumiac. Reconnu bientôt par les patriotes, le proscrit fut dénoncé au directoire départemental qui chargea, le 27 décembre, le citoyen Le Gris, substitut du procureur de la commune de Vannes, de le capturer s'il était posible (L. 237). Le substitut requit promptement des forces suffisantes, et se mit en route le lendemain, animé par l'espoir du succès. M. Nicolas put lui échapper ; mais il n'en fut pas de même de son neveu. Les soldats le saisirent vers onze heures du soir, et l'emmenèrent dans les prisons de Vannes où il fut écroué, le 29, par le gendarme Malliaux (L. 743). Cet enlèvement souleva de vives protestations. Les municipaux d'Arzon invoquèrent le droit de l'homme, « qui défend de se saisir des gens sans motif ni plainte incivique reconnue préalablement » (L. 1269), et demandèrent sa mise en liberté.

Sorti de prison, Mathurin Le Guerroué reprit ses études, et dès qu'il fut convenablement instruit, M. Nicolas résolut de lui procurer le périlleux honneur du sacerdoce ; mais le moyen, dans des circonstances aussi difficiles ? Il suffisait de passer en Espagne, en Angleterre ou en d'autres contrées voisines : les évêques n'y manquaient pas. Rien n'obligeait cependant de franchir la frontière. En plein foyer révolutionnaire, à Paris, l'évêque de Saint-Papoul remplissait courageusement la même fonction.

Nommé évêque de Gap en 1778, transféré à Saint-Papoul en 1782, M. de Maillé de la Tour-Landri n'avait pas émigré à l'exemple de ses collègues de l'épiscopat. Il vint à Paris, et se tint caché en cette ville ou aux environs, bravant tous les dangers pour tâcher de multiplier les prêtres fidèles, dont le nombre allait sans cesse en diminuant. C'est à lui que s'adressa l'abbé Le Guerroué. Muni d'un dimissoire de M. Poisson, recteur de Rieux et vicaire général du diocèse de Vannes, il s'achemina vers Paris à l'aide d'un itinéraire indiquant les auberges où il pouvait sûrement descendre, et reçut la prêtrise en juin 1797, peut-être le 18 du mois. C'est du moins de ce jour que date sa permission de célébrer à Paris, comme le témoigne la pièce suivante : « Je certifie que Mathurin Guéroué est prêtre catholique romain, et a la permission de dire la messe dans notre diocèse. A Paris, le 18 juin 1797, Hure » (L. 277). Sept jours plus tard, il était de retour à Rieux, auprès de M. Poisson, qui attesta de son côté « qu'il a été ordonné par un évêque catholique », d'après le dimissoire accordé à cet effet (L. 277).

Le temps était à la paix. Les lois contre l'Église étaient peu à peu rapportées, et les prêtres reparaissaient dans leurs paroisses ; mais parmi eux régnait une grande division, relativement à l'exercice du culte. Les uns le voulaient public et solennel ; les autres, privé et secret, comme si l'on était en deuil. C'est cette dernière manière de voir que M. Poisson adopta, conformément aux instructions des évêques. Dans une longue circulaire, en date du 20 juin, il permit « d'exercer le culte privé dans les églises ou chapelles sans distinction jusqu'à nouvel ordre, sans chant quelconque soit pro vivis, soit pro defunctis » ; et même ce culte privé, il l'interdisait, sous peine de suspense, dans les chapelles aux jours de pardon, « à cause des troubles et des scandales qui le faisaient gémir » (L. 287). M. Poisson avait fait, au sujet des dispenses, d'autres recommandations importantes, en sorte que M. Le Guerroué savait à quoi s'en tenir, lorsqu'il reçut ses pouvoirs pour Quistinic, le 27 du même mois, par une lettre ainsi conçue :

« Louis-François Poisson, recteur de Rieux, vicaire général du diocèse de Vannes, à notre très cher Mathurin Guéroué, prêtre de ce diocèse, salut en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Certains de votre science, piété et zèle, nous vous donnons les pouvoirs de confesser les fidèles dans la paroisse de Quistinic, et même d'absoudre des cas de censures réservées, du consentement du recteur de laditte paroisse, et aussi dans les paroisses voisines qui se trouveront entièrement dépourvues de prêtres, ou bien du consentement des prêtres qui y seraient attachés, et ce jusqu'à nouvel ordre » (L. 277).

