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L'EGLISE ET LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE QUINTIN

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L'ÉGLISE ET LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE QUINTIN.

Les reliques sont un aimant qui attire les saints, et ils ne craignent pas d’entreprendre de longs et pénibles voyages pour avoir la consolation de vénérer un instant ces précieuses dépouilles, qu’ils estiment au-dessus de tous les trésors de la terre. L’arrivée de la Ceinture de la Vierge à Quintin n’avait pu manquer d’être un événement dans un siècle où les choses de la foi étaient encore la principale préoccupation des peuples.

Le grand thaumaturge qui illustra la Bretagne au XIIIème siècle, et qui est encore une de ses gloires les plus pures, saint Yves, se sentit attiré vers Notre-Dame de Quintin. Dans les dernières années de sa vie, quand il était curé de Louannec, près de Tréguier, il réunit une troupe de ses paroissiens et vint avec eux s’agenouiller dans cette modeste chapelle dont Geoffroy Boterel avait fait comme le reliquaire de la Ceinture de Marie. Ce pèlerinage fut fécond en fruit de grâces pour le Saint et pour ses compagnons. L’un d’eux, Thomas de Kérimel, assez mauvais chrétien et adonné, dit-on, à l’usure, se convertit et alla demander l’habit monastique à l’abbaye cistercienne de Bégard, près de Guingamp, où il vécut saintement dans les exercices de la pénitence (Actes de la canonisation de saint Yves. Déposition de Derrien de Boisaliou, 44ème témoin).

Parmi les pèlerins de Notre-Dame de Quintin, on doit encore compter un autre saint dont Dieu réservait à la Bretagne les reliques et le patronage, Vincent Ferrier. Dans ses courses apostoliques, il s’arrêta dans notre ville, et nos pères ont entendu cette voix qui annonçait la venue prochaine du Souverain Juge et retentissait comme le premier écho de la trompette de l'Ange (1418).

Lorsque Vincent Ferrier vint sanctifier Quintin par sa parole et sa présence, notre ville avait encore pour seigneurs les descendants de Geoffroy Boterel ; la dévotion à Marie était pour eux comme un héritage de famille qu’ils surent garder fidèlement. La chapelle, construite probablement à la hâte, dans laquelle le pieux croisé avait déposé la Ceinture de Marie, ne leur parut pas digne du trésor qu’elle abritait, et vers la fin du XIVème siècle, ils commencèrent la construction d’une église plus vaste, qui fut achevée dans le courant du XVème siècle. L’honneur principal de cette entreprise revient probablement au dernier des Boterel, Geoffroy V, et à sa femme Béatrix de Thouars.

La Providence avait imposé une rude épreuve à ces époux chrétiens : ils n’avaient pas d’enfants et leur héritage devait passer à leurs neveux, les sires du Périer-Quintin. Pour se consoler de cette affliction, ils multiplièrent les bonnes oeuvres et en particulier les témoignages de filiale dévotion envers la Vierge Marie.

Auprès de la porte principale de la ville de Quintin, sur le bord du chemin qui conduisait à l’église paroissiale et au cimetière de Saint-Thurian, une source abondante jaillissait du sol. La piété populaire l’avait peut-être consacrée déjà à la Vierge Marie. Toute la Bretagne était alors remplie de l’écho des merveilles qui venaient de s’opérer à la fontaine du Folgoat près de Lesneven. Ce saint lieu était devenu en quelques années le pèlerinage le plus fréquenté de la province. Imitant l’exemple du duc Jean V qui avait bâti une splendide église sur le lieu même d’où s’échappait la source miraculeuse, Geoffroy V et Béatrix de Thouars construisirent une chapelle en l’honneur de Notre-Dame de Pitié près de la porte de leur ville et en placèrent l’autel au-dessus de la fontaine.

