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DE QUI RELEVAIT LA SEIGNEURIE DE QUINTIN.

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Nous avons déjà vu que la terre de Quintin avait été détachée du Goëllo par Henri de Penthièvre dit d'Avaugour, La question de savoir de qui elle relevait semble donc bien facile à résoudre au premier abord. Les seigneurs de Quintin, juveigneurs des d'Avaugour leur devaient foi et hommage, et n'étaient par conséquent pas les vassaux immédiats du due de Bretagne [Note : D'ARGENTRÉ remarque que les éclipses des vicomtés et baronnies ne sont pas d'autres vicomtés et baronnies ; ainsi le seigneur ou baron d'Avaugour apanage du comté de Penthièvre, donnant en second degré pour partage la seigneurie de Quintin à son puîné, celui-ci n'a été ni vicomte, ni baron et de même de toutes les autres éclipses des vicomtés et de baronnies. (Coutumes de Bretagne)].

Il existe, dit M. de la Borderie, un tableau d'ensemble de la féodalité bretonne que les historiens appellent le livre des ostz, c'est-à-dire le registre des devoirs et services militaires dus au duc par ses feudataires principaux et offerts à jean II, à Ploërmel en 1294. Le seigneur d'Avaugour y est mentionné devoir dix chevaliers pour ses fiefs de Goëllo et de Quintin [Note : D. MORICE, Preuves, I, 1110 à 1115. La Bretagne se trouve partagée en huit grandes baillies ou baillages : Rennes, Ploërmel, Nantes, Broërec, Cornouaille, Léon, Tréguier et Penthièvre ; à l'article de « Triguier » il est dit « Monsour Henry d'Avalgor X chevaliers d'ost pour les fiez de Goylou et de Quintin »). Pendant la première partie du XIVème siècle les seigneurs de Quintin durent rendre hommage aux descendants d'Henri d'Avaugour. La dernière de cette seconde maison de Penthièvre, Jeanne d'Avaugour, comtesse du Goëllo, épousa, en 1318, Guy de Bretagne, comte de Penthièvre, frère puîné du duc Jean III.

La mort de Jean III (1341) avait donné lieu à cette malheureuse guerre de succession de Bretagne pendant laquelle Jeanne de Bretagne, comtesse de Penthièvre, fille unique de, Guy, épouse de Charles de Blois, et Jean de Bretagne, comte de Montfort, son oncle, se disputaient le duché à main armée avec l'aide dns puissances étrangères. Cette lutte s'était terminée en 1365 par le triomphe définitif du parti Montfort, mais Jeanne de Penthièvre avait conservé son comté et le Goëllo qu'elle tenait de sa mère. Il semble donc que toujours les sires de Quintin lui doivent aveu de leur seigneurie, or voilà que le 23 juin 1385, Geoffroy IV Botherel de Quintin, rend hommage au duc de Bretagne [Note : Jean IV, dit Conquérant, duc de Bretagne jusqu'en 1399, fils de Jean de Bretagne, comte de Montfort et de Jeanne de Flandre] « , ... in nostri notarorium publicorum infrascriptorum et testium inferius nominandorum presentia personaliter constitutus (fuit) illustris princeps ac dominus dominus Johannes, dux Britanniœ, cones Montisfortis et Richemandie, ex una parte, et nobilis vir dominus Gauffridus, dominus de Quintin ex alias. Qui quidem dominus de Quintin in multe et copiose multitudinis baronum pariter et militum et nobilium presentia, fecit homagium prefato domino domino Duci de terra sua de Quintin, in quacumque parte ducatus Britannie existat, recoquivitque ipsum dominum Ducem dominum suum superiorem universe sue terre, juravitque in manibus prefati domini Ducis eidem domino Duci in futurum contra quoscunque fidem tuamil lesam pre ceteris omnibus observare » [Note : Copie collationnée dans un « compulsoire d'actes fait aux chartes de Nantes le 19 décembre 1578 », (titres du château de Quintin) cité par M. DE LA BORDERIE].