M. Le Guerroué se rendit auprès de son oncle, qui trouva en lui un auxiliaire dévoué. L'occupation ne lui manqua pas dans un moment où une liberté relative permettait aux fidèles l'approche des sacrements. Ce moment dura peu. La tempête surgit bientôt avec une nouvelle violence, et les tribulations du nouveau prêtre devinrent d'autant plus vives et plus multipliées, qu'il partageait la destinée d'un homme à qui les républicains attribuaient une influence considérable, et qu'ils se mirent à rechercher avec un redoublement d'ardeur.

X. Acharnement des révolutionnaires.

Le recteur de Quistinic faisait sur les révolutionnaires l'effet d'un cauchemar. Non seulement ils le regardaient comme le chef ou l'inspirateur des nombreux rassemblements qui se formaient dans sa paroisse, ils l'accusaient encore de tous les méfaits qui s'y commettaient. C'est ainsi qu'au commencement de 1796 un ancien chef de chouans, nommé Le Pape, ayant été fusillé parce qu'il refusait de marcher, ils le rendirent responsable de cette exécution (L. 269). Comme si les chouans n'eussent pas des règlements imposés par les circonstances, et dont ils châtiaient la violation avec une implacable sévérité.

Dans le courant de la même année 1796, il éprouva une chaude alerte. Le 6 octobre, des gendarmes de Baud arrivèrent à l'improviste au village de Locmaria qu'il habitait d'ordinaire, et découvrirent dans l'appartement, où il logeait avec son neveu, un certain nombre de lettres et de mémoires. Mais les deux ecclésiastiques n'y étaient plus, ils venaient de le quitter, à peine une demi-heure auparavant. En entendant ce rapport, le commissaire cantonal de Baud n'en pouvait croire ses oreilles : « Les scélérats, écrivait-il.... ont toujours sans doute des gens à leur main pour les prévenir, mais que l'on ne peut encore connaître .. » (L. 266). Ce n'étaient pas leurs effets qu'on lui avait apportés qui pouvaient le consoler. Il lui fallut pourtant s'en contenter pour le moment, et il demanda au commissaire central quel usage il convenait d'en faire. Ce dernier répondit que rien n'empêchait de distribuer les menus objets aux gendarmes, ou à défaut de ceux-ci, aux indigents. En même temps il louait l'activité de ces militaires, et leur recommanda de redoubler de zèle, persuadé que leurs efforts se verraient tôt ou tard couronnés de succès (L. 266).

Oui, si ces militaires étaient incorruptibles : l'étaient-ils ? Un rapport du 13 novembre 1797 les accuse formellement d'avoir procuré l'évasion de M. Nicolas, pour de l'argents (L. 274). C'est sans doute pour rétablir leur honneur ou dissiper les soupçons que, le 19 du même mois, ils se portèrent de nouveau sur le village de Locmaria. Dans la chapelle, sous les marches de l'autel, outre « plusieurs ornements d'église pour dire la messe, avec la boitte à calice », ils découvrirent six chandeliers et une petite croix, des mauvaises chemises, un surplis, une aube et quelques vieux livres d'église ; trois registres pour baptêmes, sépultures et offrandes ; un petit sac contenant 24 livres ; mais des réfractaires, nulle part (L. 274).

L'inutilité de tant d'efforts exaspérait les révolutionnaires. Ce qui porta au comble leur fureur, ce fut d'apprendre que, vers le mois de septembre 1798, il s'était, tenu à Quistinic ou dans les environs une assemblée de prêtres, sous la présidence de MM. Videlo, recteur de Bubry ; Duparc, recteur de Melrand ; et, il va sans dire, Nicolas. « L'objet principal était de savoir s'il importait à la clique roiale de ressusciter la chouannerie » (L. 288). A en croire Le Malliaud, commissaire central, qui envoyait ces détails, le 9 octobre, au ministre de l'intérieur, MM. Videlo et Nicolas soutinrent la nécessité d'une nouvelle lutte. Ils jugeaient sans doute que le plus sûr moyen d'obtenir la paix religieuse, était de se rendre redoutable aux persécuteurs ; et, pour avoir opiné dans ce sens, ils s'attirèrent les épithètes les plus malsonnantes. Le Malliaud les traitait de monstres, d'éternels ennemis de la societé, de partisans des projets sanguinaires de Pitt (L. 288). Que n'était-il en son pouvoir de leur infliger un châtiment exemplaire ! « Comptez toujours, s'écriait-il, sur notre énergie et notre surveillance ; mais sans forces, notre zèle comme celui du général seront impuissante » (L. 288).

