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La paroisse du Quiou durant la Révolution.

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Renseignements ecclésiastiques. — Le Quiou, cure de l'ancien diocèse de Saint-Malo, dépendait alors de l'archidiaconé de Dinan et du doyenné de Bécherel.

Le Quiou, qui n'était encore, en 1187, qu'une desserte de Plouasne (Capella de Chaio, cf. Anciens Evêchés, IV, p. 362), était dès l’an 1140 placé sous le patronage de la Très Sainte Vierge (Capella Sancte-Marie de Caïhou, cf. Anciens Evêchés, IV, p. 403). — Au XVIIIème siècle, d'après le Pouillé de la Bastie, la fête patronale du Quiou se célébrait le jour de la Visitation de la Vierge, c'est-à-dire le 2 juillet, et cet usage s'est perpétué jusqu'à nos jours.

Le Pouillé de la Bastie signale le comte de Donges, à cause de sa terre du Hac, comme seigneur de la paroisse du Quiou vers 1760.

La cure du Quiou, qui avait été primitivement à la présentation de l'abbé de Marmoutiers-lès-Tours, appartenait dès le XVIème siècle à l'évêque de Saint-Malo.

Le recteur du Quiou était à portion congrue. Le Pouillé de la Bastie indique comme décimateurs « les révérends pères de Léhon et plusieurs autres ». Nous ne croyons point cependant que le prieuré de Léhon fut au Quiou le principal décimateur, car, en 1735, il ne contribuait que pour 80 livres, à la pension du recteur, et cette somme n'avait pas varié en 1777 (Fouéré-Macé : Le Prieuré, etc., de Léhon. op. cit., p. 351 et 362). En 1728, le recteur du Quiou déclarait jouir de 242 livres de revenu net. En 1789, sa congrue lui rapportait 700 livres annuellement.

D'après un compte de fabrique de 1729, en notre possession, les gens du Quiou se montraient fort généreux pour leur église. Ainsi, cette année, ils avaient donné une brebis vendue 3 l. ; un veau, 1 l.. 14 s. ; un cochon, 1 l. 13 s. ; et pour 14 sols de poulets. Leurs offrandes en beurre avaient produit 13 l. 14 s. 9 d., les noeuds d'échine 7 l. 12 s., le froment 12 l. 16 s., la paumelle autant, le lin 12 l. 11 s. , le chanvre 5 l. 14 s. Enfin, les libéralités en argent avaient rapporté 15 livres, y compris celles faites en l'honneur de Saint Lunaire, second patron de cette paroisse, au culte duquel, au Quiou, M. le chanoine Mathurin a consacré la p. 54 de son Saint Lunaire, in-16, Rennes, 1913.

Parmi. Les autres recettes de l'église, figurent la vente des pommes et de l'herbe du cimetière, et parmi ses dépenses, l'achat de luminaire pour la messe de minuit.

En 1713, le « blanchissage des hardes » de l'église était revenu à 30 sols ; les balais à 30 deniers ; l'huile, l'amidon et l'encens à 19 l. 16 s. ; la cire et la façon des cierges à 16 l. 15 s., et enfin le « sonneur de clochettes aux processions » (sic) avait été payé comme d'habitude 1 livre 10 sols.

D'après une vingtaine de comptes que nous avons examinés, le budget de l'église du Quiou se réglait alors toujours en excédent ; si bien que, le 29 mars 1762, le « général » de la paroisse pouvait commander à Jean Le Loup de l'Epine, marchand brodeur à Rennes, une belle bannière de 5 pieds de haut sur 4 de laize, en damas blanc des manufactures de Lyon, portant brodée d'un coté l'image de la Vierge du Rosaire, et de l'autre deux anges soutenant un ostensoir. L'ensemble de cette bannière, dont nous avons une description très détaillée sous les yeux, devait être superbe. En même temps que cette bannière, les paroissiens du Quiou firent aussi marché pour confection d'une chappe, le tout pour la somme de 491 livres.