Puis en vertu de sa soumission il abandonne à son suzerain les revenus de sa terre pendant un an ; c'était l'application du droit de rachat qui avait remplacé le bail en Bretagne [Note : La coutume de Bretagne obligeait l'héritier à « fournir dans le mois à ses frais une sommaire déclaration ou minu contenant en abrégé ou par extrait la consistance des fruits et revenus file sa terre afin que le seigneur en puisse jouir pendant son année ». (HEVIN, Réponses aux contredits, archives département d'Ille-et-Vilaine, fonds HEVIN). « Tous sujets tenant fiefs et juridiction bailleront leurs aveux et minus dedans l’an, à compter du jour qu'ils sont venus à nouvelle possession des dits fiefs. » (Nouvelle coutume de Bretagne, art. 360). Le mot minu est employé à la fois pour le rachat et l'aveu. Hevin montre la différence qui existe entre les deux : le premier, minu pour rachat est une « pièce sans solennité et qui ne sert que pour la jouissance passagère pendant une année » le second : l'aveu « est un acte solennel qui requiert d'autres mesures et dont la fin n'est pas la perception des fruits d'un an mais une confession ou profession de fidélité substantielle à la féodalité avec le dénombrement en détail des choses tenues du seigneur ». « Le minu ne requiert pas les mêmes formalités que l'adveu et n'a pas aussi la mesme authorité. L'adveu fait loy entre le seigneur et le vassal par les art. 332 et 36. Celuy que l'on rend au Roy est publié sur les lieux est exposé à l'instance de blasme, impose la nécessité d'en apporter les preuves et de communiquer les titres ; estant communiqué à la Chambre et reveu, il y est enregistré, et l'art. 664 punit d'amendes les omissions qui auraient été faites ». (HEVIN, Réponses aux contredits, arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, fonds HEVIN)].

En 1388, le même Geoffroy prête encore serment de fidélité au duc et dans ces deux actes il n'est nullement fait mention que Quintin soit Juveigneurie d'Avaugour.

Après l'arrêt du Parlement général de Bretagne février 1424, rendu contre Olivier, Jean, Charles et Guillaume de Blois [Note : Olivier, Jean, Charles et Guillaume de Blois étaient les enfants de Jean, (fils de Charles de Blois) et de Marguerite de Clisson, (fille du connétable.) Marguerite de Clisson avait traitreusement attiré le duc de Bretagne à Chantoceaux et s'était emparée de sa personne], coupables du crime de lése-majesté envers Jean V, et qui prononçait la confiscation de leurs terres de Bretagne, Avaugour et Goëllo se trouvèrent réunies au domaine ducal. Les seigneurs de Quintin à partir de ce moment relevèrent immédiatement du duc et c'est pendant cette période que Pierre II érigea leur fief en baronnie, 1451.

La motte féodale et l'emplacement du château d'Avaugour en Plessidy fut même cédée par Pierre II par acte du 26 juin 1453 pour acquitter une somme de 12,000 livres qu'il devait à Tristan du Perier (Titres du château de Quintin).