Pas aussi impuissants qu'il le prétendait. Ayant reçu de précieux renseignements sur la résidence des proscrits, il brûla de prendre sa revanche et sollicita de l'administration centrale, le 28 novembre, l'autorisation de rassembler à cet effet quatre brigades de gendarmerie. L'ayant obtenue, il requit dès le lendemain Félix-Marie-Hypolite Coroller, chef d'escadron de gendarmerie à Hennebont, d'agir en conséquence et de visiter avec le plus grand soin les lieux indiqués comme suspects en Quistinic, Bubry, Plouay et Melrand (L. 288).

XI. Capture de M. Nicolas.

Le citoyen Coroller ne se fit pas répéter l'invitation. Il réunit au plus tôt, sous prétexte de les passer en revue, les brigades d'Auray, du Faouët, de Lorient et d'Hennebont; et, l'inspection faite, il leur donna rendez-vous à un point convenu d'avance pour n'éveiller aucun soupçon. Le 3 décembre, il partit d'Hennebont, accompagné de Calvé, commissaire cantonal de Plouay, et se dirigea aussi directement que possible, en passant par Pontaugan (Notes de Luco), vers le village de Kerbéron, en Quistinic.

Kerbéron est situé sur le Blavet, près de l'endroit où la rivière forme un coude et tourne brusquement vers l'ouest. Dans un des champs qui en dépendent, se voyait une vieille masure ; dans cette masure, une espèce de souterrain pratiqué à l'usage du recteur et de son neveu par des gens de Melrand et par deux chouans de Quistinic, Mathurin Mintho et Pierre Le Dan ; et, au fond de ce trou, deux lits dont la composition était des plus élémentaires : un peu de paille étendue sur le sol, une couette de balle, une couverture de laine, et des draps. C'est dans ce refuge que, depuis un certain temps, s'étaient retirés les deux prêtres. C'est sur cette pauvre couchette qu'au coeur de l'hiver ils reposaient leurs membres fatigués. Dans leurs rapports avec le public, ils ne portaient pas de soutane et ils vivaient déguisés, c'est-à-dire, en habit de paysan. Louis Le Goff, laboureur du village, allait les gourmander quelquefois, et il devait se trouver en leur compagnie, à l'arrivée de la troupe. Surpris par cette apparition subite, tous trois se sauvèrent à travers champs. Par malheur, ils furent aperçus des soldats qui se précipitèrent à leur poursuite et réussirent à en arrêter deux, le recteur et le laboureur (Notes de Luco).

Coroner prit tout de suite leur signalement. Voici celui de M. Nicolas : « taille de cinq pieds onze pouces, visage long, front ridé, cheveux et sourcils châtains, barbe idem, yeux gris et malades, nez long, bouche grande, menton rond ». L'ayant ensuite fouillé, il trouva dans ses poches « une bourse renfermant 39f 85, trois petites boîtes en étain renfermant du coton imbibé d'huile, un extrait de rituel romain et un chapelet » ; puis, dans la cabane qu'il occupait, cinq livres d'église, la copie d'une lettre de Mgr de Tréguier à un prêtre du diocèse de Saint-Brieuc, une étole, un dessus de calice et un gilet de laine grise. La perquisition terminée, la troupe reprit sa marche, emmenant les prisonniers (Notes de Luco).

Or il paraît que les habitants du village n'étaient pas fâchés de cet événement. La présence de M. Nicolas les gênait, ils craignaient d'être compromis. Outre que « les personnes à qui appartenait la masure étaient mécontentes de l'y voir », elles « lui en avaient fait des reproches » (Notes de Luco). Louis Le Goff avoue franchement dans son interrogatoire qu'il ne lui épargnait pas les observations à ce sujet (Notes de Luco). Cela étant, ne serait-on pas tenté de croire que la dénonciation si précise partit du village, et que le recteur ne fut trahi que par les siens ?