L'église du Quiou, note le Pouillé de la Bastie, « n'est pas mal et passable pour le lieu ». Le dimanche 14 juin 1724, le général de cette paroisse, délibérant à l'issue de la grand’messe, avait « jugé que la fenestre du grand autel est trop petite et obscure pour célébrer le divin service, et qu'il était nécessaire de la recroistre ». L'église du Quiou datait en effet de l'époque romane la plus ancienne, d'après Gaultier du Mottay, et l'on sait qu'alors, l'on n'avait pas l'usage de favoriser l'éclairage des édifices religieux. Nous possédons, grâce à M. du Mottay, une description assez complète de cette curieuse bâtisse (qu'on lira tout au long dans le Répertoire archéologique du département des C.-du-N., de cet auteur, op. cit., p. 412). Rien du reste ne subsiste plus de ce bâtiment, que l'on a reconstruit en 1864, et dont le sous-préfet Gagon signalait déjà le mauvais état d'entretien dès 1802. L'on conserve cependant dans l'église nouvelle les statues de bois de Saint Lunaire et de Sainte Emérence, qui faisaient partie autrefois du mobilier de l'ancienne église.

Bien que le Pouillé de la Bastie ne mentionne aucune chapelle au Quiou, il n'en est pas moins vrai que l'une des tours du château du Hac contenait autrefois un oratoire éclairé par une fenêtre à meneaux fleurdelisés. Rigaud, dans sa Géographie des Côtes-du-Nord, op. cit., p. 198, parle aussi des chapelles de Tréveleuc et des Vieilles Cours, « aujourd'hui en ruines », écrivait-il en 1889.

Il existait naguère au Quiou une fondation de 8 livres de rente, créée le 20 septembre 1730, et destinée à assurer l'exposition du Saint Sacrement le premier dimanche de chaque mois. La confrérie du Saint Rosaire, créée dans cette paroisse le 27 avril 1631 (cf. Revue Bretagne, sept. 1912), possédait aussi, depuis 1731, un revenu de même valeur, mais celle du Scapulaire n'était arrentée d'aucune sorte.

Le presbytère du Quiou, d'après le pouillé de la Bastie, était « peu de chose et fort éloigné de l'église ». Nous n'avons pas jusqu'ici trouvé trace de la location en 1794 ou en 1795.

Les biens sur lesquels étaient assises les fondations ou prestimonies de l'église du Quiou se trouvaient, en partie, situés en Plouasne. Ils consistaient en le Paumeret, contenant environ 13 sillons ; la Roche Grand'mère, mesurant environ 10 sillons ; le clos de sous la Roche, contenant environ 7 sillons ; le grand Pisterel et le petit Pisterel ; la Croix-Blanche ; le petit Pouhous ; la pâture Tual ; la pièce du Grand Champ ; le bois des Grands Champs ; le courtil de la Métairie ; la Fresnais ; le courtil du Presbytère ; le pré et le verger du Presbytère, et le clos Martinet.

Les terres qui se trouvaient en Plouasne furent estimées 1.474 livres le 6 juillet 1791. Elles avaient été affectées au siècle précédent par les familles Delarocheaulion et Beaumanoir, à diverses œuvres pies. Elles furent rachetées en bloc par un Delarocheaulion, le 28 septembre 1791.

Le clos Martinet, propriété de la fabrique du Quiou, fut aussi vendu le 24 décembre 1792 à un nommé Commereuc, mais deux pièces de terre d'un revenu de 17 fr. 25, non aliénées au cours de la Révolution, lui furent restituées sous le gouvernement de Napoléon Ier. Nous avons également trouvé que le champ du Cran (ou du Cron) était loué 30 livres par an le 10 mai 1789 au profit de l'église du Quiou, mais nous ignorons le sort que lui réservèrent les lois spoliatrices de la propriété ecclésiastique.

Ces lois, nous l'avons vu, s'exerçaient aussi bien sur les, biens meubles que sur les immeubles. C'est ainsi que, le 5 juin 1794, on vendit à Dinan, pour 181 fr. 35, une partie des ornements de cette église, ce qui n'empêcha pas, le 6 juillet, d'évaluer à 126 livres les chapes, chasubles, et linge de cet édifice qui se trouvaient encore déposés dans cette ville. Du reste, dés le 7 mai 1793, les municipaux du Quiou avaient dû livrer une croix en argent doré pesant 6 marcs, 4 onces, 2 gros et demi, et le 24 août de l'année suivante, on inventoria à Dinan le pied d'un ciboire avec la couverture de celui-ci, pesant 2 marcs, 1 once, 5 gros et demi d'argent blanc ; un ostensoir, une coupe de calice, une coupe de ciboire, un calice, deux patènes, pesant 4 marcs, 6 onces, 6 gros et demi d'argent doré ; 3 marcs, 1 gros de galon d'argent, et 2 marcs, 1 once, 3 gros de galon doré.

