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DEVOTION ENVERS LA CEINTURE DE QUINTIN

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DÉVOTION DES QUINTINAIS ENVERS LA CEINTURE DE LA SAINTE-VIERGE.

Dès que la Ceinture de Marie fut apportée à Quintin, on vit naître dans notre ville une dévotion que nous retrouvons dans presque tous les lieux qui ont possédé de semblables trésors. Les femmes enceintes demandèrent à cette précieuse relique une protection contre les périls de la maternité. Au moment de sentir tout le poids de la malédiction lancée sur la première mère du genre humain, elles se tournaient avec une humble confiance vers Marie, la seconde mère, qui répara la faute de la première ; vers la nouvelle Eve, qui, préservée des funestes effets de la chute de son aïeule, non-seulement enfanta sans douleur, mais eut encore le glorieux privilège d’être mère sans perdre sa virginité. Des grâces sans nombre encourageaient dès lors cette dévotion, et la renommée de la sainte Ceinture se répandit dans toute la Bretagne.

Ancienne statue de Notre-Dame de Quintin

Ancienne statue de Notre-Dame.

Vers l’an 1451, Pierre II, duc de Bretagne, et sa digne compagne, la bienheureuse Françoise d'Amboise, sollicitèrent de Tristan du Périer, comte de Quintin, et du Chapitre de Notre-Dame, une petite portion de cette relique vénérée. Les deux nobles époux puisaient, dans une fervente dévotion à la Mère de Dieu, la force de pratiquer sur le trône les plus difficiles vertus, et en particulier cette héroïque chasteté qui leur suggéra de vivre toujours comme frère et soeur durant les quinze années de leur union sainte.

Ils avaient agrandi et doté la collégiale de Notre-Dame de Nantes, où ils s’étaient préparé un tombeau commun ; mais ces largesses n’avaient pas encore satisfait leur piété. Ils voulaient enrichir leur sanctuaire bien-aimé de quelque précieuse relique de la sainte Vierge.

Durant le long séjour qu’ils avaient fait à Guingamp, avant de monter sur le trône ducal, Pierre et Françoise avaient connu et sans doute vénéré la Ceinture de Marie que possédait notre collégiale, et ils l’enviaient pour celle qu’ils avaient dotée dans la plus grande ville de Bretagne. Les deux souverains n’usèrent pas cependant de leur autorité pour dépouiller notre église, et ils se bornèrent à adresser une prière que Tristan du Perrier et les chanoines ne purent repousser. Un petit fragment fut détaché de la précieuse Ceinture et porté à Nantes, où le duc et la duchesse le remirent solennellement au Chapitre de leur église préférée. Il fut renfermé dans un reliquaire d’argent et resta l’objet d’un culte fervent jusqu’à la Révolution française. Les femmes en travail d’enfant demandaient souvent que cette sainte relique leur fût portée par les chanoines de Notre-Dame de Nantes, et elles s’en trouvaient presque toujours miraculeusement soulagées (Charron, Calendrier historial de la Mère de Dieu, p. 590).

Comme tant d’autres objets sacrés, ce léger tissu eût dû périr durant la tourmente révolutionnaire ; mais le Dieu qui se fait gloire de veiller sur les ossements de ses saints, mit son honneur à sauver de la profanation cette humble relique d’un vêtement de sa Mère. Lorsque les commissaires du gouvernement impie de cette époque vinrent saisir l’argenterie de la collégiale de Nantes, le reliquaire de la Ceinture fut enlevé ; mais le chanoine trésorier, M. l’abbé Urien, parvint à conserver la précieuse relique. Devenu curé d'Ancenis après la pacification de la France, il en fit présent à son église paroissiale où elle est encore aujourd’hui l’objet des plus fervents hommages.

La chrétienne population de Quintin savait le prix du joyau qui enrichissait son église collégiale, et les générations qui se succédaient dans la ville se transmettaient le culte de la Ceinture de Marie comme l’héritage commun de toute la cité : aussi les précautions avaient été multipliées pour conserver la sainte relique.

Elle était toujours recouverte de deux ou trois enveloppes d’étoffe précieuse, qu’on appelait « ses tuniques », et renfermée dans un riche coffret d’argent que les prêtres seuls pouvaient ouvrir. Ce reliquaire était déposé lui-même dans un coffre bardé de fer, qui contenait les vases sacrés et les autres principales richesses de la Collégiale. Le chanoine sacristain avait la garde de ces objets précieux et venait chaque nuit coucher auprès d’eux dans la trésorerie de l’église, construite au pied du clocher, dans le petit cimetière attenant au château.

Toutes les fois que des femmes enceintes demandaient la Ceinture, un prêtre la sortait avec respect du reliquaire et la présentait aux pieuses clientes de Marie, qui la gardaient sur elles durant le saint sacrifice, qu’elles faisaient offrir pour leur heureuse délivrance. Quand, à l’heure de l’enfantement, l’une d’elles était en péril de mort, elle obtenait encore le secours de la précieuse Ceinture, qu’un des chanoines portait à sa maison. Comme de nos jours, Marie tenait à honneur de protéger ses humbles clientes, et un accident survenant à une mère ou à un nouveau-né était un fait inouï à Quintin. Aussi la Ceinture de la Sainte Vierge était-elle demandée dans les villes fort éloignées, et les chanoines de la Collégiale faisaient de fréquents voyages pour la porter à de nobles dames jusqu’à Rennes ou au fond de la Basse-Bretagne.