Le 24 septembre 1480, François II aux Etats de Vannes, de l'avis de trois évêques et de trois barons, celui de Quintin était l'un de ceux-là, créait son fils naturel François de Vertus [Note : François, comte de Vertus, était fils naturel de François II et d'Antoinette de Magnelais, baronne de Villequiers. Avaugour est considéré comme la plus ancienne des baronnies de Bretagne, et le duc fait alors prendre au nouveau titulaire la première place au banc des barons aux Etats. Or nous avons déjà vu que ce nom d'Avaugour, qui était celui d'une petite terre de Plessidy avait été pris par Henri de Penthièvre au moment où il avait été dépossédé de ses seigneuries par Pierre de Dreux et réduit au seul Goëllo. De plus cette seigneurie d'Avaugour venait d'être cédée au Baron de Quintin], baron de la baronnie d'Avaugour qui était dite « première baronnie de Bretagne » et lui donnait les terres de Chatelaudren, Lanvollon et Paimpol, c'est-à-dire l'ancien comté de Goëllo. A partir de cette époque les seigneurs de Quintin se préoccupèrent peu de savoir de qui relevait leur seigneurie ; puisqu'au procès, dont il sera ensuite question, les Bretagne-Vertus fournir des aveux qui leur auraient été rendus en 1407, 1505 et 1517. Or le 22 juillet 1500, « aux hommages de Bretaigne assignés, tenus en plusieurs juridictions de ce dit pays et duché pour le roy et duc, nostre souverain seigneur, à cause de la Reyne et duchesse... Hault et Puissant Pierre de Rohan, baron du Pontchâteau et de Cresgro, comte de Quintin, du Perier et de Boczac » rend aveu « és mains au noble et puissant Messire Christophe de Montauban, chevalier Baron de Grenonville, Seigneur de Sens, du Bois de la Roche et chancelier de Bretaigne tenant lesdicts hommaiges » [Note : Archives dép. d’Ille-et-Vilaine. Série F., fonds de la Borderie. Quintin].

En 1542, François II, Comte de Vertus et Baron d'Avaugour, fils du bâtard du duc de Bretagne, assigne Guy, Comte de Laval, à fin d'hommage et de juveigneurie pour sa terre de Quintin. C'est le commencement d'un grand procès qui durera près d'un siècle.

Le 4 mai 1558, Louis de Sainte-Marie et Renée de de Rieux font une nouvelle déclaration au roi pour le comté de Quintin : « C'est la déclaration, minu et de dénumbrement des maisons, terres, rentes, fiefs, juredictions, seigneurie, obéissance et autres choses que hault et puissant seigneur Guy, Comte de Laval, Montfort, Joigny, Quintin et Harcourt, Vicomte de Rennes, Sire de Rieux, Marquis de Neelle, advoue et confesse tenir du Roy, maître souverain, seigneur en sa jurediction et senéchaussée du ressort du Goëllo au comté et seigneurie de Quintin, au dict sieur et comte et marquis appartenant par cause de Haulte et puissante dame Renée de Rieux, dite Guyonne, Comtesse de Laval, sa femme espouse, dame des dits lieux, héritière de Haut et puissant Seigneur Guy, Comte de Laval, dernier décédé, chevalier de l'ordre du roy » [Note : Archives dép. d'Ille-et-Vilaine. Série F., fonds de la Borderie, Quintin].

Le Comte de Vertus proteste au moment de cet aveu et son receveur réclame devant la Chambre des Comptes de Bretagne « le droit de rachat » que doit le comte de Laval pour sa terre de Quintin. Le procureur de la cour du Goëllo, Yves de Queleu, seigneur de Saint-Billy, fait valoir également ses réclamations contre le procureur de Quintin Hervé Poulmiic. Le comte de Laval les repousse en prétendant que le roi avait exempté du droit de rachat la succession de la dame de Martigues, veuve du comte de Laval [Note : Archives dép. d'Ille-et-Vilaine. Série F., fonds de la Borderie, Quintin].

François III, comte de Vertus, continue la procédure après son père, il meurt et Odet, son frère, qui lui succède exerce toujours les mêmes réclamations vis-à-vis des Laval. Il avait à faire à forte partie car la maison de Laval était riche, puissante et bien en cour. Ce sont successivement les Coligny, puis les La Tremoille qui en sont les représentants, ils remplissent à la cour de France des charges importantes et ils ont en Bretagne d'immenses possessions.