Disons, pour finir cette étude, que d'après le projet élaboré dans les premiers mois de 1792 entre l'Administration des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) et celle de l'évêque Jacob, la paroisse du Quiou devait être érigée en succursale et comprendre la partie septentrionale de Plouasne, la partie orientale de Tréfumel, le bourg excepté, la partie de Saint-André située sur la rive droite de la Rance et les parties d'Evran et de Saint-Judoce qui se trouvent au sud-ouest du chemin du pont de la Basse-Rivière, au grand chemin de Dinan à Rennes, ainsi qu'à l'ouest de ce grand chemin.

Sous l'ancien régime, le Quiou était groupé pour les stations des prédications avec Evran et Trévérien, et Mgr. des Laurents avait fixé au 13 mars son jour annuel d'adorations.

 

CLERGÉ.MATHURIN BERNARD, recteur, naquit à Guitté le 22 septembre 1736, du mariage de Guillaume et de Julienne Neveu, et fit ses études à Rennes. On le note au séminaire comme « possédant peu de voix, mais sachant son chant » et  « méritant des notes satisfaisantes à ses examens ». Ordonné prêtre le 7 mars 1761, M. Bernard demeura quelque temps sans emploi dans sa paroisse natale, puis il alla vicaire à Landujan.

A la mort de François Julien, décédé recteur du Quiou le 15 janvier 1773, Mgr. de Saint-Malo le nomma pleno jure à la cure de cette paroisse, le 22 février suivant (Archives d'Ille-et-Vilaine, G 89).

Comme tel, M. Bernard refusa de s'assermenter et signa l'«Expositions des Principes sur la Constitution. Civile du Clergé ». Nous relevons sa dernière signature officielle sur les registres de catholicité du Quiou le 27 mai 1791. Quelques jours après, ce prêtre se voyait dépossédé de sa cure par les électeurs du. District réunis à Dinan, qui désignèrent le 13 juin l'ex-capucin Chrétien pour le remplacer, par 30 voix sur 31 votants.

L'ex-frère Cyrille de Cancale, alias JEAN–FRANCOIS–ETIENNE CHRÉTIEN, que nous avons vu à l'oeuvre à Saint-André, accepta son élection. Il reçut en conséquence, le 17 juin suivant, des...mains de Jacob, la soi-disant institution-canonique que pouvait lui conférer cet évêque intrus qui n'en possédait pas lui-même. Puis, tout heureux de ses prétendus pouvoirs, et de l'accroissement du rayon d'action confié à son zèle, l'ex-moine se fit installer le 26 de ce même mois de juin dans sa nouvelle paroisse, et prêta à cette occasion le serment constitutionnel, ainsi qu'il était obligatoire en pareille circonstance.

Suivant un rapport d'un administrateur du district de Dinan, « la cérémonie se passa sans trouble et dans le meilleur ordre, sous la protection de 30 soldats tant de la garde nationale de Saint-André que de celle d'Evran, lesquels accompagnèrent le nouveau curé de l'église au presbytère après la messe, furent ensuite le chercher au presbytère avant les vêpres et, celles-ci achevées, le reconduisirent à sa demeure ».

« Le lendemain de cette cérémonie, ajoute le même narrateur, un habitant de la Ville-Even, en Saint-André des Eaux, m'a fait savoir que, se trouvant ce jour dans le bourg du Quiou avec un cultivateur du village du Pas de Hac, attendant tous deux la messe et la bénédiction, le sieur Bernard, ci-devant curé, qui se promenait dans le bourg, est allé à leur rencontre et leur a défendu d'assister à la messe et à la bénédiction du nouveau curé, leur disant qu'en s'y rendant ils commettraient des sacrilèges, et les a encouragés à s'en retourner, ce qu'ils ont refusé ». Cet habitant de Saint-André dit encore « qu'il était probable que le sieur Bernard avait découragé de la sorte beancoup de personnes d'assister à cette messe, car il ne s'y trouvait qu'environ 18 hommes et femmes, alors qu'il est coutume de voir un bien plus grand nombre de fidèles assister à l'office en l'octave du St Sacrement ».

Enfin, le rapport de l'administrateur que nous reproduisons, s'achève en accusant la « dénommée Marie Desainpern, servante de l'ex-curé, d'avoir empêché, le 26 juin, par sollicitation, quatre jeunes gens du Quiou d'assister avec leurs armes à l'installation du curé Chrétien ».