La joie de ces peureux fut partagée par l'administration. Le Malliaud en particulier poussa un cri de triomphe : « La capture d'un scélérat de cette espèce, s'écriait-il, est encore plus précieuse que celle de plusieurs émigrés. Ceux-ci seraient en effet sans force et sans crédit et tomberaient bientôt en notre pouvoir, s'ils n'étaient soutenus et protégés par les apôtres de la rébellion » (Notes de Luco). Scélérat, apôtre de la rébellion, incendiaire prêchant le meurtre et l'assassinat, qualifier de la sorte un prêtre dont l'unique tort était d'avoir refusé un serment injuste, et préféré la vie de proscrit à la guillotine et à la déportation ; ou d'avoir dit, dans une assemblée, que « les chouans étaient ses enfants » (L. 288), n'était-ce pas dépasser la mesure ? Mais Le Malliaud, on l'a vu, était coutumier du fait. Il se surpassa le jour où il déclara qu'après avoir fait chercher M. le recteur tant de fois inutilement, « la Providence l'avait fait tomber entre les mains des républicains ». Faire intervenir la Providence dans une affaire de ce genre, c'était vraiment joindre à l'odieux le ridicule. Le commissaire avait-il oublié qu'il faisait profession d'athéisme ou de la plus complète indifférence en matière religieuse ?

Quoi qu'il en soit, la capture de M. Nicolas fut la seule satisfaction que Coroller éprouva dans sa tournée. Il ne découvrit ni M. Videlo, qui se cachait d'ordinaire chez Anna Hellec, au bourg de Bubry ; ni les dépôts d'armes et de munitions qu'on lui avait signalés. Il rentra le 5 décembre à Hennebont, et confia le lendemain les deux prisonniers à la brigade d'Auray qui allait rentrer dans sa résidence, avec ordre de les conduire jusqu'à Vannes (Notes de Luco).

XII. Déportation et mort de M. Nicolas.

Aussitôt arrivé à Vannes, M. Nicolas fut amené devant l'administration centrale ; et, après quelques questions établissant son identité :

« Interrogé s'il ne demeurait pas habituellement chez Le Goff ?

Répond que non.

Interrogé s'il n'a pas prêté le serment républicain ?

Répond que non.

Interrogé où il exerçait son culte ?

Répond dans les champs, partout et autant qu'il le pouvait.

Interrogé s'il a connaissance des assassinats commis dans le mois de vendémiaire dernier près du Pont-au-Gan !

Répond qu'il en a entendu parler.

Interrogé s'il n'a pas un neveu prêtre ?

Répond que oui, qu'il est prêtre il y a un an passé du mois de juin.

Interrogé où il a été fait prêtre ?

Répond, à Paris, par l'évêque de Saint-Papoul.

Interrogé s'il sait où est ce prétendu évêque ?

Répond que non.

Interrogé où réside son neveu ?

Répond qu'il est errant.

Représenté à l'interrogé une pièce portant pour titre : copie d'une lettre de Mgr l'évêque de Tréguier à un prêtre du diocèse de Saint-Brieuc, interpellé de déclarer s'il la reconnaît comme ayant été trouvée dans sa demeure ?

Répond qu'il ne la connaît pas, qu'elle aura probablement été remise à sou neveu.

Tels sont ses interrogatoires et réponses, desquels lecture lui faite, déclare qu'ils sont véritables, y persister et a signé Nicolas de Quistinic » (Notes de Luco).

On procéda ensuite à l'interrogatoire de Louis Le Goff, dont nous connaissons une partie déjà. Les déclarations de cet homme sont curieuses à plus d'un titre et ne dénotent pas précisément un zélé catholique :

« Interrogé s'il n'avait pas assisté à la messe du prêtre Nicolas ?

Répond n'avoir jamais assisté à aucune messe.

Interrogé pourquoi l'on témoignait de la satisfaction lorsqu'on a arrêté Nicolas et lorsqu'on l'a vu partir ?

Répond que l'on était bien aise, parce que l'on craignait que sa présence eût causé quelque peine aux habitants du village.

Interrogé s'il a connaissance que ce Nicolas ait prêché la révolte et ait engagé à se soulever ?

Répond qu'il n'a rien entendu à ce sujet ; qu'on lui a seulement dit qu'il était extrêmement dur et qu'il menaçait.

Observé au déclarant que la soupe destinée pour Nicolas se trouvait chez lui, ainsi que la viande qui devait exister dans un banc faisait présumer qu'il allait s'y retirer quelquefois, particulièrement pour y manger ?

Répond que jamais il n'y est venu, qu'il se peut que le jour où on l'arrêta, on ait porté chez lui la viande et la soupe qui lui appartenaient, mais qu'il l'ignore, parce qu'il était à travailler son champ » (Notes de Luco).