Le peuple quintinais ne voyait pas habituellement l’objet de sa vénération séculaire. Il avait besoin de concentrer autour de quelque signe extérieur les hommages de sa tendresse filiale et de sa reconnaissance envers Marie.

A l’entrée de la Collégiale, l’architecte avait ménagé un porche, qui était comme un premier sanctuaire érigé à la Mère de Dieu. Son image apparaissait à une place d’honneur au point central de l’édifice, dominant les deux portes qui donnaient entrée dans l’église. Au pied de la Vierge, le long des murailles, douze arcatures et douze piédestaux étaient disposés pour recevoir les statues des apôtres qui devaient former sa cour. La main d’un sculpteur habile avait couvert d’ornements délicats les parois de ce petit temple.

Le peuple quintinais s’éprit d’amour pour cette madone. Dans la simplicité de ses formes naïves, elle avait l’attitude majestueuse qui convient à une reine. Sur la tête elle portait la couronne, et de la main droite elle tenait un sceptre, tandis que la gauche soutenait son divin Fils portant le globe du monde.

Les seigneurs de Quintin n’avaient pas achevé la décoration de ce vestibule de la Collégiale et leurs héritiers, devenus comtes de Laval, s'intéressaient peu à cette église, où reposaient cependant toute une lignée de leurs ancêtres. Le peuple se chargea de terminer l'oeuvre de ses comtes.

Au XVIème siècle, les murailles du porche furent ornées d’abord de brillantes peintures représentant les douze apôtres et des scènes de la vie de la sainte Vierge ; mais, l’humidité ayant détruit cette décoration fragile, douze vigoureuses statues de granit vinrent garnir les piédestaux inoccupés.

Aux pieds de la sainte Vierge, on plaça un petit autel, et, devant l’autel, pour recevoir les offrandes, un tronc qui donna aussitôt son nom à la statue vénérée. On l’appela longtemps Notre-Dame du Tronc mais la reconnaissance des femmes, qui avaient dû tant de fois leur salut à Marie au milieu des dangers de la maternité, décerna à son image un titre plus doux. Notre-Dame du Tronc devint Notre-Dame de Délivrance ou encore Notre-Dame de Miséricorde. Sous ces noms nouveaux, elle fut la reine de la cité, et la piété de nos aïeux sut inventer pour elle les honneurs les plus délicats.

Une confrérie fut établie pour la servir, et se fit gloire de porter son nom. Cette association eut ses dignitaires, ses offices, son autel dans l’église, et bientôt des revenus fixes et un trésor.

Le premier argent que gagnait un jeune apprenti, la première pièce de monnaie qu’un marchand recevait au commencement de la semaine, revenaient comme de droit à Notre-Dame de Délivrance et étaient fidèlement jetés dans le tronc établi à ses pieds.

Des cierges brûlaient nuit et jour sur un candélabre de fer placé devant son autel, et, en les comptant, on eût pu dire combien de familles dans la cité étaient à ce moment, ou sous la menace d’un malheur, ou dans la joie qu’apporte un bienfait du ciel.

Quand une femme était en travail, quand un malade était sur le point de mourir, on courait à Notre-Dame de Délivrance. De même qu’elle préservait tous les enfants de la cité des périls qui menacent l’homme à sa naissance, elle les délivrait de même des dernières embûches de l’ennemi. Protectrice de l’agonie, comme des heureux enfantements, elle ne cessait de veiller sur ses fils que lorsque leurs âmes étaient en possession de cette vie éternelle, dont elle leur avait assuré les prémices avec le saint baptême.

Le commerce de la toile répandait déjà l’aisance dans la cité. Le peuple voulut consacrer cette industrie à sa Reine bien-aimée. Une quenouille chargée de lin fut attachée sous le porche, à la balustrade qui entourait l’autel de Notre-Dame de Délivrance, et lorsqu’une petite fille était en âge d’apprendre à filer, sa mère l’envoyait à la collégiale chercher la quenouille de la sainte Vierge, et l’enfant faisait le premier apprentissage du métier qui devait lui donner son morceau de pain de chaque jour, sur le lin fourni par la Reine des cieux. Quand, après de longs efforts, la quenouille était épuisée, l’enfant la garnissait avec du lin que lui donnaient ses parents, et en la rapportant à l’église, elle déposait aux pieds de Marie son premier écheveau de fil, humbles prémices des travaux de toute sa vie.

Jamais enfin une personne pieuse ne sortait de la collégiale sans faire une station sous le porche, devant Notre-Dame de Délivrance pour la saluer par un dernier cri d’amour et lui confier une dernière prière.

Les manifestations de la miséricorde divine sont toujours proportionnées à la foi simple de ceux qui l’implorent. Aussi les miracles se multiplièrent devant l’image de Notre-Dame de Délivrance. Un pieux cantique composé en son honneur au XVIIIème siècle, et encore chanté dans notre ville, en perpétue le souvenir dans des vers malheureusement trop imparfaits (Cantique de la sainte Vierge, Mère de miséricorde, par l’abbé Le Floch du Volozenne, grand chantre de la cathédrale de Saint-Brieuc). Il semble même indiquer que la piété naïve de nos pères cherchait à lire sur le visage de la statue vénérée les sentiments de la Reine des cieux, et qu’on le voyait tantôt pâle, tantôt vermeil, selon que l’inquiétude ou l’espérance agitaient tour à tour le coeur maternel de Marie à la pensée de ses enfants (Alphonse Guépin).

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