En conséquence, et sans tenir compte qu'il était impossible à un pasteur légitime de ne pas mettre ses ouailles en garde contre un curé intrus, les administrateurs dinannais, qui avaient complètement oublié la notion de l'origine du pouvoir spirituel dans l'Eglise catholique, décidèrent « qu'il serait adressé copie à la municipalité du Quiou de l'arrêté du Département du 18 juin précédent contre les prêtres fanatiques, avec recommandation de surveiller avec exactitude le sieur Bernard, d'empêcher qu'il tienne des propos incendiaires, et de dénoncer à l'accusateur public le dit ecclésiastique, s'il continue de vouloir insinuer des doutes sur la légitimité du nouveau curé » (Extrait du 1er registre de délibérations du Directoire du District de Dinan, aux Archives de Dinan).

Nous pensons que devant ces mesures draconiennes, l'abbé Bernard dut abandonner son troupeau et se retirer dans sa paroisse natale, dans laquelle, si nous avons bien lu, il recevait encore sa pension, en juillet 1792.

Quant à Jean-François Chrétien, demeuré par la force maître de la situation, il vit bientôt son traitement annuel porté 1.800 livres, car il était censé assurer à la fois, et dans la mesure du possible le culte constitutionel à Saint–André, puis à Saint-Juvat des le mois de novembre 1791, et enfin à Tréfumel officiellement réuni au Quiou le 7 août 1792. C'est au milieu de ces absorbantes fonctions qu'il eut l'avantage de recevoir au Quiou, le 18 septembre 1792, son évêque, l'intrus Jacob, en tournée de confirmation.

Enfin, après l'application de la loi du 26 août de cette année, Evran se trouvant sans culte, par suite de l'exil du recteur et des deux vicaires de cette localité, Chrétien se vit récompenser de son zèle par l'attribution de cette cure importante, ce qui lui valut dès lors 2.400 livres d'appointements. Nous achèverons sa biographie à l'article de cette paroisse.

Quant à M. Bernard, obligé de s'expatrier comme ex-fonctionnaire public insermenté, au mois de septembre 1792, il se réfugia d'abord à Jersey, où Lefebvre d'Anneville et Gofvry signalent sa présence en 1793. Le recteur du Quiou passa ensuite en Grande-Bretagne, où il séjourna jusqu'en 1801. Le 13 juin de cette année, il débarqua à Binic et s'achemina vers son pays natal, mais il fut arrêté à Langouhèdre comme déporté rentré, n'ayant pas fait la promesse de soumission prescrite à la Constitution de l'an VIII. Conduit à Dinan, M. Bernard, à cause de sa mauvaise santé, fut autorisé à attendre dans une maison de cette ville la décision du préfet Boullé. Dans son enquête l'année suivante, ce fonctionnaire note l'ancien recteur du Quiou « comme un bon prêtre, vivant depuis neuf mois à Guitté, mais pouvant revenir desservir Le Quiou ». Mais déjà les jours de cet ecclésiastique étaient comptés : l'abbé Bernard mourut dans sa famille, au Clos-Long, en Guitté, âgé de 67 ans, le 22 mai 1803.

Etait né au Quiou, le 3 février 1738, et vivait dans cette paroisse lors de la Révolution, M. GILLES PRIOUL, fils de Mathieu et de Guillemette Gernigon, que nous trouvons noté au Séminaire comme « insuffisant sur le latin, voix juste et sachant solfier, examens passables ».

Ordonné prêtre le 23 septembre 1764, M. Prioul, depuis 1769 à la Révolution, demeura en qualité de « matinalier » près de ses compatriotes. S'il paraît certain qu'il ne prêta pas serment en 1791, il ne nous semble pas exempt de quelques complaisances et même de communication in divinis avec l'intrus Chrétien, lequel du reste toléra très bien sa présence au Quiou et célébra ses funérailles, lorsque l'abbé Prioul décéda au village de Mauny, le 15 avril 1792.

Sans être originaire du Quiou, se rattache à cette paroisse par sa famille et par sa mort, M. RENÉ GARNIER, né à Tréfumel le 26 novembre 1731 d'Olivier et de Marie Brindejonc. Les parents du jeune Garnier étaient venus habiter Le Quiou lorsque celui-ci subit l'examen préparatoire à la tonsure, en août 1752. Il put présenter en la circonstance « de bonnes attestations » de son recteur, l'abbé Julien, ainsi que du P. Meruel, son régent au collège des Jésuites de Rennes, où il était allé étudier. Lorsque vint l'époque de son examen pour le diaconat, en mars 1755, ses supérieurs l'annotent ainsi : « sous diacre de Pâques 1754, a étudié à Rennes, possède de bonnes attestations de M. Julien, son recteur, de M. Cosson, recteur de Saint-Hélier de Rennes, des Pères de l'abbaye de Saint-Melaine et du P. Boullaye, son régent : « a de la voix, et chante bien, pas trop fort dans son dernier examen, guère plus en celui-ci ».