Ce n'est enfin qu'en 1637 que Claude, comte de Vertus petit-fils d'Odet, voit le procès se terminer à son avantage. Par arrêt du 16 mai 1637, le Parlement de Paris, les « grand'chambre, tournelle et de l'édit » réunies, déclara que la baronnie de Quintin était bien juveigneurie d'Avaugour et que le seigneur de cette terre devait foi et hommage aux seigneurs de. Goëllo [Note : HEVIN, questions et observations concernant les matières féodales. « Quintin n'est point un comté, ni un vicomté, ni ancienne baronnie, n'étant qu'une éclipse de la baronnie d'Avaugour, par partage. La nouvelle érection en baronnie qu'en fit le duc Pierre en 1451 prouve qu'elle n'était pas comté, aussi relève-t-elle encore aujourd'hui en parage d'Avaugour, comme il a été jugé par arrêt du Parlement de Paris du 16 mai 1637 »].

Le duc de la Trémoille cédant peu après Quintin à la famille Gouyon de la Moussaye dit que cette terre est tenue « prochement et ligement du roi en sa cour et barre de Saint-Brieuc et en juveignerie du seigneur Comte de Vertus » (Titres du château de Quintin).

Tout semble donc terminé et le Marquis de la Moussaye rend hommage à Louis d'Avaugour, le 5 novembre 1643.

Le 31 mai 1664, Henri Gouyon de la Moussaye, comte de Quintin fait faire le « minu, déclaration et dénombrement » de la terre de Quintin « pour l'éclaircissement du rachat deu au roy de sa seigneurie par le décès arrivé du défunt Comte de Quintin, son père, au mois de novembre 1663 » [Note : Archives d'Ille-et-Vilaine, série F., fonds de La Borderie. Quintin].

Les La Moussaye revendent en 1681 Quintin aux Durfort-Lorges, en faveur desquels, dix ans plus tard, le roi érige cette terre en duché. Les Durfort s'inquiètent alors peu de relever du Baron d'Avaugour et se gardent bien aussi de lui rendre aveu. Le duc de Lorges rend aveu au roi le 7 septembre 1702 et « sa Majesté » lui fait don du rachat par lettres patentes du 22 octobre 1702 [Note : Archives d'Ille-et-Vilaine, série F., fonds de La Borderie. Quintin].

En 1725 recommence une nouvelle procédure, Armand François, Comte de Vertus, Marquis d'Avaugour assigne le duc de Lorges pour lui rendre foi et hommage et lui réclame les droits de rachat. Il invoque l'arrêt de 1637. Le duc de Lorges feint de l'ignorer et lui en demande production, son adversaire s'empressant de le satisfaire à ce sujet, il déclare que l'érection de Quintin en duché l'affranchit de tout car il « relève immédiatement de la grande tour du Louvre à une seule foi et hommage ». Le Comte de Vertus répond qu'en 1691 il a fait opposition à l'érection et à l'enregistrement des lettres patentes, afin de conserver ses droits, et que d'ailleurs le roi porte comme condition « sauf les droits d'autrui » (Titres du château de Quintin).

Vers cette même époque le duc de Lorges fait chercher les moyens de donner ouverture à la requête civile. Le Comte de Vertus meurt en 1734 et son frère Henri François continue la procédure. En 1740, il assigne encore le duc de Lorges et rien ne paraît avoir été jugé de nouveau. Ce fut à sa mort, en 1746, que cette affaire dût se terminer. Sa succession était recueillie par la famille de Rohan-Soubise, qui laissa les Durfort jouir tranquillement de leur duché.

C'est du roi que relève, le Vicomte de Choiseul, propriétaire de la baronnie de Quintin au moment de la révolution, et à son receveur des domaines de Saint-Brieuc qu'il paye le droit de rachat.

Ainsi resta sens solution définitive cette grande question de savoir de qui relevait Quintin. Il est certain qu'avant la réunion des terres d'Avaugour et de Goëllo en 1424 au territoire ducal, les seigneurs de Quintin devaient hommage aux possesseurs de ces fiefs, mais on peut se demander si l'érection faite par Pierre II en baronnie n'avait pas changé leur situation, car à ce moment même en 1451 ils relevaient directement du duc de Bretagne.

(René Chassin du Guerny).

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