Louis Le Goff n'étant ni fanatique ni recéleur de prêtres, les juges se montrèrent indulgents à son égard, et lui rendirent la liberté, le 8 du mois suivant. M. Nicolas n'eut pas la même chance. Malgré le démenti de Louis Le Goff, qu'aucune raison n'autorisait à révoquer en doute, il fut accusé « de prêcher la révolte et de fomenter la guerre civile », et condamné à être déporté à la citadelle de Saint-Martin-de-Ré (Notes de Luco).

Le commissaire central avait hâte « d'en délivrer le pays ». Aussi, dès le lendemain, 8 décembre, écrivit-il au commandant de la gendarmerie nationale de donner les ordres nécessaires pour le faire incessamment conduire de brigade en brigade au lieu de sa destination. Les municipalités du Morbihan auraient à lui fournir un cheval, s'il était nécessaire. Les municipalités des autres départements que le déporté devait traverser seraient invitées à en faire autant (Notes de Luco). Le commandant Hue répondit, le 10, qu'il allait s'occuper de remplir de son mieux les intentions de l'administration. Le départ fut cependant retardé de quelques jours, et M. Nicolas n'arriva, à Saint-Martin-de-Ré, que le 2 janvier 1799 (Manseaux).

A cette date, rien ne faisait pressentir le 18 brumaire, qui devait pourtant éclater, comme un coup de tonnerre, au bout de quelques mois, Depuis ce moment, une détente s'opéra dans les esprits, et les administrations catholiques reprirent le dessus. C'est ce qui arriva notamment à Quistinic. Le peuple se souvint alors de son vieux pasteur qui avait tant souffert pour lui procurer les secours de la religion, et le 5 avril 1800, la municipalité réclama sa libération. Cette pieuse démarche n'aboutit pas. M. Nicolas était si redouté que le gouvernement ne voulut pas le relâcher (Notes de Luco). Il ne survécut pas longtemps à ce refus, et le 1er septembre suivant, son âme s'envola vers Dieu qu'il avait si bien servi.

XIII. Mort de M. Célard.

Les prêtres de Quistinic étaient bien à plaindre. L'assassinat ou la déportation : voilà leur sort. Serait-il également celui de l'abbé Célard ? D'après le cours ordinaire des choses, il devait s'y attendre ; mais, plus heureux que ses confrères, il ne rencontra ni traîtres ni soldats sur son chemin, et il fut épargné.

M. Célard résidait au village du Botello (Archives communales de Quistinic), à proximité de la chapelle de Sainte-Barbe, dont nous avons si souvent parlé. On peut croire qu'il ne cessa d'y remplir, dans la mesure du possible, les fonctions de son ministère, et il le faisait d'une manière si discrète que son nom ne figure pas une seule fois dans les nombreuses dénonciations dirigées contre son recteur.

Bien que circonspect, il ne fut pas sans peines et sans inquiétudes. Depuis la constitution des colonnes mobiles, les alertes devenaient fréquentes, et il va de soi que l'abbé Célard en connut toutes les amertumes. Cette vie de fatigues et de privations, ces alarmes continuelles finirent par épuiser ses forces. Dieu permit cependant qu'il vécût assez de temps pour assister au triomphe de l'Église, consacré par la promulgation solennelle du Concordat. Six mois plus tard, le 19 novembre 1802, à une heure de l'après-midi, il s'éteignit doucement au bourg, et il alla rejoindre dans un monde meilleur ceux avec qui il avait tant combattu ici-bas, MM. Olivier et Nicolas.

ÉPILOGUE.

Le lecteur sera sans doute curieux de savoir ce que sont devenus les autres prêtres qu'il a vus à l'oeuvre pendant cette sombre époque. Des renseignements reçus à la dernière heure permettent de le satisfaire, en partie du moins.

L'abbé Le Guerroué ne sortit pas de Quistinic. Il y resta comme vicaire au retour de l'ordre, et décéda au bourg, dans la fleur de l'âge, le 5 octobre 1804.

M. Morio fournit une assez longue carrière. Revenu d'Espagne après la pacification religieuse, il fut nommé, le 7 mai 1804, recteur de Moustoir-Ac, et mourut au commencement de 1815.

Quant au curé constitutionnel, toutes les recherches faites pour le retrouver ont été jusqu'à ce jour infructueuses.

Abbé Guilloux.

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