Malgré ces notes tant soit peu médiocres concernant son savoir, l'abbé Garnier fut cependant admis au diaconat cette année 1755, mais ce fut vainement par la suite qu'il tenta de se faire ordonner prêtre. En plus de sa science théologique, qui laissait à désirer, on reprochait au jeune ordinand des plaintes « plusieurs fois renouvelées sur ses mœurs ». Malgré un excellent certificat de son recteur en février 1757, on jugea qu'il avait « encore besoin d'épreuves ».

Cette pénible situation devait se prolonger jusqu'au 2 avril 1768, date à laquelle l'abbé Garnier reçut la prêtrise à Saint-Méen. Entre temps, et comme il lui fallait trouver des moyens d'existence, il remplit les fonctions de chantre à l'église Saint-Germain de Rennes. D'après la Revue de Bretagne, année 1903, p. 411, cet abbé occupait toujours ce poste, lorsqu'il fut cité comme témoin devant le Parlement de Bretagne, l'an 1770, à l'occasion d'une affaire de préséances ecclésiastiques.

Nous nous demandons si M. Garnier ne devint pas durant quelque temps vicaire à Plouasne ; ce qui est certain, c'est qu'il remplissait toujours ses fonctions de chantre à Saint-Germain lors de la Révolution. Il ne voulut point prêter le serment constitutionnel auquel la loi ne l'obligeait pas au début, et se refusa de même à jurer celui connu sous le nom de Liberté-Egalité, prescrit par la loi du 14 août 1792 [Note :  M. GARNIER ayant perdu son emploi, se réfugia au château de Laillé, puis il fut contraint de revenir à Rennes le 29 avril 1792 en exécution de l'arrêté du 15 précédent. Il se fixa alors, rue de la Psallette chez l'abbé Hédé].

Les Archives d'Ille-et-Vilaine nous montrent M. Garnier emprisonné à Saint-Melaine avec le clergé fidèle de ce département, à la fin du mois d'août précité. En sa qualité de sexagénaire, on le transféra peu après dans la maison de détention de la Trinité, d'où, le 12 octobre 1793, il se vit conduire au Mont Saint-Michel, alors appelé Mont-Libre, par un ironique euphémisme. Il devait, 16 mois durant, y languir en compagnie de nombreux autres ecclésiastiques auxquels furent adjoints plusieurs assermentés au printemps de 1794.

Après sa libération, accordée au mois de janvier 1795 par arrêté du représentant Le Got, M. Garnier vint habiter au Quiou avec l'un de ses frères. Il est vraisemblable qu'il exerça le culte public dans cette paroisse lorsque l'église de cette localité, « sur pétition individuelle des habitants », fut rendue aux catholiques par arrêté du Directoire du district de Dinan en date du 28 avril 1795. Cette période d'apaisement dura jusqu'au mois de septembre de cette année, mais les lois du 7 vendémiaire an IV (29 septembre) et du 3 brumaire suivant (25 octobre 1795), rouvrirent la persécution religieuse. L'abbé Garnier, malgré les dangers qui le menaçaient, ne quitta cependant pas Le Quiou, où la présence d'un prêtre orthodoxe se faisait vivement sentir. Son dévouement devait lui coûter la vie.

Il rentrait chez lui après avoir administré un malade, lorsque, raconte Tresvaux du Fraval (Histoire de la Persécution, etc., op. cit., t. II, p. 226), « ses cheveux blancs et sans doute son air vénérable le font reconnaître de loin pour un prêtre par un détachement de soldats » (ennemis jurés, durant toute la Révolution, du clergé réfractaire). Les militaires, aussitôt, se lancent à sa poursuite. L'abbé Garnier « salue le premier qui l'aborde, mais pour toute réponse, il reçoit un coup de fusil. La balle lui perce la joue et lui sort par la bouche. D'une main, le prêtre prend son mouchoir et le met sur sa joue pour étancher le sang ; de l'autre, il tend sa montre à son assassin, cependant qu'un autre soldat furieux accourt et lui casse la tête ».