Ce petit édifice, dont l’état actuel ne fait pas soupçonner l’élégance primitive [Note : Depuis que ces lignes ont été écrites, l’édifice a disparu. Les pierres en ont été transportées rue Notre-Dame, près de la nouvelle église, où on l’a reconstitué en partie], était appuyée du côté de l’occident contre le mur même d’enceinte de la ville ; du côté de la rue, il était entièrement ouvert par deux larges arcades, fermées depuis par un mur grossier. En entrant et en sortant de la ville, tous les passants pouvaient voir et saluer la Madone et l’autel même du sanctuaire. Chaque samedi, on y célébrait une messe en l’honneur de la sainte Vierge ; et dans la simplicité de leur foi, nos aïeux aimaient à croire que la vertu du sang de Notre-Seigneur communiquait à ses eaux des propriétés salutaires. Par la construction cette petite chapelle, la Mère de Dieu fut constituée la gardienne de la cité dont elle était déjà Reine. Le peuple de Quintin prit l’habitude de désigner le nouveau sanctuaire sous le nom de Notre-Dame de la Porte ; tandis que l’église Notre-Dame, près du château, reçut l’appellation de Notre-Dame de Blin, qu’elle a gardée jusqu’à la Révolution française [Note : Dans les actes officiels, tant ecclésiastiques que civils, l’église de Quintin est désignée uniformément sous le titre de Notre-Dame de Quintin : l’appellation de Notre-Dame de Blin ou Blain se rencontre dans quelques actes notariés de donations ou de constitutions de rente, en faveur des confréries de la collégiale. La tradition n’a pas conservé le sens de cette appellation. M. Gaultier du Mottay, si versé dans la connaissance de l’histoire et des coutumes locales de notre contrée, croit que l’église Notre-Dame de Blin a été appelée ainsi par opposition à Notre-Dame de la Porte, et que Blin ou Blain est une corruption populaire du mot Baillium ou Ballum, désignant l’espace de terrain compris derrière les fortifications d’un château en avant de ses bâtiments. Le même mot, à Lannion et à Guingamp, est devenu Valy, et une église, placée comme la nôtre près du château de Lannion, s’appelait Notre-Dame du Valy. Notre-Dame de Blin, d’après cette étymologie, signifierait simplement Notre-Dame du Château].

Geoffroy V et Béatrix de Thouars ne se contentèrent pas d’élever deux édifices à la louange de la Vierge Marie. Dans les âges de foi, une église qui ne retentissait pas chaque jour de la louange divine semblait un corps privé de vie, et le fondateur qui l’avait construite ne croyait pas avoir achevé son œuvre, quand il n’y avait pas assuré la célébration quotidienne et solennelle de l’office divin et du saint sacrifice.

En 1405, avec l’approbation du pape d'Avignon, Benoît XIII, qui exerçait alors l’autorité pontificale sur la Bretagne, le sire de Quintin et son épouse fondèrent un collège de cinq chapelains, charges de desservir à la fois l’église Notre-Dame près du château, et la chapelle de Notre-Dame de la Porte.

Tristan du Périer, petit-neveu de Geoffroy V, et le premier sire de Quintin qui ait porté les titres de comte et de baron de Bretagne, établit deux autres prébendes. Jeanne du Périer, fille de Tristan, et Pierre, son second époux, dotèrent la psallette des enfants de choeur, qui aidaient les prébendiers dans la célébration de l’office divin ; et enfin un des doyens du nouveau collège, François de la Rüe, donna une partie de ses biens pour fonder un nouveau bénéfice.

Ces accroissements successifs valurent au modeste collège de chapelains fondé par le dernier des Boterel, le titre et les privilèges de Chapitre. Depuis le commencement du XVIème siècle jusqu'à la Révolution française, il fut composé de onze chanoines, servis par six enfants de choeur. Le doyen, chef et unique dignitaire du chapitre, unissait toujours à cette charge celle de recteur de l’église paroissiale de Saint-Thurian, dont les ruines se voient encore dans le cimetière de la ville, et il était ainsi le pasteur et le père spirituel de toute la cité (Alphonse Guépin).

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