Ainsi qu'il arrive trop souvent quand il s'agit d'un prêtre insermenté, nous n'avons trouvé jusqu'ici aucun autre récit officiel concernant cette mort, que l'acte de décès de la victime, consigné sur les registres d'état-civil du Quiou.

Le voici textuellement dans sa concision : « Aujourd'hui, six germinal an IV (25 mars 1796) de l'ère républicaine française, à 4 heures de l'après-midi, par-devant moy, Yves de la Roche-au-lion, etc., etc., sont comparus en la maison commune du Quiou, Mathurin Garnier, laboureur, âgé de 57 ans, demeurant à la Piochais, commune de Tréfumel, et Olivier Garnier, laboureur, âgé de 40 ans, demeurant au château du Hac, commune du Quiou, lesquels m'ont dit que René Garnier, leur frère, âgé de 70 ans (sic), est décédé aujourd'huy, avant midy, dans un champ appelé les Fresnes, situé proche le bourg du Quiou.

D'après cette déclaration, etc., je me suis aussitôt transporté dans le dit champ, où je me suis assuré du décès du dit Garnier, et j'y ai rapporté le présent acte, etc., etc. — Signé : De la Roche-au-lion, officier public ».

Deux ans d'emprisonnement, et puis une mort violente, récompense de son attachement à l'orthodoxie, ainsi que de son zèle pour les âmes, ont noblement et largement racheté, nous semble-t-il, les quelques défaillances que les supérieurs de l'abbé Garnier avaient pu avoir à lui reprocher dans sa jeunesse, et c'est à bon droit que l'abbé Guillon, op. cit., III, p. 166, fait figurer ce prêtre parmi ses Martyrs de la Foi pendant la Révolution française. Mais nous ferons remarquer que cet auteur se trompe lorsqu'il situe la mort de l'abbé Garnier dans une paroisse normande, et nous sommes heureux, avec preuves à l'appui, de pouvoir la restituer à la Bretagne.

Avait reçu la tonsure et les mineurs dans la chapelle de l'hôpital Saint-Sauveur, à Saint-Malo de l'Isle, le 18 septembre 1790, Yves-Joseph de la Roche-au-lion, du Quiou, fils de Mathieu et de Marie-Anne Patard ; les événements qui se précipitèrent, arrêtèrent ce jeune homme dans ses projets d'avenir ecclésiastique.

Etait encore originaire du Quiou en 1790, l'abbé OLLIVIER HOMO, né dans cette localité le 2 juin 1719 du mariage de Julien et de Marie Gauthier, lequel reçut la prêtrise le 19 septembre 1744 et fut pourvu du rectorat de Lourmais le 15 février 1758. Il était grabataire et paralytique en 1791, refusa le serment constitutionnel et trépassa peu après.

Fut nommé recteur du Quiou le 16 janvier 1804, JOSEPH MIRIEL, né à Quévert le 17 mars 1768, du mariage de Robert et de Michelle Pauvret, que nous trouvons méritant au Séminaire la note « assez bien » à ses examens. L'abbé Miriel reçut le sous-diaconat sub titulo beneficii le 29 mars 1790, après avoir obtenu deux ans auparavant le visa pour la prestimonie de la Ville-Pierre, qui se desservait en l'église de Quévert.

Cet ecclésiastique ne figure à notre connaissance sur aucune liste d'exilés ou de déportés, et nous le voyons baptiser aux environs de Dinan le 24 janvier 1795. Il se fit ordonner prêtre à Paris le 11 mars 1797, et nous ne doutons pas qu'il ne rendit après son retour au pays tous les services possibles à ses compatriotes.

Au commencement de l’an 1800, l'abbé Verger fut envoyé curé d'office au Quiou, mais bientôt rappelé par M. Bertier pour l'aider dans sa tâche de résurrection du collège des Laurents, il fut remplacé dans son poste par l'abbé Miriel, alors à Taden.

Boullé, dans son enquête, notes ce prêtre comme « honnête homme, peu instruit, pourrait être vicaire ». Mgr. Cafarelli n'en jugea pas ainsi et fit de M. Miriel, alors âgé de 36 ans, le premier recteur concordataire du Quiou. Il y mourut en fonctions le 25 janvier 1827, après un séjour très fructueux dans cette paroisse, où il suscita bon nombre de vocations ecclésiastiques. (A. Lemasson).

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